Les échecs (très) coûteux de la transition énergétique

Jean Pierre RIOU le 2 mai 2014

Institut de Recherches Économiques et Fiscales « Pour la liberté économique et la concurrence fiscale »









Une consultation publique vient d’être organisée afin d’obtenir un avis sur la pertinence des différents axes de l’avant-projet de transition écologique. La protection de la biodiversité apparaît comme prioritaire, son respect étant la condition même de notre survie. Mais les conséquences sanitaires de l’activité humaine, liées à l’agriculture ou à l’industrie doivent faire l’objet de toutes les attentions.

En effet, le coût et les conséquences économiques prévisibles de chaque moyen retenu doivent être systématiquement comparés aux effets attendus. C’est ainsi que les incitations financières aux agriculteurs semblent s’imposer comme moyen prioritaire, afin de limiter l’emploi des produits phytosanitaires, les arrachages de haies, ou certaines méthodes de culture.

Enfin, la recherche doit être privilégiée afin de permettre d’optimiser aussi bien la production que la consommation- dans tous les domaines, dont celui bien entendu de l’énergie. L’avant-projet de la Stratégie nationale de transition écologique proposé repose en conséquence sur des constats, tout en mettant en lumière aussi des hypothèses ambitieuses de développement.

Dans ce contexte, les éoliennes représentent le symbole de cette transition. Pourtant, avec l’expérience on peut pointer les nombreuses failles de cette politique énergétique, elle-même de plus en plus dépendante de l’énergie éolienne.


Le péché originel: Une production intermittente


Le vice originel des éoliennes, qui apparaît dans l’irrégularité de leur production, est responsable du triple échec de la politique énergétique européenne, sur le plan de la sécurité d’approvisionnement, de la maîtrise des coûts et de l’impact environnemental. Ce triple échec a été largement dénoncé par les principaux énergéticiens européens, tandis que ses conséquences économiques éveillaient l’attention de tous les observateurs : Cour des Comptes, Commissariat Général à la Stratégie et à la Prospectives (CGSP), et même la Commission Européenne.

L’obstination à dépenser plus encore dans des tentatives aléatoires de stockage, de restructurations ruineuses du réseau, ou dans l’introduction de « compteurs intelligents », avec l’espoir d’imposer à la consommation les intermittences de production, semble liée à la conviction que les énergies de demain seront hypothétiques. Le comble du paradoxe en est de devoir subventionner les énergies thermiques, dont le charbon lui même, pour compenser cette irrégularité.

Il est dommage de feindre d’ignorer les réponses des technologies émergentes, telles, par exemple celles qui reposent sur la force de la houle, ou la fusion du thorium, qui laissent entrevoir un tout autre avenir. Le thorium, en effet, est la source d’une énergie quasiment inépuisable, sans risque de réactions en chaîne, qui permet en outre de brûler les déchets de nos centrales nucléaires conventionnelles; son principal « défaut » étant justement de ne permettre aucune application militaire, car toutes les réactions s’interrompent dès qu’elles ne sont plus entretenues par un bombardement de neutrons.

La solution la plus prometteuse la plus prometteuse, les réacteurs à sels fondus, permet d’obtenir 200 fois plus d’énergie avec un kilo de thorium qu’avec un kilo d’uranium.

Ce thorium présente l’avantage d’être bien plus abondant que l’uranium. Et on le trouve en quantité suffisante pour fournir l’humanité en énergie pendant plusieurs milliers d’années. De plus, la Bretagne - en recèle d’importants gisements.

De son côté, la Chine, leader de cette technologie, - et bien décidée à en obtenir le brevet, a lancé un programme ambitieux de 25 ans.

Le premier ministre chinois, en effet, Li Keqiang vient de déclarer, le 5 mars dernier, sa décision d’accélérer sa course et d’en raccourcir le délai à 10, et non plus 25 ans.

Il est navrant de constater ainsi que la recherche dans ce secteur d’avenir, qui constituait un pôle d’excellence français, a été abandonné depuis, non pour des raisons techniques, mais idéologiques !

À l’occasion de la visite d’État en France, du 25 au 28 mars, du Président chinois, Xi Jinping, des accords ont été conclus, notamment avec EDF, pour une coopération et un transfert de technologies, qui semblent s’attacher à développer là-bas des applications que l’on abandonne ici. Ainsi on permet à la Chine de maîtriser cette technologie qui sera apte à disqualifier nos compétences nucléaires, bien avant que l’on - ait découvert comment résoudre les problèmes liés à l’irrégularité de nos moulins à vent !

Dans ce contexte, en réponse aux inquiétudes liées au climat et à notre expérience de développement des énergies renouvelables d’un quart de siècle, la Commission européenne vient de recentrer la priorité sur les réductions de CO2. À l’évidence, cette préoccupation ne peut concerner les centrales françaises, dont 90% de la production est exempte de CO2.

Face à ces données, il apparaît déjà que des sommes disproportionnées ont été engagées dans le secteur de ces énergies renouvelables, comme dans les moyens possibles de prendre en compte leur intermittence ; le CGSP estimant à juste titre que la poursuite des objectifs à atteindre avait été confondue avec celle des moyens, dans la mesure où ceux-ci se sont révélés d’une totale inefficacité.


Chômage et compétitivité, les dommages collatéraux des énergies renouvelables


Les hypothèses en termes d’emplois et de compétitivité ont en conséquence été démenties.


De nombreuses études prévoyaient l’impact négatif du développement des énergies renouvelables sur l’emploi, sur le coût de l’énergie, ou sur la précarité des plus démunis, telles celles de l’Universidade Rey Juan Carlos, de Beacon Hill Institute, de Gordon Hughes, ou de l’Instituto Bruno Leoni.

L’étude de l’Universidade Rey Juan Carlos, par exemple, considère que chaque MW renouvelable, installé, détruit 5.28 emplois, tandis que celle de Beacon Hill Institute a relevé les erreurs économiques des études qui prétendaient le contraire.


En France, la Cour des Comptes a sévèrement stigmatisé le manque d’expertise de l’État en ces termes : « Alors qu’il engage la collectivité sur des sujets financièrement très lourds, l’État s’est insuffisamment organisé pour disposer des données de base indispensables à la conduite de la politique en faveur des énergies renouvelables».

Ce qui n’empêche personne de lancer avec conviction des imprécations sur les mérites de la « croissance verte », les élus attendant de la sorte les retombées fiscales d’une manne qui coûte pourtant dix fois plus cher au contribuable/consommateur.

Mais, il y a plus grave: les 20.4 milliards d’euros de taxe EEG (taxe pour les énergies vertes, Ndlr) payés par les allemands, en 2013, pour le surcoût de leurs énergies renouvelables, donnent la mesure de la partie de poker engagée sur des technologies, dont on ignore pratiquement la viabilité de développement à envisager; en exemples, les perspectives, peu encourageantes, de l’actuelle technologie de stockage et de réalisation des interconnexions nécessaires, qui jouent en la défaveur de ces énergies.

En France, la délibération du 9 octobre 2013 de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) a relevé 3 018 milliards d’euros de charges dues aux énergies renouvelables en 2013...

La prévision de cette Commission dans le même tableau est de 3.722 Md€ pour 2014, que les ménages, même les plus modestes, devront acquitter en tant que consommateurs/contribuables. Cette prévision pour 2014 correspond donc à une augmentation des surcoûts de 23.3% en un an !

Au moment où tout se met en place pour accélérer ce développement, on peut déjà constater qu’à en juger seulement sur la progression actuelle, cela donnerait 4 589 Md€ en 2015, 5 658 Md€ en 2016 et 6 976 Md€ en 2017.

Bien que nous n’en soyons pas encore dans la situation critique allemande, - force est de constater que notre coût d’ici à 2017 s’en élèverait donc à 20 945 Md€ d’euros. Mais, faut-il le rappeler que la date de 2017, est justement celle d’une prévision d’économie de 50 milliards d’euros annoncée par le gouvernement !?


Pour toutes ces raisons, le texte intitulé : « Cadre d’action en matière de climat et d’énergie pour la période comprise entre 2020 et 2030 », publié le 24 janvier 2014 par la Commission européenne, qui recentre la priorité sur les réductions de CO2, n’est pourtant pas contraignant vis à vis des objectifs des États en matière de développement des énergies renouvelables; cette évolution devant permettre de tenir compte de la spécificité de chaque État dans la poursuite de leurs objectifs communs, sachant que la réduction des émissions en est le but ultime, tandis que le maintien de la stabilité du réseau en est la condition indispensable.

Comment ne pas comprendre que la responsabilité de la France, dont la production d’électricité est exemplaire en terme- d’émissions de CO2, comme de sécurité et d’approvisionnement, serait de renforcer son rôle stabilisateur dans le réseau européen, afin de permettre éventuellement aux nations les plus polluantes de produire plus propre ?

Or, le développement français des énergies renouvelables incapable de réduire son taux de CO2, ou encore de contribuer à l’effort commun par la stabilité de sa production, compromet par ses coûts chacun des autres axes de l’avant-projet de la stratégie nationale. Et ce, en particulier pendant cette période où la France doit restreindre drastiquement ses dépenses !

Cette course utopique est-elle bien raisonnable !?




nmnj

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