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Tous les villages que nous verrons aujourd'hui appartiennent à l'actuel canton de Laferté-sur-Amance dont le territoire était, jusqu'au traité de Nimègue en I678, divisé en deux par la frontière entre la France et l'Empire. La région a en conséquence beaucoup souffert des guerres, en particulier de celle de Trente Ans.
À la veille de la Révolution, ces villages relevaient, au plan civil, de la généralité de Champagne, du bailliage et de l'élection de Langres, ainsi que de la prévôté de Coiffy, et, au plan religieux, du diocèse de Langres et du doyenné de Pierrefaites ; seul Voisey dépendait, d'une part de la généralité de Franche-Comté, du bailliage de Vesoul et de la prévôté de Jussey, d'autre part du diocèse de Besançon et du doyenné de Favernay. Il avait la particularité d'appartenir à la Champagne, tout en relevant du diocèse de Besançon.
Velles
Le village a été fondé, comme Guyonvelle, au XIIe siècle par les seigneurs de Laferté. Les seigneurs laïcs se partageaient le territoire avec l' abbaye de Vaux-la-Douce, ce qui généra des conflits récurrents.
Sous l' Ancien Régime, l'église était succursale de Pisseloup. Elle fut érigée en cure en I803 et eut Pisseloup comme succursale jusqu’en I844.
L'église Saint-Martin
Le chœur, partie la plus ancienne de l'édifice, se compose de deux travées couvertes d'ogives. Sur une clé, on lit la date de I668 et IHS.
Les voûtes sont très bombées et plates, forme qui se rapproche de celle d'une coupole; les arcs retombent maladroitement sur les pilastres. Il semblerait que la date de I668 corresponde à une reconstruction du voûtement sur des pilastres antérieurs et inadaptés.
La nef, couverte d'un plafond et éclairée de chaque côté par deux baies en plein-cintre, remonte au XVIIIe siècle. Elle contient deux autels secondaires. Le clocheton qui surmonte l'entrée a été reconstruit en I872 par Girard, architecte à Langres.
Le mur du chevet est garni d'un maître-autel de la deuxième moitié du XVIIIe siècle classé Monument Historique. Le retable en bois sculpté et doré est constitué d'un décor d'amples draperies que soutiennent les angelots. Sur l'autel, le tabernacle porte deux statuettes d'anges qui tiennent une couronne; il est décoré de la figure du Bon Pasteur.
Guyonvelle
Le village est né d'un château, fondé vraisemblablement par Guy Ier de Vignory, seigneur de Laferté-sur-Amance au XIIe siècle. Des habitations se sont agglutinées au pied des fortifications afin de bénéficier de leur protection. Sous l' Ancien Régime, le village faisait partie de la paroisse d' Anrosey, desservie par un vicaire résidant. L'église est devenue paroissiale en I803.
L'église Saint-Luc
Le chœur de l'église se compose de deux travées rectangulaires couvertes de voûtes d'arêtes aplaties qui retombent dans des piliers surmontés de chapiteaux moulurés; ces voûtes ont été reconstruites en I770. Les murs, eux, datent du Moyen Âge. Ils on été percés ultérieurement de larges fenêtres, en I770 aussi ?
La nef, néo-gothique, comprend un vaisseau couvert de voûtes d'ogives qui s'ouvre, par de grandes arcades, sur des collatéraux voûtés d'arêtes. Elle est précédée d'un porche surmonté d'un clocher coiffé d'une flèche à huit pans.
Elle a été reconstruite en I850, sous la direction de Paul Péchiné. Nécessités par la croissance de la population, ces travaux ont été rendus possibles grâce à a participation active des habitants de Guyonvelle et de Vaux-la-Douce, village dans lequel il n'y avait pas d'église : dons en argent ou en nature, extraction et transport des matériaux.
Sur le mur sud se trouve le monument funéraire élevé à la mémoire de Martin Luc Huin, né à Guyonvelle, missionnaire apostolique en Corée, décapité le 30 mars I866.
Dans le mur nord est incrustée la dalle funéraire de Jeanne de Fouchier, classée Monument Historique. Elle a été relevée en I85I. Jeanne de Fouchier est l'épouse de Philippe d' Anglure, seigneur de Guyonvelle, bailli de Chaumont et chef du conseil souverain de la Ligue en cette ville. Elle est morte en I583 et a été inhumée dans la chapelle de la sainte Vierge.
Cette pierre est remarquable par les détails qu'elle recèle : la " dame de Guyonvelle " est figurée en bas-relief dans une niche flanquée de deux pilastres qui soutiennent un entablement. Elle a les mains jointes dans l'attitude de la prière. Sa tête repose sur un coussin; elle est habillée d'une grande robe décolletée, un chapelet fait le tour de la taille. Ses quatre enfants, décédés avant elle, l'entourent.
Des écussons sont représentés : on reconnait les armes de la famille Fouchier, celles de Choiseul, celles d' Anglure... Enfin, une inscription rappelant la mémoire de la défunte forme une bordure faisant le tour de la dalle.
Entre le chœur et la nef, Joseph-Constant Ménissier a représenté en I86I, saint Luc peignant la Vierge qui pose devant lui. L'auteur du troisième Évangile, portraitiste de la Vierge, est considéré comme le patron de la corporation des peintres du XVe siècle; il est aussi le patron des médecins.
Le maître-autel, contre le mur du chevet, est en bois sculpté, peint et doré. Il porte la date de I711, et renferme une peinture sur toile représentant l' Annonciation. De part et d'autre, deux colonnes torses à chapiteaux corinthiens, soutiennent une corniche. Sur l'autel, un tabernacle en bois sculpté et doré est accompagné des statuettes de sainte Anne et de saint Charles Borromée.
L'église Saint-Luc © Dominique et Jean-Michel Liegey
Voisey
Ce village appartenait autrefois à la Franche-Comté, et fut, comme celle-ci, intégré à la France par le traité de Nimègue en I678. La seigneurie était laïque, et à le plus souvent appartenu au seigneur de Jonvelle. Le village était aussi le chef-lieu d'une prévôté.
L'église Notre-Dame-de-la-Nativité
Le chœur et les chapelles de l'église de Voisey, inscrite en I925, puis classée Monument Historique en I943, constituent la partie la plus ancienne de l'édifice, elle a été construite à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle, comme le révèle son architecture : la voûte d'ogives et la brisure de l'arc doubleau, la colonne engagée surmontée d'un chapiteau à choux, les baies, aujourd'hui murées, du chevet, le chevet plat et les contreforts en angle.
Cette église est comparable à celle de Bourbonne-les-Bains : toutes deux datent de la même époque, et présentent des chœurs similaires, même si celui de Voisey est plus rustique : deux travées, chevet plat, voûte d'ogive, première travée ouvrant sur des chapelles latérales par des arcs en tiers point. Dans ces deux édifices, un retable a été installé, au XVIIIe siècle, contre le chevet, condamnant ainsi les lancettes et la rosace, et une baie a été percée au sud pour éclairer le chœur.
Au XVe siècle, il est nécessaire de reconstruire la nef et les collatéraux de certains murs, ex : collatéral nord, semblent avoir été élevés avec des pierres de remploi, provenant sans doute des parties détruites. Les voûtes et les piles sont propres au XVe siècle : en effet, les arcs d'ogives viennent mourir dans les supports sans chapiteau intermédiaire.
Par ailleurs, on observe que les baies ont été beaucoup remaniées : elles ont toutes subi des modifications, ce qui rend difficile l'appréciation de la luminosité primitive de l' édifice. En outre, tous les vitaux d'origine ont disparu.
Le mobilier se caractérise d'abord par le retable du maître autel, en bois peint et doré, réalisé à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle. L'église renferme aussi plusieurs statues :
- saint Jean-Baptiste, statue, pierre polychrome, XVIe siècle;
- saint Martin, statue équestre en bois sculpté et polychrome, XVIIe siècle;
- saint Sébastien, statue, bois polychrome, XVIIIe siècle.
Saint Martin, statue équestre en bois sculpté et polychrome @Voiseyonline
Les fonds baptismaux, en pierre et en bois, remontent au XVIIe siècle. Nous voyons à l'extérieur que :
- le clocher reconstruit au-dessus de la première travée de la nef est doté d'éléments XIIIe siècle en remploi, tels les modillons et les baies, chapiteaux à choux ou apparentés; peut-être s'agit-il de la copie exacte du clocher d'origine. Des sculptures visibles sur la tour représentent des têtes animales et humaines et un corps animal;
- l'édifice possède une toiture unique, ce qui contribue à lui donner un aspect très massif. On peut facilement constaté, en regardant le chevet et le collatéral nord, que les murs on été surélevés, ce qui a diminué la pente du toit, la hauteur du faîte ayant peu changé; les petits moellons utilisés à cette occasion tranchent avec ceux du mur d'origine et tracent une ligne nette, au-dessus de la porte nord et dans l'angle de la sacristie, on peut lire les dates de I684 et de I687 : il est fort probable qu'elles se rapportent au rehaussement de la toiture. La sacristie, en pierre de taille, sur laquelle la surélévation est bien visible, est donc antérieure à celle-ci;
- à une date inconnue, la partie inférieure des ouvertures de la chambre des cloches a été comblée en pierre de taille. La baie ouest a perdu son tympan et sa colonne vertébrale; sort qu'avait peut-être subi aussi la baie sud, restaurée en I662.
I684 @Voiseyonline
1687 @Voiseyonline
La chapelle du Prieuré
Ce dernier fut fondé au XIIe siècle par l'un des premiers sires de Jonvelle. Rattaché à l'ordre de Cluny, il dépendait de saint-Vivant-sous-Vergy 3, à qui la possession en fut confirmée par le pape en 1178 4.
Dans une bulle de I608 du pape Martin IV, il est désigné sous le nom de prieuré saint-Martin de Voisey. Il fut uni au collège des jésuites de Dole par une bulle de I6I4. Détruit en I636, il fut relevé une quinzaine d'années après.
Un document de I69I nous apprend que Voisey a été entièrement brûlé et que la plus grande partie des habitants ont été tués ou sont morts de contagion en I636. Le prieuré, en ruine, comprenait une chapelle et une grange à proximité.
Des maisons ont été construites à l'emplacement du prieuré; seule en subsiste la chapelle.
De forme rectangulaire, celle-ci est constituée de deux travées voûtées d'ogives plates et séparées par un arc doubleau de forme brisée, qui s'appuie sur des pilastres surmontés d'une moulure. Le mur du chevet est couvert de boiseries remontant au XVIIIe siècle. L'autel, de la même époque, est surmonté d'une niche garnie d'une statue de la Vierge à l'Enfant en pierre peinte du XVIe siècle, classée Monument Historique. de part et d'autre, les status de saint Pierre et de saint Paul, provenant de l' abbaye de Vaux-la-Douce, remontent au XVIIIe siècle et son classées Monument Historique. Enfin, contre le mur se trouve une Adoration des Mages sur toile du XVIIe siècle, elle aussi classées Monument Historique.
Le portail en plein-cintre est mouluré et décoré d'un blason qui porte la date de I755, ainsi que de l'inscription Ave maria. Au-dessus, une baie de forme brisée a été murée et recouverte d'un décor gravé, désormais martelé. À l'intérieur, la baie est comblée par un relief en bois représentant un cartouche ornementé d'un trophée d'instruments de musique, vestiges des orgues de Vaux-la-Douce ?
L'édifice a été construit au cours de l' Ancien Régime, I755 ?, et présente une grande cohérence, si ce n'est la baie murée de la façade. On peut penser qu'à l'origine, le portail englobait la baie qui le surmontait, et qui fut ultérieurement remplacé dans l'encadrement que l'on voit aujourd'hui, moins large, et surtout moins haut que le précédent.
Il n'est pas non plus impossible qu'il soit composé de pierres de remploi, provenant d'un autre édifice. Dans ce cas, la date de I755 ne pourrait pas être retenue pour dater la chapelle.
La chapelle du Prieuré @Voiseyonline
3. Prieuré fondé en 924 à Curtil-sous-Vergy, actuellement en Côte d'Or par Manassès, comte de Bourgogne, et son frère, Walon, évêque d' Autun.
4. Trévillers, Jules de. Sequania monastica. Vesoul. S. d.
Sandrine Fuselier, Excursion annuelle de la S.H.A.L dans le Pays d'Amance, I5 juin 2003, Société historique et archéologique de Langres, Bulletin trimestriel n° 355, imprimerie I.D.G., Langres-Saints-Geosmes, 2004, pp. 369-374.
Le Pays d'Amance est victime, depuis une décennie, de la conquête de son territoire par les " armées " du lobby éolien; celle-ci étant facilitée par la complicité de quelques " barons " et autres potentats locaux qui, pour une rente de quelques milliers d'euros par an ?, vendent le pays et sa population.
- Pierrefaites est sous la menace de l'implantation prochaine d'une zone industrielle d'éoliennes de 17 machines, dit " Vannier-Amance " : Fayl-Billot, Pierrefaites et Pressigny.
- Pisseloup, où sa population vit depuis plus d'un an sous le joug de la zone industrielle d'éoliennes, dit " Pays jusséen ", de 8 machines : Vitrey-sur-Mance, de Rosières-sur-Mance et Saint-Marcel.
- Velles : idem
- Guyonvelle : idem
- Voisey, le pire de tous, puisque la municipalité porte un projet éolien dit " les grandes bornes "
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