UNION EUROPÉENNE, PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ : LA CONCURRENCE : UN MAL POUR UN BIEN?, HEU, PAS VRAIMENT!

  " Les illusions perdues sont des vérités trouvées. "
  Eduard Douwes Dekker, 1820-1887 
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Échec de la concurrence en électricité-Aucun gain de compétitivité pour l'UE


Lionel Taccoen, directeur de la Lettre " Géopolitique de l’Électricité "

  Aujourd’hui, il est possible de faire un bilan de la concurrence entre fournisseurs d’électricité :
  - La Commission européenne, DG Énergie, a publié en octobre 2020 une étude sur l’évolution des prix de l’électricité dans l’UE et les États industriels, G20, entre 2008 à 2019. Entre ces deux dates la concurrence avait été installée dans l’UE, avant les évènements exceptionnels comme la pandémie et la guerre d’Ukraine. Les prix de gros et leurs évolutions sont globalement similaires dans l’UE et pour l’ensemble des pays du G20. Mais les factures pour les ménages et les industriels ont augmenté dans l’UE et non pour l’ensemble du G20. L’étude explique : « ...la plupart des pays du G20 continuent de réglementer les prix pour les ménages. Le même problème, (sic) existe pour l’industrie mais il moins aigu que pour les ménages ... Les prix [pour les industriels européens] ont presque doublé par rapport aux États-Unis...Ils restent supérieurs à ceux de la plupart des pays du G20 ». Les prix de l’électricité dans les pays industriels, G20, ont été généralement considérés comme trop importants pour échapper au contrôle de l’État...sauf dans l’UE.
  L’étude de la Commission ne montre aucun gain de compétitivité du à la concurrence en électricité. Au contraire, apparaît un élément d’effritement de cette compétitivité.
  - Les Dindons de la Farce. Aux États-Unis, les États choisissent librement leur régulation de l’électricité. Une vingtaine d’États ont gardé le système historique d’entreprises publiques à monopoles. Une autre vingtaine a choisi la concurrence. Le reste a opté pour des choix intermédiaires. Les factures sont, en moyenne, un quart plus élevées dans les États à concurrence. Les Dindons de la Farce sont, comme en Europe, les États bénéficiant de productions bon marché, nucléaire et/ou hydraulique, et ayant instauré la concurrence. Ainsi les habitants du New Hampshire, 60% de nucléaire, enclavé dans des États refusant l’atome et idéalisant les renouvelables mais accros au gaz, supportent des factures déconnectées du nucléaire, parmi les plus élevées des États-Unis. En sens inverse, l’État de Washington, hydraulique et nucléaire, a gardé ses entreprises publiques. Ses factures sont moitié de celles du New Hampshire et procurent à l’usine géante de Boeing et à ses sous-traitants un précieux élément de compétitivité dans sa rivalité avec Airbus.
  La concurrence en électricité a été instaurée dans l’Union Européenne suivant l’idéologie de l’État minimum chère à l’École de Chicago, dont les vertus paraissent aujourd’hui douteuses. Contrairement aux télécommunications, la Cour de Justice de l’Union Européenne ne s’est jamais prononcée sur le principe de la concurrence en électricité. Trois faits nouveaux sont apparus depuis 1996 prouvant que l’électricité est nécessaire à la défense nationale. : 
  • l’absence de gain de compétitivité, 
  • l’apparition d’une société digitale faisant de l’électricité un besoin vital et 
  • la guerre d’Ukraine
  Tout cela fait de l’électricité un bien public, que le père de l’économie de marché et apôtre de la concurrence, Adam Smith, plaçait sous l’autorité de l’État hors concurrence. Une solution serait comme aux États-Unis, de laisser les États membres libres de choisir leur régulation de l’électricité. On obtiendrait alors une concurrence entre systèmes électriques et non entre fournisseurs, situation que la Commission apprécie dans le domaine fiscal.
  On rappelle que la libre circulation de l’électricité dans l’Union Européenne relève d’une directive de 1990, distincte de la législation de la concurrence, et qu’il convient de garder.


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