Ah, quel bonheur pour ces écornifleurs de la transition écologique : un pactole garanti, impossible de perdre un centime, peu importe si leurs funestes machines produisent ou pas ! Pas belle la vie !?
En résumé :
- Quand les prix de marché de l’électricité sont bas : les opérateurs touchent la différence grâce aux subventions de l'argent des Français
- Quand les prix flambent : ils encaissent la rente du marché tout en gardant, souvent, une partie de l'argent des Français ou des contrats sécurisés.
- Dans tous les cas, leur revenu est garanti.
- Le coût de l’intermittence — réseaux renforcés, stockage, centrales de secours au gaz ou nucléaire pour compenser l’absence de vent/soleil, est assumé par l'argent des Français — Collectivités, pas par les promoteurs.
- Les bénéfices, eux, sont captés par les investisseurs privés, souvent via de grands groupes financiers ou énergétiques, nationaux ou étrangers.
- Quand le risque est public et le profit privé. On connaît le refrain !
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Energiewende et Solarspitzengesetz : pile je gagne, face tu perds
Saviez-vous que l’on subventionne les éoliennes et les panneaux photovoltaïques afin qu’ils produisent moins ? Heureusement nos voisins viennent de créer un loi … mais la solution sera-t-elle vraiment moins couteuse ? Jean-Pierre Riou a soulevé le capot du moteur de cette usine à gaz. Ce qu’il a découvert ne manquera pas de vous étonner.
Où il apparaît que la loi peut permettre de cesser de payer pour une électricité dont on ne sait plus que faire
Où il apparaît que la loi peut permettre de cesser de payer pour une électricité dont on ne sait plus que faire
Périodes avec et sans
Les productions d’électricité intermittente entraînent schématiquement 2 situations critiques majeures lorsqu’elles dépendent du vent ou du soleil :
- Les périodes où il y en a
- Les périodes où il n’y en a pas
On connaît en effet le problème lié à leur absence de production qui explique qu’alors que sa consommation d’électricité est restée identique — + 6,24%, l’Europe n’a toujours pas pu se passer du moindre MW pilotable — en violet ci-dessous, depuis l’an 2000 — + 6,43%, ainsi que le montre l’illustration des chiffres Eurostat [2].
Casse tête des prix négatifs
Mais on connaît moins les conséquences du véritable casse tête provoqué par les records de production d’ EnR déconnectés des besoins qu’illustre le phénomène des prix négatifs. Ceux-ci ne se contentent pas de cannibaliser l’ensemble du marché du MWh, mais impliquent une explosion des subventions destinées à interrompre la production excédentaire. Cette explosion étant bien évidemment corrélée à l’augmentation de la puissance installée.
Dans son analyse du phénomène [3], la CRE constate l’envolée du nombre d’heures concernées, entre 2023 et le seul 1er semestre 2024 et précise l’écroulement du marché en y ajoutant les heures où le MWh est à prix nul ainsi que celles à moins de 0,1 €/MWh.
Mais on connaît moins les conséquences du véritable casse tête provoqué par les records de production d’ EnR déconnectés des besoins qu’illustre le phénomène des prix négatifs. Ceux-ci ne se contentent pas de cannibaliser l’ensemble du marché du MWh, mais impliquent une explosion des subventions destinées à interrompre la production excédentaire. Cette explosion étant bien évidemment corrélée à l’augmentation de la puissance installée.
Dans son analyse du phénomène [3], la CRE constate l’envolée du nombre d’heures concernées, entre 2023 et le seul 1er semestre 2024 et précise l’écroulement du marché en y ajoutant les heures où le MWh est à prix nul ainsi que celles à moins de 0,1 €/MWh.
Pour comparaison, le 1er semestre 2025 compte déjà 362 heures uniquement négatives [4].
C’est la raison pour laquelle l’article 175 de la loi de finance 2025 [5] prévoit que les acheteurs obligés des EnR — principalement EDF OA, « peuvent demander au producteur l’arrêt ou la limitation de la production de tout ou partie des installations de production lorsque cet arrêt ou cette limitation permet de réduire les surcoûts ». Les importantes compensations financières [6] aux producteurs concernés par cet arrêt de leur production faisant partie de ces surcoûts.
C’est la raison pour laquelle l’article 175 de la loi de finance 2025 [5] prévoit que les acheteurs obligés des EnR — principalement EDF OA, « peuvent demander au producteur l’arrêt ou la limitation de la production de tout ou partie des installations de production lorsque cet arrêt ou cette limitation permet de réduire les surcoûts ». Les importantes compensations financières [6] aux producteurs concernés par cet arrêt de leur production faisant partie de ces surcoûts.
Les 2 conséquences des prix négatifs
L’écroulement induit du marché, directement lié aux records éoliens et surtout solaires, est la cause de l’alerte de l’ Entsoe [7] qui s’inquiète de la perte de rentabilité des centrales conventionnelles dont on ne peut pourtant se passer. Ce qui détourne les investisseurs des infrastructures nécessaires à la sécurité, notamment les 71 nouvelles centrales à gaz [8] indispensables à l’Allemagne qui a décidé de les construire lors des 10 prochaines années.
Mais par delà la nécessité induite de subventionner désormais tout moyen de production pilotable, nucléaire compris, l’État perd actuellement le contrôle du volume d’argent public destiné à soutenir les EnR pour qu’elles ne produisent rien en raison de l’explosion prévue de leurs capacités, notamment avec les 8 à 10 GW d’éolien en mer prévus par la PPE3 [9] pour les seuls appels d’offre 2026, à comparer aux 1,4 GW en fonctionnement aujourd’hui [10].
Une solution venue d’Outre-Rhin
Nos voisins allemands viennent de montrer la voie avec la « Solarspitzengesetz » [11], ou loi sur les pics de solaire, qui prévoit qu’en cas d’épisodes de prix négatifs, les producteurs ne seront désormais plus rémunérés mais verront simplement la durée de leur contrat prolongée d’autant [12].
Ce qui constitue un grand pas en avant pour les finances publiques, qui n’empêche cependant pas les EnR de continuer à faire écrouler le marché, mais ouvre la voie à une réponse plus radicale.
Solarspitzengesetz et après ?
On pourrait en effet rêver de subventions limitées aux seules périodes utiles où la santé du marché reste compatible avec le service prétendument rendu par les productions d’ EnR que leur coût marginal nul incite à produire quel que soit le besoin. Et il serait alors légitime de prolonger leur contrat de soutien pour répartir dans un temps plus long la part de leur potentiel qui répond à un besoin. Ce qui n’est assurément pas le cas lorsque le marché entraîne le nucléaire à moduler typiquement à la baisse dans une même journée de plus de 7 GW aujourd’hui [13] contre 2 GW il y a quelques années en raison de l’écroulement du marché.
Le site de RTE [14], reproduit ci-dessous, a fait notamment état de 19,1 GW nucléaires — 30%, utilisables mais non exploités le 3 août à 14 heures, lors d’un épisode de prix négatif de – 10,08 €/MWh lié à la production de 14,5 GW éolien-solaire, malgré leur écrêtement partiel en contexte de faible consommation [15].
De telles conséquences remettent en cause l’intérêt pour la collectivité de subventionner des productions qui se déversent aveuglément dès qu’il y a du soleil ou du vent, et qui doivent mécaniquement être financées d’autant plus fortement que leur manque d’intérêt leur affecte un bas prix. La limitation des aides d’État aux seules périodes dont le cours du marché atteste d’une réelle demande romprait avec la forme actuelle d’incitation à un véritable dumping qui entrave toute concurrence, sans préjudice de l’explosion des subventions pour ne pas produire.
La santé retrouvée par ce marché donnerait enfin une visibilité à long terme aux investissements nécessaires dans notre parc de production. Comment plaider, en effet, pour l’ouverture d’un marché libéralisé de l’électricité sans même se soucier de sa santé ?
La santé retrouvée par ce marché donnerait enfin une visibilité à long terme aux investissements nécessaires dans notre parc de production. Comment plaider, en effet, pour l’ouverture d’un marché libéralisé de l’électricité sans même se soucier de sa santé ?
Sources
1 https://lemontchampot.blogspot.com/2025/07/hitzeflaute.html
2 https://lemontchampot.blogspot.com/2025/05/triptyque-energetique.html
3 https://www.cre.fr/documents/rapports-et-etudes/analyse-de-la-cre-sur-le-phenomene-de-prix-de-lelectricite-negatifs-et-recommandations-relatives-aux-dispositifs-de-soutien-aux-energies-renouvelables.html
4 https://www.cre.fr/fileadmin/Documents/Open_data/Transition_energetique_et_appels_d_offres/Publication_donnees_CR.xlsx
5 https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000051168007
6 https://lemontchampot.blogspot.com/2021/02/financement-des-energies-renouvelables.html
7 https://www.entsoe.eu/news/2025/04/07/european-resource-adequacy-assessment-interconnections-flexibility-solutions-and-updated-market-rules-to-maintain-high-level-of-electricity-supply-security/
8 https://www.welt.de/wirtschaft/weltplus/article68b824cbc3994d046ae7be40/Ploetzlich-braucht-Deutschland-71-neue-Gaskraftwerke-in-nur-zehn-Jahren.html?wtrid=socialmedia.socialflow….socialflow_twitter
9 https://concertation-strategie-energie-climat.gouv.fr/les-grands-enjeux-de-la-ppe-3
10 https://www.services-rte.com/fr/visualisez-les-donnees-publiees-par-rte/capacite-installee-de-production.html
11 https://enbw-eg.de/blog/solarspitzengesetz-enwg-novelle-2025/
12 https://allemagne-energies.com/2025/07/19/allemagne-bilan-energetique-du-premier-semestre-2025/
13 https://www.sfen.org/rgn/decryptage-augmenter-la-disponibilite-du-parc-nucleaire-francais/
14 https://analysesetdonnees.rte-france.com/production/disponibilite-production
15 https://www.rte-france.com/eco2mix/les-donnees-de-marche
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