La baisse des coûts des renouvelables ne les a pas rendues réellement plus désirables pour les entreprises du secteur énergétique. Dans les faits, le coût élevé des investissements et leur faible rentabilité se sont traduits par la chute des profits et de la valeur des entreprises.
Pourquoi les investissements stagnent-ils dans les énergies renouvelables, alors que l’argent coule à flots dans un secteur structurellement déficitaire comme celui du pétrole de schiste? La réponse se situe du côté de la libéralisation des marchés et des politiques fondées sur une compétition excessive. Les profits sont à la baisse, entraînant une véritable « spirale de la mort » pour les producteurs d’énergie – et l’impossibilité d’atteindre les objectifs de réduction des émissions d’ici 2050. Une récente étude de Trade Unions for Energy Democracy, un groupe international de réflexion sur les enjeux énergétiques, expose les mécanismes de ce qu’elle qualifie de « calamité se déroulant au ralenti ».
L’étude part du constat qu’en dépit des constantes « bonnes nouvelles », l’investissement dans les énergies renouvelables est beaucoup plus bas qu’il le faudrait. Le déficit, selon une étude réalisée par l’ IEA-IRENA, serait d’environ 600 milliards $ par année et atteindrait 14 000 milliards d’ici 2030, pour les secteurs solaire et éolien seulement. Plus étonnant encore, ce sous-financement chronique survient alors que les capitaux privés sont surabondants et se cherchent des débouchés.
Le niveau des investissements est d’autant moins satisfaisant que de nouvelles pratiques viennent accroître les besoins. L’électrification de 70 % des transports exigera à elle seule près de 15 000 milliards $ d’investissements dans les renouvelables entre 2016 et 2050, selon le rapport 2017 de l’ IEA-IRENA. Des secteurs importants sont aussi fortement négligés. Le stockage de l’électricité, par exemple, n’a reçu que 10 milliards $ dans le monde en 2015.
Le problème de fond, résume le TUED, « n’est pas le manque d’argent. Il repose, pour simplifier, sur le fait qu’il n’y a pas beaucoup d’argent à faire dans les renouvelables et les technologies liées. »