Pour accélérer son déploiement, la filière de l’éolien veut encore faire sauter des verrous

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Mis à jour le 23/10/15 à 9:29Propos recueillis par Guillaume Chazouillères


© REA

À quelques semaines de la COP 21, Frédéric Lanoë, président de France énergie éolienne, fait le point sur le développement des parcs éoliens, et plus généralement de l’énergie verte sur l’Hexagone.


Capital.fr: Selon Bruxelles, la France doit atteindre 23% de consommation d’énergie verte d’ici 2020. L’objectif est-il tenable ? 

Frédéric Lanoë *: Soyons clair, nous ne serons pas au rendez-vous. Et encore moins si on s’en réfère aux nouveaux objectifs fixés par le gouvernement : 40% d’énergies renouvelables d’ici 2030 ! Certes, l’énergie verte alimente déjà 17% de notre consommation en électricité, ce qui n’est pas mal du tout. Mais il sera difficile d’accélérer la cadence pour satisfaire à ces quotas. L’énergie hydraulique, qui reste de loin la source d’énergie renouvelable la plus importante en France (12,9% de la consommation d’électricité), nécessite des investissements trop lourds pour permettre un déploiement rapide. En outre, le développement de l’énergie solaire (1,5% du total de la consommation) a pris beaucoup de retard. Et si les 4.500 éoliennes implantées en France (4,5% de la consommation) permettent d’alimenter plus de 6 millions de Français en électricité, ce secteur est encore contraint par de nombreux verrous qui l’empêchent encore de vraiment décoller…

Capital.fr : Parlons justement de l’éolien. La loi sur la transition énergétique, votée cet été, vous a plutôt été favorable : vous allez finalement pouvoir installer des turbines à 500 mètres minimum des habitations…alors que la question de les repousser à 1.000 mètres avait un temps été évoquée dans le débat parlementaire. Que demander de mieux ? 

Frédéric Lanoë : Il y a certes des satisfactions, c’est indéniable. Avec 1.200 mégawatts raccordés, 2015 sera d’ailleurs une très belle année pour l’éolien en France. Malgré tout, il est nécessaire de gagner encore en souplesse. Depuis le Grenelle 2, les éoliennes sont des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE): Elles sont ultra-réglementées, ultra-contrôlées, pourquoi donc continuer à contraindre les professionnels à déposer en plus des permis de construire, source de paperasses inutiles ? De la même manière, il est totalement absurde de maintenir trois instances juridiques pour les recours ce qui ralentit parfois de 8 ans bon nombre de projets !… Enfin, j’appelle à une table ronde avec la ministre Ségolène Royal afin d’étudier les possibilités de libérer de nouveaux espaces qui sont aujourd’hui réservés à des entraînements militaires ou à la pose de radars Météo France, ce qui limite de facto toute possibilité de déploiement de l’éolien en France. C’est notamment le cas dans l’Est, en région PACA ou en Bretagne…

Capital.fr : En même temps, de nombreuses associations locales s’insurgent contre le déploiement massif de parcs éoliens autour de leurs villages. Preuve que le marché n’est pas si verrouillé que cela…

Frédéric Lanoë : Deux constats pour commencer : L’Allemagne compte 4 fois plus d’éoliennes que la France, sur un plus petit territoire, et ceci ne pose aucun problème outre-Rhin. Ajoutons que la moitié de nos installations sont déployées dans de vastes zones agricoles en Picardie et en Champagne-Ardenne, régions où nous sommes toujours les bienvenus. Après qu’il puisse exister, ici et là, des projets d’implantations qui irritent certaines franges de la population locale, c’est effectivement possible. Je rappelle enfin que, la préfecture de département a le dernier mot: C’est à elle de valider si les projets sont finalement conformes ou non aux schémas régionaux d’implantations qui ont été décidés en amont.

Capital.fr: Où en est-on de l’éolien offshore ? 

Frédéric Lanoë : Six parcs éoliens offshore sont actuellement en projet – sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique nord - pour une puissance de 3.300 mégawatts. On ne sera donc là encore pas dans les clous des objectifs fixés par l’Europe, qui rappelons-le sont d’atteindre une production de 6.000 mégawatts d’ici 2020. Le gouvernement doit donc d’urgence lancer un nouvel appel d’offre pour permettre multiplier les implantations. Certes, le coût de l’éolien offshore reste encore plus élevé (environ 200 euros le mégawattheure, contre 85 euros pour l’éolien terrestre), mais cette source d’énergie reste indispensable si on veut réaliser la transition vers l’énergie verte et bâtir une industrie d’avenir.

© Capital.fr
Commentaire: C'est vrai quoi! Arrêtons de «faire chier» ces promoteurs du «bonheur pour tous», bienfaiteurs de l'Humanité.


* Frédéric Lanoë, l'éolien pour étendard

ANNE FEITZ - LES ECHOS | LE 29/11/2013




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Le sens des responsabilités. C'est l'une des grandes motivations qui a animé Frédéric Lanoë lorsqu'il a accepté de prendre la présidence de France énergie éolienne (FEE), l'organisme qui défend les intérêts des acteurs du secteur. Élu il y a quelques jours, il a d'autant plus de mérite à s'investir dans cette association professionnelle qu'il va cumuler ces fonctions avec son job de directeur général pour la France et la Belgique de l'énergéticien portugais EDP-R. Un poste qui l'a beaucoup absorbé ces derniers mois, puisqu'il s'est associé à GDF Suez et Neoen Marine pour se porter candidat au deuxième appel d'offres dans l'éolien en mer. Le projet prévoit la construction de deux champs de 500 mégawatts chacun, au large du Tréport et de Noirmoutier: C'est aujourd'hui, à 14 heures au plus tard, que le dossier de candidature doit être remis à la Commission de régulation de l'énergie (CRE) « Un enjeu stratégique ! »commente ce dirigeant volubile (voir « Les Echos » d'hier).



Les mots d'Al Gore

Pourtant, il lui aura fallu quelques détours avant de rejoindre le secteur des énergies vertes, pour lequel il avoue se passionner. Diplômé des Arts et Métiers, il démarre chez Procter & Gamble, où il est notamment chargé du développement international des tablettes de lessive et des adoucissants... « Mais j'ai eu un déclic avec le discours d'Al Gore au tournant des années 2000, qui a été un véritable choc pour moi. Je me suis dit, il faut faire quelque chose ! », raconte ce Nantais de quarante et un ans.

Convaincu du rôle essentiel de la technologie dans la lutte contre les changements climatiques, il n'en ressent pas moins le besoin de muscler ses compétences en management et intègre l'Insead de Fontainebleau en 2002. Quatre ans plus tard, alors qu'il a fondé une société de location de films en avion, l'allemand WPD Offshore lui propose de créer sa filiale française, afin de travailler sur l'éolien en mer dans l'Hexagone. Etudes, concertations, débats publics n'ont alors plus de secrets pour lui...

Son embauche chez EDP-R, en 2010, lui permet de découvrir aussi le monde de l'éolien terrestre, qui commence à se développer sérieusement en France « Il reste toutefois de nombreux obstacles », rappelle-t-il, persuadé que l'éolien peut rattraper son retard et représenter 25 % du mix électrique de l'Hexagone en 2025. L'avenir dira si ses vœux sont exhaussés. Il pourra sans doute le constater lui-même lors de ses vacances à vélo sur les routes de campagne, avec ses deux enfants - lorsqu'il ne sera pas en Australie, à assouvir sa passion pour l'art aborigène.

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