HAUTE-MARNE, LE PAYS D'AMANCE : LA BALADE AVANT LA CONQUÊTE ÉOLIENNE, ÉPISODE I

  Tous les villages que nous verrons aujourd'hui appartiennent à l'actuel canton de Laferté-sur-Amance dont le territoire était, jusqu'au traité de Nimègue en I678, divisé en deux par la frontière entre la France et l'Empire. La région a en conséquence beaucoup souffert des guerres, en particulier de celle de Trente Ans.
  À la veille de la Révolution, ces villages relevaient, au plan civil, de la généralité de Champagne, du bailliage et de l'élection de Langres, ainsi que de la prévôté de Coiffy, et, au plan religieux, du diocèse de Langres et du doyenné de Pierrefaites ; seul Voisey dépendait, d'une part de la généralité de Franche-Comté, du bailliage de Vesoul et de la prévôté de Jussey, d'autre part du diocèse de Besançon et du doyenné de Favernay. Il avait la particularité d'appartenir à la Champagne, tout en relevant du diocèse de Besançon.


Pierrefaites
   La plus ancienne mention connue de Pierrefaites remonta à 1166, dans une charte relative à la fondation de l' abbaye de Beaulieu, sous la forme Petra Ficta*, qui désigne une pierre dressée, souvent un menhir.
   Pierrefaites était un chef-lieu de doyenné depuis au moins le début du XIIe siècle, celui-ci couvrant trente villages, deux abbayes et quatre prieurés.
   Pierrefaites était divisé en deux seigneuries, appartenant respectivement à l' évêque de Langres et à un seigneur laïc. Ce dernier est, au XIIe siècle le sire de Fouvent, auquel succèderont par alliance les seigneurs de Vergy et de Ray, puis, par achat au XVIIe siècle, la famille de Minette de Beaujeu.

* " Anciennement Pierrefite, Pectraficta, c'est-à-dire pierre fiche, menhir, dolmen ou milliaire ? "
   Claude et Roger Petitfrère et Guy Salassa, Harmonies Haut-Marnaises, l' Escarboucle, Chaumont, I987, p.2I3.


L'église Notre-Dame-en-son-Assomption
   Elle remplace une église qui a été incendiée,— comme tout le village, — en I636 par Gallas, commandant des troupes impériales. Au XVIIIe siècle, l'édifice était en très mauvais état. Montesson, aujourd'hui commune associée à Pierrefaites, n'avait pas alors de lieu de culte, — elle est en dotée depuis I860, — et les villageois venaient à l' église à Pierrefaites.

L'église Notre-Dame-en-son-Assomption © Dominique et Jean-Michel Liegey

   L'église a été reconstruite en I777 par Joseph Walter et Albert Zanon, architecte et entrepreneur langrois.
   Le mobilier, classé monument historique comprend :
  • l'autel principal, le tabernacle et le retable : celui-ci en bois sculpté peint et doré se compose de quatre colonnes à torsades qui encadrent un haut-relief en bois représentant l' Assomption. De chaque côté, se trouvent des statues de la Vierge à l' Enfant et d'un saint évêque;
  • la chaire à prêcher en bois doré et peint, réalisé vers I777 par Antoine Besançon. La cuve est ornée de quatre panneaux sculptés représentent saint Mathieu et saint Marc, la prédication du Christ, saint Luc et saint Jean et le Bon Pasteur. La dorsale porte un relief figurant l' Assomption; 
  • les autels latéraux réalisés en I783 par Antoine Besançon : l'autel nord est dédié à l'ange gardien, le sud à saint Joseph.
La tour carrée
   Il s'agit d'une maison forte médiévale destinée à la défense. Perchée sur une butte, elle était sans doute protégée par un fossé. Nous ignorons si l'ensemble était doté de fortifications.
   Selon Alexandre Mulson1, elle aurait été restaurée et agrandie au XIIIe siècle par Arnoult de Reynel, puis détruite pendant les guerres du XIVe siècle : " Les Vergy ne relèvent que les logements nécessaires à leurs commis ou intendants. " Lors du passage des troupes de Gallas, Pierrefaites fut brûlée, " à l' exception de la tour qui défendirent courageusement ceux qui s'y étaient enfermés.2 "
   Alors qu'au début du XXe siècle, la tour ne comportait qu'un niveau couvert d'une toiture à longs pans, elle a, depuis, été rehaussée d'un étage.

Maison Canet

   Selon Mulson, cette maison aurait été construite au XVe siècle, époque où la seigneurie laïque fut divisé en deux : la soeur de Charles de Vergy épousa Jean de Ray et lui apporta en dot la moitié de Pierrefaites.
   L'édifice actuel date au moins du XVIIIe siècle ; toutefois une porte à l'intérieur, dotée d'un chanfrein caractéristique, pourrait remonter au XVIe siècle. La chapelle est élevée au XIXe siècle, époque où la demeure est remaniée : le logis est reconstruit en I8I6, les dépendances sont ajoutées en I848.
   Elle a été transformée en établissement d'instruction primaire supérieure, fondé en I860 par Alexandre Mulson, prêtre, et Rieul Paul Mulson, son frère, également prêtre, dans l'intérêt des jeunes gens des deux départements : Haute-Marne et Haute-Saône. Les deux fondateurs étaient à la tête de cette maison, le premier comme supérieur, le deuxième comme directeur : Roussel.







Pisseloup
   Le nom de Pisseloup désigne une source à faible débit.
   C'est sur la colline de Chaumondel que se trouvait le château, élevé au XIe siècle ou au XIIe siècle, afin de dominer la vallée. Il a attiré un bourg, doté d'une église qui servait aussi pour Pisseloup et Bétoncourt; ces trois villages ne formaient, autrefois, qu'une seule paroisse. La première mention de Pisseloup remonte à I426, sous la forme de Pisselop, dans une charte qui concerne l' abbaye de Vaux-la-Douce.
   Un aveu et dénombrement de I508 nous apprend que la seigneurie était alors divisée en deux : celle de Chaudenay et celle d' Aigremont. Par ailleurs, c'est la première fois que les seigneurs de Chamondel, branche de Chaudenay, en l’occurrence Didier et Jacques de Chézeaux, ont ajouté Pisseloup à leur titulature. Ils possédaient le château de Chamondel, qui disparait avant I682, l'aveu du 22 novembre de cette année, écrit par Claude et François de Poinctes, ne mentionnant plus que la place.
   La maison seigneuriale a ainsi été détruite entre I508 et I862, vraisemblablement dans le contexte de la guerre de Trente Ans. Par ailleurs, l'église de Chaumondel a été transférée à Pisseloup au début du XVIIIe siècle. Le déplacement de Chaumondel vers Pisseloup s'est donc effectué lentement au cours du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle.
   Pisseloup et Bétoncourt ne formaient alors qu'une paroisse; elles ont cependant été rattachées en I790 à deux départements différents.
   Un pèlerinage a été instauré à Chaumondel par l' abbé Andrieux en I856, en remerciement des travaux qu'il a réalisés à l'église de Pisseloup vers I848. Il a fait élevé une statue de la Vierge à l'emplacement de l'ancienne église de Chaumondel. désormais, ce pèlerinage aujourd’hui a lieu tous les deux ans vers le I5 août.


 
La maison " Arnaud "
   Cette maison, dotés d'arcs surbaissés, a été construite à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle. Dans la propriété, se trouve un corps de bâtiment comportant deux granges : l'une des deux ouvertures a un arc chanfreiné, ce qui permet de le dater du XVIe siècle, à la rigueur du XVIIe siècle; l'autre porte la date de I807 ; toutes deux sont en plein-cintre.
   La demeure a été peut-être construite par Jean-Etienne Marchand, seigneur de Pisseloup, qui la posséda jusqu'à sa mort en I743. Sa fille, Marie-Claude Marchand, en a hérité et l'a transmise à sa nièce. Jeanne Tugnot de la Noye. Celle-ci épousa Jean-Baptiste Ignace Poncelin de Raucourt, maire de Pisseloup en I804. Ses descendants la léguèrent à Claude Arnaud, propriétaire actuel depuis I965.

Le château orné d'une échauguette, seigneurie de Chaudenay
   D'après Alexandre Rousselot, ce château aurait été construit par les seigneurs de Chaumondel à la fin du XVIe siècle. Flanqué de quatre tours aux angles dont une servait de colombier, il était dépourvu de pont-levis et de créneaux. Mais l'auteur ne nous indique pas ses sources.
   Une description datant de l' An II nous précise que le château est à cette époque doté de deux tours au nord, construites en partie sur la rue, comme les communs; ce qui amène le maire, Nicolas Changey, à en obtenir la destruction, parce qu'elles gênent le passage. Rien ne permet de savoir de quand dataient ces tours, mais il s'agit sans doute de celles qu'évoque Rousselot.
   Le corps central du château est agrémenté d'un portail, seul ouvrage ancien conservé : malgré les armoiries bûchées, il semble remonter au XVIIe siècle. L'aile sud est un ajout du XIXe siècle.


D'abord habité par les Poinctes, puis par les Montessus, il appartenait, au XIXe siècle, à Henri Domet de Vorges, sous-inspecteur des forêts demeurant à Vesoul. Les initiales de ce dernier figurent sur la grille du parc. En I879, Domet de Vorges a fait construire l'aile des communs contre la rue, dont l'échauguette qui servait de pigeonnier. La maison passa, en I935, à M. Gaultier, auquel le général de Gaulle a rendu quelques fois visite. c'est au cours de leur séjour à Alger que les deux hommes avaient fait connaissance.

  À suivre...

I. Mulson, Alexandre. Histoire de Pierrefaites, Langres, imprimerie et librairie Rallet-Bideaud, I898, p.14.
2. Op. cit., p.28.

  Sandrine Fuselier, Excursion annuelle de la S.H.A.L dans le Pays d'Amance, I5 juin 2003, Société historique et archéologique de Langres, Bulletin trimestriel n°355, imprimerie I.D.G., Langres-Saints-Geosmes, 2004, pp. 364-369.

***
Aujourd'hui
   Le Pays d'Amance est victime, depuis une décennie, de la conquête de son territoire par les " armées " du lobby éolien; celle-ci étant facilitée par la complicité de quelques " barons " et autres potentats locaux qui, pour une rente de quelques milliers d'euros par an ?, vendent le pays et sa population.
  • Pierrefaites est sous la menace de l'implantation prochaine d'une zone industrielle d'éoliennes de 17 machines, dit " Vannier-Amance " : Fayl-Billot, Pierrefaites et Pressigny.
  • Pisseloup, où sa population vit depuis plus d'un an sous le joug de la zone industrielle d'éoliennes, dit " Pays jusséen ", de 8 machines : Vitrey-sur-Mance, de Rosières-sur-Mance et Saint-Marcel.  

 
 Carte : @ IGN

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