Etats-Unis : l'énergie renouvelable ne peut pas faire ronronner l'air conditionné des Texans

Bernard L. Weinstein
18/07/2019
Weinstein est directeur associé du Maguire Energy Institute et professeur auxiliaire d'économie d'entreprise à la Cox School of Business de la Southern Methodist University.

[Opinion]




En cet été, Houston a enregistré une demi-douzaine de jours à 95 degrés, et nous sommes à quelques semaines d'août, le mois le plus chaud de l'année. L'an dernier, le deuxième mois d'août le plus chaud de tous les temps au Texas, comprenait une période de 10 jours de températures à trois chiffres.

Ce qui soulève une question. Le réseau électrique du Texas, géré par le Electric Reliability Council of Texas (ERCOT), est-il à la hauteur de la tâche pour maintenir les lumières allumées et les climatiseurs en marche ? Aujourd'hui, la capacité de production totale installée est d'environ 78,6 gigawatts,pendant qu' ERCOT prévoit une demande de pointe de 74,9 gigawatts cet été. Cela laisse une très faible marge de réserve. Si plusieurs grandes centrales électriques sont mises hors service pour des raisons de maintenance ou si un gazoduc est brisé, il y aura probablement des pannes d'électricité ou des pannes de courant.

Contrairement à la plupart des autres États, la demande d'électricité augmente régulièrement au Texas, grâce à l'afflux continu de personnes et d'entreprises ainsi qu'à notre industrie énergétique en plein essor. (Nous oublions parfois qu'il faut de l'énergie pour produire de l'énergie). Toutefois, les investissements dans de nouvelles usines de gaz naturel ont pris du retard. En outre, plusieurs grandes centrales au charbon ont récemment été fermées, ce qui représente une perte de capacité de près de cinq gigawatts.


Dans le même temps, grâce en partie aux incitations fiscales fédérales et étatiques, les investissements se sont concentrés sur les énergies renouvelables. Le Texas a maintenant plus de puissance nominale éolienne installée - près de 25 gigawatts - que la Californie, l'Iowa et l'Oklahoma réunis.

Le fait de compter sur l'énergie éolienne pour près d'un tiers de l'électricité du Texas pose de sérieux problèmes de fiabilité pour le réseau électrique. L'accès à l'énergie éolienne peu coûteuse est excellent lorsque le vent souffle. Mais souvent, à la fin des après-midi de juillet et d'août, lorsque la demande d'électricité est la plus forte, le vent faiblit dans l'ouest du Texas, où la plupart des éoliennes sont installées. C'est pourquoi il est si important de maintenir une marge de réserve saine avec les centrales de base, qui fournissent de l'électricité en continu. Le Texas a besoin de centrales au charbon, de centrales nucléaires et de grandes centrales à gaz.

Malgré l'énorme croissance des énergies renouvelables, le charbon et le nucléaire représentent encore 36 % de la capacité de production du Texas, tandis que le gaz naturel domine avec 52 %. Toutefois, dans le contexte actuel de la déréglementation des prix de l'énergie, investir dans de nouvelles installations de bas reviendrait pour les sociétés d'électricité, à tenter un coup de poker. En raison du gaz naturel bon marché, les prix de gros de l'électricité sont souvent trop bas pour justifier, voire soutenir, de tels investissements. Par exemple, Panda Temple Power, une centrale électrique à cycle combiné alimentée au gaz de 758 mégawatts relativement nouvelle, a fait faillite en 2017 parce qu'elle ne pouvait pas générer suffisamment de liquidités pour assurer le service de sa dette.

Le Texas n'est pas le seul État à s'occuper de la fiabilité du réseau. La Californie, la Nouvelle-Angleterre et l'État de New York ont également de la difficulté à garder les lumières allumées en raison du retrait des centrales de base. Ce qu'il faut au Texas et dans d'autres États, ce sont des structures tarifaires qui reconnaissent la valeur de l'électricité de base pour la fiabilité du réseau.

Il y a quelques années, ERCOT a doublé le plafond des prix de gros, le faisant passer de 4 500 $ à 9 000 $ le mégawattheure, croyant que cela entraînerait un investissement accru dans les centrales électriques. Cependant, cela ne s'est pas produit. Dans certains États qui ont déréglementé leurs marchés de l'électricité, les centrales de base sont autorisées à inclure un "paiement de capacité" ou une "redevance de résilience" en plus de la redevance énergétique pour récupérer une partie de leurs coûts fixes. ERCOT devrait envisager de faire de même pour aider à maintenir les centrales au charbon et nucléaires, ainsi que les grandes centrales au gaz naturel, sur le réseau électrique.

Comme la population du Texas devrait croître deux fois plus vite que celle du pays dans un avenir prévisible, la demande d'électricité augmentera d'autant. ERCOT estime que nous aurons besoin d'au moins 100 gigawatts de nouvelle puissance au cours des 15 prochaines années pour répondre à la demande prévue. Tous ces électrons ne peuvent pas provenir d'éoliennes ou de fermes solaires.

Avec un peu de chance, il est possible d'éviter les pannes d'électricité et les pannes de courant cet été en augmentant nos thermostats et en réduisant volontairement la consommation d'électricité pendant les heures de pointe en fin d'après-midi. Toutefois, pour assurer la résilience à long terme du réseau pour notre économie à croissance rapide, ERCOT doit adopter un système de tarification qui reconnaît la valeur des centrales électriques de base.


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Haute-Marne, Darmannes et Riaucourt : l'éolien vous est servi sur...des camions

jhm.fr

Faire-part
Nous avons la tristesse de vous annoncer le décès des communes de Darmannes et de Riaucourt. Elles s'en sont allées à l'aube du 30 juillet 2019. Elles laissent un grand vide en Haute-Marne. Leur disparition vient s'ajouter à la liste trop longue de ces villages anéantis avec leur population, humaine et animale, sous la servitude éolienne.
Condoléances

Rappel des faits
Haute-Marne, Darmannes, Riaucourt : la "colonisation" éolienne en marche

Situation géographique

 

@mappy.com

Mais la vie et la lutte continuent, et ce, malgré les coups durs.

L'information et la formation doivent passer
Élus, propriétaires, journalistes, correspondants, citoyens, implanter une zone industrielle d'aérogénérateurs (éoliennes) n'est pas une décision anodine qui se résume à "toucher" quelques milliers d'€. Cela entraine des dommages collatéraux... à vie, sanitaire et écologique. Aussi, pour vous donner les moyens de prendre les bonnes décisions, pour vous évitez d'écrire des fakenews, pour vous rendre compte des dangers que vous encourez, c'est à lire et à retenir   :
Problématique sanitaire de l'exposition chronique aux éoliennes industrielles

@jhm.fr

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Haute-Vienne : comment les promoteurs éoliens mettent « la pression » sur les propriétaires



Sébastien Dubois 

Commentaire : ici comme ailleurs, en acceptant de négocier avec les affairistes éoliens, nous nous faisons les complices des seuls bénéficiaires de cette "colonisation" industrielle de nos territoires : les affairistes éoliens eux-mêmes!

RIEN A NÉGOCIER!
ZERO EOLIENNE ET BASTA!


création Les vues imprenables

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Parc de 6 éoliennes Lussac-les-Eglises © Photo Aline Combrouze

Enjeu d'intérêt général, l'implantation des éoliennes en Haute-Vienne débute par le démarchage mené par les promoteurs. Une pratique encadrée mais qui se transforme parfois en jeu de poker menteur entre habitants, élus et industriels.

« Au départ, l'éolien, j'étais plutôt pour. » Propriétaire dans le sud de la Haute-Vienne, Michel n'a rien d'un écolo velléitaire. Mais sa rencontre avec les promoteurs éoliens, désireux d'implanter des éoliennes sur un de ses terrains, « l'a un peu refroidi », dit-il. Il leur reproche « la pression, leurs méthodes », assure-t-il. « Des méthodes de voyous. »

L'histoire commence en « avril 2014 », se remémore le retraité. « Le promoteur est arrivé dans sa grosse voiture, comme un maquignon », décrit-il. « Il est venu avec une lettre qui expliquait l'intérêt des énergies renouvelables, leur nécessité, se souvient Michel. Franchement, j'étais d'accord. Il m'a expliqué que je pouvais avoir une compensation en argent. Il a étalé sa carte du cadastre, m'a lu vaguement le pré-bail. Il a en revanche bien insisté sur le chèque de 200 € qu'il pourrait me donner si je signais tout de suite. Mais un tel contrat ne se signe pas comme ça. »


« Les promoteurs avancent masqués »
Au départ, il ne s'agit que d'un simple passage sur son terrain. Michel se renseigne, appelle la compagnie concernée. « Là où j'ai commencé à douter, c'est quand j'ai demandé à la personne qui me renseignait s'il y aurait une réunion d'information. J'ai perçu un silence très bref. Ça m'a interpellé. » Finalement, un deuxième rendez-vous physique a lieu, deux mois après le premier. « Je voulais qu'on aille sur le terrain pour voir les particularités, les sources présentes, précise le propriétaire. Le chef de projet est venu très tard et c'est là qu'il m'a proposé une éolienne. »

Confronté à ce choix difficile, Michel demande un rendez-vous en mairie. « J'ai même demandé une concertation, mais personne ne m'a répondu, poursuit-il. J'ai finalement eu une rencontre avec un conseiller municipal. Et surprise : le chef de projet était présent. » L'entretien ne donnera rien. « En fait, les promoteurs avancent masqués, ils démarchent à bas bruit et une fois qu'ils ont ferré quelques propriétaires, ils peuvent avancer. » L'argument financier est un atout de poids : « Ils leur promettent entre 6 et 12.000 € de rente annuelle. Ça forme un bloc favorable, où les gens vont se transformer en adjoint du shérif. »

Les relations sociales entre voisins s'en ressentent. « Quand j'en ai parlé à la fête des voisins, ça a jeté un froid, explique Jean (prénom modifié), dont la maison récemment construite est située à 600 mètres d'un projet éolien. Ce qui complique tout et que je dénonce, c'est cette opacité. Certains propriétaires agricoles acceptent car ça leur rapporte de l'argent, mais la plupart ne vit pas sur place. Et les dommages collatéraux sont pour les autres. »

Alors que 130 à 200 éoliennes pourraient couvrir le territoire de la Haute-Vienne, dans les années qui viennent, selon un dossier que nous proposons dans l'édition papier du Populaire du Centre, ses pratiques ne constituent pas des cas isolés. « Je connais une mamie qui a signé, mais il faut comprendre, dans son champ, elle avait plus l'occasion de voir des cailloux que des billets de 10 », avance Michel. « Ils arrivent à harceler les gens, analyse Vincent Malige, coordinateur de l'association Robin de vents. Ils font la même chose avec les maires. Ils promettent de l'emploi, des retombées fiscales et les élus locaux plongent sans réfléchir. »



Vincent Malige de l'association anti-éoliens ALTESS87

Maire de Chateauneuf-la-Forêt, Jean Bariaud le reconnaît sans ambages. « Comme toujours, on est à la recherche de financements et bien sûr, ça offre des retombées économiques. » Opposant déclaré au projet de cinq éoliennes encore au stade d'études sur cette commune de l'est de la Haute-Vienne, Clément Mathieu regrette cette prédominance financière. « En fait, nuance ce spécialiste de l’étude des sols, une éolienne, on voit bien ce que ça rapporte, mais moins ce que ça coûte. Et ça engage sur de longues années. On veut faire du fric avant d’avoir une réflexion intelligente. »


Nouvelle-Aquitaine : 1.000 emplois dans l'éolien
La question de l'emploi revient également fréquemment. « Alors que la plupart des emplois sont en Allemagne ou ailleurs », analyse Vincent Malige. Faux, rétorque Simon Grandcoin, délégué général adjoint de l'association France énergie éoliennes. « Entre les promoteurs, l'entretien, les bureaux d'études, l'éolien crée quatre emplois par jour en moyenne en France, décompte le lobbyiste. Aujourd'hui, en Nouvelle-Aquitaine, il y a 1.000 emplois dans cette filière. »

Vincent Malige, citoyen engagé, rêve du grand débat... sur l'éolien

Globalement, l'implantation des éoliennes souffre d'un manque de transparence. « Il y a beaucoup de méconnaissance, un perte de clarté et de communication, analyse Simon Grandcoin. Mais tout est affiché en mairie et quand on contacte 40 à 50 propriétaires, on ne peut pas dire qu'on le fait dans le dos des gens. » Mais parfois, les promoteurs jouent de ce manque de communication entre les élus et leur population, mais aussi entre leurs habitants eux-même. « Quand ils sont venus me voir, ils m'ont dit qu'un de nos voisins avaient déjà signé, explique Michel. On l'a appelé et évidemment, c'était faux. » Du poker menteur.

Une charte éthique et onze engagements
La procédure pour les promoteurs est pourtant claire : « Il faut d'abord qu'ils contactent la mairie, explique Simon Grandcoin. Puis, les propriétaires, l'administration et ensuite, seulement, on lance les études. C'est impossible de développer un projet si les propriétaires fonciers ne sont pas favorables. » « S'il y a des mauvais comportements, c'est un peu étrange, mais c'est aux promoteurs d'y faire attention. »
France énergie éolienne dispose également d'une « charte éthique », visible sur le site Internet de l'association, dont les membres représentent 9 éoliennes sur 10. Le document recense 11 engagements, parmi lesquels « la participation et la transparence » ou « l’information et la communication ». « Nous nous engageons à organiser, dès le début et tout au long du projet, une communication régulière auprès des élus locaux, des associations et des riverains concernés par nos projets éoliens », assurent les entreprises éoliennes.

« Lors de la conception de tout nouveau projet, précise également la charte, nous réalisons en partenariat avec des experts indépendants une étude d’impact très détaillée portant sur le patrimoine naturel. Nous mettons ces résultats à disposition des parties prenantes du projet de parc éolien dans le cadre de l’enquête publique. » « Mais les enquêteurs publics sont défrayés par les promoteurs », croit savoir Michel.

L’Europe sous tension

Jean-Pierre Riou
14/12/2018

Cet article est la suite du Focus sur l’énergie de Jean-Pierre Riou. Il fait partie d’un triptyque sur la globalité du contexte énergétique. Ce dossier comprend deux autres parties :


L’alarme
Le 10 octobre 2018 les dix principales associations de professionnels du secteur électrique, réunis à Berlin, ont tiré la sonnette d’alarme dans un communiqué commun.
Ce communiqué appelle à trouver d’urgence des solutions de stockage pour gérer la production croissante d’énergies intermittentes et alerte sur le risque de rupture d’approvisionnement qui menace l’Europe.
Il anticipe, le cas échéant, la fin de la solidarité européenne si des pays comme l’Allemagne ne parviennent plus à assurer leurs propres pointes de consommation.
Or les derniers bilans prévisionnels des gestionnaires de réseaux allemands redoutent précisément de ne plus être en mesure d’assurer l’adéquation offre demande d’ici 2 ans.
C’est dans ce contexte que la Belgique, qui se trouve confrontée à des impératifs de maintenance sur son parc de production, craint une rupture d’approvisionnement en raison de la diminution de sa capacité d’importation provoquée par les flux intermittents et non planifiés des éoliennes d’Allemagne du nord qui traversent son territoire en congestionnant son réseau pour être acheminés vers l’Allemagne du sud.
Et, en tout état de cause, ce n’est pas la France qui serait susceptible de l’aider en cas de grand froid anticyclonique puisque le gestionnaire du réseau européen (Entsoe) prévoit en tel cas des épisodes d’approvisionnement non assurés en France (Lost of load expected, ou LOLE), capacités d’importations comprises.
(Source Entsoe Winter Outlook 2018 2019)

C’est ainsi que les afflux massifs des surcapacités intermittentes européennes, éolien/photovoltaïque, perturbent le réseau, sans même avoir encore permis de réduire sensiblement les capacités pilotables européennes, et notamment aucunement en Allemagne.

Alors que l’Europe restructure à grands frais son réseau pour répartir ces surplus, comment a-t-elle pu s’infliger la menace simultanée et paradoxale de l’insuffisance de production malgré ses surcapacités, et de l’engorgement de ses lignes électriques malgré la multiplication de ses interconnexions ?

Les rendez vous manqués de l’intermittence
Le photovoltaïque cesse de produire dès que le soleil cesse de briller, et notamment bien avant la pointe de consommation hivernale française de 19 heures qui dimensionne notre système électrique.
Le facteur de charge de l’éolien est susceptible de s’effondrer jusqu’à moins de 1% de sa puissance installée quand le vent cesse de souffler, et fait ainsi varier la puissance du parc éolien français entre 61 MW le 06/08/2018 et 10 639 MW le 12/03/2018.
Il en va de même de la formidable puissance du parc intermittent éolien/solaire allemande qui est susceptible de n’être d’aucun secours en plein hiver, et capable de tomber notamment à moins de 1 GW de puissance les 11 et le 26 janvier derniers malgré 104 GW installés.
Or, les épisodes de grand froid entraînent une augmentation de la consommation. Cette augmentation est en France de 2 400MW par degré inférieur à zéro.
Et malheureusement, ces épisodes sont généralement anticycloniques, c’est-à-dire sans vent.

Et ces chutes de la production éolienne restent problématiques même en regard d’un prétendu « foisonnement » des vents au niveau européen comme le montre l’analyse de Sauvons le Climat.

Les limites du stockage
Georges Sapy a brillamment montré dans The European Scientist que si le stockage d’électricité à l’échelle d’un pays était techniquement envisageable, on ne disposait d’aucun modèle économique viable en vue.
Or l’hypothèse de nouvelles périodes prolongées de froid intense et sans vent ne saurait sérieusement être écartée, tandis qu’aucun scénario crédible de stockage ne prétend y faire face.
Pour répondre aux pointes de consommation, la France et la Grèce ont choisi de financer un mécanisme d’effacement de la demande. Ce mécanisme rémunère les capacités certifiées permettant de faire face aux pics de consommation par une production supplémentaire ou un effacement de la consommation.
Les appels d’offre de ce mécanisme, mis en place en 2017, ont retenu une rémunération de 10 000€ le MW effacé en 2018 et de 17 000€ le MW pour 2019. A ces effacements de puissance (MW) s’ajoute la possibilité de rémunérer des effacements d’énergie (MWh).

Tandis que l’Allemagne et la Belgique ont opté pour des subventions aux centrales thermiques chargées de rester en réserve stratégique du réseau.
Ce qui a interdit à l’Allemagne de fermer un seul MW de son parc pilotable malgré le développement d’un doublon intermittent de 104 000 MW éolien/solaire.
Car elle n’apparaît pas en mesure d’assurer ses propres pointes de consommation à la moindre réduction de sa puissance.
C’est la raison pour laquelle la centrale allemande ultramoderne d’Irsching 4 et 5 s’est vu refuser à plusieurs reprises l’autorisation de fermer ses portes malgré de lourdes pertes, en raison d’un taux de charge inférieur à 1% sur l’année 2017.

De la pénurie aux excès
Mais la surcapacité, liée à son doublon intermittent, qui a fait de l’Allemagne le 2ème exportateur mondial d’électricité 2017, alors que son solde export était nul jusqu’en 2002, est déjà à l’origine de grandes difficultés pour tout le système électrique européen.

Le priority dispatch
Car dès que le vent souffle ou que le soleil brille, cet imposant doublon intermittent produit du courant indépendamment de tout besoin local en bénéficiant de conditions d’injection prioritaires sur le réseau, ou « priority dispatch ».
Cette priorité a été supprimée pour les nouvelles installations par la Commission européenne en novembre 2016. L’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER) et le Council of european energy regulator (CEER) viennent d’ailleurs de réclamer que l’abolition de ce privilège soit étendue aux capacités existantes.
Mais, en tout état de cause, leur priorité d’appel sur le « merit order », en raison de leur coût marginal nul, casse les règles nécessaires à la santé du marché de l’électricité en effondrant les cours dès que le vent souffle, et impose aux gestionnaires de réseau la mise en œuvre de parades coûteuses afin d’assurer la fermeté des programmes commerciaux.

Du redispatching …
Ces parades incluent notamment la rémunération de producteurs éoliens pour qu’ils arrêtent leurs machines, et l’ordre de redémarrage aux centrales thermiques plus proches du lieu de livraison de ces programmes.
Clean Energy Wire rapporte qu’en 2015, ces mesures de redispatching auraient coûté 402 millions d’euros à l’Allemagne.
Pour 2017, le gestionnaire du réseau européen « Entsoe » chiffre ce surcoût à 747 millions pour le seul gestionnaire Tennet.

L'éolien? Ce sont ceux qui s'enrichissent qui en parlent le mieux

"L'éolien serait-il une source d'énergie rentable ?" Oui! L'éolien est une source d'énergie rentable...mais que financièrement et que pour quelques-uns. 😔

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 Production d’électricité : le graphique qui montre inefficacité totale de l’éolien face aux canicules de juin et de juillet

Jean-Louis Butré

L'éolien serait-il une source d'énergie rentable ? Pas vraiment à en juger par les chiffres.

Atlantico : Que penser des rendements de l'éolien à l'échelle nationale, alors que les chiffres affichés sont en chute ?
  Jean-Louis Butré : généralement, lorsqu'il y a des anticyclones, c'est ou bien l'été ou bien l'hiver, auquel cas c'est encore beaucoup plus grave car il n'y a pas de vent. Cela veut dire que vous pouvez mettre autant d'éoliennes que vous voulez, 8 000 ou 9 000 comme aujourd'hui, il pourrait y en avoir 50 000 : il n'y aurait pas plus d'électricité. C'est une électricité intermittente. Quand les promoteurs annoncent qu'on a réussi à atteindre 10 ou 15% de production de l'électricité nationale, c'est très ponctuel mais le problème d'électricité n'est pas là.
  D'abord, pour que le chiffre ait du sens, il faut cumuler sur toute une année et le parc français, compte-tenu des régimes de vent, a en moyenne un rendement de l'ordre de 23% dans l'année. Cela veut dire qu'on investit dans une technologie et 75% du temps environ elle se repose. Voilà en définitive le vrai problème de l'éolien : on compare des moyens de production absolument pilotables par des moyens qui sont absolument aléatoires. C'est terrible parce que tous les chiffres qui sont annoncés sont faux voire frauduleux et à chaque fois que l'on se félicite en disant qu'on a implanté mille gigawatt éolien, cela n'a rien à voir avec les autres moyens de production, puisqu'il faut multiplier tout de suite par 23% sur terre et 40% en mer, et encore on est plus proche de 35%. Il y a donc un mensonge du simple à multiplier par
quatre.

Concrètement, lorsqu'on observe la période récente, peut-on avoir une idée du rendement que l'on a eu durant cette période ?
  Il suffit de regarder les chiffres officiels fournis par le Réseau de Transport d’Électricité. RTE donne instantanément la production de chacune des filières à chaque quart d'heure. Bien-sûr, il y a des périodes de hausse et ensuite des périodes où la production s'écroule. RTE permet de faire le cumul sur un mois, deux mois ou toute l'année, et à ce moment-là on a le rendement sur la quantité d'électricités totale produite par rapport à la puissance installée. Annuellement, c'est 23% : il se trouve que depuis deux mois, la situation est assez catastrophique : on est redescendu à 4%. Quand ils regardent les chiffres, les gens ne se rendent même pas compte. Je m'étais amusé à faire un calcul par rapport au parc des climatiseurs français : dès lors qu'il fait chaud, les gens font marcher leur climatiseur et, de mémoire, cela représentait le quart des climatiseurs que l'on était capable de faire tourner avec ces grands ventilateurs.
  Parallèlement à cela, ont lieu des investissements gigantesques, des grandes déclarations tonitruantes. Une déclaration vient d'être faite hier : l'appel d'offre du nouveau parc éolien en mer en Normandie représente mille mégawatt. Et immédiatement, sa production est comparée aux réacteurs nucléaires mais c'est une erreur : il faut tout de suite multiplier par le rendement, c'est-à-dire que cela représente toujours le tiers des chiffres affichés. Ce mensonge est tellement énorme depuis des années que l'on s'aperçoit que les décideurs n'ont pas encore vraiment tous intégré ce genre de problèmes. Ils votent des lois et ils se font gruger de pratiquement trois quarts.
  Il y a encore plus grave. Les spécialistes craignent qu'à un moment où l'on aura vraiment besoin d'électricité, alors que les réseaux sont en flux tendus, au cours d'un hiver très froid, il n'y ait pas assez de réserves hydrauliques pour alimenter le système. L'hydraulique est une énergie renouvelable mais absolument réglable : ce n'est pas le cas de l'éolien. Un jour nous entrerons dans une période basse du point de vue hydraulique et à ce moment-là, le réseau va disjoncter et on aura le droit à une vraie catastrophe nationale.
  A trop s'appuyer sur l'éolien, on est en train de se diriger vers une situation critique. Toute la politique de la transition énergétique est actuellement minée car elle a fait ce pari sur les énergies intermittentes, comme l'éolien. Malheureusement, les personnes qui auraient pu donner un avis plus objectif ont été éliminées des circuits. Ce sont donc des industriels qui sont entrés dans les circuits de l' ADEME et des ministères de l'environnement. Tout ça est arrivé dans un programme qui est gravé dans le marbre, qu'on ne peut plus faire bouger : des députés et certaines commissions mettent en évidence certaines réalités hallucinantes et c'est l'omerta. Le gouvernement persiste dans son intention, la tête baissée, de multiplier l'éolien alors qu'on va dans le mur.



Catastrophe, même la Terre empile de la dette écologique !

h16


Commentaire : c'est le retour d'un des "marronniers" journalistiques d'été :
"Un marronnier en journalisme est un article ou un reportage d'information de faible importance meublant une période creuse, consacré à un événement récurrent et prévisible. Les sujets « débattus » dans un marronnier sont souvent simplistes, parfois mièvres. Parmi les marronniers les plus célèbres, on peut citer les articles concernant les soldes, le marché de l'immobilier, les départs en vacances, la rentrée scolaire, les fêtes de fin d’année, la météo ou encore les embouteillages. "
Source : Marronnier (journalisme)


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By: Beth Scupham - CC BY 2.0

Ce n’est plus le 20 août, mais le 29 juillet.
Chaque année, la Terre augmenterait sa dette écologique. Un concept qui ne veut rien dire.
Cet article de 2013, signé h16, n’a pas perdu de son actualité. REPLAY

Magie des vacances, puissance phénoménale de la réflexion journalistique, écologisme de combat poussé dans les retranchements les plus obscurs d’une pensée féconde de n’importe quoi qui gazouille, à mi-chemin entre la pignouferie de combat et le fluffysme ultime, la presse nous relaie une nouvelle effrayante : à partir de ce jour, la Terre vit à crédit.

Oui, vous avez bien lu, mais je vais reprendre le chapeau de l’article pour bien vous faire prendre conscience de toute l’horreur de la situation :

Il n’aura fallu à l’humanité qu’un peu moins de huit mois, 232 jours exactement, pour consommer toutes les ressources naturelles que la planète peut produire en un an. Ce mardi 20 août correspond au « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement planétaire » selon l’organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), qui calcule chaque année ce « jour triste et solennel ». Principaux responsables de ces dégâts : le rejet massif de CO2 et la surexploitation des milieux naturels.

C’est dit.

Le 20 août, plus d’air, plus d’eau, plus de pétrole, plus rien.

À côté, l’Armageddon économique qui nous pend au nez depuis un moment, ou l’Armageddon politique que la France subit depuis 40 ans en tache de fond, c’est de la rigolade, un parcours de santé, une plaisanterie de potache : le 20 août 2013, c’est le jour où la Terre va s’arrêter net d’exister. Pouf. Comme ça.
Et comme c’est une ONG éco-consciente qui le dit, non seulement c’est vrai, mais ça doit nous obliger à prendre du recul et à penser très sérieusement à notre place d’humain sur cette pauvre planète. Mais vite : il nous reste 72 heures avant le « pouf ! » final.

Au passage, on admirera le joli logo de l’ONG en question :



C’est une ONG qui ne fait pas dans la demi-mesure, puisqu’elle travaille à Faire Avancer la Science de la Durabilité. Tout de suite, un slogan pareil, ça vous pose une ONG dans le domaine du sérieux méticuleusement calculé. Ainsi, la Durabilité est une Science. Et on peut la faire avancer, notamment en expliquant à tout le monde que les ressources de la Terre commenceront à être surexploitées à partir du 20 août.

Plus exactement et pour reprendre le gloubiboulga du journaliste bien en peine de comprendre quelque chose au charabia indigeste de l’association de branquignoles à roulettes qui fait avancer son pipeau durable, à partir du 20 août, les humains auront épuisé les ressources naturelles pouvant être fournies cette année par la Terre.

Et à partir du 20 août, ils auront le choix :
-ne plus rien consommer du tout. Ce qui va poser des problèmes. Si si, je vous assure.
-consommer des ressources à crédit, ce qu’aucune espèce d’explication physique ou mathématique ne permet d’éclairer.

Par je ne sais quelle sorte de bricolage insensé, on en arrive donc à dire que les Terriens, ces gros mammifères encombrants, qui rotent, qui pètent et qui polluent, vont brûler du pétrole qu’ils n’ont pas encore extrait, et manger des ressources qui ne sont pas encore produites.



Évidemment, ici, le « travail » grotesque du journaliste aura permis, de façon assez élégante, de fusiller définitivement le « travail » ridicule de l’ONG. Un peu comme les interférences destructives dans la physique ondulatoire, on constate ici que les ondulations lancinantes de l’ONG visant à nous faire paniquer sur une dette de l’humanité sont annulées par les ondulations à contre-phase des journaleux qui transmettent n’importe comment une information déjà fortement suspecte de foutaisitude au départ.

Il va de soi que l’ONG n’a pondu qu’un de ces copieux calculs basés sur de l’air, manipulés à la grosse louche, entourés de conditions et de prérequis frisant le comique et aboutissant à des conclusions burlesques. Les folliculaires, s’emparant de la nouvelle, la prémâchent pour en obtenir un jus quintessenciel de conneries consternantes, comme d’habitude.

L’idée générale de l’ONG est de prétendre pouvoir calculer le temps que met la biosphère terrestre dans son ensemble à reproduire la biomasse consommée par les Terriens dans une période donnée. Chose amusante, le calcul de 2009 avait été trop optimiste sur cette capacité de la Terre à reproduire ses ressources, d’où un différentiel d’un mois – oui, 1/12e d’année – avec le résultat du calcul de 2010. On imagine la précision diabolique des calculs. Depuis, on tombe heureusement toujours à peu près à la même date. Ouf. Les apparences scientifiques sont sauves.

Immédiatement, des questions – qui n’effleureront pas les journalistes – viennent à l’esprit :

Pourquoi utiliser l’empreinte carbone pour ces calculs fumeux ? Cela fait un moment qu’on sait que le CO2 n’est pas un polluant et constitue même une véritable ressource. L’ONG serait-elle en retard d’un combat ?

Comment calculer les ressources initiales, sachant qu’on ne connaît pas tout de cette planète, loin s’en faut ? Ne connaissant pas même 1 % des espèces vivantes, il paraît en effet pour le moins couillu de prétendre en connaître précisément les entrées-sorties. Par exemple, le caca humain (merdus vulgaris) est, malgré tout, un substrat pour pas mal de choses, qui vont, d’une façon ou d’une autre, permettre à d’autres choses de vivre ou survivre et aboutir, au final – oui c’est troporrible aussi mais c’est comme ça – dans une assiette humaine.

D’autre part, et même en imaginant que les données initiales sont connues (hypothèse hardie, on l’a vu), la conclusion qui aboutit à un déficit devrait être sujette à caution : d’où vient le manque à gagner ? D’une part, l’humanité n’a pas, discrètement et sur une autre planète, constitué un petit stock de denrées pour y puiser de temps en temps ce qui lui manquerait pour finir l’année. D’autre part, dès lors que des ressources manquent, leur consommation diminue : eh oui, quand il n’y a pas de pétrole, on n’en brûle pas.

Ce qui veut dire que toute idée de déficit écologique est, à proprement parler, absurde : au pire, l’humanité ne pourra pas se maintenir à six milliards d’êtres humains, voire disparaîtra doucement – ce qui est, au final, ce qui se passe pour toute espèce vivante à terme -, au mieux, elle pourra très bien vivre, et dans ce cas, pas de quoi en faire tout un foin.

Mais en tout cas, à aucun moment, elle ne constituera une dette envers d’hypothétique extra-terrestres qui viendraient nous fournir de la nourriture, des pilules énergétiques ou un stock conséquent de papier nécessaire à l’impression de tous les euros et les dollars que la crise économique va nous obliger à imprimer.

Ce mois d’août montre en tout cas la force cumulée des journalistes et des fluffies : à partir d’un calcul absurde, et d’une conclusion qui l’est tout autant, on aboutit à des articles consternants.

Le nucléaire chinois en perspective

Hervé Machenaud*
5 sept 2018


Commentaire : France, mais pourquoi ont-ils tué le nucléaire? 


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L’exemple du programme chinois montre bien l’ampleur du développement du nucléaire dans le monde, et les enjeux de coopération avec des pays comme la France, qui dispose d’un savoir-faire reconnu dans ce domaine.

*Hervé Machenaud est ancien directeur de la branche Asie-Pacifique d’EDF.


De Daya Bay à Fukushima : un envol suspendu
Au début des années 1980, la Chine lance deux projets de centrale nucléaire. Le premier, Qinshan phase I, réacteur de 300 MW de technologie chinoise, est réalisé directement par le ministère de l’Industrie nucléaire, qui deviendra plus tard la China National Nuclear Corporation (CNNC). L’autre, le projet de Daya Bay, comporte deux unités de 1 000 MW de technologie française. Il sera réalisé, sous la responsabilité technique de la France, par une société privée spécialement créée à cet effet, la Guangdong Nuclear Power Joint Venture Co. (GNPJVC), associant la Chine, à hauteur de 75 %, et Hong Kong, à hauteur de 25 %. Cette centrale sera suivie dès sa mise en service, en 1995, par une centrale jumelle sur le site voisin de Ling Ao, cette fois réalisée par China Guangdong Nuclear Power Corporation (CGNPC), une nouvelle société 100 % chinoise. Dans le même temps, deux unités de 650 MW sont engagées par CNNC à partir de la technologie française sur le site de Qinshan, Qinshan phase II.

C’est aussi pendant cette période que sont construits les deux réacteurs à eau lourde de technologie canadienne (type Candu) et les deux unités VVER de technologie russe. Entre1998 et 2003, le Premier ministre Zhu Rongji n’autorisera aucun nouveau projet.

Début 2003, dès l’arrivée au pouvoir du président Hu Jintao (qui est venu en France et a visité la centrale du Bugey en novembre 2001) et du Premier ministre Wen Jiaobao, le programme nucléaire est relancé. L’été 2003 voit tous les acteurs du nucléaire chinois défiler en France, et en septembre le consensus est atteint de réaliser un grand programme nucléaire sur la base du modèle N4 français. Devant les réticences de la France et la pression des États-Unis, la Chine décide, début 2004, de lancer un appel d’offres international. En attendant les résultats de l’appel d’offres, un programme de « duplication » des modèles existants est engagé.

C’est ainsi que CNNC va construire quatre unités de 650 MW sur le modèle de Qinshan II (deux à Qinshan et deux sur l’île de Hainan), tandis que CGNPC, rebaptisée China General Nuclear Holding Group (CGN), se voit autorisée à sortir du Guangdong pour construire à Hongyanhe, dans le Liaoning, deux unités de 1 000 MW sur le modèle CPR1000 de technologie française. Bientôt rejointe par CNNC dans la mise en oeuvre de ce modèle, ce sont aujourd’hui 28 des 38 unités en exploitation en Chine qui sont issues de la technologie française (plus 6 actuellement en construction).

En décembre 2006
, après presque deux années d’hésitations, l’appel d’offres est attribué à Westinghouse et 4 AP1000 sont commandés, 2 par CNNC pour le site de Sanmen, 2 par China Power Investment Cy (CPI), pour le site de Haiyang, dans le Shandong. Le programme nucléaire chinois est officiellement réputé devoir être construit à partir du modèle AP1000. Quelques semaines plus tard, le président de CGN invite EDF à investir à ses côtés dans la construction et l’exploitation de 2 EPR sur le site de Taishan, qu’il souhaite commander à Areva. Les travaux de construction des AP1000 et des EPR débutent respectivement en avril et novembre 2009. À ce jour, le premier EPR est en cours de démarrage tandis que le premier AP1000 a été chargé en combustible nucléaire au mois de juin 2018.

Au total, la Chine a lancé la construction de 6 réacteurs en 2008, de 9 en 2009 et de 10 en 2010. Un programme nucléaire de très grande envergure semble avoir été engagé.

Après l’accident de Fukushima, en mars 2011, à quelques exceptions près (projets déjà autorisés avant l’accident) aucun nouveau projet n’est plus lancé. Marquées par l’échec japonais et la réaction très vive du public chinois, les autorités décident de ne plus construire que des réacteurs de nouvelle génération, dits de génération 3 (G3), c’est-à-dire capables de maintenir la radioactivité à l’intérieur de la centrale en cas d’accident grave (avec fusion du cœur).

Cependant, aucun modèle G3 n’est en fonctionnement dans le monde. La construction de l’ EPR et de l’AP1000 accuse un retard très important et rencontre de sérieuses difficultés techniques. Quant aux modèles nationaux, les Hualong, développés respectivement par CGN et CNNC, ils sont encore à l’état de conception. Le gouvernement hésite; finalement, en 2015, il autorise la construction de 8 nouvelles unités : 4 ACPR1000 (Advanced CPR1000) et 4 HPR (Hualong Presurized Reactor). Depuis cette date, à l’exception du réacteur à neutrons rapides (RNR) de 600 MW à Xiapu, aucune nouvelle autorisation n’a été donnée.

Urgence climatique : « L’Allemagne doit fermer ses centrales à charbon»

Opinion

Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles, estime que les centrales à charbon, en Allemagne, émettent une quantité importante de CO2, responsable du réchauffement climatique.



Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles. LP/Illustrations/Elene Usdin


Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles, ex-directeur de la division Géologie-Géochimie de l' Ifpen et de l' Ens de géologie.

Notre jeunesse s'inquiète de son avenir et de l'évolution du climat. Pour limiter l'accroissement de température de la surface terrestre à des valeurs encore supportables, il faudrait, constate le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), diminuer rapidement nos émissions de gaz carbonique (CO2).

Pourtant l'Allemagne, le pays dont les centrales électriques émettent le plus de CO2 en Europe, ne veut fermer qu'en 2038 les plus émettrices d'entre elles, ses centrales à charbon.

Rappelons les faits : d'après l'Agence européenne de l'environnement, de 1990 à 2016, les émissions de l'Allemagne ont été de 9 milliards de tonnes, et celles de la France de 1,5 milliard. Cela est dû bien sûr à l'usage très important sur cette période des combustibles fossiles, charbon surtout, en Allemagne par rapport à la France, laquelle est mieux dotée en hydroélectricité et a développé le nucléaire jusqu'à lui faire produire environ 75 % de son électricité. De 2016 à 2038, l'Allemagne émettrait encore 7,5 milliards de tonnes de CO2, puis environ 230 millions de tonnes par an. Pour la France, il s'agirait d'environ 500 millions de tonnes de 2016 à 2038, puis 25 millions de tonnes par an ! On voit donc l'énormité de la dette qui, d'ici à 2038, aura été contractée par l'Allemagne vis-à-vis du climat, du fait de ses choix, et par contraste l'efficacité de la France, de loin le meilleur élève des pays du G 20 dans ce domaine.

Il y a aussi un problème sanitaire : selon des ONG environnementales, la pollution atmosphérique provoquée par les centrales à charbon entraînerait environ 23 000 morts prématurées par an en Europe de l'Ouest, l'Allemagne ayant la plus grande responsabilité avec près de 2 000 morts par an sur son sol, mais aussi 2 500 hors de ses frontières, dont 500 en France. Une autre évaluation, celle de médecins britanniques, attribue au charbon européen une mortalité prématurée de l'ordre de 30 morts par TWh d'électricité produite, ce qui représente pour l'Allemagne environ 8 500 morts en 2016, sur son sol et ailleurs en Europe. Ces deux estimations vont à peu près du simple au double, mais restent cohérentes, étant donné les incertitudes sur ces calculs.

Comparons ces valeurs avec les estimations de la mortalité prématurée entraînée par l'accident de Tchernobyl. L' UNSCEAR, c'est-à-dire l'instance de l' ONU en charge de l'étude des effets sanitaires du nucléaire, l'évalue à environ 6 000 pour l'Europe, hors Russie, Biélorussie et Ukraine. Selon le rapport Torch, commandité par les Verts allemands, il s'agit plutôt de 30 000 ! Prenons cette dernière estimation, la plus haute. Cela représente en moyenne 600 morts prématurées par an en Europe depuis 1986, date de l'accident de Tchernobyl.


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HAUTE-MARNE, SARREY : LE MAIRE DÉMISSIONNE, LE PROJET DE L'USINE ÉOLIENNE ABANDONNÉ, RÊVONS-NOUS ?

  À la lecture de ces deux informations qui sont étonnamment concomitantes, nous pourrions, nous les défenseurs du " Pays de l'eau ", nous réjouir.
   Or, l'expérience nous a appris de la vie politique et du monde des affairistes éoliens, que l'annonce officielle d'une démission ou d'un abandon de projet, ne signifient nullement pour ces personnes, la fin de l'histoire ! Si le " jet de l'éponge " de monsieur le maire est aujourd'hui acté..., il en va différemment de l'abandon du projet éolien. Pour tout dire, nous ne croyons nullement à la communication de Monsieur l'ex maire, tel qu'elle est rapportée par le correspondant du jhm.😂  Attention, nous sommes en période pré-électorale des municipales de 2020...
   C'est pourquoi nous restons vigilants en attendant.
   Mais quoi de mieux pour se prémunir de la future ex " colonisation éolienne " de Sarrey que des citoyens présentant une liste aux prochaines municipales, s'engageant à protéger la tranquillité et la santé des habitants et l'environnement, par une opposition systématique à tous projets éoliens !?
Sarreyennes, Sarreyens, à vous de choisir...

Rappel
   " Le site d’implantation des éoliennes est situé sur les communes de Sarrey, Chauffourt et Poinson-les-Nogent, dans le département de la Haute-Marne : 52. Le projet d'implantation est réparti avec deux éoliennes sur chaque commune [...] Hauteur totale: 207 m "
Sarrey - Chauffourt - Poinson-les-Nogent

  À suivre...

  jhmQuotidien 20I9 07 28





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Haute-Marne, Chaumont : "Post Medium", la 2e Biennale internationale de design graphique bat son plein


Chaumont, Haute-Marne, c'est ICI, à deux pas de chez vous




@2019 Maxar technologies 

En avant toutes, la Haute-Marne!

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Demandez le programme

Extraits
"Intitulée Post Medium, cette 2e édition met l’accent sur une sélection de travaux de designers graphiques envisageant la relation comme forme, forme qui excéderait son premier support d’application, à l’ère de l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique."

Jusqu'au 22 septembre 2019


28e Concours international d’affiches

"Avec 110 affiches créées par 60 designers graphiques ou studios"





Karl Nawrot, Phénomènes


"L’exposition Phénomènes veut approcher le travail de Karl Nawrot non pas par sa singulière grammaire graphique ou ses alphabets frappants mais par les outils, les structures, les maquettes et les sculptures souvent fictionnels qui génèrent le potentiel de cet ensemble de phénomènes visuels."




Frédéric Teschner, Rue de Paris


"Née d’une rencontre entre un graphiste et un imprimeur, la série Rue de Paris présente dix gravures en aquatinte de Frédéric Teschner, lauréat du premier prix du Concours international d’affiches de Chaumont en 2012. "



Et en marge de la Biennale,
du 1er août au 20 octobre 2019, l' exposition



"Locomotions"


" L’exposition d'été du Signe, centre national du graphisme, invite à découvrir comment l'affiche s'est emparée de la question des transports et des modes de déplacement individuels [...] De la marche à pied pratiquée depuis les origines de l'humanité jusqu'à l'automobile reine de la fin du XXe siècle, en passant par le cheval ou le vélo, les moyens de locomotions individuels, qu'ils soient musculaires ou motorisés, répondent à des besoins et soulèvent des enjeux que les affichistes ont su révéler : la vitesse, les infrastructures, la santé et l'environnement, les loisirs et le tourisme sont autant de questions abordées dans le parcours chronologique et thématique de l'exposition."



@centrenationaldugraphisme.fr



Le Signe  


Horaires d’ouverture
  • du mercredi au dimanche 
  • de 14h à 18h
Accès libre et gratuit aux expositions,
au café et à l’espace de coworking (wifi gratuit)



Australie, éolienne , habitations : le Commissaire national, Andrew Dyer, recommande l'augmentation de la distance



Commentaire : la meilleure distance entre les machines de "guerre" et les habitations reste, encore et à jamais : ZERO EOLIENNE ET BASTA!




création Les vues imprenables

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Sécurité-incendie, problèmes de sécurité et de distance soulignés par le commissaire national en charge des parcs éoliens

Katrina Lovell
9/07/2019




Plus de dégagements : La marge de recul des parcs éoliens à Victoria devrait être portée à 1,5 km, selon le commissaire aux parcs éoliens.


Le commissaire national aux parcs éoliens, Andrew Dyer, est en train de repenser la question des parcs éoliens situés à 1 kilomètre des maisons dans l' Etat de Victoria.

Avec des éoliennes beaucoup plus hautes qu'au moment de l'adoption de la réglementation, M. Dyer a déclaré qu'il était temps que l'État envisage d'augmenter à 1,5 km 
la distance entre la première éolienne et les habitations.

Dans son rapport annuel qui a été déposé au Parlement fédéral le mois dernier, M. Dyer a formulé une série de recommandations sur les distances de recul, la sécurité incendie et les contrats des propriétaires fonciers.


"Je pense qu'il est temps
que nous révisions la distance en la faisant passer de 1 km à au moins 1,5 km, ce qui est ma recommandation par défaut, et peut-être même plus pour les turbines beaucoup plus hautes ", dit-il.

Le gouvernement de coalition victorien avait introduit une distance de 2 km lorsqu'il était arrivé au pouvoir en 2010, mais plus tard, les travaillistes l'avait réduite... à 1 km.

Il a précisé que dans le passé, la distance de recul avait été basée sur des problèmes potentiels de bruit.

"La plupart des projets planifiés par le Comté de Moyne* sont basés sur une distance de recul de 1 km, soit 40 dB, soit environ 1 km ", explique M. Dyer.


"Ces permis ont été délivrés en 2009 et 2010 et concernaient  probablement des aérogénérateurs de 1,5 MW à 2 MW de puissance nominale, avec une hauteur maximale comprise entre 120 et 150 mètres. "Nous sommes en présence aujourd'hui, de turbines atteignant les 200m d' hauteur, voir plus


La Nouvelle-Galles du Sud a pris l'initiative sur cette question, en basant les distances de recul sur les nuisances visuelles générées par la hauteur des éoliennes et devant leur nombre croissant.

Dans le Queensland, la marge de recul est de 1,5 km, et en Australie-Méridionale, le processus de planification est plus rapide pour les projets dont la marge de recul est de 2 km, ce qui constitue une incitation pour les promoteurs.

M. Dyer a déclaré qu'il y avait également eu beaucoup de travail pour rendre la lutte contre les incendies plus sûre autour des parcs éoliens, ce qui a permis de mettre à jour les lignes directrices.

Les éoliennes n'interdisent pas la lutte contre l'incendie, a-t-il dit, soulignant qu'"il faut être un mauvais pilote pour heurter une éolienne".



Sécurité incendie : Le commissaire national aux parcs éoliens a réclamé des changements qui rendraient plus sécuritaire la lutte contre les incendies à proximité des parcs éoliens

Il a déclaré que les protocoles de sécurité
en cas d'incendie devraient garantir lorsque les parcs éoliens sont concernés que les pales soient maintenues en position "Y" afin de rendre la situation plus sûre pour les pilotes.

Selon lui, les fabricants d'éoliennes devraient être tenus, pour des raisons de sécurité, de pouvoir à distance mettre leurs pales
en position "Y".En cas d'incendie, M. Dyer a déclaré que les lignes aériennes et les mâts de mesures pourraient être difficiles à voir pour les pilotes.

Il a recommandé, afin d'
améliorer la sécurité, que les mâts de mesures soient peints en rouge et blanc pour améliorer la visibilité ou que des boules oranges y soient installées, y compris sur les haubans tenant le mât.

Citant pour exemple, la ligne de transport d'électricité de Salt Creek de Mortlake à Terang, qui avec ses poteaux brillants était la seule bien visible en cas d'incendie.

M. Dyer a également demandé à l' Etat de Victoria de suivre l'exemple de la Nouvelle-Galles du Sud et de faire de l' Environment Protection Authority (EPA)**, l'organisme de conformité chargé de surveiller les parcs éoliens lorsqu'ils seront opérationnels.

Selon lui, cela leur donnerait le pouvoir de s'assurer qu'en cas de violation, une société de parcs éoliens pourrait perdre son permis et donc son droit d'exploitation.

Les rapports d'experts présentés par les sociétés de parcs éoliens devraient faire l'objet d'une vérification indépendante pour s'assurer qu'il n'y a pas d'erreurs, a-t-il dit.

Le rapport annuel du commissaire indique que le nombre de plaintes concernant l'exploitation des parcs éoliens a diminué, tout comme le nombre de plaintes relatives à la santé, aux vibrations et au bruit.

Depuis l'ouverture du bureau du commissaire en novembre 2015, il y a eu 65 plaintes au sujet de 11 parcs éoliens en exploitation, mais seulement huit l'an dernier.

Il a dit que lorsqu'un parc éolien était en exploitation, les gens se rendaient compte qu'ils n'étaient pas aussi mauvais qu'on leur avait fait croire, ou que les gens ne se plaignaient pas parce qu'ils pensaient qu'ils ne pouvaient rien y faire.

La plupart des plaintes reçues par le commissaire aux parcs éoliens concernaient la planification et la consultation communautaire.

Depuis 2015, 191 plaintes ont été déposées au sujet de 51 projets de parcs éoliens. L'an dernier, il y en avait 95 et la plupart venaient de Victoria - une augmentation dont M. Dyer a dit qu'elle reflétait l'augmentation de l'activité des parcs éoliens dans l'État.

M. Dyer a également déclaré que les propriétaires fonciers avaient besoin d'obtenir des conseils juridiques appropriés lorsqu'il s'agissait de conclure des ententes avec des sociétés de parcs éoliens.

"Ce n'est pas parce qu'on t'a promis un beau contrat sur la table de la cuisine que vous n'avez pas besoin d'obtenir des conseils juridiques appropriés et de vous assurer qu'il s'agit d'une entente solide ", dit-il.

* Comté de Moyne

** The NSW Environment Protection Authority

Haute-Marne, Vroncourt-la-Côte : Louise Michel, l' exposition

vhm.fr
26/07/2019


L'histoire d'une femme ordinaire au destin extraordinaire. 


Pour compléter 
Louise Michel, la vierge rouge


@vhm.fr



@vhm.fr

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La "société de transition" : un élément du système capitalisme, tout simplement



"Reste que la transition coexiste actuellement sans faire de vague avec le monde qu’elle entend changer, et de cela on ne peut conclure qu’une chose : qu’elle ne se situe pas hors du système capitaliste, mais qu’elle en est un élément, et qu’elle ne contredit ni la logique marchande, ni la structure étatique – raison pour laquelle elle est facilement tolérée, même encouragée, parfois subsidiée" [...] Il est drôle de noter que ceux qui méprisent « la politique politicienne » ne sont pas les derniers à quémander des subventions publiques, ou encore que ceux qui répugnent à parler du peuple – ou pire : des masses – n’aient à la bouche que le mot, devenu creux, de citoyenneté…"

Thomas Bolmain



"L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement "une politique", au sens le plus large du mot, nationale et internationale."
Pierre Mendès France - 1907-1982 - Discours à l'Assemblée nationale, 17 janvier 1957


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Extraits de "Sur l’idée de « société en transition » : une critique épistémologique et politique"

Thomas Bolmain
Été 2017


 


En prenant comme point de départ les discours se revendiquant de la transition (villes en transition, alternatives locales, etc.), Thomas Bolmain, dans ce texte rédigé en 2017, fait un détour par les sciences sociales pour pointer les limites et apories de la notion de transition. Les faiblesses dans l’analyse des structures sociales dans de telles approches conduit à des illusions quant aux capacités de transformation sociale, et condamnent dès lors la possibilité même d’une réelle transition qui s’inscrirait en rupture avec les modèles dominants. 

L’idée de la « transition » et la nécessité de sa critique

Un « mouvement de la transition » ?

On doit l’admettre, quelque chose comme un mouvement de la transition existe[1]. Quoiqu’il emprunte des « chemins divers », il se caractérise par une conscience de soi certaine et une unité idéologique réelle. Il dévoile d’ailleurs des ambitions politiques (« au sens noble du mot ») qui ne sont pas nulles : en ces temps d’« effondrement de notre civilisation », le mouvement prépare « le passage vers un autre monde ».

Convivialisme, simplicité volontaire ; ceinture alimentaire autour de Bruxelles ; consommation éco-citoyenne et responsable (« consomm’ acteur ») ; slow-food (« acheter c’est voter ») ; mini-potagers en libre-service sur les berges de la Meuse (« innovation inspirante ») ; les films Demain et Qu’est-ce qu’on attend ? ; mobilité durable et circuits-courts ; colloques, entre recherche et action, consacrés au thème agro-écologique ; Pierre Rhabi, vigie de notre époque, Nicolas Hulot, ministre de la Transition Écologique et Solidaire… Ainsi que le relève le mpOC, nous sommes en présence d’une « nébuleuse très active », aux projets divers, mais qui tous peuvent être référés à l’idée – peut-être « imprécise », il est vrai – de transition. On assisterait à une déferlante, à une « lame de fond » qui, dès maintenant, fait passage entre le présent (« la société marchande qui nous fait une vie triste ») et l’avenir (« une autre manière de faire société »).

Quitte à l’exagérer, je vais d’abord décrire ce qui fait à mon sens l’unité du mouvement. Le changement, qui se doit d’être d’abord intérieur – c’est la « révolution des consciences » –, s’attestera dans une série de « petits gestes » révélateurs du pouvoir d’action qui est le nôtre en tant qu’individus et consommateurs. Les innovations de ce type, en leur nature exemplaire, doivent servir d’inspiration, se répandre de proche en proche et servir de levier à une « éco-transition » qui nous mènera sans heurts vers un monde plus juste et plus vert, davantage respectueux des humains, des non-humains et de leur milieu de vie. Cette manière de penser et cette façon d’agir se prolongent dans une certaine manière de sentir : parce qu’existent effectivement, ça et là, les signes d’un changement en marche, on nous exhorte à l’optimisme, à l’espoir, à la positivité – à bien y regarder, Demain, ce serait ici et maintenant. Comme y insiste les objecteurs de croissance, le mouvement de la transition revendique encore une dimension profondément politique (« militante ») ; mais, ne croyant plus ni à la « politique politicienne », ni à l’« insurrection populaire », il leur oppose, en toute « modestie », « la mise en place progressive d’alternatives de terrain à côté de la société de marchande » (c’est le mpOC qui souligne). Bref, la transition est faite d’« alternatives » concrètes, humbles et marginales, mais vraiment politiques, et dès lors destinées à changer le monde.

Ma conviction est autre[2]. Afin d’au moins tempérer l’optimisme des tenants de la transition, on procédera ici à la critique de cette manière de penser et de sentir, de vouloir et d’agir, et du style de vie qui s’en infère. Je soutiendrai en ce sens que l’idée qu’il faut « être soi-même le changement que l’on souhaite voir dans le monde » (Gandhi-le-colibri), comme le fait de développer des pratiques « éco-citoyennes », sont en fait infra-politiques. Raison pour laquelle le mouvement de la transition, fondé sur des idées et des pratiques de ce type, se révèlera malheureusement insuffisant au regard des ambitions qui sont les siennes. Et il en sera ainsi tant qu’il ne modifie pas : son fondement épistémologique (postulat individualiste) ; ses méthodes et ses objectifs (bien résumée par l’idée d’« alternatives » situées en marge, « à côté », qui laisse entendre que la transition aura lieu sans rencontrer d’opposition, que la coexistence se poursuivra sans jamais entrer en contradiction avec les modes de pensée et d’activité dominants, bref : que le passage (joyeux) d’un monde (triste) à un autre (pacifié) se fera insensiblement). Tant qu’il ne procède pas, enfin, à une réflexion critique et historique approfondie qui porterait sur ses propres conditions de possibilité et d’existence, sur les forces dont il dispose, sur le monde auquel malgré ses dénégations il appartient.

Brutalement dit, l’idée de « société en transition » m’apparaît comme le symptôme d’une conscience politique faible (largement répandue dans les pays occidentaux depuis une quarantaine d’années), comme une compensation à une impuissance politique radicale (une civilisation s’effondre, mais cela n’empêche pas de mener une vie responsable, de bien manger, et même de s’engager), comme un frein au développement d’une puissance politique consciente d’elle-même (inutile si la transition est déjà là, à notre portée). Plutôt que de s’enthousiasmer pour la transition, on proposera donc de la relativiser (de ne pas la penser « à côté », mais en fonction des rapports de force qui structurent la société en général) afin d’en venir aux seules questions qui sans doute importent : que vaut une transition qui se déploie pour son propre compte tandis que progresse autour d’elle la misère économique, sociale, culturelle et psychique ? le coût politique et anthropologique de sa généralisation n’est-il pas plus élevé que celui dont semblent prêts à s’acquitter la plupart de ses chantres ?

Une critique nécessaire (transparente transition…)

L’idée que le système capitaliste laisserait subsister un quelconque « dehors », qu’il concéderait à ses marges la possibilité de mener une existence échappant à sa loi – la création et l’accumulation de la valeur – est un fantasme dont on s’étonne qu’il puisse encore bénéficier d’un quelconque crédit : on sait que de telles marges sont toujours l’objet soit d’une prédation prochaine, soit d’une valorisation discrète (marché de niche). De même, on s’étonne que certains imaginent que l’État moderne – renonçant à la violence légitime dont, sauf erreur, il a le monopole – laisserait s’épanouir librement des manières de vivre et de penser qui hypothèquent effectivement son existence et sa reproduction. Ces convictions semblent pourtant largement partagées au sein du mouvement de la transition. Ce sont elles, sans doute, qui nourrissent le doux rêve qu’il sera possible de coexister pacifiquement avec la « civilisation » présente (« à côté » d’elle) jusqu’à ce que celle-ci, s’effondrant d’elle-même, à moins que ce ne soit sous les coups de boutoir de millions de « petits gestes » individuels, laisse place à « une autre manière de faire société ».

Reste que la transition coexiste actuellement sans faire de vague avec le monde qu’elle entend changer, et de cela on ne peut conclure qu’une chose : qu’elle ne se situe pas hors du système capitaliste, mais qu’elle en est un élément, et qu’elle ne contredit ni la logique marchande, ni la structure étatique – raison pour laquelle elle est facilement tolérée, même encouragée, parfois subsidiée. (On sait que l’illusion de l’indépendance est souvent preuve de docilité, quand l’exercice réel de la liberté est objet de répression). Pour l’heure et pour l’essentiel, la « transition » est d’une part un marché de niche (et souvent de riches), de l’autre un alibi théorique (sans autre consistance qu’idéologique). Si elle était autre chose, la coexistence de ces deux mondes (ou réputés tels) s’avérerait autrement difficile : on verrait surgir entre les deux termes une contradiction, la persévérance dans l’être social de l’un exigerait la destruction de l’autre.
L’ensemble des critiques que l’on peut adresser au mouvement de la transition – je les énumère avant de m’y attarder – découle de cette idée fausse (deux mondes coexistent, le passage de l’un à l’autre se fait et se fera insensiblement), qui fait aussi son impuissance.

Estimant se déployer hors du monde qu’il critique alors même qu’il ne s’en distingue pas de façon décisive (transparente transition…), le mouvement de la transition doit partager avec ce monde un ensemble d’attitudes et de présupposés importants, tout en s’en défendant. Ces présupposés et attitudes sont notamment les suivants : la volonté libre de l’individu est l’ ultima ratio du social ; la transformation politique repose sur un accord mécanique et/ou magique desdites volontés individuelles (« main invisible » ou contagion, exemplarité, etc.) ; la société est compartimentée en sous-mondes séparés, qui peuvent croître et suivre leur intérêt tout en s’ignorant, sans jamais entrer en collision (dénégation de la violence) ; d’un point de vue affectif : tyrannie de l’optimisme sur fond, cependant, de menace d’un désastre imminent, bonne conscience (« on fait ce que l’on peut à son niveau ») et culpabilité (par exemple face à l’« extrême pauvreté ») ; recours constant à l’exhortation morale, mais refoulement d’une approche politique, de toute pensée usant de la distinction ami/ennemi et fondée sur une évaluation des forces en présence et de leurs rapports.

Il ne fait pas de doute que l’idée qu’il importe de multiplier les « initiatives de terrain » en marge d’une « société marchande » dont il suffit d’attendre l’effondrement ne favorise ni la propension du mouvement à l’autocritique, ni son intelligence stratégique. On sera peu enclins à s’interroger sur la force politique que l’on constitue éventuellement dans le monde de l’État et du Capital si l’on estime agir en-dehors de lui ; on se questionnera d’autant moins sur l’histoire et la structure de ce monde, les rapports de dominations qui s’y exercent, sa puissance et ses faiblesses, on pensera d’autant moins en termes d’occasions (à saisir) et d’organisation (à construire), que l’on se propose de « cultiver son jardin » jusqu’à ce que celui-ci, parcelle après parcelle, recouvre sans heurts la surface du monde.

Coexistence pacifique, effondrement magique/mécanique : l’inverse de ce qu’une certaine modernité (marxienne) identifiait comme la condition même d’une transformation politique émancipatrice. Il aura fallu toute l’histoire récente du néolibéralisme pour faire admettre à des agents sociaux avides de changement que celui-ci viendra de l’extérieur de l’édifice social, et que cet édifice n’y résistera pas. Au vrai, il aura fallu détruire et la réalité du mouvement ouvrier comme force oppositionnelle et jusqu’à la mémoire de son existence. Il n’y a pas si longtemps, on savait que ceux qui étaient obligés pour survivre de marchandiser leur force de travail constituaient un point de contradiction interne au développement du capital, dont celui-ci avait impérieusement besoin, mais qui – à la condition que s’inventent les moyens d’une lutte organisée – représentaient aussi le lieu de son anéantissement possible. La mainmise progressive du néolibéralisme sur la vie économique et politique a coïncidé avec la destruction du travail entendu en ce sens (d’où sa dématérialisation tendancielle et son aptitude à se confondre avec la totalité de la vie du salarié), la redéfinition des missions de l’État (agent de l’ordre), mais aussi une régression idéologique considérable, dont la « transition » est un symptôme parmi d’autres. On va le voir, ce mouvement est fait de la même farine que ce qu’il dénonce et « à côté » de quoi il prospère.

Pour une écologie humaniste

Julien Aubert



Julien Aubert est député LR du Vaucluse.© Sipa Press


Oui, nous faisons l’expérience d’une évolution climatique historique. Oui, cette évolution constitue un vrai défi pour les conditions de vie de l’espèce humaine.

Devons-nous nous arrêter pour autant aux propos catastrophistes de Greta Thunberg ? L’espèce humaine a connu très régulièrement des annonceurs de la fin du monde, particulièrement pendant les périodes troublées. On les appelle « millénaristes » et leur pensée est souvent plus de l’ordre de la croyance que de celui de la raison. Sur la question du climat, nous ne pouvons pas nous laisser submerger par l’émotion, voire par la peur, mais exercer notre raison, surtout quand la propagation de cette peur est financée par des milliardaires et des lobbys dont les intérêts sont bien opaques.

Quatre grandes divergences majeures existent entre ceux que l’on peut appeler « les écolo-millénaristes », qui prônent le grand effondrement, et les promoteurs d’une écologie humaniste, une écologie de Droite. Il est urgent de les expliciter.

Première divergence : les efforts de chaque Nation doivent être proportionnés
Les écolo-millénaristes proposent comme solution au réchauffement climatique de diviser par 6 ou 8 les émissions de CO2, sans tenir compte de la situation de chaque pays. En France, où nous pesons 1 % du problème, cela revient à consentir à des efforts hors normes pour bouger quelque dix millièmes de température. Que se passe-t-il concrètement à Washington, Pékin et New Delhi, là où se joue le cœur du problème ? On nous rétorque que la France doit faire autant d’efforts que les autres, alors que nous sommes de biens meilleurs élèves, « pour montrer l’exemple ». Qui peut croire que si demain la France renonçait à la bombe nucléaire, Pékin la suivrait, par exemple ? C’est naïf.

Deuxième divergence : adapter nos modes de production ne veut pas dire les détruire
Les écolo-millénaristes n’expliquent jamais ce que signifie exactement cette division par 6 ou 8 des émissions de CO2 : la fin de l’élevage car il produit des GES (d’où l’insistance sur le véganisme), la fin d’une partie de l’industrie, la fin des déplacements aériens (et donc des échanges, et du tourisme). Ce sont donc des millions d’emplois concernés. Faut-il jeter une partie du pays dans la pauvreté pour leur bien ? Pourquoi n’a-t-on pas de débat démocratique ?

Troisième divergence : il faut explorer le champ des technologies existantes ou nouvelles qui peuvent nous permettre de relever le défi
En effet, les écolo-millénaristes refusent que la Science puisse régler le problème du CO2 : on ne peut pas « tricher » en captant le CO2 dans le sol, la diminution des émissions ne peut passer que par un alter-modèle. Seul un changement de modèle capitaliste au profit d’un modèle malthusien (diminution de la population notamment) et « sobre » (un euphémisme pour remettre en cause à peu près tous les usages actuels) est acceptable. Rappelons que des solutions existent, qui relativisent l’agitation et la panique : la start-up cana­dienne Carbon Engi­nee­ring pour­rait par exemple avoir la solu­tion idéale pour captu­rer les émis­sions de gaz carbo­nique à grande échelle.

Elle a en effet imaginé un bâti­ment capable d’as­pi­rer chaque année autant de CO2 dans l’at­mo­sphère que 40 millions d’arbres. Le projet de Carbon Engi­nee­ring est en partie financé par le milliar­daire Bill Gates. Dans le même état d’esprit, en France, les écolo-millénaristes détruisent les centrales nucléaires qui permettent de lutter contre le réchauffement climatique en décarbonant l’économie. Cherchez l’erreur ! La raison : là encore, on invoque le « danger nucléaire » en agitant les peurs.

Quatrième divergence : l’humain n’est pas l’ennemi de la planète, il doit rester au cœur de nos projets
Le plus grave enfin : les écolo-millénaristes veulent évacuer l’Homme de leur raisonnement intellectuel. En effet comme je l’ai déjà écrit, ils se focalisent sur la peur et le diagnostic, en gelant derrière tout débat. Or, un médecin peut être le premier à détecter une maladie mais être mauvais à la soigner. Pour l’écolo-millénariste, le vrai problème de la planète, son cancer, c’est l’humain. L’humain qui produit, transforme, détruit, pille, chasse. Une des solutions serait ainsi de faire moins d’enfants, avancent même certains.
Tous ont un argument massue : face au danger, un seul chemin est possible. En faisant cela, ils nient la capacité de choix de l’homme sur son destin, le rôle de la démocratie (qui doit pour eux s’effacer devant l’Expert). Plus pernicieux, en expliquant que l’Homme doit respecter la Nature et s’adapter aux contraintes, ils remettent en cause involontairement l’apport du judaïsme, du christianisme, et des Lumières qui fait de l’Homme le cœur de tout système. Ce n’est plus la loi de Dieu, comme au Moyen-Age qui doit s’imposer, mais celle de la Planète. Celle-ci a ses clercs, ses dogmes, ses excommunications. Ne pas écouter la bonne parole, c’est être climatosceptique, l’équivalent de sataniste ou païen il y a mille ans. Voilà comment le parlementaire est sommé d’aller écouter le sermon car la vérité n’est plus dans l’hémicycle, dans la démocratie héritée de l’Humanisme, mais en surplomb des hommes.

En conclusion, il ne faut pas nier que notre modèle de consommation est excessif et que nous avons abîmé une partie du globe non seulement en extrayant des ressources mais surtout en artificialisant, en urbanisant, en polluant. De là, au nom de l’urgence, à vouloir basculer sans débat dans un modèle soi-disant anticapitaliste mais surtout antihumaniste, il y a une grande marge. Surtout quand ce millénarisme vert s’acoquine avec la mondialisation qu’il prétend exécrer en soutenant un gouvernement qui ratifie le CETA.

On ne bâtira pas une écologie alternative sans la connaissance, sans la science, sans le débat et surtout sans l’homme.


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L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XXX

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