Transition énergétique : "Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. "

"Les énergies renouvelables ne font que s’ajouter aux autres sources d’énergie, maintenant « les modes de vie polluants et le consumérisme », au lieu d’accompagner leur disparition."

" Si nous [les aristocrates] ne sommes pas là nous non plus, ils [les garibaldiens] vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. » – Tancredi Falconeri
Don Fabrizio, prince de Salina : « Comme c’est, au fond : rien qu’une lente substitution de classes. »
« Nous vivons dans une réalité mobile à laquelle nous cherchons à nous adapter. »
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Il Gattopardo (Le Guépard), Éditeur Feltrinelli, 1958


ZERO EOLIENNE ET BASTA!

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« Il n’y a pas de transition énergétique » 
François Jarrige et Alexis Vrignon 
28/02/2020




Les énergies renouvelables ne font que s’ajouter aux autres sources d’énergie, maintenant « les modes de vie polluants et le consumérisme », au lieu d’accompagner leur disparition, estiment, dans une tribune au « Monde », les historiens François Jarrige et Alexis Vrignon.

Tribune. Alors que les records de chaleur tombent les uns après les autres, que l’Australie brûle et que les mouches découvrent l’Arctique, les discours en faveur d’une transition énergétique vers les énergies renouvelables se multiplient dans les arènes de pouvoir. Ils mettent en avant des solutions technologiques pleines de promesses, qu’il s’agisse de batteries toujours plus performantes, de parcs solaires géants à l’énorme potentiel productif, ou encore du recours à l’hydrogène pour permettre une mobilité « propre ».
Après deux siècles de fascination pour les énergies fossiles, qui auraient vu le pétrole puis le « gaz naturel » succéder au charbon, la transition énergétique serait désormais en marche. Elle traduirait une prise de conscience récente des sociétés dont le salut dépendrait d’innovations technologiques qui, idéalement, assureront une disponibilité en énergie équivalente ou même supérieure à ce que le monde connaît aujourd’hui. Tels sont les axiomes qui structurent l’approche dominante de la transition énergétique. En premier lieu, celle du gouvernement, qui, après avoir annoncé en pleine crise des « gilets jaunes » que la transition écologique serait au cœur de l’acte II du mandat présidentiel, s’est contenté de mesures limitées et d’encouragements aux innovations censées être « bas carbone ». Sans jouer les prophètes de malheur, l’histoire environnementale conduit à émettre de sérieux doutes à l’égard de ce grand récit de la transition à venir.

« L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE N’A JAMAIS ÉTÉ MARQUÉE PAR LA SIMPLE SUCCESSION DES ÉNERGIES »
Trop souvent, la transition est conçue comme un processus linéaire qui verrait le passage d’une source d’énergie — ou un ensemble de sources — à une autre. 

- Le charbon ? Une énergie du passé qui a permis l’industrialisation au XIXe siècle.
- Le pétrole ? Le moteur de la société de consommation du XXe siècle dont le règne toucherait à sa fin, supplanté à l’avenir par l’éolienne, le panneau solaire et, selon certains, la centrale nucléaire.
Pourtant, un tel schéma, qui repose sur l’idée rassurante que les sociétés cheminent selon un progrès inéluctable dans ce domaine comme dans les autres, n’a pas lieu d’être car l’époque contemporaine n’a jamais été marquée par la simple succession des énergies.

Systèmes énergétiques alternatifs
Imaginons une région dont la grande majorité des foyers utiliseraient des chauffe-eau solaires, dont les villes bénéficieraient de denses réseaux de tramways et où les éoliennes et la biomasse joueraient un rôle important dans les zones rurales. C’est le cas de la Californie… dans les premières années du XXe siècle ! Éloigné des principaux foyers d’extraction de charbon et de pétrole, cet Etat américain reposait sur un autre mix énergétique [la répartition des sources d’énergie primaire consommées] avant que la découverte d’importants champs pétrolifères ne change la donne.
Or, il ne s’agit pas d’un cas isolé : l’histoire de ces deux derniers siècles foisonne de systèmes énergétiques alternatifs. Longtemps, le recours à la force animale est ainsi resté perçu par beaucoup de personnes modestes comme un choix rationnel malgré la puissance des moteurs à combustibles fossiles. L’hydraulique a continué à dominer le mix énergétique des sociétés de la « révolution industrielle » du XIXe siècle, tandis que le solaire a été envisagé comme une alternative au charbon dans l’Algérie coloniale des années 1870…

« FACE À L’URGENCE CLIMATIQUE ET À LA NÉCESSITÉ DE CONSTRUIRE UN AUTRE MODÈLE ÉNERGÉTIQUE, IL CONVIENT DE REGARDER EN FACE LES SITUATIONS ET LES EXPÉRIENCES PASSÉES »
On serait tenté de considérer que ces solutions choisies n’ont laissé que peu de traces dans la mémoire collective, du fait de leurs faiblesses techniques évidentes et de la supériorité intrinsèque du charbon puis du pétrole. Tout entier absorbé par la célébration du « roi charbon » et de ses successeurs, le monde n’aurait pris conscience que tardivement des conséquences néfastes du recours massif aux énergies fossiles. Mais cette lecture est myope et partielle, elle nous entretient dans l’illusion que nous serions enfin devenus conscients et, dès lors, capables d’agir. En réalité, l’histoire nous montre plutôt que, dès le XIXe siècle, des voix, nombreuses et discordantes, se sont fait entendre pour dénoncer les nuisances suscitées par ces nouvelles sources d’énergie ou alerter sur leur épuisement, soulignant la pertinence d’autres solutions moins chères, plus sobres et efficaces. Mais ces doutes anciens et ces solutions ont été marginalisés, et oubliés.

Au nom de la sacro-sainte croissance du PIB
Cette marginalisation ne relève pas d’une simple sélection naturelle. Sans méconnaître les difficultés techniques, ce sont avant tout des processus politiques, sociaux et économiques qui ont été à l’œuvre. Les intérêts des grandes entreprises de production d’électricité — publiques comme privées –, la propension à la centralisation des processus de décision, l’hégémonie culturelle d’un imaginaire d’ingénieur et de technocrate, qui disqualifie les bricolages et le low-tech et refuse d’envisager la décroissance des consommations au nom de la sacro-sainte croissance du produit intérieur brut, ont joué un rôle décisif dans l’avènement des systèmes énergétiques actuels, fondés sur la production toujours en hausse d’énergie. Si la puissance installée des énergies renouvelables ne cesse de croître, celles-ci s’ajoutent pour l’heure aux autres sources d’énergie au lieu de s’y substituer ; elles visent à maintenir les modes de vie polluants et le consumérisme actuel, au lieu d’accompagner leur disparition.
Face à l’urgence climatique, à l’effondrement de la biodiversité et à la nécessité de penser et de construire un autre modèle énergétique, il convient de regarder en face les situations et les expériences passées. Les débats énergétiques n’ont jamais été une question uniquement technique. Même brièvement, des énergies alternatives viables ont existé. D’autres voies ont été possibles et ont été expérimentées, et cette approche contrefactuelle permet d’espérer que d’autres futurs demeurent envisageables.

La fabrique de la « transition énergétique »
La consultation sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie, achevée le 19 février, imagine substituer éolien, solaire et nucléaire au pétrole et au charbon. Mais l’histoire montre que les sources d’énergie cohabitent, à l’inverse du mythe d’innovations disruptives successives.

Par Alexis Vrignon et François Jarrige

François Jarrige est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne ;
Alexis Vrignon est historien chercheur à l’université de la Polynésie française. Ils ont publié Face à la puissance — Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel (La Découverte, 400 p., 25 euros).

Forêt :" on s’est trompé de ministère, la production d’énergie pour le confort humain, ce n’est jamais de l’écologie, c’est de l’industrie !"

"Où aller ? Au fond des bois ? Quels bois ? Ceux qui n’ont pas encore été rasés sont dépouillés depuis qu’on ne parle plus de forêts, mais de biomasse. De mes fenêtres, je vois clair au travers des collines. Plus de sous-bois, des champs de troncs. Le long des chemins, les arbres trop jeunes, condamnés à ne pas devenir des chênes centenaires, s’alignent, en attendant d’être déchiquetés avec beaucoup d’énergie, recollés en pellets, voire transformés en carburant ! Il y a quelque temps, un bûcheron s’inquiétait : « Dans dix ans, il n’y aura plus rien ! » Sur les photos aériennes, une bande boisée au bord des routes, pour tromper le peuple, mais c’est une coquille vide. Dix ans, c’était optimiste. Qui ose encore signer les pétitions contre la déforestation de la forêt amazonienne ? Le poumon vert de la France, ça ne compte pas ? [...] Nous préférions être abandonnés : au moins, on nous laissait tranquilles ! [...] L’écologie, c’est ce que nous avions, avant. Du silence, de vraies nuits, des forêts gérées avec sagesse en mode cueillette, avec respect pour leurs bêtes, grandes et petites. Celles qui ne peuvent pas fuir crèvent désormais au soleil de vastes étendues rasées, les autres ne savent plus où aller. L’écologie, ce n’est pas ce monde industriel qui se cache derrière des noms aguicheurs. [...] On assiste à un parfait écocide, discret, se cachant sous de pseudo « bonnes intentions », ou pire, sous une injonction de « sauver la planète ». Mais on s’est trompé de ministère, la production d’énergie pour le confort humain, ce n’est jamais de l’écologie, c’est de l’industrie !"
Blandine Vue, "Pour « sauver la planète », l’industrie tue les campagnes", extraits.

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La forêt est un bien commun, pas une entreprise
 Des parlementaires, des syndicalistes et des associations écologistes
 28 février 2020 
 


Baisse des effectifs, ouverture à la contractualisation massive... L’Office national des forêts se transforme progressivement en entreprise, dénoncent les auteurs de cette tribune, alors qu’« à l’heure du changement climatique, les forêts françaises nécessitent une politique forestière forte ».
La liste des signataires se trouve à la fin du texte.

Après deux ans d’une gestion catastrophique et inhumaine sur fond de contrat d’objectif et de performance 2016-2020 irréaliste et de ce fait abandonné dès 2017, puis un an d’incertitude, les personnels de l’Office national des forêts (ONF) ont vu arriver en début d’année un nouveau directeur général, Bertrand Munch. Sa lettre de mission : redresser des comptes dans le rouge sans aucune aide de l’État, transformer l’ ONF en cinq ans notamment par de nouvelles suppressions de postes et la filialisation de 40 % de ses activités.
C’est dans cette logique qu’il annonçait aux personnels, en janvier, l’ouverture à la contractualisation massive dans l’établissement. Désormais, les fonctionnaires assermentés seront remplacés par des salariés de droit privé y compris pour les missions de protection et de police ! Cette décision du gouvernement marque une nouvelle étape vers la privatisation de la gestion des forêts publiques et la disparition du service public chargé de les protéger.
Depuis les années 2000, l’Office national des forêts est soumis à une pression croissante. Le « projet pour l’Office » de 2002 préconisait un gain de productivité de 30 % en cinq ans et une baisse importante de ses effectifs. Alors que l’établissement comptait 15 900 agents dans les années 80, on en compte seulement 8 200, fin 2019, année au cours de laquelle l’État a détruit 400 postes à l’ ONF soit un emploi sur vingt en un an. Désormais, les fonctionnaires ne représentent plus que 57 % des effectifs de l’établissement.


L’endettement de l’ ONF sert de prétexte à sa transformation progressive en entreprise
L’endettement de l’ ONF qui n’est rien d’autre qu’un défaut de financement par l’État des missions confiées à l’établissement par la loi sert de prétexte à sa transformation progressive en entreprise. Cette vision néo-libérale instillée dans l’établissement a été vécue comme une grande souffrance par les agents. Sommés notamment d’extraire toujours plus de bois, de couper des arbres de plus en plus jeunes dans un seul but de rentabilité économique, ils dénoncent une perte de sens de leur métier. Dans de nombreux territoires, les liens de confiance qui s’étaient tissés entre l’ ONF et les citoyens s’étiolent et font place à la défiance et à la contestation. Tout ceci a des conséquences dramatiques : depuis 2005, on recense plus de cinquante suicides à l’ ONF.



 

Les agents sont sommés d’extraire toujours plus de bois, de couper des arbres de plus en plus jeunes.

Cette situation ne peut pas durer. Le gouvernement sacrifie les forêts publiques et l’intérêt général. Cet abandon par l’État de l’Office national des forêts ne dit pas autre chose. Or, à l’heure du changement climatique, les forêts françaises nécessitent une politique forestière forte. Le Président de la République affirmait lui-même, cet été, que la forêt était un bien commun à protéger.
Les actes valent mieux que de belles paroles. Alors que les enjeux forestiers liés au changement climatique, à la biodiversité, à la fonction sociale des forêts, à la protection des eaux et à la filière sont colossaux, le gouvernement montre une fois encore son inconséquence quand il s’agit de préserver le service public forestier.
Notre commission « Forêts, biens communs », composée de parlementaires, syndicalistes forestiers et associations de protection de l’environnement, présentera dans les prochains mois une proposition de loi de contre-modèle au système actuel de gestion forestière. Celle-ci intégrera la nécessité d’un service public forestier fort, à travers la création d’un secrétariat d’État à la forêt placé sous l’égide du ministère de l’Écologie, d’un financement à coût complet des missions de l’ ONF par l’État ainsi que d’une meilleure prise en compte des conditions de travail des ouvriers forestiers et bûcherons.
Parce que la forêt est notre bien commun à toutes et tous, il est du devoir de l’État de la protéger ainsi que celles et ceux qui y travaillent. 


La liste des signataires :
Par la commission « Forêts, biens communs » :

  • Mathilde Panot, députée, présidente de la commission
  • Sylvain Angerand, coordinateur des campagnes de Canopée, forêts vivantes 
  • Loukas Benard représentant des personnels de l’ ONF 
  • Ugo Bernalicis, député 
  • Brigitte Blang, membre de SOS forêt et du Réseau des alternatives forestières (RAF) 
  • Philippe Canal représentant des personnels de l’ ONF 
  • Guillaume Gontard, sénateur 
  • Sébastien Jumel, député 
  • Régis Lindeperg, coordinateur de SOS Forêt France 
  • Loïc Prud’homme, député 
  • Hubert Wulfranc, député.

Côte d'Armor, Allineuc : "Mes vaches dorment le cul en l’air et ma boussole indique 3 Nords différents"

Ruraux, sommes-nous condamnés à n'être que des rats de laboratoire ou des animaux de boucherie?

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MUNICIPALES : PAS UNE SEULE VOIX AUX CANDIDATS PRO-EOLIENS ET AUX "SANS AVIS"!


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Mes vaches dorment le cul en l’air et ma boussole indique 3 Nords différents   

Sioux Berger
Février 2020

Témoignage de Stéphane Le Béchec, Allineuc, Bretagne. ( Côtes d’Armor)

"Je m’appelle Stéphane le Béchec, et quand on me demande si je suis éleveur ou agriculteur, je réponds : « Ni l’un ni l’autre, je suis paysan. Je suis celui qui aime son pays, sa terre, et son métier». Et devenir paysan, pour moi, ça a toujours été un rêve de gosse. 

  Autrefois j’étais menuisier charpentier, artisan du bois. J’ai parcouru la France pour construire des maisons, j’ai même participé à la restauration de l’ Olympia en 95, c’est vous dire si on est loin des champs et des élevages. Alors, lorsque je me suis établi en tant que paysan, il y a 4 ans, j’entendais bien travailler comme le faisaient les anciens, je voulais un élevage en pleine nature, sans pesticides et engrais chimiques, avec le veau sous la mère, comme il y a 50 ans.
 
Bien sûr, quand j’ai racheté la ferme, on ne m’avait pas dit qu’il y aurait des problèmes

. J’étais un peu comme Jean de Florette qui débarque et qui cherche sa source…sauf que…les problèmes ne sont pas venus de la source, ils sont venus des infrasons, de l’électricité et des ondes. Oh ! il ne m’a pas fallu longtemps pour m’apercevoir qu’il y avait un énorme souci, d’une gravité…planétaire…

J’ai démarré en 2016 : le premier janvier, j’appelais déjà le vétérinaire, et le 3 janvier une de mes vaches mourait. Caillot de sang dans l’intestin…voilà ce qu’on m’a dit. Plus tard, j’allais m’apercevoir que cette date du 1er janvier était loin d’être le fruit du hasard…Mais à ce moment-là j’ai seulement pensé « courage, tu débutes, ça peut arriver ».
Sauf que… j’ai très vite compris que ça ne venait pas de moi. J’en ai eu rapidement la preuve, puisque lorsque j’achetais une bête qui fournissait 35 litres de lait, dès le surlendemain, elle ne donnait plus que 25 litres. Et puis c’était toujours le même scénario : elle ne buvait pas assez et elle dépérissait… Un jour, je venais d’acquérir une vache, elle s’est couchée à peine descendue du camion, et elle ne s’est plus jamais relevée. Elle était comme paralysée par le sol.
Alors j’ai commencé à faire des recherches, j’ai fait analyser mon fourrage …mais rien d’anormal. De toute façon, ça ne pouvait pas venir de la nourriture, puisque j’avais des troupeaux dans quatre champs différents, et au même moment, certaines mouraient d’un coup. C’était donc lié à une zone géographique précise, et non à ce que je leur donnais à manger.

 
Et puis au mois de mai tout s’est accéléré. On venait de passer à la 4G dans le secteur et j’ai observé que mon troupeau se comportait de plus en plus bizarrement. Une vache, ça dort toujours la tête au Nord. Pas besoin d’avoir 20 ans d’expérience pour le savoir. Les miennes dorment la tête au Sud, à l’Ouest, à l’Est…incompréhensible…pour en avoir le cœur net j’ai placé dans mon étable 3 boussoles différentes : pas une ne m’indique le même Nord. 3 Nords différents pour un même lieu !
Si la boussole est folle, la vache l’est encore plus. Dans les prés, je les regarde s’allonger, elles se couchent avec le cul en l’air, dans le sens de la pente. Vous ne verrez jamais une vache en bonne santé dans une position pareille, c’est un animal qui sait ce qui est naturellement bon pour son transit !
Et leur folie ne s’arrête pas là : lorsque j’étale du fourrage dans le champ, mes bêtes mangent tranquillement jusqu’à une certaine zone, et là soudain elles s’arrêtent, comme frappées par une barrière invisible. Et puis, une à une, elles dépérissent et refusent de boire.

Bien entendu, j’ai fait venir le véto, et on m’a dit tour à tour « vous les nourrissez trop », puis « vous ne les nourrissez pas assez »…..mais de toute façon, dans mon troupeau, j’ai des vaches trop maigres et des vaches trop grosses, sur un même pré. Toutes ont le poil hérissé. Toutes ont des problèmes dans leur sang. Certaines crèvent d’hémorragie en plein champs et le sang pisse par les mamelles.
Alors j’ai fait venir des géobiologues, et ils ont constaté que ma ferme est totalement cernée. Pour que vous compreniez mieux, j’ai réalisé un petit croquis. 






Imaginez une horloge. Ma ferme est au centre
- À midi, c’est le Nord…celui que mes vaches ont perdu…
- À 14 h, il y a une antenne relais, 
- À 16 h, un poste de distribution électrique, 
- À 18 h et à midi, deux lignes électriques de 20 000 volts qui traversent cette horloge de part en part, 
- À 20 h, une autre antenne relais, 
- À 10 h, un autre poste de distribution électrique, et 
- À 11 h, un parc éolien avec des aimants gros comme une locomotive dans chaque machine…

J’ai poursuivi mes observations et j’ai constaté que la mort de mes vaches correspond pile poil aux pics de consommations électriques, et aux compteurs heures creuses heures pleines. J’ai pris des notes, et non, je ne suis pas fou : mes animaux sont branchés sur le monde moderne…Plus étonnant encore : ils meurent toujours le week-end…et oui, le week-end les gens ne sont pas au boulot, ils sont chez eux, ils se regardent tranquillou un petit film en streaming, ils téléphonent, ils font tourner une machine, et hop, dans mon sol, dans la terre, je mesure 1 volt 100 en courant continu …et je peux vous dire qu’au-dessus de 40 millivolts, aucune vache ne boit, aucune ne survit à long terme…


Le pire, c’est pendant les vacances scolaires. Du 20 décembre au 6 janvier 2020, c’est le moment des fêtes. On se retrouve autour d’un bon dîner, on s’envoie des selfies et on allume le four…pendant ce temps, mes vaches ne se sont pas couchées une seule fois. Un autre exemple ? Le 26 décembre 2016, j’en ai perdu 4. Le 2 janvier 2017, j’en ai perdu encore 2. Six en deux jours.
Bien entendu, je ne suis pas resté les bras croisés. J’ai convoqué tout le monde. Les services vétérinaires, la laiterie, j’ai mis tous ces spécialistes autour d’une table pour en discuter. Sauf que…on a estimé qu’il n’y avait pas de sujet de débat. Le bétail crève mais il n’y a rien à discuter. Pourquoi ? Tout simplement parce que le mal dont souffre mes vaches n’existe pas. Un peu comme si en 1950 vous aviez affirmé vous-même devant des spécialistes que vous avez un cancer à cause de l’amiante. Le juge qui vous écoute enlève ses lunettes, lève les sourcils, et vous dit que vous pouvez déposer toutes les plaintes que vous voulez, elles seront classées sans suite, puisque vous dénoncez quelque chose qui …n’existe pas. Et bien entendu, on m’a menacé de me saisir mon troupeau pour maltraitance animale…


Attention, les images sont le reflet de la souffrance des animaux
Le film

Aujourd’hui je regarde le noyer centenaire qui pousse à côté de ma ferme. Il meurt, et les sapins autour végètent. Au pied du vieux noyer, un professionnel a mesuré du 60 hertz. En France, la lumière, c’est du 50 hertz, et là, on est carrément au-dessus…faites pousser vos plantes vertes au milieu d’un champs d’ampoules allumées et vous m’en direz des nouvelles. 


Aujourd’hui j’observe la nature : la rivière, les flaques, les fleurs, et je ne vois ni grenouilles, ni escargots, ni têtards, ni abeilles, mes vaches sont en hypothermie, et mes génisses sont stériles. J’ai des vertiges, j’ai froid en plein été, des acouphènes, des nausées, les bras qui picotent en permanence. Le vivant se meurt mais en ville on ne le voit pas…


C’est un désastre, mais il n’existe pas. Au Nord, on va planter prochainement d’autres éoliennes. Et la 5G arrive. Tout cela va passer par le sol, par les failles d’eau, par les lignes électriques…et s’abattre sur ma ferme. 

 
Pourtant, je ne regrette pas le choix que j’ai fait devenir paysan. J’ai toujours su que j’aimais la terre. Si je parle aujourd’hui, si je parle demain, et demain encore, je sais que je peux aider. Et c’est ce que je veux faire à présent. Parler, continuer à observer, pour qu’enfin le vivant ne soit plus étouffé par le monde du business."

Témoignage recueilli par Sioux berger

Allemagne, méthanisation : l'autre face noire de la Transition écologique

Détruire la Biodiversité pour mieux la sauver!
 

Lire également
Gaz à effet de serre, élevages industriels, incidents : toutes les controverses sur la méthanisation


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Spéculation et accaparement de terres : les dérives de la production du « gaz vert »
Knaebel 

26 février 2020




L’Allemagne a développé le biogaz à grand échelle depuis le début des années 2000. Mais les installations industrielles ont rapidement pris le contrôle du secteur, accaparant de plus en plus de terres agricoles.
Il n’y a pas d’agriculteurs à l’horizon, pas de vaches. Mais plusieurs dizaines de dômes verts alignés les uns à côtés des autres. Vu du ciel, l’installation ressemble plus à un village, ou à un parking d’ovnis, qu’à une entreprise agricole. C’est que l’installation de biogaz de Güstrow, dans le nord de l’Allemagne, a beaucoup plus à voir avec une usine qu’avec une ferme. Lors de son ouverture en 2009, elle était la plus grande installation de production de biogaz du monde, ses dizaines de bio-digesteurs accumulant une capacité de production de 50 mégawattheures (MWh). Aujourd’hui, Güstrow, tout comme l’autre installation gigantesque de la région, ouverte quelques années plus tôt à Penkun, est devenu le symbole de la dérive du biogaz allemand.
« Nous avons de nombreuses très grandes installations de biogaz dans la région. Alors que l’idée, au départ, était que les agriculteurs transforment sur place leurs résidus agricoles en énergie », explique Sebastian von Schie, porte-parole des Verts dans la région du Mecklembourg-Poméranie, qui abrite les deux installations géantes. « Mais l’économie de marché capitaliste est tournée vers le profit maximum. Alors, la bonne idée du début a été détournée pour devenir une industrie », déplore-t-il.


De grandes entreprises achètent des terres à tour de bras
Le biogaz fait partie des énergies renouvelables soutenues en Allemagne par le dispositif dit « EEG », pour « loi sur les énergies renouvelables », démarré en 2000. Comme l’électricité photovoltaïque ou éolienne, l’électricité produite par le biogaz bénéficie de tarifs d’achat avantageux, à l’origine garantis sur vingt ans. Cette politique a vite porté ses fruits : le nombre d’installations a explosé, passant d’un millier en 2 000 à plus de 7 000 en 2011. Aujourd’hui, l’Allemagne compte environ 9 500 installations de production de biogaz [1], qui représentent 5 % de la consommation électrique allemande [2]. Mais ce succès a ses parts d’ombre.


 

L’évolution du nombre d’installations de biogaz en Allemagne

Les parcs géants de production de biogaz de Güstrow et Penkun appartiennent à une entreprise nommée Nawaro. Celle-ci s’est créée en 2005 dans le but de produire du biogaz « à échelle industrielle ». La firme gère aussi des parcs en Croatie, en Lettonie, en Ukraine [3]. « Au lieu d’utiliser des résidus pour produire du gaz, ce qui est le concept de départ, ces installations utilisent une ressource première, des cultures alimentaires, qui sont spécifiquement cultivées pour la méthanisation », explique Sebastian von Schie. Pour produire du biogaz à échelle industrielle, les grandes installations ont des besoins importants en cultures, essentiellement du maïs, qui offre le meilleur rendement de gaz lors de sa fermentation dans les bio-digesteurs. Il leur faut donc de grandes surfaces de terres. 


Plus subventionné que l’agriculture bio

Conséquence de ce développement fulgurant : les surfaces de maïs sont en nette expansion en Allemagne. En 2011 déjà, le pays comptait 700 000 hectares de maïs cultivés pour le biogaz. En 2018, quasiment un million d’hectares [4] – c’est-à-dire plus que la superficie de la Corse. Tandis que la surface de colza pour le biodiesel a de son côté diminué : 713 000 hectares en 2017, contre 910 000 en 2011.
Dans ce contexte, au début des années 2010, le sujet du biogaz est devenu hautement polémique en Allemagne. Les petites fermes n’ont alors plus accès au foncier, voyant le prix des fermages exploser sous l’effet de l’intérêt de gros investisseurs pour l’énergie, et des territoires entiers se retrouvent avec des monocultures de maïs. « En Basse-Saxe, il y a toujours plus de maïs planté pour produire du biogaz, il y a toujours plus d’agriculteurs bio qui perdent leurs terrains. La raison : l’électricité issue du maïs est plus subventionnée par l’État que les produits bio », déplore le groupement d’agriculteurs bio Bioland en 2015. Au printemps 2019, l’office fédéral de l’environnement pointe un nouveau danger du doigt : les accidents du travail. Depuis 2005, au moins 17 travailleurs sont morts dans des installations de production de biogaz, et 74 ont été blessés [5]. 


« Il ne faut pas répéter l’erreur ailleurs en Europe »
Face à ces problèmes, en 2014, une réforme de la loi EEG a revu à la baisse les soutiens publics au biogaz. Les prix d’achat de cette électricité ont été réduits, une limite du volume de maïs introduit dans les installations a été fixée à 60%, puis abaissée à 50 % en 2017. Elle doit maintenant tomber à 44 % d’ici 2022. Depuis, le nombre des nouvelles installations a largement chuté : seulement 122 ont été lancées en 2017, et 113 en 2018 [6]. Mais les plus anciennes bénéficient toujours des tarifs avantageux des débuts.
Des associations écologistes et des centres de recherche tentent aussi de développer une production de biogaz à partir de plantes sauvages, pour que le développement de cette énergie ne détruise pas la biodiversité. « Nous voulons montrer que c’est possible. Semer, récolter, les bio-digesteurs… Techniquement, le processus fonctionne à tous les niveaux avec les plantes sauvages », souligne Jochen Goedecke, qui a conduit l’expérimentation au sein de l’association environnementale Nabu dans la région du Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l’Allemagne.
Reste que le rendement des plantes sauvages est bien moindre que le maïs en termes de production de gaz. « Les plantes sauvages présentent de nombreux avantages, pour les sols, pour la biodiversité. Malgré tout, elles ne peuvent pas entièrement remplacer le maïs pour le biogaz, admet le responsable associatif. Mais il serait possible de pousser les agriculteurs à utiliser plus de plantes sauvages dans leurs méthaniseurs en subventionnant le procédé, soit via le volet verdissement de la Politique agricole commune, soit via les politiques de subventions agricoles des États-régions allemands. »
Pour le Vert Sebastian von Schie, cette alternative ne sera pas suffisante pour freiner tous les effets négatifs de la méthanisation à grande échelle. « Il faudrait avant tout réduire les besoins en énergie au lieu de remplacer un carburant par un bio-carburant, dit-il. Nous avons fait en Allemagne l’expérience de ce développement industriel du biogaz. Il ne faut pas répéter l’erreur ailleurs en Europe. »

Photo : CC Stadtwerke Energie Jena Poessneck via Wikimedia.


Notes

[1] Source : Fachverband Biogas.

[2] Source : Erneurbaren Energien in Zahlen, ministère allemand de l’Environnement, p 11. Les énergies renouvelables dans leur ensemble comptent pour un tiers de la consommation électrique allemande.

[3] Un autre grand acteur de l’expansion du biogaz allemand a été KTG Agrar, entreprise entrée en bourse en 2007, qui a acquis des dizaines de milliers d’hectares de terre en Allemagne de l’Est et opérait aussi en Roumanie et Lituanie. L’entreprise a finalement fait faillite en 2016, ses installations et grandes fermes ont été revendues pour la plupart à d’autres gros investisseurs.

[4] Chiffres : Agence du ministère allemand de l’Environnement sur les biocarburant, ici, et Fachverband biogas.

[5] Source : Rapport de l’office fédéral de l’Environnement .

[6] Source : Fachverband biogas.

Haute-Marne, Le Montsaugeonnais : la municipalité entre en résistance contre l'"armée éolienne"

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Historique
"Créée par un arrêté préfectoral du 19 novembre 2015, la commune du Montsaugeonnais est issue du regroupement des trois communes de Montsaugeon, Prauthoy et Vaux-sous-Aubigny qui sont devenues des communes déléguées. Son chef-lieu est fixé à Prauthoy."

Source : Le Montsaugeonnais

Cela fait toujours très plaisir de voir des Haut-Marnais
réagir et se mobiliser contre l'envahisseur éolien et quand c'est d'autant plus...des élus. Ceux-là même qui ont le pouvoir légal de ralentir, voire de STOPPER,  l'"armée" éolienne, si... toujours en place après le 22 mars, deuxième tour des élections municipales.

À ce titre, l'association Les vues imprenables et PHP leurs souhaitent la bienvenue au sein de la Résistance. 😏 

«On ne se bat pas par espoir d’une récompense ou d’une reconnaissance. On ne calcule pas les bénéfices et les intérêts. On se bat parce qu’il le faut. Pour réparer une injustice. Parce que le principe de résistance passe avant le principe d’espérance».

Notre VIE, notre quotidien, notre VILLAGE, nos prés, nos forêts, nos animaux et... le climat valent PLUS que leurs profits!

MUNICIPALES : PAS UNE SEULE VOIX AUX CANDIDATS PRO-EOLIENS ET AUX "SANS AVIS"!


TENIR TÊTE, FEDERER, LIBERER!


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@jhm



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HAUTE-MARNE, LE PAYS D'AMANCE : LA BALADE AVANT LA CONQUÊTE ÉOLIENNE, ÉPISODE III

Précédemment
Haute-Marne, le Pays d'Amance : la balade d'avant la conquête éolienne I
Haute-Marne, le Pays d'Amance : la balade d'avant la conquête éolienne II

   Tous les villages que nous verrons aujourd'hui appartiennent à l'actuel canton de Laferté-sur-Amance dont le territoire était, jusqu'au traité de Nimègue en 1678, divisé en deux par la frontière entre la France et l'Empire. La région a en conséquence beaucoup souffert des guerres, en particulier de celle de Trente Ans.
À la veille de la Révolution, ces villages relevaient, au plan civil, de la généralité de Champagne, du bailliage et de l'élection de Langres, ainsi que de la prévôté de Coiffy, et, au plan religieux, du diocèse de Langres et du doyenné de Pierrefaites ; seul Voisey dépendait, d'une part de la généralité de Franche-Comté, du bailliage de Vesoul et de la prévôté de Jussey, d'autre part du diocèse de Besançon et du doyenné de Favernay. Il avait la particularité d'appartenir à la Champagne, tout en relevant du diocèse de Besançon.


Vaux-la-Douce
   La première mention de ce lieu, Grangia de Vallibus, remonte à 1140 : il s'agissait alors d'un établissement de chanoines réguliers, qui suivaient la règle de Saint Augustin.
   D'après Jacques Laurent et Ferdinand Claudon 5, cet établissement est donné à Clairefontaine 6 entre II38 et II54 par l'évêque de Langres, et Clairefontaine y érige une abbaye cistercienne entre II65 et II72.
   Elle prend alors son essor et reçoit des dons des seigneurs, comme les comtes de Champagne ou les seigneurs de Laferté, dont certains se font inhumer dans l'église abbatiale.
   Malgré la protection du comte de Champagne, l'établissement est menacé; en effet, les droits accordés par les fondateurs de l' abbaye sont contestés par leurs descendants, maison de Vignory, puis de Choiseul.
   La commende survient au XVIe siècle. Alors qu'entre I6I9 et I62I, de nombreuses coupes d'arbres sont réalisées pour " rétablir l'abbaye ", elle est détruite lors de la guerre de Trente ans. L'abbé Pierre II Langlée de Champignelles s'attache à reconstruire les bâtiments entre I709 et I739. D'autres travaux sont encore effectués entre I776 et I770. 
   Suite à la Révolution, l'abbaye, jugée en mauvais état, est peu à peu pillée, puis démolie.

                         Vaux-La-Douce, hier.


L'église Saint Barthélémy de Vaux-La-Douce

   Construite au XVIIIe siècle par Pierre de Champignelles, elle est d'abord une chapelle destinée aux laïcs, employés au monastère cistercien ou dans les exploitations agricoles voisines.
   Au XIXe siècle, elle est convertie en logements, aménagés dans le chœur et la nef, et en école communale, celle-ci prenant place dans le clocher. Du Concordat à I867, l'église paroissiale est celle de Guyonvelle. Les habitants de Vaux-La-Douce participent d'ailleurs à la reconstruction de sa nef en I850. En I867, la chapelle est réaménagée et rendue au culte.
   L'église est de plan basilical. Elle est précédée d'un porche surmonté d'un clocher qui a été reconstruit en I876 par l'architecte Girard. Couverte d'une charpente dissimulées par un lambris de bois, elle est éclairée de part et d'autre par trois fenêtres en plein-cintre.
   Au-dessus du portail de style classique, une niche abrite une statue en pierre de Saint-Barthélemy, remontant au XVIIIe siècle.


 L'église Saint Barthélémy © Google streetview

Soyers
   La plus ancienne mention de Soyers est sous la forme de Soeres et remonte à II65, dans une charte concernant Vaux-La-Douce. Ce nom viendrait du roman suteria, élevage de porcs. La seigneurie appartenait au prieuré de Laferté.
   Au XIXe siècle, on y exploitait un vin blanc mousseux, dont il reste encore quelques plans : l' arbonne
   Sur le territoire, se trouve une mare dite de la Sorcière : la légende veut que son nom date du procès qui aurait eu lieu au XVIIe siècle, d'une femme considérée comme une sorcière. Elle aurait été brûlée vivre entre les villages de Guyonvelle et de Soyers.

Le prieuré
   Le prieuré de " Soyers-Laferté " remonte au XIIe siècle et était rattaché à l'abbaye de Luxeuil : le diplôme de Philippe de Souabe pour Luxeuil, I20I, le mentionne parmi les terres priorales de l'abbaye vosgienne. Comme la seigneurie de Soyers était attachée au bénéfice, le prieur est parfois appelé prieur de Soyers.
   Il fut construit à Laferté, près de l'église, celle-ci étant à la fois priorale et annexe de la paroissiale 7. À Laferté, il bénéficiait de la protection du château. Il ne comptait que quelques religieux, qui exploitaient les propriétés de Soyers. Il devint rapidement une simple source de revenus.


 Laferté-sur-Amance, le château. @ Google streetview

Le manoir du prieuré
   L'écusson au-dessus de la porte nous indique qu'il est l’œuvre de Georges Milleton, chanoine à la cathédrale d' Autun, prieur de Laferté entre I680 et I700. Ses armes sont : " d'azur, au chevron d'or, accompagné en chef de deux merlettes d'argent et en pointe d'une cloche de même ". Autour de la cour qui précède le manoir se trouvait les communs.
   À la Révolution, le fermier, Jean-Pierre Cosson, en devient propriétaire. L'ensemble est alors décrit comme suit : " une maison composant trois corps de bâtiment qui contiennent huit chaâts, une vinée, une remise et un hangar, dans lequel est construit un pressoir ci-devant banal..." Alors que le cadastre de I840 représente encore les trois corps de bâtiment, un seul subsiste désormais. La fille de Jean-Pierre Cosson épousera Jules Claude Ziegler, originaire de Soyers.

L'église
   Elle est dédié à saint Valbert, abbé de Luxeuil au VIIe siècle et auteur de miracles.
   L'église, de proportions assez modestes, est de plan basilical. Le nef est précédée d'un porche surmonté d'un clocher. Le portail, surmonté de la date I764, est soigné : chambranle, pilastres, fronton, niche.
   Le chœur, en pierre de taille, remonte au Moyen Âge. D' après l'abbé Foissey, Histoire de Soyers I900, les voûtes d'arêtes, en mauvais état, ont été détruites et remplacées au XIXe siècle par le plafond que l'on voit.
   Le chœur a une forme rectangulaire. Il est éclairé par deux grandes baies en plein-cintre séparées par un pilastre. Une armoire eucharistique ornée d'un arc en accolade est le seul élément qui atteste le style gothique. De chaque côté du maître autel, des statues remontant au XVIIIe siècle, posées sur des consoles, représentent saint Éloi et saint Valbert.
   La nef, élevée en moellons, semble ancienne, mais reste difficilement datable. Un plafond dissimule la charpente. Les murs gouttereaux sont percés de trois petites fenêtres en plein-cintre, à l'exception d'une qui est brisée. Dans le mur sud, à l'extérieur, se dessine une autre baie de forme brisée, plus grandes que les autres, et qui est désormais murée.


L'église saint Valbert @Micheline et Michel Beaubouchez : F5PLC

   Le cimetière renferme la tombe de Jules Claude Ziegler.* Né à Langres en I804, il meurt à Paris en I856, et se fait inhumer dans le village natal de sa mère, où il a passé son enfance, et auquel il est resté très attaché.
   Alors que son père le destine au barreau, Jules décide de devenir peintre. Élève d'Ingres, il s’incruste dans les milieux parisiens, en s'imposant quelque peu, ce qui lui vaut d'être considéré comme un arriviste.
   Peintre d'histoire et de portraits, il est choisi en I838 par Thiers, pour décorer la coupole de l'église de la Madeleine à Paris, oeuvre qui lui permettra de passer à la postérité.


 Église de la Madeleine, Paris @geneanet

   Chevalier de la Légion d'honneur, il fréquente Victor Hugo, Théophile Gautier, Gérard de Nerval. Il s'oriente vers la céramique et réalise des poteries. Puis il se remet à la peinture, malgré une réputation amoindrie. En I854, il est nommé directeur de l'école des Beaux-Arts de Dijon.
   Son grand-père maternel, Jean-Pierre Cosson, fermier au prieuré, avait acheté la propriété lors de la vente des biens nationaux. Elle est restée dans la famille jusqu'en I893. Elle est ensuite passée à la famille Duprey. Les Ziegler possédaient de nombreux biens à Soyers, notamment la ferme du Romont.


 Soyers : la tombe de Jules Claude Ziegler. @geneanet

* " Au début des années I840, il séjourne régulièrement dans la propriété familiale de Haute-Marne, où il s'adonne à la céramique et, parmi les premiers, à la photographie. Il dirige ensuite une manufacture de vases en grès à Voisinlieu, près de Beauvais dans l'Oise. Il revient à la peinture au Salon de I844 et trois ans plus tard peint la célèbre Judith : musée de Lyon. Devenu conservateur du musée de Dijon et directeur de l'école des Beaux-Arts de la ville, Ziegler décède brutalement le 22 décembre I856 à Paris. Il est inhumé dans le petit village de ses ancêtres maternels, à Soyers en Haute-Marne."
Source : geneanet


  À suivre...

5. Laurent Jacques, Claudon Ferdinand. Abbayes et prieurés de l'ancienne France, t. I2, Ligugé, Paris, I94I.
6. Abbaye fondée en II33.
7. L'annexe était desservie par les moines du prieuré.

  Sandrine Fuselier, Excursion annuelle de la S.H.A.L dans le Pays d'Amance, I5 juin 2003, Société historique et archéologique de Langres, Bulletin trimestriel n°355, imprimerie I.D.G., Langres-Saints-Geosmes, 2004, pp. 374-378.

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Climat, écologie politique : réduire les émissions de CO2 ou son meilleur allié, le nucléaire?

"Tout ce qui est contraire à la Nature est en effet contraire à la Raison ; et ce qui est contraire à la Raison est absurde et doit en conséquence être rejeté."
Baruch Spinoza, 1632-1677


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CO2 ou nucléaire ? C’est maintenant qu’il faut choisir (Tribune)
Alain Desgranges
 24.02.2020

Tribune du “Collectif d’ingénieurs soucieux du climat

 

Le projet de révision de la PPE 2019 – 2028 est la dernière opportunité qui se présente pour faire le bon choix pour le climat et pour la France. C’est dans cette intention que notre « Collectif d’ingénieurs soucieux du climat » a contribué dès le 20 janvier 2020 à la consultation du public sur ce projet.
Arrivés au terme de cette consultation, nous constatons que la plupart des contributions sont liées à la production de l’électricité qu’il s’agisse de l’intérêt ou non de l’éolien ou de la problématique du nucléaire dans le mix énergétique de notre pays.
Rien d’étonnant à cela, les concepteurs de la LTECV (Loi Transition Énergétique pour une Croissance Verte) ayant fait de cette loi un texte consacré à la transition « électrique » en substitution de la transition « énergétique », confondant moyens et objectifs et destiné pour l’essentiel à la réduction à 50 % de la part de la production nucléaire de notre pays.
Or, le président de la République a lancé un appel à idées aux membres de la Convention citoyenne pour le Climat dans un esprit de justice sociale et de solidarité européenne en faisant de la limitation des émissions de CO2, coupables du réchauffement climatique, un objectif prioritaire.


Démocratie participative ?
Nous répondons à cet appel sans a priori et sans rien nous interdire.
Car l’application des dispositions de la LTECV comme celles de la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) soumise aussi à la consultation du public, ne permettra pas l’atteinte de cet objectif prioritaire.
C’est la raison pour laquelle, notre expérience professionnelle nous aura conduit à proposer sept pistes d’actions qui ont l’objectif de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’assurer l’avenir de la production électronucléaire, atout pour le climat et pour la France (1).
Nous recommandons également que les positions de scientifiques et de techniciens comme ceux de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Technologies soient entendues au moins au même niveau que ceux des représentants d’organisations animés par une idéologie qui leur est propre (2).
Enfin, nous souhaitons attirer l’attention sur une démarche de la représentation nationale qui, hasard des calendriers oblige, rejoint notre suggestion de moratoire sur le gaspillage insensé de fonds publics au bénéfice d’investisseurs qui profitent de cet effet d’aubaine pour l’implantation d’éoliennes sur notre territoire.
Une démarche déjà faite par l’Espagne et qui vient de faire l’objet dans notre pays d’une proposition de loi à l’initiative d’un groupe de parlementaires (3).
Un moratoire qui s’inscrit dans la suite de la récente prise de position du Président de la République considérant qu’il devra être tenu compte de l’opposition grandissante de la population devant ces projets.
Vient maintenant l’heure des synthèses de ces deux consultations du public.
Mais y aura-t-il seulement une synthèse alors que la présentation des commentaires des participants sur le site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire est réduite à une simple compilation ?… Elles sont pourtant indispensables à la conclusion de ces consultations du public sous peine de disqualifier définitivement ce type de démocratie participative.


Nos sept pistes d’actions


1. Réviser les deux lois LTECV et « Energie & Climat » afin de revoir la limitation à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique de la France, en totale contradiction avec l’objectif prioritaire de réduction des émissions de GES. Cette répartition entre nucléaire et renouvelables devrait être estimée en tenant compte de leur réelle contribution à la lutte contre le réchauffement climatique, de la compétitivité des différents moyens de production, ainsi que de leur capacité à assurer la sécurité du réseau et à garantir une indépendance énergétique optimale,

2. Exploiter les réacteurs actuels aussi longtemps que l’ ASN les y autorisera et qu’ils seront nécessaires à l’Exploitant pour gérer au mieux le renouvellement progressif du parc,

3. Engager un programme de renouvellement du parc nucléaire par 6 EPR, dans les meilleurs délais et sans attendre le démarrage de Flamanville 3, afin d’assurer la continuité de la maîtrise de l’activité de construction nucléaire et de répondre aux besoins du réseau,

4. Décréter un moratoire sur les aides accordées aux investisseurs pour favoriser des implantations d’éoliennes, cette filière de production étant inefficace pour le climat et préjudiciable à la sécurité de l’approvisionnement d’électricité,

5. Relancer le programme ASTRID qui anticipe le développement de la filière RNR. Cette filière, multiplie par plus de 100 les réserves de « combustible » nucléaire et divise par 10 les déchets radioactifs à vie longue. Retarder ce programme condamnerait la France à dépendre des pays plus avancés, Russie, USA et Chine, pour revenir un jour à cette technologie exemplaire en termes de recyclage des combustibles usés et d’élimination des déchets radioactifs,

6. Lancer rapidement le projet CIGEO de stockage géologique profond qui répond à la préoccupation légitime du public et adopter la règlementation européenne sur les déchets de déconstruction très faiblement radioactifs,


7. Proposer à nos partenaires européens une politique communautaire de l’énergie qui tienne compte de la spécificité du produit “électricité, difficilement stockable et relevant d’une mission de service public, dans un cadre de cohérence qui conjugue : réduction des émissions de GES, nouvelle organisation du marché de l’électricité et avantages d’un mix électrique diversifié.


  • Avis de l’Académie des Sciences du 6 janvier 2015 sur la transition énergétique et avis de l’Académie des Technologies du 10 juin 2015 sur la loi relative à la transition énergétique. 
  • Proposition de loi du 14.01.2020 pour un développement responsable et durable de l’énergie éolienne
On notera dans l’exposé des motifs de ce texte que « les sommes d’ores et déjà engagées pour la période 2019-2043 étaient, selon les hypothèses de prix du marché, entre 21 et 25 milliards pour l’éolien terrestre et entre 20 et 23 milliards pour l’éolien en mer. Cela représente, si l’on prend l’estimation la plus basse, une moyenne d’1,7 milliard par an pour la filière éolienne. Et ce, sans même compter les dépenses nouvelles liées aux nouveaux projets nécessaires pour remplir les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Celle-ci prévoit de porter la part de l’énergie éolienne à environ 15 % de notre production électrique en 2028. Dans son rapport spécial de juin 2019 sur la mission Écologie, développement et mobilités durables du budget 2018, M. Julien Aubert estimait l’impact budgétaire final du soutien public aux éoliennes, une fois rempli cet objectif, entre 72,7 et 90 milliards d’euros. Une somme colossale, équivalente à ce que la France a dépensé initialement pour se doter de son parc nucléaire, à ceci près que les éoliennes produiront cinq fois moins d’électricité et auront une durée de fonctionnement trois fois inférieure ».

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Collectif d’ingénieurs soucieux du climat
Le collectif, qui rassemble plus de 500 cadres ou ingénieurs, anciens professionnels de l’énergie, souhaite partager sa conviction qu’en l’absence durable de moyens de stockage de masse de l’électricité, le nucléaire sera indispensable pour répondre aux objectifs de neutralité carbone en 2050 dans notre pays. Mais aussi pour obtenir de l’électricité abondante, permanente et peu onéreuse dans les décennies à venir, en France comme dans le reste du monde. Le nucléaire répond ainsi à l’appel du Président de la République en recherche d’une politique de l’énergie capable de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre le réchauffement climatique dans un esprit de justice sociale.

Allemagne, nucléaire : la décision unilatérale de fermeture, un bien ou un mal pour le climat et les populations?

"l'énergie nucléaire est "essentielle" si le monde veut maintenir le réchauffement de la planète en dessous de son objectif d'augmentation de la température de 1,5 °"
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies, rapport 2018.


Et :


"de nombreux experts à travers l'Europe estiment que la fermeture des centrales pourrait avoir un impact négatif sur les objectifs de l'Allemagne et de l'UE, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre [...] la production d'électricité nucléaire qui avait déjà été perdue en raison de l'abandon progressif a été remplacée principalement par la production au charbon et les importations nettes d'électricité. [...] affirme que l'utilisation accrue des combustibles fossiles a pu entraîner 1 100 décès supplémentaires chaque année en raison de la pollution atmosphérique. [...] les grandes centrales hydroélectriques, où il y a eu des accidents majeurs qui n'ont pas eu la même notoriété que Fukushima et Tchernobyl [...] Il existe des études qui montrent que des centaines de milliers de personnes sont tuées chaque année parce qu'elles vivent à proximité de centrales au charbon et qu'elles s'empoisonnent peu à peu [...] des gens tombent des éoliennes qu'ils construisent et ils meurent.[...]
Mais comparé à beaucoup d'autres options, en particulier le charbon, c'est très sûr."

Vous avez la réponse à la question initiale...


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L'Allemagne a-t-elle pris la bonne décision en fermant ses centrales nucléaires ?
James Murray
11 Février 2020

La chancelière allemande Angela Merkel a décidé de supprimer progressivement les centrales nucléaires du pays d'ici 2022 - 11 d'entre elles ayant déjà été retirées du réseau


L'Allemagne a fermé 11 centrales nucléaires depuis 2011. Crédit : Raimond Spekking/Felix Koenig

Depuis la construction de la première centrale en 1954 près de Moscou, l'énergie nucléaire a été une source d'énergie essentielle dans le monde entier. Mais en 2011, l'Allemagne a décidé d'éliminer progressivement son parc nucléaire, en raison des préoccupations liées à la sécurité de cette technologie. James Murray vérifie auprès d'une série d'initiés de l'industrie si le pays a pris la bonne décision.

Il y a seulement dix ans, l'énergie nucléaire représentait près d'un quart de l'électricité produite en Allemagne.
Mais pendant la majeure partie des 30 dernières années, cette source d'énergie a été un sujet de controverse, les défenseurs de l'environnement se battant pour qu'elle soit retirée du bouquet énergétique du pays.
Face à la pression croissante et suite à l'impact de la fusion nucléaire de Fukushima Daiichi en 2011 - l'accident nucléaire le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl 25 ans auparavant - la chancelière allemande Angela Merkel a pris la décision cette même année de supprimer progressivement les centrales nucléaires du pays d'ici 2022.
Bien que le grand public ait majoritairement soutenu la position contre un combustible à faibles émissions de carbone, voire à zéro carbone, de nombreux experts à travers l'Europe estiment que la fermeture des centrales pourrait avoir un impact négatif sur les objectifs de l'Allemagne et de l'UE, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Yves Desbazeille, directeur général de FORATOM, une association professionnelle basée à Bruxelles pour l'énergie nucléaire en Europe, déclare que cette décision va à l'encontre des convictions de nombreuses organisations internationales qui reconnaissent le "rôle indispensable de l'énergie nucléaire dans la lutte contre le changement climatique".
"Dans l'UE, de plus en plus de pays semblent comprendre que la décarbonisation complète de leurs systèmes énergétiques, conformément à l'accord de Paris et aux objectifs climatiques et énergétiques de l'UE pour 2030, ne peut être réalisée sans l'énergie nucléaire", ajoute-t-il.
"L'Allemagne a récemment confirmé qu'elle manquerait largement ses objectifs d'émissions pour 2020. Si elle avait décidé en 2011 de supprimer progressivement 20 gigawatts (GW) de capacité de centrales au charbon au lieu du nucléaire, elle aurait atteint ses objectifs d'émission et pourrait maintenant être reconnue à juste titre comme le champion européen du climat".

Pourquoi l'Allemagne ferme-t-elle ses centrales nucléaires ?
L'opinion publique allemande est largement opposée au nucléaire depuis de nombreuses années, avant qu'un gouvernement de coalition ne soumette une politique d'interdiction des centrales du pays en 1998. Cette politique a ensuite été annulée par le gouvernement de Merkel en 2009.
Mais deux ans plus tard, Merkel, qui est une scientifique qualifiée et titulaire d'un doctorat en physique, a fait volte-face en réintroduisant les plans et a ordonné la fermeture immédiate de huit des 17 sites nucléaires du pays - les neuf autres devant être progressivement éliminés.
Cette décision a été présentée comme le changement de cap politique le plus rapide depuis l'unification en 1990.
La proposition de la chancelière - qui a été adoptée par le Parlement, connu sous le nom de Bundestag - a suscité la consternation de certains car, contrairement aux centrales à combustible fossile, les réacteurs nucléaires ne produisent pas de pollution atmosphérique ni de CO2 pendant leur fonctionnement.
Mme Merkel a déclaré qu'après la catastrophe de Fukushima, où un tsunami de 15 mètres a mis hors service l'alimentation électrique et le refroidissement de ses trois réacteurs, le risque qu'un autre accident nucléaire se produise était "tout simplement trop élevé pour être contrôlé par l'homme".
Avant l'échéance de 2022, il ne reste plus que six centrales nucléaires à retirer du réseau - la source d'énergie produisant encore 12 % de l'électricité du pays l'année dernière.

Quel impact la fermeture des centrales nucléaires allemandes aura-t-elle sur les objectifs climatiques de l'Allemagne ?
Le Bundestag s'est fixé pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % d'ici à la fin de 2020 par rapport aux niveaux de 1990.
L'analyse du groupe de réflexion berlinois Agora Energiewende sur la transition énergétique montre que l'Allemagne aura réduit ses émissions de CO2 de 865 millions de tonnes en 2018 à 811 millions de tonnes en 2019.
Les émissions du pays se situent actuellement à 35 % en dessous des niveaux de 1990, soit 1,26 milliard de tonnes, ce qui signifie que l'objectif de 40 % pour la fin 2020 est peut-être hors de portée en si peu de temps.
Selon Fabian Hein, l'analyste de l'Agora pour les statistiques et les scénarios énergétiques, il est peu probable que cet objectif soit atteint pour plusieurs raisons, notamment la nécessité de remplacer 1,4GW de puissance perdue du réacteur nucléaire Philippsburg 2 qui a été mis hors service en décembre 2019.


Les émissions de l'Allemagne se situent actuellement à 35% en dessous des niveaux de 1990, 1 261 millions de tonnes, ce qui signifie que l'objectif de 40% pour la fin 2020 n'est pas vraiment à portée de main (Source : Heinz-Josef Lücking)

Jonathan Cobb, directeur de la communication de l'Association nucléaire mondiale, déclare qu'à l'avenir, en raison des réacteurs qui risquent de fermer au cours des deux prochaines années, il y aura une "perte importante de la capacité de production à faible teneur en carbone du nucléaire".
M. Cobb estime que toute croissance des énergies renouvelables devra d'abord "rattraper et combler ce retard", ce qui constituera un "défi important".
Il s'attend à une "aggravation des émissions" au cours des prochaines années - à moins qu'il n'y ait un "revirement majeur dans le rythme auquel l'Allemagne développe sa capacité renouvelable".
Un rapport publié en 2019 par des universitaires américains, intitulé The Private and External Costs of Germany's Nuclear Phase-Out, a constaté que la production d'électricité nucléaire qui avait déjà été perdue en raison de l'abandon progressif a été remplacée principalement par la production au charbon et les importations nettes d'électricité.
Il ajoute que le coût social du passage du nucléaire au charbon est d'environ 12 milliards de dollars par an et affirme que l'utilisation accrue des combustibles fossiles a pu entraîner 1 100 décès supplémentaires chaque année en raison de la pollution atmosphérique.
Hans Koenig, responsable des projets commandés pour l'Europe centrale au sein de la société de données et d'analyse Aurora Energy Research, estime que les performances en matière d'émissions du secteur de l'électricité allemand ont été jusqu'à présent "inférieures".
"C'est parce que, pendant longtemps, tout ce que nous avons fait, c'est remplacer une source d'électricité sans carbone par une autre, et nous n'avons pas vraiment fait quelque chose pour le charbon", ajoute-t-il.
Mais selon Koenig, suite à la décision du pays le mois dernier de supprimer progressivement ses 84 centrales électriques au charbon d'ici 2038, l'approche semble maintenant changer.
Bien qu'il admette que le plan n'est pas très ambitieux étant donné qu'il prendra 18 ans, il estime que cela montre que les politiciens réagissent aux "très mauvais" résultats en matière d'émissions.

Quel est l'impact de l'abandon progressif des centrales nucléaires allemandes sur les énergies renouvelables ?
L'Allemagne possède la plus grande capacité d'énergie propre d'Europe et a produit un record de 43 % d'électricité à partir d'énergies renouvelables en 2019, contre 40 % l'année précédente.
Un autre objectif ambitieux que le gouvernement s'est fixé est que la part des sources propres représente 65 % de l'électricité du pays d'ici 2030.
Mais Agora estime que le pays n'atteindra pas cet autre objectif et encore moins avant 2035 - seulement entre 58 % et 59 % étant attendus pour 2030.
Selon le groupe de réflexion, cela est dû en grande partie au manque d'investissements dans l'éolien terrestre, les enchères se déroulant là où aucune offre n'a été faite pour développer cette technologie sur terre.
Malgré cela, le directeur exécutif adjoint de l'Agora, Frank Peter, affirme que cette suppression progressive améliore "potentiellement" l'adoption des énergies renouvelables par la nation car les centrales nucléaires ne sont "pas les plus flexibles".
Peter ajoute que certaines des centrales nucléaires aggravent la saturation du réseau énergétique allemand, de sorte que leur fermeture soulagera une partie de la contrainte qui pèse actuellement sur le système - même s'il admet que le pays doit tenir ses promesses en ce qui concerne le remplacement du nucléaire en "développant les énergies renouvelables".
Koenig estime cependant que l'abandon progressif a mis beaucoup de pression sur le recours aux énergies renouvelables intermittentes, car le nucléaire est "la seule source d'électricité non renouvelable et sans carbone qui soit disponible à l'échelle".
"Il y a un peu de biomasse mais le potentiel domestique est limité, donc si vous avez des objectifs de réduction des émissions et que vous excluez le nucléaire, l'éolien et le solaire sont vraiment la seule solution", dit-il.

Quelle est l'importance de l'énergie nucléaire en Europe ?
L'Allemagne étant une figure centrale de l'économie européenne et une influence majeure au sein de l'UE, la décision d'abandonner progressivement le nucléaire aura certainement un impact sur l'évolution du climat du continent.
Selon un rapport de 2018 du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies, l'énergie nucléaire est "essentielle" si le monde veut maintenir le réchauffement de la planète en dessous de son objectif d'augmentation de la température de 1,5 °, tel que défini dans l'accord de Paris de 2015.
En 2018, la Commission européenne a reconnu que, parallèlement aux énergies renouvelables, le nucléaire jouera un rôle clé dans la décarbonisation de l'économie.
Son rapport, intitulé "Une planète propre pour tous", indique que d'ici 2050, plus de 80 % de l'électricité proviendra de sources d'énergie renouvelables et qu'avec une part de 15 % d'énergie nucléaire, elle constituera "l'épine dorsale d'un système électrique européen sans carbone".
M. Desbazeille, de FORATOM, estime que cette source d'énergie devrait être considérée comme un "contributeur indispensable aux objectifs énergétiques et climatiques de l'UE".
"Outre le secteur de l'énergie, le nucléaire peut également contribuer à la décarbonisation d'autres industries comme le chauffage urbain, le chauffage industriel, la production d'hydrogène ou le dessalement", ajoute-t-il.
"En tant que tel, il apporte une excellente contribution à de nombreux projets en cours et présente de nombreux autres avantages pour le climat.
En ce qui concerne l'utilisation des terres, le nombre d'hectares nécessaires pour produire de l'électricité à partir de centrales nucléaires est bien inférieur à celui des parcs éoliens.
Cela permet non seulement de réduire l'impact visuel de la production d'énergie, mais aussi de limiter le changement d'affectation des terres et la perte de biodiversité et d'habitats naturels
".


M. Desbazeille estime que la source d'énergie doit être considérée comme un "contributeur indispensable aux objectifs énergétiques et climatiques de l'UE". Crédit Wikimedia Commons/Bodoklecksel

M. Desbazeille affirme qu'elle a également un impact positif sur la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'UE.
"Pour remettre les choses dans leur contexte, une pastille de combustible à l'uranium de 7 g peut produire autant d'énergie que trois barils de pétrole, une tonne de charbon ou 500 mètres cubes de gaz.
Le combustible nucléaire est abordable, facile à stocker et son coût est marginal dans le coût total de l'électricité.

Selon l'Agence d'approvisionnement d' Euratom, les approvisionnements en uranium naturel de l'UE sont bien diversifiés, et la plupart des compagnies d'électricité de l'UE disposent de stocks pour couvrir une ou deux années d'exploitation, certaines compagnies couvrant même plus de quatre ans. Par conséquent, le nucléaire offre des garanties contre une dépendance étrangère qui pourrait mettre en péril la position géostratégique de l'Europe."

Le nucléaire et les énergies renouvelables peuvent-ils fonctionner ensemble sur le réseau ?
La question de savoir si le nucléaire et les énergies renouvelables peuvent fonctionner ensemble sur le réseau électrique a fait l'objet de nombreux débats.
Sven Giegold, membre allemand du Parlement européen pour le parti des Verts, estime que le nucléaire et les sources d'énergie renouvelables se substituent l'un à l'autre et ne devraient pas être considérés comme complémentaires.
"Sans nous sevrer du nucléaire, les énergies renouvelables n'atteindront jamais leur potentiel", a-t-il déclaré, selon le Financial Times.
"Il est difficile de prévoir le flux d'énergie provenant des énergies renouvelables, mais si vous avez tout à coup une journée très ensoleillée en Allemagne et que vous avez toute l'énergie dont nous avons besoin grâce au solaire, alors il n'est pas simple de moduler une centrale nucléaire.

Ce n'est pas un simple interrupteur marche/arrêt. En même temps, si l'on s'en tient au nucléaire, les centrales renouvelables s'arrêtent plus régulièrement et leur énergie ne peut souvent pas être facilement stockée".
Mais M. Desbazeille souligne que les conditions météorologiques sont un problème car elles dépendent fortement du vent et du soleil en raison de leur nature intermittente.
"Cela signifie qu'ils doivent être combinés avec d'autres sources d'énergie à faible teneur en carbone - comme le nucléaire, la seule forme de production d'électricité à grande échelle qui ne dépend pas des conditions météorologiques", ajoute-t-il.
"En combinant les énergies renouvelables intermittentes avec le nucléaire flexible, l'Europe sera en mesure de décarboniser son système électrique, tout en assurant la sécurité de l'approvisionnement à un coût abordable."


La question de savoir si le nucléaire et les énergies renouvelables peuvent fonctionner ensemble sur un réseau a fait l'objet de nombreux débats. Crédit : Tom Corser

Cobb, de l'Association nucléaire mondiale, affirme que le couple peut travailler ensemble sur le réseau, en particulier pour l'Allemagne, car elle est dans une "position très centrale pour accéder à de nombreuses interconnexions".
Il ajoute : "Elle a accès aux interconnexions hydroélectriques vers la Scandinavie. La Suède a un mélange de 35% à 40% de nucléaire et 40% ou 50% d'hydroélectricité, donc il y a un pourcentage très élevé d'hydroélectricité à faible teneur en carbone dans ce pays et cela fonctionne très bien ensemble."
Cobb cite l'exemple de l'Ontario, au Canada, pour montrer comment la décarbonisation est possible grâce à l'utilisation de ces deux types de technologies, car il affirme qu'elle a éliminé sa production de charbon en se concentrant sur le nucléaire tout en augmentant les énergies renouvelables.
Mais Koenig pense qu'un système 100% renouvelable sera moins cher qu'une combinaison avec le nucléaire car la technologie nucléaire a des dépenses d'investissement (CAPEX) et des coûts fixes plus élevés.
Selon lui, c'est parce que les centrales nucléaires préfèrent fonctionner plus longtemps afin de répartir les coûts sur un plus grand nombre de mégawattheures produits.
"Ce n'est précisément pas ce dont vous avez besoin dans un système de production d'énergie renouvelable plus important", ajoute-t-il.
"En effet, dans un système de production d'énergie renouvelable, le mégawattheure le moins cher dans 90 % des heures proviendra d'un parc éolien ou solaire, donc il faut quelque chose pour produire beaucoup d'électricité en très peu de temps. On peut y arriver avec le nucléaire d'un point de vue technique, mais c'est un défi économique. Le nucléaire a un CAPEX très élevé, et ses coûts d'exploitation et de maintenance sont très élevés. Si vous étalez ces 1 000 heures par an de fonctionnement de la centrale, le nucléaire devient encore plus cher qu'il ne le serait sur la base de la charge de base."

Les centrales nucléaires sont-elles sûres ?
À la suite d'incidents majeurs comme ceux de Fukushima et de Tchernobyl, des questions sont souvent soulevées concernant la sécurité du nucléaire. Mais il n'y a pas encore eu d'accident grave lié à cette question dans l'UE.
Selon M. Cobb, par rapport aux autres formes de production, le nucléaire est généralement considéré comme sûr.
"Si vous regardez les recherches qui ont été faites en termes de décès par kilowatt-heure - aussi brutal que cela puisse paraître -, elles sont très comparables et bien plus sûres que toute autre source fossile et que les grandes centrales hydroélectriques, où il y a eu des accidents majeurs qui n'ont pas eu la même notoriété que Fukushima et Tchernobyl", ajoute-t-il.



Les experts affirment que le nucléaire est plus sûr que les autres sources d'énergie. Crédit : Stefan Kühn/Wikimedia Commons

Selon M. Desbazeille, la sûreté de toutes les installations nucléaires est régie par des lois strictes supervisées par un régulateur indépendant dans chaque pays qui a un programme nucléaire ou qui s'en lance un.
"Le maintien d'un haut niveau de sûreté n'est pas négociable pour l'exploitation à long terme des centrales nucléaires existantes, pour les nouveaux projets de construction et pour gagner l'acceptation et la confiance du public dans le nucléaire", ajoute-t-il.
"Après l'accident de Fukushima, des tests de stress - effectués dans tous les réacteurs nucléaires en exploitation dans l'UE - ont confirmé qu'aucun d'entre eux ne devait être fermé, ce qui témoigne des normes de sûreté élevées des centrales nucléaires en exploitation en Europe. L'UE a également introduit des réglementations de sécurité supplémentaires, qui ont été mises en œuvre par l'industrie nucléaire européenne. En général, la directive sur la sûreté nucléaire de l'UE, adoptée en 2014, a fourni à l'UE les normes de sûreté les plus strictes au monde".
Bien que Koenig affirme que le nucléaire n'est pas sûr, il souligne qu'"aucune source d'énergie n'est parfaitement sûre".
"Il existe des études qui montrent que des centaines de milliers de personnes sont tuées chaque année parce qu'elles vivent à proximité de centrales au charbon et qu'elles s'empoisonnent peu à peu", ajoute-t-il.
"Chaque année, des gens tombent des éoliennes qu'ils construisent et ils meurent. Donc avec le nucléaire, non, ce n'est pas sûr. Mais comparé à beaucoup d'autres options, en particulier le charbon, c'est très sûr".
Bien que des questions subsistent quant à savoir si l'énergie nucléaire est une source d'énergie sûre à l'avenir, seul le temps nous dira si la décision de l'Allemagne de fermer ses centrales était la bonne.

Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) : tout le programme, rien que le programme, jusqu'à... l'explosion sociale?

" L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. Toute doctrine mettant en cause le système doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste, et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. On observe cependant, qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir." 
Serge Carfantan,  Leçon 163 : Sagesse et révolte


Ruraux, sommes-nous de ces hommes là?

Notre VIE, notre quotidien, notre VILLAGE, nos prés, nos forêts, nos animaux et... le climat, valent PLUS que leurs profits!


MUNICIPALES : PAS UNE SEULE VOIX AUX CANDIDATS PRO-EOLIENS ET AUX "SANS AVIS"!


TENIR TÊTE, FEDERER, LIBERER! 


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Le gouvernement est décidé à adopter sa programmation de l’Énergie, malgré que tous les experts et instituts spécialisés dans l’énergie aient souligné l’incohérence.
Michel Negynas

Un article du journal Le Monde du 25 février titrait : « Municipales 2020 : l’opposition aux éoliennes, ces « ventilateurs pourris », pousse à faire de la politique dans les Pyrénées-Orientales »
Le gouvernement est décidé à adopter sa programmation de l’Énergie, qui vise à copier l’Allemagne : multiplier par 5 le solaire et par 3 l’éolien, pour arriver à 85 GW d’énergie intermittente. Tous les experts et instituts spécialisés dans l’énergie ont souligné l’incohérence du projet, puisque la presque totalité des finances consacrées à la transition énergétique servira à décarboner une électricité qui l’est déjà.
Les coûts sont faramineux. Et dans le cas de l’éolien, les nuisances sont concentrées sur les parties délaissées du territoire, un symptôme de plus de la fracture de la France.
La question se pose d’abord de savoir combien ça coûte, et combien ça rapporte.
Combien ça coûte ? C’est assez difficile à calculer. Il y a les coûts passés, les coûts à venir, et les coûts indirects. 


Les coûts directs
En mars 2018, et pour la deuxième fois, la Cour des comptes alertait sur l’incohérence du soutien aux énergies renouvelables, dont l’éolien. Pour le solaire, c’est encore pire mais cela n’excuse rien. Déjà en 2013, elle avait remarqué que l’essentiel des crédits pour la transition énergétique servait à décarboner une électricité qui l’était déjà.
En outre, la Cour des comptes note une opacité inacceptable sur les coûts :
« Sur le plan budgétaire, la récente réforme de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) et la création en 2015 du compte d’affectation spéciale (CAS) Transition Énergétique ont permis de donner une visibilité annuelle à un dispositif qui avait prospéré de manière extra-budgétaire. Toutefois, l’existence du CAS constitue un progrès insuffisant car il ne permet pas de faire apparaître l’ensemble des coûts que devront supporter à long terme les finances publiques au titre des engagements contractés. L’architecture budgétaire actuelle ne permet en effet au Parlement ni de se prononcer sur les nouveaux engagements, ni d’apprécier la dynamique consolidée d’évolution des charges du fait des engagements passés ou nouveaux. Le Parlement devrait donc être mieux associé à la définition des objectifs de développement des EnR et des volumes financiers de soutien aux EnR. »
La Cour des comptes a fait une estimation des dépenses à venir et déjà engagées. Nous sommes sur un rythme de trois milliards par an pour le seul éolien. Et la Cour de remarquer :
« Les impacts du mix retenu par la PPE en termes de besoin de soutien ne se limiteront pas aux cinq prochaines années : les soutiens engagés aujourd’hui auront des répercussions sur les finances publiques pendant au moins 20 ans. Il semble dès lors nécessaire d’étendre l’exercice de projection financière à des horizons beaucoup plus lointains que celui de la PPE (2023). Ces projections permettraient de réaliser des arbitrages énergétiques qui tiennent véritablement compte de la contrainte durable de moyens pesant sur les finances publiques. »

 


On voit sur ce graphique que le soutien à l’éolien nous a déjà coûté virtuellement 13 milliards d’euros depuis 2016 ; or on a prévu de tripler la capacité !
Si on considère l’ensemble des engagements passés jusqu’à la fin des contrats, la Cour des comptes les évalue à 120 milliards pour l’ensemble des énergies renouvelables, dont probablement une quarantaine pour l’éolien.



Mais elle relève surtout un manque de visibilité pour les coûts à venir.
Pour l’ensemble des ENR, on pourrait les évaluer à 5 milliards par an au moins jusqu’à 2030, dont deux milliards pour l’éolien à capacité installée constante. Soit 15 milliards par an à l’objectif 2030. L’éolien se situera entre 30 % et 50 % de ce total. Cet objectif est comparable à la situation allemande actuelle : l’Allemagne estime son soutien à 25 milliards par an pour l’ensemble des ENR. Le chiffre de 15 milliards est donc plausible,
Une autre approche consiste à examiner les taxes de soutien aux ENR par KWh : de un centime en 2016, elles sont prévues à 1,8 centime en 2023 ; en Allemagne, que nous voulons copier, elles sont de 4,5 centimes par KWh.
On peut aussi évaluer l’investissement total de l’objectif à 2035, soit 45 GW d’éoliennes, à 1,5 millions d’euros du MW. Cela fait 67 milliards… il faut bien que quelqu’un les paye. Le problème c’est qu’une éolienne est prévue pour durer 25 ans… en 2025, il faudra déjà remplacer les plus anciennes. Ce sera reparti pour un tour…
On pourrait objecter que le mode de subvention a changé : qu’en sera-t-il des contrats futurs, compte tenu des nouvelles règles de subvention et de la baisse des coûts ?
La Cour des comptes n’est guère optimiste, car elle souligne l’impossibilité de prévoir les subventions futures, qui sont calculées par la différence entre un coût de production estimé et le prix de gros du marché. Or, on constate aisément ces dernières années que l’apport des ENR intermittentes fait baisser les prix de gros ! Plus on en installera, plus elles seront subventionnées !


Les coûts indirects

Mais il y a aussi des coûts cachés.
En effet, les coûts d’adaptation aux ENR sont payés par l’ensemble de la filiale EDF chargée du réseau, RTE, sans qu’ils soient différenciés. Ils sont divers : il y a d’abord les raccordements au réseau moyenne et haute tension. À titre d’exemple, le champ éolien de Dunkerque nécessite un investissement de 250 millions d’euros, 20 % de l’investissement total !
Il faut aussi prévoir des équipements spéciaux pour stabiliser le réseau, car aussi bien le solaire que l’éolien en sont incapables.
Toujours d’après la Cour des comptes :
« L’Agence de l’énergie nucléaire de l’OCDE estimait ainsi en 2012 que, pour la France, le coût pour le système électrique de la pénétration des EnR à hauteur de 30 % du mix de production pourrait se situer dans une fourchette de 13 à 18 euros /MWh. »
Mais ce n’est pas tout. L’obligation d’achat de tout KWh produit par les ENR entraîne la baisse du chiffre d’affaire des autres centrales. La conséquence pour elles est une perte de rentabilité. Les investisseurs s’en détournent. Or, on a besoin de ces équipements les nuits d’hiver sans vent. On va donc les subventionner elles aussi, en leur permettant de « vendre des capacités garanties » aux ENR aléatoires. 


Combien ça rapporte, c’est facile à calculer : quasiment rien

En France, juste un peu d’économie de combustible nucléaire, et encore. Dans une centrale nucléaire, l’usure du combustible est fonction autant de la durée d’utilisation que de la quantité d’énergie produite. Et la part du combustible dans les coûts est très faible.
Et ces ENR ne produisent pas grand-chose : les 16 GW installés ont produit 7 % de l’électricité en France, alors que le réseau a obligation d’acheter cette électricité quand bien même il n’en n’a pas besoin.
Les deux arguments généralement avancés pour justifier cette folie sont le foisonnement et le stockage.
L’idée du foisonnement est que si on dispose judicieusement les productions d’ENR sur le territoire, il y aura toujours du soleil et du vent quelque part. C’est faux, tout un chacun peut le constater en consultant eCO2 mix, le site de suivi en temps réel de RTE, ou Energy Charts, le site allemand. Sur un ensemble de 150 millions d’habitants couvrant de la Baltique à la Méditerranée, il y a des jours, parfois des semaines, avec très peu de vent.
Pour ces jours-là, il faut construire un réseau de centrales pilotables à la demande. C’est celui-là qui est indispensable, les ENR aléatoires n’étant en fait qu’un surinvestissement. Et dans le cas de la France, il ne rapporte quasiment rien, ni sur le plan financier, ni sur le plan climatique.
Si un jour on sait stocker l’électricité à hauteur des quantités énormes nécessaires, ce qui n’est absolument pas le cas actuellement, eh bien… il faudra payer ces installations ! 


Une bombe à retardement
Nous avons eu droit récemment à quelques « signaux faibles » sur l’éolien de la part du gouvernement.
À Pau, en janvier, le Président Macron :
« Soyons lucides : la capacité à développer massivement l’éolien terrestre est réduite. » Il a ajouté que « le consensus sur l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays » et estimé que « on ne peut pas imposer l’éolien d’en haut. »
Mme Borne, ministre de l’Écologie et de la Transition énergétique, a déclaré quant à elle :
« C’est vraiment un énorme sujet, je l’ai dit aux acteurs de la filière. Il y a des emplacements de parcs éoliens en covisibilité avec des monuments historiques. Je ne comprends même pas comment on a pu arriver à ces situations. On a des territoires dans lesquels on a une dispersion de petits parcs de taille et de forme variable qui donnent une saturation visuelle, voire une situation d’encerclement autour de certains bourgs qui est absolument insupportable. »
Le gouvernement voit monter la contestation et prend peur. Il ne voudrait pas faire face à des gilets couleur de vent, comme il a du faire face à des Gilets jaunes levés contre la taxe carbone.
Les deux sujets ont un point commun : ils sont plébiscités par les urbains écolos au détriment des oubliés des territoires. Il n’y a pas d’éoliennes dans la banlieue des grandes villes. Les campagnes désertées en sont truffées, et passer de 8000 à 15 000 moulins implique d’attaquer des régions plus combatives car plus peuplées et plus prospères.
Ainsi, le vent pourrait bien s’inviter dans les élections municipales. Pas à Paris bien sûr, ni dans les métropoles. Mais là où les maires sont démarchés par les vendeurs de vent : dans les petites communes écrasées par les charges. C’est difficile pour eux de résister à la perspective de quelques dizaines de milliers d’euros de redevance…
Le problème est que le pactole est sur une commune, la nuisance sur toutes les communes à l’horizon, parfois dans un rayon de vingt kilomètres… perte d’attrait touristique, dévalorisation des habitations… Une source de conflits potentiels, et des retours de flamme en perspective pour la commune accueillante, lorsque, plus tard, les subventions étant taries, le vendeur de vent en faillite, elle aura le démantèlement sur les bras.
Mme Borne se plaint d’une répartition inégale sur la France. Elle oublie peut-être qu’on installe des éoliennes là où il y a du vent… Mieux les répartir implique d’aller sur des terrains moins ventés, ce qui fera encore baisser la capacité équivalente des engins, qui n’est déjà pas fameuse : de l’ordre de 22 %, à comparer au taux de charge accessible à une centrale thermique, de plus de 80 %.
L’ironie est que ce sont les derniers gouvernements successifs qui ont amoindri, une à une, les contraintes à respecter pour construire des éoliennes. À ce jour, il est plus facile, administrativement, de construire un parc éolien de cinq engins de 170 mètres de haut que de bâtir un lieu de stockage pour appareils électroménagers.
De multiples pétitions circulent contre cette folie.
Celle-ci est signée par, entre autres, Bérénice Levet, philosophe, Alain Finkielkraut, philosophe, Stéphane Bern, animateur télévision et radio, écrivain, Jean-Pierre Le Goff, sociologue… Lorsque les faiseurs d’opinion médiatiques s’en mêlent, ça sent le roussi.
L’éolien en mer est tout aussi critiqué : même au large, il se voit de loin. Et quiconque a eu un bateau connaît la lutte sans fin qu’il faut mener contre la corrosion.
Bref, à part les bobos des grandes villes, et les maires des communes d’implantation, qui sont d’ailleurs parfois propriétaires des terrains recevant les loyers, personne n’en veut.
Que ce soit localement pour les nuisances, ou nationalement, lorsque on annoncera aux citoyens qu’il faut quand même renouveler le parc nucléaire, la Programmation pluriannuelle de l’énergie est une bombe financière, sociale et politique à retardement. Il est temps de la désamorcer.

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