UNION EUROPÉENNE, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : " LES AMIS DU RENOUVELABLE " MÈNENT LA DANSE

  " Par quel miracle l'homme consent-il à faire ce qu'il fait sur cette terre, lui qui doit mourir ? "
  DE CHATEAUBRIAND, François, Mémoires d' outre-tombe, Livres XIII à XXIV, Classiques Garnier, Paris, I998, p. 60.
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Le nucléaire européen sous influence allemande

  Les orientations données aux politiques européennes de transition énergétique posent directement la question d’une hégémonie allemande en Europe. Baptisées de noms comme « Green Deal », « Fit for 55 » ou « RePowerEU », qui les inscrivent dans une vision prospective guidée par l’impératif de transition énergétique, ces politiques doivent en effet beaucoup à l’Allemagne et à son puissant lobbying qui a polarisé fondamentalement tout le dispositif européen, lui permettant même de remettre en discussion des orientations, voire des décisions prises, qui dévieraient de sa ligne, — ou de ses intérêts. Chacun se souvient du revirement tragi-comique qui a vu Berlin bloquer le texte sur l’interdiction de vente des véhicules essence ou diesel au-delà de 2035, en sortant de son chapeau l’échappatoire des e-carburants pour protéger son industrie automobile.
  Il en va de même de la place faite au nucléaire dans la démarche de transition et, plus fondamentalement, de la légitimité de la place de la filière dans les mix électriques, en contravention formelle avec les traités, Rome, Maastricht, qui affirment et réaffirment le principe de subsidiarité en matière de choix énergétiques.
   Un biais redoutable consiste à spolier le nucléaire d’aides financières, institutionnelles ou privées, pour son exploitation et pour son développement. L’Allemagne, via des institutions européennes obéissantes, s’y emploie depuis des années, avec une efficacité redoutable, sans que la France ait vraiment regimbé, même quand ses primes intérêts étaient en jeu.
   Dernier avatar de cette guerre ouverte, une évolution du texte « Net Zero Industry Act » par les eurodéputés, dans lequel le rapporteur, allemand, membre du PPE, propose de faire coïncider le périmètre des technologies considérées comme prioritaires avec celui de la fameuse Taxonomie, mais en en excluant le nucléaire !
   Pour mémoire, le nucléaire ne figurait dans la Taxonomie que sous des conditions extraordinairement restrictives : n’étaient en effet « tolérés » que les réacteurs de la « Génération 4 » et les SMR[1], ce qui excluait donc le nucléaire existant et les réacteurs, de type EPR ou équivalent, en cours de construction ou projetés, ainsi, de facto, le programme de relance français.
   La France se trouve ainsi particulièrement exposée, sinon spécifiquement visée. Comment regarder autrement l’attitude d’un Exécutif européen qui dispose, sans ciller, que le nucléaire « n’est pas stratégique » s’agissant des technologies dont compte user le continent pour honorer ses ambitieux, comprendre « irréalistes », objectifs en matière de rejets de gaz à effets de serre ?
   À cet égard, on peut soutenir que le paravent anti-nucléaire brandi par l’Allemagne, comme la promotion de l’hydrogène vert, ont servi commodément à cacher d’autres visées, moins idéologiques et plus pragmatiques, comme l’affaiblissement d’un concurrent français, compétitif sur certains segments grâce au coût de production peu élevé de l’électricité nucléaire, mais aussi à camoufler la honteuse « okölogischer Verrat », trahison écologique, qui se cache derrière l’« Energiewende » : transition énergétique.

De la suite dans les idées
  En Allemagne, pour la production d’électricité, le choix d’un couple EnRs-gaz, en appui sur le charbon importé et sur l’abominable lignite local, effectué dès les mandatures Schröder, I998, a été justifié d’entrée de jeu comme un moyen d’éradiquer le nucléaire : qui contribuait alors pour un tiers à l’alimentation électrique du pays. Cette option radicale, instaurée par une loi de 200I, a immédiatement et durablement trouvé son public, travaillé depuis l’époque de la guerre froide par les mouvement pacifistes et anti-nucléaires.
  L’industrie, le tertiaire et les ménages allemands étaient déjà très utilisateurs de gaz, mais dans le discours, le risque d’une dépendance accrue à la source russe, déjà la principale source, allemande de gaz et de pétrole car abondante et bon marché, a été commué en opportunité économique. Le mantra opposable à toute suspicion étant : « les Russes auront toujours besoin de nous vendre leur gaz et leur pétrole ».
  Parallèlement au déploiement des éoliennes et des panneaux PV, les fermetures successives des réacteurs allemands ont constitué autant de jalons de crédibilité de la démarche, surtout quand on mettait ostensiblement au rebut des machines puissantes et modernes, riches encore d’au moins vingt ans de potentiel. Ainsi, les trois dernières unités arrêtées au printemps 2023, qu’on avait quand même dû prolonger de quelques mois, pour cause de passage de l’hiver dans un contexte de pénurie de gaz consécutive à la guerre en Ukraine.
  Pour autant, une telle politique, fortement questionnée par le contexte géopolitique et par une opinion qui commence à s’interroger, n’a pas changé d’un iota. Les intérêts stratégiques en jeu restent en effet les mêmes : élimination progressive de l’électronucléaire sur la plaque européenne pour raccourcir un levier efficace de concurrence industrielle et pour conserver, voire augmenter, les possibilités de déploiement des EnRs de facture allemande, sur le sol européen, dont la France, cliente aveugle et fidèle.
  Ce schéma est adoubé par un puissant lobby gazier, grand bénéficiaire de l’intermittence et qui a su rapidement se ressourcer en aval de la retraite de Russie. De même, les quatre majors historiques allemandes[2] qui se partagent la production-distribution d’électricité et pâtirent trop longtemps de l’efficacité de l’anachronique EDF étatique, peuvent y trouver leur compte : sans bien sûr oublier Engie, en embuscade.
  Mais le cynisme, que d’aucuns qualifieront de pragmatisme, voire de rigueur idéologique, habillé du rhénan « ordolibéralisme », va bien au-delà, puisque, dans le même temps, l’Allemagne a dû s’appuyer davantage sur ses centrales brûlant du charbon et du lignite, + I0% en un an, et 2 fois plus de CO2 émanant de chaque kWh produit que la France, pour assurer ses besoins et même pour exporter son courant, la France étant d’ailleurs acheteuse, compte tenu de l’ampleur inédite, mais augurée passagère, de l’indisponibilité de ses réacteurs. Une telle configuration, aux effets encore outrés par le retard à la mise en service de l’ EPR de Flamanville, a forcément nui au crédit du nucléaire, et plus généralement de celui de la France, dans le bras de fer européen actuel.
  L’Allemagne, pour arriver à ses fins, s’appuie, si nécessaire, sur un groupe constitué de pays affidés, dont l’Autriche et le Luxembourg sont les membres les plus véhéments. Plus surprenant, la Belgique se prête au jeu alors qu’elle vient de prolonger de dix ans deux de ses réacteurs, de même que l’Espagne, pays nucléaire qui ne se hâte pas d’en sortir.

Les masques sont tombés depuis longtemps
  Un tel positionnement, qui est largement celui des institutions européennes, Commission, Parlement et même Conseils, suggère fortement que l’objectif prioritaire n’est pas de décarboner le continent, mais de profiter d’une situation favorable à la promotion des EnRs, pour tenter d’éradiquer le nucléaire. Et force est de constater le résultat : une réduction effective des flottes nucléaires existantes en Europe et une entrave efficace à leur renouvellement, les tendances mondiales étant d’ailleurs strictement inverses, ce qui devrait interroger.
  Pourtant, ces substituts au nucléaire n’en sont pas vraiment car, intermittents, ils sont obligés de s’appuyer sur de solides « béquilles pilotables », dans le jargon des professionnels de l’équilibre du réseau électrique, pour garantir la continuité du service, et sans surprise, continuer à assurer une part importante de la production électrique : gaz charbon et lignite en Allemagne, gaz et nucléaire en Espagne, hydraulique en Scandinavie, gaz et nucléaire en France.
  Au discrédit de l’Allemagne, ses émissions de GES sont parmi les premières mondiales, en valeur absolue et per capita, tout particulièrement s’agissant de la production d’électricité. Le pays se présente néanmoins comme le modèle à suivre alors qu’il est éminemment non généralisable, car contraignant déjà fortement les réseaux de ses voisins pour gérer les « bouffées renouvelables » quand le vent souffle fort ou que le soleil brille par trop, sans parler de l’incidence de telles situations sur le marché européen de l’électricité.
  Malgré les présentations surréalistes des thuriféraires de cette politique, l’échec est patent si on considère les progrès accomplis en matière de réduction des émissions de GES, qui demeurent bien modestes et réversibles, au regard des colossales sommes investies dans le déploiement des EnRs.

La France trahie par les siens ?
  Face à une Commission clairement antinucléaire et à un Parlement sous forte influence verte, la position française, et celle de « l’Alliance nucléaire »[3] qu’elle a créée, est constamment attaquée, chaque nouvelle discussion afférente tournant à son désavantage. Même la très petite victoire indirecte, trop amplement saluée par notre Exécutif, sur la production d’hydrogène avec de l’électricité nucléaire, se trouve en fait vidée de son objet par des codicilles bloquants.
  À cet égard, on peut s’interroger sur le positionnement des représentations françaises dans les différentes instances européennes, car soutenir le nucléaire ne semble être le premier objectif d’aucune, y compris celle liée au parti majoritaire français. Nombre de votes qui se conforment à la logique politique des groupes d’appartenance au Parlement Européen sont, de fait hostiles au nucléaire, parfois en contradiction avec les positions des partis français auxquels ces députés sont adhérents. Restent les Conseils européens, où les positions françaises, même affirmées et réitérées, n’arrivent toujours pas à bousculer les positions allemandes. L’appui des pays de « l’Alliance nucléaire » pourrait changer la donne, mais rien n’est acquis.

[I] Réacteurs de génération 4 : ces réacteurs doivent apporter des avancées notables en matière de développement énergétique durable, de compétitivité économique, de sûreté et de fiabilité et de résistance à la prolifération et aux agressions externes : d’après la SFEN. SMR : Small Modular Reactor : réacteur nucléaire à fission, de taille et puissance plus faibles que celles des réacteurs conventionnels, fabriqué en usine et transporté sur le site d'implantation pour y être installé : d’après la SFEN.

[2] Appelons les par leurs anciens noms, plus représentatifs de leur implantation régionale : Bayernwerk, EnBW, Bade-Wurtemberg, Preussen Elektra et RWE : Rhénanie-Westphalie.

[3] « L’Alliance nucléaire »: pays réunis à l’initiative de la France pour un soutien au déploiement du nucléaire en Europe : la Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Finlande, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovénie, la Slovaquie et la Suède. Dans le camp opposé, s’est constituée l’association des « Amis des renouvelables » : le Luxembourg, l’Autriche, l’Espagne, la Grèce, Malte, le Danemark, l’Estonie, le Portugal, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Lettonie, la Slovénie, l’Irlande et la Belgique, certains pays faisant partie de deux cohortes.


  Sur le Web

LE DERNIER DES GRANDS MOGOLS, VIE D'AURENG ZEB, ÉPISODE XXII

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  La dernière période des guerres d' Aureng Zeb est encore plus confuse que la précédente. La disparition de Sivaji, loin d'avoir éclairci la situation, la compliqua, par les rivalités qui mirent aux prises ses fils et ses généraux.
  Le fils aîné de Sivaji, Sambadji,[ou Sambhaji Bhonsle, I657-I689; "... Le règne de Sambhaji a été largement marqué par les guerres incessantes entre l'empire Maratha et l'empire Moghol, ainsi que d'autres puissances voisines telles que les Abyssins de Janjira, les Wadiyars de Mysore et l'empire portugais de Goa. (...) À l'âge de neuf ans, Sambhaji est envoyé vivre chez Raja Jai Singh Ier d'Amber en tant qu'otage politique pour garantir le respect du traité de Purandar que Shivaji a signé avec les Moghols le II juin I665. (...) Le comportement de Sambhaji, notamment son irresponsabilité présumée et sa dépendance aux plaisirs sensuels, conduit Shivaji à emprisonner son fils au fort de Panhala en I678 afin de mettre un frein à son comportement. (...) À la mort de Shivaji, dans la première semaine d'avril I680, Sambhaji est toujours retenu en captivité au fort de Panhala. À cette époque, Soyrabai, l'ambitieuse veuve de Shivaji et belle-mère de Sambhaji, ainsi que des courtisans influents tels qu'Annaji Datto et d'autres ministres conspirent contre Sambhaji pour l'empêcher de succéder au trône. (...) À cette nouvelle, Sambhaji prépare son évasion et prend possession du fort de Panhala le 27 avril après avoir tué le commandant du fort. Le I8 juin, il prend le contrôle du fort de Raigad. Sambhaji monte officiellement sur le trône le 20 juillet I680. Rajaram, sa femme Janki Bai et sa mère Soyarabai sont emprisonnés. (...) Aureng Zeb décida alors d'attaquer la capitale marathe, le fort de Raigad, directement par le nord et le sud. Il a tenté d'encercler la capitale marathe, ce qui a conduit aux invasions mogholes du Konkan : I684. Les Moghols essuient une cuisante défaite en raison de la stratégie des Marathas et du climat rigoureux de la région. Ces échecs obligent Aurangzeb à se détourner de l'empire Maratha (...) Sous Sambhaji, I680-89, les Marathas parcourent l'Inde occidentale de long en large (...) Les récits de la confrontation de Sambhaji avec le souverain moghol, de la torture qui s'ensuivit, de son exécution et de l'élimination de son corps, varient considérablement selon la source, mais tous s'accordent généralement à dire qu'il a été torturé et exécuté sur l'ordre de l'empereur., ... "; sur le Web] du vivant de son père avait embrassé le parti des Mogols; il s'empressa pourtant de revendiquer la succession paternelle, mais il eut beaucoup de mal à se faire reconnaître de la plupart des officiers que soutenaient les brahmanes. Ces chefs prétendaient profiter des circonstances pour se rendre indépendants, chacun dans le gouvernement qui lui avait été assigné en récompense de ses services. Ils finirent pourtant par se rallier au fils de leur ancien maître, mais avec une bonne volonté chancelante, toujours prêts à trahir ou à agir pour leur propre compte.

Statue de Sambhaji dans la ville de Tulapur, État du Maharashtra : 20I2. Auteur Upadhye Guruji


  L'occasion paraissait favorable à Aureng Zeb pour reprendre la guerre. Il n'avait jamais abandonné ses prétentions sur le Dekkan. Dans une curieuse lettre à l'un de ses meilleurs généraux, Zul Fikar Khan, [Muhammad Ismail, I649 ou I657 - I7I3, connu sous le nom de Zulfiqar Khan. (...) Sous le règne d' Aureng Zeb, Zulfiqar Khan a mené plusieurs campagnes militaires à la poursuite des ambitions de l'empereur dans le Deccan et le sud de l'Inde, dont la plus notable est le siège de Jinji. Il a également occupé le poste de mir bakhshi, trésorier général, nommé vers la fin du règne d' Aureng Zeb et servant jusqu'à celui de Bahadur Shah I. Dans les années I700, Zulfiqar Khan était le noble le plus puissant de l'empire. Pour le rôle qu'il a joué dans l'accession de l'empereur Jahandar Shah, Zulfiqar Khan a été qualifié de premier " faiseur de rois " de l'histoire moghole. Pendant le règne de cet empereur, Zulfiqar Khan a occupé le poste de vizir et a agi en tant que dirigeant effectif de l'empire, avant d'être exécuté en I7I3, par le prétendant au trône Farrukhsiyar., ... "; sur le Web] lettre non datée, mais qui ne doit pas être antérieure à I690, il rappelle ses titres de propriétés sur cet immense territoire de l'empire mogol : " Jadis ce pays était gouverné par les rois de Delhi. Les puissants rois Bahamani [ou Bahmanî, était un sultanat situé dans le Dekkan, en Inde du Sud. I347 : révolte contre Delhi et fondation du sultanat; vers I470 : apogée du sultanat; I5I8 : démembrement en 5 États, Ahmadnâgar, Bîjâpur, Bîdâr, Berâr et Golkonda, appelé sultanats du Dekkan; leur guerre incessante entre eux, facilite leur intégration dans l' empire moghol; I527 : mort du dernier Sultan] l'usurpèrent, dépossédant les rois afghans de Delhi. Les ayant trouvés adonnés aux plaisirs sensuels et assujettis à des préoccupations profanes et viles, nous, — empereurs mogols, — prenons avantage de cet état de choses et nous saisissons du trône et du dais à notre profit. Les rois Bahamani traitèrent leurs traîtres avec méchanceté et infidélité; à leur tour, ils furent traités de même par leurs serviteurs. " Aureng Zeb se présente ici comme l'héritier et le vengeur des rois afghans de Delhi, justifiant ainsi sa conquête des États d' Ahmadnagar, de Bedar, de Berar, de Golconde et de Bijapur, débris du vaste empire fondé au XIVe siècle par la dynastie de Bahamani et morcelé au XVIe siècle en cinq royaumes distincts.

 

Portrait de Zulfiqar Khan, vers I690. Auteur inconnu. The Indian Portrait - I0. N.p., Archer Art Gallery, 20I9, pp. 30-33. Références

  C'est en I686 et I687, après la disparition de Sivaji, que les deux principaux de ces royaumes, ceux de Bijapur et de Golconde, furent définitivement conquis par Aureng Zeb. Quand ils comprirent, trop tard, que leur désunion les perdait, et qu'ils sentirent la situation désespérée, les rois de ces deux États songèrent à lier leurs intérêts à ceux de Sambadji, en formant avec lui une sorte de ligne défensive. À ce moment-là, une nombreuse armée mogole était réunie à la frontière du Dekkan. Mais la ligue projetée n'exista jamais que de nom et resta sans effet, par la suite de la faiblesse personnelle des trois alliés; le roi de Golconde complètement dominé par les brahmanes, le jeune roi de Bijapur, élevé dans le sérail par les femmes, sans argent, sans troupes et livré à des ministres corrompus, le chef Mahratte, détesté de ses officiers et de ses soldats pour ses excès et ses cruautés.
  Bijapur s'effondra le premier, moins sous le poids des armées ennemies que sous l'effet de la désagrégation intérieure; même les chefs fidèles, qui tenaient encore beaucoup de places fortes, furent obligés de céder faute d'argent et d'hommes. Aussi faible, mais plus habile, le roi de Golconde cherchait à gagner du temps en flattant le Grand Mogol par de nombreux présents; celui-ci ne manquait pas d'exploiter la situation et se livrait à un véritable chantage sur un monarque impuissant qui avait complètement aliéné son autorité entre les mains du brahmane Madena. Un jour, il lui fit réclamer un diamant de 420 carats, qu'on n'osa pas lui refuser; ["... Le Mogol continuant sa politique ordinaire à l’égard du roi de Golconde, renvoya le diamant de 420 mangelins qu’il avait reçu sous prétexte qu’ayant besoin d’argent et ne pouvant trouver à vendre cette pièce, il la renvoyait afin qu’on lui en fit tenir la valeur ; toute cette conduite, ainsi que je l’ai déjà remarqué, pour tirer peu à peu les richesses de ce prince, afin de le dénuer de forces et le mettre hors d’état de lever des troupes lorsqu’il trouverait à propos de l’attaquer., ... ";  MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p.36I.] chaque mois, au cours de l'année I684, c'était de nouvelles exigences et des sommes considérables passaient du trésor de Golconde dans celui de Delhi. La rupture se produisit en août I685 : l'infortuné souverain avait eu un sursaut d' énergie; profitant de l'absence de l'ambassadeur mogol, il avait fait saisir dans le palais de l'ambassade un million deux cent mille roupies destinées au tribut annuel; après quoi, il avait signifié à l'ambassadeur un ordre d' expulsion. Aureng Zeb riposta en faisant immédiatement marcher contre Golconde une armée sous les ordres du prince Muazzam.[ou Chah Alem] Cette armée n'éprouva aucune résistance sérieuse et, à la fin de l'année, les troupes ennemies, commandées par Madena et le général Mehemet Ibrahim, se retirèrent sous la protection de la forteresse où le roi s'était enfermé. Pendant ce temps, Muazzam entrait dans le Bagnabar,[ou Bagnagar] une des plus riches ville de l' Inde, où Mehemet Ibrahim, trahissant son maître, vint le rejoindre. Madena fut mis à mort au moment où il se disposait, lui aussi, à passer dans l'autre camp. ["Cet avis fut donné au prince pendant qu’il s’entretenait dans son palais avec Madena sur l’état de ses affaires ; il demanda à ce brahme ce qu’il disait de cet avis ; il répondit que si S. M. voulait lui donner la permission de sortir de la forteresse, il s’engageait à lui livrer ce traître. C’est ainsi qu’il nommait Mehemet Ibrahim. Le roi, sans répliquer, entra dans l’appartement des dames d’où l’on entendit une voix d’une des premières dames, que Madena était un perfide, qu’il ne demandait à sortir de la place que pour donner le coup à la trahison qu’il avait brossée et qu’il fallait le tuer. On ne sait si le roi fit donner cet ordre par la dame ; un cafre, esclave du roi défunt, était alors auprès de Madena, il n’attendit point un deuxième ordre, il le tua sur-le-champ de plusieurs coups de sabre et, suivi ensuite de plusieurs de ses camarades, il fut au logis d’ Enkana, frère du ministre, qui eut la même destinée, ainsi que tous les autres brahmes qu’on trouva dans la forteresse. Les corps d’ Enkana et de Madena furent traînés par les rues et attachés après par les pieds aux murs de la forteresse en dehors, afin que l’armée en eût la vue. Leurs têtes furent coupées ensuite et envoyées au sultan Cha Alem. Elles furent portées depuis au Mogol ; ce prince les fit jeter aux pieds des éléphants. Voilà la fin du ministre Madena et de son frère. On n’en resta pas là ; les ordres furent donnés de faire main basse sur leurs parents et leurs créatures qui étaient en divers endroits du royaume et bien exécutés.";  MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. pp. 4I6-4I7]
  À Bagnabar, Badour Khan,[un des premiers omrahs ou grands de la cour du Mogol] à qui Muazzam avait abandonné le commandement de la place, exerçait les pires atrocités pour tirer l'argent de la ville; avec la complicité de Mehemet Ibrahim, il dépouilla méthodiquement les brahmanes, les riches commerçants et même les étrangers, imposant, par exemple, une rançon de cinquante mille roupies au chef du comptoir hollandais. Le prince Muazzam, qui jusqu'ici s'était montré plus humain, s'associa à ces excès quand il apprit qu'un convoi mongol, escortant le présent que son père lui envoyait en reconnaissance de sa belle conduite, avait été pillé par une bande de partisans qui tenaient la campagne. Il autorisa alors le sac de la ville. ["...Il y a ordinairement dans les armées du Mogol un corps de troupes qu’on appelle bandoles, et d’où vient peut-être le nom de bandits; ces gens-là ne reçoivent point de solde ; ils marchent à la tête des armées comme avant coureurs et ne subsistent que du pillage qu’ils font. Ces voleurs de profession se répandirent dans la ville, ils y firent tous les désordres dont les gens de ce caractère sont capables ; ils enlevèrent tout ce qu’ils rencontrèrent et firent souffrir des questions les plus cruelles aux gens qui tombaient entre leurs mains pour leur faire découvrir s’ils avaient caché de l’argent. Ge pillage dura vingt-quatre heures., ..."; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 4I8] Bagnabar fut abandonné, et Muazzam se retira, suivi de Mehemet Ibrahim, à qui Aureng Zeb, pour prix de sa trahison, avait donné un commandement dans son armée.
  À partir de ce moment, tout alla de mal en pis pour le roi de Golconde; les revenus du royaume ne pouvaient plus suffire à payer le lourd tribu exigé par le vainqueur. En février I687, le Grand Mogol, s'avançait lui-même à la tête de son armée vers la capitale; les villes et les campagnes se dépeuplaient à son approche. Il ne trouvait devant lui qu'un corps de vingt-cinq mille cavaliers, alors qu'il disposait du double. En outre, le roi refusait de prendre le commandement de ses troupes; ses meilleurs officiers, rebutés par sa lâcheté, l'abandonnèrent successivement. La chute de Golconde était inévitable; les étrangers établis dans cette région de l' Inde, comprenant que cette victoire ferait tomber aux mains du Mogol tout le Carnatic, [ou Carnatique; le nom de Carnatique, Carnate, Karnatic ou Karnata, s'appliquait originellement à un vaste territoire comprenant presque tout le Deccan méridional, correspondant au royaume de Vijayanagara. Son étymologie viendrait, selon Robert Caldwell, Comparative Grammar of the Dravidian Languages, de kar « noir » et de nadu « pays », en raison de la couleur du sol du Deccan méridional] suivaient les évènements avec attention. Les Anglais, en particulier, s'inquiétaient pour leurs établissements de Madras.
  En avril, un fait inattendu vint contrarier les projets d' Aureng Zeb et retarder le siège de Golconde. Il apprit que son fils, le prince Muazzam, avait conclu un traité en secret avec le roi ennemi, après l'affaire de Bagnabar; [les espions de l'empereur interceptent des messages de trahison échangés entre Mu'azzam et Abul Hasan, le souverain de Golconda] se fondant sur les termes de ce traité, le prince protestait contre l'invasion du royaume par les troupes mogoles et refusait de s' y associer. Son père le fit immédiatement arrêter avec toute sa famille; ["... Aureng Zeb emprisonne Mu'azzam et ses fils, exécute ses plus proches partisans, ordonne que son harem soit " expédié dans la lointaine Delhi ". Aurangzeb interdit à Mu'azzam de se couper les ongles ou les cheveux pendant six mois, donne des ordres le privant de " bonne nourriture ou d'eau froide ". Il ne devait rencontrer personne sans l'accord préalable de son père., ... "; sur le Web] on lui enleva ses papiers, ses biens, jusqu'aux bijoux de ses femmes; les gens de sa maison furent dispersés et ses soldats incorporés de force dans l'armée impériale. Les historiens ont loué les bons sentiments et la droiture de caractère de Muazzam; on lui reproche même une certaine faiblesse. Il résista aux pressantes sollicitations de son jeune fils, qui le poussait à prendre les armes contre son père et à chercher une mort digne de lui plutôt que de subir une honteuse captivité. Quand il eut réglé cet incident familial, avec la froide et prompte décision qui lui était habituelle, Aureng Zeb reprit les opérations contre la citadelle de Golconde : les fossés avaient été comblés, des batteries hissées sur des terrasses surplombant les remparts; en juin, trois assauts successifs furent donnés et les assiégeants perdirent deux mille cinq cents hommes; à la faveur des brèches ouvertes par l'explosion de deux mines, les assiégés firent une sortie heureuse et pillèrent le camp mogol, où ils enclouèrent plusieurs canons. [nom donné à une pratique de sabotage sur les anciens canons à chargement par la bouche; cela consistait à introduire à coups de marteau un clou sans tête dans la lumière de mise à feu afin de l'obturer] Découragé, l'empereur résolut d'attendre que la trahison ou la famine lui livrassent la place. Son attente ne fut pas longtemps trompée : un matin, il trouva " les portes ouvertes, les troupes sur les murailles et les bastions, endormies sans armes, le roi dans son sérail, avec une espèce d'indolence, de même que s'il n' y avait point eu de guerre et que l'action ne l'eût point touché ". Ce tableau caractéristique nous est tracé par un contemporain. Au camp du Mogol, dont toute une partie était convertie en prison, le roi rejoignit les autres captifs de marque : son royal confrère de Bijapur, le prince Muazzam et ses fils. ["... Le Roi de Golconde fut envoyé à Dolatabad : c’est une forteresse dans le Décan, située sur une montagne de rochers, à six lieues d’ Aurengabad, pour y passer le reste de sa vie en prison ; le Mogol fixa une pension pour son entretien et pour celui des officiers qui furent enfermés avec lui pour le servir., ... "; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 509.]
  La fin de Golconde entraînait celle de tout le Carnatic, dont Aureng Zeb pris possession sans effusion de sang. Les Anglais de Madras et les Hollandais de Paliacate s'empressèrent d'envoyer leurs félicitations aux vainqueurs, dont ils dépendaient désormais, et organisèrent de grandes réjouissances en son honneur. Mehemet Ibrahim, déjà payé de sa trahison par un important commandement militaire, fut nommé gouverneur de la contrée.

***

  En ayant fini avec Bijapur et Golconde, Aureng Zeb allait pouvoir tourner toutes ses forces contre les Mahrattes.
  Depuis I680, Sambadji s'était débarrassé de la plupart des partisans de son père qui lui étaient hostiles, afin d'établir plus solidement son autorité personnelle. C'était un terrible homme, plus déterminé encore que Sivaji, et plus cruel. Il fit quelques exemples parmi les officiers et les brahmanes, et obtint ainsi la soumission, tout au moins apparente, de ceux qui hésitaient encore. Notamment, le gouverneur rebelle de la province de Djindji [ou Gingee; "... est l'un des derniers forts existant au Tamil Nadu en Inde. (...) L'ouvrage est si puissamment fortifié que le roi Marathe Shivaji, l'a classé comme la forteresse la plus imprenable de l'Inde et il a été appelé la Troie de l'Orient par les Britanniques. (...) Les Nawabs de Bijapur, qui ont occupé le fort de I660 à I677, l'ont appelé Badshabad, tandis que les Marathes qui leur ont succédé l'ont appelé Chandry ou Chindy. Lors de leur prise du fort en I698, les Moghols l'appelèrent Nusratgadh en l'honneur du Nawab Zulfiqar Khan Nusrat Jung, commandant en chef de l'armée assiégeante. Plus tard, les Anglais et les Français l'appelèrent Gingee ou Jinji. Les premiers documents anglais de Madras donnent l’orthographe Chingee ou Chengey. (...) C'est la dynastie Kon qui aurait jeté les bases du fort en II90, mais la première mention du fort de Gingee se trouve dans une inscription évoquant le roi Chola Vikrama, III8-II33, (...) En I638, Gingee est donc sous le contrôle indirect du Sultanat de Bijapur du Vijayanagar. Il organise l'Inde du Sud sous la direction de trois Nayaks placés à la tête de trois régions; Madurai, Thanjavur et Gingee. Sous les Nayaks, les forts sont renforcés et la ville considérablement agrandie., ... ": sur le Web] avait été mis aux fers. Djindji est un nom que nous allons rencontrer souvent au cours de cette histoire; la citadelle qui commandait tout le pays jouera un rôle essentiel dans la lutte entre Mogols et Mahrattes. En mars I68I, Ary Raja, beau-frère de Sambadji, vint occuper cette position capitale, pendant que Sambadji lui-même, suivant les traces de son père, s'attardait à piller au nord l'importante ville de Berhanpur,[ou Burhanpur] et à dévaliser au passage les riches caravanes mongoles en route vers Agra. Tout le pays fut dévasté, malgré les efforts de Baloul Khan, frère de lait d' Aureng Zeb, envoyé par l'empereur pour contenir cette vague mahratte qui déferlait jusqu'aux abords d' Aurengabad. Mais le bruit courait que Baloul Khan s'entendait en sous-main avec l'ennemi qu'il était chargé de tenir en respect, et qu'il prélevait sa part du butin.


La forteresse vu de la route, 20I6. Auteur Karty Jazz

  En novembre I68I, l'empereur lui-même concentra de grandes forces à proximité de Berhanpur,[ou Berhampour] dans l'intention de prendre l'offensive au Dekkan; il avait appris avec irritation que le chef mahratte était ravitaillé secrètement par les Portugais de Surate qui lui faisaient passer des armes et des munitions. ["... Le gouverneur de Surate qui en fut informé fit des plaintes aux courtiers de la Compagnie de ce qu’on envoyait des armes et des munitions aux ennemis du Mogol. On avait avis que ce prince s’était avancé jusqu’à Berhampour où il assemblait de grandes forces pour entrer dans la province du Décan et passer ensuite dans les États de Sommagy Raja y porter le fer et le feu. Rajapour était des dépendances de ce prince., ... "; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 277] Il savait que Sambadji n'était pas sans avoir lui-même de graves difficultés dans ses propres États, et il n'oubliait pas que ce chef ingrat avait trouvé jadis asile auprès de lui quand il fuyait les persécutions de son père. Les brahmanes, tout-puissants dans la plupart des principautés hindoues, étaient restés les ennemis irréductibles du nouveau chef mahratte; ils ne lui étaient soumis qu'en apparence. Autrefois, ils avaient poussé Sivaji à déshériter son fils aîné au profit de son second fils, Ram Raja.[Rajaram Raje Bhosle, I670-I700; il succède à son demi-frère aîné, en tant que Chhatrapati, empereur, après l'exécution de celui-ci par Aureng Zeb, en I689] [" ...Sivagy avait deux enfants de deux femmes : l’aîné Sommagy Raja, le cadet nommé Ram Raja. Sommagy, par l’antipathie qu’il avait contre les brahmes ou par d’autres raisons de politique, les haïssait autant que son père les aimait par les services qu’il en tirait. Ges gens-là, par la connaissance qu’ils en eurent, traversaient au jeune prince dans toutes les occasions, ce qui le porta à se retirer de la cour et d’auprès de son père et passer chez le Mogol. Je n’ai pas su les raisons qui le firent retourner quelques années après ; on dit que les brahmes qui n’avaient rien à espérer de bon de son gouvernement sollicitaient Sivagy d’instituer pour héritier de ses États Ram Raja. C’était pour lors un jeune prince de 8 à I0 ans; (...) Sommagy, outre qu’il leur était connu, était un homme fait. Sivagy mourut dans cette conjoncture ; quelques-uns ont dit qu’il avait fait son testament suivant l’inclination des brahmes qui l’avaient reçu dans leur tribu ; cependant Sommagy Raja s’empara du gouvernement après la mort de son père; (...) Voilà l’état de cette cour où l’on donnait avis que Sultan Akbar s’était retiré., ... "; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. pp. 280-28I] Déçus de leurs espérances, ils reprenaient sourdement leurs intrigues, dans l'espoir que, s'ils élevaient ce jeune prince au pouvoir, ils seraient maîtres de l' État en son nom. Mais Sambadji avait fait arrêter et enfermé son frère. Averti d'un complot qui se tramait pour délivrer le prisonnier, il fit exécuter quatorze brahmanes, des plus considérables. L'histoire rapporte qu'il donna cet ordre dans un accès d' ivresse, car le chef mahratte joignait l' intempérance à tous ses autres mauvais instincts. En tout cas, cette exécution sommaire eut parmi ses sujets un grand retentissement.
 
 
Chhatrapati Rajaram. Extrait de : A history of the Maratha people. Vol II., I922, — Charles Augustus Kincaid & Dattatray Balwant Parasnis.

  Si dans la lutte engagée, les Portugais soutenaient les Mahrattes, les Anglais offrirent leur appui aux Mogols. Ils firent proposer à Aureng Zeb de mettre plusieurs vaisseaux à sa disposition, s'il acceptait de réduire les droits de douane pour leur Compagnie [ceux-ci étaient passés de I.5% à 2%] et de leur livrer la forteresse que Sivaji avait fait construire dans une île près de Bombay et qui les gênait. L'empereur semble avoir écarté ces propositions. En tout cas, il refusa l'offre des navires anglais et fit armer par le gouverneur de Surate les bateaux qui lui étaient nécessaires pour son entreprise : il voulait attaquer Sambadji à la fois par terre et par mer, pendant que celui-ci se disposait à marcher sur Goa. Aureng Zeb envoya aussitôt son fils Chah Alem, à la tête d'une forte armée, au secours des Portugais menacés. François Martin admire en ceci le sens politique du Grand Mogol : " Il hait également les Chrétiens et les Gentils; ses vues étaient de les détruire l'un par l'autre; il soutenait les Portugais parce qu'il ne les croyait pas en état de résister à Sambadji et il n'était pas de ses intérêts que ce prince s'agrandit davantage. "
  Ajoutons à ce commentaire qu'on sera légitimement surpris de voir en cette affaire les marchands portugais qui, quelques mois auparavant, faisaient de la contrebande de guerre au profit des Mahrattes, n'obtenir, pour prix de leur collaboration, qu'une menace redoutable sur le point le plus sensible de leurs intérêts commerciaux. Mais dans ce difficile réseau d'intérêts et d'intrigues, les fils se croisent et s'embrouillent sans cesse, avec une absence de logique et de suite qui déconcerte l' historien.
  La guerre entre les Mahrattes et les Portugais de Goa n'est qu'un épisode secondaire de notre histoire. Elle fut surtout le prétexte, de part et d'autre, à des destructions et à des pillages systématiques qui dévastèrent toute la côte de Malabar et y ruinèrent tout commerce pour quelques années. Sambadji avait occupé la plupart des îles et arrêtait les bateaux au passage. Les Portugais attendaient en vain les secours mogols.["... Ce n’était pas seulement à Goa que les Portugais étaient pressés, ils n’étaient pas mieux dans les terres qu’ils tiennent depuis Daman jusqu’à Basseïn ; les troupes de Sommagy désolaient aussi toute la campagne, brûlaient les aidées et faisaient main basse sur tout. Ils attaquèrent la forteresse de Maÿm dont ils furent repoussés ; ils réussirent mieux à l’attaque du fort de la roche d’ Asserim et presque imprenable sur une garnison qui aurait eu un peu de vigueur. C’est la clef de l’entrée des terres de Sommagy Raja sur celles des Portugais ; cette place fut enlevée par une espèce de surprise. On a soupçonné le gouverneur qui y était d’avoir été d’intelligence avec les ennemis moyennant une somme de 40 à 50.000 xéraphins qu’il reçut., ... "; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 340.] C'est seulement à la fin avril que l'armée de Chah Alem fit son apparition à proximité de Goa et cette approche intimida les Mahrattes. Aussitôt des bruits de paix coururent. Mais Aureng Zeb n'avait pas mobilisé pour rien une grande partie de ses troupes. Elles pénétrèrent sur le territoire conquis par Sambadji et achevèrent de ruiner le pays, en sorte que les Portugais ne tardèrent pas à se repentir d'avoir attiré si près d'eux de si dangereux alliés. Sous prétexte de prendre possession des terres que son père lui avait accordées en récompense de sa facile victoire, Chah Alem ne prétendait-il pas se faire livrer jusqu'aux cimetières dont les Européens avaient eu la propriété depuis de longues années ? Ce macabre différend ne fut aplani qu' avec peine. En réalité, Aureng Zeb ne pardonnait pas aux Portugais de s'être mis d'accord avec les Mahrattes en dehors de lui et sans avoir attendu l'effet de son intervention. Il aurait souhaité prolonger l'hostilité entre les deux partis, pour les affaiblir l'un par l'autre. Aussi fit-il le plus froid accueil à une ambassade qu'il reçut de Goa en novembre I684 : ses alliés lui demandaient d'avoir égard aux pertes qu'ils avaient subies en se jetant dans son parti contre Sambadji, et qu'ils évaluaient à vingt millions de roupies; pour appuyer leur requête, ils envoyaient en présent douze pièces d' artillerie, plusieurs caisses de bougies et des objets précieux du Japon. Le Mogol garda les canons, les bougies et les objets d' art, mais renvoya les ambassadeurs sans rien accorder. ["... le vice-roi de Goa y avait envoyé un ambassadeur qui lui présenta douze petites pièces de canon de fonte, des caisses de bougie blanche qui est aussi belle à Goa que dans aucun lieu du monde et plusieurs curiosités du Japon. L’essentiel de l’ambassade était de représenter au Mogol les pertes que les Portugais avaient souffertes de s’être jetés dans son parti contre Sommagy Raja ; on marquait que l’on faisait monter ces pertes à 20 laks de rs.— ce sont près de trois millions de nos livres — et que le vice-roi suppliait ce prince d’y avoir égard. Les présents furent reçus ; on renvoya l’ambassadeur avec de grandes promesses. C’est tout ce que les Portugais ont eu de cette guerre où l’on a cru qu’ils s’étaient jetés très mal à propos., ... "; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 372.]
  En avril I685, les relations furent de nouveau rompues entre les Mahrattes et Goa, parce que les Portugais avaient donné asile à quelques officiers de Sambadji qui, révoltés des cruautés de leur maître, avaient formé une conspiration contre lui.["...plusieurs de ses principaux officiers de former une conjuration contre lui ; elle fut découverte et plusieurs exécutés. Deux dessays se retirèrent à Goa ; (...) Ces dessays sont des gens autorisés dans le pays qui ont du bien, plusieurs esclaves, des troupeaux et qui font valoir les terres du prince qu’ils prennent à ferme et, comme ils sous-afferment aux peuples de la campagne, ils les ont presque tous à eux ; ils sont capables de faire du mal dans un pays lorsqu’ils s’unissent entre eux., ..."; MARTIN François, Mémoires de François Martin, fondateur de Pondichéry : I665-I696. Tome II, Société de l'Histoire des colonies françaises, I932. p. 390-39I.] Comme ils refusaient de les livrer, la guerre faillit reprendre, mais peu à peu l'alerte s'apaisa et, à la fin de I686, les Européens furent délivrés de leur redoutable voisin.
  La mort de Sambadji, sans aplanir toutes les difficultés, fut un soulagement provisoire pour son propre peuple, comme pour les peuples qu'il avait combattus. Il succomba à un complot formé par les brahmanes avec l'appui des Mogols. Les premiers, n'osant le tuer eux-mêmes, le livrèrent à ses ennemis au cours d'une partie de chasse. Les officiers d' Aureng Zeb qui surprirent le chef mahratte alors qu'il se baignait dans une rivière, lui tranchèrent la tête et la portèrent à l'empereur qui la fit exposer dans plusieurs villes de ses États. En même temps que Sambadji, son fils Sahu [I682-I749; il resta prisonnier des Mogols jusqu'en I707; libéré, après la mort d' Aureng Zeb, sous la condition de provoquer une lutte intestine avec les factions de Tarabai, tante de Sahu et, belle-fille de Sivaji, régente de l'Empire marathe de l'Inde de I700 à I708, pendant de la minorité de son fils, Shivaji II; il défie immédiatement Tarabai et son fils Shivaji II pour la direction de la politique marathe. Il sort vainqueur de la bataille de Khed, I2 octobre I707, qui l' oppose aux armées de Tarabai et de Shivaji II; il devient Sahu I; considéré comme le " Bhola Shankar ", incarnation bienveillante de Shiva, il était réputé pour sa proverbiale équité et fréquentait librement les civils; Shahu a accru la vaillance de ses soldats et, leur donnant un vaste champ d'expansion, il a étendu les dominations Maratha dans toutes les régions de l'Inde, réalisant ainsi les souhaits ardents de son grand-père Shivaji. L'un des traits particuliers du caractère de Shahu était qu'il éprouvait le plus grand plaisir à rendre les autres heureux, non seulement ses dépendants et ses sujets, mais même les étrangers de race, de religion et de régime. Lui-même menant une vie d'ascète simple et frugale, il se réjouissait de voir les gens s'adonner à leurs différents métiers et activités. On pourrait même dire qu'il était un saint à cet égard. Même face à des meurtriers qui venaient l'attaquer, il les laissait impunis et créait ainsi dans l'esprit du public un véritable sentiment de vénération pour sa personnalité; Chhatrapati Shahu est mort le I5 décembre I749 à Shahunagar. Dans ses archives après la mort de Shahu, Malhar Chitnis déclare : " Il était un père et un protecteur pour les jeunes et les vieux, pour les hommes et les femmes, pour les nobles et les serviteurs, pour les grands et les petits. Un tel roi n'avait jamais existé auparavant. Sous son gouvernement, même les criminels n'étaient pas traités avec sévérité. Il n'avait pas d'ennemi., ... "; sur le Web] et son favori Kalisa avaient été capturés.
  Cette fin misérable d'un rival détesté vengeait le Grand Mogol de toutes les pertes et surtout de toutes les humiliations qu'il avait subies au cours des années précédentes. L'une des plus sensibles était la capitulation de Khasim Khan, l'un de ses généraux préférés et des plus braves, dans le Carnatic; après la défaite de Danderi, le général, ses officiers et ses soldats avaient été dépouillés de leurs armes et de leurs vêtements par un ennemi implacable.


 
Impression d'artiste de Tarabai, vers I928. Extrait de Story Of Ichalkaranji by H. George Franks
 
 
 
 Sahu I tenant un flacon, janvier I750

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  À plusieurs reprises, dans ses lettres, Aureng Zeb laisse éclater sa haine contre cette terrible famille de Sivaji et sa volonté de l'exterminer jusqu'au dernier rejeton. Mais la disparition de Sambadji en I685 ne le délivrait pas de cette obsession. Le raja laissait un fils tout jeune, incapable d'exercer le pouvoir par lui-même. C'est pourtant autour de lui que se groupèrent une partie des officiers mahrattes, tandis que le parti des brahmanes soutenait Ram Raja, le second fils de Sivaji. Les troubles et l'espèce de guerre civile qui suivirent ce règlement de succession permirent au Mogol de faire quelques progrès dans le Dekkan et de rétablir la situation à son profit. À Djindji, le gouverneur, Ary Raja, qui était un gendre de Sivaji, avait voulut profiter de l'occasion pour se rendre maître de toute la province; mais les commandants des forteresses lui opposèrent une vive résistance. Bien conseillé par ses partisans, Ram Raja fit acte d' autorité en confirmant purement et simplement chaque officier dans le commandement que son frère lui avait confié, et la plupart des rebelles se soumirent. Mais la révolte couvrait sourdement, aucun des deux partis, celui des brahmanes et celui des militaire, n'ayant désarmé.
  En I688, alors qu' Aureng Zeb, poursuivant ses progrès, était presque en vue de Djindji, cette discorde se manifesta, avec les effets les plus menaçants pour la cause mahratte. Deux des plus puissants gouverneurs, ceux de Maïssour [ou Mysore; "... Le royaume était gouverné par la Dynastie des Wodeyar, avec une brève période d'interrègne dans les années I760 et I770 lorsque les sultans Haidar Ali et Tipû Sâhib, le Tigre de Mysore, étaient au pouvoir., ... "; sur le Web] et de Maduré [aujourd'hui : Madurai, dans le Tamil nadu, dans le sud-est du pays] se faisaient une guerre acharnée; le premier avait même occupé une partie du territoire de Djindji. On accusait les brahmanes d'entretenir en sous-main ces tragiques querelles dont ils étaient les seuls à recueillir les bénéfices. " On a recours à eux, écrit François Martin, lorsqu'on est las de la guerre, et leur intérêt est toujours ménagé. "
  Jugeant le moment favorable pour une attaque décisive, et encouragé par ses récentes victoires sur Bijapur et Golconde, Aureng Zeb pressait ses préparatifs. Au mois d' octobre I688, il faisait armer à Surate une flotte puissante, à la fois pour attaquer Ram Raja par mer et pour ravitailler l'armée de terre. En mai I689, ces vaisseaux pénétrèrent dans le port de Bombay et les équipages mis à terre pillèrent tout le pays sans que les Anglais opposassent de résistance. Ce retard dans une opération que l'empereur aurait voulu mener avec plus de rapidité, pour surprendre ses adversaires, permit aux Mahrattes de reprendre l'avantage en refoulant les Mogols à la frontière du territoire de Djindji. Ram Raja avait pris personnellement le commandement de cette dernière place; comme il manquait d' argent pour l'entretien de sa cour et de ses troupes, il établit une sorte de chambre de justice où l'on cita tous les gouverneurs, notables, commerçants, soupçonnés à tort ou à raison de s'être enrichis malhonnêtement, pour leur faire rendre gorge. Poursuivant leur politique sournoise, les brahmanes avaient complètement subjugués Ram Raja, prince d'un naturel faible et indolent, en l'énervant par l'abus de plaisirs; ils lui firent épouser trois ou quatre femmes en deux mois, rapporte un contemporain, et peuplèrent sa cour de danseuses et de musiciennes. Bientôt la plus grande confusion régna dans la place : au début de I690, l'armée n'était plus payée; les soldats mécontents traitaient les habitants comme en pays ennemi, pillant les boutiques et rançonnant les marchands. L'énergie d'un chef mahratte, Bandar, réussit à tirer quelque temps Ram Raja de son inertie, en l'arrachant à l'influence des brahmanes. Il conclut avec lui un accord, réunit ses troupes aux siennes, pour former un corps de quinze mille cavaliers et de plusieurs milliers de fantassins, et marcha sur le Carnatic. Les Mogols, surpris par cette brusque attaque, se replièrent vers Madras, où ils se mirent sous la protection des Anglais. Pour se procurer de l'argent, Ram Raja céda aux Français les douanes de Pondichéry contre une forte avance; ["... I690 : François Martin avance I6.000 livres à Ram Rajah, chef des Mahrattes, qui cède aux Français, jusqu'au parfait remboursement, les douanes et autres revenus de Pondichéry, et prend l'engagement de défendre la ville contre tout ennemi: juin. (...) I69I : En mars, Ram Rajah offre à Martin de lui vendre entièrement Pondichéry, dont il lui avait déjà cédé les revenus. Martin s'excuse, car, une fois la place devenue propriété française, Ram Rajah n'eût plus eu aucun intérêt à la protéger contre les entreprises éventuelles des Hollandais., ... "; Société de l'histoire de l' Inde française précis chronologique de l' Inde française : I664-I8I6] il se trouvait dans une telle détresse financière que, pour empêcher ses troupes du Carnatic de déserter, faute de paie, il était prêt à vendre aux Européens plusieurs places de ses États, à n'importe quel prix. [" I690 : ... Peu après, Ram Rajah vend Tévénépatam aux Anglais, qui érigent ensuite le fort Saint David, à Goudelour : I5 septembre., ... "; Société de l'histoire de l' Inde française précis chronologique de l' Inde française : I664-I8I6]
  En juillet I690, Bandar se fit battre dans le Carnatic par les Mogols.

   À suivre...

BOUVIER René et MAYNIAL Édouard, " Le dernier des grands Mogols, vie d'Aureng Zeb ", Paris, Éditions Albin Michel, I947, 309 pages, pp. 266-277.
 
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HAUTE-MARNE, MONTREUIL-SUR-THONNANCE : CONSEIL MUNICIPAL ET POPULATION À L'UNISSON DERRIÈRE LE NOUVEAU PROJET D' USINE ÉOLIENNE

  Quand on nous a informé, que la commune de Montreuil-sur-Thonnance était au prise avec le projet d'une usine de 3 éoliennes et que,  " la Préfète de la Haute-Marne a prescrit, par arrêté préfectoral n° 52-2023-06-00200 du 22 juin 2023, la réalisation d’une enquête publique du lundi 25 septembre 2023 au mardi 24 octobre 2023 inclus, portant sur la demande présentée par la société Éole des Muids en vue d’obtenir l’autorisation environnementale pour l’exploitation d’un parc éolien composé de 3 aérogénérateurs et d’un poste de livraison sur le territoire de la commune de MONTREUIL-SUR-THONNANCE. " , on sait dit voilà un nouveau combat à mener pour soutenir la population face à l'affairiste du vent ! Sauf que, en lisant le dossier, il est apparu clairement que le conseil municipal et la population étaient... favorables au projet : "... Septembre et octobre 20I8 : enquête publique du projet de Piroy. Aucun opposant au projet n’est venu se manifester en mairie. "; " qui ne dit mot consent " source
   C'est la première fois que nous rencontrons une telle unité... favorable à un projet éolien. Cette situation unique augure d'une voie royale pour celui-ci ! Aussi, quelque peu désarçonné, l'envie nous a pris de laisser tout ces gens à leur bonheur éolien !... Sauf que, leur " monde d'amour " fait partie d'un tout, la Haute-Marne, et que les citoyens ou les conseils municipaux voisins ne partagent peut-être pas le même point de vue ? On pense, en particulier, à la commune de Joinville, qui, en 202I, pour, à la fois, protéger son label " Petites citées de caractère " et ne pas détruire tout le travail municipal de restauration du bâti public entrepris, depuis des années, pour augmenter son attractivité, avait décidé de s'opposer à tout projet éolien sur son territoire et aux alentours; c'est justement le cas qui nous intéresse.
Reprenons.

  C'est donc à la veille des vacances estivales et avant de nous quitter, août, que Mme la préfète a autorisé l'enquête publique.
  Au-delà de remarquer que les autorités emploient, elles aussi, le langage du lobby éolien, comme " parc éolien ", voyons dans le détail de quoi il retourne exactement.

I. Montreuil-sur-Thonnance
  C' est une des 59 communes qui composent la Communauté de Communes du Bassin de Joinville-en-Champagne, dont le siège est Joinville.
  Elle compte... 56 habitants, 2020 !...
  Elle se situe au Nord de Chaumont, ~35 km, au Sud de Saint-Dizier, ~28 km, et à l’Est de Joinville : ~ 8 km.



 


Le territoire de la CCBJC

 
II. Situation de l'éolien au sein de la Communauté de Communes du Bassin de Joinville-en-Champagne

  Où l'on s'aperçoit que cette Communauté de communes n'a rien à envier à l' Agglomération de Chaumont, pour ce qui est de la colonisation éolienne, que Montreuil-sur-Thonnance accueille déjà une usine sur son territoire, voir ci-devant, avec l'accord du conseil municipal, 20I4-2020, et sans aucune opposition de la population manifeste. Waouh !
 Toutes les distances indiquées sont à vol d'oiseau
  Les communes soulignées n'appartiennent pas à la CCBJ

a) les usines en activités

  • Hauts Pays : 39 éoliennes, la plus importante usine à ce jour de la Haute-Marne, 20I0, Aingoulaincourt, Chambroncourt, Effincourt, Épizon, Germay, Germisay, Leurville, Pansey et Thonnances-les-Moulins; entre ~2.5 km et 5 km;
  • Éole de Piroy* : 3 éoliennes, Montreuil-sur-Thonnance et Osne-le-Val, 2020,~ I.5 km;
  • La plaine d' Osne* : I2 éoliennes, Osne-le-Val, Nord et Est, 2020, ~ 2.3 km, pour les 3 turbines de la partie dit Est;
  • Les coteaux du Blaiseron : 8 éoliennes, Baudrecourt, Dommartin-le-Saint-Père et Doulevant-le Château, 202I, ~20 km;
  • Le Blaiseron : 6 éoliennes, Leschères-sur-le-Blaiseron, 20I7, ~20 km;
  • Les Éparmonts : 8 éoliennes, Brachay, Blécourt et Ferrière-et-Lafolie, ~I3 km; en cours de repowering, autorisé par arrêté préfectoral, faisant passer l'usine de 8 éoliennes à 6 machines, avec une puissance nominale doublée : 8 X I.5 MW = I2 MW à 6 X 3.6 MW = 2I.6 MW;
  • Le mont Gimont : 24 éoliennes, Ambonville, Baznacourt, Cerisières, Flammerécourt, Guindrecourt-sur-Blaise, Leschères-sur-le-Blaiseron, Rouécourt, 20I0, ~20 km;
  • Artémis : 3 éoliennes, Charme-la-Grande et Doulevant-le-Château; 20I6, ~23 km; 20I6 : rejeté par arrêté préfectoral, le 26 avril; 20I8 : le tribunal administratif, TA, de Châlons-en-Champagne, saisi par l'affairiste du vent, recours gracieux, annule l'arrêté de 20I6; 2020 : la Cour d' appel administrative, CAA, de Nancy, est saisie par le ministre de la Transition écologique et solidaire, par une requête, 23 août 20I8, qui demande à la cour : 1°) d'annuler le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 2I juin 20I8 et, 2°) de rejeter la demande de la société SEPE Artemis. La CAA décide : Article Ier : Le jugement du tribunal administratif de Châlons-en-Champagne du 2Ijuin 20I8 est annulé. Article 2 : La demande présentée par la société SEPE Artemis devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne et ses conclusions d'appel tendant à l'application de l'article L. 76I-I du code de justice administrative sont rejetées. Source

b) les usines autorisées, pas en activité

c) les projets d'usines déclarés en préfecture

  • Le Moulinet : I3 éoliennes, Noncourt-sur-le-Rongeant et Sailly, ~2.5 km; l'affairiste du vent, dont le siège est à... Rueil-Malmaison, 92, a organisé, au mois de février 202I, une présentation de son projet aux habitants : " ... À Noncourt-sur-le-Rongeant, la demande de faisabilité établie par la commune en 2017 suit son cours. Lors de cette étude, il a été proposé d'utiliser des parcelles communales afin d'accueillir les éoliennes. La commune ayant délibéré favorablement, le projet comprend aujourd'hui trois éoliennes qui doivent être installées sur ses terrains. Trois autres sur des parcelles privées, ce qui fait un total de six éoliennes implantées autour du village. En parallèle, Ventelys mène un projet similaire sur la commune voisine de Sailly. Le groupe propose l'installation de sept éoliennes sur des parcelles appartenant au village. Sur le secteur, cela totalise treize éoliennes., ... "; sur le Web Le 30 juin, de la même année, la préfecture a procédé au lancement du Comité consultatif relatif à l’éolien pour ce projet; depuis... silence radio !
  • Éole de Pavelotte* : 3 éoliennes, Nomécourt, ~I0 km.

- Meuse, département limitrophe : projets déclarés en préfecture
  Montiers-sur-Saulx : cette commune située à...8 km de Montreuil-sur-Thonnance, cumule trois projets d'usine, dit Montiers ouest, Saint-Sébastien et Vallée de Saudron, dixit la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, DREAL, Grand Est. Sauf qu'en visitant le site de la société Locogen, basé à Rennes, qui est à la tête de deux des 3 projets, on note quelques différences avec la DREAL:

  • Montiers ouest ne change pas de nom mais, il passe de 6 à... 5 éoliennes
  • La " Vallée de Saudron ", est renommé " Montiers est ", mais il conserve ses 4 éoliennes.
  • Montiers ouest : 6 éoliennes; 2022 : demande rejetée, par arrêté préfectoral, 24 janvier, avec un avis défavorable de la Direction de la circulation aérienne militaire, DCAM, 28 octobre 202I; 2023 : nouvel avis mais... favorable de la CAM, 2I octobre 2022; l'arrêté du 24 janvier 2022 est abrogé par un nouvel arrêté; À suivre...
  • Saint-Sébastien : 7 éoliennes; 2023 : demande rejetée, par arrêté préfectoral, 20 février : avis défavorable du Ministère des Armées, I5 décembre 2022;
  • Vallée de Saudron : 4 éoliennes; la société Parc éolien de la Vallée de Saudron a été créée expressément pour ce projet, en 2020, avec un capital social 5.000€, par Locogen.
 
 
 
 
 

III. Historique du projet
  • " Novembre 20I3 : démarrage du projet voisin de « Piroy », premiers contacts avec les élus  de Montreuil-sur-Thonnance, Osne-le-Val et Thonnance-lès-Joinville.
  • 7 juillet 20I4 : délibération favorable de la commune de Thonnance-lès-Joinville.
  • I9 janvier 20I5 : délibération favorable de la commune d' Osne-le-Val pour réaliser une extension du parc éolien de la Plaine d' Osne.
  • 27 février 20I5 : délibération favorable de la commune de Montreuil-sur-Thonnance.
  • 28 Avril 20I5: signature de la convention de passage et de tréfonds avec la commune de Montreuil-sur-Thonnance.
  • 20I4 et 20I5 : envoi des courriers exploratoires.
  • 20I4 et 20I5 : étude du vent sur la commune d' Osne-le-Val.
  • 20I5 et 20I6 : études paysagères, écologiques et acoustiques sur le projet de Piroy.
  • Février 20i6 : rapport final sur le gisement éolien.
  • Décembre 20i6: dépôt de la demande d'Autorisation Unique du projet de Piroy.
  • Fin 20I6-20I7 : premières réflexions sur une potentielle extension du projet de Piroy, située à l’Est de celui-ci. Accord du maire de Montreuil-sur-Thonnance pour étudier la faisabilité de ce projet constitué de 3 à 5 éoliennes.
  • 20I7 : étude écologique sur le nouveau site des « Muids » et début de rédaction de l’étude d’impact sur l’environnement.
  • 20I8 : nouvelle campagne acoustique adaptée au site du projet d’extension : zone élargie par rapport au premier projet.
  • Septembre et octobre 20I8 : enquête publique du projet de Piroy. Aucun opposant au projet n’est venu se manifester en mairie.
  •  Décembre 20I8 : finalisation de l’implantation du projet des Muids
  • Mars 20I9 : Présentation au conseil municipal de Montreuil-sur-Thonnance de l’avancée des études. "
   Source
 
AVIS la Mission régionale d' autorité environnementale, MRAe
   " Le projet est porté par la société de projet Éole des Muids.**** Ce projet sera constitué de 3 éoliennes NordexNI3I d’une hauteur en bout de pales de I50 m, avec une hauteur de mat de 84,5 m. Elles auront une puissance nominale de 3,6 MW, ce qui portera la puissance installée à I0,8 MW "; p. 3.
   " Selon le dossier, le périmètre éloigné, 20 km, intègre 9 parcs autorisés pour un total supérieur à
I20 éoliennes
, ce qui induit de possibles effets cumulés et une sensibilité paysagère importante à
différentes échelles notamment dans la moitié sud-est de ce périmètre.
" p. 5.

 

 

 " L’ Ae relève que :
  • le nombre de passages relatif à l’avifaune, oiseaux, n’est pas conforme aux recommandations régionales et aurait a minima nécessité 3 sorties d’inventaire supplémentaires. Or, selon les périodes de leurs cycles de vie, les oiseaux et les chauves- souris peuvent fréquenter des territoires différents. La bonne planification des sorties d’inventaires aurait permis de mettre en évidence toutes les espèces d’oiseaux qui traversent, chassent, nichent, effectuent leurs parades au niveau du parc tout au long de l’année ;
  • il n’a pas été réalisé d’écoutes de chauves souris en hauteur et en continu.
" p. 6.

 " L’ Ae estime que les données acquises au titre des suivis environnementaux auraient dû venir compléter les inventaires initiaux en particulier pour l’incidence sur les oiseaux et les chauves-souris et permettre ainsi de valider et affiner les mesures de gestion envisagées.
  L’ Ae recommande de compléter le diagnostic initial et d’incidences résiduelles par les retours d’expérience des suivis environnementaux obligatoires des parcs de proximité et d’ajuster le cas échéant les mesures d’évitement, réduction, compensation : ERC.
" p. 7.

  " Prise en compte des zones Natura 2000
   Si le site n‘est pas classé lui-même, il est entouré dans un rayon de 20 km de plusieurs zones Natura 20007 dont la plus proche est à 2,7 km8 et de nombreuses ZNIEFF9
[ zones d’inventaires Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique] de type I et II dont certaines à moins de 3 kmI0, ce qui témoigne d’un environnement riche dont l’éloignement relatif ne permet pas de garantir l’absence totale d’impact. La ZIP est en particulier susceptible d’être fréquentée par différentes espèces d’oiseaux ou de chauves-souris dans leurs phases de déplacements ou d’alimentation, en particulier pour celles représentatives du site N2000 le plus procheII. L’absence d’incidence Natura 2000 est conditionnée au respect de différentes mesures et notamment de bridage nocturne durant les phases de migration des chauves-souris à savoir de mi-mars à mi-mai puis de mi-août à mi-novembre : soit I5 jours plus tard que les préconisations habituelles." p. 7.

  " Pour le modèle d’éolienne envisagé, la garde au sol sera de I8,5 m donc très inférieure aux 30 m recommandés par la doctrine régionale et par la Société française pour l’étude et la protection des mammifèresI5, SFEPM, qui précise qu’ « avec un effet barotraumatique des pales en mouvement qui dépasse la longueur des pales, il faut s’attendre à ce que même les chauves-souris qui volent au ras du sol soient impactées : comme d’autres taxons pourraient l’être aussi, petite avifaune notamment… ».
   L’ Ae considère, au vu de cette faible garde au sol, qu’une étude spécifique relative aux différentes espèces notamment d’oiseaux et de chauves-souris et en particulier celles protégées volant dans cette zone tout au long de leurs cycles de vie devait être menée.
  L’ Ae recommande au pétitionnaire de choisir un modèle d’éolienne qui respecte une hauteur de garde au sol de 30 m minimum ou à défaut, présenter les études qui démontrent que cette garde au sol ne présente pas d’incidence notable sur la mortalité des oiseaux et des chauves-souris
" p. 8.

  " Les chauves-souris
   Les inventaires ont mis en évidence la présence sur l’aire d’étude d’un cortège d’espèces diversifié variant selon les périodes de l’année. La Noctule commune est la plus représentée en période printanière particulièrement en lisière alors que la Pipistrelle est la plus représentative des périodes de mise bas. L’ Ae relève que les différentes espèces de Pipistrelle sont très sensibles au risque de mortalité dû aux éoliennes, risque renforcé par leur proximité aux lisières et dont le champ de rotation des pales est proche de la canopée .
   À noter que les points d’écoute ont été effectués au niveau du sol sans installation de mâts qui auraient pu donner une meilleure connaissance des individus présents à hauteur des pâles.
   L’ Ae considère que les suivis environnementaux prescrits au titre des parcs éoliens de proximité et incluant des points d’écoute continus à hauteur des nacelles auraient permis de compléter l’état initial avant autorisation.
" p. 9.

   " La visibilité depuis les villages environnant est limitée en raison de leur positionnement en fond de vallée et non pas sur le plateau. La principale inter-visibilité ne pouvant être évitée est celle liée au haut de la commune de Joinville située à environ 8 km. Les principales nuisances visuelles concernent les fermes isolées situées entre 500 et 900 mètres. Il est à noter que l’une des trois fermes dispose d’une convention pour l’implantation d’éoliennes sur ses terres**, ce qui devrait faciliter son acceptation." p. I0.
 
 
IV) Les conseils municipaux successifs, principaux artisans de la présence des usines éoliennes; à noter que certaines et certains sont élus, au moins, depuis 2008 !...

  2008-20I4
  - Françoise Berlot,
  - Henriette Fournier,
  - Hervé Lavenarde, maire,
  - Jean-Luc Cornu,
  - Arnaud Foucault,
  - Françis Fournier,
  - Henri Mongin,
  - Luc Pasquier,
  - René Thouvenin.

  - inscrits : 69
  - abstentions : I3
  - votants : 56
  - blancs ou nuls : 4
  - exprimés : 52
  Source

20I4-2020
  - Christelle Aubin,
  - Bernadette Delbe,
  - Henriette Fournier,
  - Aurore Raposo-Delbe,
  - Françoise Saleur, ex-Berlot ?
  - Hervé Lavenarde, maire,
  - Francis Fournier.

  - inscrits : 50
   - abstentions : I4
   - votants : 36
   - blancs ou nuls : 0
   - exprimés : 36
  Source

2020-2026 : ou quand le conseil municipal et, quasiment, devenu un conseil... de famille ! noms soulignés.
  - Bernadette Delbe, anciens ouvriers,
  - Françoise Saleur, Ière adjoint, anciens artisans, commerçants, chefs d'entreprise,
  - Hervé Lavenarde, maire, agriculteurs sur grande exploitation,
   - Maëva Roehrig, 2ème adjoint, ouvriers non qualifiés de type industriel,
  - Gérard Delbe, policiers et militaires,
  - Maxime Delbe, techniciens,
  - Steven Roehrig, ouvriers non qualifiés de type industriel.
  En gras, les réélus en 2020

  - inscrits : 54
  - abstentions : I2
  - votants : 42
  - blancs ou nuls : 2
  - exprimés : 40
  Source

  À suivre...

* L'affairiste du vent, porteur de ce projet, tout comme le projet dit Éole des Muids, est une filiale de la société qui exploite les 2 usines situées à proximité que sont la plaine d' Osne et Éole du Piroy et : " La société Éole de Muids est une filiale de CALYCE DEVELOPPEMENT qui assure également la construction des parcs voisins de la plaine d’ Osne, avis Ae préfet du 2I juin 20I6 et autorisation d’exploiter du I5 septembre 20I7, et du Piroy, avis MRAe du 29 mars 20I8 et autorisation d’exploiter du 22 mars 20I9. (...) ce projet est d’ailleurs présenté par le pétitionnaire comme une extension directe du parc de Piroy... " ; sur le Web
 
** La ferme en question, ce n'est quand même pas celle du...maire ou celle d'un membre de sa famille !? Pour rappel : Un projet éolien peut-il être porteur de conflits d'intérêts ?  : "... Ainsi, au regard de la question posée concernant l’intégration d’une parcelle appartenant à un Maire, fût- elle située sur le territoire d’une commune voisine, il est évident que cet élu ne doit participer à aucune des réunions où se prennent des décisions et où se rendent de simples avis sur ce projet.(...) En conséquence, c’est en tant que propriétaire intéressé que le Maire doit envisager son déport du projet afin d’éviter tout risque de prise illégale d’intérêts. En dehors du Maire, cette précaution vaut pour tout autre élu placé dans cette situation qui serait chargé, à quelque titre que ce soit, de l’administration et de la surveillance de ce projet éolien., ...

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ALLEMAGNE, TAXE CARBONE : OÙ COMMENT LA POPULATION EST PRIVÉE DE LA MANNE FINANCIÈRE PROMISE

  Il en est des gouvernements allemands, comme des français :
   " Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout. "
  Henri Queuille, I884-I970, homme politique, plusieurs fois ministre sous la IIIe république, et trois fois président du conseil sous la IVe république.
 
 
 

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L'argent promis pour le climat : Où disparaissent les milliards de la taxe sur le CO₂ ?

  En introduisant la taxe CO₂ sur les combustibles fossiles, qui augmente chaque année, le gouvernement des " feux de signalisation " [en République fédérale d'Allemagne, c'est le surnom donné à la coalition, 3 partis, au pouvoir : SPD, rouge, FDP, jaune, et Bündnis'90/Die Grünen ou, B'90/GRÜNE ou GRÜNE, vert; rouge + jaune + vert = un feu de signalisation] a promis de ne pas s'enrichir avec cette taxe, mais de reverser les recettes aux citoyens sous forme d'" argent climatique ". Mais on ne parle plus de l'argent du climat : Frankfurter Allgemeine Zeitung, FAZ : 2023 07 I8. Les milliards de recettes s'infiltrent dans toutes sortes de canaux.

Hausse des prix en vue : c'est le poids que pourrait avoir la taxe CO₂ sur votre porte-monnaie en 2024
  Dans un peu plus de cinq mois, la taxe sur le CO₂ augmentera à nouveau, et, avec elle, les prix. On ne sait pas encore de combien. À partir du Ier janvier 2024, le prix des certificats climatiques changera. C'est ce que prévoit le dernier projet de budget fédéral. Il faut encore se mettre d'accord sur les détails. Le gouvernement des feux de signalisation envisage de faire passer le prix de 30 à 45 euros par tonne de CO₂.

 Argent climatique : une promesse en suspens — Pourquoi vos taxes sur le CO₂ ne reviennent-elles pas aux consommateurs comme promis ?

  Un ménage chauffé au gaz et consommant 20 000 kilowattheures par an doit payer 72 euros de plus par an. C'est ce qu'a calculé Check24. L'essence pourrait être plus chère de quatre centimes d'euro par litre, le diesel de cinq centimes.

Argent du climat : une promesse en suspens - Pourquoi vos taxes sur le CO₂ ne sont pas reversées ?
  Le gouvernement avait en fait pour projet que l'État ne profite pas de la manne financière des prix du CO₂. À l'origine, la taxe sur les gaz à effet de serre, qui deviendrait par la suite un commerce de certificats, devait revenir aux gens. Cela devait se faire sous la forme d'un montant forfaitaire par habitant. Ce forfait devait motiver les consommateurs à économiser l'énergie, car chacun devait recevoir le même montant. Ceux qui vivent de manière écologique et paient peu de suppléments de CO₂ ont plus d'argent à la fin. D'autre part, cela assure un équilibre social. Les ménages pauvres utilisent moins d'énergie que les ménages plus riches et reçoivent donc en retour plus d'argent climatique qu'ils ne paient pour leurs émissions, c'est l'idée. " Ce n'est pas seulement un impératif de justice sociale, mais ce serait aussi une véritable incitation à réduire individuellement son empreinte CO₂", expliquait encore l'année dernière le ministre des Finances, Christian Lindner.
  Mais cela ne vient pas pour l'instant. Lindner qualifie de naïfs ceux qui croient qu'un virement à tous les ménages de l'Allemagne, en retard sur le plan numérique, est possible à court terme. Le ministre de l'Économie Robert Habeck a besoin d'urgence de cet argent pour d'autres choses. Lindner ne lui donne rien de son budget régulier. C'est pourquoi l'argent des taxes sur le CO₂ va au fonds pour le climat et la transformation. Il s'agit de l'un des trois grands " budgets de l'ombre " avec lesquels le gouvernement des feux de signalisation souhaite gérer les grandes crises autour du climat, de l'Ukraine et de l'énergie.

Fonds pour le climat - comment le gouvernement dépense des milliards
  Les 60 milliards d'euros que le Bundestag a donnés au fonds au début du gouvernement ne suffisent plus pour les projets. De plus en plus de projets sont ajoutés. Des sommes particulièrement importantes doivent être allouées aux propriétaires de maisons et d'appartements afin de les faire adhérer aux nouvelles lois sur le chauffage, pourtant déjà adoucies. C'est au moins encore un objectif pour la protection du climat.
  Désormais, le gouvernement utilise également cet argent pour des projets de numérisation. Ceux-ci n'ont rien à voir avec la lutte contre le réchauffement climatique, comme la subvention de plusieurs milliards pour une usine de puces prévue à Magdebourg. Ce n'est pas de la politique climatique, mais c'est de la " transformation ". C'est un mot flexible que l'on peut utiliser pour justifier n'importe quel type de dépense.
  On a ainsi l'impression que les personnes concernées ne sont pas si pressées que ça. Pas Habeck, ni le ministre des Finances. Le ministre des Finances veut respecter le frein à l'endettement, mais il ne veut pas détruire la paix au sein de la coalition. " Mais c'est un projet très présupposé ", a déclaré Lindner il y a tout juste un an lors d'une réunion du cabinet au château baroque de Meseberg dans le Brandebourg.

La mission gigantesque du gouvernement : l'argent du climat pour tous ? Cela pourrait prendre des années !
  En décembre dernier, le Bundestag a décidé, dans le cadre de la loi fiscale annuelle, que l'Office central fédéral pouvait enregistrer non seulement le numéro d'identification fiscale, mais aussi les données des comptes bancaires. Désormais, l'État a donc la possibilité de transférer directement de l'argent à ses citoyens.
  " Mais ensuite, la mise en œuvre technique commence ", avait déjà prévenu Lindner. " Il faudra I8 mois pour intégrer toutes ces données ", selon les experts de son équipe. Ce serait donc quelque part en 2024, mais selon le ministre, ce n'est pas encore tout. " D'après les chiffres que j'ai, l'administration publique ne peut faire que 100.000 virements par jour avec son informatique ", a-t-il ajouté. " Pensez au nombre d'Allemands que nous sommes ! Combien de temps faut-il pour faire 100.000 virements par jour à des millions de personnes ? " Même s'il ne parlait que de la création de nouveaux bénéficiaires et non de chaque virement mensuel, cela signifierait : la procédure prendrait déjà deux ans et quatre mois pour 84 millions de citoyens allemands.
  Dans les cercles gouvernementaux, l'opinion prévaut que rien de plus ne se passera pendant le mandat actuel. " Il n'est pas encore possible de fixer une date précise ", fait savoir le ministère des Finances. " En outre, les conditions exactes de versement doivent encore être déterminées. Les décisions concernant les éventuels cas de versement et leur financement suivront ultérieurement ".
  Cela ne semble pas très urgent. Entre-temps, les recettes continueront à s'évaporer dans des canaux non prévus à cet effet. Le temps que l'aspect technique soit réglé, la plus grande partie des recettes aura déjà disparu.

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HAUTE-MARNE, BONNECOURT : UN PROJET D'USINE ÉOLIENNE PEUT-IL EN CACHER UN AUTRE ?

  Tels les gaulois irréductibles, d'une célèbre bande dessinée, le conseil municipal a encore donné un avis favorable à un nouveau projet d' usine éolienne, après celui qui concernait le projet de 6 éoliennes, dont l'enquête publique s'est déroulée du 22 mai au 23 juin 2023 ? Il lui aurait même donné un petit nom de baptême, " Éolien du Verne " et ce, malgré les oppositions déclarées de la Communauté de communes du Grand Langres*, à laquelle appartient Bonnecourt.
  Ainsi, depuis 20I8, c'est toujours l' " amour " fort du conseil municipal pour le lobby éolien;** avec la bénédiction de la population, celle-là même qui a reconduit 7 des I0 élus que compte le conseil ?
  Sauf que, lorsqu'on lit, plus en détail, l'excellent jhmQuotidien, on découvre que seuls 4 élus ont pris part au vote !*** Pourquoi ? Est-ce-à-dire que tous les autres conseillers étaient absents ?**** ou bien, qu'ils sont concernés, directement ou indirectement, via leur famille, dans ce projet, à titre privé ?
  Avant d'avoir connaissance de l'explication et pour résumer : 3 personnes élus, par leur vote favorable, ont décidé d'assombrir l'avenir du village et le sort de leurs I42 concitoyens et plus, avec les villages aux alentours !... 

  Près de 40 ans après, preuve est faite que, la démocratie représentative est plus que jamais mettre du jeu, avec ses notables républicains et, les écrits de RONDIN Jacques, lire ci-devant, sont toujours d'actualité !...

  "... Les associations comme les élus l'ont bien compris : le processus de décentralisation les rapproche en même temps qu'il risque de provoquer de nouveaux conflits. Il n'est donc pas étonnant que les lois de décentralisation ignorent le phénomène associatif. Les associations, après avoir tant réclamé la décentralisation et dénoncé le centralisme étatique, (...) poussent aujourd'hui des cris d' orfraies devant les nouveaux pouvoirs des élus locaux. (...) Et pourtant s'il existe une idée qui fait l'unanimité de la classe politique, c'est bien que cette mission [la consultation référendaire] appartient aux élus locaux et à eux seuls. (...) La démocratie représentative est tellement ancrée dans nos mœurs politiques que la Constitution elle-même réserve aux seuls élus locaux le pouvoir de décision pour les affaires communales et départementales. (...) Et, de fait, les maires sont très peu nombreux à consulter directement leurs concitoyens, (...) Mais ces initiatives,(...) masquent en fait le désert de la participation directe des citoyens à la vie locale. (...) Mais la démarche [le référendum local] apparait bien malaisée. Et surtout, elle fait apparaître clairement ce qui est, en réalité, le fond du problème : décider que telle ou telle catégorie de décisions ne peut être prise sans l'aval des électeurs, c'est frapper d'une incapacité partielle leurs élus. (...) toutes [mille règles imaginables] se brisent sur les récifs d'une conception de la démocratie représentative qui ne sait faire de concession à d'autres logiques., ... "
  RONDIN Jacques, Le sacre des notables, la France en décentralisation, Fayard, I985, pp. 303-304-305.
 
   À suivre...

  * Le vote de l'assemblée s'était soldé par le résultat suivant : 33 voix contre / 27 voix pour.
  ** Un projet d'une usine de 6 éoliennes est au stade de la Commission d' enquête; compte rendu dans un prochain article.
  ** *C'est-à-dire que le quorum,  " nombre de membres présents exigé dans une assemblée délibérante pour que le vote soit valable; Larousse ", était juste atteint.
  **** Le conseil municipal, en gras, les réélus en 2020
   - Patricia Billard, maire, personnels des services directs aux particuliers,
   - Cindy Veuillier, ouvriers qualifiés de type industriel,
   - Claude Collier, ancien ouvrier,
   - Guillaume Collier, agriculteur sur moyenne exploitation,
   - David Georges, ouvriers qualifiés de type industriel,
   - David Leclerc, techniciens,
   - Stéphane Vivier, ouvriers qualifiés de type artisanal,
   - Claudine Rocha, ouvriers non qualifiés de type artisanal,
   - Damien Didier, techniciens,
   - Laurent Ozenne, ouvriers non qualifiés de type industriel.

   
   jhmQuotidien 2023 07 23

 
 
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YVELINES, SEPTEUIL : QUI BRACONNE NOS ARBRES ? QUAND DES CITOYENS-ENQUÊTEURS DÉCOUVRENT UN TRAFIC ILLÉGAL

   L'abattage et l'exportation illégaux de bois, essentiellement des chênes, issus d'espaces boisés protégés , de la France vers...