France, électricité : la filière éolienne est-elle efficace contre les émissions de gaz à effet de serre comme le prétend l'ADEME? I

Tanguy
septembre 2019
 

Aujourd’hui, je vous propose un article sur les différents moyens de production d’électricité utilisés en France et leur utilisation pour répondre à la consommation.

Avant toute chose, un petit point de vocabulaire. Il faut distinguer 2 notions :

  • éviter et réduire des émissions. Une réduction est absolue (graphique 1). 
  • Un évitement est relatif, il compare 2 alternatives mais ne dit rien sur les émissions qui peuvent très bien monter ou baisser (graphque2).

Graphique 1



Graphique 2


2 Exemples
:
Hier, vous n’aviez pas de voiture, aujourd'hui vous en achetez une. Vous n'avez pas choisi un SUV, votre rêve, mais un modèle plus léger. Ainsi, vous avez évité des émissions de gaz à effet de serre, mais... malgré tout, vos émissions personnelles ont augmenté.


Vous aviez une chaudière au fioul et vous venez de la remplacer par une pompe à chaleur :
bravo! Vous avez baissé vos émissions de gaz à effet de serre.

Ma travail vient en réponse à Eric Vidalenc qui avançait, citant l’ ADEME, que "la filière éolienne avait permis entre 2002 et 2015 d’éviter l'émission d’éviter l'émission, en France, de 500 à 600g CO2eq par kWh produit." Ces chiffres m’avaient particulièrement interpellé puisque grâce à la filière nucléaire et hydraulique, l’électricité est déjà peu carbonée. Entre 2005 et 2018, les émissions ont oscillé entre 28 et 46 Mt CO2eq/an. 45 et 85 gCO2eq/kWh en analyse de cycle de vie.



Dans son bilan sur l'éolien, l' ADEME a estimé les émissions de GES évitées par cette filière en France. 

2 passages sont importants :
1. la méthode pour construire un mix de référence, sans production éolienne, p145,
2. le bilan du calcul des émissions évitées, p172.

Analysons

1. la méthode repose sur un raisonnement économique dite de “merit-order shifting”. Ainsi pour simuler le mix en l’absence de production éolienne, on retire la dite production et on regarde quels sont les moyens qui prennent sa place,
suivant l’ordre économique. Jusque là, pas de souci...





SAUF, qu’il y a eu des hypothèses simplificatrices et c’est là que ça se gâte...

- la non prise en compte de la production hydraulique dans le merit order car “par supposition n’entre pas en concurrence avec l’éolien”.

- "aucune corrélation directe entre la production éolienne et volumes d’importation/exportation n'a pu être constatée. "

NB : "l'analyse ne porte que sur les années 2011-2015" Exit 2002 - 2010!



J’ai compilé dans ce graphique les répartitions de durée de marginalité. Exceptées les années 2011/12, l’hydraulique, dernier moyen de production appelé sur le réseau, reste marginal à ~25% du temps. La production éolienne réduit bien, en partie, la production hydraulique et donc, elle est bien une concurrente...


On notera que le nucléaire est marginal environ 10% du temps. Quoi qu’en dise M.Vidalenc, l’éolien se substitut,
à certains moments, à la production nucléaire. On rappellera que c’est l'un des objectifs portés par La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015.

Concernant la soi disante non corrélation entre la production éolienne-export, j’ai récupéré l’ensemble des données RTE pour les années 2012-2015, 2011 étant non disponible. Le coefficient obtenu est... -0.28, pour -0.13 pour l' ADEME. Ainsi, la production éolienne vient effectivement renforcer les export et ce, de manière assez significative. Elle ne peut être ignorée.





Ces deux hypothèses sont donc très contestables et contestées. Elles viennent améliorer les résultats puisque :

1. l'hydraulique émet peu de GES en cycle de vie, 6g CO2eq/kWh,
2. 1kWh exporté ne peut pas faire baisser les émissions de la France.

Ainsi, la mise en place d’un mix de référence a permis de construire un mix évité, fortement carbonée. On comprend alors le résultat de 500-600g CO2eq/kWh évité. J’attire de plus votre attention sur la conclusion…





Commentaire de Jean-Marc Jancovici
A la fin, ils ont confondu émissions évitées et réductions…
Oui, et c'est les réductions qui comptent pour le climat. En France, il faut les réduire de 75% (facteur 4)"
Tout ce travail avec mes impôts !
Source : Que signifie concrètement d’arrêter la hausse du CO2 dans l’air ?

Conclusion
Outre les hypothèses optimistes, l’étude NE démontre en RIEN que la filière éolienne “contribue de manière significative à la réduction des émissions de GES [...] et [à la] lutte contre le changement climatique” en France.

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