Climathon, semaine 33: De la Terre-mère à la Terre-créancière

Publié le 20 août 2015 dans Environnement
Par Benoît Rittaud (et le jury du Climathon)


Qu’on se le dise: Nous sommes en dette écologique. Du moins, c’est ce qu’on nous dit







Il était impossible d’échapper cette semaine au matraquage annuel autour de la « biocapacité » de la planète, un concept de pure comm’ destiné à nous inciter à l’autoflagellation hautement scientifique avec plein de chiffres partout (c’est dire si c’est sérieux).

L’ONG Global Footprint Network compare l’exploitation des ressources naturelles et cette « biocapacité » de notre planète. Ce calcul montre que l’Homme prédateur se gave des trésors offerts par la Sainte Terre plus vite qu’elle ne peut les produire. Chaque année, l’ONG calcule en combien de jours sont utilisés les bienfaits dispensés par notre si généreuse planète en un an et annonce triomphalement la mort dans l’âme le triste résultat: En 2015, c’est au bout de seulement 225 jours que les ressources annuelles ont été dilapidées. Et le 225e jour de l’année, c’était le 13 août.



Depuis cette semaine, qu’on se le dise: Nous sommes en dette écologique. Les citoyens l’ignoraient sans doute, mais le Journalderéférence a publié cette sinistre nouvelle avec tout le recul et toutes les précautions qu’on lui connaît pour la dénonciation des invisibles cataclysmes causés par l’Homme, emportant le titre de cette semaine.


Épargnant au lecteur des détails soporifiques trop techniques sur le calcul de la date fatidique, l’article insiste plutôt sur l’inexorable avancée de ce « jour de dépassement » et réussit à rattacher cet outil de propagande utile indicateur à la COP 2015. On apprend ainsi que « Rien que pour absorber les gaz à effet de serre émis par l’homme, 85 % de la biocapacité totale de la planète sont aujourd’hui nécessaires ». Rassurons tout de suite les lecteurs du Climathon, la notoire absurdité, l’incontestable crédibilité de ce pourcentage n’est aucunement discutée dans l’article du Monde, ce dernier confortant ainsi en toute légitimité son rôle envié de Pravda climatique de référence.


Les accessits de la semaine




La rigueur du jury du Climathon l’a conduit à étudier le traitement de la même information par une radio du service public: Une courte dépêche sur le site internet de France Inter fournit un planisphère représentant les pays écologiquement créditeurs et débiteurs. On y apprend que l’empreinte écologique de la France est supérieure de 120 % à ses ressources naturelles, chiffre en contradiction avec celui du Journalderéférence qui annonce que la France consomme 1,4 fois ses capacités, soit un excès de 40 %. Bon, c’est vrai que 40 % ou 120 %, c’est à peu près pareil. Plus intrigant, on apprend dans l’article de France Inter que l’empreinte écologique de la Russie, de l’Australie, du Brésil et de bien d’autres est « inférieure de plus de 100 % » à leurs ressources naturelles. Ces pays sont certainement des membres fondateurs du Fonds Écologique International car ils créent des ressources naturelles ex nihilo. Le jury du Climathon remercie France Inter de nous informer qu’Obi-Wan Poutine est notre seul espoir pour nous sauver de nos turpitudes écologiques.



Enfin, la période estivale est le moment de prodiguer quelques encouragements à des compétiteurs modestes mais méritants. Ainsi de Jean-Paul Baquiast pour son article de Médiapart. L’écrivain scientifique y regrette amèrement l’absence probable de James Hansen à la conférence COP21, sans doute après avoir oublié que le susnommé avait souhaité l’échec de Copenhague en 2009. Après avoir rappelé, objectivement et sans alarmisme aucun, que « des scientifiques éprouvés considèrent aujourd’hui que même si la hausse restait en deçà de la limite des 2°, des effets terriblement destructeurs se produiraient d’ici 2100: Hausse minimum de 10m du niveau des mers, tempêtes d’une force jamais éprouvée à ce jour de mémoire d’hommes…» , M. Baquiast insiste sur « la rigueur morale et professionnelle indiscutable » du Dr Hansen. Rappelons en effet que celui-ci a émis des prévisions particulièrement foireuses précises pendant toute sa carrière, notamment ses remarquables projections des années 1970 qui tablaient sur un refroidissement généralisé. Il a également maintes fois prouvé sa rigueur morale et scientifique par ses affirmations totalement détachées de toute forme d’action politique.


Un joli exercice de postmodernisme de la part de notre nominé, donc, qui met habilement en regard la pratique d’un James Hansen (introduire la politique dans une analyse supposée scientifique) avec celle de son propre article qui présente la « science » selon le point de vue d’un professionnel de la haute administration.



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