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Il y a à Versailles deux sociétés populaires [ " La Société des amis de la Constitution, de la liberté et de l’égalité, de Versailles est fondée le 2 août 1790 par un noyau de responsables politiques, en général fortunés et haut placés, exerçant des fonctions publiques. Elle a connu quarante présidents, seize comités, mené une correspondance avec plus de deux cents sociétés populaires, dont celle de Paris. Société bourgeoise, ses évolutions ont été marquées par les événements de la capitale. Elle a débuté modestement, pour comprendre 500 à 600 membres à son apogée. Elle est doublée par une seconde société, la Société de la vertu sociale des sans-culottes, fondée en août 1793, au moment de la « régénération » de la Première République, comprenant de 65 à 260 membres. Les deux sociétés vont fusionner un moment, mais leur dualité demeure. Elles se différencient par la composition sociale, la cotisation, le local, le règlement, les engagements et les pratiques. La société, un moment réunifiée par le représentant en mission Charles Delacroix, est suspendue en frimaire an III, décembre 1794, au moment de la réaction thermidorienne. Des archives importantes, des documents éclairants, permettent de retracer l’histoire de ces deux sociétés dans l’ancienne capitale de la monarchie française, au cœur de la politisation et de la sociabilité révolutionnaires ; source], l'une formée dès le commencement de la Révolution, à l'instar des Jacobins de Paris ; l'autre établie depuis peu de mois, avec cette inscription en évidence : " Nous ne reconnaissons que le soleil pour père, la nature comme mère, la vertu et la raison pour guides, et les lois pour égide. "
Cette dernière société est mal vue de la première, qui l'appelle le club des intrigants.
Ce club, de son côté, appelle l'ancienne société le club des modérés.
Les membres qui composent l'ancien club ne sont pas moins divisés entre eux. Les uns veulent exclure ceux qui n'étaient pas de la société lors de la première formation, les autres veulent rejeter ceux qui en étaient avant le 10 août 172 [en ce jour, " la prise des Tuileries, après un combat de trois heures qui a fait plus d'un millier de victimes, a virtuellement mis fin à la monarchie capétienne, vieille de huit siècles : prisonnier, le roi est suspendu. C'est le pas décisif vers sa déchéance, réclamée depuis juin et exigée le 3 août par les sections parisiennes. [...] Mais l'action menée aujourd'hui, unissant Fédérés, sans-culottes, sectionnaires, gardes nationaux des quartiers populaires, ne devaient rencontrer d'autres obstacles que les Suisses, défendant désespérément un palais déjà déserté par le roi... " ; Chronique de la Révolution, 1788-1799, Editions Chronique, 1988, p. 280]
* Sténographe qui pratiquait la logographie. Celle ci était la sténographie en usage en France à l'Assemblée nationale constituante, puis à la Législative. Larousse.
Il y a quelques jours, on débattait cette matière avec chaleur. Un citoyen qui n'est point du club, mais qui assistait à la séance, se leva brusquement, prit la parole, et parla avec véhémence contre le scandale de pareilles discussions. Il vit dans ces dissensions intestines le projet d'armer les patriotes contre les patriotes, et d'amener la contre-révolution par la révolution même. " Le véritable patriotisme, dit-il, ne consiste pas à brouiller les hommes entre eux, mais à marcher à l'ennemi. Vous êtes ici deux à trois mille bavards ; s'il s'agissait de marcher, vous iriez vous cacher dans vos caves ", etc., etc.
Cette sortie ne plut pas à la société, qui menaça ce citoyen de l'incarcérer. Cet homme, sans se troubler, défia tous les orateurs de sortir avec lui l'un après l'autre. Au moment où j'écris cette observation, il est encore chez lui en pleine liberté.
Ce citoyen à remontrances se nomme David, cordonnier de profession, et portier de la maison du citoyen Tissot [Pierre-François, 1768-1854 ; homme de lettres et académicien], rue du Vieux-Versailles. Il revient, dit-on, de la Vendée, où il s'est trouvé dans plusieurs affaires.
Etat de subsistances à Versailles. Le bruit qu'une majoration du maximum est imminente y entraîne un resserrement de l'offre.342
29 pluviôse an II, 17 février 1794
Rapport de Bacon, W 191
L'assemblée populaire de la section de Bonne-Nouvelle était très nombreuse. Une vive discussion qui a duré au moins une heure, relative au secrétaire de la société, accusé de favoriser les colons, a fait perdre un temps précieux, et occasionné de longues disputes qui, toutes, ont fini par l'ordre du jour. On a lu des lettres de différents jeunes gens de la section, dans ce moment aux armées, qui marquent que le soldat français n'attend que le moment de se mesurer avec les satellites des tyrans. On a aussi lu des imprimés républicain : l'esprit public est bon.
L'assemblée populaire de la section du Faubourg-Montmartre était très nombreuse. On a lu le Bulletin de la Convention, le Journal de la Montagne [fondé par Jean-Charles Thibault de Laveaux [1749-1827 ; grammairien ; il en est le rédacteur en chef sous la Terreur en 1793 ; c'était l’organe des révolutionnaires jacobins. Parution du 2 juin 1793 au 18 novembre 1794] et plusieurs arrêtés de la Commune. Journal de la Montagne, 5 février 1794. Rétronews, BNF
On a parlé de la fête de demain343 ; on a invité les citoyennes à s'y trouver, on a crié : nous irons tous. On a ensuite parlé des manœuvres des bouchers et de tous les marchands en général, qui voient d'un mauvais œil, a-t-on dit, de la Constitution des sans-culottes : l'esprit public bon.
Prieuré Saint-Martin-des-Champs, chevet de l'église en 1913, avant la restauration par Henri Deneux. Agence Rol. — Photo de presse - agence Rol réf. 29221 - BNF
Il a été arrêté que demain l'arbre de la Liberté ["... L'arbre de la liberté n'est autre chose que l'ancien " mai " que les paysans plantaient généralement à l'occasion des fêtes votives, tradition héritée sans doute des vieux cultes païens. Les premiers arbres de la liberté furent plantés dans le Périgord dès le mois de janvier 1790 " J. Godechot ; source] serait planté avec pompe, à côté de l'entrée de la société populaire. On a ensuite parlé des bouchers, des charcutiers, des marchands de bois, hommes desquels il faute se méfier, a-t-on dit : l'esprit public révolutionnaire.
Je me suis trouvé avec des sans-culottes de la section Le Peletier qui m'ont dit que Boichut et Aliaume, membre du comité révolutionnaire de cette section 346, favorisaient les bouchers de la rue Neuve-Marc347, qui vendaient impunément la viande 20 sols la livre.
Des hommes dans un café, rue Denis, disaient que les citoyens de la section des Amis-de-la-Patrie étaient en dispute avec le comité révolutionnaire de ladite section, et qu'on devait aller demain pour cet objet au Comité de sûreté générale. J' ignore les motifs de cette dispute ; mais, comme je fréquente les sections populaires, je dirai que je m'aperçois qu'il y a des êtres invisibles qui cherchent à brouiller les comités révolutionnaires les uns avec les autres, c'est-à-dire que tels citoyens composant le comité révolutionnaire de telle section servent souvent mal la patrie, par la haine qu'ils portent.
Dans un cabaret près de l' Arsenal, on a parlé des bouchers. Une femme a dit que la plupart des bouchers de Paris étaient revenus au marché de Sceaux sans avoir pu avoir de bœuf. D'autres disaient que, tant qu'il n'y aurait pas un autre maximum sur la viande, on ne pourrait jamais s'en procurer, et que tout cela était la faute de la Commune de Paris. D'après ce que j'entends dire par le petit peuple, je crois que, pour avoir de la viande et pour déjouer les ennemis du bien public, il faudrait mettre toutes les bêtes en réquisition.
Paris m'a paru tranquille.
Rapport de Charmont, W 191
Euloge Schneider348 [Johann Georg Schneider, dit, 1756-1794 ; "... Au moment où la Révolution française éclata, il était professeur de belles-lettres à l'Université de Bonn. Bien que Récollet, sa foi, il faut le croire, n'était guère solide et sa tête équilibrée. Du moins, dès 1791, "après avoir abdiqué la prêtrise et abandonné l'état ecclésiastique, il quitta l'Allemagne pour fuir l'oppression sur (sic) laquelle il gémissait et pour contribuer par ses lumières à la propagation" des idées nouvelles. Il était alors âgé de trente-quatre ans. De Bonn, il se rendit à Strasbourg, où son zèle bruyant ne tarda point à le signaler aux autorités constituées. Il n'épargna, d'ailleurs, aucune intrigue pour percer. Le succès ne répondit que trop aisément à son audacieuse ambition. Presque immédiatement après son arrivée, en effet, on lui confia les plus redoutables pouvoirs, sans même hésiter devant sa qualité d'étranger, sans prendre le loisir d'étudier son caractère et ses aptitudes. C'était un énergumène braillard, dont la bouche était toujours pleine des tirades les plus sonores ; cela suffit pour lui valoir d'abord les fonctions d'accusateur public, puis celle "de commissaire civil à l'armée et commission révolutionnaire établie par les représentants du peuple. [...] Le 30 brumaire, Schneider, " considérant qu'il fallait nommer des hommes révolutionnaires pour élever les âmes abruties des campagnards à la hauteur de la Révolution et aux sentiments de la dignité de l'homme ", prenait un arrêté en vertu duquel le maître d' Osthausen était destitué et remplacé par l'une des créatures du commissaire, apostat allemand comme lui. Et ce qui aggravait le cas, c'est que l'administration départementale, affirmait le directoire du Bas-Rhin, ne fut pas même consultée et ne put par suite donner une approbation de tout point pourtant nécessaire. Le protégé du potentat n'en resta pas moins en place, " coûtant 12 livres par jour à la commune " tout occupé qu'il fût, non de remplir ses fonctions, mais de multiplier " les vexations et les prévarications ". Ce n'était là qu'un prélude et Schneider ne s'en contenta pas. Après les maires, les juges de paix : " il les suspendait et les faisait suspendre à son gré, les remplaçant par des Allemands, ses créatures, auxquels il donnait en même temps le pouvoir monstrueux de mettre dans les cachots leurs prédécesseurs, dont plusieurs étaient reconnus pour de zélés républicains ". Par ces criminelles manoeuvres, il voulait " tenir les officiers de police sous sa férule et augmenter sa domination ". Ce ne fut pas tout encore : il donnait aux étrangers, ses agents, " des brevets d'autorisation à taxer à leur gré les citoyens sous prétexte de fanatisme et d'égoïsme ". Inutile d'insister sur les abus sans nombre qu'il couvrait de la sorte [...] D'autres commissaires, munis de commissions verbales ou par écrit de Schneider seulement, parcouraient les campagnes, levaient des contributions arbitraires, faisaient des remises de 1,000 livres à la fois aux contribuables, à condition que ceux-là leur donneraient des reconnaissances qu'ils retenaient pour eux. [...] Mais voilà que le terrible proconsul est parvenu à destination. Le tribunal qu'il mène à sa guise se met en mesure d'entrer sans retard en fonction. " Arrivé à Oberehnheim, écrit-il, nous avons consigné tous les habitants de cette ville sous peine d'être regardés comme émigrés et punis comme tels ; nous avons, de plus, enjoint à la municipalité de nous fournir jusqu'à demain à neuf heures du matin une liste des personnes contre-révolutionnaires ". Evidemment, la liste réclamée est fournie partout aussitôt, en sorte que la besogne commence sans qu'il y ait perte de temps. Les juges, d'ailleurs, y mettent un véritable zèle ; dans 29 séances ils rendent 154 sentences. Je relève une vingtaine d'acquittements, une centaines de condamnations à des amendes variant de 1,000 à 30,000 livres, à des emprisonnements prolongés ou même la déportation. Souvent on octroya aux prévenus de cette dernière catégorie un surcroît de peine : on les attachait pendant deux, quatre, six heures mêmes à un poteau ou parfois à la guillotine, sur la place publique de la localité, et un écriteau en lettres énormes indiquait à tous le crime dont ils s'étaient rendus coupables. Trente-quatre enfin, et dans ce nombre plusieurs femmes, furent condamnés à mort et exécutés... " ; source], accusateur public, était aujourd'hui l'objet d'une discussion tenue par ses concitoyens du Bas-Rhin. Actuellement, le résultat de cette discussion était qu'à moins qu'il y eût des preuves contre lui, on assurait qu'il avait toujours montré un patriotisme ardent dans son département, mais que, puisque Robespierre aîné est son accusateur, on attendrait en silence que Robespierre reconnût lui-même son innocence, attendu, disait-on, que, s'il existe un homme en qui on puisse se fier, c'est sans contredit Robespierre.
1er avril 1794, exécution d' Euloge Schneider à Paris. Arrêté sur ordre de Saint-Just et du commissaire à la Convention et " adjoint en mission extraordinaire " pour l'Alsace, Philippe-François-Joseph Le Bas, décembre 1793. Ses dernières paroles furent : " Il est impossible d'être plus complaisant envers les ennemis de la République qu'en me faisant mourir. " ; Source
Des habitués aux promenades du Luxembourg assuraient aujourd'hui avoir vu depuis plusieurs jours les détenus avoir des correspondances par signes et par paroles dans le jardin, avec des personnes qui viennent précisément à des heures convenues. Il pourrait en résulter quelque inconvénient qui ne peut qu'être nuisible aux intérêts de la chose publique. Aujourd'hui j'ai voulu m'en assurer et j'ai vu que c'était la vérité.
La majeur partie des traiteurs et gargotiers donnant à manger n'ont pas pu avoir aujourd'hui de viande pour nourrir leurs pratiques, dont la plupart sont des ouvriers, qui n'ont que peu de temps à eux ; cela a pensé faire de la rumeur. Des citoyens disaient qu'il fallait absolument que les comités révolutionnaires s'occupent le plus tôt qu'il leur sera possible de remédier à cette disette.
Dans plusieurs sections de Paris, il est question de supprimer les commissaires de police et d'attribuer aux comités civiles des sections les fonctions qui sont attachées aux commissaires. On veut arriver [à ce] que les commissaires des comités civils soient salariés, et, en supprimant les commissaires de police, ce sera quarante-huit places de moins à solder, dont (sic) on pourra répartir sur tous les comités civils. Il paraît que cette idée prévaut dans beaucoup de sections, et que sous peu on en fera la demande et qu'on espère qu'elle sera écouté favorablement.
Dans le café du Rendez-vous, on discutait la proclamation349 du général Pichegru à l'armée du Nord, où il leur parle en vrai sans-culotte : " Prenons garde, disait-on ; méfions-nous de pareils discours ; Custine en a tenus de pareils, et Custine nous a trahis. " Si Pichegru se comporte bien, il en recevra la récompense de la République : c'était ce que disait un citoyen, en répondant à un autre, qui en faisait l'éloge et assurait que jamais il ne nous trahirait.
Tous les citoyens, dans les groupes, paraissent accéder à la démarche qu'à faite hier la section du Contrat-Social à la Convention nationale, pour hâter un prompt rapport sur l'affaire de Chaudot, notaire350, dont tous disaient que partout on ne parlait qu'en bien ; ce sera encore un bienfait de plus, que la Convention aura accumulé sur sa tête, et un bon citoyen de rendu à la société. C'était ainsi que parlait le peuple.
Si un décret est rendu, tout de suite on trouve des partisans pour ou contre. C'est ce qui est arrivé aujourd'hui dans une société particulière. Le décret qui supprime les hôtels des monnaies dans les départements351 va faire des mécontents dans les villes où ils sont situés. Que de bras sans ouvrage! Qu'établira-t-on en remplacement de cette suppression? C'est vouloir tout donner à Paris, et, par ce moyen, priver une partie des villes de la République des moyens qu'ils avaient pour sustenter352 leurs concitoyens ; cela prouve évidemment qu'il existe encore des malveillants qui se plaisent à contrarier les opérations des représentants du peuple français.
On assurait aujourd'hui qu'il fallait se méfier du patriotisme de Ronsin à qui la Convention a rendu la liberté, ainsi que Vincent353, dont les vues, à ce que l'on prétend, ne sont que d'ambitionner et d'intriguer. On les soupçonne d'être d'un parti dont sous peu on apprend quelle en sera l'issue. En attendant, ils peuvent se flatter de ne pas avoir l'estime de leurs concitoyens, car on ne fait pas beaucoup de cas d'eux, sans oublier Momoro, dont on se méfie, et même jusqu'à ses mains qui, à ce que l'on dit, [son] un peu croches [populaire ; être d'un naturel radin].
Rapport de Dugas, W 191
Pierre-Denis Rochez, sapeur, gardien du Temple, etc., après avoir fait une très longue énumération des services qu'il a rendus à la Patrie, se plaint, dans un placard à ses concitoyens354, d'avoir été chassé de l'état-major de l' Armée révolutionnaire par Ronsin, qui l'accuse d'avoir détourné du linge destiné au service de l'état-major. Rochez prétend, lui, que c'est la femme de Ronsin qui a fait le vol, et il demande si ce général en chef était patriote avant d'être adjoint au ministre de la Guerre.
En parlant de cette querelle, on disait qu'il était bien étonnant que Rochez, qui ne cessait de demander de l'argent à son général, en ait aujourd'hui assez pour couvrir les murs de Paris de placards, et pour en avoir distribué à chaque membre de la Convention et de la Société des Jacobins.
Dans un autre placard, Euloge Schneider355, ci-devant accusateur public dans le département du Bas-Rhin, se plaint, du fond de sa prison, à Robespierre, d'avoir été dénoncé par lui à toute l' Europe comme un contre-révolutionnaire : il lui demande, pour toute grâce, de le faire juger.
La séance des Jacobins356 n'a présenté aucune grande discussion. Le scrutin épuratoire a été interrompu par différents pétitionnaires. Un de ceux qui ont présenté le plus grand intérêt a paru à la tribune accompagné de sa mère, de sept de ses sœurs et de trois frères. Ces dix (sic) enfants sont venus demander à la Société des défenseurs officieux pour solliciter du Comité de sûreté générale la liberté de leur père.
Audoin357 a pris la parole pour dire que la Société ne devait point s'apitoyer sur le sort de quel individu que ce fût, qu'elle avait de plus grands projets à remplir, et que les pétitionnaires devaient être renvoyés à ses comités.
Simond358 a parlé avec force en faveur de cette famille infortunée ; mais il a été repoussé à son tour par Fleuriot [-Lescot] [Jean-Baptiste, 1761-1794 ; architecte belge ; maire de Paris du 15 octobre au 2 décembre 1792] , du Tribunal révolutionnaire, qui a soutenu que les Jacobins ne devaient pas s'intéresser à tel ou tel individu, mais à la Patrie, et il a réclamé les principes. La mère et ses dix enfants ont été renvoyés aux comités, après avoir eu les honneurs de la séance.
Source
On a dit, à l'occasion de l’exécution de Chaudot359, à laquelle on ne s'attendait pas si tôt, que les aristocrates s'étaient embrassés de joie lors du sursis, comme une victoire sur la Convention, qui leur en promettait bien d'autres.
Un très grand nombre de patriotes qui croyaient Chaudot un bon républicain, d'après sa réputation et les démarches de sa section, parce qu'ils n'avaient pas vu les pièces qui l'on fait condamner, désiraient qu'il se tirât avantageusement de cette affaire ; mais la confirmation de son jugement a fait ouvrir les yeux, et l'on n'a plus vu en lui qu'un contre-révolutionnaire sur lequel on s'était grossièrement trompé.
On a apporté la nouvelle aux Jacobins que Robespierre360 avait passé une mauvaise nuit, et que Couthon allait très mal. L'impression douloureuse qu'elle a faite sur les membres de la Société et des tribunes a prouvé combien ces dignes républicains leurs sont chers.
Les épiciers ne délivrent plus de la chandelle que par demi-livre ; encore y-a-t-il des quartiers où l'on ne peut plus s'en procurer.
Toujours des mendiants dans toutes les rues et les promenades publiques.
Rapport de Grivel, W 191
À suivre...
Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, , La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 160-170.
342. Voir le texte de cette dernière partie du rapport dans : P. Caron, Rapports de Grivel et Siret..., Bulletin d'hist. écon. de la Révol., 1920-1921, p. 397-398.
343. Cf. ci-après, p. 183.
344. Sur cette société de section, voir le compte rendu de la séance des Jacobins du 6 thermidor an II [24 juillet 1794] : Aulard, La Soc. des Jacobins, t. VI, P. 242.
345. Pas de renseignements.
346. Boichut, Jean-Claude, était membre du comité révolutionnaire de la section Le Peletier, et fut mit en arrestation au début de floréal an III [avril 1795] : Arch. nat., F7 4578, doss. 1 ; Tuetey, Répertoire, t. XI, à la table. - Aliaume, Georges, collègue de Boichut au comité, était marchand bonnetier rue Neuve-Saint-Marc, et s'était occupé de l'affaire de la " compagnie d'assurance à vie " que dirigeait le sieur Mésange. Arrêté une première fois comme ex-terroriste, le 21 ventôse an III [11 mars 1795], et relâché le 17 germinal [6 avril], il fut réincarcéré, en même temps que les autres anciens membres du comité, qu'à la fin de fructidor suivant [mi septembre]
347. Cf. ci-dessus, p. 141, note 3.
348. Pour l'indication des travaux biographiquement dont il a été l'objet, voir le Rép. de l'hist. de la Révol. franç., par Gérard Walter, Personnes, p. 502-503.
349. Elle est publiée dans le Moniteur du 29 pluviôse [17 février] : réimp., t. XIX, p. 484-485.
350. Cf. ci-dessus, p. 967, note 1. - La démarche de la section du Contrat-Social avait effectivement eu lieu le 28 pluviôse [16 février]
351. Article 1er du décret du 26 pluviôse [14 février] sur l'organisation de l' Administration des monnaies.
352. Le texte porte : substanter.
353. Cf. t. III, p. 283, note 4.
354. Pierre-Denis Rochez à ses concitoyens, S. l. n. d., in-8°, 4 p. : Tourneux, Bibliographie, t. IV, n° 25087. - Sur Rochez, cf. ci-dessus, p. 135, note 1.
355. Cf. ci-dessus, p. 165, note 1.
356. Du 29 pluviôse [17 février] : Aulard, La Soc. des Jacobins, t. V, p. 656-657.
357. Cf. t. II, p. 375, note 6.
358. Simond, Philibert, conventionnel [1755-1794 ; prêtre assermenté, député du Bas-Rhin ; "...Une visite à la prison à un prévenu d’émigration fut, pour le Comité de salut public, l’occasion de le faire arrêter comme complice de Danton, qui venait d’être cité dans le rapport – fort incomplet et parfois inexact – de Saint-Just sur les agents de l’étranger, mais immédiatement exploité par les Exagérés. Philibert Simond fut enfermé à la prison du Luxembourg, mais ne fut pas jugé avec les Dantonistes, comme on pouvait s’y attendre. Il fut englobé dans une conspiration des prisons forgée de toutes pièces [...] fut condamné à mort le 23 germinal an II [12 avril 1794] et exécuté le lendemain en même temps que Pierre-Gaspard Chaumette, Jean-Baptiste Gobel, la veuve d' Hébert, le général Arthur Dillon, Lucile Desmoulins et 23 autres condamnés... " ; source]
359. Cf. ci-dessus, p. 98, note 2.
360. Cf. ci-dessus, p. 148, note 1.
php
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