Commentaire : un jour conseiller du ministre belge qui met en place le subventionnement des cycles combinés gaz, le lendemain cadre d' Electrabel qui voudrait bien en construire.En France, cela s'appelle du : PANTOUFLAGE!
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Du cabinet Marghem à Electrabel, un transfert qui passe mal
@belga
Remous dans le secteur de l’énergie: le conseiller qui travaillait sur le dossier du soutien des centrales au gaz est parti chez Electrabel, où il gère le même dossier. Une situation à laquelle la ministre Marghem nous dit vouloir mettre fin.
On se bousculait, mardi, à 9 heures tapantes, au comptoir d’accueil du siège d’ Elia, le gestionnaire du réseau belge à haute tension. Les principaux acteurs du secteur de l’énergie avaient rendez-vous pour une nouvelle longue réunion de la task-force CRM, cette enceinte où ils sont informés de l’avancement de ce dossier crucial et où ils peuvent faire part de leurs commentaires.
Ce conseiller était jusqu’il y a quelques semaines dans une position privilégiée qui lui a donné accès à une série d’informations confidentielles, notamment sur les projets de nouvelles centrales au gaz.
Le CRM, ou système de rémunération de capacité, est le mécanisme de soutien aux centrales au gaz que la Belgique est en train de mettre en place pour s’assurer de disposer de suffisamment de capacités de production électriques, malgré la sortie du nucléaire et la fermeture de centrales dans les pays voisins. Et surprise: Ruben Laleman, l’architecte du dossier au cabinet de la ministre de l’énergie Marie Christine Marghem (MR), participait à cette réunion, mais sous la casquette Electrabel. L’homme a en effet quitté le cabinet, il y a quelques semaines, pour devenir conseiller public affaires d’Engie Electrabel ENGI0,47% .
De gros intérêts en jeu
Ce transfuge est loin d’être anodin. Le mécanisme de rémunération que la Belgique s’apprête à mettre en place devrait se monter à plusieurs centaines de millions d’euros par an. Et plusieurs gros acteurs du secteur sont dans les starting-blocks pour en profiter – dont Electrabel. "Voir réapparaître l’homme qui a porté le dossier au cabinet Marghem sous la casquette du premier producteur du pays pose vraiment question", estime un acteur du secteur.
"Ce conseiller était jusqu’il y a quelques semaines dans une position privilégiée, renchérit un autre interlocuteur, qui lui a donné accès à une série d’informations confidentielles, notamment sur les projets de nouvelles centrales au gaz. Et le voilà qui met maintenant ses compétences au service d’un acteur privé!" Un troisième acteur du secteur parle de "problème déontologique grave qui fait que le processus n’est plus suffisamment neutre. Même s’il n’y a pas de règles précises en la matière, Engie aurait dû pour le moins se montrer prudent, et attendre un certain nombre de mois avant de mettre l’intéressé sur ce dossier." Chez Engie Electrabel, on ne voit pas vraiment le problème. "Il est tout à fait normal qu’après les élections, des experts du cabinet cherchent de nouveaux challenges professionnels, réagit Anne-Sophie Hugé, porte-parole. Et pour nous, l’important est d’avoir des gens compétents, qui connaissent l’urgence du sujet."
La ministre fédérale de l’énergie Marie Christine Marghem est d’un tout autre avis. Plus question pour elle que cet ex-collaborateur traite encore, de près ou de loin, le dossier (lire ci-contre).
Qui pour prendre le relais?
Ce transfert soulève une autre question: celle du suivi du dossier au cabinet Marghem durant les affaires courantes. La loi qui met en place le mécanisme de soutien aux centrales au gaz a été adoptée début avril. Mais il faut, d’ici la fin de l’année, avoir rédigé les arrêtés royaux qui doivent l’accompagner, pour pouvoir ensuite notifier ce soutien à la Commission européenne et être à temps pour lancer les premières enchères en 2021.
La ministre peut compter sur le comité de suivi qu’elle a mis en place et qui suit le dossier de très près.
Une série d’interlocuteurs se veulent rassurants sur ce point. "La ministre peut compter sur le comité de suivi qu’elle a mis en place et qui suit le dossier de très près." Un comité où l’on retrouve la Creg, Elia, l’administration de l’énergie, mais aussi le consultant PwC et le bureau d’avocats Janson Baugniet.
D’autres se montrent moins optimistes. "Le travail qui reste à faire est extrêmement complexe, et doit se faire à un rythme très soutenu, avec plusieurs réunions par semaines. Il faut pour cela quelqu’un qui comprenne bien le dossier au cabinet, pour pouvoir faire les arbitrages nécessaires. Le départ du principal collaborateur en charge de ce dossier est donc un vrai souci."
4 questions à Marie Christine Marghem, ministre fédérale de l'Energie
1. Saviez-vous que votre ex-collaborateur chargé du soutien aux centrales au gaz gère aujourd’hui le dossier pour Electrabel?
J’ai appris, quasiment en même temps que vous, qu’Engie avait eu la brillante idée de l’envoyer comme un de ses représentants pour tout ce qui concerne le CRM (le mécanisme de rémunération qui doit permettre la construction ou la rénovation de centrales au gaz, NDLR). C’est problématique, et je le leur ai fait savoir.
2. Que réclamez-vous à Engie Electrabel?
Il est hors de question que je vois encore, de loin ou de près, un cil de cet ex-collaborateur sur le dossier. C’est un excellent collaborateur, qui n’a pas quitté le cabinet en mauvais termes. Mais du point de vue de la juriste que je suis encore, il est important dans ce dossier que tout le monde soit absolument traité sur un plan d’égalité.
3. N’est-il pas parti chez Electrabel avec des informations confidentielles?
Quand on quitte le cabinet, on signe un document où l’on s’engage à respecter une frontière imperméable entre la vie de cabinet qu’on quitte et sa nouvelle vie.
4. Autre problème potentiel: qui va le remplacer sur ce dossier où énormément de travail reste à faire?
Une grosse partie du travail se déroule en comité de suivi, avec l’apport d’une série de partenaires extérieurs. Ma cheffe de cabinet et moi connaissons très bien le dossier, et nous pouvons compter sur l’ensemble de la cellule énergie, Martial Pardoen, Jean-Christophe Salembier et Baudouin Arien pour nous assister.
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