Révolution française : le 29 septembre 1793, la Convention vote la loi de "Maximum général"

Mathilde Larrère

Commentaire : toujours passionnant, vivement le suivant!
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Il s’agissait d’une loi qui fixait un prix maximum pour tout un tas de produits de 1ère nécessité.



C’était là une vieille revendication des classes populaires qui dès avant la révolution réclamait la taxation du pain et protestaient contre les spéculateurs. Ce à quoi s’étaient refusé les révolutionnaires libéraux du début de la République, occasionnant une montée constante des prix. Cela décevait les classes populaires qui ne retiraient pas beaucoup d’une révolution qui leur donnait des droits mais pas de pain "Plaisant souverain que celui qui a faim" dira plus tard ironiquement Fourier.

Une première loi du Maximum avait déjà été promulguée en mai 1793. Mais elle ne concernait que les grains, et les prix étaient variables d’un département à l’autre, favorisant donc toujours  une forme de spéculation. C'était donc insuffisant. En juillet déjà, la Convention avait voté une loi punissant de mort les accapareurs (les accapareurs étaient ceux qui constituaient des stocks de grains pour faire monter les prix, mais occasionnant la disette). Début septembre, les sections sans culottes parisiennes s’étaient soulevées pour réclamer une meilleure loi du Maximum . L’adoption du 29 septembre est donc une conséquence de ce soulèvement.
La loi du Maximum général est proprement révolutionnaire ! L’État y intervenait dans la vie économique pour assurer la redistribution Et mettait enfin fin à la famine ! Du fait de la loi du Maximum, la mortalité baissa à Paris à l’hiver 1794.

Mais…. La loi du Maximum général est aussi une loi qui fixe un maximum des salaires…. Or, si les prix ont été bloqués à leur niveau de 1790 plus un tiers, les salaires étaient bloqués à un niveau inférieurs à 1790. Vous aurez compris, ce n’était pas avantageux pour les salariés. Alors pourquoi ? D’abord en situation de guerre, les Robespierristes ne voulaient pas s’aliéner les entrepreneurs dont ils avaient besoin pour l’industrie militaire. Ensuite, l'hétérogénéité sociale et professionnelle des Sans culottes,  il y a de tout, des petits patrons, des salariés, des producteurs, des indigents, fait qu’il ne s’agit en aucun cas d’une classe sociale unique. Nous sommes en présence plutôt d’une fraternité de consommateurs que d’une fraternité de producteurs. Cette coalition de diverses formations sociales faisait que la question du salaire ne concernait au final qu’une partie d’entre eux. La seule chose qui faisait consensus au sein de la concorde, c’était le maximum des prix (voire le maximum des fortunes). L’ennemi est bien alors l’agioteur, l’accapareur et pas le patron (puisque nombreux Sans culottes sont patrons !). Aussi, s'ils ont toujours réclamé la taxation , ils n'ont aucunement exprimé de  revendications salariales (comme on en retrouvera dans le mouvement ouvrier du XIXe siècle).

Le maximum des salaires déçut donc une partie d'entre eux et explique que certains ne soutinrent pas Robespierre en Thermidor. Après la chute de celui ci, les libéraux revenus au pouvoir, s’empressèrent de supprimer le Maximum. Les prix s’envolèrent immédiatement (et pas les salaires…) et la faim revint à Paris.

P.S : les travaux récents de Ph Minard ou S. Guicheteau ont bien montré combien la Sans culloterie avait étouffé le mouvement ouvrier naissant au début de la Révolution française.



 

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