L’enquête publique sur le projet de centrale éolienne entre Yeu et Noirmoutier a été ouverte le 4 avril pour durer jusqu’au 23 mai. Les permanences sont à peine ouvertes depuis quelques jours que les retours des participants montrent que cette enquête publique est déjà totalement discréditée. 
Tout d’abord le contexte ; cette enquête
 est ouverte alors que le Premier ministre devrait annoncer dans les 
prochains jours le souhait officiel du gouvernement de renégocier 
l’ensemble des six centrales éoliennes côtières dont celle entre Yeu et 
Noirmoutier. En effet, depuis quelques semaines, ce sont plusieurs 
rencontres interministérielles qui ont été organisées pour prendre à 
bras-le-corps cette affaire d’État, que nous avions dénoncée dans ces 
pages et qui pèse plusieurs dizaines de milliards d’euros pour le 
consommateur et le contribuable.
Plus
 localement, cette enquête publique débute alors qu’il est établi qu’un 
certain nombre d’acteurs locaux (collectivités territoriales ou 
associations locales) ont perçu sous des prétextes parfois culturels ou 
sportifs de l’argent du consortium industriel, et cela depuis parfois 
plusieurs années. À cet égard, des plaintes contre x ont été déposées pour corruption.
Il va sans dire que l’avis de ces 
différentes autorités ou de ces associations est totalement inopérant 
dans un tel contexte. Des avis favorables ou l’absence de refus du 
projet ne peuvent en aucun cas être pris en compte alors que certains 
acteurs impliqués ont reçu de l’argent du promoteur.
Concernant
 désormais l’enquête publique à proprement parler et son organisation, 
on ne peut qu’être atterré par le choix des personnalités sciemment 
appelées à donner leur avis sur cette centrale éolienne.
Le président de l’enquête publique avait
 déjà été repéré en Vendée par les défenseurs de l’environnement pour 
son action en tant que commissaire enquêteur. C’est
 ainsi que, dans le cadre d’une autre enquête pour une centrale éolienne
 sur terre (« Ferme éolienne de la Piballe »), ce dernier avait émis un 
avis favorable alors que 95 % de la population avait émis un avis 
d’opposition au projet ! Il considérait à ce sujet que : « La
 ventilation des interventions met en évidence une réelle opposition au 
projet. Elle est dans la logique des choses, les opposants étant 
toujours plus motivés pour intervenir que les personnes favorables » (page 58 du rapport du 6 décembre 2016).
De manière édifiante, dans ce dossier, 
le même rapport devait souligner l’absence de violence ou de 
détérioration dans la zone concernée : « La dégradation du climat 
général a été évoquée par plusieurs personnes. La commission juge que 
cette affirmation est excessive. Thorigny et Les Pineaux ne sont pas 
couverts de panneaux de propagande. Ils sont rares. Les manifestations 
organisées se sont déroulées dans une ambiance calme. Qu’il y ait eu 
quelques “mots doux” échangés entre habitants, c’est probable. Mais la 
commission n’a pas ressenti au cours de l’enquête qu’il s’agissait d’une
 situation aiguë » (page 62 du rapport du 6 décembre 2016).
Pour l’assister dans sa mission, une 
habitante de Boin, étonnamment, car une permanence a lieu précisément à 
Boin dans la mesure où ce village est potentiellement impacté. Cette 
dernière biologiste est également productrice d'ormeaux. Une
 documentation siglée à son nom dans un colloque en Grande-Bretagne met 
parfaitement en avant son parti pris favorable à l’éolien en associant 
tourisme, gastronomie et aérogénérateur, deux belles photographies de la
 centrale éolienne de Boin sont présentes dans sa présentation.
Ce qui est plus grave, c’est l’ambiance 
de cette enquête, les trois commissaires enquêteurs se plaçant comme des
 juges avec devant eux les 6 000 pages du dossier administratif. 
Derrière eux, deux posters de présentation avec les logos du consortium 
EMYN et de RTE.
À s’y méprendre, on peut se demander si 
l’on est dans une permanence du consortium industriel ou dans le cadre 
d’une enquête publique où la neutralité est normalement de mise.
Oui,
 le registre dématérialisé dont le lien se situe sur le site de la 
préfecture et sur le site du promoteur éolien ressemble clairement au 
site Internet du consortium industriel, mêmes couleurs et  charte 
graphique très proche. Lorsque l’on se positionne sur le registre
 d’enquête dématérialisé le logo du consortium reste sur le site 
Internet si bien qu’une confusion est créée sur l’univers graphique dans
 lequel on se situe.
Tout
 cela est inacceptable et intolérable, car les commissaires enquêteurs 
responsables du registre des doléances, y compris dématérialisé, doivent
 faire preuve dans leur enquête d’une neutralité absolue et d’une 
indépendance vis-à-vis du promoteur dont le projet est soumis à leur 
avis.
Certains témoignages dépeignent une 
attitude personnelle de certains commissaires enquêteurs pour le moins 
intolérable. Au lieu de faire semblant d’écouter les associations 
d’opposants ou les représentants d’opposants, un commissaire enquêteur  
s’affaire derrière sa table avec dédain sans écouter son interlocuteur 
pendant qu’une autre affirme son goût immodéré pour l’éolien qui doit 
sauver la planète. Cette dernière, la larme à l’œil, se chagrine de la 
destruction de l’éolienne de Bouin le 1er janvier 2018 et martèle que 
les touristes sur les plages auront le bonheur d’admirer une centrale 
produisant de « l’électricité verte ». Un
 autre commissaire enquêteur devait d’ailleurs préciser qu’il ne 
retenait que les avis documentés et objectifs de ceux qui avaient pu 
lire les 6 000 pages de dossier. En fait l’avis spontané et 
sincère des sans-dents ne les intéresse guère ! La position des gens 
doit être objective et non subjective.
On l’a bien compris, l’avis du rapport 
sera positif et cette enquête publique n’est qu’une vaste fumisterie 
administrative organisée dans le mépris de la population locale qui 
souhaite tout simplement la préservation de son cadre de vie, de son 
gagne-pain et de son environnement naturel et paysager des îles Natura 
2000 et qui n’a pas à se justifier de cela et encore moins à être jugé 
par des personnes ne s’intéressent pas à leurs difficultés 
professionnelles.
Face à cette attitude méprisante des 
commissaires enquêteurs, les amoureux des îles continueront d’utiliser 
le registre dématérialisé pour exprimer leur colère et affirmeront leur 
forte opposition lors de la manifestation organisée le 27 avril 2018 à 
Noirmoutier.
php 
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire