« La guerre des métaux rares » relève que les énergies prétendument propres nécessitent l’utilisation de minerais rares dont l’extraction ne l’est franchement pas.
COP21 : 195 États plus l’Union européenne ont signé l’accord de Paris sur le changement climatique
 sans jamais se poser les questions essentielles, à commencer par celle 
de savoir où et comment nous nous procurerons les métaux rares sans 
lesquels cet accord est vain, parce que ces métaux rares sont 
indispensables à la fabrication des équipements (éoliennes,
 panneaux solaires, voitures électriques, etc.) permettant d’assurer la 
transition voulue par l’accord vers des sociétés et des économies 
durables et sobres en carbone.
L’inventivité technique de l’Homme s’est accompagnée d’une 
multiplication des métaux utilisés. De l’Antiquité à la Renaissance, 
seuls 7 métaux (or, cuivre, plomb, argent, fer, étain, mercure) ont été 
exploités. Au cours du XXe siècle, une dizaine s’y sont ajoutés, une 
vingtaine à partir des années 1970. Désormais, l’Homme exploite 
quasiment la totalité des 86 métaux du tableau de Mendeleïev.
Les terres rares
Les rois des métaux « verts » sont ceux baptisés « terres rares », 
dont les propriétés dépassent celles de tous les autres métaux sur les 
plans électromagnétique, optique, catalytique, chimique.
Le XIXe siècle a été celui du charbon et de la prédominance de la 
Grande-Bretagne ; le XXe siècle a été celui du pétrole et de l’hégémonie
 des États-Unis ; le XXIe siècle sera celui des métaux rares, un domaine
 dans lequel un État a pris une position dominante, à l’exportation et à
 la consommation. Cet État, c’est la Chine.
Désireuse de rattraper en trois décennies le retard économique 
qu’elle avait accumulé sur l’Occident en trois siècles, la Chine s’est 
accaparée d’une position dominante dans la production de ces métaux et 
dans leur utilisation en aval en pratiquant un dumping tant économique 
qu’écologique : sa dizaine de milliers de mines ont ruiné 
l’environnement, pollué ses fleuves, contaminé ses puits et ses terres 
arables, privé ses populations d’eau potable. À peine 5 de ses 500 plus 
grandes villes répondent aux standards internationaux pour la qualité de
 l’air.
Tel est le constat de Guillaume Pitron au terme de l’enquête qu’il a 
menée autour du monde pendant plusieurs années et qui a abouti à la 
rédaction de son essai, le premier, sur La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique. S’ensuivent trois autres constats :
- l’un économique, à savoir que l’Occident s’est jeté dans la gueule du Dragon, la Chine disposant d’un monopole pour nombre de métaux rares et étant l’unique fournisseur des plus précieux d’entre eux, les « terres rares », une classe de métaux sans substituts connus aux propriétés extraordinaires ;
 - le deuxième écologique, à savoir qu’un modèle de croissance basé sur l’exploitation intensifiée des ressources de l’écorce terrestre s’accompagne d’un impact écologique plus important que l’extraction du pétrole ;
 - le troisième militaire et géopolitique, à savoir que des équipements parmi les plus sophistiqués des armées occidentales (robots, avions, dont le F35, par exemple) dépendent désormais du bon vouloir de la Chine…
 
La guerre des métaux rares consiste en un compte-rendu 
d’enquête minutieusement annoté des nombreuses sources (livres, études, 
rapports officiels, articles de presse, entretiens) de son auteur. Il 
relève que les énergies prétendument propres
 nécessitent l’utilisation de minerais rares dont l’extraction ne l’est 
franchement pas, que ces mêmes énergies aussi dites renouvelables font 
appel à des richesses du sous-sol qui ne le sont vraiment pas puisque 
leur formation se compte en milliards d’années, que « vertes » elles ne 
le sont pas non plus dès lors qu’elles reposent sur des activités qui 
produisent plus de gaz à effet de serre que ces énergies « décarbonées »
 ne sont censées en réduire, et que la sortie du nucléaire qu’elles sont
 supposées permettre s’accompagne d’activités qui génèrent de la 
radioactivité…
Effets dévastateurs de la troisième révolution industrielle
Guillaume Pitron attend encore un retour de Jeremy Rifkin,
 spécialiste américain de la prospective économique et scientifique et 
prophète de la « troisième révolution industrielle », très influent dans
 les milieux politiques au plus haut niveau sur notre continent, qu’il 
aurait souhaité rencontrer afin de l’interroger au sujet des effets 
dévastateurs de ladite « révolution ».
Si les Occidentaux entendent convertir le reste de la planète à la modération à tous égards,
 il y a, par contre, des milliards d’individus qui n’attendent qu’une 
chose, de vivre, se nourrir et voyager comme nous l’avons fait jusqu’à 
présent. La Chine, en particulier, soucieuse d’assurer son indépendance 
technologique et la survie de son modèle de gouvernance, basé sur un 
contrat social tacite, dictature politique contre croissance économique, avec une population qui représente un cinquième de l’Humanité, est condamnée à réussir.
La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique est
 l’essai brillant d’un journaliste, Guillaume Pitron, qui rapporte des 
faits, en tire des conclusions équilibrées et suggère des pistes de 
réflexion, loin de toute idéologie. Bien au contraire, il s’inscrit à 
l’encontre de ces pseudo-théories à l’emporte-pièce, à courte vue, et en
 dénonce la vacuité face à l’emprise du monde réel.
La guerre des métaux rares : la face cachée de la transition énergétique et numérique  (Guillaume Pitron), 296 pages, Les Liens qui Libèrent, 2018.
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