par Tony Anscombe
05/11/2016
En fin de semaine dernière, le Journal Officiel annonçait le lancement par le gouvernement français d'une base de données unique réunissant toutes les données biométriques, telles que les empreintes digitales de l’ensemble des citoyens français âgés de plus de 12 ans – criminels ou honnêtes.
La
 Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) a émis 
quelques réserves sur un dispositif qui réunit au sein d’un même fichier
 des données aussi sensibles, et c’est bien là que se situe le problème 
central. Le gouvernement devra tout mettre en œuvre pour une sécurité 
maximale car la moindre faille sera inévitablement exploitée par des 
hackers motivés par le gain du vol de telles données. 
La décision du gouvernement de 
recueillir des données sur les citoyens peut être controversée, surtout 
lorsqu’il s’agit de citoyens mineurs. Le gouvernement français vient de 
voter en faveur de la création d'une base de données unique sur tous les
 citoyens âgés de plus de 12 ans et qui contiendra des identifications 
biométriques comme les empreintes digitales et les données personnelles 
dont l’adresse, l’âge, la couleur des yeux, et des photos. Il y a, bien 
sûr, ceux qui s’indignent et expliquent qu’un tel dispositif constitue 
une violation de leur liberté et ceux qui déclarent qu’ils n’ont pas de 
problème avec cette loi puisqu’ils n’ont rien à cacher.
La
 plupart des gouvernements disposent déjà de données centralisées de ce 
type, mais généralement elles se limitent aux personnes qui ont un pied 
dans le système pénal ou qui résident dans le pays en tant que migrant 
ou travailleur temporaire. Aucun gouvernement occidental n’a, à ma 
connaissance, pris de mesure aussi audacieuse et exigé de détenir les 
informations de tous les citoyens âgés de plus de 12 ans. La 
France a déjà eu une approche similaire en collectant les données de ses
 citoyens par le passé. Toutefois, cela s'est passé durant la seconde 
guerre mondiale, et toutes les informations ont été détruites lors de la
 libération en 1945.
Ceci dit, la plupart des données en 
question sont déjà collectées par les gouvernements, les différents 
ministères et organismes officiels qui sont susceptibles de recueillir 
les données individuelles afin de pouvoir délivrer un passeport ou un 
permis de conduire. En revanche, les informations sont conservées 
séparément et non dans un système centralisé contenant toutes les 
indications pour plus de 60 millions d'habitants.
Les
 vols de données à grande échelle touchant aux données sont monnaie 
courante, et l’actualité met régulièrement à jour des scandales 
d’entreprises se faisant pirater et voler les données de leurs clients 
et de leurs partenaires. Nous, citoyens, considérons à juste titre la 
plupart du temps, que le gouvernement mette en place des dispositifs de 
sécurité et de conformité plus stricts afin d’assurer la protection des individus contre une telle faille. 
La question est de savoir si nous devons
 faire confiance au gouvernement et accepter qu’il dispose de cet 
ensemble de données améliorées, dont des informations biométriques. 
L'année dernière, une agence gouvernementale américaine, le Bureau de la
 gestion du personnel (OPM), responsable des dossiers individuels de 
tous les fonctionnaires ou employés potentiels, a été victime d’une 
attaque qui a entraîné le vol des numéros de sécurité social de 21,5 
millions de personnes. Environ 5,6 millions de ces dossiers contenaient 
des données biométriques telles que les empreintes digitales. Ces 
informations concernaient les personnes postulant ou travaillant dans 
des agences gouvernementales et certaines données correspondaient même 
aux antécédents complets sur la famille et les amis.
Disposer
 des données sensibles de plus de 60 millions de citoyens français fera 
du gouvernement une cible pour les hackers qui verront ces informations 
comme des commodités d’une valeur inestimable à vendre au plus offrant. 
Il est important de noter que la sécurité des données n’est peut-être 
pas le problème central ; en effet, lors de précédents vols de données, 
nous remarquons généralement que la faille est humaine avant tout.
 Si un cybercriminel lance et réussit une attaque de spear phishing – ou
 hameçonnage – contre un employé qui a accès à l'ensemble de la base de 
données, alors plus de 60 millions de personnes risquent de voir leur 
identité usurpée. Le contenu et le volume d’informations constituent une
 belle récompense pour les hackers qui pourraient s’investir plus que 
d'habitude et développer une attaque particulièrement sophistiquée afin 
d’y avoir accès.
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