HAUTS-DE-FRANCE, GRAND EST & BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : LE PROJET D'UNION INTERRÉGIONALE POUR RÉSISTER ENSEMBLE AU RAZ DE MARÉE ÉOLIEN

  Au début de l'année 2023, l'association Énergie environnement en débat, ÉEDAM, implantée dans les départements de l'Aisne, Hauts-de-France et de la Marne, Grand Est, a entrepris, au niveau interrégional, Hauts-de-France, Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, l'ambitieux projet de coaliser le plus grand nombre d'associations et de collectifs, en lutte contre la colonisation éolienne, pour nourrir une réflexion et faire des propositions, par un travail en commun, où chacun serait force de proposition, pour présenter une alternative sérieuse à l'éolien.
  Dans ce but, l'association organise une réunion, le 27 mars 2023, à Épernay, Marne, avec une intervention de BERGER Sioux, auteur et journaliste spécialisée dans les sujets d'écologie, qui s'est faite, depuis plusieurs années, le porte-voix des éleveurs qui perdent leurs bétails à cause de la présence des usines éoliennes.
  Pour les associations des régions concernées, qui sont intéressées, prendre contact :
   - BILLET Florence, présidente d' ÉEDAM, Aisne : debatenergieaisne@gmail.com
   - Le site Web de l' ÉEDAM
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Communication de l' ÉEDAM

Vision commune ETNEF
   Plusieurs collectifs des Hauts de France, du Grand Est et de Bourgogne-Franche Comté partagent le constat d’une incohérence et d’une anarchie des décisions d’orientations énergétiques depuis plus de 20 ans, notamment dans le domaine de l’éolien terrestre.
   Ils notent avec intérêt les orientations préliminaires proposées par le Président de la République dans son discours de Belfort le I0 février 2022, mais regrettent que la mise en œuvre durant l’année 2022 ait été chaotique en lançant des lois d’accélération avant le débat national sur un mix énergétique proposé par le Premier ministre le 11 février 2022, générant ainsi des discussions stériles au Sénat et à l’Assemblé nationale sans connaissance et vision des enjeux du mix énergétique français, ni des impacts des différentes solutions.
   Face à ce débat qui s’est achevé fin janvier 2023 et à la promulgation des lois d’accélération qui présentent des risques majeurs pour les territoires concernés par les zones d’accélération et d’exclusion des énergies renouvelables, ces collectifs qui représentent plusieurs centaines
d’associations et dizaines de milliers d’adhérents sur ces 3 régions ou se trouve 55% du parc éolien français,
ont décidé d’unir leurs forces et d’apporter leurs expertises respectives, qu’elles soient au niveau national ou territorial, pour peser dans le futur débat sur la loi de programmation Énergie et Climat et les programmations pluriannuelles de l’énergie, notamment à travers les Comités régionaux de l’énergie [voir en fin d'article] qui rassembleront pour chaque région française les forces vives du territoire autour du préfet de région et du président du Conseil régional.
   Leur objectif est de contribuer à chaque échelle territoriale à la fois à l’information la plus objective et complète possible des élus qui ont la majorité des voix au sein des Comités régionaux de l’énergie, d’être force de proposition de solutions d’énergie renouvelable valorisant le plus possible les ressources du territoire et dont l’impact sera le plus faible pour en favoriser l’acceptabilité par tous.
  Les énergies renouvelables sont des énergies locales, et nous estimons que la valorisation de l’eau, de l’air, de la terre et du soleil dans chaque région française est aujourd’hui un angle mort de la proposition des institutions nationales : RTE, ADEME,...,.
   Nous souhaitons que les politiques publiques, Lois Énergie et Climat, PPE, SRADDET, SCoT, PLU,.., s’en emparent à chaque échelle nationale et territoriale dans le respect de la protection de ces ressources, du cadre de vie des habitants, de l’économie des territoires et de la responsabilité des élus à assurer la cohérence et la cohésion de leurs territoires.
   La décarbonation de l’énergie est nécessaire en France, comme en Europe et ne pourra se mettre en œuvre qu’avec une double vision nationale et territoriale.
  Elle doit prendre en compte à la fois les différents usages, l’électricité ne représente que 22% du mix énergétique français, et l’ensemble des solutions disponibles qui sont loin d’être uniquement une augmentation de l’électrification prônée par RTE.
  La question du pilotage du mix énergétique est aussi une question posée durant le débat sur le mix énergétique et dont la réponse est essentielle pour la sécurité d’approvisionnement des Français et l’indépendance énergétique de la France.

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Le combat contre l’éolien terrestre : une œuvre de salubrité publique
   L’éolien terrestre est une hérésie économique, énergétique, sociale et environnementale, mais c’est aussi une solution qui affaiblit les ressources vitales de l’État, qui affaiblit les consciences et présente des risques majeurs dans la composition d’un mix énergétique.

L’ éolien terrestre est une hérésie et un danger pour l’économie française
  L’étude de l’OCDE sur le coût de la décarbonation, 2019, a démontré que l’introduction d’énergies renouvelables intermittentes dans un réseau électrique augmentait de façon très significative le coût global d’investissement et d‘exploitation de l’ensemble du réseau : Unités de production + Coût de déconnexion et de distribution via les réseaux RTE et Enedis.
  Ces coûts additionnels sont « exponentiels » suivant le pourcentage d’intermittence dans le mix énergétique et sont les suivants :
  • Double coût d’investissement pour avoir un back-up quand il n’y a pas de vent ;
  • Coûts élevés de connexion car les champs éoliens et solaires ont des puissances installées
faibles : quelques dizaines de MW, alors que ce sont plusieurs centaines de MW pour un
barrage ou une centrale thermique et plusieurs milliers MW pour un site nucléaire ;
  • Coûts élevés de stabilité et protection du réseau pour garder constante la tension, plus facile,
mais surtout la fréquence car les productions puissantes fonctionnent avec des alternateurs
très stables, production d’énergie constante et stable, alors que les énergies intermittentes, variabilité à un temps t du vent et du soleil, nécessitent des onduleurs ;
• Coûts de renouvellement plus important : 20 ans pour une éolienne, 80 ans pour une centrale
nucléaire ;
  • Coûts financiers beaucoup plus importants : un investissement public aura un taux
d’actualisation de 2%, voire moins à long terme, un investissement privé recherchera des
rendements d’au moins 7 à 10% voire plus avec la prise en compte des subventions publiques ;
  Pour 10% d’énergie intermittente le surcoût est de 30%
  Pour 30% d’énergie intermittente le surcoût est de 70%
  Pour 50% d’énergie intermittente le surcoût est de 120%
  Pour 70% d’énergie intermittente le surcoût est de 200%


L’intermittence est le défaut intrinsèque de l’énergie éolienne
  Au-delà du surinvestissement, les effets de l’intermittence sur l’appareil productif français et le coût de la vie sont nombreux :
  • Effacement plusieurs fois par jour des centrales nucléaires quand il y a du vent : augmentation du coût par kwh et du coût d’entretien-maintenance des centrales ;
  • Risque additionnel de black-out, s’est produit en Australie, si instabilité du couple Tension/fréquence sur le réseau ;
  • Augmentation du coût moyen de l’énergie : cf Allemagne vs France ;
  • Taxe de plus de 20% dans la facture d’électricité pour financer les coûts additionnels et notamment ceux de réseau non pris en charge par les fournisseurs d’énergie éolienne ;
  • Impact sur la balance commerciale, produits importés, et ne contribue ni à l’indépendance énergétique, ni à la réindustrialisation du territoire national ;
  • Augmentation du contenu en CO2 du mix énergétique français à cause des centrales à gaz, dont les exploitants sont aussi souvent les exploitants des EnR intermittentes...

L’éolien a un impact grave et durable sur la santé des Français
  Comme toutes les drogues on ne voit pas au début les conséquences sur la santé car leurs conséquences ne sont pas immédiates, mais se révèlent dans le temps par accumulation, et elles ne sont pas seulement physiques, mais aussi psychologiques et sociales :
  • Bruit la nuit, comme si on chuchotait dans votre lit ;
  • Scintillement la nuit, comme si vous habitiez au milieu de 3 aéroports ;
  • Effets stroboscopiques avec le soleil, qui vous force à fermer vos volets le jour ;
  • Impact des basses fréquences sur les organes, plus insidieux et compliqué à démontrer ;
  • Effets de saturation et d’encerclement, notamment Hauts de France et Grand-Est, validé par les députés et les sénateurs.
  Le dernier est sûrement le plus connu car s’agissant d’un aérogénérateur industriel de la hauteur de la Tour Montparnasse dans un champ personne ne peut dire qu’il ne le voit pas.
  Mais les 4 premiers sont des effets réels et constatés en France et en Europe et largement reconnus par les tribunaux, tout simplement parce le législateur a « oublié » d’inclure dans la loi le Code de la Santé et le Code du Patrimoine. ÉEDAM a engagé en octobre une concertation avec l’Académie de Médecine pour révéler ces effets et notamment en réduire les impacts pour les éoliennes existantes en imposant une étude pour toutes les éoliennes situées à moins de 1500 m des habitations, ce qu’a d’ailleurs décidé le Sénat sur la loi d’accélération, mais qui a été annulé par les députés privés d’information équilibrée, car dépendant quasi exclusivement des informations de France Énergie éolienne, FEE, qui a rédigé elle-même certaines parties de la loi et des amendements.

Les impacts réels sont cachés au public depuis 30 ans
  Pour séduire, l’énergie éolienne se pare des meilleurs atouts, une énergie soi-disant propre et pas chère,  mais cache tous ses impacts réels.
  Pour se développer, elle s’attaque aux plus faibles et à ceux qui sont mal informés... ce qu’a dénoncé récemment Yves Brechet en commission d’enquête parlementaire
  Pour prospérer, elle crée de l’addiction et de l’accoutumance et c’est ce qu’on fait les promoteurs éoliens vis-à-vis de l’Europe, des États, des gouvernements et des parlementaires depuis des décennies.
   Mais pire pour celle-là on vous paye et très grassement....

Et quelles conséquences ?
   • 30 ans où elle a affaibli le système énergétique français qui était le plus décarboné et le moins
cher d’Europe ;
   • 30 ans pendant lesquelles la France a été incapable de planifier son avenir énergétique ;
   • 30 ans où elle a détruit le patrimoine et la santé des Français ;
   • 30 ans où elle a détruit la cohésion des territoires et notamment des conseils municipaux
   C’est maintenant le temps d’agir et de l’éradiquer car c’est une œuvre de salubrité publique citoyenne. "

* Le Comité régional de l'énergie
   " le décret précise la composition et les modalités de fonctionnement des comités régionaux de l’énergie créés par l’article 83 de la loi no 2021-1104 du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets (codifié à l’article L. 141-5-2 du code de l’énergie), dont l’objectif est de favoriser la concertation, en particulier avec les collectivités territoriales, sur les questions relatives à l’énergie au sein de chaque région située sur le territoire métropolitain continental (...) "
   Pour lire le décret en son entier, c'est ICI

TOUT S'ACHÈTE & TOUT SE VEND : QUAND LE CHÊNE FRANÇAIS FILE EN CHINE, EN PASSAGER CLANDESTIN

  “ Lorsqu'un chêne sent le sapin, il sait que sa dernière heure est arrivée.”
  Devos Raymond, I922-2006
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Trafic de bois : l’État ferme les yeux sur le pillage des forêts publiques françaises


Alexander Abdelilah et Robert Schmidt

  Le bois de chêne, coupé puis vendu par l’Office national des forêts, ONF, est au cœur d’un vaste commerce illégal entre la France et la Chine. Disclose dévoile comment des traders asiatiques et des scieries françaises profitent du manque de contrôle de l’administration pour contourner l’interdiction d’exporter le bois brut hors de l’Union européenne.
 
 
  Un SUV blanc rutilant dévie de la route, s’engage sur un chemin boueux. « C’est eux », glisse Étienne*, propriétaire d’une scierie de chênes nichée près de la frontière belge, aux confins des Ardennes. Deux hommes descendent de la voiture et se dirigent vers les dizaines de troncs empilés les uns sur les autres sur une trentaine de mètres. Des chênes qui, pour certains, ont été coupés dans les forêts publiques françaises.
  Les deux hommes, d’origine chinoise, sont des négociants en bois. Des traders chargés de fournir des hommes d’affaires chinois en chênes achetés auprès de grossistes français souhaitant vendre leur marchandise au plus offrant. Smartphone en main, ils photographient les grumes, les troncs bruts, sous tous les angles. « Dans cinq minutes, ces photos sont chez quatre sociétés chinoises à Shanghaï. Si l’on a un feu vert, ça peut partir en containers dans deux semaines », détaille Étienne, un brin admiratif. Pour lui, l’enjeu est de taille. « J’ai ici l’équivalent de dix containers de chênes, soit 250 m3, explique-t-il. Si je les transforme sur place, cela fait une perte de 40 000 euros pour l’entreprise. S’ils partent en Chine, cela fait un gain de 15 000 euros. » Les trois hommes s’éloignent pour régler les derniers détails. En toute discrétion. Et pour cause : la transaction est illégale.
  Disclose a enquêté sur le trafic de chênes entre la Chine et la France, troisième producteur mondial de cette essence qui couvre 41% de la surface forestière du pays. De Paris, aux Ardennes en passant par la Haute-Marne ou la Meurthe-et-Moselle, nous avons découvert un vaste réseau de blanchiment du précieux feuillu impliquant des traders chinois, des revendeurs français et une myriade de sociétés écrans. Le tout, dans l’indifférence de l’Etat et l’absence quasi-totale de contrôle des douanes. 

Pillage organisé

  Pour comprendre l’origine de cette opération de pillage organisé au détriment d’une exploitation raisonnée des forêts et de la défense de l’industrie française du bois, il faut remonter à l’année 2015. À l’époque, afin de protéger les chênes issus du domaine public de toute exportation sauvage, l’État créé un label baptisé « Transformation UE ». Pour l’obtenir, les exploitants forestiers doivent « transformer ou s’assurer de la transformation » des chênes en France, ou dans un pays membre de l’Union européenne. En échange de quoi, elles disposent d’un accès « prioritaire » aux ventes de l’Office national des forêts, ONF, l’établissement public chargé de la gestion des forêts, qui commercialise 50 % des chênes mis sur le marché par an dans le pays — plus de deux millions de mètres cubes ont été récoltés en 2021. Mais très vite, le détournement se met en place.
 
 
  « Quand j’ai participé à ma première vente réglementée de l’ ONF, en 2016, une société a raflé 80 % de la vente, se souvient Étienne, le scieur ardennais. C’était un scieur qui venait de créer une nouvelle société pour continuer à vendre en Asie parce que les marges sont bien supérieures. J’ai découvert à ce moment-là que certains dopaient leurs ventes en créant des sociétés écrans ». L’entrepreneur ne tarde pas à prendre le pli afin de tromper, lui aussi, les autorités françaises en dissimulant ses exportations illégales, et bien plus lucratives, vers la Chine. 

Tromperie
  Pour échapper aux contrôles, il créé deux sociétés. La première est une société écran officiellement engagée dans la transformation du bois dans l’UE — elle a donc obtenu l’agrément pour acheter des chênes publics à l’ ONF. La seconde est spécialisée dans le négoce avec l’Asie. La tromperie est simple : avec sa première entreprise, Étienne achète des chênes protégés par le label UE avant d’en mélanger une partie avec des chênes issus du marché privé puis de les revendre avec sa seconde entreprise. De cette manière, les comptes de sa société labellisée ne font état d’aucune transaction hors de l’Union européenne. Factures à l’appui, le négociant explique avoir expédié des centaines de mètres cubes de chênes protégés vers la Chine, sans jamais être inquiété. Il explique : « Le cabinet d’audit mandaté par l’ APECF [l’association chargée de délivrer le label autorisant l’achat de chênes publics] me demande chaque année de lui envoyer un tableau récapitulatif des factures de ma première société, mais il ne vérifie pas les stocks ».
  Interrogée, l’ APECF assure que « 100% des entreprises [labellisées] sont contrôlées tous les ans par contrôle documentaire (documents comptables) », à quoi s’ajouterait « 10 à 20 investigations complémentaires sur site tous les ans ». Des procédures qui ne suffisent toutefois pas à décourager les fraudeurs, comme en témoignent les propres chiffres de l’association : les radiations d’entreprises labellisées pour « faute constatée » ou « refus de contrôle » ont été multipliées par plus de 9 entre 2016 et 2022.

« Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts ». Ludivine Ménétrier, agente de l’ ONF
  Rares sont ceux qui se font pincer. Comme ce fut le cas de Romain N., un exploitant forestier de Meurthe-et-Moselle. Entre septembre 2019 et janvier 2022, ce dernier a acheté 1 500 m3 de chênes bruts provenant de forêts publiques pour plus de 100 000 €, d’après les données de vente de l’ ONF que nous nous sommes procurées. Certains de ces troncs étaient ensuite expédiés en Chine. « On l’a pris en flagrant délit en train de charger plusieurs dizaines de mètres cubes de chênes labellisés », confirme un cadre de l’ ONF, sous couvert d’anonymat. Romain N. a écopé d’une simple suspension des ventes de l’ ONF. Sollicité à plusieurs reprises par Disclose pour réagir à ces accusations, l’exploitant n’a pas donné suite.
 

L’exploitant forestier Romain N. trônant sur des troncs de frênes —DR.

  Combien sont-ils, comme Étienne ou Romain N., à envoyer illégalement des chênes protégés vers la Chine ? En 2020, sur les 271 entreprises autorisées à acheter des troncs vendus par l’ ONF, 21 ont été suspendues, selon un cadre de l’établissement, qui a demandé à garder l’anonymat. En réalité, le trafic serait bien plus massif, comme semble le confirmer Ludivine Ménétrier, une agente de l’ ONF qui officie dans le département forestier de la Haute-Marne. « Deux à trois fois par mois, pendant les ventes de chênes labellisés, on voit des containers dans les forêts », admet celle qui se dit incapable de contrôler toutes les transactions, faute de personnel et de moyens. Pourtant, selon Ludivine Ménétrier et d’autres agents de l’ ONF interrogés, les containers sont quasiment tous destinés au marché chinois.
 

  Les premiers traders asiatiques sont arrivés sur le marché du bois français à la faveur des tempêtes de 1999. À l’époque, les rafales font tomber des millions d’arbres qu’il fallait vendre rapidement, mais les débouchés locaux manquent. Pour beaucoup d’exploitants forestiers, la Chine offrait une issue idéale. Depuis, le phénomène s’est dangereusement amplifié, poussé notamment par la décision du gouvernement chinois, en 2017, d’arrêter l’exploitation intensive et l’abattage commercial de ses forêts naturelles. Mais aussi par l’annonce récente de la Russie, deuxième producteur de chênes au monde, de cesser les exportations dans le pays. Moins regardante et moins protectrice de ses ressources forestières, la France est donc devenue un producteur de premier choix. D’après les dernières données douanières, près de 294 000 m3 de chênes bruts ont été exportés vers le géant asiatique en 2022, faisant du pays le principal destinataire de ce marché qui concerne les forêts privées, mais aussi, donc, le domaine public. 

L’ ONF écoule des chênes hors label
  Le pillage des forêts publiques n’est pas le seul fait de scieurs peu scrupuleux. D’après notre enquête, l’ ONF écoule lui-même des milliers de mètres cubes de chênes sans les avoir labellisés. En analysant les comptes rendus des ventes en ligne de l’établissement public entre septembre 2019 et janvier 2022, soit plusieurs dizaines de milliers de transactions impliquant plus de 1 200 sociétés, scieries, négociants, exploitants, transporteurs, Disclose a en effet découvert que des lots dont l’essence dominante est le chêne ont été vendus sans le label UE. En clair, ces dernières années, l’ ONF a vendu des centaines de milliers de mètres cubes de chênes sans qu’ils ne soient protégés contre l’exportation directe vers la Chine. Sollicité, l’établissement public, par l’intermédiaire d’Aymeric Albert, directeur commercial bois, confirme la vente de chênes publics sans label. Il avance le chiffre de 16 % du volume total des troncs mis aux enchères. Un volume qui proviendrait « majoritairement des articles restés invendus lors de leur première présentation en vente et des peuplements où le chêne est très minoritaire », justifie l’ ONF. Interrogé à son tour sur cette fuite de bois protégé, le ministère de l’agriculture n’a pas réagi.
  Pourquoi l ’ONF ne protège pas tous ses chênes ? Pour Aymeric Albert, la faute reviendrait aux maires des communes rurales propriétaires de forêts et parfois peu enclins à trier les différentes essences de bois qu’ils vendent : « Nous portons la politique [de labellisation des chênes] mais après ce sont eux qui décident. » Dont acte. Il omet néanmoins de mentionner que la mise en vente des lots mélangés prend beaucoup moins de temps. Et coûte nettement moins cher.
 
  * Son prénom a été modifié à sa demande.
 

HAUTE-MARNE, CRENAY : L'OPPOSITION AU PROJET DE L'USINE ÉOLIENNE EST DÉTERMINÉE MAIS..., LE MAIRE, FAVORABLE, L' EST TOUT AUTANT

Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2020/11/haute-marne-crenay-le-projet-eolien.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2020/12/haute-marne-crenay-la-resistance.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2020/12/haute-marne-crenay-du-goudron-et-des.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/05/haute-marne-crenay-le-montsaugeonnais.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2022/05/haute-marne-crenay-la-population.html

   Si l'opposition à un projet d'usine éolienne se manifeste de plus en plus dans les communes de la France rurale*, il se dit que près de 70% des projets sont contestés, le cas du village de Crenay, commune associée à celle de Foulain, est, à notre connaissance, très original.

Explications
   Il y a donc, se faisant face, monsieur le maire, qui est favorable au projet, et une partie des habitants, via l'association Défense de la vallée de la Suize, qui ne veut pas d' éoliennes ; jusqu'à là, rien que du classique! Et c'est là que le particularisme de la situation, fait son apparition : le conseil municipal, lui, a émis un avis défavorable au projet** : " pour : 8 contre : 5 abstentions : 0 " ;  voir ci-dessous, l'extrait du compte rendu du Conseil municipal du I3 mai 2022
  Mais l'originalité de la situation ne s'arrête pas là. En effet, lors de ce même conseil municipal, les élus ont été amènes, à la demande du " conquistador vert ", de se prononcer, par vote, sur " un projet de promesse de bail emphytéotique et servitude concernant des parcelles communales dans le cadre de l’implantation des postes de livraison. " Et devinez quoi!? Une majorité à donner un avis favorable et ce, avec la même répartition de voix que contre le projet :  " 8 voix pour 5 voix contre "
  C'est là que le mot ÉNIGME prend tout son sens!...
  On résume les deux votes :

  • Projet de l'usine de 8 éoliennes : AVIS DÉFAVORABLE : pour : 8 / contre : 5 / abstentions : 0 
  • Demande d'implantation de postes de livraison : AVIS FAVORABLE : pour : 8 / contre : 5. 

  Va comprendre, Charles!

* Pour preuve que cette opposition est toujours plus grandissante, le gouvernement actuel, comme ses prédécesseurs avant lui, a fait adopter un nouveau bâillon juridique à son encontre, à travers la Loi de l'accélération de la production d'énergies renouvelables, en réduisant encore un peu plus les possibilités de recours juridiques et administratifs. Par exemple, l'éolien, qualifié de " raison impérative d'intérêt public majeur, RIIPM ", article 4, permet à ses promoteurs, d’obtenir automatiquement la " dérogation espèces protégées " et, en même temps, cela supprime un angle d'attaque pour l'opposition.

** Depuis 2009, sollicité à plusieurs reprises par le " conquistador vert ", le conseil municipal a toujours donné un avis défavorable.

Compte-rendu du Conseil municipal du I3 mai 2022, extrait :
" Installation de poste de livraison sur le territoire de la commune dans le cadre d'un projet de parc éolien, pouvoir au maire pour signer tout document s'y afférent réf : 036
  Les conditions de quorum étant réunies, Monsieur le Maire ouvre la séance en rappelant au Conseil Municipal que :
  La société Parc Éolien des Hauts Poiriers, société sœur de WKN France, développe un projet éolien sur la commune de Foulain-Crenay (52).
  Le projet consiste à construire un parc éolien composé de HUIT (8) éoliennes et d’au maximum TROIS (3) postes de livraison sur le territoire de la commune de Foulain-Crenay, dont l’électricité produite sera injectée sur le réseau électrique existant, en accord avec les propriétaires et exploitants concernés.
   Afin de permettre la mise en place de ce projet, la société Parc Éolien des Hauts Poiriers soumet aux membres du Conseil Municipal de Foulain-Crenay un projet de promesse de bail emphytéotique et servitude concernant des parcelles communales dans le cadre de l’implantation des postes de livraison.
  Il est ici rappelé que, préalablement à ladite délibération, ce projet a été déposé en Mairie et mis à la disposition de chacun des conseillers.
   Sous réserve de l’obtention d’une autorisation préfectorale, la société Parc Éolien des Hauts Poiriers demande au Conseil Municipal de se prononcer quant à son soutien à l’implantation des postes de livraison sur les parcelles communales.
   Après en avoir délibéré, le Conseil Municipal : 8 voix pour 5 voix contre :

  • Donne son accord à la signature de la Promesse de bail et de constitution de servitudes et tout acte définitif ainsi que tout avenant, acte modificatif et/ou rectificatif résultant de cette promesse ou de l’acte définitif, sur les parcelles :
  • 154ZM n° 49 Lieu-dit Les Hauts Poiriers ;
  • 154ZV n° 14 Lieu-dit La Pâtissière. 
avec la société Parc Éolien des Hauts Poiriers.
  En contrepartie, la Société Parc Éolien des Hauts Poiriers versera à la commune de Foulain-Crenay, un loyer correspondant au résultat suivant : nombre de mégawatts installés sur l’un des Biens multiplié par TROIS MILLE (3000) €, par an et par poste de livraison. Ce montant sera indexé à partir de la deuxième année
  Autorise Monsieur Robert HENRY, Maire en exercice de la commune de Foulain-Crenay, à signer avec la Société Parc Éolien des Hauts Poiriers, la Promesse de bail et de constitution de servitudes et tout acte définitif, ainsi que tout avenant, acte modificatif et/ou rectificatif résultant de cette promesse ou de l’acte définitif et à effectuer toutes les démarches afférentes, sur les parcelles :
  • 154ZM n° 49 Lieu-dit Les Hauts Poiriers ;
  • 154ZV n° 14 Lieu-dit La Pâtissière.

  Le Conseil Municipal donne tout pouvoir au Maire pour accomplir les démarches nécessaires à la réalisation du projet et la signature de tout document s’y rapportant.
  Le Conseil Municipal rappelle toutefois l'opposition à l'installation des éoliennes sur la commune de Crenay
  À la majorité : pour : 8 contre : 5 abstentions : 0 "

Source

  À suivre...

jhmQuotidien 2023 02 26



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HAUTE-MARNE / VOSGES, BOURBONNE-LES-BAINS & SENAIDE : LE PROJET DE L'USINE ÉOLIENNE EN PLEIN CŒUR D'UN FAISCEAU DE FAILLES*, DAMNED!

* Ensemble de failles ayant globalement la même direction : failles parallèles ou subparallèles, dans un secteur donné.
 
Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2023/02/haute-marne-bourbonne-les-bains.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2023/02/haute-marne-bourbonne-les-bains-senaide.html
 
   Avant d'expliquer pourquoi le projet d’une usine éolienne est un danger réel, en terme géologique, consécutif à la nature même des sols des deux communes, il nous faut vous conter un peu de l'histoire de Bourbonne-les-Bains. Ce bourg est, avant tout, une station thermale de grand renom, qui a franchi les siècles, malgré les fluctuations dans sa fréquentation, puisqu'elle fut créée par... Louis XIV en I702. Comme toutes ses consœurs, elle connu un essor remarquable à partir de I947, avec la naissance du thermalisme social : "... À partir de 1930, l’émergence des assurances sociales et, en 1936, celle des congés payés accentue cette démocratisation qui va concerner le monde des salariés dans son ensemble, mais le mouvement reste modeste jusqu’à la guerre. C’est en 1947 que naît véritablement ce que l’on a appelé le thermalisme social, défini et quasi subventionné par la Sécurité sociale. Les curistes forment désormais un ensemble varié, où domine la classe moyenne mais aussi des représentants de milieux plus modestes. Cette population accuse une forte croissance jusque vers 1980, pour connaître ensuite une relative stagnation... " ; source

La déserte des stations thermales par le train. Sur le Web
 
  Après ce bref exposé historique, revenons au sujet qui nous préoccupe et qui n'est pas sans rapport avec la partie précédente.
   L'excellente réputation de la station thermale, au-delà de la qualité de l'accueil et des services proposés, s'est bâtie sur... l’ exceptionnalité de son eau  : "... une minéralisation et une radioactivité forte, leur spécificité porte sur le fait qu’elles soient chaudes. En effet, elles jaillissent à 66°4. Les eaux minérales du bassin de Bourbonne proviennent d’eaux de pluie qui se sont infiltrées au nord-est de la station et dans leur lente descente à des profondeurs de 2 000 m se sont chargées de minéraux et ont acquis de nombreuses propriétés physiques et chimiques. Elles resurgissent après une quarantaine d’années... "
   Et oui, tout le monde l'aura bien compris : les eaux proviennent du secteur de Senaide et, grâce au faisceau de failles, espèce de " viaduc naturel ", elles cheminent pour se retrouver comme sources de bien-être, à Bourbonne-les-Bains ; ce viaduc naturel, qui s'est constitué pendant des millénaires, s'en trouverait immanquablement fortement fragilisé et pollué, voire pire, par l'implantation de 8 éoliennes, via, par exemple, le chantier nécessaire à leur construction : déforestation, forage, terrassement, transport engins, etc. ; avec pour conséquence ultime, de tuer DÉFINITIVEMENT " la poule aux d'or " !? Nul doute que le risque est réel !
  Mais que diable allait-il faire dans cette galère ?, pourrait-on s'interroger, en parlant du conseil municipal, comme Géronte à Scapin, dans Les Fourberies de Scapin, acte II, scène 7, de Molière.  
 
Quelques photos d'un chantier éolien pour illustrer la chronique d'un désastre annoncé !...


La déforestation


Les fondations :  ~1500 tonnes de béton ... Source 
 
  Les habitants et toutes celles et tous ceux qui travaillent et nourrissent leur famille, directement ou indirectement, grâce à l'activité de la station thermale, devraient-ils s'inquiéter ? Assurément.
 
Les failles
   " En géologie, une faille est une structure tectonique consistant en un plan ou une zone de rupture le long duquel deux blocs rocheux se déplacent l'un par rapport à l'autre. Ce plan divise un volume rocheux en deux compartiments qui ont glissé l'un par rapport à l'autre dans un contexte de déformation fragile. (...) Suivant le type de mouvement relatif, on définit trois principaux types de failles : faille normale, faille inverse, décrochement... "


   "... Les 3 principaux types de failles qui correspondent aux trois types de mouvements tectoniques : transformant, divergent, convergent. Ce bloc-diagramme masque deux faits : bon nombre de failles sont composites et ont ces trois composantes ; les failles visibles sont rares par rapport aux failles aveugles qui ne se traduisent par aucun décalage en surface. (...) En surface, les failles et faillettes interfèrent fortement avec la circulation horizontale et verticale de fluides, eau minéralisée, entre autres, dans le sol, en surface et jusqu'à plusieurs mètres de profondeur, ainsi qu'avec le système racinaire des plantes et surtout des arbres dont certaines racines peuvent être retrouvées jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de profondeur (...) Même en profondeur, les failles peuvent être le lieu d'une circulation préférentielle de l'eau, plus ou moins verticale. " 
 
Situation géologique de Bourbonne-les-Bains et Senaide
  Pour éclairer la lanterne des béotiens que nous sommes en la matière, Blandine Vue, chercheuse en archéologie et histoire des paysages, spécialiste de la Haute-Marne, auteure d'ouvrages  et de thèses, a accepté de nous apporter quelques précisions sur la configuration actuelle; nous la remercions vivement.
  " C'est un secteur très faillé. Le plateau entre les deux communes est traversé par une faille importante, matérialisée par un trait noir en continu ; une autre faille située au bas du même plateau, matérialisée par des pointillés** ; voir cartes ci-devant. Et bien entendu, ces failles ne s'arrêtent pas... en limite de carte... "
 
** Cela signifie que la faille est bien présente mais qu'elle est recouverte pas des alluvions en fond de vallée, des limons ou des éboulis, etc.



Dans le détail

Le bassin hydraulique de Bourbonne-les-Bains.
 
Le risque sismique
  - Haute-Marne
   " Le risque sismique dans la Haute-Marne est un des risques majeurs susceptibles d'affecter le département de la Haute-Marne, région Grand Est, France. Il se caractérise par la possibilité qu'un aléa de type séisme se produise et occasionne des dommages plus ou moins importants aux enjeux humains, économiques ou environnementaux situés sur le territoire départemental.
   (...) Les 426 communes du département se répartissent en deux zones : 388 sont en zone sismique « très faible » et 38 sont en zone de sismicité « faible ». (...) La base de données SisFrance des séismes historiques en France***, gérée par le Bureau de recherches géologiques et minières, BRGM, recense les événements ressentis dans au moins une commune du département au cours des 500 dernières années. Ces séismes historiques n’ont jamais entraîné de dommages matériels importants ; les plus récents sur le secteur qui nous intéresse :
  - I4 novembre I987, Bussières/Belmont : intensité 4 ; léger : secousses notables d'objets à l'intérieur des maisons, bruits d'entrechoquement. Les dommages restent très légers
   - I juillet I893, Combeaufontaine : intensité 5 ; modéré : peut causer des dommages significatifs à des édifices mal conçus dans des zones restreintes. Pas de dommages aux édifices bien construits.
   - I0 octobre I880, Genevrières : intensité 4
  - I9 avril 1862 et I5 août I863, Bourbonne-les-Bains : intensité 3 ; mineur : souvent ressenti sans causer de dommages. "
 
  *** " En sismologie, la magnitude est la représentation logarithmique du moment sismique, qui est lui-même une mesure de l'énergie libérée par un séisme déduite de l'amplitude de certaines ondes sismiques à des distances spécifiques : mesure de l'amplitude sur un sismogramme de l'onde P ou S... L'échelle étant le logarithme d'une amplitude, elle est ouverte et sans limite supérieure.... "
 




Haute-Marne, carte du zonage sismique. Crédit carte : @Roland45

  - Les Vosges
   "... Les 507 communes du département se répartissent en trois zones : 150 sont en zone sismique « très faible », 155 sont en zone « faible » et 202 en zone « modérée ». (...) "
  Source


Vosges, carte du zonage sismique. Crédit carte : @Roland45


  À suivre...
 
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RURALITÉS : " CEUX QUI RESTENT ", OU COMMENT FAIRE SA VIE DANS NOS CAMPAGNES EN DÉCLIN



   " Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui font du bien dans le monde, mais ils font pas ça tout le temps et il faut tomber au bon moment. Il y a pas de miracle. "
  Romain Gary, La vie devant soi, Mercure de France, I975 ; sous le nom d'Émile Ajar.

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Benoît Coquard : « Milieux ruraux et banlieues ont beaucoup en commun »

 
  La gauche militante et universitaire s’est longtemps tenue à l’écart du monde rural. Le vote FN/RN y progressait et, fin 2018, les gilets jaunes se soulevaient dans toute la France contre la vie chère. Les travaux de sociologie sur les espaces ruraux et périurbains se multiplient et on a vu, à l’occasion des dernières élections législatives, la NUPES s’interroger — voire se diviser — sur le thème de la « France périphérique ». Une notion désormais célèbre, et amplement discutée. Pendant plusieurs années, le sociologue Benoît Coquard a mené dans le Grand Est une enquête sur les personnes qui habitent des campagnes en déclin. Dans son ouvrage Ceux qui restent, paru en 2019, il analysait la façon dont ces habitants vivent et s’investissent dans des campagnes qu’ils n’ont pas quittées. Un travail essentiel pour appréhender ces enjeux avec la finesse qui convient. Nous en discutons avec lui.

 
Vous utilisez l’expression de « campagnes en déclin » ou d’« espaces sociaux en déclin » : qu’est-ce que ça recouvre plus exactement ?
  J’ai employé cette expression pour marquer le fait que toutes les campagnes ne se valent pas. Parce qu’aujourd’hui en France, le monde rural est synonyme d’attractivité ; ces espaces se repeuplent depuis plusieurs décennies. Quand on demande de manière générale aux Français où ils voudraient habiter, la campagne ressort toujours très loin devant la ville. On préfère une maison individuelle sans vis-à-vis, plus d’espace, une plus grande propriété plutôt que l’appartement, etc. Et, par contraste, mes lieux d’enquête ne sont pas ces campagnes qui attirent, mais celles marquées par un déclin démographique, couplé à un déclin économique. On les retrouve principalement étendues des frontières du nord de la France en passant par les Ardennes et en traversant le Grand Est jusqu’aux contreforts de la Franche-Comté. Ce sont donc des régions qui étaient auparavant très tournées vers l’industrie, avec d’importantes capacités de production et qui ont pu être attractives : avec pendant longtemps des niveaux de chômage très bas, des salaires relativement élevés par rapport à d’autres espaces ruraux. Non sans hasard, les campagnes en déclin sont aussi celles qui restent les moins concernées par le regain d’intérêt pour le rural. Ce sont des campagnes à destinée productive, avec les paysages, l’histoire sociale et les populations qui vont avec, loin de l’image dominante de la campagne contemplative largement façonnée par la vision touristique.

Vous parlez de déclin économique et démographique. Comment est-ce perçu par celles et ceux qui le vivent ?
  C’est également un déclin du point de vue des habitants. Il y a un sentiment du « c’était mieux avant » qui s’est vraiment installé, une forme de nostalgie face à l’érosion des perspectives d’avenir. Pour le dire avec des termes de tous les jours, c’est un déclin de la « qualité de vie » et aussi des liens qu’on fait avec les autres.

Depuis quelques années, plusieurs travaux1 — en plus des vôtres — ont abordé de différentes façons la construction des sociabilités et l’organisation sociale en milieu rural. Faut-il y voir un regain d’intérêt de la sociologie pour les espaces ruraux et périurbains ?
  Oui, complètement. Vous en avez cité quelques-uns — qui sont tous d’excellents travaux d’ailleurs — et on pourrait en évoquer d’autres en complément, et beaucoup de nouveaux à venir qui ont eux aussi pour intérêt de combler des zones d’ombre de la recherche. Il faut préciser que ce regain d’intérêt est surtout porté par des études sur les classes populaires : ce n’est pas tous les types de ruralité. Avant ça, il n’y avait pas eu beaucoup d’enquêtes en milieu rural qui prenaient en compte la question des dominations et des classes sociales. J’aime bien expliquer le « regain » par le vide relatif qui existait auparavant. Car malheureusement les sciences sociales fonctionnent comme les autres domaines de la société, elles suivent un peu les événements historiques. Par exemple, les enquêtes dans les espaces ruraux et périurbains ont trouvé un regain d’intérêt dans la science politique, notamment dans la sociologie politique, à mesure que progressait le vote Front national dans ces espaces. Ce parti gagnait du terrain dans l’échiquier politique, porté par un vote assez localisé, loin des grandes villes, assez investi par les classes populaires, ces classes populaires habitent avant tout loin des centres-villes : il y avait la volonté d’aller voir ce qu’il se passait pour comprendre le vote pour l’extrême droite. Plus récemment, il y a eu le mouvement des gilets jaunes. Les premières semaines, c’était très compliqué de trouver des chercheurs qui s’y intéressaient, ou plutôt qui étaient réellement sur le terrain à ce moment-là. À cette période d’effervescence politique et donc intellectuelle, beaucoup de gens ont analysé le mouvement à chaud et au chaud, depuis leur bureau. C’est ce qui explique d’ailleurs en grande partie, à mon sens, les réactions très critiques du monde intellectuel, vis-à-vis du mouvement dans les premières semaines. Il y avait une méconnaissance de ces milieux et on s’autorisait encore une fois à en parler de loin.

Comment l’expliquez-vous ?
  Quand on prend la trajectoire typique d’un chercheur, c’est-à-dire de quelqu’un autorisé à émettre un avis scientifique et objectivant sur le monde social, il y a très peu de chances qu’il ait des familiarités avec les classes populaires rurales. Par contre, on voit depuis le Covid-19 des enquêtes sur les néo-ruraux, ces Parisiens qui quittent la ville, etc. Ce phénomène sera probablement très bien documenté car les journalistes ou les chercheurs qui s’y intéressent sont soit eux-mêmes concernés, soit c’est leur entourage proche qui l’est. Le vote FN/RN grandit dans des régions, anciennement, ouvrières, historiquement conservatrices, loin des grandes villes, avec peu d’offre culturelle. Ces territoires ruraux ont vu leurs étudiants et intellectuels locaux, ou les plus diplômés, partir massivement, déprécier ces espaces-là, le style de vie des gens, la sociabilité populaire en place. Ça accentue un entre-soi populaire et une très faible présence du « pôle culturel » de l’espace social : il y a toutes les conditions pour que des formes de méconnaissance s’entretiennent. Et avec la sélection sociale qui est faite à l’entrée des grandes écoles et des universités les plus prestigieuses, celles justement qui permettent d’accéder aux fonctions de chercheur, de professeur à l’université, il y a de grandes chances qu’il y ait un déficit de personnel qui puisse être proche de cette histoire-là, et qui s’y intéressera. En sciences humaines et sociales, les objets de recherche disent toujours quelque chose de l’histoire de ceux qui les choisissent. Dès le début de ma thèse, j’ai relevé entre les populations étudiées une grande défiance à l’égard des étudiants, des diplômés : ce sont des mondes qui se renvoient dos à dos. D’un côté, il y avait des formes de mépris de classe évident venant du « monde intellectuel » au sens large, en taxant uniformément certains groupes de beaufs, etc. ; de l’autre, du point de vue de « ceux qui restent », s’exprimait une forme de défiance vis-à-vis de ceux qui ne travaillent pas de leurs mains, qui vivent en ville. On retrouve toujours une polarisation de l’espace social, déjà décrite depuis longtemps par Bourdieu.

 [Vincent Jarousseau | vincentjarousseau.com]

Votre objet de recherche, que dit-il de vous ?
  Je ne voyais pas le milieu d’où je venais comme un objet d’étude légitime parce que je ne le retrouvais pas dans les écrits de sciences sociales. J’ai fait mon mémoire de master sur les jeunes d’une cité de Seine-Saint-Denis. J’habitais dans la cité, je sympathisais avec eux, j’essayais justement de trouver une légitimité à ce que je faisais en copiant l’objet des « classiques » de sociologie en France ou aux États-Unis. Un jour j’ai lu Les Gars du coin de Nicolas Renahy, qui était un peu le seul livre de sociologie se rapprochant de la réalité que j’aurais pu décrire. J’ai alors réalisé que c’était un sujet de sociologie digne d’intérêt. À mon avis, si on veut vraiment une démocratisation de l’accès à la démarche scientifique, ou encore journalistique et plus largement des fonctions qui s’autorisent à produire des discours sur le monde social, il faut travailler à légitimer davantage les sujets et les recherches liés aux groupes dominés pour que les étudiants ou d’autres issus des milieux non privilégiés s’en emparent à leur tour. Même si la réalité parle pour eux, c’est très compliqué pour un jeune chercheur de se lancer dans des choses nouvelles sans appuis institutionnels. Pendant longtemps, la sociologie rurale était focalisée sur l’agriculture. Elle s’intéressait à la figure de l’agriculteur qui disparaissait ou alors à la « civilisation paysanne » comme on l’appelait de manière folklorique, celle-ci étant perçue comme le reliquat d’une société de jadis, à muséographier avant qu’elle ne disparaisse. Ces approches étaient aveugles aux changements concrets dans la vie des ruraux, en vérité très rapidement intégrés dans la révolution industrielle, dans le capitalisme et dans les changements structurels mondiaux. Dans les régions dans lesquelles j’ai enquêté, les revendications qu’on trouve encore aujourd’hui taguées sur les murs ne sont pas des mots d’ordre paysans. C’est plutôt une insulte contre le président de la République ou le PDG d’une multinationale qui a racheté l’industrie locale par exemple.

Dans votre livre Ceux qui restent, vous écrivez : « Étant à la fois sociologue et originaire de ces endroits dits " paumés ", j’ai essayé de me mettre dans une posture de " traducteur " entre deux mondes que je côtoie par allers-retours. » Qu’implique cette position lors d’une enquête comme la vôtre ?
  Je viens des milieux populaires ruraux mais j’ai fait des études à la fac et au fur et à mesure j’ai côtoyé des institutions plus prestigieuses. De par ma trajectoire, je vois déjà l’écart qu’il y a entre ces milieux et la manière dont les représentations « d’en haut » entretiennent certaines formes de misérabilisme, de mépris de classe. J’habitais sur place pour faire mon terrain, j’essayais de me mêler à la sociabilité que j’observais et je retournais de temps en temps à Paris présenter mes travaux en séminaire. J’allais d’un espace à l’autre. Dans les questions qu’on me posait, il y avait beaucoup de préjugés, qui s’exprimaient parfois très librement de la part d’universitaires qui ne se seraient pas autant lâchés sur d’autres groupes sociaux. Je me suis dit que ça allait être dur d’écrire sans réifier l’image du beauf entretenu de l’extérieur sur ces populations, ni tomber à l’inverse dans des formes de misérabilisme qui s’incarnent dans des discours sur « ces pauvres ruraux oubliés », cette France chérie par l’extrême droite qui serait en « insécurité culturelle », pour reprendre un concept qui a court. Ce seraient des « petits Blancs » qui ne chercheraient qu’à fuir les populations des banlieues — alors que ce sont des espaces sociaux qui ont beaucoup en commun. On ne les définit que par le repli, le manque, la crainte, et cette image ne conviendrait pas du tout aux enquêtés : ils sont très fiers de leur style de vie, de leur lieu de vie, ils n’ont jamais fui personne, ne se définissent pas comme des « petits Blancs » — et d’ailleurs il n’y a pas que des Blancs chez eux. Face à ça, il faut donner un point de vue fidèle tout en sachant que ceux qui vont lire le bouquin ne font généralement pas partie de ce milieu-là. Le bon moyen pour trouver l’équilibre était de tout miser sur ce qu’apportait l’enquête de terrain et de fuir toutes les tentations essayistes.
  Le manque de travaux empiriques a de ce point de vue facilité l’avènement de certaines théories, notamment de la « France périphérique » : des discours produits depuis Paris, très vagues, et qui ont en commun de surfer sur cette idée de déclin et d’abandon — qui peut être réel, comme celui de l’industrie — mais pour en déduire des conduites sociales et des visions du monde chez les habitants sans être allé les vérifier. C’est l’idée, par exemple, que l’individualisme domine dans les rapports sociaux. Un article qui m’a marqué s’intitule « Dans ces villages de Haute-Marne, on vote FN et on ne s’aime pas ». C’est une description d’un village où plus personne ne se parle, où on appelle les gendarmes pour le moindre conflit. Ce que j’en ai compris, c’est que les journalistes n’ont pas eu accès aux endroits où il y avait encore des liens sociaux. Là où il y avait encore une vie intense, ce n’était pas au centre du bourg, où le café avait fermé. Ils passaient à côté de ce qu’il restait de vie collective. Parce que l’une des principales ressources des gens de classes populaires, c’est justement d’être connu dans son quartier, dans son village, d’être reconnu pour ce qu’ils font, ils ne peuvent pas se permettre d’être individualistes et repliés sur leur propre personne. Même quand l’économie locale se casse la gueule, même quand l’usine ferme et que ça touche une proportion importante dans un village, les gens continuent de reconstruire des liens, de s’investir dans des groupes d’amis — tout ce qui perdure quand le travail disparaît. D’ailleurs il ne disparaît pas complètement, il y a encore de l’activité économique, seulement le marché du travail est atone, donc une bonne partie de la population s’en va… Ceux qui restent vont avoir une auto-entreprise, travailler dans les petites industries, le bâtiment, le transport. Tout ce qui résulte de ça, on ne le voit qu’en étant là-bas, en se laissant un petit peu happer par ce qui se passe ailleurs que sur la place du village désertée par les jeunes depuis longtemps. Je ne me reconnaissais pas du tout dans ces descriptions froides de la rue principale et de la supérette qui ferme…

C’était avant que vous ne vous mettiez à enquêter vous-même. Votre parcours a‑t-il joué dans cette méfiance ?
  Pour mon cas personnel, j’ai grandi dans un bourg. Et c’est un espace d’interconnaissance très fort, où quand on est jeune, on ressent un contrôle social très intense : tout le monde sait ce que vous faites, on craint les logiques de stigmatisation. Il y a quelque chose de pesant. La campagne est vécue par beaucoup de jeunes comme un espace trop intense, où on ne peut pas respirer, alors qu’elle est vendue dans les publicités avec des slogans comme « respirez », « ressourcez vous »… Le mode « maison secondaire » charrie sur ce point beaucoup de violence symbolique parce qu’un espace qui est subi par certains va être récréatif pour d’autres, permettant la mise à distance de toutes les contraintes : « Je vais pouvoir être en télétravail à la campagne dans une super belle maison, avec un fort pouvoir d’achat. » Alors que ce même village est vécu pour certains comme un espace d’enfermement : « depuis que l’usine a fermé ou que tel patron m’a viré et a dit à tout le monde que j’étais un fainéant je ne trouve même plus de boulot au noir le week-end ». La « traduction » dont on parlait est aussi là : cette belle petite campagne que vous voyez abrite des réalités très différentes.

 

Vincent Jarousseau | vincentjarousseau.com]

Dans votre livre vous insistez sur le fait qu’avoir bonne ou mauvaise réputation en milieu rural est extrêmement important, que ce soit pour trouver, ou conserver, un emploi, un ou un conjoint, une conjointe… Que veut dire « avoir bonne réputation », dans ces campagnes ?
  J’ai beaucoup enquêté par l’observation directe des pratiques, en situant les trajectoires des gens sur un temps relativement long — j’ai eu la chance de pouvoir suivre mes enquêtés et enquêtées pendant 9 ans. À partir de là, j’ai pu voir comment s’entretient la « bonne réputation », celle qui à un moment donné vous apporte quelque chose. Qui a pu s’arroger ce qu’on appelle les « bonnes places » sur le marché du travail ? Ça ne s’est pas passé en envoyant un CV et en passant un entretien d’embauche : ce sont les recommandations qui sont déterminantes, qui font qu’un autoentrepreneur s’en sortira bien tandis qu’un autre sera dans une grande précarité, alors qu’ils peuvent faire le même métier. Les enjeux de réputation ont donc des conséquences matérielles très concrètes. De l’autre côté du spectre, ceux qui ont une « sale réputation » sont mis à l’écart du marché du travail, y compris au noir. On vous laisse encore moins travailler sans contrat de travail chez les gens parce qu’on n’a pas confiance. On ne vous paye pas, on vous surexploite, on vous méprise, même dans les contacts anodins du quotidien. On vous traite de « cassos », « d’assistés ». La mauvaise réputation peut aussi être sur le plan de la sexualité, du mode de vie familial, de la stabilité de la famille, surtout pour les femmes. Une bonne réputation n’est pas simplement un phénomène discursif, c’est aussi une appartenance concrète à des groupes. Ceux qui ont bonne réputation sont très entourés, ont beaucoup d’amis, qui ont eux-mêmes bonne réputation, etc. Dans une grande bande de potes, tout le monde est actif, si l’un est au chômage, les autres l’embauchent avec eux. Alors que les plus précaires sont ceux qui ont mauvaise réputation, qui fréquentent un plus petit nombre de personnes, qui ont du mal à recréer des liens…
  La bonne réputation existe non seulement parce que tout le monde se connaît, mais aussi parce que tout le monde est assez proche socialement. On se fréquente sur les mêmes scènes sociales parce qu’on a les mêmes loisirs. Comme dirait Bourdieu, il y a des affinités d’habitus sur beaucoup d’aspects de la vie. Pour une personne qui bosse en intérim dans le bâtiment et qui vit à 30 kilomètres de Paris, sa réputation d’ouvrier dans le bâtiment a beaucoup moins d’enjeux. Déjà, parce que ceux qui le voient travailler ne le regardent pas, et lui-même n’en tirera pas de ressources. Alors que la personne qui retape une maison aux yeux de tous voit son travail évalué, comme sa personne : tout son être social est observé.

C’est un élément qui ressort dans votre livre comme, d’ailleurs, dans Les Filles du coin, de la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy : l’anonymat existe peu ou n’existe pas. Beaucoup de choses se configurent par rapport au regard porté sur soi et cette absence d’anonymat.
  Oui, et sur ce point, il faut préciser que Yaëlle Amsellem-Mainguy enquête sur des jeunes et des adolescentes qui n’ont pas encore de légitimité : certaines d’entre elles se précipitent dans le couple parce que ça leur permettra justement un usage un peu plus libre de l’espace public — qui reste dominé par les hommes. De mon côté, j’ai entrevu ça par le biais du surinvestissement dans le foyer conjugal. Il a longtemps été étudié comme un espace de repli, fermé au groupe, sorte de sanctuaire pour la vie de famille, mais il est aujourd’hui investi par les juvéniles et les jeunes adultes. C’est là qu’on se retrouve, qu’on se fréquente.

Pour quelles raisons ?
  Il y a deux causes à ça. D’un côté, on ne veut pas se réunir sur la place du village, parce qu’on dira qu’on « traîne dans le village » : quand on marche ça veut dire qu’on n’a pas le permis de conduire, et ceux qui ne l’ont pas sont ceux qui n’ont pas d’emploi… Donc on se fréquente chez les uns et les autres. Aussi, dans ces lieux on n’est pas obligé de côtoyer tout le monde. On fait le tri. On le voit toutes et tous dans les enquêtes rurales qu’on mène. Il y a les contacts avec ceux du coin dans une forme d’interconnaissance un peu pesante, et ce que les enquêtés appellent « les vrais potes sur qui compter ». On les retrouve à la maison et c’est là qu’on peut parler, qu’on peut être comme on veut. On comprend pourquoi l’accès à la propriété est si important pour ces jeunes-là. Ce n’est pas simplement un calcul immobilier qui montre que c’est rentable sur vingt ans : on me disait « Si t’es locataire, t’es jamais chez toi. » D’où la volonté de se mettre en couple de manière précoce, de quitter le domicile parental, d’entretenir une sociabilité comme on veut en dehors de l’espace public. Dans une campagne où tout le monde se connaît et où l’on voit peu, comme on dit, de « nouvelles têtes », il y a une forte pesanteur des positions sociales et donc des dominations interpersonnelles. Être chez soi, avec celles et ceux qu’on veut fréquenter permet de s’en affranchir un peu. Typiquement, le fils machin, si son père a de l’argent et commande des salariés — qui est aussi souvent un élu local —, il hérite déjà symboliquement de cette position surplombante dès sa jeunesse et se comporte comme tel vis-à-vis de ses petits camarades ou de ses compagnes.

[Vincent Jarousseau |vincentjarousseau.com]

Yaëlle Amsellem-Mainguy écrit aussi que « c’est la figure des garçons qui personnifie les stéréotypes sur les campagnards ou les ruraux ».
  Oui, elle a raison. Même s’il y a aussi l’idée de la fille de la campagne, qui va avoir très tôt des enfants, etc. En fait, indépendamment de la ruralité et du genre, ce sont surtout des stigmates qu’on renvoie généralement aux classes populaires. On associe la figure du beauf à la ruralité parce que c’est là qu’habitent les classes populaires, mais elle peut aussi s’appliquer à un homme des classes populaires des villes. Et ces archétypes trouvent leur pendant féminin. Par exemple, à mon début de terrain, les personnes proches de moi étaient des étudiants et des étudiantes. Étant donné le milieu social d’où je venais, c’étaient surtout des filles. Et elles développaient vite des formes de mépris et de mise à distance vis-à-vis des trajectoires d’entrée dans la vie d’adulte de leurs amies d’enfance, c’est-à-dire celles qui avaient déjà des enfants, qui restaient avec le même copain qu’elles avaient rencontré à 14 ou 15 ans… Donc il y avait des formes de mépris de la figure féminine. Simplement, ce sont les figures masculines qui sont les plus visibles dans l’espace public et dans le monde social en général. Et ce sont davantage les hommes eux-mêmes qui produisent les stéréotypes, qui ont accès à la parole publique : pour le haut de l’espace social. Il y a donc des formes de mépris correspondantes du côté féminin et les femmes en ont une conscience aiguë : ne pas avoir le bon accent quand elles vont en ville, les étudiantes qui ressentent des freins dans leur progression même après plusieurs années, etc.

Vous mentionniez auparavant les gilets jaunes. Vous écrivez d’une part que ces derniers « se mobilisent pour des mesures radicales, pour une autre répartition des richesses et un renversement de l’ordre politique », tout en soulignant que bon nombre d’entre eux fustigeaient les supposés « fainéants », et voyaient dans une partie des patrons « la voie idéale de réussite sociale ». Comment comprendre ce paradoxe ?
  C’est lié à la structure de l’économie locale : ils travaillent dans des petites entreprises où ils connaissent leur patron — les bandes de potes sont souvent composées d’un supérieur hiérarchique et de ses ouvriers. Je me rappelle du deuxième samedi de mobilisation des gilets jaunes. Sur le point de blocage où j’étais il y avait eu toute une discussion pour savoir s’il fallait bloquer les camions d’artisans et de patrons. Ils se demandaient « Ils sont des nôtres ou pas ? ». Les gens présents, beaucoup de personnes sans emploi, des intérimaires, des retraités, d’autres travaillant dans les services à la personne, ont tranché positivement parce que « C’est eux qui nous font vivre, ils travaillent à la sueur de leur front, on les connaît ». La proximité sociale et les relations entretenues concrètement impliquent un brouillage des pistes. Les classes populaires font la différence entre le patron qui a deux ou trois salariés et le patron de Total, or c’est précisément ce type de distinction qui les porte parfois à voter comme le petit patron, et au final comme le grand patron aussi… Chez les gilets jaunes, il y avait déjà beaucoup de discours critiques sur le fait que les gros pollueurs n’étaient pas ciblés par les taxes sur le carburant et sur l’idée qu’on les faisait passer, eux sur les ronds-points, pour des personnes pas concernées par le changement climatique. Cet apparent paradoxe n’en était pas un pour des personnes disant qu’il fallait rétablir l’ ISF [Impôt de solidarité sur la fortune ; remplacé depuis 20I8 par l''Impôt sur la fortune immobilière, IFI] , qui criaient « révolution » tout en chantant La Marseillaise. Le premier jour de mobilisation, j’entendais certaines personnes sur le point de blocage souhaiter « un référendum pour que Le Pen passe » tout en scandant des slogans sur la répartition des richesses et en déplorant que les ouvriers n’étaient pas assez bien payés.
  Tout ça est évidemment à mettre en regard de la défaite de la gauche depuis les années 1980 : les campagnes dont je parle ont un tissu militant de gauche quasi invisible pour les classes populaires. S’il n’est pas inexistant, il n’est pas du tout au contact de ces catégories-là. On n’identifie donc pas d’offre politique et on bricole des avis politiques qui ne sont pas forcément cohérents. Le sociologue Olivier Schwartz parlait de la conscience triangulaire qu’ont les classes populaires du monde social : se mettre à distance des « assistés », notamment pour se mettre soi-même à distance des stigmates. C’est aussi une stratégie de présentation de soi. D’ailleurs, le mouvement des gilets jaunes a été très populaire grâce à ça : « On est des gens qui galèrent, qui n’ont pas beaucoup d’argent, mais qui travaillent. » C’est très compliqué aujourd’hui pour les classes populaires de se mobiliser sur le travail.

Vous avez un exemple ?
  Un jour de mobilisation des gilets jaunes, sur un rond-point, trois femmes se disaient entre elles : « Ce qu’on ne peut plus faire au travail, on le fait là. » Elles bossaient dans un entrepôt, où il y a des techniques de néo-management : les personnes ne se croisent pas, tout est fait pour qu’il n’y ait aucune mobilisation. Elles avaient une conscience assez lucide du fait qu’il n’y a plus d’espace pour porter leurs discours et leurs revendications. Après, je ne suis pas spécialiste des gilets jaunes, j’ai juste raconté tout ce qu’il y avait de sous-jacent à ce que j’avais observé avant ce premier jour de mobilisation : l’idée que tout était loin, que le travail s’en allait, qu’on se sentait dépossédé de l’usage de l’espace environnant. J’avais passé mon temps à dire qu’il n’y avait pas de mobilisations politiques dans ces espaces, et sans faire de prévisions sur l’avenir, je me disais que ça ne bougerait jamais. Ça m’a beaucoup surpris de voir qu’ils ont été parmi les plus marqués par la présence des gilets jaunes et qu’il y a eu des mobilisations radicales — ça montre qu’on peut toujours se tromper.

 [Vincent Jarousseau | vincentjarousseau.com]

Vous mentionniez l’audience de certaines théories, parmi lesquelles, surtout, celle de « France périphérique ». Malgré de nombreuses critiques de géographes et sociologues2, elle a bénéficié d’une forte diffusion médiatique et, dans une certaine mesure, politique. Récemment, le député LFI François Ruffin parlait de « Frances périphériques », au pluriel, et en tire des stratégies électorales. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
  La critique de la notion de « France périphérique » a été faite, de façon assez aisée d’ailleurs, parce que c’est un travail qui n’avait pas été soumis à la contradiction des pairs. Le problème n’est plus tant à mon sens la validité de l’indicateur « France périphérique ». C’est surtout devenu un mot-valise entré dans le langage commun ou plutôt dans le jargon politique commun parce qu’au final, quand vous parlez à des gens du coin, ils ne disent pas « On est la France périphérique ». Quand François Ruffin le mobilise, il dit en substance : « Je ne suis pas sociologue, France périphérique ça parle à tout le monde et je veux employer des mots qui parlent à tout le monde. » Toutefois, cette notion s’est avant tout diffusée à droite et à l’extrême droite avant de conquérir l’essentiel de la gauche aujourd’hui. On peut alors se demander, et là ce n’est plus le sociologue qui parle, quelle est la stratégie politique qu’il y a derrière. De fait, le succès de l’extrême droite n’est pas qu’un feu de paille. Dès 1995, la progression du vote FN a été très marquée dans les espaces ruraux désindustrialisés du Grand Est. Pour la gauche il y avait alors deux stratégies : se dire que ces campagnes sont conquises par les idées d’extrême droite, par les discours anti-immigration et le fait que les immigrés et leurs descendants sont le problème numéro 1, ou bien essayer de les reprendre. Désormais, on songe à reconquérir mais, pour ce faire, je pense que c’est une erreur d’aller chercher spécifiquement un vote rural parce que la ruralité n’est pas homogène : elle est trop diverse. Sur un même territoire la population rurale ne se ressemble pas, les trajectoires sociales des uns et des autres ne sont pas les mêmes, etc.
  Après, beaucoup de questions se posent : comment voit-on ces populations-là ? Est-ce qu’on les voit comme une totalité ? Tous ceux qui mettent un bulletin de vote RN ont-ils lu le programme, ont-ils tous un discours d’extrême droite ou est-ce qu’ils le font par conformisme, parce que tout le monde autour d’eux revendique d’être d’extrême droite ? Est-ce qu’ils peuvent changer de vote à l’avenir et pourquoi ce serait à gauche ? Beaucoup de gens dans les milieux ruraux et dans les classes populaires rurales n’expriment pas leurs idées politiques, même parmi ceux qui ne s’abstiennent pas, justement parce qu’ils ne se sentent pas en conformité avec l’idéologie d’extrême droite dominante, qui est devenu une espèce de doxa dans les conversations quotidiennes. Comment leur parle-t-on depuis la gauche ? Est-ce qu’il faut changer les discours ou changer les représentants politiques par d’autres qui soient plus proches de ces milieux-là ? Le besoin d’identification est important dans des populations peu politisées ou pas politisées du tout, surtout quand il s’agit de changer son vote ou d’aller à l’encontre de ce qui est conforme dans son entourage. Des mouvements sociaux qui font prendre conscience de votre importance politique produisent ça. Le premier samedi des gilets jaunes, quand on est rentrés boire l’apéro chez l’un des participants, il y avait eu une forme de stupéfaction devant BFM en voyant qu’ils avaient bloqué le pays, qu’ils avaient une force collective immense.

Sur la façon de faire collectif, justement, vous utilisez la formule « déjà, nous » : pouvez-vous la redévelopper ici ?
   Ce que j’essayais de montrer en fil rouge dans mon bouquin, c’est qu’il restait une conscience collective sous forme de « nous » qui s’exprimait sous la forme d’un « déjà, nous ». C’est une conscience collective sélective et conflictuelle, liée à l’idée que tout le monde est en concurrence, qu’il faut d’abord se sauver, soi et un petit nombre de personnes, car il n’y a pas de place pour tout le monde. Ça va de pair avec les appartenances des gens : dans quel groupe sont-ils insérés, qui fréquentent-ils ? Au lieu de passer du temps dans les cafés, les jeunes adultes passent beaucoup de temps avec leurs amis, et souvent travaillent ensemble, partagent des loisirs. Le « déjà, nous », en plus d’être sélectif est électif : exclure des personnes de ce « nous » et valoriser très fortement ceux qui en font partie. Il y a un côté hédoniste, ce sont ceux avec qui on passe du bon temps, mais c’est aussi à cette échelle-là qu’on peut s’organiser pour avoir des stratégies de vie « rentables ». Quand on fait du travail au noir le week-end, c’est avec une petite équipe d’amis très proches, quand il y a une bonne place sur le marché du travail on va pistonner le copain, etc. À une échelle plus large, on se sent en concurrence avec d’autres. Ce « déjà, nous », ou « nous d’abord », peut se raccrocher facilement à l’extrême droite. Le Pen active un ressort du monde des catégories populaires avec sa vision très conflictuelle du monde social. J’ai essayé de montrer qu’il reste des choses — il y a un « nous » dans lequel on s’organise — mais qu’il faut bien voir qui arrive à le capter aujourd’hui. Les dégâts qui ont été faits par les évolutions du marché du travail, ou encore l’état des médias dominants aujourd’hui sont des éléments structurels qui imprègnent les consciences durablement. De ce fait, on change difficilement les visions du monde par un nouveau concept politique, un nouveau mot ou une nouvelle tête d’affiche.

I. Pensons aux ouvrages Les filles du coin, Presses de Sciences Po, 2021, Yaëlle Amsellem-Mainguy, Des femmes qui tiennent la campagne, La Dispute, 2022, Sophie Orange et Fanny Renard, ou encore Le vote FN au village. Trajectoires de ménages populaires du périurbain, Éditions du Croquant, 2017, Violaine Girard.
2. On peut notamment citer, « Le peuple et la France périphérique : la géographie au service d’une version culturaliste et essentialisée des classes populaires », Cécile Gintrac, Sarah Mekdjian, dans Espaces et sociétés, 2014,« La France périphérique un an après : un mythe aux pieds d’argile », Aurélien Delpirou et Achille Warnant, AOC, 2019, « France périphérique, le succès d’une illusion », Daniel Béhar, Hélène Dang-Vu et Aurélien Delpirou, Alternatives économiques, 29 novembre 2018.

   Sur le Web

HAUTE-MARNE / VOSGES, BOURBONNE-LES-BAINS & SENAIDE : LE PROJET DE L' USINE DE 8 ÉOLIENNES EST EN MARCHE

Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2023/02/haute-marne-bourbonne-les-bains.html
 
   On en sait un peu plus à présent sur le projet de l'usine éolienne votée à l'unanimité, moins deux voix, par le conseil municipal. 
 
Historique
   Ce projet n'est pas là par hasard ! Il s'inscrit dans la politique globale de colonisation éolienne décidée par la région Lorraine, en décembre 20I2 ; cette volonté politique s'est concrétisée dans les faits par le Schéma Régional Éolien Lorraine, SRE*, lui-même, un des volets du Schéma Régional Climat Air Energie : SRCAE.  À noter que, lors de la Consultation publique du 30 juillet au Ier octobre 20I2, 309 communes sur les 5I5 que compte le département, ont donné un avis favorable; SENAIDE était du NOMBRE
 
 * Le SRE définit les parties du territoire où devront être situées les futures Zones de Développement Éolien, ZDE, 20I2. Le I4 janvier 20I6, il a été annulé par la Cour d'Appel administrative, CAA, de Nancy.

 La carte des Vosges, avec les communes pouvant potentiellement accueillir des usines éoliennes selon le SRE. Source 
 
   Ce projet comprendrait 8 éoliennes réparties sur la commune de Senaide, Vosges; or, pour une raison que nous ignorons toujours, demande de Bourbonne-les-Bains ?, choix du promoteur et/ou de Senaide,, etc., bref, au final, une partie de l'usine, 3 éoliennes, s'est retrouvée sur Bourbonne-les-Bains; les deux communes étant séparées que d'environ 4 km, à vol d'oiseau; voir carte ci-devant.

 
  Concernant la partie " vosgienne ", l'implantation serait sur " sur la colline au-dessus du château d'eau, Grande Côte, Mont du Milieu, Côte d'Ainvelle, Raumont... ", voir carte ci-devant. C'est-à-dire au point le plus haut, 435m, en surplomb du village, au nord-est et, à une distance de moins de 2 km, à vol d'oiseau.

 
   Pour ce qui l'en est du côté " haut-marnais ", nous n'avons rien trouvé concernant le lieu envisagé !...
 
Senaide
   C'est un village de I83 Senaidoises et Senaidois, INSEE,20I9 ; ils étaient 203, en 2008. Il se situe dans l'arrondissement de Neufchâteau et il fait partie de la Communauté de communes des Vosges côté Sud Ouest
  Ce territoire est remarquable !** si remarquable que les élus vont patiemment le gâcher à grands coups de pales d'éoliennes !
  « La conservation des monuments du passé [et des paysages ] n’est pas une simple question de convenance ou de sentiment. Nous n’avons pas le droit d’y toucher. Ils ne nous appartiennent pas. »
  John Ruskin, Les Sept Lampes de l’Architecture, I850 
 
** " Les Vosges Côté Sud Ouest, c’est avant tout une belle étendue de nature, de paisibles rivières qui serpentent entre les typiques villages et dessinent un verdoyant tableau de paysages bucoliques. Une terre qui recèle aussi un riche patrimoine historique entre artisanat et vieilles pierres. (...) " ; présentation du territoire sur le site de la Cc. Incroyable, non? 
 
La Communauté de communes des Vosges côté Sud Ouest. Source

Le conseil municipal 2020-2026
  Le maire actuel est en place depuis 20I2, suite au retrait en cours de mandat du maire 2008-20I4, pour raison de santé ; 7 élus sortants, sur les 11 que comptaient le conseil municipal, ont été reconduits lors des élections municipales de 2020. Le projet de l'usine éolienne est connue de ceux-là mêmes depuis au moins... 20I8 !, On parlait à l'époque de I0 à I5 éoliennes! voir ci-dessous :
 
  Vous aurez noté comme nous, à la lecture de la composition du conseil municipal que le monde agricole est fort bien représenté, par 4 élus, dont Monsieur le maire. D'où l'existence d'un POTENTIEL ÉLEVÉ de risque de prises illégale d'intérêts !?
  Rappel de la loi, dans le cas d'un projet éolien, si l'élu a un intérêt direct et INDIRECT :
  • " Il est interdit pour un élu de participer à l’intégralité du processus de prise de décision de la collectivité autorisant, favorisant, ou émettant un avis sur un projet de parc éolien dans lequel il aurait un intérêt personnel direct ou indirect :
  • Le projet impacte, est situé, ou potentiellement situé, sur un de ses terrains ou celui d’un de ses proches, amis ou cercle familial, au moment de la délibération
  • Le projet est porté par une entreprise dans laquelle il, ou un de ses proches a un intérêt au moment de la délibération.
  Dans ces cas :
  • L’élu concerné doit en informer la collectivité ;
  • Il ne peut participer ni au débat ni à la délibération de la commune, même indirectement par mandat par exemple ;
  • Il devra se retirer de la salle du conseil avant que le dossier ne soit évoqué lors de la séance
  • Ces éléments figurent sur la délibération prise la collectivité.
  • Lorsque le permis est délivré par la Commune, l’élu ne doit pas le délivrer lui-même ou participer à la décision
  • Il est interdit pour l’élu ou l’agent en situation de conflit d’intérêts d’exercer une influence sur la prise de décision
  • Il est interdit pour l’élu ou l’agent en situation de conflit d’intérêts d’exercer une influence sur la prise de décision. 
  • I condamnation par an est prononcée pour prise illégale d’intérêts en lien avec un projet éolien "
Source   
 
  • Georges Kaasberg, maire, anciens agriculteurs exploitants
  • Hélène Bouvier, commerçants et assimilés,
  • Josiane Defrain, anciens agriculteurs exploitants,
  • Jean-Claude Detroye, anciens agriculteurs exploitants,
  • Stéphane Ménestrel, ouvriers qualifiés de type artisanal, 
  • Flavien Sauvageot, ouvriers qualifiés de type industriel,
  • Yves Sauvageot, anciens ouvriers,
  • Sandrine Lamboley, professions intermédiaires de la santé et du travail social, 
  • Yves Garnier, ouvriers qualifiés de type industriel,
  • Quentin Montulet, agriculteurs sur grande exploitation,
  • Jean-Claude Protain, artisans,
  • Inscrits : I77 /178 en 20I4
  • Abstentions : 23 / 23
  • Votants : I54 / I55
  • Blancs et Nuls : 4 / 9
  • Exprimés : I50 / 146
 
L' opposition au projet est en place
  Indiscutablement, les Vosges côté Sud-Ouest, au même titre que leurs voisines limitrophes, Haute-Saône Ouest et Haute-Marne Est, voient leurs villages submergés par un " tsunami "éolien. Devant ce phénomène, nombre de citoyens ont décidé de S' INDIGNER en se constituant en association, afin de conserver leur qualité de vie, via la sauvegarde de la nature et du patrimoine. C'est le cas à Senaide. 

 

     - Sur Facebook : Petp Grand Est
     - Une pétition est ouverte  
     - 202I/I2 : Senaide, manifestation 

Source

   - Commentaire d'un habitant, où l'on apprend que la population a été avertie du projet seulement en 202I, par une communication du porteur du projet ; soit 3 ans après... les élus ! : " nous venons d’être informé par la réception dans notre boite à lettres cette semaine du I juillet 2020, que le village de Senaide dans les Vosges, documentation de la société VALECO, que le village était sur un projet d’installation d’un parc d’éolien. Le maire du village est très peu informatif !!! il sait pas, c’est intéressant pour les finance de la commune etc.,. "
  - Ici, le mât de mesure; source Association Préserver l'environnement des trois provinces du Grand Est, Petp Grand Est


Bourbonne-les-Bains
  L'annonce du vote favorable du conseil municipal sur les réseaux sociaux a, d'après l'excellent article du jhmQuotidien, totalement surpris une part importante des Bourbonnaises et des Bourbonnais.  
  Monsieur le maire, en vieux briscard de la politique locale qu'il est, a délivré une communication aux petits oignons afin de rassurer ses administrés : "...il ne s'agit que d'une éventualité encore embryonnaire. "
  Ainsi, pour celui-ci, le projet n'en serait qu'au stade de la réflexion !? Mais en même temps, le conseil l'a officiellement acté, après délibération. Bah ! cela ne mange pas de pain et, sait-on jamais, cela peut servir au cas où...
  Pour l'association Les vues imprenables, nul doute que le projet de l'usine éolienne est bel et bien en marche; que personne ne soit dupe !
 
jhmQuotidien 2023 02 23

 

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HAUTE-MARNE, CHANTRAINES : LE CONSEIL MUNICIPAL DONNE DES NOUVELLES DU PROJET DE L' USINE ÉOLIENNE

 Précédemment      Le conseil municipal de Chantraines, qui soutient le projet, avait pris acte, en 2022 , de l'arrêté préfectoral n° 5...