L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XVIII

Précédemment
  https://augustinmassin.blogspot.com/2023/12/l-agonie-d-une-armee-metz-i870-journal_18.html
 
  Je suivis le planton et, dix minutes après, j'étais chez le prince qui s'était installé dans une ferme. Il me reçut affectueusement, me demandant de lui rendre un service qu'il considérait comme très important. Il s'agissait de porter une lettre à Metz, de la faire recommander à la poste avant que les courriers ne tombent au pouvoir de l'ennemi, ce qui ne pouvait tarder. Mes chevaux étant trop fatigués, je lui demandai un des siens, et jusqu'à mon retour je lui laissai le mien. Il me répondit : " J'en ai un tout sellé, faites diligence. " Je partis à bonne allure, porteur de ce pli scellé de cinq cachets mordorés [aux couleurs] aux armes du prince. En arrivant au bureau de poste, je le trouvai encombré de monde. Je ne voyais pas la possibilité de me tirer de ma mission avant longtemps, s'il me fallait faire la queue; je m'impatientai. Il me vint alors l'idée de demander le directeur " au nom du prince Murat, service impérial ". Toutes les barrières tombèrent, je fus introduit immédiatement dans les bureaux du directeur, qui me donna l'assurance que la lettre dont j'étais porteur allait être envoyée de suite. On me remit un récépissé de recommandation. Ayant machinalement jeté les yeux sur l'enveloppe, je vis qu'elle était adressée " au Prince de Wagram, au château de Gros-Bois, près Paris. Très pressé ". 
  Ma mission terminée, je rentrai au bivouac à une allure modérée, juste au moment où mes camarades allumaient les feux pour faire le café; ils avaient été fort surpris de ne pas m'apercevoir au réveil, ni moi, ni mon cheval.
  Le prince m'attendait, je lui remis le récépissé; il me remercia chaleureusement, me témoignant sa reconnaissance. Cela n'en valait pas la peine, j'étais heureux d'avoir été agréable à cet officier.
 
Vue du château de Grosbois, Boissy-Saint-Léger, dept 94.  ©JLL-LeTROT. Aujourd'hui, il abrite le plus important musée d’Europe consacré à l’histoire des courses au trot, 20I0.  "  Implanté sur le domaine  royal, Grosbois-le-Roi n’est autre qu’une petite bourgade environnée de parcelles agricoles et de forêts giboyeuses auxquelles il doit son nom [...] la construction du château par Nicolas de Harlay, I597, [...]  La vie y reprend son cours sous Louis XIII, quand Charles de Valois, prend possession du domaine et entreprend un vaste programme d’embellissement. Il y mène alors grand train. [...] Le Domaine passe ensuite entre de nombreuses mains [...] Au crépuscule de l’Ancien Régime, le frère du roi et futur Louis XVIII en est propriétaire et y coule des jours tranquilles jusqu’à son départ précipité lors de la Révolution. C’est Barras, véritable roi de la première République qui y prend alors ses appartements. Il y reçoit en seigneur, la société la plus brillante de Paris. Mais Bonaparte et le coup d’état du I8 brumaire, le forcent à l’exil. Barras cède alors la place au général Moreau, qui en rival malheureux du Ier consul ne tarde pas à subir le même sort. Le ministre de la police, Joseph Fouché sert ensuite d’émissaire et revend le château au Maréchal Berthier, prince de Wagram en I805. Grâce à lui, le château est restauré, remeublé et transformé en l’une des plus belles demeures de l’Empire. Mais le déclin survient et Grosbois s’offre comme une étape sur la route de l’exil pour l’Impératrice Marie-Louise et le petit roi de Rome. Le domaine demeure pourtant contre vents et marées dans la famille du maréchal Berthier durant plus de cent cinquante ans. [...]  ". Sur le Web]
 
  En I880, étant en garnison à Lyon, j'appris par son fils, lieutenant au 4e cuirassiers, dans une conversation à ce sujet, que cette lettre était destinée à l'impératrice; qu'elle était arrivée à destination, et qu'elle lui avait été remise.
  Le général Murat, désolé de voir l' Empereur abandonné, a toujours cru qu'après la catastrophe de Sedan le maréchal se prêterait à une restauration impériale. C'est ce qui aurait pu arriver, si Bazaine avait eu la certitude d'être suivi par son armée. Ses lenteurs ont tout compromis. Sachant que des arrangements seraient faciles avec le roi de Prusse, il fallait agir de suite, sans se préoccuper de la guerre civile qui pouvait éclater après le 4 septembre; [" Le peuple a devancé la Chambre qui hésitait. Pour sauver la Patrie en danger, il a demandé la République : elle est proclamée, et cette révolution est faite au nom du droit et du salut public. Citoyens, veillez sur la cité qui vous est confiée ; demain, vous serez avec l’armée des vengeurs de la Patrie. " Léon Gambetta, I838-I882, avocat, l'une des personnalités politiques de l'époque, successivement député, ministre de l' Intérieur, Président de la Chambre des députés, Président du Conseil et ministre des Affaires Étrangères I88I-I882, proclame la IIIe République devant la foule assemblée place de l’Hôtel de Ville, à Paris, le 4 septembre I870] on l'aurait promptement étoufféeclxviii
  En ce qui me concerne, le prince n'a jamais fait allusion à cette mission; il ne m'appartenait pas de lui en parler.

GAMBETTA Léon, vers I860.

XVII 


LE CAMP RETRANCHÉ SOUS METZ

I9 août.
 
  Dans la matinée de ce jour toute l'armée se met en mouvement pour se rendre sur les emplacement qui lui ont été désignés. Cette marche fut lugubre, les forts se mirent à tonner pour tenir l'ennemi à distance.
  L' ennemi, voyant son plan de campagne facilité d'une façon aussi soudaine qu'imprévue, s'est empressé d'en tirer profit. La vigueur et la célérité qu'il mit à cerner notre camp, et à interrompre toutes communications avec le reste de la France, stupéfièrent le maréchal. Quand on vint lui rendre compte que la poste ne pouvait plus répondre des courriers; que sa correspondance ne pouvait plus partir de Metzclxix, il put juger de l'activité de l' adversaire.
  Notre division s'installa à l'île Chambière, [île regroupant les quartiers du Pontiffroy et de Saint-Vincent et appartenant au territoire dit " quartier des îles "; " situé au nord de la ville, il comprend un ensemble de zones situées sur les îles entre les bras de la Moselle. Sont regroupés dans ce secteur, outre l'île Chambière : l’île du Grand-Saulcy, plus souvent appelée île du Saulcy, où est implanté un campus de l’université de Lorraine et l’île, formée par le canal de Metz, et le quartier Fort-Moselle. contre les fortifications.,... "; sur le Web] contre les fortifications. Il ne vint à la pensée d'aucun de nous que nous resterions deux mois et demi dans ce " camp de la misère ". Qui pouvait alors prévoir ce sombre avenir et supposer que notre brillante armée était destinée, de par la faute de son chef, à rester là inoccupée, croupissant dans la fange d'un bourbier alimenté par une pluie incessante, pendant plus de quarante jours et vouée à une destruction complète par la famine !
  Cette armée incomparable qui s'était montrée si crâne au feu, la garde impériale, les vieux soldats aguerris des campagnes de Crimée, d' Italie, du Mexique ! Ces vieilles barbes d' Afrique dont la réputation était légendaire ! Qui pouvait croire que ces troupes resteraient les bras croisés dans leur bivouac, pendant que l'ennemi élevait des barrières pour retenir l'armée comme un oiseau en cage, sans que le maréchal ait l'air de se douter que l'adversaire amoncelait autour de nous des défenses formidablesclxx ? Dans quel but laissait-il faire l'ennemi sans le troubler ?
   À quoi songeait donc notre chef pour ne pas s'y opposer quand il était encore temps ?
 
20 août.

   La ville de Metz est interdite aux officiers non munis d'une autorisation régulière. Comme mes fonctions m'obligeaient à m'y rendre souvent, je reçus une carte permanente, ce qui me permis de visiter nos blessés, de me rendre utile à quelques camarades, enfin d'entendre ce qui se disait en ville.
   Je note cette date à l'encre rouge ! À partir de ce moment tout est fini pour notre belle et incomparable cavalerie, orgueil des officiers et de nos braves soldats.
  Elle prendra encore part à des démonstrations inutiles, quand les cris de l'armée feront sortir le maréchal de son engourdissement. Les sabres vont rester au fourreau, nous n’aborderons plus l'ennemi que pour lui rendre nos armes !
   Plus de service d' exploration, plus de reconnaissance, plus rien ! Le maréchal préfère s'en rapporter aux espions à double action qui le trompent et l'endorment, pendant que l'ennemi élève des fortifications, construit des batteries formidables. On pourrait le harceler, le troubler, l'éloigner, sortir enfin ! Non, on le laisse tranquille comme si le maréchal y était intéressé; que penser de tout cela ? Puis plus tard il dira : " Vous voyez, le cercle est infranchissable. "

" Durant le siège, les photographes installés à Metz, Malardot, Bourent, Collet..., immortalisent une armée qui pose encore fièrement. Mais l'attitude de ces hommes, le plus souvent en tenue de campagne, ne peut pas toujours camoufler un moral déclinant et une issue que chacun pressent inévitable; capitaine équipé pour une sortie... qui n'aura pas lieu ! " Auteur photo : non mentionné. Sur le Web 

  À Metz, la plupart des journaux étaient favorables à Bazaine, un seul, mieux renseigné, ayant des relations avec des officiers de l'état-major général, inséra un article qui fit sensation. En voici un extrait, je le copie textuellement :
  " Les batailles de Spickeren-Forbach, 6 août, de Borny, I4, de Gravelotte, I6, de Saint-Privat, I8 auraient pu être évitées si le Maréchal avait agi avec plus de promptitude. Elles devaient illustrer nos armes puisque le choc s'est produit à notre avantageclxxi. Si le chef de l'armée l'avait voulu, il pouvait être victorieux sur tous les points; les troupes allemandes se ressentaient de leur pénible marche pour assurer l'exécution du plan de l'état-major allemand. 
  Ces rencontres peuvent être citées parmi les plus grandes et les plus meurtrières du siècle par l' acharnement de la lutte. Le courage déployé par l'armée française dans ces combats si rapprochés a fait éprouver des pertes énormes à l'ennemi; elles ont été aussi très sensibles dans l' armée française.
  Nous n'hésitons pas à dire que la tâche qui incombait au maréchal Bazaine dépassait de beaucoup ses moyens et ses forces. Il n'était pas à sa hauteur ni par son activité physique, ni par ses talents, ni par son énergie morale. 
  On peut citer ces batailles comme des rencontres de hasard où l'imprévu a tout réglé et le sang des soldats fait tous les frais. "
  Le maréchal fut sensible à ce jugement porté, à la date du 20 août, par un journal répandu à profusion, qui était dans toutes les mains le lendemain; il n'en s'est pas caché dans son entourage. Profondément irrité, il voulait faire arrêter l'auteur de l'article, attribué au colonel Lewal de son état-majorclxxii. Mais le coup avait porté et la conscience de l'armée a ratifié ce jugement.

XVIII

 

INVESTISSEMENT DE METZ PAR LES ALLEMANDS


2I août.
 
  À cette date l'investissement est complet, l'armée apprend qu'elle est isolée du reste de la France; que les courriers ont tous été interceptés en essayant de franchir le blocus. La cavalerie allemande forme pour les isolés un cercle infranchissable autour de Metz.


  Le soir vint clore cette troisième journée. On fit rentrer en ville et dans les ambulances provisoires ce qui restait de blessés transportables dans les fermes et villages compris dans la zone dangereuse. Leur nombre était si élevé, que l'on fut dans la nécessité d'établir des constructions avec de grandes planches formant toit; on garnissait ces stations de paille fraîche. Et là, sur des tables, les médecins se livraient aux opérations chirurgicales, aidés dans leurs travaux par les dames de la ville, improvisées infirmièresclxxiii.
  On s'habitue à tout. Nous avons vu des fourgons d' artillerie, chargés de membres amputés et des cadavres de ceux qui succombaient pendant l'opération; ils transportaient ces restes humains au cimetière Chambière, où 8.000 Français, morts pour la patrie, dorment maintenant leur éternel sommeil ! Paix à leurs cendres ! 
  Ces détails lugubres, je ne veux point les taire pourtant, car ils font partie de ces mémoires. Sur l'esplanade, à Metz, une grande ambulance fut organisée au moyen de rails et de wagons. Cette installation en plein air était favorable, les amputations réussirent mieux que dans les hôpitauxclxxiv.


   Il m'est resté un sentiment de profonde reconnaissance pour les médecins militaires; je les ai vus à l'œuvre dans leurs sublimes fonctions, pendant et après les batailles. J'allais souvent avec Robert, médecin-major du régiment, voir le fils d'un de mes amis, un jeune compatriote nommé Roblin, brigadier-fourrier aux cuirassiers de la garde; il avait reçu une balle qui lui brisa le genou. Comme il ne voulut pas se laisser amputer, il succomba. C'était un homme superbe, fils unique, orgueil de ses excellents parents; son père ne put se consoler de cette perte. J'ai assisté aux conseils des médecins; je les ai entendus qui tâchaient de le convaincre; il se refusa obstinément à toute opération, ne voulant pas être mutilé. En d'autres occasions je les ai entendus parler à leurs patients avec l'onction d'un confesseur ou d'une sœur de charité. Ces saintes filles ! Elles poussaient le dévouement jusqu’à l'oubli d'elles-mêmes, remplaçaient les mères au chevet des moribonds, exaltaient la vie future, fermaient les yeux des mourants qui, grâce à elle, rendaient le dernier soupir, le sourire aux lèvres, heureux de mourir pour la patrie dans l'espoir de la suprême récompense !
  Que de camarades sauvés par le dévouement des médecins militairesclxxv ! Combien de soldats seraient morts, sans leur abnégation, sans le secours de leur science ! C'est toujours avec un souvenir reconnaissant que je serre la main d'un médecin militaire, ayant toujours présents à la mémoire, même après tant d'années écoulées, leur sublime besogne et les services rendus par eux à nos malades et à nos blessés.
  Je me rappelle le récit de l'un deux, relatif aux souffrances provoquées par la soif, le jour de Gravelotte. Vers 4 heures du soir, étant de service dans une ambulance, il fut témoin d'un fait peu ordinaire. Une compagnie d'infanterie vint à passer; elle se précipita sur un cuvier plein d'eau rougie par le lavage des scalpels et les mains des chirurgiens; le récipient fut vidé en un instant, sans que l'on puisse retenir ces altérés.
  Cela m'amène à comparer notre discipline douce et humaine avec celle de l'ennemi dans un cas analogue, qui me fut conté par un officier prisonnier.
  Un bataillon prussien, privé d'eau momentanément, se trouvait au repos sur la rive droite de la Moselle. Quelques hommes allèrent remplir leurs bidons sans autorisation, ils furent ralliés, et défense fut faite de quitter les rangs. Un soldat, se trouvant un peu éloigné, n'eut pas connaissance de cet ordre; il fut surpris remplissant son bidon, ramené aussitôt, placé sous escorte; une cour martiale se réunit et se malheureux fut condamné à être fusillé pour désobéissance en présence de l'ennemi. Il fut exécuté devant le front du régiment en armes. 
  Ces digressions reposent un peu de l'action militaire. 
  L'armée, après ces batailles, avait besoin de se refaire; mais son repos se prolongeait trop. Les corps avaient placé leur service de sécurité; nos vedettes apercevaient celles de l'ennemi, quelques coups de fusil étaient échangés; là se bornèrent toutes tentatives. Les forts tonnaient jour et nuit, pour tenir l'ennemi à distance; ce qui ne l'empêchait pas d'ailleurs de razzier toutes les vivres des villages rapprochés au mépris des balles de nos sentinelles.
  Pendant ce temps, les Allemands construisaient avec ardeur des batteries aux principaux points de passageclxxvi, se faisant aider par les habitants réquisitionnés pour cette besogne qui les désolait. Quelques exécutions firent taire les récalcitrants, les Prussiens étaient sans pitié pour eux. 
 
22 août.
 
  De I heure à 5 je montais souvent à cheval pour accompagner mon colonel dans ses promenades. Pendant tout le temps de l' investissement il en fut ainsi, du moins tant que les chevaux eurent la force de nous porter. Il se rendait un jour dans un corps d' armée, un jour dans un autre, en visite, quelquefois avec le général de Gramont ou le prince Murat. Une autre fois, il allait là où ses sympathies le poussaient, pour tuer le temps, puisque nous ne pouvions marcher à l'ennemi. Dans la journée, souvent le soir, il y avait réunion des généraux chez le colonel Friant. Au moment de notre départ, je remettais toujours au poste de police l'itinéraire qu'il se proposait de suivre. Ce furent pour moi les meilleurs moments durant le blocus. Je me tenais en arrière avec les officiers d' ordonnance. Quand ces messieurs étaient ensemble, ils discutaient souvent avec animation; l'éclat de leurs voix arrivait jusqu'à moi; je faisais ainsi ample moisson de renseignements.
  Quand mon colonel était seul, il me faisait toujours marcher à côté de lui. Alors il devenait familier; je me taisais, observant toute la défense militaire. Sa conversation était variée et intéressante. Bien qu'il ne s'occupât que de choses militaires, il s'abstenait de porter aucun jugement sur nos chefs; c'était d' ailleurs bien inutile, car je lisais clairement dans ses pensées. Et puis les autres généraux ne se gênaient pas; ce qui n'arrivait pas clairement jusqu'à moi était complété par les aides de camp pendant nos chevauchés. Or, comme il y avait unité d' appréciation, le maréchal n'était pas ménagé.
 
23 août.
 
  Même oisiveté; les promenades de chevaux se font comme à la garnison. On connaît l' activité de l'ennemi pour renforcer le blocus, et pourtant on n'a pas l'air de s'en soucierclxxvii. Les régiments étaient bien reposés, il aurait été facile de battre l' ennemi sur un point quelconque; c'était tout indiqué ! En l' attaquant inopinément, il ne pouvait opposer une force imposante sur tout le cercle. On pouvait le harceler, le fatiguer, et rétablir facilement les communications; le maréchal n' y songea même pas.
  Dans l'après-midi, sur le front de bandière,[autrefois, front d'une armée rangée en bataille, Larousse] le 7e cuirassiers procéda à la vente des chevaux pris à l'ennemi. Ma deuxième monture trop fatiguée venait d'être réintégrée dans le rang; il y avait dans le lot quelques beaux chevaux, un entre autres, celui que j'avais monté au moment du ralliement à Gravelotte; je désirais m'en rendre acquéreur, j'en avais parlé quelques auparavant au commandant Bouthier. Quand le tour de ce cheval arriva, l'intendant Birouste cria : " À cent francs ! " personne ne mit dessus. J'ai su plus tard que le commandant était l' auteur d'une entente en ma faveur. Du reste, malgré les prix excessivement bas dans ces sortes de circonstances, les officiers, ayant le nombre de chevaux réglementaire, ne tiennent pas à nourrir un troisième cheval à leurs frais.
  L'intendant dit : " Voilà un alezan qui vaut deux mille francs. Personne ne met au-dessus de cent francs ? " Silence complet. Le commandant Bouthier mit cinquante francs pour moi; l'alezan me fut adjugé. J'eus l'explication de cet exceptionnel bon marché. Ce cheval faisait partie du lot ramené à notre charge de Gravelotte, je le montais au moment du ralliement. Il s'était établi une légende parmi les troupiers sur ce cheval. Des hommes du régiment affirmaient que l'officier de cuirassiers du roi qui montait ce cheval avait été tué par moi. Ceux qui s'étaient trouvés dans ce groupe en avaient la certitude. État-ce vrai ? je l'ignorais; le sang qui aveugle quelquefois ne laisse pas le loisir d'attendre l'effet des coups, on ne s'occupe que des vivants et on se retourne promptement sur eux.

24 août.
 
  Encore au repos ! À quoi pense donc le maréchal toujours invisible ? C'est le cri général.
  La distribution du fourrage et de l' avoine vient d'avoir lieu; nos cavaliers ramènent plusieurs sacs de blé pour nos chevaux. Est-ce une erreur ? Il paraît que les approvisionnements de Metz n'ont pas été prévus pour une armée stationnant quelques jours dans ses murs. En effet avec plus de 40.000 chevaux il faut près de 200.000 kilogrammes [200 tonnes = ~8.000 bottes] d'avoine journellement. 
  Puisque l'armée vidait les magasins d' approvisionnement de Metz, pourquoi ne pas réquisitionner les innombrables richesses alimentaires en fourrage, grains et bestiaux qui existaient à profusion dans les fermes et les villages de ces belles vallées, aux environs du camp ? Les cultivateurs s'y seraient prêtés d'autant plus volontiers que les Prussiens faisaient journellement des razzias. On n'en fit rien ! L’adversaire s'enhardit; sous la menace et l’intimidation il se fit apporter toutes ces provisions, et il vint à proximité des postes avancés incendier les maisons des récalcitrants. Tout se fit avec une rapidité calculée.
  C'est ainsi que l'ennemi a vécu grassement pendant le siège, alors que nos chevaux d' abord, nos hommes ensuite succombèrent par la famine.
   
Source

  Puisque le maréchal avait l'intention de se retirer sous Metz, pourquoi n'avoir pas donné des instructions à l'intendant général, pour faire rentrer ces immenses provisions, qui existaient dans cette belle vallée de Thionville et dans les environs de Metzclxxviii ? Dans ces conditions il aurait eu des vivres pour plus d'une année; les statistiques en font foi. Et les Prussiens, privés de ces ressources, n'auraient pas pu constituer des magasins de réserve. Voilà ce que l'on pouvait entendre dire chaque jour par l'intendant de notre division, M. Birouste.
  En ville, même confiance dans le maréchal, c'était de l' aveuglement ! Le contraste avec l' armée était flagrant. Les habitants avaient la conviction qu'il " tendait un piège à l'ennemi et qu'il romprait ce cercle fragile quand il jugerait le moment opportun ". Chez nous, parmi les officiers, on n' entendait pas plus parler du maréchal que s'il n'existait pas. Ses partisans devenaient de jour en jour plus rares, sauf quelques officiers de son état-major qui affectaient de ne pas prendre l'investissement au sérieux. Ils colportaient partout que l'ennemi commettait une lourde faute en s'exposant à se faire détruire en détail; que sa dispersion pour cerner cette vaste enceinte était une cause d' affaiblissement, quelques soient les renforts qui lui arrivaient d' Allemagne. C'était vrai à une condition, c'est qu'il fallait agir avant l'établissement de ses formidables batteries et les travaux de fortification qu'il construisait jour et nuit sans relâche et, ce qui est plus grave, sans être inquiété.
  Dans la position que l'ennemi s'était choisie, toutes les chances étaient de notre côté; mais il aurait fallu procéder sans retard, en attaquant aujourd'hui sur un point, demain sur un autre, en établissant secrètement un tour de marche entre les corps, les ordres ne devant être communiqués qu'au dernier moment pour éviter les indiscrétions. Il fallait épuiser l’ennemi en le tenant en éveil par de fausses alertes, en le privant de sommeil : rien n'est plus énervant. Faire des attaques, des contre-attaques d'une façon incessante, diminuer ses forces par une succession de combats simulés, où on emploierait peu de monde : il n'aurait pu tenir longtemps devant cette tactiqueclxxix.
  Voilà ce que nous entendions exprimer par les chefs plein d'ardeur et de patriotisme, qui ne pouvaient s'expliquer cette inaction.
  Le maréchal, tenu au courant du mécontentement général, sentit qu'il ne pouvait rester dans cette situation. Il fit alors courir le bruit d'une sortie prochaine de toute l'armée sur un point tenu secret, naturellement.
 
25 août.
 
   À suivre... 

clxviii. Cette opinion étrange semble avoir été celle de la fraction ultrabonapartiste de l' armée.
 
clxix. Les communications télégraphiques avec Paris, interrompues dès le I4 août par la voie de Frouard, le furent par celle de Thionville, le I7 au soir. À partir du I8, elles n'eurent plus lieu qu'au moyen d'émissaires. Voir JARRAS, loc. cit., I46-I47.
 
clxx. Ces défenses du reste ne furent vraiment formidables qu'à une époque assez tardive.

clxxi. " Il est certain que, le I4 comme le I6 août, des moments se produisirent, au cours du combat où du côté des Français une volonté ferme, pénétrée de la situation et dirigeant avec ensemble, aurait pu se ménager bien des succès, ces conditions se représentèrent d'ailleurs dans la journée du I8. " Guerre franco-allemande de I870-I87I rédigé par la section historique du grand état-major prussien 879, cité par M. Alfred DUQUET, St.- Privat. JOURNAL 7 octobre I9I3.
 
clxxii. Le colonel Lewal garda la confiance du maréchal Bazaine au-delà de cette date, puisque le maréchal le fait mander, le 24, et a avec lui une longue conférence. Le 25, à 8 heures du soir, le colonel, mandé de nouveau chez le maréchal, en revint avec des instructions complètes, pour un mouvement de l'armée vers le Nord, sur Thionville. Elles avaient été préparées sans la coopération du chef d'état-major. Voir colonel FIX, loc. cit., II, 50, l'auteur présumé de cette lettre était le colonel d' ANDLAU.
 
clxxiii. Voir pour les ambulances les Souvenirs du général JARRAS, I4I-I42, et surtout l' Armée du Rhin du docteur Ferdinand QUESNOY, I0I-I03. [il est l'auteur de d'autres ouvrages, notamment : Souvenirs historiques, militaires et médicaux de l'armée d'Orient, I858;  Campagne de I870. Armée du Rhin. Camp de Châlons, Borny, Rezonville ou Gravelotte, Saint-Privat, blocus de Metz, I872; L' Algérie, I885;  L'armée d'Afrique depuis la conquête d'Alger, I888] Voir aussi DICK DE LONLAY, loc. cit., V, 25-3I.
 
clxxiv. " Ce qu'il importe toujours d'obtenir, dans les grandes accumulations de blessés, c'est la dissémination sur de larges espaces, c'est l' aération; au Polygone nous avions ces avantages et nous avons constaté que les résultats étaient excellents. Il en était de même à l'ambulance de l' Esplanade, où les blessés couchaient sur la paille et n'étaient abrités que par des tentes. Quoique en apparence défavorable, cette installation était encore préférable à celle des locaux fermés; les miasmes, sans cesse balayés, n'avaient pas le temps de s'y accumuler et de préparer les infections, qui sont une des causes principales de pertes parmi les blessés. " Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I03.
 
clxxv. Tout le monde a rendu à la médecine militaire la justice qu'elle a fait face à toutes les exigences avec les moyens dont elle disposait.
 
clxxvi. Des observatoires avaient été établies sur tous les points culminants; du haut de la cathédrale surtout, on pouvait suivre tous les mouvements de l'armée ennemie. Il n'y avait plus d'illusion possible : il devenait évident que le blocus commencerait au plus vite. L'ennemi activait son travail pour nous enceindre de batteries et fortifier d’abord les points par lesquels nous pouvions tenter de nous frayer un passage. Les bulletins de renseignements donnaient chaque jour le détail de nouveaux ouvrages entrepris... Sur les routes des tranchées furent creusées, protégés par des abatis, et sur les positions culminantes des batteries montrèrent bientôt le relief. — Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I05-I06.
 
 Haute de 75 mètres, la Cathédrale Saint-Étienne, I235 ou I240- I552, offre une vue imprenable sur la ville de Metz et est son point le plus haut. Photo : 20I3. Sur le Web
 
clxxvii. De notre côté nous ne faisions encore aucun travail de défense autour de nos camps; l' armement de plusieurs forts n'était même pas assez avancé pour gêner l'ennemi dans ses travaux d'installations de batteries. Docteur Ferdinand QUESNOY, loc. cit., I06.
 
clxxviii. Au sujet de cette inertie voir LEHAUTCOURT, loc. cit., VII, 208-209. — D' ANDLAU, Metz, campagne et négociations, loc. cit., 2I7-2I8. D'après le rapport Rivière, en utilisant d'une façon judicieuse les vivres de la ville et des environs, Metz aurait pu tenir jusqu'au 29 novembre et même jusqu'au Ier janvier. Si le maréchal et l' armée avaient quitté Metz le Ier septembre, Metz aurait pu vivre jusqu'au 3I janvier inclus. En recueillant les ressources extérieures du I9 au 3I août, la résistance aurait duré beaucoup plus longtemps. Non seulement on ne renvoya pas les bouches inutiles mais on laissa entrer dans Metz 20.000 paysans des environs. Procès BAZAINE, Rapport Rivière, cité par LEHAUTCOURT, loc. cit., VII, 209, note 2.
 
clxxix. Ce sera la tactique préconisée par le maréchal Canrobert, dans le Conseil de guerre du 26 août : " Frappons des coups de tous les côtés, donnons des coups de griffe partout et incessamment. " Voir LEHAUTCOURT, VII, 83.
 

 COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l'Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I9I-206.
 
php

HAUTE-MARNE, BOURBONNE-LES-BAINS : LE CONSEIL MUNICIPAL DIT NON À L' EXPANSION DE L' USINE DE MÉTHANISATION

 Dans le billet précédemment, lire ici, nous relaierions l'alerte donnée par l'association SOS Pays de l' Apance concernant la demande officielle par la société exploitante, de l'expansion de l'usine de méthanisation située à Coiffy; sauf que celle-ci concerne une partie des zones de captage protégé de la commune, via son plan d'épandage. Aussi, sa validation en état par la préfecture, ne serait pas sans conséquences pour l'environnement et, SURTOUT, cela pourrait durablement altérer la qualité de l'eau potable et des eaux thermales et, de fait, entraîner une dégradation du quotidien des habitants de la commune et des villages aux alentours et avoir un impact négatif sur le tourisme. 
  Dans le cadre de l'enquête publique, la commune était amenée à se prononcer. Après une présentation du projet et, après avoir évaluer les effets positifs et négatifs du projet, une large majorité des conseillers ont voté contre ce projet d'expansion... à bulletins secrets.*

* Le vote à bulletin secret est rarement employé lors des conseils municipaux; il est souvent synonyme de dossier " très clivant " ! 
 
  Dorénavant,  la balle est dans le camp de Madame le préfet. Rappelons-nous toutefois ce que le représentant de l' État avait déclaré lors de ses excuses à la municipalité, après avoir refusé un projet d'usine éoliennes : " assurer les élus du soutien de l État dans la mise en œuvre de leurs projets " Est-ce que dans le cas présent le choix de la municipalité sera considéré comme un " projet " et comme tel pris en compte ?
 
  À suivre !...

 jhmQuotidien 2023 I2 22

 
 
php
 

HAUTE-MARNE, NOGENT : LA RÉSISTANCE AU PROJET D'UNE NOUVELLE USINE DE 4 ÉOLIENNES EST EN MARCHE


  " L'indignation est un commencement. Une manière de se lever et de se mettre en route. On s'indigne, on s'insurge, et puis on voit.
  BENSAÏD Daniel
 
  • NON AU PROJET D' 1 NOUVELLE USINE DE 4 ÉOLIENNES
  • 206M EN BOUT DE PALE
  • À 200M D' 1 ZONE NATURA 2000,
  • À 600M DE LA ZONE NORD DE LA VILLE ET DES MAISONS DIT " LES BARAQUES ".

 POUR RAPPEL : en 2022, l'Allemagne, Ier pays en puissance nominale éolienne installée de l' Union européenne, représentait 44 % du total de lignite consommé dans l' UE. Cette année là, I32 millions de tonnes de CO2 ont été rejetées dans l’atmosphère, ce qui représente plus que l’ensemble des émissions du secteur des transports français.😞
 
EN AVANT TOUTES !
 
php
 



HAUTE-MARNE, BOURBONNE-LES-BAINS : L' APPÉTIT VIENT EN MANGEANT POUR LES EXPLOITANTS DU MÉTHANISEUR

   "  Les propriétaires du méthaniseur de Bourbonne-les-Bains, situé route de Coiffy, cherchent actuellement à intensifier leur production de biogaz en augmentant la capacité de traitement des déchets par leur installation. Ils souhaitent également faire construire un second digesteur sous deux ans. "
  Et si l'arrachage de 22.000 m2 de haies autour de Voisey, commune limitrophe de Bourbonne-les-Bains, sanctionné récemment par la DREAL, jhmQuotidien 2023 I2 I6, lire ci-devant, avait un rapport avec ce projet d'extension ?
  Va savoir, Charles ?
 

  

 
php
 
***

Le méthaniseur de Bourbonne-les-Bains veut intensifier ses activités

  Les propriétaires du méthaniseur de Bourbonne-les-Bains, situé route de Coiffy, cherchent actuellement à intensifier leur production de biogaz en augmentant la capacité de traitement des déchets par leur installation. Ils souhaitent également faire construire un second digesteur sous deux ans. 
 
 
  La Société BLB AGRI BIOGAZ [la société et le GAEC des Houlettes, à Bourbonne-les-Bains, appartiennent à la même famille] a déposé une demande en préfecture qui l’autorisera à charger jusqu’à I00 tonnes de matière organique par jour dans ses installations : elle table dans un premier temps sur une ration journalière maximale de 50 tonnes, contre 30 tonnes à l’heure actuelle.
  Une consultation du public, mise en oeuvre par la préfète, est ouverte à ce sujet jusqu’au mercredi I3 décembre 2023 inclus, afin que la population puisse s’informer et donner son avis sur le projet. Nous vous invitons vivement à y participer : le dossier est consultable sur la page web de la Préfecture de la Haute-Marne en suivant ce lien; les trois documents les plus importants sont le dossier de demande de l’exploitant, le rapport de l’hydrogéologue, et l’évaluation d’incidence environnementale.
  Ce nouveau projet agro-industriel présente certains atouts en terme environnemental mais pose également la question de ses potentielles incidences sur la qualité de l’eau des captages de Bourbonne-les-Bains et sur le cadre de vie du bourg thermal.
  Celui-ci prévoit en effet : l’ épandage de 65 tonnes de digestats compostés sur le périmètre de protection rapprochée des captages d’eau potable de la commune, en substitution des amendements réalisés habituellement sur ces I6,5 hectares de prairies et I2 hectares de grandes cultures; l’ épandage de digestats non compostés sur le parcellaire agricole de plusieurs communes, dont celui de Bourbonne-les-Bains et Serqueux : la commune de Serqueux a pris le I3 novembre une délibération contre l’épandage des digestats sur son territoire.
  Nous précisons que le dossier de demande d’enregistrement de l’exploitant prévoit des mesures destinées à réduire le risque de lessivage des nitrates présents dans les digestats, dont chacun pourra se faire une idée.
  Si l’enregistrement de ce projet d’intensification était autorisé, il entraînerait nécessairement une augmentation des volumes de digestats à épandre et du nombre d’allées-et-venues des engins agricoles.
  Nous publierons le I3 décembre notre contribution détaillée à la consultation publique sur la page web de SOS Pays de l’Apance. D’ici-là, nous invitons chacun à faire part de ses éventuels questionnements et observations en mairie, ou à l’adresse email indiquée sur la page de la consultation du public
 


TRANSITION ÉNERGÉTIQUE, NUCLÉAIRE : LES NOUVEAUX RÉACTEURS IMPLANTÉS EXCLUSIVEMENT AUPRÈS DE LEURS GRANDS FRÈRES, POURQUOI ?

" La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil "
  CHAR René, I907-I988, Fureur et Mystère, Éditions Gallimard, I962.
php
 
***

Pourquoi pas deux EPR à Fos-sur-mer ? 

 
  En France, la relance de la construction nucléaire a souvent fait la « une » des médias ; en revanche, le choix des sites pour l’implantation des trois premières paires d’ EPR de deuxième génération, EPR2, n’a guère eu d’échos. Des protestations, mais peu nombreuses, des rassemblements in situ, mais faméliques, et même quelques déceptions affichées; décidément, les temps ont bien changé. 
 

  Toutefois, pour nos décideurs, le retour en grâce du nucléaire n’étant pas complétement assuré, l’opinion restant volatile en la matière, et le sujet demeurant politiquement clivant, il a été jugé sage de choisir les lieux d’implantation des nouveaux réacteurs sur des terrains jouxtant des installations nucléaires en exploitation[I]. Cette clause était spécifiquement mentionnée dans la loi et les décrets afférents, soumis à consultations publiques, comme si on voulait d’emblée restreindre la portée de ce qui, pourtant, est un virage politique, pour ne pas parler de demi-tour.
  On donne ainsi l’impression d’une extension à la marge, plus que d’un renouveau. Décidément ce nucléaire, enfin reconnu utile, n’en resterait pas moins honteux !
  Un mot sur les EPR2, présentés comme des EPR optimisés pour être plus facilement, donc plus rapidement, constructibles, en conservant le très haut niveau de sûreté du concept, comme son niveau de puissance élevé.
  L’implantation se fera par paire de réacteurs, comme à Taishan, en Chine, et à Hinkley Point, au Royaume-Uni, même si chaque installation est la stricte copie de l’autre, sans mise en commun d’auxiliaires, les gains au niveau de la construction et de l’exploitation étant escomptés d’une logistique optimisée et partagée. Une telle configuration avait, à l’époque, contribué au succès de l’ambitieux programme nucléaire.
  Les trois premières paires d’EPR2 ont été attribuées à Penly, Gravelines et Bugey, parmi d’autres possibilités sur des sites nucléaires en exploitation, lesquels restent en course pour l’attribution des quatre paires envisagées dans un second temps, en particulier celui du Tricastin, sur le Rhône, et celui du Blayais : sur l’estuaire de la Gironde. Pour ces derniers sites, il est notable que les élus des communautés avoisinantes, du local au régional, les agents économiques et même les citoyens, se soient constitués en « comité d’attraction » des nouveaux réacteurs, dans une démarche originale et convaincante[2].
  Ce processus d’implantation des EPR2 sur des sites où EDF exploite actuellement des réacteurs est logique, terrains déjà acquis, connexion facilitée au réseau THT et environnement socio-économique accoutumé au nucléaire. Cela ne garantit pas pour autant un long fleuve tranquille pour les projets concernés, mais diminue les risques d’opposition locale frontale et violente, craints pour des lieux de première implantation, comme désormais pour tout nouvel ouvrage qu’on veut construire en France, même quand il franchi toutes les étapes administratives : Notre Dame des Landes, Sainte Soline, Sivens, Bure, A69, TGV Bordeaux-Toulouse, tunnel Lyon-Turin…,. Et ici, il s’agit de nucléaire !
  Pourtant, en procédant ainsi, on s’est sans doute privé de localisations plus judicieuses, si tous les paramètres déterminant un choix étaient libres : source froide fiable, importants besoins locaux ou régionaux, proximité des autoroutes électriques, rééquilibrage géographique production-consommation…,.
  Ainsi, d’autres lieux remplissent-ils ces conditions, aussi bien, voire mieux, que ceux choisis. Certes, les sites déjà équipés avaient jadis été retenus sur des critères semblables, mais les nouvelles implantations vont augmenter notablement leur puissance électrique locale, sans doute au-delà de l’optimum requis ; ainsi le site de Gravelines avait déjà accueilli, en sus, deux réacteurs initialement destinés à l’Iran.
 
Pourquoi pas deux EPR à Fos-sur-mer ?
  Emblématique de ces « non-choix », le site industriel de Fos sur mer, en plus de cocher toutes les cases précédentes, dispose d’espaces aménageables.
 
Pourquoi pas Fos sur mer, ou d’autres sites non encore nucléaires ?
  Le site avait déjà été mentionné pour l’implantation de petits réacteurs modulables, SMR, certes une bonne idée pour satisfaire les besoins industriels locaux, mais qui pourrait retarder, voire fermer la porte à l’implantation de réacteurs de puissance, autrement valorisables, régionalement et nationalement, comme le serait une paire d’EPR2 : 2 x 1650 MWe.
  En effet, les deux régions géographiques situées de part et d’autre du delta du Rhône, PACA et Est de l’Occitanie, ne possèdent pas ou peu d’installations de production électrique, hormis l’ensemble hydraulique Durance-Verdon, les cycles combinés gaz de Martigues et les nouveaux champs renouvelables; elles sont ainsi structurellement déficitaires, sans parler de leur vulnérabilité en matière de réseaux électriques, essentiellement des d’antennes, sans possibilités aisées de sécurisation par bouclages. Pour ces régions, l’important hub de production que constituerait une paire d’EPR2 à Fos-sur-Mer permettrait de réorienter positivement les problématiques précédentes.
  Suivant cette même logique, d’autres localisations pour les nouveaux réacteurs apparaîtraient judicieuses, en particulier pour mieux alimenter la zone Nantes-Saint-Nazaire, fortement consommatrice, et fiabiliser l’alimentation de la Bretagne, laquelle région reste une péninsule électrique, sans moyens de production, hors la centrale charbon de Cordemais, sur l’estuaire de la Loire, juste en aval de Nantes, dont on reporte régulièrement la fermeture pour les raisons évoquées supra, et le site centrale à cycle combiné gaz de Landivisiau, récemment mis en service.
  Dans le passé, un projet, au long cours…, de centrale nucléaire sur le site du Carnet, toujours en aval de Nantes, mais sur la rive gauche de l’estuaire, avait fini par être abandonné par le gouvernement Jospin, suite à des protestations mobilisatrices[3]. 
 
Stratégie à la Pyrrhus ?
  Il est clair que chercher à minimiser les oppositions locales à l’implantation des six nouveaux réacteurs, en choisissant de les accoler à des installations nucléaires en fonctionnement, est une forme de recherche de la validation par le retour d’expérience local, certainement très efficace pour argumenter contre les oppositions locales.
  Mais cette stratégie ne répond certainement pas à une optimisation plus globale de la répartition des sources de production électriques et à la correction de certaines anomalies, déjà évoquées.
  Pour les quatre paires d’EPR2 qui pourraient suivre le premier train actuel, on a vu que des sites nucléaires existants, Tricastin, Blayais, se sont déjà portés candidats et d’autres le feront, mais il est souhaitable que des implantations hors sites nucléaires soient aussi envisagées.
  À contrario de l’exercice qui démarre sous les auspices de la nouvelle loi d’accélération du nucléaire et de ses clauses spécifiques, comme l’obligation de proximité…, de prochaines localisations pourraient ne plus bénéficier de ce bouclier physico-réglementaire, une épreuve de vérité pour le retour en grâce du nucléaire, mais les décideurs d’alors auront-ils le courage de faire le test grandeur nature ?


[I] Projet de décret d’application de la loi du 23 juin 2023 relative à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires à proximité de sites nucléaires existants et au fonctionnement des installations existantes, définissant la notion de proximité immédiate et portant diverses adaptations procédurales.

[2] Manifeste pour l’implantation de réacteurs EPR2 sur le site du Blayais, signé par un collectif d’élus du territoire et d’anciens cadres de la centrale du Blayais.

[3] Pour mémoire, ce même gouvernement avait d’emblée arrêté le RNR de Creys-Malville, I997, sans rappeler l’emblématique épisode de la centrale de Plogoff, projet stoppé dès l’élection de François Mitterrand, I98I, une promesse de campagne tenue, a contrario de celle concernant le moratoire sur le programme nucléaire. 

  Sur le Web

HAUTE-MARNE, BOURBONNE-LES-BAINS : MADAME LE PRÉFET S'EXCUSE D' AVOIR DIT NON À L' USINE ÉOLIENNE

Précédemment

  Grande première en Haute-Marne !  Madame le préfet fait publiquement, par voix de presse, ses plus plates excuses auprès de la municipalité, pour avoir pris un arrêté refusant le projet d'usine éolienne ! Cette décision n'est pas de son fait et ni de sa volonté, dont acte; responsable mais pas coupable !

jhmQuotidien 2023 I2 20
 
De quoi ce mea culpa est-il le nom ?
  À travers cet épisode, qui pourrait presque prêter à sourire, l'on peut deviner quelle sera la ligne directrice de Madame le préfet durant son séjour parmi nous : NE NOUS FÂCHONS ! PAS DE VAGUES ! Si tel est le cas, nous avons, nous, les défenseurs de la Biodiversité et du patrimoine haut-marnais, tout à redouter des futures décisions préfectorales concernant les usines éoliennes !
  À suivre...
 
php
 



HAUTE-MARNE, BOURBONNE-LES-BAINS : LA PRÉFECTURE MET UN STOP AU PROJET DE L' USINE ÉOLIENNE

 Précédemment
 
   BONNE NOUVELLE POUR LA POPULATION ET LA BIODIVERSITÉ ! 
  C'est d'autant plus une excellente nouvelle que, le sud-est haut-marnais et, plus particulièrement le territoire de la Communauté de communes des Savoir-Faire, subit, depuis une quinzaine d'années, les assauts répétés des affairistes du vent avec la collaboration de la Cc, de conseils municipaux et de privés ! Ainsi, autour de Fayl-Billot et ce, dans un rayon de I5 kilomètres à vol d'oiseau, englobant la partie frontalière de la Haute-Saône ouest, 43 éoliennes trônent sur le plateau ! Pour les années à venir, pas moins de 50 éoliennes sont en projet ! Soit un total d'environ... 90 ÉOLIENNES !*
 
*Au 20 décembre 2023...
 
  Ce refus préfectoral* est, pour les défenseurs de la Biodiversité et pour le bien-être de la population, comme une parenthèse enchantée, dotée d'une de grande joie !...  Aussi, profitons-en pleinement avant de repartir dans la lutte !
 
* Ne nous y trompons pas, Madame le préfet était dans l'obligation de refuser; en cause les couloirs aériens.
 
  " L'indignation est un commencement. Une manière de se lever et de se mettre en route. On s'indigne, on s'insurge, et puis on voit.
BENSAÏD Daniel

jhmQuotidien 2023I2 I8
 

 
php

L’ AGONIE D’ UNE ARMÉE, METZ – I870, JOURNAL DE GUERRE D’UN PORTE-ÉTENDARD DE L’ ARMÉE DU RHIN, ÉPISODE XVII

 Précédemment
 https://augustinmassin.blogspot.com/2023/12/l-agonie-d-une-armee-metz-i870-journal_11.html
 
  Dans la matinée, vers 8 heures du matin, le maréchal fut prévenu, chez M. Bouteiller, de l'approche de l'armée ennemie. Il ne s'en montra nullement ému; il était encore au lit et y resta a-t-on dit; cette indifférence peut provoquer l'incrédulité ! La bataille a commencé et s'est terminée sans qu'il soit venu sur le terrain pour prendre la direction des opérations, sans qu'il fit prendre une disposition quelconque à ses commandements de corpsclv
  Je ne voudrais pas me faire l’écho de mauvais bruits. Nous ne pouvions y croire, mais le lendemain ils furent si promptement accrédités que je les mentionne sous toutes réserves, parce ce que le fait serait d'une gravité exceptionnelle. On a dit : " que le maréchal avait si bien déjeuné que, malgré la canonnade qui commençait à se faire entendre, il avait été obligé de faire une sieste après le repasclvi. "
  Il semblait n'avoir pas conscience de la grande valeur des chefs de l'armée allemande, tout porte à le croire. Pourquoi donc s'exposer à cette bataille de Saint-Privat, puisqu'il avait livré les clefs de la position et qu'il était décidé à s'enfermer sous la protection de la forteresse; il fallait faire quelques kilomètres de plus et se mettre hors d'atteinte de l'ennemi. Cela lui était facile non seulement la veille, mais encore dans cette même matinée puisqu'on était resté sur place, et que le canon de l'ennemi ne nous surprit qu'à midi.
  Une deuxième victoire aurait certainement été remportée si le maréchal l' eût voulu, mais elle n'aurait pas modifier son plan. Alors, pourquoi faire couler ce sang précieux ?
  Les pertes de cette journée ont été supérieures à celles de Gravelotte, 36.000 hommes de part et d'autre ont été mis hors de combat. Le cimetière de Saint-Privat fut le tombeau de la garde royale prussienne écrasée par le brave maréchal Canrobert.
 


  Comment expliquer ces incohérences dont fut victime notre malheureuse armée ? La discipline si nécessaire et si souvent invoquée à juste titre, était impuissante à contenir l'indignation des officiers qui pressentaient l' inanité de tous nos efforts.
  À midi et quart l'ennemi ouvrit un feu d'enfer de toutes ses batteries, suivant son procédé ordinaireclvii d'intimidation qui fit sourire nos vieux soldats. Nous avons vu que le maréchal, ne supposant pas cette audace, n'avait pris aucune disposition. Il fut surpris par l'ennemi comme à Borny, comme à Gravelotte.
  Les corps d'armée, au bruit de cette masse d' artillerie, prirent les armes et se mirent en liaison entre eux, et, c'est bien le cas de le dire, " se débrouillèrent encore comme à Gravelotteclviii ". 
  Nos lignes s'étendaient depuis Roncourt, [Moselle, village situé au nord de Saint-Privat, voir carte ci-dessus; I3I habitants en I87I, I029 en 2020] Saint-Privat, Amanvillers jusqu'au Vallon de Châtel-Saint-Germain.
  La division de Forton se trouvait dans ce vallon resserré et le ravin de Rozerieulle, dans une position absolument inutilisable, ayant devant elle des coteaux plantés de vigne et des mamelons boisés impraticables pour la cavalerie. Nous restâmes en place, pied à terre, toute la journée, sans que notre divisionnaire provoquât un ordre de déplacement ou, de son initiative, cherchât un autre emplacement lui permettant de secourir nos frères d' armes.
  Vers 3 heures et demi du soir, la victoire se dessinait en faveur de nos armesclviv; l' ennemi était ébranlé et se retirait sur plusieurs points. C'eût été le moment propice pour lancer sur lui notre cavalerie ! Mais aucun ordre ne parvint; nous étions dans l'impossibilité de manœuvrer pour charger, et nous sommes resté ainsi jusqu'au soir.
  La cavalerie de la garde, qui était à notre droite, n'a pas été utilisée plus que nous. Le cas n'est pas tout à fait le même; nous étions division indépendante; tandis que la cavalerie de la garde appartenait à ce corps spécial, que le maréchal tenait éloigné de 4 kilomètres du champ de bataille.
  Dans la soiréeclx, le maréchal Canrobert soutint le choc de toute la garde royale prussienne qu'il écrasa. Il subit des pertes considérables, et envoya aides de camp sur aides de camp pour demander des secours à Bazaine toujours invisible. Ce dernier conserva près de lui la garde impériale inutilisée, bien qu'on le prévint que si ces secours parvenaient à temps on pourrait remporter un succès complet. C'était une négligence voulue comme celle du 6 août.
  Une batterie seule fut envoyéeclxi. Personne ne s'y trompa, c'était pour que l'on puisse dire que des renforts étaient parvenus au commandant du 6e corps. Canrobert épuisa ses munitions aux portes du plus grand arsenal de France ! Cependant notre chef avait donné pour prétexte de la retraite le besoin de se ravitailler en munitions. Le général Soleille en a été rendu responsable aux yeux de l' armée comme directeur de l' arsenal de Metz.
  Cette bataille a été perdue par la faute du général en chef nettement accusé par tout ce qui faisait autorité dans l'armée. Les troupes de l'adversaire, toutes engagées, étaient à bout de forces. À ce moment décisif, que l'on se représente les 30.000 hommes de la garde entrant en ligne, soutenus par cette brillante cavalerie qui se morfondait dans l'inaction ! 
  Ce fut au moment de la retraite une avalanche d' imprécations à l'adresse du maréchal, une amertume intraduisible, navrante, ressentie par toute l'armée, chefs et soldats ! On l'accusa sans réserve de trahison. Le fameux plan était percé à jour; ses conceptions donnaient lieu à de terribles récriminations. On alla jusqu'à dire que, mécontent de lui-même, regrettant de n'avoir pas dirigé cette bataille, le maréchal ne voulut point laissé à Canrobert la gloire de remporter un succès éclatant. Voilà la raison pour laquelle il ne lui envoya pas la garde en renfort.
  L' Empereur était encore tout-puissant alors. Et Bazaine aurait redouté qu'il conférât le titre de duc au maréchal Canrobert dans le cas d'une victoire. Ces suppositions étaient alors considérées comme vraisemblables; Bazaine prenait ombrage de tout et de tous; il n'était soucieux que de sa gloire et de sa fortune. L'armée était sa chose; il la dirigeait en maître absolu pour ses combinaisons occultes, connues de lui seul, impénétrables pour ses lieutenants qui lui obéissaient aveuglément en soldats disciplinés.
 
DE  CANROBERT,Certain, maréchal, I809-I895, enterrement : église Saint-Louis des Invalides, Paris; il était le dernier des maréchaux de Napoléon III encore en vie. " Terror belli, decus pacis ", " Terreur en temps de guerre, honneur en temps de paix ", devise gravée sur la tombe de son épouse à Jouy-en-Josas, 78.  Photo : BRICHAUT Albert. Musée Carnavalet, Histoire de Paris
 
La tombe de Madame le maréchal CANROBERT. © Inventaire général, ADAGP

  Le général Bourbaki, seul, eut souvent de vives altercations avec son chef; il sentit qu'il serait brisé par la volonté omnipotente du maréchal Bazaine, il se calma...
  Cette fois la bataille est bien perdue ! Les Prussiens restent convaincus que l'armée française n'est pas de taille à se mesurer avec eux. Leur orgueil justifié est immense, et leurs cris de victoire parviennent jusqu'à nous.
  Cette bataille de Saint-Privat pouvait être pour nous un triomphe si le maréchal l'eût voulu. Il déjeuna à I0 heures du matin, puis s'assoupit dans son fauteuil. 
  Lorsqu'on vint le prévenir que l'ennemi approchait, il ne voulut pas croire à une attaque sérieuse : " Nos positions sont inexpugnables, dit-il aux officiers qui l'entouraient, l'ennemi ne peut pas s'exposer à une défaite certaine. Cela ne peut être qu'une démonstration. "
  Confiant dans cette opinion, il se préoccupa peu de ce qui se passait et ne prit pas la direction du combat. Il ne fit qu'une courte apparition — a-t-on dit — vers notre aile gauche, constata que l'ennemi se retirait, sans lancer à sa poursuite cette masse de cavalerie inutilisée, qui se trouvait dans le vallon de Châtel et de Rozerieulle, sans s'inquiéter de sa droite.
  Le I7, notre division mit pied à terre près du moulin de Longeau, conserva cet emplacement désavantageux pour une action militaire, sans que notre général songeât à demander une place dans le dispositif de bataille. Du reste, aucun corps d'armée ne reçut des ordres du maréchal. L'action fut engagée par les chefs de corps. 
  De la place que nous occupions, on ne pouvait rien distinguer de l'action; nous n'entendions que le bruit infernal produit par les détonations de l' artillerie et le crépitement de la mousqueterie.
  Le général prince Murat se morfondait dans cette inaction. Il communiquait toute ses réflexions à son ami le colonel Friant, qui partageait son impatience mais n'osait se prononcer. Notre position était tellement défectueuse que l'on ne pouvait se porter en avant au travers de ces broussailles, de ces vignes, dans ces coteaux abrupts. Nous demandions si le général de Forton était atteint de cécité, pour ne pas provoquer l' ordre de gagner un autre emplacement.
  Le général Murat s'était porté sur la crête avec quelques officiers de dragons de sa brigade : il fit faire une rapide reconnaissance dont le résultat fut la découverte d'un passage assez accessible près du défilé de Gravelotte pour déboucher sur le plateau en rompant en colonnes de pelotons.
  Tout à coup on entendit au milieu des détonations des cris stridentsclxii; c'était une panique qui se produisait sur l'aile droite de l'armée allemande et qui se propagea jusqu'au centre. Le général Murat vint rapidement prévenir le général de Forton de ce qui se passait en avant de lui. Ce dernier se contenta de le remercier, lui disant : " qu'il venait d'être informé par le général Valabrègue, de la présence du maréchal à proximité; qu'il allait certainement recevoir des ordres. "
  Les ordres n'arrivèrent pas.
  Je ne peux passer ici sous silence une panique qui eut lieu vers 4 heures et demie du soir. Tous ces détails nous sont pénibles à retracer; je me suis engagé à noter tout ce qui paraissait sortir de l'ordinaire, il faut que la vérité soit connue. Bien que ces renseignements ne reposent pour la plupart sur aucune source officielle, ils ont reçu l'approbation de chefs distingués; j'expose les faits tels qu'ils se sont accomplis pendant ces journées si meurtrières pour l'armée.
  Une dizaine de misérables que nous avions vu abandonner le champ de bataille étaient au milieu des vignes, sur le versant, juste en face de nous. Ils furent surpris par le commandant Rollin, qui fonça sur eux, les mit en joue avec son revolver et leurs cria de s'arrêter. Ces mauvais soldats, si rares dans notre armée, perdirent la tête et tirent sur lui sans l'atteindre; une balle glissa sur sa cuirasse. Ils s'enfuirent. Ne pouvant les faire poursuivre au travers des vignes, le commandant voulut décharger son revolver sur eux; surpris de ne pas voir partir le coup, il s'aperçut qu'il avait placé son doigt en avant de la sous-garde au lieu de l'appuyer sur la détente. Tel fut son récit.
  Ces déserteurs reprirent leur course à travers les coteaux boisés, gagnèrent la route et le village de Moulins-lès-Metz, semant l'épouvante sur leur route et parmi les habitants, en criant : " Sauve qui peut ! " Ce groupe de fuyards s'augmenta de toute la cohue rencontrée sur son passage.
  Dans le vertige de leur bousculade, ils entrainèrent dans la direction de Metz tous les isolés qui se joignirent inconsciemment à eux. Les conducteurs des convois auxiliaires prirent peurclxiii, sautèrent sur leurs voitures, trouvèrent le moyen de faire prendre le galop à des chevaux de labour qui ne trottent jamais d'ordinaire. Ce fut un désordre effrayant, une débandade d'autant plus regrettable que tout le parcours était encombré de blessés, de cacolets, de voitures d'ambulances, etc., refluant sur Metz. Les chariots de ces conducteurs terrifiés heurtaient, renversaient et écrasaient nos infortunés compagnons d'armes.
  Tout se trouvait entrainé par ce tourbillon tumultueux qui grossissait en avançant. Enfin un calme relatif s'établit à l'entrée du village de Longeville. On put saisir les fauteurs de cette panique. Ce fut un soulagement pour l'armée, le lendemain d'apprendre leur arrestation. On fit courir à ce sujet des bruits regrettables; on affirmait que plusieurs régiments s'étaient débandés. L'enquête sérieusement conduite fit connaître les faits tels qu'ils se sont produits et que je les rapporte ici.

Ambulance, blessés et soldats au repos. Fragment du panorama de Rezonville. Sur le Web.

  Notre armée vaincue fut obligée de se replier sous Metz. Notre chef alla s'installer non loin de la ville au Ban-Saint-Martinclxiv,[le village tire son nom de l'abbaye Saint-Martin, dont la fondation, attribuée au roi d'Austrasie Sigebert III, remonte au VIIe siècle; le territoire de la commune correspond en grande partie aux terres de cette abbaye] et resta huit jours enfermé, ne se montrant qu'à son entourage, sans se préoccuper de ses troupes, ni de ses blessés si nombreux dans Metz et aux environs !
  Les officiers ne se consolèrent pas du départ de l' Empereur. Que devait-il penser de la direction donnée à l'armée par son lieutenant ? Le maréchal Lebœuf affirmait que, si le souverain avait pu supposer ne pas être suivi par l'armée, il ne se serait jamais séparé d'elle, ni de sa garde qu'il aimait tant ! Les commentaires de tous les chefs étaient hostiles au maréchal; ils se demandaient s'il avait conscience de la responsabilité pesant sur lui ? Ils se souvenaient de ce qui s'était passé au Mexique ! [Guerre du Mexique, I862-I867. "... l'Empereur des Français ne manquait pas de bonnes raisons pour élaborer et mettre en oeuvre un projet stratégique de grande ampleur qui passerait par l'établissement d'une sorte de protectorat sur ce grand pays d'Amérique centrale plongé, depuis un demi-siècle, dans une anarchie chronique. L'Empereur devait, malheureusement, aborder et traiter cette question avec la même légèreté que la plupart des grandes questions de politique étrangère de son temps. Il la condamnait, de ce fait, à n'aboutir,— comme les autres, — au mieux, qu'à un demi-succès, au pire, à un échec retentissant [...] I860 : initiative diplomatique commune des " puissances maritimes , Angleterre, France, Espagne, pour contraindre le Mexique à payer ses dettes; I7 juillet I86I : le président mexicain Benito Juarez fait voter une loi qui suspend tous les accords financiers conclus avec les Européens; septembre : Juan Manuel Hidalgo est officieusement chargé par Napoléon III d’entrer en discussion avec l’archiduc Maximilien d’Autriche; décembre I86I / janvier I862 : débarquement des contingents alliés à la Vera-Cruz; I0 juin I863 entrée dans Mexico; I0 juillet proclamation de l’empire du Mexique; Ier octobre : Achille Bazaine devient commandant en chef; I0 avril I864 : Maximilien accepte la couronne et ratifie la Convention de Miramar; février I866 : pression diplomatique américaine sur Napoléon III; 2I août : lettre de Napoléon III à Maximilien : « Il m’est désormais impossible de donner au Mexique un écu ou un homme de plus »; I9 février I867 : Maximilien s’enferme avec ce qui lui reste de troupes dans Queretaro; I5 mai : reddition, pré-négociée en secret, de Maximilien au général Escobedo; I3 juin : Ouverture, à Queretaro, du procès de Maximilien devant un tribunal militaire; I4 juin : condamnation à mort de Maximilien; I9 juin : Maximilien est fusillé aux côtés des généraux Miramon et Mejia. [...] "; sur le Web] ils commençaient à être sérieusement inquiet pour l'avenir.


  Dans une armée bien commandée, même après des revers, un chef conserve l'estime de ses troupes; la discipline est observée, comme cela eut lieu du reste à l' armée du Rhin. Cependant si le berger abandonne son troupeau ou le conduit à la gueule du loup, il doit s'attendre à de la résistance. Tous ces commentaires s'échangeaient entre officiers, de façon à ne pas ébranler le moral du soldat dont l'intelligence était en éveil; on voulait chercher à comprendre ce qui paraissait si mystérieusement contraire à la raison.
  Qu'un général en chef trouve le fardeau trop lourd, ne se sente pas à la hauteur de sa tâche, cela s'est vu. Il ferait œuvre patriotique en cédant son commandement; le maréchal Canrobert a agi ainsi en Crimée; [Guerre de Crimée, I853-I856; elle opposa l'Empire russe à une coalition formée de l'Empire ottoman, de l'Empire français, du Royaume-Uni et du royaume de Sardaigne. Elle fut déclarée pour stopper l'expansionnisme russe et la crainte de l'effondrement de l'Empire ottoman; elle s'achève par la défaite de la Russie, entérinée par le traité de Paris de I856;  aujourd'hui largement oubliée, elle fut néanmoins la première campagne du Second Empire et l’une des guerres les plus marquantes du XIXe siècle; durant le siège de Sébastopol succédant au général Armand Jacques Achille Leroy de Saint-Arnaud, I798, mort du choléra le 20 septembre I854, le général Canrobert démissionne le I6 mai I855; il est remplacé par le général Aimable Pélissier, I794-I864] il s'est honoré et a conservé l'estime de toute l'armée. Le maréchal Bazaine avait une très haute opinion de ses propres mérites, il ne consultait personne, pas même son chef d'état-major, agissait seul, se renfermant dans un mutisme absolu et une froideur calculéeclxv.
   Plus tard, quand il se sera compromis en s'engouffra dans cette impasse du camp retranché, ce sera l'inverse qui aura lieu; il n'osera rien entreprendre sans réunir ses chefs de corps en conseil de guerre pour les consulter, mais au fond il n'en fera qu'à son idéeclxvi.
  Nous voilà refoulés sous Metz; l'ennemi ne cache plus ses projets de nous y retenir le plus longtemps qu'il pourra, pour donner le temps à l'avalanche de Prussiens d'envahir le territoire, de vivre de réquisition en pays conquis et de faire pénétrer en France pour envelopper le camp français toutes les troupes d'investissement. 
  L'état-major allemand en nous cernant aussi rapidement, en mettant son plan à exécution après les derniers coups de canon, ne pouvait pressentir à cette date la fin tragique de notre armée. Son but, en faisant venir des troupes à jet continu, en barrant fortement les principaux points de passage, était de nous priver de secours et de se rapprocher de Mac-Mahon pour battre nos armées en détail; mais c'était tout ce qu'il espérait.
  La retraite de l'armée se fit en bon ordre; aucune poursuite n'était possible sous la protection des forts. Le cœur lourd de chagrin, nous chevauchions en pensant à la perte de cette bataille, et aux I3.000clxvii camarades tombés sans utilité pour la patrie.
  Le maréchal a été jugé depuis par ses pairs ? Il y a des détails inédits et ignorés que j'essaye de présenter dans ce journal, ils jetteront leur lumière sur les actes de notre chef. On se demandera dans quel but il procédait de la sorte ? Ce secret connu de lui seul se devinait en partie.
  Que répondre ? C'est mystérieux ! les chefs clairvoyants s'arrêtaient nettement à une pensée déjà relatée ici : si Bazaine ne redoutait plus le maréchalat [dignité de maréchal] pour Canrobert comme cela avait eu lieu pour Frossard, il craignait que l' Empereur ne l'élevât au " duché de Saint-Privat ". Le maréchal sentait l'affront retomber sur lui qui s'était complètement désintéressé de cette bataille. Peut-être pressentait-il un blâme de sa conduite injustifiable, et aussi sa disgrâce. C'était l"opinion la plus répandue parmi les généraux, qui ne trouvaient aucune justification pour des faits aussi extraordinaires, aussi étrangement contraires à la raison.
  Ils ajoutaient, en somme, que tout pouvait s'expliquer. La victoire, il n'en voulait pas plus à Saint-Privat qu'à Gravelotte. Son plan eût été bouleversé ? Il voulait s'isoler de l' Empereur, laisser battre Mac-Mahon; attendre avec son armée à l'abri de la forteresse les évènements qu'il avait supputés avec un pressentiment qui s'est en partie réalisé par la catastrophe de Sedan. S'il ne s'était pas laissé berner par le prince Frédéric-Charles, il aurait pu en retirer les conséquences qu'il espérait : devenir dictateur et plus, disait-on.

Photo : E. Appert.
 
  Le maréchal, en retardant sa marche pour mettre ses projets à exécution, voulait gagner du temps; mais il était loin de supposer que l'ennemi lui livrerait trois batailles aussi meurtrières, qui affaibliraient son armée de plus de 35.000 hommes et qui lui feraient perdre, aux yeux de ses soldats, l'estime et la considération indispensable à un général en chef.
  L'ennemi, sans se préoccuper de sa fatigue, ne perdit pas de temps. Toute la nuit il l'employa à l'investissement de la place.
  Que l'on compare cette activité à nos lenteurs !
  Notre armée se retire en bon ordre. À la sortie de Moulins-lès-Metz, la nuit approchait; la poussière soulevée par notre colonne de cavalerie attira de nouveau l'attention de l'ennemi, qui s'établit sur les collines séparant la Moselle de la route de Metz; de cette position il fit pleuvoir sur nous une grêle d'obus, heureusement mal dirigée et qui n'atteignirent que quelques hommes du régiment. La brigade Murat fut plus éprouvée. Le feu du Saint-Quentin fit taire cette batterie qui aurait pu faire beaucoup de mal à la division de Forton, seule visée.
  Puis des masses noires paraissaient à 2 ou 3 kilomètres sur notre flanc gauche. Il était urgent de s'informer si, à la faveur de la nuit qui approchait, l'ennemi ne se glisserait pas pour nous couper la retraite. Notre général fit arrêter la colonne et décida d'envoyer une patrouille reconnaître le terrain. " Faites-moi venir le sous-lieutenant de Clermont-Tonnerre. " [René Tillette de, I85I-I938] Celui n'arrivant pas, le général s'impatienta.
  Comme je me trouvais en tête avec le colonel, derrière le général de Forton, je priai le colonel de me proposer pour cette mission. Le général accepta. Au lieu d'une patrouille d'une dizaine d'hommes qu'il voulait envoyer, je lui demandai seulement deux cavaliers que je connaissais de mon ancien peloton. Notre général, toujours très bon et plein de sollicitude, me fit toute espèce de recommandations; de ne pas me laisser surprendre, etc... J'aurais dû me montrer reconnaissant pour ses conseils de prudence; j'avoue sincèrement que c'est le contraire qui eut lieu; je me rendis compte instinctivement que c'était sans doute ce sentiment qui avait guidé sa conduite le I5 à Mars-la-Tour et à Saint-Privat, la crainte de perdre quelques cavaliers ou des chevaux.

CLERMONT-TONNERRE René, sous-lieutenant . Photo Berthault d' Anger.
 
  Au moment de partir, l'adjudant Nitot, actuellement lieutenant-colonel au I4e dragons, fils de notre colonel, me cria : " Emmenez-moi, mon lieutenant ! " Sans demandez l'autorisation, je lui répondis : " Venez, Edgard. " Après un parcours de 2 kilomètres à une allure vive, nous nous échelonnâmes en nous dissimulant et prenant les précautions usités en semblable circonstance.
  En regardant derrière une haie, couché sur l'encolure de mon cheval, mon casque dans une main, je vis miroiter dans le lointain une coiffure que je reconnus être un casque de dragon français. Ce que nous avons ri avec ce brave Edgard ! Le cœur n'était cependant pas à la gaîté, mais nous pensions aux craintes de notre chef toujours timoré; après m'être approché, et pendant que je questionnais cette vedette, je vis venir à nous un groupe d'officiers; je reconnus le lieutenant-colonel de Cools, j'ai dit combien il avait été bon pour moi, même lorsqu'il fut parvenu au faîte de la hiérarchie. Il était accompagné par un colonel d'infanterie blessé à la figure et qui portait un bras en écharpe. Quand ce dernier apprit que nous appartenions à la division de Forton, il m'adressa la parole rudement : " Les voilà, ces foudres de guerre ! Les Forton, les Murat, où étaient-ils pendant la bataille ? Ils se sont cachés dans un ravin ! terrés comme des lapins au pied du Saint-Quentin, et patati et patata. Ah ! Forton nous prend pour l'ennemi, eh bien je vais vous retenir prisonniers, moi, pour lui f.... le tract ", etc. 
  Le colonel de Cools qui respectait beaucoup le général de Forton, et avait une profonde estime pour le général Murat, eut de la peine à faire taire le colonel qui se tourna, en colère, vers lui : " Comment ! vous soutenez ces gens-là, vous ? Vous oubliez donc ce qui s'est passé le I5, à Mars-la-Tour ? Si nous sommes ici, c'est la faute à Forton. " Cela commençait à devenir très pénible pour moi; mon escorte s'était tenue à l'écart. Je pris congé du colonel de Cools qui me reconduisit à une centaine de mètres, s'informant de mes égratignures, car il me voyait les mains entourées de bandelettes de toile.
  Ce colonel semblait ignorer que dans cette journée du I7, la division de la cavalerie de la garde se trouvait à côté de nous dans les mêmes conditions.
  Je me tus; j'aurai pu dire comme le gendarme de Nadau : " Colonel, vous avez raison. " [Gustave NADAU, I820-I893; poète et chansonnier; il est l'auteur, parole et musique, de la chanson Pandore, ou les Deux Gendarmes, I860, interdite par le régime] Mais pour le prince Murat, c'était injuste; toute la division a pu le voir faire la navette de sa place de colonel et autres généraux, ne comprenant rien à ce qui se passait. Il aurait désiré un ordre de déplacement. Or, comme on ignorait que le maréchal n'était pas à la tête de son armée, on attendait ses ordres. Nul chef n'osa prendre sur lui de se déplacerclxviii.
  En I873, quand je communiquai mes cahiers au colonel de Cools, il se mit à rire du récit que je faisais de cette entrevue; il me dit : " Aujourd'hui ce colonel est général : vous avez bien fait de ne pas donner son nom. " Je ne l'ai jamais su d'ailleurs, ne m'étant pas préoccupé davantage de cette amère sortie provoquée sans doute par notre défaite.
  Le général Murat ne méritait pas d'être traité ainsi. Nous l'avons vu, les narines pincées, frappant sa botte avec son fourreau de sabre. On devinait la colère sourde qui l'agitait. J'ai su plus tard, qu'il avait dit à notre colonel, que " s'il n'avait pas craint de passer pour déserter l'armée en quittant sa brigade en face de l'ennemi, il serait allé d'une seule traite retrouver l' Empereur à Verdun, pour le mettre au courant des menées ténébreuses du maréchal Bazaine ". Il n'aurait désiré que prouver à l' Empereur qu'on le trahissait et faire relever le maréchal de son commandement. Il s'était procuré des attestations dans ce but. Il regretta, après Sedan, de n'avoir pas mis son projet à exécution.
  À notre retour, le général de Forton parfaitement rassuré fit faire tête de colonne à gauche. On mit pied à terre, et la division s'installa au bivouac, à I kilomètres de Moulins-lès-Metz, pour y passer la nuit.
  Peu après, le bivouac devint silencieux; nous dormions tous d'un lourd sommeil. Vers I heure du matin, je fus réveillé par un planton qui m'apportait une lettre du prince Murat, où celui-ci me priait de venir le voir sur-le-champ. Que me voulait-il donc ? Il ne manquait pas d'officiers dans sa brigade. Je pensai qu'il avait peut-être une bonne nouvelle me concernant à me communiquer; j'eus de la peine à me réveiller, me trouvant si bien enveloppé dans mon grand manteau, sous le ciel étoilé.
  
  À suivre...  
 
clv. Bazaine semble avoir regardé la bataille de Saint-Privat comme une simple affaire défensive où il s'agissait de tenir bon sur des positions très fortes et de repousser sans plus les attaques éventuelles de l'ennemi.

clvi. Bazaine malgré sa robuste constitution était alourdi et vieilli. — À rapprocher de ce passage du colonel FIX, loc. cit., II, 36. " Le soir de Rezonville, il, Bazaine, était visiblement fatigué et porté à s'assoupir, de sorte qu'à la fin, le général Jarras murmura entre ses dents : " Il dort. "
 
clvii. Les Allemands profitaient de leur supériorité en artillerie pour masser leurs batteries et accabler dès le début l'adversaire sous un feu écrasant.
 
clviii. Le maréchal fut prévenu, dès 9 heures du matin, que l'ennemi continuait son mouvement enveloppant; mais telle était sa confiance dans les dispositions qu'il avait prises l' avant- veille et confirmées la veille qu'il ne bougea pas de son logement et qu'il répondait aux officiers qui venaient le prévenir qu'un combat effroyable s'engageait :" Vos chefs sauront se défendre. " Lieutenant-colonel FIX, loc. cit., 44.  
 
clviv. En ce moment vers 3 heures l'avantage était encore du côté de nos armes. Capitaine BONNET, Guerre franco-allemande, résumé et commentaire de l'ouvrage du grand état-major prussien, I47.
 
clx. L'attaque de Saint-Privat commence vers 5 heures, la garde royale est repoussée avec des pertes énormes, mais les Saxons vont occuper Roncourt. Saint-Privat est écrasé sous un terrible feu d' artillerie, un nouvel assaut est donné qui réussit vers 8 heures du soir.
 
clxi. " Il, Bazaine, n'a expédié à Canrobert que deux batteries de réserve et quelques caissons. " Alfred DUQUET, La Bataille de Saint-Privat, JOURNAL, 7 octobre I9I3.
 
clxii. De 6 à 7 h. 30 la Ire armée prussienne éprouve un terrible échec en essayant d'enlever les positions défendues par Frossard et Lebœuf : " À ce moment les troupes de Steinmetz avaient échoué dans toutes leurs tentatives contre le 2e corps et la gauche du 3e, elles avaient été repoussées, décimées, à tel point qu'une panique s'y produisit, qu'une sorte de déroute commença et que l'ordre fut envoyé en tout hâte de débarrasser les ponts de la Moselle et leurs abords pour permettre la retraite sur la rive droite. " Colonel d' ANDLAU, loc. cit., 93.
 
clxiii. C'est la panique qui se produisit dans le convoi du 6e corps et qui fut causée surtout par des conducteurs civils. Le général JARRAS parle de cet incident, loc. cit., I27, seulement l'heure diffère.
 
clxiv. Le I9, il, Bazaine, s'établissait au Ban-Saint-Martin dans la belle maison de campagne de M. Le Bouteiller; le bureau de l'état-major s'installait à quelque distance dans une maison plus modeste. Colonel FIX, loc. cit., II, 45-46.
  Au Ban-Saint-Martin Bazaine était installé dans la villa de M. Herbin. Voir LEHAUTCOURT, loc. cit., VII, note I.
 
clxv. " Dans cette triste affaire il m'est quelquefois répliqué : " Mais Bazaine n'a jamais été en chercher si long, incapable de commander un corps d'armée il laissait faire, n'osant donner un ordre, espérant que le généralissime Hasard viendrait le tirer d'affaire. " Beaucoup de ses partisans affirment pareillement qu'il ne croyait pas à ses connaissances stratégiques. En ce cas, il devait ne pas accepter un commandement; il aurait dû se contenter de se battre comme un brave colonel qu'il était. " Alfred DUQUET, La Question Bazaine. Ce qu'il faut penser d'une tentative de réhabilitation. La bataille de Forbach, JOURNAL, 4 octobre I9I3.  
 
clxvi. Au fond, ce qu'il cherchera dans ces réunions de conseil, ce sera un moyen de se couvrir et de justifier de son inaction.
 
clxvii. Le total général des pertes est de 6I9 officiers, I2.599 hommes de troupe. Lieutenant-colonel PICARD, loc. cit., II, 367.
 

   COMMANDANT FARINET, L'Agonie d'une Armée, Metz-I870, Journal de guerre d'un porte-étendard de l'Armée du Rhin, ancienne librairie Furne, Boivin & Cie, Éditeurs, I9I4, p. I76-I9I.
php
 


 

ALLEMAGNE, ENERGIEWENDE : HANSEL ET GRETEL* NE SE PERDRONT PLUS DANS LA FORÊT, DÉTRUITE... POUR LES ÉOLIENNES

 * "  Hansel et Gretel est un conte populaire figurant parmi ceux recueillis par les frères Grimm dans le premier volume des Contes de ...