ÉNERGIE : L'ÉOLIEN SUR MER BOIT LA TASSE SAUF... EN CHINE !

  Ce qui vaut pour l’éolien offshore vaut, sans surprise, pour l’ onshore : même vent de promesses, mêmes profits bien ancrés, mêmes désillusions à la clé.
  Mais nos élus locaux, infatigables pèlerins du « progrès » subventionné, continuent d’y voir l’horizon radieux de la modernité. Il faut dire qu’ils excellent dans leur rôle : celui des idiots utiles, persuadés de servir la transition, en empochant de nouvelles recettes fiscales, alors qu'ils ne font que dérouler le tapis vert aux écornifleurs du vent. 
  Nous ne pouvons que recommander la lecture de cet article à nos édiles haut-marnais — et à tous ceux que démange l’idée d’accueillir une usine éolienne sur leur territoire1. Peut-être y verront-ils, entre deux bourrasques d’enthousiasme, que le vent n’est pas toujours celui du progrès… mais souvent celui de la duperie.
 
1.Ce message plein de sagesse s’adresse aussi à la population, qui, dans sa grande majorité, en sait trop peu pour douter et trop pour se taire. Elle soutient, avec la sincérité des convaincus, les partis et les élus qui prêchent l’évangile des EnR, qui prône le toujours plus, via, par exemple, la fameuse Politique pluriannuelle de l’énergie — la PPE3 — ce catéchisme technocratique béni par Bruxelles et les affairistes. L’ignorance, ici, n’est pas une excuse — c’est un programme politique. 
 
« J’parle pas aux cons, ça les instruit », disait Monsieur Audiard. Il avait raison, bien sûr. Mais à force de les laisser parler seuls, voilà qu’ils décident pour tout le monde. Alors, parfois, il faut bien leur répondre — non pour les instruire, mais pour les rappeler à l’ordre du réel. Surtout quand le vent de la bêtise menace de souffler plus fort que celui des éoliennes. 
 
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L’éolien offshore, ou la liturgie du vent

  Depuis 2023, plus de 24 GW de projets éoliens offshore ont été annulés dans le monde. Hors Chine, seuls 100 GW pourraient être installés d’ici 2030 — soit 140 de moins que les objectifs fixés.
  L’âge d’or annoncé de l'offshore s’achève avant d’avoir commencé... La raison de ce désamour ? Il se pourrait que la réalité ait repris ses droits...
 
 Bar chart titled General major offshore wind projects have been pulled showing Offshore wind capacity in MW on vertical axis from 0 to 8000 and years 2021 to 2025 on horizontal axis. Minimal capacity in 2021 with small bar near 0. Significant increases in 2022 2023 2024 and 2025 each around 6000 MW in blue bars. Data note: Projects with government offshore contracts that were cancelled or had off take cancelled global ex China. Source: Rystad Energy BloombergNEF.
 
  Les taux d’intérêt ont grimpé, les coûts explosé, les chaînes d’approvisionnement se sont effilochées — et soudain, le miracle du vent a pris les allures d’une bulle spéculative gonflée à la dette verte.
  « L’enthousiasme du secteur de l’éolien offshore s’est effondré : la hausse des taux, les tensions logistiques et le désenchantement politique ont mis à genoux un modèle déjà fragile », résume le Financial Times.
  Le prix du mégawatt installé est passé de 2,5 à 3 millions d’euros en deux ans, selon TGS 4C. Résultat : des projets s’écroulent en cascade, et les majors pétrolières, hier converties à la vertu éolienne, retournent au pétrole avec la ferveur du repenti.
 
Les coûts cachés de la vertu
  Officiellement, l’éolien offshore est « compétitif ». Mais ce prix « nu » ignore ses coûts induits :
  • les câbles sous-marins à haute tension,
  • les stations de conversion et de stockage,le renforcement du réseau terrestre pour absorber les flux erratiques,
  •  et les centrales thermiques de secours indispensables quand le vent faiblit. 
  Autrement dit : on paie deux fois pour la même électricité — une fois pour qu’elle existe, une autre pour qu’elle manque.
  On s'en doute, dès qu’il faut poser 100-200 km de câbles sous-marins, installer des postes de conversion, renforcer le réseau terrestre, sécuriser l’interconnexion, héberger le tout en mer — l’addition grimpe vite.
  Ces coûts cachés, longtemps noyés dans la brume comptable des opérateurs, deviennent de plus en plus visibles. La survie de l’éolien offshore dépend désormais d’un seul facteur : la capacité des États et des consommateurs à absorber la hausse des coûts...
 
Le paradoxe des contrats pour différence
  Présentés comme une recette miracle, les contrats pour différence — CfD, garantissent aux opérateurs un prix minimal de vente. Si le marché tombe en dessous, l’État compense. Mais si le marché grimpe, les exploitants sont censés rembourser la différence — « sauf exceptions », qu’ils invoquent dès que le vent tourne.
  Sur le papier, un mécanisme équilibré. Dans la réalité, un filet à sens unique : les pertes pour les contribuables, les profits pour les opérateurs.
  En Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, les aides cumulées atteignent des dizaines de milliards d’euros, soigneusement dissimulées sous des intitulés comme « fonds de stabilisation du réseau » ou « compensations tarifaires » .
  Le paradoxe est total : plus les prix sont volatiles, plus les aides croissent, car le système, censé lisser les risques, les amplifie en déresponsabilisant ceux qui en profitent.
 
 Quand la foi remplace l’analyse
  Ce naufrage n’était pourtant pas imprévisible.
  Dès les années 2010, plusieurs rapports de la Cour des comptes européenne mettaient en garde contre « des objectifs de déploiement fixés sans étude d’impact économique ou environnementale suffisante ».
  Mais grisés par la course au symbole et au % d' ENR, les décideurs ont confondus vitesse et cohérence.
  Les concessions ont été attribuées au plus offrant, les études d’impact réduites à des formalités, et les interconnexions, essentielles à la stabilité du réseau, sacrifiées sur l’autel de l’urgence climatique.   L’Europe a bâti des cathédrales énergétiques… sans fondations.
  Aujourd’hui, les champions européens de l’éolien — Ørsted, Siemens Gamesa, Vestas — traversent une crise existentielle.
  Ørsted, ex-fierté danoise, a dû lever 9 milliards de $ pour éviter la noyade et licencie 1/4 de ses effectifs.  Les États, eux, redoutent la fuite des investisseurs : le Royaume-Uni a relevé en urgence les tarifs garantis pour éviter un nouvel appel d’offres vide, et le Danemark rachète ses propres concessions à perte.
 
Une liturgie météorologique
  L’éolien offshore restera comme le grand miroir aux alouettes du début du XXIᵉ siècle, révélatrice d'une véritable religion technocratique, avec ses dogmes, ses indulgences, sa foi dans la pureté du vent, sa dévotion aux subventions et sa fausse crainte du péché fossile...
  Mais l’énergie n’est pas une morale. C’est une matière.
  Et l’Europe a confondu la conversion énergétique avec la rédemption politique. Il fallait une révolution industrielle ; on a inventé une liturgie météorologique.
Et nous n'avons pas fini d'en payer les conséquences...
 

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