UNION EUROPÉENNE & INDE : ICI, INTERDICTION DU MOTEUR THERMIQUE, 2035, PENDANT QUE, LÀ-BAS, UNE COMMANDE DE 500 AVIONS

  " L'idéal est une chose ; être à sa hauteur en est une autre... On ne peut dire qu'on a un idéal, si on ne fait aucun effort pour l'atteindre."
  Mohandas Karamchand Gandhi, I869-I948

  La lutte contre le réchauffement climatique peut attendre!... 

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L’Inde passe commande de 500 avions, l’Europe se fait harakiri

Philippe Charlez, expert à l'Institut Sapiens.

  Alors que les députés européens signaient l’arrêt de mort des voitures thermiques, l’Inde passait avec Airbus et Boeing le plus gros contrat aérien de l’histoire.

South African Airways Airbus A330-243 ZS-SXZ . Crédit photo : Tony Hisgett

  Pour qui s’intéresse à l’actualité, les derniers jours ont particulièrement été riches en évènements énergétiques.
  Mardi 7 février 2023, le Sénat a définitivement adopté le projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables. Rappelons que ce projet vise à accélérer l’installation d’ ENR en limitant les recours jugés trop nombreux. Une loi « indispensable » selon les parlementaires pour atteindre les « ambitieux objectifs fixés par le président lors de son discours de Belfort » : 100 GW de photovoltaïque, 40 GW d’éolien terrestre, x2, et 40 GW d’éolien off-shore : soient 80 parcs équivalent à celui en construction au large de Fécamp.
  De son côté, le dernier Conseil européen a estimé nécessaire d’amplifier le financement des sources d’électricité décarbonées.
  L’Allemagne ayant imposé depuis dix ans sans vergogne son Energiewende à l’Europe, le Conseil persiste et signe dans sa volonté d’imposer à terme un suicidaire et utopique « presque tout » renouvelable. Dans la mesure où les ENR ne pourront contribuer au mieux qu’à 35 % d’une production électrique, qui devrait doubler d’ici 2050, cette stratégie revient à confirmer implicitement le rôle clé du gaz dans la production électrique future.
  Le gaz russe étant devenu persona non grata l’Europe ferait bien de travailler d’arrache-pied sur la sécurisation de ses importations gazières en construisant de nouveaux terminaux de regazéification mais aussi en développant de nouvelles routes gazières pour notamment accéder aux prometteuses productions en provenance de l’est méditerranéen : Chypre, Israël, Égypte. Si vous avez quelques économies investissez dans les compagnies gazières mais aussi dans la manufacture de turbines à gaz. En cédant la branche turbine d’Alstom à Général Electric, la France est une nouvelle fois passée à côté de l’Histoire !
  Le lendemain, le Parlement européen confirmait l’interdiction de vente des voitures/camionnettes thermiques et hybrides neuves à partir de 2035. Toute personne sensée sait que cette mesure purement idéologique est autodestructrice aussi bien pour l’industrie automobile européenne sommée de se restructurer que pour le citoyen européen qui dans quinze ans n’aura plus la possibilité d’effectuer un Paris Nice en famille un premier août. La voiture électrique est une urbaine mais ne sera jamais une routière. Quant à l’hydrogène, solution long terme pour la mobilité longue distance, il ne sera pas opérationnel en 2035.
  L’effet pervers de cette mesure stupide est évident : les vieilles voitures thermiques émettrices verront leur durée de vie prolongée au maximum. Un « agenda inversé » supplémentaire discréditant un peu plus une Union européenne complètement à la dérive.
  D’autres nouvelles contradictoires sont venues interférer avec les élucubrations hors sol de nos politiques français et européens
  Alors que les députés européens signaient l’arrêt de mort des voitures thermiques, l’Inde passait avec Airbus, commande de 250 appareils, et Boeing, commande de 220 appareils, le plus gros contrat aérien de l’histoire. L’idée surprenante de Jean-Marc Jancovici qui s’était dit « favorable à un système communiste où riches et pauvres n’auraient droit qu’à trois ou quatre vols dans leur vie » ne semble pas avoir percolé jusqu’à New Delhi !
  Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes. Faisant un bras d’honneur au réchauffement climatique, l’année 2022 a battu tous les records de consommation… d’énergies fossiles. Record de la consommation de charbon avec plus de huit milliards de tonnes mais aussi record de la consommation de pétrole qui, pour la première fois, a dépassé le cap des cent millions de barils par jour. Si la consommation européenne de gaz s’est légèrement contractée en 2022 pour raisons de conflit russo-ukrainien, la consommation mondiale, et notamment celle de GNL, devrait aussi battre ses précédents records. En d’autres termes le jour où la consommation de fossiles passera sous la barre des 80 % n’est pas encore arrivé.
  Une situation confirmée dans le dernier BP Energy Outlook publié fin janvier 2023.
  Ce document de référence estime que les politiques énergétiques engagées, voir figure ci-dessous, conduiront à l’horizon 2050 à un mix 2050 composé de 35 % de renouvelables et 54 % de fossiles émettant 30 GtCO2 : contre 35 GtCO2 aujourd’hui. En revanche, satisfaire le net zéro carbone demanderait de réduire la part fossile à 18 %, 8 GtCO2 résiduelles captées et réinjectées, et de porter la part des renouvelables à 65 %. Dans les deux scénarios, le nucléaire occupe une place marginale.


BP Energy Outlook 2050 : part des différentes énergies dans le mix mondial primaire

  Une étude récente intitulée « Démographie et climat : l’impossible équation » publiée en décembre 2022 sur le site de l’Institut Sapiens confirme les prévisions de BP.
  Nous y avions montré, voir courbes ci-dessous, que compte tenu des politiques futures de décarbonation, -4 % par an dans pays de l’OCDE et -1 % par an dans les pays émergents, les émissions 2050 se réduiraient de 10 % : 31 GtCO2 contre 35 GtCO2 aujourd’hui. Les pays émergents émettraient alors 92 % des émissions totales. En revanche, une inversion des chiffres en faveur des pays émergents réduirait les émissions 2050 de moitié : 18 GtCO2 en 2050. Les pays de l’OCDE sont-ils prêts pour autant à oublier leur transition pour financer celle des pays émergents ? Les tendances actuelles ne laissent plus aucun espoir quant à satisfaire les Accords de Paris.


Émissions prospectives 2050 : à gauche : décarbonation -4 % OCDE et -1 % Émergents ; à Droite : décarbonation -1 % OCDE et -4 % Émergents

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