Les Pays-Bas, souvent associés à leurs emblématiques moulins à vent et à une réputation de pays respectueux de l’environnement avec ses canaux pittoresques et ses villes sillonnées de vélos, figurent pourtant parmi les derniers en Europe en ce qui concerne la part d’énergies renouvelables consommées, qu’elles soient produites localement ou importées. Le gaz naturel, le pétrole et même le charbon (1) demeurent aujourd’hui les principales sources d’énergie dans le pays. Ils sont le deuxième plus gros importateur d’énergie derrière l’Allemagne et le sixième à l’échelle mondiale (2).

Source : Rapport entre l’énergie exportée et importée depuis et vers les Pays-Bas — AIE, 2023.
Pourtant, les Pays-Bas ont connu ses dernières années un développement accéléré des ENR, notamment éolien et solaire (3). Sauf que, sans investissements massifs dans le réseau, le stockage, la flexibilité, ni un pilotage fin de la demande, ce dernier a révélé la vulnérabilité du système électrique national. En ça, les Pays-Bas représentent un cas d’école
de la désynchronisation entre ambitions climatiques et réalités
physiques du système énergétique.
Les Pays-Bas font face à une crise aiguë de leur réseau électrique.
(1). Pétrole — 41%; gaz naturel — 36%; bio combustibles — 7%; charbon — 6%. À titre de comparaison , la France c'est : Nucléaire 70%; pétrole — 29%; gaz naturel — 12%. Lien. https://www.iea.org/countries/france/energy-mix
(2). « Depuis 1990, les émissions de CO2 pour la production d'1 kWh d'électricité ont baissé de 50 % dans l'Union européenne, pour s'établir à 275 g CO2/kWh
en 2022. Même si cette tendance se retrouve dans presque tous les pays
de l'UE, les niveaux d'émissions sont très variables entre eux. Les
émissions sont élevées dans les pays où la filière charbon est encore
importante, comme l'Allemagne (399 g CO2/kWh) ou, encore plus, la Pologne (722 g CO2/kWh).
À l'inverse, elles sont plus faibles dans les pays ayant développé les
énergies nucléaire et/ou renouvelables, comme la France (principalement
du nucléaire, 73 g CO2/kWh) ou la Suède (principalement des énergies renouvelables, 32 g CO2/kWh). » Source.
(3). D'après Eurostat, en 2023, 17 % de l’énergie consommée aux Pays-Bas provenait de sources renouvelables. À tire de comparaison la moyenne de l’Union européenne atteint 24,5 %. La France est à 22 %, tandis que la Suède se démarquait largement avec 66 %.
Un réseau saturé et sous-dimensionné
- 11 900 entreprises et foyers attendent d’être raccordés au réseau. En cause, le réseau — lignes et sous-stations, n’a pas été adapté au rythme du développement décentralisé des EnR.
- Le pays a fermé son principal champ gazier — Groningen, 2023, suite à d'importants tremblements de terre dans la région, alors que le gaz servait historiquement de régulateur flexible du système électrique.
- Le gouvernement prévoit 200 Mds € d’investissements dans le développement du réseau pour tenir compte de la transition, soit environ 10 % du PIB néerlandais.
Conséquences immédiates pour financer ces investissements
- Une augmentation prévue des tarifs de l’électricité supérieure à l'inflation, de 4,3 à 4,7%, par an, d'ici 2035, soit +50 à +60 % sur 10 ans et ce, dans un pays où les prix de gros de l’électricité sont parmi les plus élevés d’Europe, au niveau de l’Allemagne. Voir ci-devant.
- Pour réussir ce tour de force, il faut recruter autour de 28 000 techniciens qualifiés, pour déployer les infrastructures nécessaires — 100 stations + 4 000 sous-stations (4).
- La décision a été prise de proposer des abonnements « auto-rationnés » aux particuliers et même aux gros clients. Le deal ? : ILS SE RATIONNENT VOLONTAIREMENT en heure de pointe, moyennement une réduction du prix de leur abonnement.
(4). Ce sont des postes qui convertissent le courant de très haute tension en moyenne puis en basse tension, afin de l’injecter dans les réseaux régionaux et locaux.
(5). Centraal Planbureau, Bureau central de planification. Organisme gouvernemental néerlandais indépendant qui analyse les politiques économiques. Il est notamment chargé de : faire des prévisions économiques — croissance, inflation, emploi, évaluer les conséquences budgétaires et économiques des programmes des partis politiques, conseiller le gouvernement sur les politiques publiques. C’est un acteur clé dans la planification et l’évaluation des politiques économiques aux Pays-Bas.
Lire sur le même sujet : Pays-Bas : Situation économique et financière
Conclusions
Comme dans bien d’autres pays, les Pays-Bas disposaient d’un réseau électrique fiable et performant. Pourtant, au nom d’une idéologie dogmatique écologiste, minoritaire dans les urnes, ce système éprouvé a été progressivement démantelé pour faire place à des technologies dites « vertes », souvent inefficaces, coûteuses, et mises en œuvre sans réelle considération pour leur faisabilité technique ou leur viabilité économique. Le résultat ? Ce sont, une fois de plus, les citoyens et les entreprises qui en supportent les conséquences :
- Financement des écornifleurs de la filière, via les politiques gouvernementales
- Utilisation de l’électricité désormais encadrée : alors qu’avant l’offre suivait la demande, c’est maintenant la demande qui doit s’ajuster à une offre plus limitée. Un vrai changement de logique
- Paiement de factures aux montants toujours en hausse, malgré une consommation en baisse
- Vivre sous la menace d'un blackout !
Aux jours qui viennent !...
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