Rapport de l' ADEME, électricité : Français, dit-nous tes besoins, l'agence va t'expliquer comment t'en passer!

  Pour sauver le climat et les Français, le slogan de l' ADEME est : la sobriété pour tous et par tous et..., s'il le faut, par la contrainte pour les hérétiques!*
  En devenir, un " passe énergie" ou, le retour du " certificat de civisme " 1789, version énergie? 
Va savoir, Charles.
* Est-il nécessaire ici, de rappeler que ce rapport est payé en grande partie, 80%, par l'argent du contribuable?
***

Rapport ADEME « Transition(s) 2050 » : un grand pas vers la décadence (Tribune)

Serge Gil
2022 01 04


  Éclairage signé Serge Gil, ingénieur hydraulicien et ancien chef de services techniques et de sécurité au Commissariat à l’Energie Atomique (CEA).
  Dans son communiqué de presse du 30 novembre, l’ ADEME présente son rapport de 687 pages, « Transition(s) 2050 », heureusement condensé dans deux autres documents, une présentation synthétique et un « résumé exécutif  » .
  Le rapport dévoile quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Toutes énergies confondues.

 

 
  Le contenu, sur le fond comme sur la forme, est assez surprenant. Sur le fond, il faut arrêter de vivre comme aujourd’hui : de vivre tout court ?. Sur la forme, la complexité des termes, l’ambiguïté des expressions dépasse largement l’entendement du vulgum pecus, dont ego. Amphigouri [1] ou galimatias ?
  L’ ADEME[2] est un organisme créé sous le deuxième mandat de François Mitterrand, rattaché au Ministère de la Transition Écologique, Mme Pompili, qui a pour mission d’accélérer la transition vers une société plus sobre et solidaire, créatrice d’emplois, plus humaine et harmonieuse. Vaste programme. Elle regroupe plus de 1000 collaborateurs, avec un budget global, source Sénat, de l’ordre de 760 millions d’euros dont près de 50% consacrés au chapitre « Chaleur renouvelable » : ?.  L’origine des ressources est pour 80% en subventions d’État, 4% en aides essentiellement européennes et 16% diverses.
  Organisme assez méconnu, il est censé conseiller, établir ?, la politique de la France en matière énergétique. Présentée souvent comme composée de « soixante-huitards » à sa création avec Ségolène Royal, l’ ADEME a gardé intacte sa teinture anti-nucléaire de base. Simple rappel pour situer le contexte.

Les quatre scénarios
  Le rapport est une étude sur notre mode de vie et pas sur l’énergie. Il faut arriver au 9ème des « 9 messages clés » pour y lire que l’électricité est le principal vecteur énergétique. Après, on ne parle plus d’énergie.
  À des degrés divers, tous les scénarios présentent des modifications plus ou moins radicales de nos moindres comportements dans l’usage de l’énergie depuis notre habitat jusqu’à notre nourriture en passant par nos loisirs et nos déplacements. Nous citerons littéralement, en italique, pour ne pas trahir la pensée des rédacteurs et être accusés de faux.

1er scénario : génération frugale
  Dès la première phrase, on situe le cadre : La transition est conduite principalement grâce à la frugalité par la contrainte et par la sobriété. Outre le pléonasme entre frugalité et sobriété, on est déjà dans la contrainte. Par la contrainte, on va nous obliger à vivre chichement. Et le texte précise : mot à mot :

  • Limitation de la construction, réduction drastique du nombre de constructions neuves,
  • Transformation de logements vacants et résidences secondaires en résidences principales,
  • Réduction de 30% de la surface moyenne des maisons individuelles neuves,
  • Division par 3 de la consommation d’électricité, électroménager, électronique, éclairage…,
  • Modification d’ampleur des modes de vie,
  • Fort retrait de la voiture et de l’avion,
  • Profonde transformation des habitudes alimentaires, division par 3 de la consommation de viande,
  • Une division par deux de la demande énergétique globale.

  Inventaire à la Prévert, conclu par un « hymne à la joie » : La nature est sanctuarisée, comme un tout auquel l’humanité appartient. Je cite.
  Et en conclusion, une magnifique opération pour la réduction du CO2 français, de 401 MtCO2eq[3] en 2015 à -42 MtCO2eq en 2050. Ce qui pourrait laisser croire qu’on rejettera du CO2 négatif ; en fait on absorberait en puits de carbone, ?, des émissions étrangères. Nos 400 Mt économisées représentent 0,6 % des 60 Gt des émissions mondiales. Six millièmes. Et quel impact sur le climat si nous sommes seuls ?

2ème scénario : coopérations territoriales
  Déjà le titre interroge. Que viennent faire les territoires dans un contexte de politique nationale ?
  Il s’agirait d’une gouvernance partagée avec les organisations non gouvernementales, institutions publiques, secteur privé et société civile pour transformer la société. Tout le monde en action.
  Préconisations qui vont plus loin encore que dans le premier scénario en ajoutant :

  • Densification en hauteur de la ville, de manière maîtrisée ; ou le plaisir d’habiter en immeubles tours ;
  • Le partage des bâtiments, de pièces de vie ou d’équipements se généralise ; partage avec qui ?
  • Et une série de mesures chiffrées au pourcent près, dont on se demande l’origine des valeurs annoncées. Probablement la technique du « logiciel inversé »: on entre le résultat souhaité et le logiciel fournit les données de base. Par exemple :
  • 79 % des logements existants en 2015 rénovés à un niveau BBC : basse consommation ;
  • accélération de la transition alimentaire : plus sobre, plus végétale, -50% de la consommation de viande ; on en était à -66% dans le scénario précédent ;
  • moins 17 % de km parcourus par personne, aérien international compris, … mais vélo illimité ;
  • réductions des consommations énergétiques, -47 %, et des émissions de GES, -84 %, dans l’industrie ; par quels miracles ? On va faire du ciment propre.

  Suivent deux remèdes, à mettre au point, de capture du CO2  : prié de bien vouloir se laisser attraper :

  • Stockage de carbone dans les sols via des pratiques agricoles favorables. Cultiver quoi ?
  • Captage et stockage de CO2sont déployés sur quelques procédés aux émissions incompressibles.

  Le rôle des « territoires, ONG, institutions publiques, secteur privé et société civile » n’est pratiquement pas évoqué sinon dans des expressions ambigües du type : des chaînes de valeur réindustrialisées et spécialisées par région …
  Moyennant toutes ces prescriptions, nos émissions de CO2 en 2050 seraient encore négatives à -28 Mt.

3ème scénario : technologies vertes
  Avant-goût du quatrième scénario, c’est déjà le pari technologique, plutôt que les changements de comportements vers plus de sobriété des scénarios précédents. Comme chez RTE, Futurs énergétiques 2050, pari sur l’avenir. On joue l’avenir de nos enfants à la roulette...du gaz russe.
  On évoque d’abord l’impact des technologies et du numérique, qui permettent l’efficacité énergétique ou matière… dans tous les secteurs, sur nos défis environnementaux avant de revenir au(x) bâtiment(s) :

  • Rénovation massive et déconstruction-reconstruction : nouveau cycle de déconstruction/reconstruction haussmannien (sic) de logements neufs et performants générant une consommation massive de ressources naturelles. On peut supposer la phrase mal bâtie, la consommation massive s’appliquant ici aux logements neufs !
  • Développement de l’offre de matériaux et de systèmes constructifs moins carbonés. Bien mais lesquels et à quel prix ?
  • Le recours à l’hydrogène … pour tous les usages avec un recours massif aux importations. Encore la « danseuse » des écolos pour le stockage des énergies dites renouvelables. Rendement 25 % et gaz dangereux. Quant au recours aux importations ! D’où et à quel prix ?

  Dans ce scénario, on passerait de 401 MtCO2eq[4] en 2015 à -9 MtCO2eq en 2050.

4ème scénario : pari réparateur

  • La société place sa confiance dans la capacité à gérer voire à réparer les systèmes sociaux et écologiques avec plus de ressources matérielles et financières pour conserver un monde vivable. Cet appui exclusif sur les technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas matures. Merci de l’aveu.

  Suit une série de mesures, ou plutôt de prévisions, basées sur l’apparition, miraculeuse ?, de nouvelles technologies. Prions pour que ces apparitions se concrétisent.
  Et à nouveau, rôle important des importations, dans un monde globalisé … Le gaz ? Merci les autres !
  Dans ce scénario du pari réparateur, bricolage ?, on passerait de 401 MtCO2eq en 2015 à 1 MtCO2eq
en 2050. Désespoir, il reste 1 Mt de CO2.

De l’ascétisme au paupérisme
  Les deux premiers scénarios sont une succession de contraintes dont on se demande si les auteurs ont d’une part bien estimé la portée et d’autre part envisagé la mise en œuvre. Abandonner les villas et vivre dans des tours. Pour les maisons qui resteraient, en réduire la surface de 30%, par exemple coucher tous dans la même chambre ? Regarder tous en famille la même émission de télé voire accueillir dans ma maison une autre famille : partager les pièces de vie. On a vu ça sous quelques régimes autoritaires dont les auteurs du rapport doivent être des nostalgiques. Céder ma résidence secondaire, si j’en avais une, relève plus du délire que d’un programme électoral d’un candidat à la présidentielle.
  Les scénarios 3 et 4 ne sont guère plus réjouissants et surtout, crédibles. Dès les premières pages du rapport, le 2ème des 9 messages clés s’intitule : Atteindre la neutralité repose sur des paris forts.
  Quel politique sensé, il doit bien y en avoir, se permettrait de faire des paris sur l’avenir avec des technologies, transport, hydrogène, stockage d’électricité, capture du CO2, …, qui pour la plupart sont loin d’être au point et du « numérique », mot magique, dont on attend, longtemps ?, beaucoup et bien trop.
  Le texte se gargarise de formules, généralement creuses. Florilège :

  • Il faut trouver un consensus social et modifier les imaginaires ;
  • Les meilleures technologies sont déployées largement et accessibles de manière généralisée aux populations solvables. Et celles qui ne sont pas « solvables » ?
  • La consommation de biens devient mesurée et responsable, le partage se généralise.

  Avec un appel au protectionnisme : une production industrielle contractée et un marché réorienté sur le « made in France ». Paradoxal avec une autre préconisation : rôle important des importations, dans un monde globalisé : scénario 4.
  Et surtout, une nuance de taille dans le scénario 4 : cet appui exclusif sur les technologies est un pari dans la mesure où certaines d’entre elles ne sont pas matures. Est-il sérieux d’établir une politique énergétique sur des paris qui, de plus, ont de fortes chances d’échouer ? On oublie que le niveau de vie d’un pays est lié à sa capacité énergétique. En la réduisant on crée tout simplement la pauvreté.
Généralisée.

Le cinquième scénario
  Totalement omis et pourtant le plus simple et crédible, partant du constat que notre énergie est notre niveau de vie. À savoir : la poursuite de l’amélioration de nos conditions de vie, avec un effort pour les plus pauvres, en adaptant notre production d’énergie électrique à nos besoins. Parfaitement faisable avec une technologie maîtrisée, pratiquement renouvelable, la plus propre, la moins dangereuse rapportée aux puissances fournies, pilotable, la moins chère et, de plus, « made in France ». Périphrase pour ne pas dire nucléaire, proscrit du vocabulaire de l’ ADEME. Son rapport, près de 700 pages, qui le lira ?, a demandé deux ans de travail et impliqué quelques centaines de collaborateurs. Le 5ème scénario tient en 10 lignes. La suite annoncée est une œuvre sur l’électricité, base énergétique indiscutable. On peut craindre le pire.
  On imagine qu’un organisme comme l’ ADEME est un conseil technique pour les plus hauts décideurs. Il m’est arrivé, à un échelon bien plus modeste, d’avoir ce rôle, six ans durant, auprès d’un maire énarque, mais conscient de sa faiblesse, euphémisme, dans certains domaines.
  Pour lui, un rapport ne doit comporter que des préconisations socialement, techniquement et financièrement réalisables, deux au plus, il peut choisir !, mais simplement distincts par l’épaisseur d’un papier à cigarette. Je cite. Il sait qu’il ne sait pas. Les scénarios de l’ ADEME, comme ceux de RTE d’ailleurs, sont loin de respecter ces critères. Et, pas plus le credo du partage de l’ ADEME que le 100 % renouvelables de RTE, ne sont crédibles pour une mise en œuvre par un politique. Fort heureusement.

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1. Arnaud Leroy, PDG de l’ ADEME, ex-militant « vert », juriste de formation spécialisé en droit maritime, écrit dans sa présentation : Il est dans les gènes de l’ ADEME d’éclairer les décisions de la société en préparant l’avenir pour mieux le dessiner. Éclairage, bien sûr à la bougie. Il faut souhaiter bon courage aux décideurs.

[1] Langage ou écrit obscur, embrouillé, peu intelligible.
[2] ADEME Agence de la Transition écologique, ex Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.
[3] Millions de tonnes d’équivalent CO2
[4] MtCO2eq = Millions de tonnes d’équivalent CO2 – Gt = Gigatonnes ou Milliard de tonnes …

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