SAINT-BRIEUC, USINE ÉOLIENNE DE MER : IL FAUT SAUVER WILLY ET TOUS SES AMIS

 " Entre l’idée
   Et la réalité
   Entre le mouvement
   Et l’acte
   Tombe l’Ombre
  Car Tien est le Royaume

  Entre la conception
  Et la création
  Entre l’émotion
  Et la réponse
  Tombe l’Ombre
  La vie est très longue

  Entre le désir
  Et le spasme
  Entre la puissance
  Et l’existence
  Entre l’essence
  Et la descente
  Tombe l’Ombre
  Car Tien est le Royaume

  Car Tien est
  La vie est
  Car Tien est

  C’est ainsi que finit le monde
  C’est ainsi que finit le monde
  C’est ainsi que finit le monde
  Pas sur un Boum, sur un murmure. "

T.S ELLIOT, I888-I965,  Les Hommes creux, The Hollow Men, extraits, I925.
 
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Les Soulèvements de la Mer


  Alors que s’ouvre le débat public de la CNDP [Commission nationale du débat public ] « La mer en débat », sur l’avenir de notre littoral, de la biodiversité marine et de l’éolien en mer, faisons un point sur un exemple problématique du développement de l'éolien offshore, éclairé d’une parole scientifique soulignant que la planification actuelle doit être revue afin d’éviter la destruction irrémédiable des habitats et de la faune marine.
  La cohérence et le respect de la continuité des aires écologiques requièrent l'arrêt impératif du projet d’usine éolienne en Baie de Saint Brieuc et le démantèlement des installations déjà en place. La Baie de Saint Brieuc, reconnue jusqu'alors comme étant en excellent état de conservation écologique est le territoire privilégié par de nombreuses espèces sauvages dont certaines sont caractérisées comme uniques, remarquables, menacées, en danger, protégées : voir la liste des espèces concernées plus bas.
  On ne peut concevoir qu'à proximité immédiate et au milieu de zones Natura 2000, du futur Parc National Régional, PNR, Vallée de la Rance Côte d’Émeraude, du plus gros gisement de coquilles St Jacques d'Europe et à seulement I6km des côtes, il existe des engins de destruction massive des écosystèmes qui contribuent pourtant à la richesse du territoire et de son patrimoine naturel, culturel, économique.
 
Cormoran huppé - Cap Fréhel © Antonin
 
  “ Tenant compte de la longévité élevée et du faible rythme de reproduction de certaines espèces d’oiseaux marins présentes localement, une augmentation de 5%, voire de I%, de leur mortalité serait incompatible avec leur survie.
  “ La compensation étant quasi impossible en milieu marin, sauf à proposer comme actuellement des mesurettes...
  “ On ne comprend pas pourquoi tous les parcs actuellement décidés l’ont été dans la zone des I2 miles de la côte, à une distance de I0 à 20 km de celles-ci. S’éloigner des côtes, notamment avec l’éolien flottant, est une nécessité...
  On ne peut pas prétendre lutter contre le dérèglement climatique tout en mettant en oeuvre une transition énergétique destructrice des milieux naturels et des écosystèmes qu’ils abritent. Ces écosystèmes et les nombreuses espèces qui s'y reproduisent, s'y reposent, s'y nourrissent sont en effet des puits de carbones naturels en plus de tous les bienfaits qu’ils nous offrent généreusement, comme par exemple les produits de la pêche.
  Les 62 éoliennes implantées en Baie de St Brieuc sont autant de pièges mortels pour ces espèces. La demande de dérogation au Code de l'Environnement déposée par le promoteur du projet, s'appuyant sur des études d'impact pourtant jugées lacunaires et non satisfaisantes par l'Autorité Environnementale acte l'impossibilité de garantir le maintien de l'état de conservation favorable de 3 espèces, le Guillemot de Troïl, le Pingouin torda, et le Grand Dauphin qui sont donc condamnées à disparaitre du site. Au final pour autoriser l'implantation de l'usine éolienne, il aura fallu déroger au Code de l'Environnement autorisant la destruction ou la perturbation de 59 espèces protégées dont certaines sont menacées d'extinction et de leur habitat, voir Préfecture des Côtes d'Armor - Autorisation IOTA Ailes Marines.

Guillemot de Troïl - Cap Fréhel © Antonin

  L'usine éolienne constitue une rupture fatale des couloirs migratoires, des aires de repos et de reproduction qui traversent la Baie de St Brieuc et ses différentes zones de protection. Elle est une menace existentielle pour toutes les espèces qui contribuent à la cohésion, à la diversité écologique et à l’équilibre de la Baie de St Brieuc.
  Outre les risques avérés de collisions avec les pales des éoliennes pour les oiseaux marins et les oiseaux migrateurs ainsi que pour les chiroptères, les nuisances sonores fatales pour les mammifères marins fréquentant habituellement le site ou bien les ondes électromagnétiques des câbles électriques sous-marins reliant l'usine éolienne au réseau électrique à terre, les éoliennes vont polluer la Baie de St Brieuc de façon insidieuse et continue pendant les 40 ans du bail accordé au promoteur du projet.
  En effet, chaque année, les fondations en métal des 62 éoliennes, protégées de la corrosion par des anodes sacrificielles, vont relarguer sur le site en mer, plus de 60 tonnes d'aluminium, zinc, plomb et autres métaux lourds, cadmium, gallium, indium…, avec des conséquences non maitrisées sur l'ensemble de la chaine trophique, voir l'avis délibéré de l’Autorité Environnementale sur le projet de parc éolien en mer au large de Saint-Brieuc et son raccordement : pages 22-23.
 
Aigrette garzette - Estuaire de l' Islet, Fréhel © Antonin
 
  En plus d’être cancérigènes sous différents composés chimiques chez les humains au delà de certaines concentrations et durées ou fréquences d'exposition, des études documentent la toxicité, les effets mutagènes, la létalité de ces métaux sur les espèces étudiées, parmi elles beaucoup sont consommées par les humains. Notamment : 
  • Diffusion dans l’environnement des structures offshore, accumulation dans les sédiments et les organismes, effets délétères pour le vivant : DEBORDE et al. 20I5, Caplat et al. 2020.
  • Bio-accumulation du Cadmium, persistance, toxicité voire létalité chez les algues, oursins, bivalves, mollusques, vers des sables, crabes, calamars, poissons… et plus particulièrement chez les organismes filtreurs : TAYLOR I983, VIARENGO et al. I993, AMIARD-TRIQUET et al. I998, CHIFFOLEAU et al. I999, WHO 1992.
  • Toxicité du Zinc à de faibles concentrations chez les oursins et certains poissons : ZYADAH & ABDEL-BAKY 2000, Caplat et al. 20I0.
  • Bio-accumulation de l’aluminium et du zinc, développement et croissance altérés, toxicité, létalité chez les ormeaux, oursins, moules, huitres : Caplat et al. 20I0, PINEAU et al. 2011, NIVELAIS 202I.
  • Développement et croissance altérés, létalité chez les diatomées : MASMOUDI et al. 20I3.
Diatom coscinodiscus © Jan van IJken filmmaker | photographer working on art and science 
 
  Depuis leur origine il y a 350 millions d’années, les diatomées contribuent au cycle du carbone de notre planète en participant de l'ordre de 30% à l’absorption du dioxyde de carbone naturel et anthropogénique et de l’ordre de 50 % de l’oxygène produit par la mer et de 25 % de l’oxygène sur Terre. Elles sont une composante essentielle du phytoplancton à la base de la chaine alimentaire de toutes les espèces marines et de la vie sur Terre. Accepter leur destruction au nom de la transition énergétique c'est-à-dire de l’atténuation des rejets anthropiques des gaz à effet de serre contribuant au dérèglement climatique est donc un NON-SENS ABSOLU.
  Exemple d'effondrement en cascade de la chaine trophique provoqué par les activités humaines : les pollutions des espaces côtiers y provoquent le déclin et la disparition des diatomées, l'alimentation principale de la telline,— un bivalve consommé dans l'alimentation humaine, — dont on observe des déformations de la coquille et l'effondrement des peuplements sur les littoraux bretons. Voir Le mystère de la disparition des tellines.
 
En baie de Douarnenez et d' Audierne, la pêche à la telline est sinistrée © Le Progrès de Cornouaille
 
  Comble d'un projet que les pouvoirs publics et le promoteur revendiquaient comme exemplaire, les travaux en mer ont déjà provoqué plusieurs épisodes de pollution
Tournepierre à collier - Fréhel © Antonin
 
   Comme en augure ce qui est pratiqué en Baie de St Brieuc et pour d’autres projets en cours, on peut s’attendre à ce que la multiplication des usines éoliennes sur les façades maritimes françaises, telle que voulue et annoncée par les exécutifs successifs au nom de la transition énergétique impacte considérablement des écosystèmes déjà fragilisés par la pression croissante des activités humaines et leurs conséquences, pollutions, fréquentation des sites, urbanisation, artificialisation des rivages, trafic maritime, surpêche…, dans un contexte global déjà marqué par le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la rupture des grands cycles naturels, l’acidification des océans, l’eutrophisation des milieux aquatiques, jusqu'à éventuellement enclencher des boucles de rétroactions qui accélèreront ces catastrophes. 
 
Fou de Bassan - Cap Fréhel © Antonin
 
  Dans la continuité de plusieurs années de détricotage du Droit, suppressions d'instances de recours, raccourcissement des délais permettant préalablement l'étude sur pièces des projets et les possibilités de recours, parodies de consultations publiques, dénis répétés de l'avis des habitants des territoires concernés appuyés par un éclairage scientifique pour le moins critique…, la raison impérative d'intérêt public majeur, — jamais vraiment démontrée autrement que par des raisonnements circulaires et des artifices rhétoriques qui relèvent du sophisme et dont on comprend que c'est le modèle d'affaire qui y prévaut, — permet désormais de déroger systématiquement au Code de l’Environnement, de contourner organisations et institutions qui ont pour mission de veiller au maintien en bon état écologique des habitats naturels et du vivant, de protéger les véritables bénéficiaires sous couvert du secret des affaires, d’imposer sans discussion préalable des projets dont les effets attendus sont en totale contradiction avec les objectifs affichés.
 
Goéland argenté - Cap Fréhel © Antonin
 
  Ces projets suscitent à juste titre l’incompréhension, l’inquiétude voire le rejet des acteurs les plus directement concernés que sont les riverains et les usagers des domaines maritimes concernés. D’autant plus que les promoteurs et les opérateurs de ces projets sont très généreusement subventionnés sur fonds publics et bénéficient non seulement d’une rente garantie sur plusieurs décennies grâce aux tarifs de rachat d’électricité négociés avec l’État dans la plus totale opacité, mais aussi de l’arsenal militaire de l’État pour leur protection. Étant le plus souvent composés de consortiums et de filiales de grand groupes industriels étrangers, les montages juridiques élaborés dont ils ont l’habitude leur permet non seulement de diluer leur responsabilité juridique en cas d’échec ou d’accident mais aussi d’échapper largement à l’impôt via leurs circuits bien rodés d’optimisation et d’évasion fiscale.
  Partout ou il est imposé, parfois de la façon la plus martiale, parfois avec le soutien d'élus locaux ignorant les véritables enjeux et obnubilés par les promesses de développement économique souvent exagérées et à court terme, le développement de l'éolien offshore est en réalité une aubaine pour quelques intérêts privés mais il ne répond ni à l'intérêt général ni à la défense du bien public. Petit à petit il aboutit de facto à une privatisation du domaine maritime et de ses ressources, à l'exclusion et à la spoliation de ses usagers légitimes qui en sont aussi naturellement les plus ardents défenseurs.
 
Pêcheurs à pieds - Fréhel © Antonin
 
Les oiseaux marins concernés par la dérogation espèces protégées en Baie de St Brieuc
  • Guillemot de Troïl, Uria aalge,
  • Macareux moine, Fratercula arctica,
  • Pingouin torda, Alca torda,
  • Fou de Bassan, Morus bassanus,
  • Fulmar boréal, Fulmarus glacialis,
  • Goéland argenté, Larus argentatus,
  • Goéland marin, Larus marinus,
  • Goéland brun, Larus fuscus,
  • Mouette pygmée, Larus minutus,
  • Mouette tridactyle, Rissa tridactyla,
  • Océanite tempête, Hydrobates pelagicus,
  • Plongeon arctique, Gavia arctica,
  • Plongeon imbrin, Gavia immer
  • Puffin des Anglais, Puffinus puffinus,
  • Puffin des Baléares, Puffinus mauretanicus,
  • Sterne caugek, Sterna sandvicensis,
  • Aigrette garzette, Egretta garzetta,
  • Bécasseau variable, Calidris alpina,
  • Bergeronnette des ruisseaux, Motacilla cinerea,
  • Bergeronnette grise, Motacilla alba,
  • Bernache cravant, Brenta bernicla,
  • Cormoran huppé, Phalacrocorax aristotelis,
  • Faucon crécerelle, Faclo tinnunculus,
  • Faucon pèlerin, Falco perigrinus,
  • Foulque macroule, Fulica atra,
  • Goéland cendré, Larus canus,
  • Grand cormoran, Phalacrocorax carbo,
  • Grand labbe,Stercorarius skua,
  • Grèbe huppé, Podiceps cristalus,
  • Grès jougris, Podiceps grisegena,
  • Guifette noire, Childonias niger,
  • Harle huppé, Mergus serrator,
  • Héron cendré, Ardea cinerea,
  • Hirondelle de fenêtre, Delichon urbica,
  • Hirondelle de rivage, Riparia riparia,
  • Hirondelle rustique, Hirundo rustica,
  • Labbe parasite, Stercorarius parasiticus,
  • Linotte mélodieuse, Carduelis cannabina,
  • Martinet noir, Apus apus,
  • Mouette mélanocéphale, Larus melanocephalus,
  • Mouette rieuse, Larus ridibundus,
  • Pinson des arbres, Fringilla coelebs,
  • Pipit farlouse, Anthus pratensis,
  • Plongeon catmarin, Gavia stellata,
  • Puffin fuligineux, Puffinus griseus,
  • Rouge-gorge familier, Erithacus rubecula,
  • Sterne pierregarin, Sterna hirundo,
  • Troglodyte mignon, Troglodytes troglodytes,
  • Grèbe à cou noir, Podiceps nigricollis,
  • Hibou des marais, Asio flammeus,
  • Rouge-queue noir, Phoenicurus achruros,
  • Sterne arctique, Sterna paradisaea,
  • Tadorne de Belon, Tadorna tadorna,
  • Tourne-pierre à collier, Arenaria interpres.
  Les mammifères marins concernés par la dérogation espèces protégées en Baie de St Brieuc :
  • Marsouin commun, Phocoena phocoena,
  • Grand dauphin, Tursiops truncatus,
  • Dauphin de Risso, Grampus griseus,
  • Dauphin commun, Delphinus delphis,
  • Phoque gris, Halichoerus grypus.

 

© Antonin
 


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