Il voulait que son entreprise commence par un A, afin qu’elle soit au début de l’ordre alphabétique. En ouvrant le dictionnaire, il a repéré le mot Amazon, c’était « exotique, différent », le plus grand fleuve du monde : tous les attributs qu’il souhaitait pour sa nouvelle entreprise. C’était en 1995. Aujourd’hui, Jeff Bezos est l’homme le plus riche du monde.
La valeur de sa société est supérieure à celle du PIB de la Suisse et vend de tout : des légumes biologiques (Amazon a récemment racheté Wholefoods, l’équivalent de Biocoop aux États-Unis) ou de la publicité, elle produit également des séries télévisées et loue de l’espace de stockage sur le cloud. Cet automne, elle est devenue la deuxième entreprise de l’histoire du capitalisme à atteindre une valeur de plus de 1000 milliards de dollars (après Apple).
Et tout cela grâce à sa logique low-cost. Elle paie très peu d’impôt, obtient des subventions et paye les travailleurs le moins cher possible… pour effectuer leur labeur dans des conditions indignes. Dans les entrepôts, ils doivent en effet suivre les ordres d’une machine leur indiquant le nombre de secondes qu’il leur reste pour déplacer un paquet d’une station à une autre (pour aller a la mémé vitesse que les robots). Leur productivité est sous surveillance constante : une pause spontanée ou une cadence ralentie, et la machine signale l’infraction aux chefs « humains ».
L’obsession de l’entreprise, c’est d’aller toujours plus vite chez le client. Ils ont même breveté des systèmes d’entrepôts volants, sous forme de zeppelins flottant à 13 km au-dessus de la terre, d’où s’envoleraient des drones pour livrer la marchandise. Dans sa volonté techno-capitaliste d’étendre son réseau à travers la France, Amazon a décidé de construire un nouveau méga-projet logistique (avec le promoteur Pitch) pour couvrir le grand ouest. Et la construction de ces 39 hectares d’entrepôts est prévue à seulement deux kilomètres de la ZAD, sur la commune de Grandchamp-des-Fontaines.
La force d’Amazon, c’est la technologie, pas le commerce. Et ce qu’Amazon a le plus vendu – à ses investisseurs, clients et médias d’information – c’est l’excitation. Au début, c’était une façon excitante d’acheter des livres, puis une nouvelle façon de lire (kindle), une nouvelle façon de publier (createSpace), une manière inédite de livrer (Amazon Prime). Peut-être que pour l’implantation du symbole parfait de la nouvelle forme du capitalisme, le choix d’un site si proche de la ZAD est-il également un témoignage de cet amour pour les situations excitantes ? Pour ne pas décevoir cette louable inclination, c’est une armée…d’Amazones – elles aussi amoureuses du frisson – qui se forme dans les brumes du bocage.
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