Le pétrole et le gaz sont les principaux problèmes de l’alimentation énergétique française. L’efficacité énergétique est primordiale, les renouvelables peuvent être utiles, mais ces leviers ne suffiront pas.
Un report d’une partie des consommations de pétrole et gaz sur l’électricité est éminemment souhaitable. Pour cela le nucléaire est la source d’énergie la plus à même de permettre à la France de tenir ses engagements sans entrer en récession.
En France, la 1ère source d’énergie est le pétrole (44 % de l’énergie finale), la 2ème le gaz (20 %). Ces énergies génèrent des émissions de gaz à effet de serre, mais également des polluants atmosphériques.
D’après « Santé Publique France », la pollution atmosphérique, largement liée à ces énergies, provoque chaque année environ 48 000 décès en France !
D’autre part ces énergies fossiles viendront forcément à manquer. Elles sont importées et rendent la France stratégiquement très dépendante. Les consommations mondiales étant croissantes, il faut chaque année extraire plus que l’année d’avant d’un stock fini.
Nombreux sont les experts qui pensent que l’actuelle manne permise par le pétrole de schiste ne durera pas. Certains économistes établissent une relation claire entre la crise de 2008 et le manque de pétrole.
Anticiper un nouveau choc pétrolier
Le prochain choc pétrolier peut se produire demain ! Souvenons-nous combien les chocs de 1974 et 1979 ont cassé la croissance et entraîné chômage et précarité. L’activité économique est très dépendante de l’énergie, une baisse de consommation importante et brutale pourrait avoir des conséquences sociales gigantesques.
Il est donc fondamental de réduire notre dépendance aux énergies fossiles, en particulier au pétrole.
L’électricité représente moins du quart de la consommation d’énergie en France. Le système électrique français fonctionne très bien : les coupures sont rarissimes, les tarifs sont sous la moyenne européenne, et notre électricité pollue très peu.
Alors que la 1ère source d’énergie au monde pour la production d’électricité est le charbon, la France en utilise très peu (1 % de la production d’électricité) grâce au nucléaire (72 %) et à l’hydraulique (12 %). C’est grâce à ce mix que la France est le pays du G7 qui émet le moins de CO2 par personne !
Il est donc totalement illogique qu’en France, la transition énergétique consiste largement à tenter de s’attaquer à cette production en remplaçant les centrales nucléaires par des éoliennes et des panneaux photovoltaïques.
Le Risque 0 n’existe pas
Certes le nucléaire comporte des inconvénients mais aucune source d’énergie n’est propre. Toutes les énergies, mêmes renouvelables, ont un impact environnemental. Les études d’Analyses de cycle de vie montrent que le nucléaire émet autant de gaz à effet de serre que l’éolien et quatre fois moins que le photovoltaïque.
Les émissions d’oxydes d’azote et de souffre sont plus faibles pour le nucléaire que pour l’éolien. Certaines études scientifiques concluent même que, en rapportant à l’énergie produite, le nucléaire est l’énergie générant le moins de morts par accident, pollution ou maladie grave.
Bien sûr le risque d’accident existe mais n’oublions pas que les réacteurs français sont de conception différente des réacteurs de Tchernobyl et Fukushima, que c’est le tsunami et non la centrale nucléaire qui a entraîné des milliers de morts et de déplacés au Japon en 2011 (la catastrophe nucléaire de Fukushima n’a fait que quelques dizaines de morts), et que l’Autorité de Sûreté du Nucléaire française est extrêmement exigeante.
Bien sûr le problème des déchets nucléaires existe, mais il est beaucoup moins important et urgent que le problème des déchets des énergies fossiles disséminés chaque jour dans l’atmosphère.
De plus le centre d’enfouissement de Bure semble être une excellente réponse à ce problème. Bien sûr l’uranium n’est pas disponible sur le sol français et pourra manquer un jour. Mais il représente une très faible part du coût de l’électricité nucléaire, les réserves sont estimées à une centaine d’années, et d’autres technologies (génération 4) peuvent nous assurer des milliers d’années de réserve.
Quinze réacteurs ont été entièrement démantelés dans le monde, celui de Chooz se termine. La Cour des comptes s’est largement penchée sur les provisions pour le démantèlement, ses conclusions sont rassurantes.
Le tout renouvelable, la solution ?
Une société alimentée uniquement avec des énergies renouvelables, sans fossiles ni nucléaire, serait sans doute préférable. Mais aucun scénario de transition énergétique français ne conclut que ce soit possible sans une réduction drastique de consommation (au moins 50 % selon NegaWatt et Greenpeace).
Dans ses scénarios « Visions Énergétiques », l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie préconise une baisse de 45 % de la consommation d’énergie sans pour autant sortir du nucléaire et des énergies fossiles.
De telles baisses de consommation d’énergie sont incompatibles avec la croissance économique, la hausse du pouvoir d’achat tant réclamée, et le maintien du niveau de vie en croissance démographique. En effet, jusqu’ici, la croissance économique n’a jamais été conjuguée durablement à une baisse de la consommation d’énergie.
Certes, l’Ademe a publié une étude 100 % renouvelable mais qui ne concerne que l’électricité (moins du quart de nos consommations), et repose sur des hypothèses très optimistes, en particulier de maîtrise de consommation et de techniques de stockage, largement critiquées par l’Académie des technologies.
Les énergies renouvelables sont intéressantes lorsqu’elles permettent de la production de chaleur directe et/ou un stockage (solaire thermique, biogaz, bois, géothermie).
Pour la production d’électricité, il faut distinguer les moyens pilotables (comme l’hydroélectricité) des moyens dont la production dépend du vent ou du soleil. Comme le stockage de l’électricité est très complexe, comme on a aussi besoin d’électricité les soirs sans vent, les éoliennes et les panneaux photovoltaïques ne remplacent actuellement pas les moyens pilotables mais s’y ajoutent.
En Allemagne, leur développement a entraîné un quasi doublement de la puissance installée.
Certes, les éoliennes allemandes permettent de moins faire fonctionner les centrales pilotables au gaz/charbon mais pas de les fermer. En France, le développement éolien et photovoltaïque ne contribue que très peu à la réduction des polluants atmosphériques, et ne permettra pas ou peu de fermer des réacteurs nucléaires.
D’ailleurs, RTE a simulé les scénarios visant à diminuer la part du nucléaire à 50 % en 2035 [9] en fermant des réacteurs nucléaires pour les remplacer par des énergies renouvelables ; il en ressort que, malgré d’énormes investissements et une grande maîtrise des consommations, « le système électrique français n’est plus en situation de « passer » une vague de froid comme celle de février 2012 sans appel aux leviers exceptionnels voire au délestage. ».
Un moyen et non un objectif
Il ne faut donc pas se tromper d’objectif : les énergies renouvelables doivent être un moyen de moins polluer et de moins dépendre des fossiles, et non un objectif.
Les ennemis sont le pétrole et le gaz. Pour s’en passer le plus possible nous aurons besoin du nucléaire et des renouvelables, mais le développement de celles-ci doit se faire de manière réfléchie.
Le développement du solaire thermique, des pompes à chaleur, de la géothermie ou du biogaz est aujourd’hui plus pertinent que celui des éoliennes et panneaux photovoltaïques. L’efficacité énergétique doit être la priorité, en particulier l’isolation des bâtiments, 1er poste de consommation d’énergie en France.
En plus du bâtiment, l’autre grand chantier est celui des transports. L’électricité peut remplacer une large partie du pétrole et du gaz consommés par les transports et l’industrie : véhicules électriques, transports en commun et de marchandises électriques, pompes à chaleur électriques sont des technologies permettant ce transfert.
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