Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, épisode XVII

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  Il y a à Versailles deux sociétés populaires [ " La Société des amis de la Constitution, de la liberté et de l’égalité, de Versailles est fondée le 2 août 1790 par un noyau de responsables politiques, en général fortunés et haut placés, exerçant des fonctions publiques. Elle a connu quarante présidents, seize comités, mené une correspondance avec plus de deux cents sociétés populaires, dont celle de Paris. Société bourgeoise, ses évolutions ont été marquées par les événements de la capitale. Elle a débuté modestement, pour comprendre 500 à 600 membres à son apogée. Elle est doublée par une seconde société, la Société de la vertu sociale des sans-culottes, fondée en août 1793, au moment de la « régénération » de la Première République, comprenant de 65 à 260 membres. Les deux sociétés vont fusionner un moment, mais leur dualité demeure. Elles se différencient par la composition sociale, la cotisation, le local, le règlement, les engagements et les pratiques. La société, un moment réunifiée par le représentant en mission Charles Delacroix, est suspendue en frimaire an III, décembre 1794, au moment de la réaction thermidorienne. Des archives importantes, des documents éclairants, permettent de retracer l’histoire de ces deux sociétés dans l’ancienne capitale de la monarchie française, au cœur de la politisation et de la sociabilité révolutionnaires ; source], l'une formée dès le commencement de la Révolution, à l'instar des Jacobins de Paris ; l'autre établie depuis peu de mois, avec cette inscription en évidence : " Nous ne reconnaissons que le soleil pour père, la nature comme mère, la vertu et la raison pour guides, et les lois pour égide. "
  Cette dernière société est mal vue de la première, qui l'appelle le club des intrigants.
  Ce club, de son côté, appelle l'ancienne société le club des modérés.
  Les membres qui composent l'ancien club ne sont pas moins divisés entre eux. Les uns veulent exclure ceux qui n'étaient pas de la société lors de la première formation, les autres veulent rejeter ceux qui en étaient avant le 10 août 172 [en ce jour, " la prise des Tuileries, après un combat de trois heures qui a fait plus d'un millier de victimes, a virtuellement mis fin à la monarchie capétienne, vieille de huit siècles : prisonnier, le roi est suspendu. C'est le pas décisif vers sa déchéance, réclamée depuis juin et exigée le 3 août par les sections parisiennes. [...] Mais l'action menée aujourd'hui, unissant Fédérés, sans-culottes, sectionnaires, gardes nationaux des quartiers populaires, ne devaient rencontrer d'autres obstacles que les Suisses, défendant désespérément un palais déjà déserté par le roi... " ; Chronique de la Révolution, 1788-1799, Editions Chronique, 1988, p. 280]


10 août 1792 : irruption du peuple à l' Assemblée, où s'est réfugié le roi, installé dans la loge des logographes*. Gérard, Baron François : 1770 - 1837 © Photo RMN-Grand Palais - J.-G. Berizzi
   * Sténographe qui pratiquait la logographie. Celle ci était la sténographie en usage en France à l'Assemblée nationale constituante, puis à la Législative. Larousse.

  Il y a quelques jours, on débattait cette matière avec chaleur. Un citoyen qui n'est point du club, mais qui assistait à la séance, se leva brusquement, prit la parole, et parla avec véhémence contre le scandale de pareilles discussions. Il vit dans ces dissensions intestines le projet d'armer les patriotes contre les patriotes, et d'amener la contre-révolution par la révolution même. " Le véritable patriotisme, dit-il, ne consiste pas à brouiller les hommes entre eux, mais à marcher à l'ennemi. Vous êtes ici deux à trois mille bavards ; s'il s'agissait de marcher, vous iriez vous cacher dans vos caves ", etc., etc.
  Cette sortie ne plut pas à la société, qui menaça ce citoyen de l'incarcérer. Cet homme, sans se troubler, défia tous les orateurs de sortir avec lui l'un après l'autre. Au moment où j'écris cette observation, il est encore chez lui en pleine liberté.
  Ce citoyen à remontrances se nomme David, cordonnier de profession, et portier de la maison du citoyen Tissot [Pierre-François, 1768-1854 ; homme de lettres et académicien], rue du Vieux-Versailles. Il revient, dit-on, de la Vendée, où il s'est trouvé dans plusieurs affaires.
  Etat de subsistances à Versailles. Le bruit qu'une majoration du maximum est imminente y entraîne un resserrement de l'offre.342

29 pluviôse an II, 17 février 1794


Rapport de Bacon, W 191
  L'assemblée populaire de la section de Bonne-Nouvelle était très nombreuse. Une vive discussion qui a duré au moins une heure, relative au secrétaire de la société, accusé de favoriser les colons, a fait perdre un temps précieux, et occasionné de longues disputes qui, toutes, ont fini par l'ordre du jour. On a lu des lettres de différents jeunes gens de la section, dans ce moment aux armées, qui marquent que le soldat français n'attend que le moment de se mesurer avec les satellites des tyrans. On a aussi lu des imprimés républicain : l'esprit public est bon.
  L'assemblée populaire de la section du Faubourg-Montmartre était très nombreuse. On a lu le Bulletin de la Convention, le Journal de la Montagne [fondé par Jean-Charles Thibault de Laveaux [1749-1827 ; grammairien ; il en est le rédacteur en chef sous la Terreur en 1793 ; c'était l’organe des révolutionnaires jacobins. Parution du 2 juin 1793 au 18 novembre 1794] et plusieurs arrêtés de la Commune.

https://www.retronews.fr/sites/default/files/journal_de_la_montagne.jpg

Journal de la Montagne, 5 février 1794. Rétronews, BNF

  On a parlé de la fête de demain343 ; on a invité les citoyennes à s'y trouver, on a crié : nous irons tous. On a ensuite parlé des manœuvres des bouchers et de tous les marchands en général, qui voient d'un mauvais œil, a-t-on dit, de la Constitution des sans-culottes : l'esprit public bon.
  L'assemblée populaire de la section des Amis de la Liberté, de l' Égalité et de l' Humanité, affiliée aux Jacobins [ "... Par l'effet naturel de l'ancienne centralisation, la Société mère des Jacobins rayonna sur tout le territoire. Elle eut sur chaque point, ville ou village, une succursale obéissante qui répéta au même moment le mot d'ordre, l'instruction partie du centre. La moindre de ces Sociétés devint l'image parfaite de la Société mère de Paris. Aucune puissance ne pouvait lutter contre ces Sociétés. E. Quinet ; source], et séante rue du Vertbois344, était si nombreuse que beaucoup de personnes s'en sont allées, faute de pouvoir entrer. L'affaire du citoyen Penet ou Pellet345, membre du comité révolutionnaire de la section des Gravilliers [n°27 ; le quartier actuel des Arts-et-Métiers était son secteur ; ses assemblées se déroulaient en l’église Saint-Martin-des-Champs, 270 rue Saint-Martin ; elle était la plus grosse section en terme d' habitants :  27 800 ; en 1811, elle devient le quartier Saint-Martin-des-Champs, 6ème arrondissement de Paris], dénoncé par des membres de ce comité, et lequel Penet a fini aussi par dénoncer, hier à dix heures du soir, au Comité de salut public et au Comité de sûreté générale, le comité tout entier, a occasionné de bruyantes discussions, de diatribes, de sarcasmes, de sottises de part et d'autre. Comme les Comités de la Convention, a-t-on dit, n'ont rien voulu prendre sur eux, la société populaire a arrêté que, le 10 du mois prochain, l'assemblée générale prononcerait sur une querelle qui ne peut que faire plaisir aux aristocrates : vifs applaudissements.

                                                     
 

Prieuré Saint-Martin-des-Champs, chevet de l'église en 1913, avant la restauration par Henri Deneux. Agence Rol. — Photo de presse - agence Rol réf. 29221 - BNF

   Il a été arrêté que demain l'arbre de la Liberté ["... L'arbre de la liberté n'est autre chose que l'ancien " mai " que les paysans plantaient généralement à l'occasion des fêtes votives, tradition héritée sans doute des vieux cultes païens. Les premiers arbres de la liberté furent plantés dans le Périgord dès le mois de janvier 1790 " J. Godechot ; source] serait planté avec pompe, à côté de l'entrée de la société populaire. On a ensuite parlé des bouchers, des charcutiers, des marchands de bois, hommes desquels il faute se méfier, a-t-on dit : l'esprit public révolutionnaire.
  Je me suis trouvé avec des sans-culottes de la section Le Peletier qui m'ont dit que Boichut et Aliaume, membre du comité révolutionnaire de cette section 346, favorisaient les bouchers de la rue Neuve-Marc347, qui vendaient impunément la viande 20 sols la livre.
  Des hommes dans un café, rue Denis, disaient que les citoyens de la section des Amis-de-la-Patrie étaient en dispute avec le comité révolutionnaire de ladite section, et qu'on devait aller demain pour cet objet au Comité de sûreté générale. J' ignore les motifs de cette dispute ; mais, comme je fréquente les sections populaires, je dirai que je m'aperçois qu'il y a des êtres invisibles qui cherchent à brouiller les comités révolutionnaires les uns avec les autres, c'est-à-dire que tels citoyens composant le comité révolutionnaire de telle section servent souvent mal la patrie, par la haine qu'ils portent.
  Dans un cabaret près de l' Arsenal, on a parlé des bouchers. Une femme a dit que la plupart des bouchers de Paris étaient revenus au marché de Sceaux sans avoir pu avoir de bœuf. D'autres disaient que, tant qu'il n'y aurait pas un autre maximum sur la viande, on ne pourrait jamais s'en procurer, et que tout cela était la faute de la Commune de Paris. D'après ce que j'entends dire par le petit peuple, je crois que, pour avoir de la viande et pour déjouer les ennemis du bien public, il faudrait mettre toutes les bêtes en réquisition.
  Paris m'a paru tranquille.

Rapport de Charmont, W 191
  Euloge Schneider348 [Johann Georg Schneider, dit, 1756-1794 ; "... Au moment où la Révolution française éclata, il était professeur de belles-lettres à l'Université de Bonn. Bien que Récollet, sa foi, il faut le croire, n'était guère solide et sa tête équilibrée. Du moins, dès 1791, "après avoir abdiqué la prêtrise et abandonné l'état ecclésiastique, il quitta l'Allemagne pour fuir l'oppression sur (sic) laquelle il gémissait et pour contribuer par ses lumières à la propagation" des idées nouvelles. Il était alors âgé de trente-quatre ans. De Bonn, il se rendit à Strasbourg, où son zèle bruyant ne tarda point à le signaler aux autorités constituées. Il n'épargna, d'ailleurs, aucune intrigue pour percer. Le succès ne répondit que trop aisément à son audacieuse ambition. Presque immédiatement après son arrivée, en effet, on lui confia les plus redoutables pouvoirs, sans même hésiter devant sa qualité d'étranger, sans prendre le loisir d'étudier son caractère et ses aptitudes. C'était un énergumène braillard, dont la bouche était toujours pleine des tirades les plus sonores ; cela suffit pour lui valoir d'abord les fonctions d'accusateur public, puis celle "de commissaire civil à l'armée et commission révolutionnaire établie par les représentants du peuple. [...] Le 30 brumaire, Schneider, " considérant qu'il fallait nommer des hommes révolutionnaires pour élever les âmes abruties des campagnards à la hauteur de la Révolution et aux sentiments de la dignité de l'homme ", prenait un arrêté en vertu duquel le maître d' Osthausen était destitué et remplacé par l'une des créatures du commissaire, apostat allemand comme lui. Et ce qui aggravait le cas, c'est que l'administration départementale, affirmait le directoire du Bas-Rhin, ne fut pas même consultée et ne put par suite donner une approbation de tout point pourtant nécessaire. Le protégé du potentat n'en resta pas moins en place, " coûtant 12 livres par jour à la commune " tout occupé qu'il fût, non de remplir ses fonctions, mais de multiplier " les vexations et les prévarications ". Ce n'était là qu'un prélude et Schneider ne s'en contenta pas. Après les maires, les juges de paix : " il les suspendait et les faisait suspendre à son gré, les remplaçant par des Allemands, ses créatures, auxquels il donnait en même temps le pouvoir monstrueux de mettre dans les cachots leurs prédécesseurs, dont plusieurs étaient reconnus pour de zélés républicains ". Par ces criminelles manoeuvres, il voulait " tenir les officiers de police sous sa férule et augmenter sa domination ". Ce ne fut pas tout encore : il donnait aux étrangers, ses agents, " des brevets d'autorisation à taxer à leur gré les citoyens sous prétexte de fanatisme et d'égoïsme ". Inutile d'insister sur les abus sans nombre qu'il couvrait de la sorte [...] D'autres commissaires, munis de commissions verbales ou par écrit de Schneider seulement, parcouraient les campagnes, levaient des contributions arbitraires, faisaient des remises de 1,000 livres à la fois aux contribuables, à condition que ceux-là leur donneraient des reconnaissances qu'ils retenaient pour eux. [...] Mais voilà que le terrible proconsul est parvenu à destination. Le tribunal qu'il mène à sa guise se met en mesure d'entrer sans retard en fonction. " Arrivé à Oberehnheim, écrit-il, nous avons consigné tous les habitants de cette ville sous peine d'être regardés comme émigrés et punis comme tels ; nous avons, de plus, enjoint à la municipalité de nous fournir jusqu'à demain à neuf heures du matin une liste des personnes contre-révolutionnaires ". Evidemment, la liste réclamée est fournie partout aussitôt, en sorte que la besogne commence sans qu'il y ait perte de temps. Les juges, d'ailleurs, y mettent un véritable zèle ; dans 29 séances ils rendent 154 sentences. Je relève une vingtaine d'acquittements, une centaines de condamnations à des amendes variant de 1,000 à 30,000 livres, à des emprisonnements prolongés ou même la déportation. Souvent on octroya aux prévenus de cette dernière catégorie un surcroît de peine : on les attachait pendant deux, quatre, six heures mêmes à un poteau ou parfois à la guillotine, sur la place publique de la localité, et un écriteau en lettres énormes indiquait à tous le crime dont ils s'étaient rendus coupables. Trente-quatre enfin, et dans ce nombre plusieurs femmes, furent condamnés à mort et exécutés... " ; source], accusateur public, était aujourd'hui l'objet d'une discussion tenue par ses concitoyens du Bas-Rhin. Actuellement, le résultat de cette discussion était qu'à moins qu'il y eût des preuves contre lui, on assurait qu'il avait toujours montré un patriotisme ardent dans son département, mais que, puisque Robespierre aîné est son accusateur, on attendrait en silence que Robespierre reconnût lui-même son innocence, attendu, disait-on, que, s'il existe un homme en qui on puisse se fier, c'est sans contredit Robespierre.

 

1er avril 1794, exécution d' Euloge Schneider à Paris. Arrêté sur ordre de Saint-Just et du commissaire à la Convention et " adjoint en mission extraordinaire " pour l'Alsace, Philippe-François-Joseph Le Bas, décembre 1793. Ses dernières paroles furent : " Il est impossible d'être plus complaisant envers les ennemis de la République qu'en me faisant mourir. " ; Source
 
Cette discussion a aussi l'objet (sic) de demander l'établissement de six tribunaux provisoires pour juger tous les détenus, afin de rendre la liberté à ceux qui ont pu être incarcérés injustement, et de punir ceux qui l'ont mérité.
  Des habitués aux promenades du Luxembourg assuraient aujourd'hui avoir vu depuis plusieurs jours les détenus avoir des correspondances par signes et par paroles dans le jardin, avec des personnes qui viennent précisément à des heures convenues. Il pourrait en résulter quelque inconvénient qui ne peut qu'être nuisible aux intérêts de la chose publique. Aujourd'hui j'ai voulu m'en assurer et j'ai vu que c'était la vérité.
  La majeur partie des traiteurs et gargotiers donnant à manger n'ont pas pu avoir aujourd'hui de viande pour nourrir leurs pratiques, dont la plupart sont des ouvriers, qui n'ont que peu de temps à eux ; cela a pensé faire de la rumeur. Des citoyens disaient qu'il fallait absolument que les comités révolutionnaires s'occupent le plus tôt qu'il leur sera possible de remédier à cette disette.
  Dans plusieurs sections de Paris, il est question de supprimer les commissaires de police et d'attribuer aux comités civiles des sections les fonctions qui sont attachées aux commissaires. On veut arriver [à ce] que les commissaires des comités civils soient salariés, et, en supprimant les commissaires de police, ce sera quarante-huit places de moins à solder, dont (sic) on pourra répartir sur tous les comités civils. Il paraît que cette idée prévaut dans beaucoup de sections, et que sous peu on en fera la demande et qu'on espère qu'elle sera écouté favorablement.
  Dans le café du Rendez-vous, on discutait la proclamation349 du général Pichegru à l'armée du Nord, où il leur parle en vrai sans-culotte : " Prenons garde, disait-on ; méfions-nous de pareils discours ; Custine en a tenus de pareils, et Custine nous a trahis. " Si Pichegru se comporte bien, il en recevra la récompense de la République : c'était ce que disait un citoyen, en répondant à un autre, qui en faisait l'éloge et assurait que jamais il ne nous trahirait.
  Tous les citoyens, dans les groupes, paraissent accéder à la démarche qu'à faite hier la section du Contrat-Social à la Convention nationale, pour hâter un prompt rapport sur l'affaire de Chaudot, notaire350, dont tous disaient que partout on ne parlait qu'en bien ; ce sera encore un bienfait de plus, que la Convention aura accumulé sur sa tête, et un bon citoyen de rendu à la société. C'était ainsi que parlait le peuple.
  Si un décret est rendu, tout de suite on trouve des partisans pour ou contre. C'est ce qui est arrivé aujourd'hui dans une société particulière. Le décret qui supprime les hôtels des monnaies dans les départements351 va faire des mécontents dans les villes où ils sont situés. Que de bras sans ouvrage! Qu'établira-t-on en remplacement de cette suppression? C'est vouloir tout donner à Paris, et, par ce moyen, priver une partie des villes de la République des moyens qu'ils avaient pour sustenter352 leurs concitoyens ; cela prouve évidemment qu'il existe encore des malveillants qui se plaisent à contrarier les opérations des représentants du peuple français.
  On assurait aujourd'hui qu'il fallait se méfier du patriotisme de Ronsin à qui la Convention a rendu la liberté, ainsi que Vincent353, dont les vues, à ce que l'on prétend, ne sont que d'ambitionner et d'intriguer. On les soupçonne d'être d'un parti dont sous peu on apprend quelle en sera l'issue. En attendant, ils peuvent se flatter de ne pas avoir l'estime de leurs concitoyens, car on ne fait pas beaucoup de cas d'eux, sans oublier Momoro, dont on se méfie, et même jusqu'à ses mains qui, à ce que l'on dit, [son] un peu croches [populaire ; être d'un naturel radin].

Rapport de Dugas, W 191
  Pierre-Denis Rochez, sapeur, gardien du Temple, etc., après avoir fait une très longue énumération des services qu'il a rendus à la Patrie, se plaint, dans un placard à ses concitoyens354, d'avoir été chassé de l'état-major de l' Armée révolutionnaire par Ronsin, qui l'accuse d'avoir détourné du linge destiné au service de l'état-major. Rochez prétend, lui, que c'est la femme de Ronsin qui a fait le vol, et il demande si ce général en chef était patriote avant d'être adjoint au ministre de la Guerre.
   En parlant de cette querelle, on disait qu'il était bien étonnant que Rochez, qui ne cessait de demander de l'argent à son général, en ait aujourd'hui assez pour couvrir les murs de Paris de placards, et pour en avoir distribué à chaque membre de la Convention et de la Société des Jacobins.
  Dans un autre placard, Euloge Schneider355, ci-devant accusateur public dans le département du Bas-Rhin, se plaint, du fond de sa prison, à Robespierre, d'avoir été dénoncé par lui à toute l' Europe comme un contre-révolutionnaire : il lui demande, pour toute grâce, de le faire juger.
  La séance des Jacobins356 n'a présenté aucune grande discussion. Le scrutin épuratoire a été interrompu par différents pétitionnaires. Un de ceux qui ont présenté le plus grand intérêt a paru à la tribune accompagné de sa mère, de sept de ses sœurs et de trois frères. Ces dix (sic) enfants sont venus demander à la Société des défenseurs officieux pour solliciter du Comité de sûreté générale la liberté de leur père.
  Audoin357 a pris la parole pour dire que la Société ne devait point s'apitoyer sur le sort de quel individu que ce fût, qu'elle avait de plus grands projets à remplir, et que les pétitionnaires devaient être renvoyés à ses comités.
  Simond358 a parlé avec force en faveur de cette famille infortunée ; mais il a été repoussé à son tour par Fleuriot [-Lescot] [Jean-Baptiste, 1761-1794 ; architecte belge ; maire de Paris du 15 octobre au 2 décembre 1792] , du Tribunal révolutionnaire, qui a soutenu que les Jacobins ne devaient pas s'intéresser à tel ou tel individu, mais à la Patrie, et il a réclamé les principes. La mère et ses dix enfants ont été renvoyés aux comités, après avoir eu les honneurs de la séance.

 https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/b/9782296995697b.jpg


Source

  On a dit, à l'occasion de l’exécution de Chaudot359, à laquelle on ne s'attendait pas si tôt, que les aristocrates s'étaient embrassés de joie lors du sursis, comme une victoire sur la Convention, qui leur en promettait bien d'autres.
  Un très grand nombre de patriotes qui croyaient Chaudot un bon républicain, d'après sa réputation et les démarches de sa section, parce qu'ils n'avaient pas vu les pièces qui l'on fait condamner, désiraient qu'il se tirât avantageusement de cette affaire ; mais la confirmation de son jugement a fait ouvrir les yeux, et l'on n'a plus vu en lui qu'un contre-révolutionnaire sur lequel on s'était grossièrement trompé.
  On a apporté la nouvelle aux Jacobins que Robespierre360 avait passé une mauvaise nuit, et que Couthon allait très mal. L'impression douloureuse qu'elle a faite sur les membres de la Société et des tribunes a prouvé combien ces dignes républicains leurs sont chers.
  Les épiciers ne délivrent plus de la chandelle que par demi-livre ; encore y-a-t-il des quartiers où l'on ne peut plus s'en procurer.
  Toujours des mendiants dans toutes les rues et les promenades publiques.

Rapport de Grivel, W 191


  À suivre...

   Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, , La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 160-170.

342. Voir le texte de cette dernière partie du rapport dans : P. Caron, Rapports de Grivel et Siret..., Bulletin d'hist. écon. de la Révol., 1920-1921, p. 397-398.
343. Cf. ci-après, p. 183.
344. Sur cette société de section, voir le compte rendu de la séance des Jacobins du 6 thermidor an II [24 juillet 1794] : Aulard, La Soc. des Jacobins, t. VI, P. 242.
345. Pas de renseignements.
346. Boichut, Jean-Claude, était membre du comité révolutionnaire de la section Le Peletier, et fut mit en arrestation au début de floréal an III [avril 1795] : Arch. nat., F7 4578, doss. 1 ; Tuetey, Répertoire, t. XI, à la table. - Aliaume, Georges, collègue de Boichut au comité, était marchand bonnetier rue Neuve-Saint-Marc, et s'était occupé de l'affaire de la " compagnie d'assurance à vie " que dirigeait le sieur Mésange. Arrêté une première fois comme ex-terroriste, le 21 ventôse an III [11 mars 1795], et relâché le 17 germinal [6 avril], il fut réincarcéré, en même temps que les autres anciens membres du comité, qu'à la fin de fructidor suivant [mi septembre]
347. Cf. ci-dessus, p. 141, note 3.
348. Pour l'indication des travaux biographiquement dont il a été l'objet, voir le Rép. de l'hist. de la Révol. franç., par Gérard Walter, Personnes, p. 502-503.
349. Elle est publiée dans le Moniteur du 29 pluviôse [17 février] : réimp., t. XIX, p. 484-485.
350. Cf. ci-dessus, p. 967, note 1. - La démarche de la section du Contrat-Social avait effectivement eu lieu le 28 pluviôse [16 février]
351. Article 1er du décret du 26 pluviôse [14 février] sur l'organisation de l' Administration des monnaies.
352. Le texte porte : substanter.
353. Cf. t. III, p. 283, note 4.
354. Pierre-Denis Rochez à ses concitoyens, S. l. n. d., in-8°, 4 p. : Tourneux, Bibliographie, t. IV, n° 25087. - Sur Rochez, cf. ci-dessus, p. 135, note 1.
355. Cf. ci-dessus, p. 165, note 1.
356. Du 29 pluviôse [17 février] : Aulard, La Soc. des Jacobins, t. V, p. 656-657.
357. Cf. t. II, p. 375, note 6.
358. Simond, Philibert, conventionnel [1755-1794 ; prêtre assermenté, député du Bas-Rhin ; "...Une visite à la prison à un prévenu d’émigration fut, pour le Comité de salut public, l’occasion de le faire arrêter comme complice de Danton, qui venait d’être cité dans le rapport – fort incomplet et parfois inexact – de Saint-Just sur les agents de l’étranger, mais immédiatement exploité par les Exagérés. Philibert Simond fut enfermé à la prison du Luxembourg, mais ne fut pas jugé avec les Dantonistes, comme on pouvait s’y attendre. Il fut englobé dans une conspiration des prisons forgée de toutes pièces [...] fut condamné à mort le 23 germinal an II [12 avril 1794] et exécuté le lendemain en même temps que Pierre-Gaspard Chaumette, Jean-Baptiste Gobel, la veuve d' Hébert, le général Arthur Dillon, Lucile Desmoulins et 23 autres condamnés... " ; source]
359. Cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
360. Cf. ci-dessus, p. 148, note 1.

php

   

HAUTE-SAÔNE, LA ROCHELLE : LA COUR ADMINTRATIVE D'APPEL DE NANCY RETOQUE EN PARTIE LE PROJET D'USINE ÉOLIENNE

Précédemment

  L'association Les courants de la Rigotte, dont le siège est situé à La Rochelle, et leur avocat, ont remporté une belle victoire qui pourrait, à l'avenir, s'avérer fatal pour la suite du projet.

De quoi s'agit-il précisément?
  L'association a saisi la Cour d' Appel de Nancy, CAA Nancy, pour demander par une requête et des mémoires :
   " 1°) d'annuler le jugement du tribunal administratif de Besançon du 25 juillet 2018 en tant qu'il a rejeté le surplus de ses conclusions de première instance ;
[rappel " L'association Les courants de la Rigotte a demandé au tribunal administratif de Besançon d'annuler l'arrêté du 18 mai 2016 par lequel la préfète de la Haute-Saône a déclaré d'utilité publique les travaux de captage de la source de Merdry amont, a fixé des mesures de protection de cette source et a autorisé le prélèvement et la distribution d'eau pour la consommation humaine, en tant, d'une part, que l'arrêté a exclu du périmètre de protection rapprochée la partie de la parcelle cadastrée ZA 15 faisant partie du bassin versant de la source ainsi que le chemin attenant cadastré ZA 13 et, d'autre part, qu'il prévoit des prescriptions permettant l'implantation d'éoliennes dans le périmètre de protection rapprochée du captage de la source de Merdry amont.
   Par un jugement n° 1601670 du 25 juillet 2018, le tribunal administratif de Besançon a annulé l'arrêté de la préfète de la Haute-Saône en tant qu'il a exclu du périmètre de protection rapprochée la partie de la parcelle cadastrée ZA 15 faisant partie du bassin versant de la source ainsi que le chemin attenant cadastré ZA 13.
"]
  2°) d'annuler l'arrêté de la préfète de la Haute-Saône du 18 mai 2016 en tant qu'il prévoit des prescriptions permettant l'implantation d'éoliennes dans le périmètre de protection rapprochée du captage de la source de Merdry amont ; "

La CAA a décidé :
  • " Article 2 : L'arrêté de la préfète de la Haute-Saône du 18 mai 2016 est annulé en tant qu'il permet et organise, à son article 12.2, la possibilité d'implanter des éoliennes dans le périmètre de protection rapprochée du captage de Merdry amont.
  • Article 3 : Le jugement du tribunal administratif de Besançon du 25 juillet 2018 est réformé en ce qu'il a de contraire au présent arrêt., ...
Source

  Ainsi, la CAA valide l'interdiction d'implanter 2 éoliennes à proximité du périmètre rapproché du captage de Merdry amont. De fait, l'usine projetée passe de 8 turbines à...6, de I80m en bout de pale!
  D'aucuns nous diront : " Oui, et alors, 6 turbines au lieu de 8, ça changent quoi pour les futurs riverains? Rien!? Puisque ces machines et leurs pollutions associées, tels que le bruit et les infrasons, viendront encore s'ajouter à toutes les autres du coin. "

OUI et... NON!
  Oui! En effet, si l'usine voyait le jour, ses 6 éoliennes viendraient grossir les bataillons éoliens déjà très présents sur les trois départements frontaliers que sont la Haute-Marne, la Haute-Saône et la Côte d'Or ; le point de la situation aujourd'hui dans un rayon de 20km, à vol d'oiseau, auteur de La Rochelle :

  • La Roche Quatre Rivières, Fouvent-Saint-Andoche, Bourguignon-lès-Morey et La Roche-Morey : 9 machines, 150m en bout de pale ; en exploitation,
  • Renoncourt : 4 machines, 200m en bout de pale!
  • Argillières : 6 machines, 180m en bout de pale!
  • Les trois Provinces, Champlitte : 9 machines, 180m en bout de pale!,
  • Entre Saône et Salon 1/2/3, Denevre, Montot, Vereux et Montureux-et-Prantigny : 15 machines, 186m en bout de pale!
  • Brotte-lès-Ray : 4 machines, 200m en bout de pale!, 
  • La Voie du Tacot 2, Mont-Saint-Léger : 3 machines, 200m en bout de pale!,
  • Pays jusséen, Rosières, Vitrey-sur-Mance et Saint-Marcel : 8 machines, 180m en bout de pale! ; en exploitation, 
  • Chauvirey-le-Châtel et Chauvirey-le-Vieil : 7 machines, 200m en bout de pale, 
  • Vannier amance, Fayl-Billot, Pierrefaites et Pressigny : 17 machines, 183m en bout de pale! ; en construction, 
  • Sud Vannier, Belmont et Tornay : 9 machines, 185m en bout de pale ; en construction, 
  • Grandes bornes, Voisey : 5 machines, 180m en bout de pale!
  • Orain : 6 machines, 180m en bout de pale! ;

  Soit un total minimum de I02 machines, I08 en ajoutant celles de " Les hauts de la Rigotte " ; elles font l'objet administrativement soit :

  • d'une autorisation, 
  • d'une exploitation, 
  • d'une autorisation, mais sont non construites ou en construction, 
  • d'un recours administratif.
 
  À ce nombre EXTRA-ORDINAIRE et destructeur, viendront, peut-être, se joindre toutes les turbines officieuses aujourd'hui, tel, côté haut-marnais : Savigny, Genevrières, Champsevraine, Torcenay, etc.,
  NON ! Car, apparemment, la décision de la CAA, REMETTRAIT EN QUESTION l'existence même du projet, dixit l'avocat du porteur de projet :
  "... L'annulation de l'arrêté litigieux en tant qu'il permet l'implantation d'éoliennes dans le périmètre de
protection rapprochée de la source conduirait à rendre impossible la mise en œuvre de ce projet... "
   Impossible à croire pour qui connait l'appétit financier féroce du lobby éolien, qui ne lâche jamais rien! Mais, si tel était le cas, rêvons..., la victoire n'en serait que plus jouissante! Aussi, savourons pleinement cet instant. En attendant, un retour à la " normale " avec le dépôt d'un recours du " cueilleur-chasseur de subventions publiques " du vent.
   " On ne se bat pas par espoir d’une récompense ou d’une reconnaissance. On ne calcule pas les bénéfices et les intérêts. On se bat parce qu’il le faut. Pour réparer une injustice. Parce que le principe de résistance passe avant le principe d’espérance. "
  Daniel Bensaïd
 
   À suivre...

   jhmQuotidien 2022 01 28

 

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EDF : " Nous vous devons plus que la lumière "*

  * un des slogans publicitaires d' EDF au début des années 2000.
  "... Ce renflouement, qu’on imagine déjà énorme, pourrait bien ne pas suffire à revivifier un système que tous nous enviaient car c’était le moins cher d’Europe, mais qu’on aura poussé à la ruine... "
  Mais comment en sommes-nous arrivés là?
  Il était une fois...

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EDF : pour sauver la flottille des revendeurs, on coule le navire amiral!

Gérard Petit
2022 01 27


  Déjà affaiblie par de nombreuses saignées et des conditions réglementaires adverses, EDF est commise d’office au secours de ses propres concurrents, au risque de sa propre survie. Elle va voir augmenter le volume de l’Accès régulé à l’énergie nucléaire historique, ARENH, une disposition de la loi NOME qui permet aux fournisseurs alternatifs d'accéder à un prix régulé de l'électricité produite dans les centrales nucléaires. Or cette augmentation enferre davantage le pays dans le
schéma tragique de la fausse concurrence. Elle met en péril EDF, et avec elle le modèle nucléaire.

 
Du poison lent à l’overdose
  Historiquement, l’ ARENH avait été mise dans la balance pour faire accepter par la Commission européenne une entorse au principe de la concurrence « libre et non faussée » étendu au marché unique de l’électricité : le maintien de tarifs régulés de vente (TRV) destinés théoriquement à continuer à faire profiter les consommateurs français du bas coût de la production nucléaire.
  L’ ARENH a été institué en 2010 par la loi Nouvelle organisation du marché de l’électricité (NOME). Son objectif était de créer de nouveaux producteurs d’électricité, car c’est seulement au niveau de la production que peut s’exercer une vraie concurrence.
  Durant une période transitoire, limitée en principe à 2025, l’ ARENH devait ainsi permettre l’émergence de nouveaux acteurs en situation de faire des offres de marché inférieures aux TRV, et parallèlement de construire leurs propres outils de production, afin que l’électricité produite par EDF, d’origine principalement nucléaire, ne soit plus la seule source du système.
  Mais le risque était que la situation confortable faite aux concurrents d’EDF ne les incite guère à devenir producteurs, mais se nichent dans le statut très rentable de « pure players », sans prendre aucun risque industriel, financier ou social. Et c’est bien ce qui se produisit, car très rares et très modestes ont été les moyens de production construits par ces nouveaux acteurs depuis 2010.
  De plus, la loi n’ayant pas contraint les réservataires de parts d’ ARENH à enlever les volumes souscrits, il était possible d’effectuer des « aller-retour » quand le niveau des marchés était inférieur à l’ ARENH et ainsi, de maximiser les bénéfices. Les pure players ne s’en sont pas privés !
  Toutefois, cette situation profitant globalement à leurs clients, le pouvoir politique était peu enclin à rappeler les règles. Ainsi, la clause de révision annuelle du tarif de l’ ARENH n’a-t-elle jamais été appliquée.
  À l’époque, Bruxelles avait dû s’étonner du caractère surréaliste de cette proposition française qui revenait, sans détour, à demander à EDF de subventionner généreusement ses propres concurrents, leur permettant non pas simplement d’exister et d’accroître leur part du marché, mais aussi et surtout de s’enrichir facilement. Mais multiplication des acteurs, 80 en ce moment !, et affaiblissement corrélatif d’EDF étant des tropismes bruxellois, la Commission a accepté l’entorse française, d’autant que, de ce fait, elle avait les cartes en main, toute évolution du dispositif, prix de vente, volumes, ne pouvant se faire qu’avec son aval.
  À ce titre, il est notable qu’une modification de la loi NOME, « amendement Total » voté en 2019, avant la séquence Covid, portant le plafond de l’ ARENH de 100 TWh à 150 TWh, n’ait pas été
acceptée par Bruxelles.


Spoliation : un mot bien faible, pour un mal bien fort

  Cette fois, il est très probable que le Gouvernement français ait eu l’accord de la Commission, tant pour accroître le volume d’électricité qu’EDF doit céder à ses concurrents, de 100 TWh à 120 TWh, que pour un relèvement, très relatif celui-là, du tarif : de 42 €/ MWh à 46,2 € /MWh pour les seuls 20 TWh supplémentaires.
  Ce tarif n’avait pas évolué depuis 2011, sans même suivre l’inflation. D’entrée, il ne couvrait pas les coûts complets de production, estimés à l’époque par la Cour des Comptes à 55€/ MWh, or ceux-ci se sont accrus dans l’intervalle, entre autres à cause de la maintenance lourde des installations, sous forte contraintes Covid.
  Autrement dit, EDF vend ses MWh à perte à ses concurrents et on lui demande d’en vendre encore davantage. Un schéma ubuesque en économie de marché !
  Plus impensable encore, les 20 TWh demandés en supplément et qui seront payés 46,2€/MWh avaient déjà été « placés » par EDF, qui devra donc, pour cet exercice, voire d’autres, s’approvisionner sur le marché en surchauffe à plus de 200 €/MWh afin de servir ses propre clients.
  Enfin, faveur nouée autour du paquet, la production nucléaire ayant diminué dans l’intervalle, compte tenu d’une moindre disponibilité des réacteurs liée aux opérations de maintenance lourde déjà évoquées, ainsi qu’à la fermeture de Fessenheim, 100 TWh représentait déjà une proportion prélevée sensiblement plus importante qu’au moment du vote de la loi NOME (2010). Elle instaurait l’ ARENH sur la base d’une cession du quart de la production nucléaire ; on en est aujourd’hui au tiers.
  Mais la Commission de régulation de l'énergie, CRE, le régulateur français du marché de l’énergie, si sourcilleuse vis-à-vis du respect par EDF de dispositions la ruinant, n’a rien exigé de contrevenants qui ne construisent rien ; elle se contente de se réjouir de l’hémorragie du portefeuille
EDF, sans réaliser qu’elle a la même pertinence thérapeutique que les saignées de Monsieur Purgon !

TRV : une butte témoin dénaturée

  La même CRE a, par ailleurs, toujours œuvré pour que les TRV soient suffisamment élevés pour que les concurrents d’EDF puissent faire des offres, souvent indexées aux TRV, mais légèrement avantageuses par rapport à ceux -ci.
   Les TRV, qui au départ se voulaient représentatifs des coûts de production, + acheminement + taxes, ont, depuis 2015, été reconstruits de manière à figurer les conditions d’approvisionnement des concurrents d’EDF. Cette méthode dite « d’empilement des coûts » intègre donc, outre l’ ARENH, une composante « prix de marché ».
  Cette modification visait à ménager aux concurrents d’EDF une marge suffisante pour qu’ils restent « moins-disant » par rapport aux TRV, tout en réalisant des profits. Certes des TRV plus élevés procuraient de meilleures recettes unitaires pour EDF, mais ne permettaient guère de compenser l’évasion de 100 000 clients par mois… hémorragie dans laquelle la CRE voyait un signe de bon fonctionnement de la martingale !
  Mais cette introduction des prix de marché dans la fixation du niveau des TRV s’est révélée une bombe à retardement, laquelle a explosé, quand lesdits prix de marché se sont envolés, provoquant la crise aigüe que l’on connaît aujourd’hui.
  Les concurrents d’EDF, dont les portefeuilles s’étaient gonflés, avaient dû, compléter leur part d’ ARENH, en s’approvisionnant sur le marché dont les cours étaient alors relativement bas, avant qu’ils n’atteignent rapidement des niveaux astronomiques. Ils se sont alors trouvés acculés et ont, soit abandonné froidement leurs clients en leur recommandant de s‘approvisionner au TRV, soit
répercuté les hausses, perdant aussi vite leurs clients qu’ils les avaient gagnés.

Sacrifions le soldat EDF!
  Pour maintenir artificiellement un semblant de concurrence, le gouvernement aux abois renonce à la juteuse contribution au service public de l'électricité, CSPE, acquittée par les consommateurs, et qui d’ailleurs n’avait plus de raison d’être s’agissant du soutien aux productions d’électricité intermittente, puisque celui-ci est désormais financé via la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).
  Comme c’est insuffisant, le gouvernement met aussi à mal le loyal soldat EDF, déjà affaibli par les conditions adverses qui lui sont faites depuis longtemps et qui n’est pour rien – tout au contraire – dans cette flambée des prix, elle-même symptôme d’un mal profond.
  Ces mesures, présentées comme une sauvegarde du pouvoir d’achat, apparaîtront néanmoins pour ce qu’elles sont : un « sauve qui peut » cynique, alors qu’on approche à grands pas des rendez-vous électoraux.
  L’évolution actuelle, certes motivée par les circonstances, peut néanmoins se lire comme une étape supplémentaire vers un ARENH généralisé, une des conséquences implicites du projet « Hercule » de réforme d’EDF que le Gouvernement n’a pu faire aboutir, devant l’opposition résolue de l’ensemble des syndicats d’EDF.
  Des associations influentes comme « Que choisir ? » demandent depuis longtemps l’accroissement du volume de l’ ARENH, en ignorant volontairement les conséquences sur la viabilité d’EDF et arguant que tous les Français doivent pouvoir profiter de la rente nucléaire.
  À cet égard, la tentation est grande de devoir rappeler que le meilleur moyen d’en profiter était de maintenir le statu quo ante : EDF entreprise publique, exploitant unique de la flotte nucléaire, en situation de monopole national.
  Mais le péril que représentait EDF, éléphant agile et performant, pour ses concurrents européens
était trop grand. Il a donc été décidé de l’entraver, avant de la réduire.

Au risque du pire
  In fine, plutôt que de constater la faillite de l’extravagant système tarifaire mis en place en France, très largement politicien, déconnecté des réalités techniques et économiques, et d’en tirer les conséquences pratiques, le gouvernement s’est employé à fournir de l’oxygène à haut débit aux concurrents d’EDF, en situation de devoir être réanimés. Il a donc pris le risque de poursuivre le sciage de la branche sur laquelle repose toute la source nationale d’électricité.
  Si cette branche finit par tomber, les concurrents artificiels, véritables prédateurs du système, pourraient bien être entraînés dans sa chute. Une bien maigre satisfaction, d’autant que dans l’exercice NOME, ils auront engrangé, sans peine et sans risque, de confortables magots.
  Dans un premier temps, les clients qu’on informe mal se croiront soulagés, car on aura temporairement bloqué la hausse de leurs factures. Mais, n’en doutons guère, les élections passées, le contribuable, souvent client, sera lourdement appelé à la rescousse.
  Ce renflouement, qu’on imagine déjà énorme, pourrait bien ne pas suffire à revivifier un système que tous nous enviaient car c’était le moins cher d’Europe, mais qu’on aura poussé à la ruine.

Voiture électrique : la cherté à tous les âges de sa vie?

   " La réalité est un coup de massue, tu reçois le coup, tu ne sais pas décrire la massue."
   Henri Michaux

  En attendant les VE chinoises?

Crisis? What crisis?...

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Budget / Batteries VE : combien coûte la réparation ?


Olivier Duquesne
2022 01 24

  Les batteries des voitures électriques sont garanties 8 ans en général. Mais leur remplacement aura un coût. Cependant, ce prix évolue à la baisse, avec des variations selon les constructeurs.
  Une batterie de voiture électrique, c’est la partie la plus coûteuse de la voiture. Elle est composée d’un ensemble de cellules indépendantes reliées entre elles. Avec la bonne technique, il est possible de n’en remplacer que certaines d’entre elles pour redonner sa jeunesse à cet élément essentiel d’une VE. Les prix ont fort baissé en 10 ans. Cependant, le tarif au kWh varie fortement d’une marque à l’autre.

 https://static.moniteurautomobile.be/imgcontrol/images_tmp/clients/moniteur/c680-d465/content/medias/images/news/39000/100/80/zoe-recharge.jpg

Garantie
  Les constructeurs ont abandonné l’idée de la location de batterie. Leur durée de vie est finalement meilleure que les premières estimations il y a une décennie. Cependant, il faut veiller à éviter les trop nombreuses charges intenses. Quoi qu’il en soit, les batteries sont généralement garanties pour 8 ans et 160.000 km pour 70 % de leur capacité. Mais combien cela coûte-t-il de les réparer et/ou de
la remplacer en fin de vie ou de garantie, ou de panne non couverte?

Europe plus chère
  Bloomberg a calculé que le prix moyen était de 104 €/kWh en 2021. Mais, c’est une moyenne mondiale. En Europe, il faut l’augmenter de 40 % à 60 %. La raison? Le prix de la main-d’œuvre et des processus industriels sur notre continent. Et ce montant est dans le cadre d’un remplacement complet de la batterie, pas d’un reconditionnement en traitant certaines cellules. Le prix total est donc également lié à la capacité de la batterie : qui peut aller à plus de 100 kWh. Si bien que le coût du remplacement de la batterie équivaut à celui d'une voiture thermique parfois !

 Batterie Renault Zoé

Zoé et Twingo
  Le média français Argus a mené son enquête. Selon ses résultats, la moins chère en batterie, c’est la 

  • Renault Twingo avec un prix de 164 €/kWh. Sa batterie de 22 kWh coûte un peu moins de 3700 €.  Pour la Zoé, et sa batterie de 52 kWh, il faut déjà compter 8500 €, malgré son coût kWh de 163 €. La marque française est plutôt bon marché, comme Dacia 
  • Citroën reste raisonnable, à moins de 175 €/kWh. Bizarrement, 
  • Peugeot est bien plus chère : 338 €. 
  • Skoda se défend bien aussi avec 200 €/kWh pour sa batterie de 77 kWh. La batterie plus modeste de 50 kWh du SUV tchèque est finalement plus onéreuse : jusqu’à 280 €/kWh.
  • Certaines marques proposent un prix à plus du double, dépassant les 600 €/kWh. Et pour une batterie de 50 kWh, cela coûte donc 30.000 € !

Classement
  Sur base des données d’Argus, voici un classement du top 10 et du flop 10 des prix au kWh du
remplacement d’une batterie de voiture électrique :

Le top

  • Renault Zoé : 163 €
  • Renault Twingo : 164 €
  • Dacia Spring : 164 €
  • Citroën ë-C4 : 173 €
  • Skoda Enyaq : 196 € à 287 €
  • Volkswagen ID.3 et ID.4 : 248 € à 264
  • Mercedes EQA : 252 €
  • Ford Mustang Mach-E : 256 € à 258 €
  • Tesla : 269 € / batterie nickel-cobalt-aluminium*
  • Jaguar i-Pace : 307 €

 

Le flop
  • Porsche Taycan : 446 €
  • Honda e : 467 €
  • BMW iX3 : 468 €
  • Audi e-tron GT : 421 € à 495 €
  • Mini Cooper SE : 501 €
  • Mazda MX-30 : 575
  • Audi e-tron : 591 €
  • Smart : 604 €
  • Lexus UX : 631 €
  • BMW i3 : 731 €
* Les Tesla avec batterie lithium-fer-phosphate ont un prix kWh inférieur, mais non repris dans cette étude.

Haute-Marne, Belmont & Tornay : le point sur les travaux de construction de l'usine éolienne dit " Sud Vannier "

Précédemment
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/11/haute-marne-belmont-tornay-les-elus.html
https://augustinmassin.blogspot.com/2021/12/haute-marne-belmont-tornay-les-travaux.html


Genevrières, commune voisine de Tornay : la base logistique du chantier éolien accueille déjà, sur terrain communal, selon la rumeur, ses premiers bungalows.

   Dans le même temps, de source sûre, des missionnaires éoliens sont en chasse de terrains à louer sur le territoire même de la commune pour un nouveau projet. L'entente cordiale qui semble régner avec le conseil municipal ne serait être, assurément, un désavantage pour eux... Mauvais présage pour les habitants? L'avenir nous le dira... 
  Il faut vous dire que les Junipérienness et Junipériens ont, déjà, au quotidien, vue imprenable sur : l'usine de 9 éoliennes, dit " la Roche Quatre Rivières ", située en Haute-Saône, sur les communes de Fouvent-Saint-Andoche, Bourguignon-lès-Morey et La Roche-Morey, distantes à vol d'oiseau, pour les plus proches, de 8.5 km.
  En attendant donc les éoliennes de Belmont et Tornay, distantes à vol d'oiseau de 1.5km, pour les plus proches. De plus, à cause des vents dominants, ouest/sud-ouest & sud, les habitants, élus et pro-éoliens compris, seront les victimes toutes désignées du bruit et des infrasons générés.

Conseil municipal 2020-2026
- Odile Charnotet, professions intermédiaires de la santé et du travail social,
- Yvette Gorse, anciens ouvriers,
- Daniel Guerret, maire, anciens ouvriers,
- Laurent Demange, ouvriers qualifiés de type industriel,
- Laurent Martin, ouvriers qualifiés de type artisanal,
- Bruno Monget, employés civils et agents de service de la fonction publique,
- Patrick Romano, cadres administratifs et commerciaux d'entreprise
- Natacha de Bont, commerçants et assimilés,
- Serge Doubovy, anciens employés,
- Edouard Remillet, agriculteurs sur moyenne exploitation.
  En gras, les réélus en 2020

- inscrits : 123 / 127 en 2014
- abstentions : 32 / 17
- votants : 91 / 110
- blancs ou nuls : 2 / 1
- exprimés : 89 / 109
  Source


La C3, reliant la RD460 à Tornay, encore et toujours barrée!



Le long de la RD460, direction Frettes



Le long du bois Cout Roussel, en quittant la RD460



En direction du plateau " Les Planches ", depuis la RD460

Photos : PHP

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France, État : la haute fonction publique cheville ouvrière obséquieuse du politique

  " Nous n'avons point d’État. Nous avons des administrations. Ce que nous appelons la raison d’État, c'est la raison des bureaux. On nous dit qu'elle est auguste. En fait, elle permet à l'administration de cacher ses fautes et de les aggraver."
  Anatole France, L'Anneau d'améthyste, 1899 

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La France Potemkine

Descartes
2022 01 23


  Qui était le prince Potemkine – celui qui a donné son nom au cuirassé dont l’équipage est passé dans l’histoire grâce au film d’Eisenstein ? Grigori Aleksandrovitch Potemkine, né en 1739, était un militaire et courtisan russe. Amant de Catherine II, il eut une influence très importante sur la politique russe de son époque. Mais il est passé dans la langue commune par un fait d’armes particulier : lors de la visite de l’Impératrice en Crimée en 1787, il aurait fait embellir les façades des maisons des villages traversées – ou peut-être même construit des façades factices – pour dissimuler la misère des habitants. D’où la formule des « villages Potemkine » passée dans noter langue.
  Pourquoi rappeler cette petite anecdote ? Parce que sans en avoir toujours conscience nous vivons, nous Français, dans quelque chose qui ressemble de plus en plus à un « village Potemkine ». Non pas qu’on ait construit des belles façades pour dissimuler la décrépitude du bâtiment. Chez nous, le processus est différent : des belles constructions léguées par notre histoire, on a entretenu – voire reconstruit – la façade… et laissé tomber en décrépitude le reste. Les réformes destinés selon leurs initiateurs à « dépoussiérer », « décloisonner », « redynamiser » différents aspects de notre vie publique se succèdent, et ne font en fait que ripoliner la façade, quitte à prendre le matériel pour le faire dans les fondations même du bâtiment.
  L’exemple d’EDF est de ce point de vue tout à fait révélateur. L’entreprise est fondée en 1946 sur les ruines d’un système électrique primitif, qui ne desservait à vrai dire que les grandes villes, et dont les réseaux concurrents ne pouvaient se secourir du fait des standards différents de chacun. En trente ans, l’entreprise devient une référence mondiale : les réseaux ont été standardisés, interconnectés, modernisés et étendus jusqu’à couvrir l’essentiel du territoire, la péréquation tarifaire – qui fait que les clients « rentables » payent pour les autres – fonctionne sans accrocs, la France se dote d’abord d’un parc hydraulique moderne dans la période 1950-70, puis du premier parc nucléaire standardisé du monde dans la période 1980-97. Et cela sans aucune aide de l’Etat et en pratiquant des tarifs « au prix coûtant ». Et depuis ? Pas grande chose. Notre réseau, nos centrales vieillissent doucement sans qu’aucun gouvernement ne prenne les décisions permettant le renouvellement des équipements. Bien entendu, on ripoline la façade : on se lance à fonds perdus dans un programme « renouvelables » qui aura bientôt coûté EN SUBVENTIONS plus que le programme nucléaire n’aura coûté en TOTALITÉ, et qui pour ce prix couvre moins de 10% des besoins et met l’équilibre du réseau à la merci des aléas climatiques. Conséquence ? On en est aujourd’hui à planifier des coupures au cas où les températures baisseraient, alors que le réseau opère pratiquement sans marges. Quelque chose qui n’était pas arrivé… depuis les années 1970.
  Il faut dire que dans le domaine de l’énergie, la logique Potemkine se voit partout. Au prétexte d’en finir avec les énergies carbonées on interdit la recherche pétrolière et gazière sur notre territoire, mesure totalement symbolique puisque cela ne fait que reporter la consommation sur le gaz et le pétrole importés, « cachez ce tanker que je ne saurais voir… », souvent produit avec des contraintes écologiques bien moindres. Nos politiques parlent de décourager les investissements « bruns » – c’est-à-dire, dans les énergies carbonées – mais dégainent la subvention lorsque, conséquence inévitable de la baisse des investissements, l’offre baisse et les prix des carburants à la pompe augmentent. Même chose pour les « permis carbone », qui dans un contexte de libre-échange ne réduisent pas d’une once les émissions de CO2, mais poussent nos sidérurgistes et autres émetteurs de CO2 à délocaliser leur production vers les pays où de telles pénalités n’existent pas. Et je ne parle même pas de la fermeture des deux réacteurs nucléaires de Fessenheim, mesure « écologique » qui aboutit à importer l’électricité allemande produite… avec du charbon.
  Souvent, l’état de délabrement de la maison derrière la façade échappe largement aux citoyens. Prenons par exemple les cafouillages que nous avons vécu dans la gestion de la pandémie – le dernier en date, celui du protocole sanitaire annoncé par voie de presse par Jean-Michel Blanquer puis corrigé tout aussi médiatiquement par le Premier ministre, est encore dans toutes les mémoires. La tendance est à attribuer ces cafouillages à l’incompétence ou l’incurie des personnes en poste, d’où les appels lancinants à la démission de tel ou tel directeur, de tel ou tel ministre, de tel ou tel président. Eh bien, ceux qui lancent et propagent ces appels se trompent de combat. Le mal est bien plus profond, plus diffus qu’ils ne le pensent. La répétition de plus en plus évidente de ces cafouillages – et cela sous les présidences et gouvernements successifs – montre bien que ce qui est en cause est moins la personne qui à tel ou tel moment occupe le fauteuil, que la structure de prise de décision elle-même. Si des décisions mal construites, illégales ou inapplicables sont mal prises, mal annoncées et finalement mal mises en œuvre, ce n’est pas parce que les personnes aux manettes sont incapables, c’est parce que derrière une façade toute proprette, l’appareil de l’Etat est en train de s’effondrer. Et c’est pourquoi que les « technocrates » macroniens, férus de décision rationnelle, ne font pas mieux que les « intuitifs » hollandiens. Le fait est que le système, même s’il a encore de beaux restes, ne répond plus.
  Il faut relire « l’étrange défaite » de Marc Bloch. La seule différence avec la situation vécue par l’illustre historien, c’est qu’il n’y a pas d’ennemi étranger pour donner un grand coup dans la fourmilière et révéler à quel point notre Etat a été, ces trente dernières années, vidé de sa substance, de ses moyens, de ses leviers d’action. Car c’est en réponse aux dysfonctionnements dénoncés entre autres par Bloch que le régime issu de la Libération a pris conscience de la nécessité absolue d’une réforme du fonctionnement de l’Etat. Et je ne parle pas d’une « réforme » comme on en fait aujourd’hui, dont les buts sont de réduire les coûts, de gagner des voix, d’offrir des postes aux copains, et seulement accessoirement de rendre l’Etat plus fort et plus efficace. Non, je parle d’une vraie réforme.
  D’abord, il fallait donner à l’Etat des serviteurs honnêtes, dévoués, échappant aux clientélismes. La réponse, ce fut le statut de la fonction publique de 1946. Il fallait à l’Etat aussi une haute fonction publique de qualité, ayant l’esprit du service public chevillé au corps, échappant au copinage politique, aux guerres entre ministères, aux sirènes du privé. La solution fut la création de l’ENA et du corps des administrateurs civils, hauts fonctionnaires ayant vocation à occuper les postes de direction et ayant une dimension interministérielle, autrement dit, qui servaient l’Etat, et non un ministère en particulier. Il fallait aussi donner à l’Etat des vrais instruments pour peser sur les choix économiques et sociaux. La réponse fut la nationalisation de la banque et des assurances, la création ou la promotion des grands établissements publics dans les domaines stratégiques : GDF dans le gaz, SNCF dans le ferroviaire, EDF dans l’électricité, Charbonnages de France pour le charbon, Usinor-Sacilor pour l’acier, et plus tard France Télécom dans les télécommunications, ELF-ERAP dans les pétroles.
  Que reste-t-il de tout ça ? Rien, ou presque. Les privatisations ont liquidé l’ensemble des leviers d’action dans le domaine économique, sans parler de l’Euro et de la perte de l’instrument monétaire. Le statut de la fonction publique a reçu tellement de coups de canif qu’il ressemble à une passoire. On en arrive à une situation où seule une toute petite minorité d’emplois publics est réservée aux fonctionnaires. L’immense majorité – y compris les emplois supérieurs de direction – peuvent être occupés par des contractuels. Et d’ailleurs, un tiers des emplois le sont effectivement. Le corps des administrateurs civils, auquel on avait déjà largement enlevé tout intérêt puisque les emplois de direction leur étaient de moins en moins réservés, vient d’être supprimé et refondu dans un « corps des administrateurs de l’Etat » informe qui a vocation à rassembler toute la haute fonction publique. Autrement dit, la fin de la logique des corps dans la haute fonction publique. L’ENA est supprimé et remplacé par un « Institut national du service public » dont les priorités ne sont pas de former de hauts fonctionnaires compétents et dévoués à la chose publique, mais d’assurer « la diversité du recrutement » et le « rayonnement européen et international ».
  La question du recrutement et des carrières dans la haute fonction publique peut paraître au commun des mortels anecdotique. Après tout, elle ne touche que quelques milliers voire quelques dizaines de milliers de fonctionnaires « nantis ». C’est une grave erreur : c’est là que se joue l’efficacité et la cohérence de l’action publique. Pour utiliser une analogie, l’Etat c’est un peu une voiture, ou plutôt un lourd camion, dont le politique est le conducteur. Bien entendu, c’est le politique qui décide de l’endroit où il veut aller, de la vitesse à laquelle il veut rouler. Mais pour que le camion arrive à bon port, encore faut-il que lorsqu’il tourne la clé, le moteur démarre. Que lorsqu’il pousse sur l’accélérateur, le moteur donne sa puissance, que lorsqu’il pousse sur le frein l’engin s’arrête. Et non seulement cela : il faut que lorsque le moteur surchauffe, que la vitesse dépasse la limite autorisée, que lorsque le niveau de liquide de frein est bas, les bons voyants s’allument et donnent des informations fiables. Si le politique est réduit à conduire un engin sans moteur avec un haut-parleur qui fait « vroum vroum » quand on pousse sur l’accélérateur, il ne risque pas d’aller très loin. Et si au moment où il pousse sur la pédale de frein personne ne répond, il ira dans le décor.
  La haute fonction publique c’est le mécanicien chargé d’entretenir le camion, d’y porter des améliorations, de s’assurer qu’à tout moment le moteur est bien réglé et prêt à fournir la puissance, que les voyants donnent les bonnes informations, que les freins sont opérationnels. Ce sont eux qui connaissent le véhicule et son histoire, et peuvent donner les conseils de conduite, alerter sur certaines faiblesses, préparer un dépannage d’urgence.
  La haute fonction publique a une fonction de conseiller : il importe qu’elle soit exercée par des gens non seulement compétents et indépendants, mais que le statut et l’esprit de corps protège de la tentation d’exécuter le porteur de mauvaises nouvelles qui sommeille dans chaque politique. Un haut fonctionnaire obsédé par le risque qu’il prend en donnant un conseil qui déplaît, taraudé par la nécessité de préparer son prochain pantouflage, menacé dans sa promotion par un concurrent venu « du privé » sur simple copinage, ne sera jamais un bon conseiller. La haute fonction publique a aussi la mission de mettre en œuvre loyalement et courageusement les décisions prises par l’autorité politique. Mais cette loyauté ne peut exister que si elle a une contrepartie, autrement dit, si les loyaux et les courageux sont mieux payés en retour – symboliquement ou autrement – que les déloyaux et les lâches. Si le copinage permet à ceux qui ont des relations de passer devant ceux qui font le boulot – et c’est exactement la logique imposée par les réformes successives élargissant les possibilités d’accès aux postes de direction de la fonction publique – alors les hauts fonctionnaires passeront logiquement leur temps à cultiver leur réseau au détriment de leur travail. Si le fonctionnaire courageux n’est pas protégé – par ses pairs, par son statut – alors tout le monde préférera se cacher derrière les décisions prises par d’autres.
  Les politiques de gestion des cadres de la fonction publique ces trente ou quarante dernières années ont abouti à une baisse de la qualité de ceux qui occupent les emplois supérieurs de l’Etat. Les Français en ont-ils conscience ? En partie, oui : dans les années 1970, on raillait énarques et polytechniciens, mais derrière la raillerie se cachait une véritable admiration pour ces « belles mécaniques intellectuelles ». Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. En 1970, supprimer l’ENA aurait provoqué un tollé, aujourd’hui la mesure passe sans opposition, pas même celle des hauts fonctionnaires, soit qu’ils aient internalisé le discours anti-état ambiant, soit qu’ils se taisent prudemment sachant ce qui peut arriver à ceux qui protesteraient trop fort.
  La baisse du niveau est logique : les meilleurs éléments s’aperçoivent très vite que leur loyauté, leur engagement, bref, leur sens du service public ne leur vaudra aucun avantage particulier, qu’à l’heure d’accéder aux postes intéressants ils se feront doubler par les parachutés politiques et les génies du réseautage. Alors, ils partent faire reconnaître leurs talents dans le privé qui, il faut le dire, est aujourd’hui mieux armé pour reconnaître les véritables talents. Il ne reste dans l’appareil de l’Etat que les besogneux, ignorés quand ils ne sont pas méprisés par leurs chefs, et les moines-soldats du service public, de moins en moins nombreux. Quant aux emplois supérieurs, ils sont de plus en plus occupés par des parachutés, attachés parlementaires, copains du chef, éternels militants incapables à qui la politique a fait la courte-échelle vers la fonction publique. Et qui n’ont souvent la moindre expérience de ce que veut dire diriger une organisation, faire des choix vitaux, mettre en œuvre une logistique. Des gens qui se prennent pour Dieu et croient qu’il suffit de pointer du doigt et de dire « que la lumière soit » pour que la lumière se fasse. Bref, qui n’ont pas compris que conduire une politique publique, comme la guerre, est un art tout d’exécution. Comment s’étonner dans ces conditions que ça cafouille ? La question du protocole sanitaire dans les écoles est une illustration – une de plus dans une longue série – de ce mécanisme. On prend souvent dans les cénacles du pouvoir des décisions sans avoir la moindre idée – ou le moindre intérêt – pour les capacités de l’intendance à suivre. Et lorsque l’intendance ne suit pas, c’est bien entendu la faute au lampiste.
  Et on retrouve cette logique partout. Pensez au brillant projet de réforme des retraites instaurant un « régime unique par points ». Présenté en grande pompe dans ses principes généraux, on a vu assez vite que le projet, élaboré par des conseillers politiques sans véritable travail administrative, ne tenait que très difficilement la route. Le « régime unique » est devenu assez vite une mosaïque puisqu’on s’est rendu compte que la réalité, forcément complexe, imposait une prise en compte adaptée pour certains métiers. La logique « par points », censée garantir l’équilibre du système, a été elle aussi assez vite abandonnée lorsqu’on s’est aperçu du caractère pro-cyclique du système, puisque les pensions sont appelées à diminuer lorsque la situation économique se dégrade. Mais tout ça, on s’est aperçu après coup. Pourquoi pas avant ? Parce que les hauts fonctionnaires consultés se sont bien gardés d’exprimer des critiques sur un projet qui avait la bénédiction de l’Élysée.
  Pour ceux que la période passionne, la ressemblance de notre France avec celle de la fin des années 1930 est frappante. La Libération avait permis de briser les dogmes libéraux – passablement ébranlés, il faut le dire, par la crise de 1929 – et reconstruire un Etat puissant et efficace. Un demi-siècle de politiques néolibérales nous ont fait revenir à la case départ, celle d’un Etat faible et inefficace. Une faiblesse et une inefficacité qui, je le répète, n’est pas l’effet d’un accident, de l’immobilisme ou du refus des réformes, mais qui a été voulu et sciemment organisée pour laisser au privé les mains libres. Et c’est pourquoi nous avons une classe politique réduite à une communication théâtrale qui occulte de moins en moins son impuissance – une impuissance dont elle s’accommode d’ailleurs fort bien, tant que les prébendes sont là. Et ceux qui auront regardé la piteuse séquence du passage de Macron dans l’hémicycle européen savent de quoi je parle : en quoi le discours de Macron, en quoi celui de ses adversaires change quoi que ce soit à la vie des gens ? Ni l’un ni les autres n’auront le moindre effet : la « présidence de l’Union » n’a en fait qu’un poids symbolique – elle ne donne au pays qui la détient que le pouvoir d’organiser les raouts des ministres de l’Union chez lui et de prononcer des discours, parce que pour le reste c’est la Commission qui garde le pouvoir de proposition, et les directives qui seront discutées pendant la présidence française seront celles que la Commission voudra bien mettre sur la table.
  Et plus profondément, à quoi sert cet hémicycle propret pourvu des dernières technologies et soutenu par des brigades de fonctionnaires très bien payés, mais qui derrière les apparences n’est qu’un lieu de bavardage inutile servant à donner à l’Union européenne une caution démocratique (1) ? En 70 ans de fonctionnement, le Parlement européen n’a laissé aucune marque. Vous n’auriez pas de difficulté à citer quelques grands débats, quelques joutes mémorables au Parlement français, des votes qui ont changé l’histoire. Seriez-vous capable de citer un tel débat dans l’enceinte européenne ? Un seul vote qui ait changé quelque chose de fondamental ?
  Non, bien sur que non. Tout ça, c’est encore du Potemkine. C’est pourquoi c’est une erreur de croire qu’on combattra l’abstention en rendant le vote obligatoire, en abaissant l’âge du vote, en rendant l’inscription sur les listes électorales automatique, en ayant recours au vote électronique ou en instaurant la proportionnelle. L’abstention est le comportement rationnel d’un électeur qui se rend compte que derrière la façade pimpante il y a une hutte misérable, que la politique est devenue une scène où des acteurs impuissants essayent de nous convaincre qu’ils ont des pouvoirs jupitériens.   C’est d’ailleurs pourquoi la mise en scène comporte essentiellement des décisions de fermer telle institution, de supprimer telle école, d’arrêter telle installation, d’abolir telle disposition. Parce qu’une décision négative, c’est toujours facile à prendre, alors que la décision positive nécessite un engagement, un objectif clair, une définition de moyens. Il faut des années de travaux acharnés pour construire, il suffit d’une petite signature pour détruire.
  La post-pandémie, avec le retour des règles néolibérales sur les déficits et la dépense publique sera-t-elle la crise qui, comme la défaite de 1940, poussera à une prise de conscience ? On ne peut que le souhaiter. Mais lorsqu’on écoute les discours électoraux en cette année 2022, le moins qu’on peut dire est que Potemkine a encore une belle carrière devant lui…

Descartes

(1) À ceux qui ne la connaîtraient pas, je conseille la série « Parlement ». Malgré quelques défauts de réalisation, elle illustre parfaitement le fonctionnement de l’institution.

Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, épisode XVI

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  Un maître de pension de Chaillot334, âgé de 70 ans, accusé d'avoir violé une jeunesse, arrêté, conduit au tribunal. Il avait quatorze témoins, y compris une femme, qui déposaient contre lui. Ils ont été reconnus pour quatorze faux témoins. À l'instant, le mandat d'arrêt a été lancé contre eux ; ils ont été conduits sur-le-champ à la Force ["...Le bâtiment qui abritera, plus tard, la maison d’arrêt de la Force est construit en 1533 sur les ruines d’un ancien palais du 4e arrondissement dont le propriétaire était le frère du roi Saint Louis. À la fin du XVIIe siècle, l’hôtel est divisé en une partie orientale, l’hôtel de Chavigny – devenu depuis la caserne de pompiers du 7 rue de Sévigny – et une partie occidentale, l’hôtel de la Force. Vendu en 1715 aux frères Paris, l’hôtel de la Force profite de nombreux travaux avant d’appartenir définitivement à l’État qui a alors pour projet d’y installer une école militaire. Le projet est abandonné assez rapidement et l’hôtel particulier est racheté en 1780 par Louis XVI qui transforme les deux parties de l’hôtel en maison de détention. Elle sera divisée en deux parties : la prison de la Grande Force pour les hommes – des débiteurs insolvables, des gens du spectacle ou des jeunes emprisonnés à la demande de leur famille principalement – et celle de la Petite Force réservée aux femmes, pour la plupart prostituées. [...] Démolie en 1845, la prison de la Force ne se découvre aujourd’hui que grâce à un pan de mur que vous pouvez observer rue Malher dans le Marais. " ; source], et le maître de pension mis en liberté parmi les plus grands applaudissements.

" ... Dans l'après-midi du lundi 3 septembre [1792], la princesse de Lamballe, qui avait d'abord suivi la famille royale au Temple avant d'être enfermée à la Force, a subi elle aussi cette parodie de justice populaire. " Qu'on l'élargisse! " a prononcé le président, peut-être Hébert. À peine le seuil franchi, les coups ont commencé à s'abattre sur la malheureuse qui ne meurt pas aussitôt. Une foule assiste à la scène car les massacres sont devenus un spectacle. Parfois, on a même disposé des bancs. Quand la princesse n'est plus qu'une masse sanglante à l’œil percé d'un coup de sabre, une bûche l'achève enfin. Un garçon boucher lui coupe la tête. On lui ouvre le ventre pour en extraire les entrailles. On lui coupe les seins et le sexe. Une procession joyeuse s'organise : au bout d'une pique, la tête aux longs cheveux blonds maculés de sang, au bout d'une autre, le coeur, au bout d'une autre encore, la chemise trempé de sang., ... "
Claude Quétel, Crois ou meurs!, Texto, Editions Tallandier/Perrin, 2019 et 2021, p. 247.

  L'on se plaint de tous côtés qu'il ne se fait point de patrouille de nuit, ce qui donne une grande aisance aux voleurs. L'on a volé, cul-de-sac Taitbout, à la Caisse des invalides335 ; ils étaient plusieurs voleurs, dont deux dedans qui ont forcé la caisse, et jetaient les assignats aux autres par la fenêtre ; ils ont eu le temps de se sauver pendant que l'on a été chercher la garde. Un citoyen en a poursuivi quatre le sabre à la main jusque sur le boulevard, qui se sont arrêtés, lui on dit de se retirer, ou qu'ils lui brûleraient la cervelle. Il a été prudent, il s'est retiré, a rencontré la garde du Mont-Blanc336, à qui il a conté les faits, et leur a dit : " Entrons dans le marais des Trois Frères ; il pourrait y en avoir. " Ce qui a été suivi. L'on en a arrêté un très bien couvert, couché par terre sur des paquets d'assignats ; il a été conduit à ladite section, et s'est déclaré demeurer faubourg Saint-Germain ; l'on a été chez lui ; l'on a trouvé une femme qui a déclaré qu'elle vivait avec lui depuis environ trois semaines, qu'il lui avait fait plusieurs cadeaux, principalement une montre d'or ; elle a été aussi arrêtée.
  L'on cherche partout le nommé Lebel, âgé de 83 ans, la tête faible, portant perruque, habit brun, boutons jaunes, demeurant rue Amelot n°9, section Popincourt, égaré depuis le 19 pluviôse [7 février 1794].

Rapport de Latour-Lamontagne, W 191
  La disette aujourd'hui a été extrême, surtout en légumes, la nourriture du pauvre. La désolation était si grande, que j'ai vu plusieurs personnes verser des larmes en s'écriant : " Qu'allons-nous devenir si cela continue? Il nous faudra mourir de faim. " Ces propos se répétaient dans tous les groupes, et les esprits m'ont paru extrêmement agités.
  " Comment ne serions-nous pas dans la misère, nous, pauvres gens?, disait une femme, rue Saint-Honoré, au coin de la rue de l' Arbre-Sec. Il est de fait que les subsistances sont rares ; mais, si la police surveillait plus attentivement ceux qui les distribuent et ceux qui les achètent, chacun en aurait sa petite portion. Pourquoi ne fait-on pas, de temps en temps, des visites domiciliaires? Je connais des gens qui ont chez eux des vivres pour six mois, auxquels ils ne touchent point, et qui sont les premiers à mettre le feu à tout dans les marchés ; ils craignent la famine, disent-ils, et ils font tout ce qu'ils peuvent pour l'amener. Si nos magistrats faisaient leur devoir, ils saisiraient toutes ces provisions clandestines, et les feraient distribuer au peuple. Pourquoi auraient-ils plus de privilèges que nous? Quoi! mon pauvre mari est mort aux frontières, mon fils combat les brigands de la Vendée, et je mourrais de faim, moi, tandis que de riches coquins, qui n'ont rien fait pour la République, ont des provisions dans leurs caves pour plus de six mois? Veut-on que le peuple aille piller leurs maisons, pour fournir encore à nos ennemis le prétexte de nous calomnier? - Et le bois, a dit une autre femme, les greniers des riches sont pleins, et ils ne laissent pas une falourde [fagot à deux liens, formé de bûches de pin ou de bouleau écorcé et fendu ; ancien français vallourde, avec l'influence de fagot ; Larousse] chez les fruitiers! Quelle horreur! et on souffre cela? Veut-on nous pousser au désespoir? " Quelques autres propos de ce genre ont été tenus avant de se séparer, et quelques femmes on dit, en se retirant, qu'il faillait que tout cela finît, ou qu'elles y mettraient bon ordre.

 
  On a donné hier au soir, Le Modéré, comédie du citoyen Dugazon337. Cette pièce ne me paraît pas remplir entièrement le but que l'auteur a dû se promettre. On rit beaucoup du muscadin, parce que les êtres de ce genre n'existent plus ; mais le modéré a obtenu certains applaudissements qui m'ont paru très suspects. Un grand défaut surtout a choqué plusieurs patriotes. Le modéré refuse sa nièce à un républicain, fils d'un commissaire ; arrêté un instant après par ordre du comité, il s'empresse d'unir les amants. Ce mariage a un peu trop l'air d'avoir motivé son arrestation. Tel est du moins le résultat des observations de plusieurs spectateurs.

Rapport de Le Breton, W 191
  J'ai entendu encore se plaindre, au comité révolutionnaire de la section de la Fontaine-de-Grenelle, de la quantité d'étrangers qui vivaient dans cette ville, de la grande consommation qu'ils y faisaient, de l'enchère qu'ils mettaient sur les comestibles, du mal politique qui pouvait en résulter par l'argent qu'ils dépensaient pour se faire des partisans. Cela fut balancé par la circulation de l'argent dont se trouvait bien la classe indigente du peuple, par les éclaircissements que l'on pouvait tirer d'eux sur les mœurs de leur pays, et, par ce moyen, éviter les vices de leurs administrations ; et enfin, le résumé fut que ceux qui habitaient cette ville ne pouvaient faire aucun mal, qu’ils étaient veillés de trop proche.
  On se plaignait, au Marais, rue ci-devant Vendôme338, de la rareté du bois, du charbon, de la chandelle, du sucre, du café, et en général de toutes les choses susceptibles d'approvisionnement. On répondait que cela n'était pas étonnant par les provisions qu’avaient faites une foule de gens peureux qui, craignant une disette totale, avaient pris des précautions au-delà de leur consommation et même de leurs moyens, et que tel individu qui brûlait trois voies de bois [3 X 2 stères] dans son hiver en avait acheté l'été dernier pour six ans, crainte qu'il ne manquât d'ici à ce temps. Il est à considérer que le bois par un grand nombre de particuliers n'a pas été regardé comme un objet d'accaparement, et que chez tel propriétaire que l'on voudra on trouvera les caves pleines.
  Nos succès dans la Vendée339 occasionnent une joie nouvelle ; on assume que dans le moment où nous recommencerons à faire briller nos sabres et nos bayonnettes au Nord et au Midi, il ne sera plus du tout question de cette horde de brigands.

Rapport de Le Harivel, W 191
  Un jeune volontaire, arrivant du côté de Perpignan, assurait qu'il n'était nullement question de la lâche reddition de la ville de Perpignan. " Là, comme dans les autres lieux voisins de nos armées, disait-il, les subsistances sont extraordinairement rares, et ceux des volontaires qui, n'ayant point assez de leur pain de munition, en veulent acheter, sont obligés de le payer trois livres le pain. Ce n'a pas été sans étonnement que j'ai vu, continuait-il, les officiers de ligne conserver l'esprit de corps, leur ancienne morgue, et leur mépris pour les volontaires qui s'incorporent tous les jours dans les bataillons et qui, s'ils osent élever la voix contre ces vexations réitérées, sont aussitôt condamnés à subir la peine du cachot. "
   On prétend qu'il se fait de grandes dilapidations dans les rations délivrées aux militaires de Paris surtout, et, quoique ce soit peu de choses en comparaison des autres affaires dont est chargé le Comité de salut public, on est étonné de ce qu'il n'y met pas un frein ; Les petits ruisseaux, dit-on, font les rivières. Cela ne laisse pas, au bout de l'année, de monter encore fort haut ; d'ailleurs, dans un Etat libre, on ne doit laisser subsister que le moins possible d'abus.
  Dans le ci-devant Limousin, tous les prêtres ont, de concert, abdiqué leurs fonctions de leurs cures ; mais on assure que le peuple n'a pas vu d'un bon œil cette démarche de leur part. Il n'est pas étonnant, disait-on, que cela fasse une sorte d'impression sur son esprit ; mais peu à peu il se dégoûtera d'eux, et bientôt il les oubliera.

Rapport de Mercie, W 191
  On observe que beaucoup de citoyens attachés aux places de la République reviennent de l'armée et se cachent dans des maisons de leurs amis. J'ai entendu dire qu'il y en avait plusieurs sur la section de Mutius Scaevola, mais je ne pus savoir au juste leur demeure.
  Aujourd'hui, trois citoyens s'entretenaient de la Révolution. Un d'entre eux leur dit que, si nous avions le bonheur de pouvoir la soutenir, que ce serait pour nous un tableau ineffaçable. Mais, dit-il, je donne deux cents ans pour que ce tableau soit fini.
  Au Palais-Egalité, des citoyens assuraient qu'un reste de noblesse faisait un rassemblement, et que pour sûr il avait lieu trois fois par jour ; on assure que ce sont des êtres cachés sous l'habit de carmagnole, et plusieurs couverts d'un bonnet rouge ; c'est sur quoi, je vais porter toute mon attention.

Rapport de Monic, W 191

  Au Palais de Justice, sur les trois heures de l'après midi, des citoyens se plaignaient de ce que l'on manque de viande et de légumes, et le peu que l'on trouve dans les marchés est vendu un prix excessif. Un citoyen dit : si l'on faisait de visites dans toutes les maisons, et jusque dans les caves, les riches égoïstes et les malveillants, car il est certain que c'est eux qui affament Paris par les approvisionnements qu'ils font, seraient connus et leurs manœuvres seraient déjouées. C'est, dit-il, au comité central à qui on doit en rejeter la faute ; si les comités et les commissaires des sections avaient donné des ordres précis pour faire des visites dans toutes les sections le même jour, l'on connaîtrait par là quels sont les bons et les mauvais citoyens, et l'on saurait quels sont ceux qui les enfouissent chez eux et les laissent pourrir.
  Ce matin, sur les cinq heures, l'on a jeté à la porte de la boutique du boucher rue du Rempart Saint-Honoré, aux environs de 30 à 40 livres de viande de cochon gâtée. Heureusement pour le boucher qu'un de ces voisins a vu cette viande par terre bien longtemps auparavant que le boucher n'arrive pour ouvrir sa boutique. Mais, sitôt que le boucher est arrivé, ce voisin l'a averti ; ils ont lavé la viande, mais elle puait. Voilà comme la malveillance, non contente d'affamer le peuple, cherchait encore à mettre un citoyen à la peine.
  Il y a eu foule assez considérable chez un charcutier, rue de Rohan. Cet homme vendait son lard par livre et demi-livre à tous ceux qui venaient chez lui, tandis que ces confrères n'en donnent qu'un quarteron. Les intrigants ont fait entendre le contraire au peuple qui s'est porté en foule chez le charcutier de la rue de Rohan, et voulait entrer chez lui de force. La garde y est accourue, et à remis l'ordre, et le lard a été vendu sans trouble.

Rapport de Pourvoyeur, W 191
  Les motions et les différentes sections populaires n'étaient pas très intéressantes, vu qu'il n'y avait pas de nouvelles des armées ; l'opinion publique paraît condamner Chaudot340, et le peuple s'explique ainsi : un acte n'est bon qu'autant qu'il est signé par deux notaires, et c'est en quelque façon, dit le peuple, celui qui signe en second qui fait toute la faute, donc Chaudot est coupable. Il a dû savoir ce qu'il faisait, puisqu'il est officier public ; s'il fallait écouter toutes les familles des contre-révolutionnaires, il n'en trouverait pas un seul.
  Le peuple observe que les gens riches qui avaient autrefois des chevaux, un carrosse, un nombre de personnes à leurs service, n'en aient plus maintenant ; ils font moins de dépenses, ils emploient leurs épargnes à mettre l'enchère sur les denrées en les accaparant, et les payent tout ce que les marchands demandent. Le peuple dit que ces individus sont plus dangereux que ceux qui sont à Worms et Coblentz [Coblence ; " devient le centre politique et le centre d’organisation des activités diplomatiques et militaires des émigrés français avec l’arrivée des frères de Louis XVI dans l’été 1791. Dès lors, Paris associe l’idée d’être menacé par les émigrés français avec le nom de la ville de Coblence. Après l’affaiblissement du pouvoir potentiel d’émigrés concentré à Coblence, la ville est devenue pour tous, amis et ennemis, le centre le plus important de l’émigration pendant la Révolution française. Coblence est devenue le symbole d’une menace contre-révolutionnaire venue de l’étranger. Le nom de la ville est alors une notion politique à l’aide de laquelle on stigmatise verbalement tous les adversaires de la Révolution et qu’on retrouve aujourd’hui encore dans certains discours politiques ; ils n'ont point émigré pour être plus à portée de nuire et de tourmenter les patriotes... " ; source] ; ils n'ont point émigré pour être plus à porter de nuire et de tourmenter les patriotes.

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  Le peuple dit qu'il faudrait les renvoyer hors de la République avec un petit revenu et s'emparer du reste, car, tant qu'ils seront au sein de la République, ils emploieront toujours quelque moyen pour nuire à la Liberté, qui n'est pas faite pour eux. Le peuple dit encore qu'il y a encore des gens qui soutiennent et protègent ces aristocrates. Le peuple dit de plus que l'on avait arrêté que l'on ferait des visites domiciliaires ; elles n'ont point été faites : c'est en quelque façon, dit le peuple, protéger l'accaparement.
   Le peuple dit aussi que, lorsqu'on veut prendre des mesures de sûreté, que l'on ne devrait pas le publier, car c'est donner des moyens de s'en garantir.
  Le peuple observe, à cet égard, que la République eût gagnée bien davantage sur le bien du clergé si l'on n'avait pas publié que la Nation allait s'en emparer ; les prêtres et les moines et religieuses ont fait leurs bourses aussitôt qu'ils ont été instruits de ce décret.
  Les cafés sont tranquilles ; les individus qui les composent sont au pas pour l'opinion publique, excepté cependant quelques cafés du Palais ci-devant Royal qui recèlent des tapageurs et des gens désœuvrés, surtout les cafés de Foy, de Valois.

Rapport de Prevost, W 191
  Plusieurs propriétaires de maisons se plaignent, sur la section de la République, qu'ils sont obligés de payer les ouvriers qui fouillent leurs caves pour tirer du salpêtre, et leur fournissent la chandelle ; ils se plaignent aussi de ce qu'ils sont obligés de faire remplir les trous qu'on fait dans leurs caves.
  Il y a à Paris, depuis peu, beaucoup d'étrangers d'arrivés, notamment dans les hôtels garnis au Palais ci-devant Royal ; à l'hôtel d' Angleterre, trois hollandais qui disent très ouvertement que la République française ne tiendra pas plus de deux mois. Il me parait que ces particuliers ne sont venus ici que dans les vues d'y semer la dissension.

Rapport de Rolin, W 191
  Les machinateurs de contre-révolution, les anti-républicains ont beau jeu ; ils exercent leurs talents parmi le peuple dans les cafés et dans les groupes. Hier il n'a point été possible d'avoir de bœuf ; les murmures étaient à l'ordre du jour ; on voyait quantité de ces monstres amphibies gémir avec les uns, murmurer avec les autres, en un mot se plier et se replier suivant les circonstances ; et, ce qui paraît étonnant, c'est que la plupart de ces faux patriotes ont une figure étrangère. J'ignore si mes soupçons sont bien fondés, mais je serais tenté de croire que ces hommes n'ont d'autre emploi à Paris que celui d'exciter une contre-révolution, et qu'ils sont envoyés ici par quelque scélérat intéressé dans la partie.
  On fait courir le bruit que nos ennemis se préparent à faire une campagne dans laquelle (sic) doit décider notre liberté ; on ajoute qu'ils ont des forces considérables, et qu'ils nagent dans les subsistances de toutes espèces, ce qui paraît alarmer une partie des auditeurs de ces nouvelles, tandis que d'autres chantent : Ça ira! - P.S. Je parle ici de manière à faire connaître que ces bruits ont été répétés dans plusieurs endroits différents.
  On trouvait hier au café de la Municipalité, quai de l' Ecole, qu'il était étonnant que le tribunal criminel du Mans ait condamné plusieurs citoyens à être fusillés341, malgré que la loi ne veut faire acceptation de personne, et qu'elle condamne tout criminel à être guillotiné. On prétendait qu'il n'y avait qu'un tribunal militaire qui pût condamner à être fusillé : encore, faute d'avoir une guillotine.
  Toujours des plaintes contre les voleurs et les filous. Hier cinq citoyens se plaignaient à la fois qu'on venait de leur enlever leur montre en face du Palais de Justice, dans la foule qui attendait les condamnés. On aurait cru que ces cinq citoyens s'étaient entendus ensemble, car un se mit à dire qu'il était volé, l'autre dit : et moi aussi, enfin tous les cinq répétèrent l'un après l'autre : et moi aussi. On n'a pu découvrir les escrocs.
  On vend toujours les matières, ci-devant monnaie d'or et d'argent ; le moyen d'empêcher cette vente serait de décréter que la Nation ne connaît plus pour monnaie courante cette monnaie, et qu'elle défendît de l'employer comme telle.
  On paraît désirer que nos assignats de papier soient changés en assignats métalliques, ce qui empêcheraient la facilité que l'on a à les fabriquer, et on espère que le Comité d'instruction publique s'occupera de ce projet.

Rapport de Siret, W 191

  À suivre...

   Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, , La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 150-160.

334. Le texte porte : Chaliaut.
335. Probablement la Caisse des invalides de la Marine, qu'on nommait couramment " Caisse des invalides ". - Le cul-de-sac Taitbout, était attenant à la rue du même nom. La rue des Trois-Frères, qui fait aujourd'hui partie de cette rue, allait de la rue Chantereine à la rue Saint-Lazare. La Tynna dit que son nom " lui vient de trois frères jardiniers qui y firent vers l'an 1784, bâtir la première maison ". Ainsi s'explique la dénomination " marais des Trois Frères ".
336. La section du Mont-Blanc, auparavant, de La Grange-Batelière [n° 7, 1790 ; en 1792, prend le nom de " Mirabeau " ; pour finir par adopter celui de " Mont-Blanc " ; secteur compris entre le quartier Saint-Georges et celui de la Chaussée-d'Antin ; les assemblées se déroulaient dans l’ancien dépôt militaire des Gardes-Françaises, qui se situait au n° 38 du Bld des Italiens d'aujourd'hui ; arrêté préfectoral du 10 mai 1811, elle prit le nom de quartier Chaussée d'Antin, 2ème arrondissement de Paris].
337. En un acte et envers, représentée pour la première fois le 17 brumaire an II [7 novembre 1793], au Théâtre de la République : Tourneux, Bibliographie, t. III, n° 18507.
338. Actuellement, rue Béranger, 3e arrondissement.
339. Cf. ci-dessus, p. 122, note 3.
340. Cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
341. Nous n'avons rien trouvé sur ce fait dans les Éphémérides sarthoises pend. la Révol. de P. Blin, 2° parie, 1925.

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