POLLUTION LUMINEUSE ET CHAMPS MAGNÉTIQUES : NOTRE SANTÉ EN DANGER !...

  Si la médiatique pollution lumineuse fait aujourd'hui l'objet d'une quasi-unanimité scientifique et populaire, reconnaissant ses dangers pour la santé humaine, il est impératif de ne pas occulter une menace tout aussi insidieuse et nocive : les champs magnétiques de très basses fréquences, CEM-ELF.
  Moins médiatisés et populaires que leur pendant lumineux, les CEM-ELF n'en sont pas moins dangereux pour la santé, avec des effets potentiels encore plus alarmants. Il est urgent que le monde politique prenne la mesure de ce double fléau et s'engage dans une action législative ambitieuse pour enrayer ces nuisances.
  La pollution lumineuse perturbe gravement nos rythmes biologiques, affectant le sommeil, la sécrétion d'hormones et le système immunitaire. Elle est également liée à une augmentation des risques de cancer, de diabète et d'obésité. Face à ce constat accablant, si, sans nul doute, le législateur a déjà entrepris une mise en place de réglementations strictes pour limiter l'éclairage nocturne artificiel, il reste encore beaucoup à faire.
  Si la pollution lumineuse attire aujourd'hui une repression législative croissante, les CEM-ELF, omniprésents dans notre vie quotidienne, passent entre les gouttes ! Pourtant, le monde scientifique ne cesse d'alerter de leur dangerosité, à travers de nombreuses études : " la croissance de la consommation d'énergie électrique dans les pays industrialisés et l'augmentation parallèle de l'exposition environnementale aux CEM-ELF ont suscité une inquiétude généralisée quant aux effets nocifs des CEM-ELF chez l'homme, une préoccupation stimulée au cours des dernières décennies par un certain nombre d'études épidémiologiques rapportant effets délétères des ELF-EMF sur la santé humaine. " :
  • Augmentation des risques de cancer;   
  • Troubles du sommeil et de la concentration;
  • Affaiblissement du système immunitaire.
   Pour parfaire nos connaissances sur les CEM-ELF et leurs conséquences sur la santé, lire l'étude intitulée : 
  • TOUITOU Yvan, Unité de Chronobiologie, Fondation A. de Rothschild, Paris, France; 
  • SELMAOUI Brahim, INERIS, Département de Toxicologie Expérimentale, Verneuil-en-Halatte,  France. 
TRADUCTION FRANÇAISE : REMOUIT J.L. 

EXTRAITS
" Conclusion
  Nous sommes tous exposés à des champs électriques et magnétiques de faible intensité. Les niveaux d'exposition de la population générale vont de 5 à 50 V/m pour les champs électriques et de 0,01 à  0,2 μT
[ le Tesla est une unité de mesure des champs magnétiques; l'μT est le symbole du microtesla, valant I0 tesla] pour les champs magnétiques.  
  Le risque potentiel pour la santé lié à l'exposition aux champs électromagnétiques est devenu une préoccupation publique, ce qui a conduit à de nombreuses études scientifiques sur le sujet. Nous avons montré dans cette revue que les études rapportées sont largement contradictoires en ce qui concerne les études épidémiologiques, environ la moitié des études ont trouvé une relation et l'autre moitié n'en a trouvé aucune, les effets biologiques potentiels des CEM-ELF et les éventuellement des mécanismes proposés; aucune explication claire n’existe pour ces résultats contradictoires. Le risque relatif, RR, qui établit la relation entre l'exposition aux CEM-ELF et le cancer, est d'environ  2 à 3. En l'absence d'explication(s) claire(s), un certain nombre d'hypothèses ont été avancées. Les caractéristiques du champ magnétique, polarisation linéaire ou circulaire, durée, timing, l'espèce  animale et, au sein d'une espèce, la souche semblent jouer un rôle dans la détermination de la réponse biologique obtenue. Il faut donc être très prudent lors de la comparaison des données obtenues sur différentes espèces animales, même au sein d'un groupe comme les rongeurs, car des différences ont été décrites entre les espèces de rongeurs et même entre les races pigmentées et albinos.
  Un changement possible dans la structure spatiale de la rhodopsine,
[ pigment visuel de la rétine capable d'absorber la lumière et présent dans les cellules visuelles : bâtonnets et cônes] un pigment photorécepteur, dû au champ électrique induit par le champ magnétique a été proposé. Les champs magnétiques pourraient également modifier soit l’activité électrique des pinéalocytes, [ cellule glandulaire exocrine du complexe pinéal sécrétant la mélatonine pendant la nuit] soit leur capacité à produire de la mélatonine, ou les deux. En ce qui concerne les nombreuses études réalisées sur les effets des ELF-EMF sur la mélatonine, [hormone produite dans une petite structure de notre cerveau appelée « la glande pinéale ». Sa fonction principale est de donner des repères temporaires à notre organisme, c’est pourquoi elle est essentielle à la régulation circadienne de notre sommeil] les différences observées chez les animaux et les humains dans ces effets peuvent être dues aux différences de localisation anatomique et de configuration de la glande pinéale, ainsi qu'à la différence dans le reste. — cycle d'activité entre les rongeurs et les humains. Une sensibilité différente aux ELF-EMF pourrait également faire partie de l’explication. Certains sujets humains peuvent avoir une plus grande sensibilité aux ELF-EMF, mais cela est difficile à démontrer en raison de l'importante variabilité interindividuelle de la concentration plasmatique de mélatonine. En ce qui concerne la mélatonine, nous avons montré une absence d'effet des CEM-ELF sur la mélatonine, concentration et rythme circadien, chez des travailleurs exposés quotidiennement jusqu'à 20 ans sur leur lieu de travail et à domicile, ce qui suggère fortement que les CEM-ELF chroniques l'exposition ne semble avoir aucun effet cumulatif chez les humains adultes; ceci réfute « l’hypothèse de la mélatonine » évoquée pour expliquer les effets sanitaires délétères des ELF-EMF. 125
  De la même manière, l'application des technologies omiques
[ champs d'étude tels que la génomique, la protéomique ou la métabolomique. Ces dernières font partie des champs d'étude qui analysent de vastes ensembles de données. En effet, ces disciplines explorent l'intégralité des génomes, protéomes ou métabolomes, ce qui nécessite le traitement de volumes de données considérables] à haut débit pour étudier les influences des CEM-ELF est confrontée à l'hétérogénéité des matériaux biologiques étudiés, qui sont aussi différents que les cellules/vaisseaux sanguins, les cellules tissulaires, les nerfs et les bactéries. Ce qui rend difficile la comparaison des données et l'établissement de conclusions définitives sur les effets potentiels des CEM-ELF sur les systèmes biologiques. I50 À titre d'exemple, la plupart des tumeurs du sein deviennent résistantes au tamoxifène, [ modulateur sélectif des récepteurs aux œstrogènes, SERM, représentant une classe de médicaments administrés par voie orale et utilisés dans le traitement du cancer du sein. Ce traitement est indiqué pour les femmes préménopausées et postménopausées, atteintes d'un cancer du sein à un stade précoce ou avancé] et il a été démontré que les CEM-ELF réduisent  l'efficacité du tamoxifène d'une manière similaire à la résistance au tamoxifène. En exposant les cellules de la lignée du cancer du sein MCF-7 à l'ELF-EMF, il a été constaté que l'ELF-EMF modifie l'expression des cofacteurs des récepteurs des œstrogènes, ce qui, de l'avis des auteurs, peut contribuer à l'induction d'une résistance au tamoxifène in vivo. 151
  Actuellement, le débat porte sur les effets des CEM-ELF sur les enfants, certaines données publiées dans la littérature soulignant le risque de leucémie infantile en relation avec une exposition résidentielle, et soulignant que ce risque, le RR est de l'ordre de 2, peut exister lorsque les enfants sont exposés de manière chronique à plus de 0,4 μT.10 Des études collaboratives à grande échelle sont encore nécessaires pour combler les lacunes de nos connaissances et apporter des réponses à ces nombreuses questions non encore résolues. Enfin, le risque délétère des CEM-ELF sur les  populations fragiles telles que les enfants et les personnes âgées peut être plus important et devrait être documenté, au moins pour leur exposition résidentielle.
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Insomnies, stress, risques de diabète et de cancer : les effets néfastes de la pollution lumineuse sur la santé

 
Les conséquences potentielles de l’exposition excessive à la lumière artificielle sur la santé sont nombreuses. La revue « Science » fait le point sur les dernières recherches et plaide pour la réduction de la pollution lumineuse.

L’exposition à la lumière bleue avant de se coucher est nocive pour nos rythmes biologiques. ljubaphoto/Getty Images.

  Les illuminations nocturnes dans les centres urbains et les lumières bleues des écrans omniprésents dans notre quotidien ne sont pas sans conséquence sur le vivant. Leurs lueurs perturbent la vie des plantes, des insectes, des oiseaux mais aussi de l’être humain. Depuis une vingtaine d’années, les chercheurs s’intéressent aux répercussions de l’éclairage artificiel sur la santé des êtres humains. Dans la revue Science, du vendredi 16 juin, les scientifiques synthétisent une soixantaine de publications récentes sur le sujet.
 
Suppression de la mélatonine
  L’éclairage nocturne des bâtiments urbains, les publicités lumineuses et les panneaux des enseignes effacent peu à peu la voûte céleste et perturbent aussi notre organisme. D’autre part, l’exposition à la lumière bleue — émise par les téléphones portables, les tablettes, les ordinateurs et les téléviseurs —avant de se coucher, est nocive pour notre rétine et pour nos rythmes biologiques. L’utilisation de ces écrans est perçue par l’organisme comme une prolongation de l’horaire diurne et peut entraîner le ralentissement voire la suppression de la production de mélatonine par la glande pinéale située dans l’épithalamus du cerveau, et stimuler la production de cortisol, « l’hormone du stress ».
  Connue par le grand public comme « l’hormone du sommeil », la mélatonine participe grandement au contrôle des rythmes circadiens,— horloge biologique, — et donc à la régulation du rythme jour-nuit. La répercussion la plus logique de son inhibition sont les troubles de sommeil. Une cascade de conséquences encore plus insoupçonnées pourrait en découler car la mélatonine a plusieurs casquettes.
  Elle joue un rôle dans la régulation des fonctions végétatives comme la faim et la soif. Sans elle, le risque d’obésité et les maladies cardiovasculaires associées s’accentue. Hormone vertueuse, elle abaisse aussi le cholestérol et aide au fonctionnement de la thyroïde, du pancréas, des ovaires, des testicules et des glandes surrénales. En outre, une étude de l’université de Harvard, publiée 2013 dans la revue médicale Jama, avance qu’une production de mélatonine à la baisse est associée à un risque plus élevé de développer un diabète de type 2.
 
Orienter les politiques publiques
  Des travaux « montrent que l’exposition à la lumière extérieure la nuit avec une lumière riche dans le spectre bleu est associée à un risque accru de cancer du sein, de la prostate et du côlon. Les futures études empiriques sur les effets physiologiques et sanitaires de l’éclairage extérieur nocturne devraient intégrer ces considérations », soulignent les auteurs.
  Depuis 2001 les chercheurs se penchent sur les propriétés oncostatiques,— qui freinent le développement des tumeurs,— de la mélatonine. Une équipe de l’université de Harvard a notamment mené une étude auprès de 80 000 infirmières qui ont travaillé la nuit pendant dix ans. Résultat : ils ont démontré que celles qui travaillent au moins trois nuits par mois, en plus des journées et des soirées, présentent un risque accru de cancer du sein après de longues années avec ces emplois de temps. Les résultats récents d’une étude statistique mexicano-slovaque vont également dans ce sens.
  Le lien entre la pollution lumineuse et le développement d’autres types de cancer est dans le collimateur des chercheurs. Une équipe internationale avançait déjà en 2016 dans le Asian Pacific Journal of Cancer Prevention que la lumière artificielle nocturne a été « significativement corrélée à toutes les formes de cancer » dont les cancers du poumon, colorectal et de la prostate. Mais de recherches complémentaires doivent être menées afin de mieux comprendre ce lien.
  Les auteurs estiment qu’il y a « des meilleures manières de gérer la pollution lumineuse pour le bénéfice de la santé humaine, de la société et de l’environnement humain ». Notamment le recours à des études d’impact qui permettraient d’orienter les politiques publiques. Dans cette publication, ils soulignent également les plans d’action mis en place par certains pays tels que la France, la République tchèque, l’Allemagne et la Slovénie. En France, depuis octobre 2022, les panneaux publicitaires doivent être éteints entre 1 heure et 6 heures du matin, peu importe la taille urbaine. Mais « malgré ces mesures encourageantes, la plupart des pays n’ont pas d’infrastructure réglementaire pour surveiller les émissions lumineuses nocturnes. »
 


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