Dans une tribune au Parisien-Aujourd’hui en France, Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles, estime que les centrales à charbon, en Allemagne, émettent une quantité importante de CO2, responsable du réchauffement climatique.
Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles. LP/Illustrations/Elene Usdin
Bernard Durand, géochimiste des combustibles fossiles, ex-directeur de la division Géologie-Géochimie de l' Ifpen et de l' Ens de géologie.
Notre jeunesse s'inquiète de son avenir et de l'évolution du climat. Pour limiter l'accroissement de température de la surface terrestre à des valeurs encore supportables, il faudrait, constate le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), diminuer rapidement nos émissions de gaz carbonique (CO2).
Pourtant l'Allemagne, le pays dont les centrales électriques émettent le plus de CO2 en Europe, ne veut fermer qu'en 2038 les plus émettrices d'entre elles, ses centrales à charbon.
Rappelons les faits : d'après l'Agence européenne de l'environnement, de 1990 à 2016, les émissions de l'Allemagne ont été de 9 milliards de tonnes, et celles de la France de 1,5 milliard. Cela est dû bien sûr à l'usage très important sur cette période des combustibles fossiles, charbon surtout, en Allemagne par rapport à la France, laquelle est mieux dotée en hydroélectricité et a développé le nucléaire jusqu'à lui faire produire environ 75 % de son électricité. De 2016 à 2038, l'Allemagne émettrait encore 7,5 milliards de tonnes de CO2, puis environ 230 millions de tonnes par an. Pour la France, il s'agirait d'environ 500 millions de tonnes de 2016 à 2038, puis 25 millions de tonnes par an ! On voit donc l'énormité de la dette qui, d'ici à 2038, aura été contractée par l'Allemagne vis-à-vis du climat, du fait de ses choix, et par contraste l'efficacité de la France, de loin le meilleur élève des pays du G 20 dans ce domaine.
Il y a aussi un problème sanitaire : selon des ONG environnementales, la pollution atmosphérique provoquée par les centrales à charbon entraînerait environ 23 000 morts prématurées par an en Europe de l'Ouest, l'Allemagne ayant la plus grande responsabilité avec près de 2 000 morts par an sur son sol, mais aussi 2 500 hors de ses frontières, dont 500 en France. Une autre évaluation, celle de médecins britanniques, attribue au charbon européen une mortalité prématurée de l'ordre de 30 morts par TWh d'électricité produite, ce qui représente pour l'Allemagne environ 8 500 morts en 2016, sur son sol et ailleurs en Europe. Ces deux estimations vont à peu près du simple au double, mais restent cohérentes, étant donné les incertitudes sur ces calculs.
Comparons ces valeurs avec les estimations de la mortalité prématurée entraînée par l'accident de Tchernobyl. L' UNSCEAR, c'est-à-dire l'instance de l' ONU en charge de l'étude des effets sanitaires du nucléaire, l'évalue à environ 6 000 pour l'Europe, hors Russie, Biélorussie et Ukraine. Selon le rapport Torch, commandité par les Verts allemands, il s'agit plutôt de 30 000 ! Prenons cette dernière estimation, la plus haute. Cela représente en moyenne 600 morts prématurées par an en Europe depuis 1986, date de l'accident de Tchernobyl.
php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire