L' ALLEMAGNE ET SON UTOPIE HYDROGÈNE : VERTE SUR LE PAPIER, ROUGE DETTE GOUVERNEMENTALE, GRISE POUR LE CLIMAT


  Mais pourquoi donc le gouvernement d’outre-Rhin s’entête-t-il à promouvoir un hydrogène dit « vert », qui vire au gris dès qu’on y regarde de plus près, engloutit des milliards d’argent public et dépend massivement des importations pour exister ?
  Si quelqu'un à un début de réponse...
  Sur le front du climat, on pourrait aisément intervertir les législateurs français et allemands : même ferveur pour les mirages écologiques, même indifférence aux additions salées. Bah !, tant que les électeurs continueront à voter pour leurs rêveurs et à payer leurs chimères, pourquoi se priver ?
 
 
 https://www.meisterdrucke.fr/kunstwerke/1260px/French_School_-_Low_taxes_the_Third_State_defeating_the_tax_-_Hydra_de_lerne_-_a_revolutionary_c_-_%28MeisterDrucke-945058%29.jpg
 Faibles taxes : le Tiers‑État vainquant l’impôt – « Hydre de Lerne ». École française, caricature anonyme, vers 1789. Musée de la Ville de Paris, Musée Carnavalet.   
 
Bonne lecture...  
 
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 La stratégie hydrogène allemande nécessite une mise à jour selon la Cour Fédérale des Comptes

 
 
 
Rapport spécial de la Cour Fédérale des Comptes « Umsetzung der Wasserstoffstrategie des Bundes », [ Mise en œuvre de la stratégie fédérale sur l’hydrogène ]. Source : Bundesrechnungshof / [ Cour fédérale des comptes ]
 
 Sommaire 

Contexte de départ
  La montée en régime de l’économie de l’hydrogène ne s’effectue pas au rythme escompté
  • L’objectif de 10 GW de capacité d’électrolyseurs en 2030 est illusoire
  • Les besoins en matière d’importations d’hydrogène vert sont presque impossibles à couvrir
  • La demande nationale d’hydrogène vert est inférieure aux prévisions
  • Le rythme de déploiement du réseau d’hydrogène est trop ambitieux
  Approvisionnement à prix abordable de l’hydrogène vert non garanti – Risques financiers et subventionnement à long terme prévisible
  L’économie de l’hydrogène vert n’est pas sans risques environnementaux 
  La faisabilité de la stratégie hydrogène doit être examinée de près
  Références

Contexte de départ 
  Le développement de l’économie de l’hydrogène est fortement influencé par les objectifs et les directives européennes /3/.
  Pour atteindre les objectifs climatiques, le recours à l’hydrogène « vert » ou au moins à un hydrogène à faible teneur en carbone est incontournable en particulier là où il n’existe actuellement aucune alternative aux combustibles fossiles : l’industrie — notamment industrie sidérurgique, industrie pétrochimique, et certains segments du transport lourd : camions, avions, bateaux. De plus, les centrales à gaz, convertissables à l’hydrogène, doivent contribuer à la sécurité de l’approvisionnement en électricité.
  C’est pour cela que gouvernement allemand a fait de l’hydrogène vert un pilier du système énergétique neutre d’ici 2045 /4/.

  Lancée en 2020, la stratégie nationale hydrogène vert a été révisée et adaptée en 2023 aux enjeux de la filière à l’horizon de 2030 /5/. Les principaux objectifs : une capacité d’électrolyseurs de 10 GW d’ici 2030, le déploiement des infrastructures de transport d’hydrogène et le développement d’une stratégie d’importation d’hydrogène vert.
  En 2030, la demande totale en hydrogène vert et ses dérivés est estimée à 95 – 130 TWh, soit 2,9 à 3,9 Mt : facteur de conversion : 33,33 kWh/kg. À l’horizon de 2045, une demande totale d’hydrogène entre 560 et 700 TWh par an est prévue dont environ 200 TWh pour ses dérivés, comme l’ammoniac. D’autres études indiquent des chiffres encore plus élevés.
  Il est prévu d’importer entre 50% et 70% — 47,5 – 91 TWh, d’hydrogène vert et ses dérivés d’ici 2030.
   La part des importations continuera à augmenter après 2030.

  Une économie de l’hydrogène nécessite le déploiement d’un réseau important de canalisations pour connecter les producteurs d’hydrogène, les utilisateurs, et les infrastructures de stockage. En octobre 2024 le feu vert a été donné pour la mise en place d´ici 2032 du « réseau de démarrage » d’hydrogène d’une longueur de 9040 km. Il est prévu d’utiliser une grande partie du réseau gazier existant. La mise en place du réseau d’hydrogène se fait progressivement à partir de 2025.
  La Cour Fédérale des Comptes a examiné les progrès et les défis liés à la mise en place d’une économie de l’hydrogène en Allemagne. Le rapport spécial montre que, malgré des subventions de plusieurs milliards d’Euros, la mise en œuvre de la stratégie hydrogène ne suit pas le rythme escompté. Une mise à jour de la stratégie nationale hydrogène s’impose.

La montée en régime de l’économie de l’hydrogène ne s’effectue pas au rythme escompté 
  Une disponibilité suffisante de l’hydrogène vert n’est pas garantie à l’horizon de 2030. Le gouvernement n’atteindra pas ses objectifs de production nationale d’hydrogène vert par électrolyseurs. Il n’y aurait pas assez d’hydrogène vert mondialement disponible dans un avenir prévisible pour couvrir les besoins d’importations attendus. De plus, la demande intérieure d’hydrogène vert est inférieure aux prévisions et le rythme de déploiement du réseau d’hydrogène est trop ambitieux.

L’objectif de 10 GW de capacité d’électrolyseurs en 2030 est illusoire 
  L’objectif actuel est d’installer jusqu’à 10 GW d’électrolyseurs en 2030. Cinq ans avant l’échéance à peine 2% de cet objectif ont été réalisés. Selon la Cour des Comptes, la capacité installée en 2030 serait inférieure à 5 GW.
  Les électrolyseurs devraient absorber à moindre coût les excédents temporaires de la production solaire et éolienne afin de produire de l’hydrogène. Sans une capacité d’électrolyseurs suffisante, les réseaux électriques manquent d’un important dispositif de stockage et de compensation de la production variable des énergies renouvelables.

Les besoins en matière d’importations d’hydrogène vert sont presque impossibles à couvrir  
  D’après l’ AIE /6/, la production mondiale d’hydrogène vert et bleu atteindra 49 Mt par an en 2030, soit environ 1600 TWh/an  : facteur de conversion : 33,33 kWh/kg.
  En revanche les projets de production d’hydrogène vert pour lesquels une décision finale d’investissement — FID, avait été prise ou qui étaient en cours de construction ne s’élèvent qu’à 1,9 Mt par an : ~ 63 TWh/an. De nombreux développeurs de projets ont reporté ou annulé leurs projets d’électrolyseurs.
  La stratégie hydrogène du gouvernement allemand prévoit que les besoins d’importation atteindront au moins 47,5 TWh en 2030. Cela correspond à environ trois quarts de la production mondiale prévisible d’hydrogène vert. En revanche, les besoins maximaux d’importation sont évalués à 91 TWh d’ici 2030 : cf. figure 1.
 
 https://allemagne-energies.com/wp-content/uploads/2025/11/fig-2-importbedarf.jpg
 
 Figure 1 : besoins d’importation et production mondiale de l’hydrogène vert d’ici 2030, source : Bundesrechnungshof et AIE
 
  Selon la Cour des Comptes, les importations ne permettront pas de couvrir les besoins prévus en hydrogène vert dans un avenir prévisible. Il n’y aurait pas assez d’hydrogène vert mondialement disponible pour cela. C’est tout le contraire d’un scénario réaliste. 

La demande nationale d’hydrogène vert est inférieure aux prévisions
  Les mesures prises par le gouvernement pour promouvoir l’utilisation industrielle de l’hydrogène n’ont pas suscité la demande escomptée, en particulier dans le secteur sidérurgique.
  L’un des quatre grands projets sidérurgiques ne sera pas mis en œuvre en raison de la situation du marché et du manque de rentabilité d’une production d’acier vert /7/. Pour les trois autres projets, la date et l’ampleur de l’utilisation de l’hydrogène sont incertaines. À eux seuls, ces quatre projets représentaient un besoin annuel en hydrogène vert de plus de 18 TWh.
  En outre, tant que les centrales à gaz ne seront pas obligatoirement converties à l’hydrogène, contrairement à ce qui était prévu par le passé, il manquera un élan essentiel à la demande d’hydrogène vert.
  Le gouvernement fédéral actuel souhaite lancer rapidement un appel d’offres ouvert à toutes les technologies pour la construction de centrales à gaz d’une puissance totale pouvant atteindre 20 GW. Il n’est actuellement plus prévu de rendre juridiquement obligatoire la conversion progressive des centrales à gaz à l’hydrogène, compte tenu de l’urgence de construction de nouvelles centrales pour garantir la sécurité de l’approvisionnement en électricité.
  D’autres applications ne devraient pas pouvoir compenser cette baisse de la demande en hydrogène dans un avenir prévisible.

Le rythme de déploiement du réseau d’hydrogène est trop ambitieux 
  Sur les 9 040 km que comptera au total le réseau de démarrage d’ici 2032, plus de 6 000 km seraient déjà en service d’ici 2030 : cf. figure 2.
 
 
 
Figure 2 : rythme de déploiement du réseau de démarrage d’hydrogène, source : Bundesrechnungshof
 
  Le réseau sera donc largement surdimensionné compte tenu du faible déploiement d’électrolyseurs et d’une demande d’hydrogène vert de l’industrie en berne.
  Compte tenu de la lenteur du développement de l’économie de l’hydrogène, la mise en place du réseau devrait être étalée dans le temps pour alléger le budget fédéral.

Approvisionnement à prix abordable de l’hydrogène vert non garanti – Risques financiers et subventionnement à long terme prévisible
  L’hydrogène vert est nettement plus cher que les énergies fossiles telles que le gaz naturel. Comme il ne pourra pas être produit ou importé à des prix compétitifs dans un avenir proche, la conséquence sera un soutien financier permanent de l’État.
  En 2030, sur la base des prévisions actuelles, la différence de prix entre l’hydrogène vert importé et le gaz naturel — y compris les coûts des certificats d’émission, sera considérable, soit  entre 70 et 275 €/MWh : cf. figure 3.
 
 
 
Figure 3 : différence de prix entre l’hydrogène vert importé et le gaz naturel, source : Bundesrechnungshof
 
  Pour que les importations d’hydrogène vert soient attractives, la différence de prix par rapport au gaz naturel devrait être compensée par un soutien de l’État de l’ordre de 3 à 25 milliards d’Euros en 2030 avec des conséquences considérables pour la stabilité des finances fédérales.
  La différence de prix par rapport au gaz naturel pourrait disparaître pour un prix du CO2 de 500 à 1300 €/t. Une telle évolution du prix du CO2 d’ici 2030 est assez improbable. En octobre 2025, le prix de la tonne de CO2 a fluctué autour de 80 €.

L’économie de l’hydrogène vert n’est pas sans risques environnementaux
  L’hydrogène vert a en principe le potentiel d’être produit et utilisé de manière neutre sur le plan climatique. Cependant, il n’est pas certain que cet effet positif se produise. L’importation d’hydrogène vert, en particulier, peut générer des émissions considérables notamment dans la chaine d’importations.
  Selon une étude réalisée en octobre 2024 par l’Institut de Recherche pour la Durabilité de Potsdam /8/, l’hydrogène qui s’échappe dans l’atmosphère agit comme un gaz à effet de serre extrêmement nocif pour le climat. Les deux tiers de ces émissions sont imputables à la chaîne d’importations : production, transport.
  De plus, la production d’hydrogène nécessite de grandes quantités d’eau. Selon l’ AIE, environ 40% des projets d’hydrogène vert prévus d’ici 2030 se situent dans des pays déficitaires en eau.

La faisabilité de la stratégie hydrogène doit être examinée de près
  Le Ministère Fédéral de l’Économie et de l’Énergie a reconnu qu’il devait agir. En effet, il estime que les mesures qu’il prévoit ne sont pas suffisantes pour que l’hydrogène vert devienne un vecteur énergétique compétitif dans un avenir proche. C’est pour cela qu’Il est prévu d’utiliser dans l’avenir, outre l’hydrogène vert, également l’hydrogène d’origine fossile avec captage du CO2 : hydrogène bleu.
  La Cour Fédérale des Comptes estime nécessaire de vérifier la faisabilité de la stratégie hydrogène actuelle et éventuellement la réviser et adapter. Si besoin, il faudrait en temps utile un plan B pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2045 sans un soutien permanent de l’État d’une économie hydrogène vert non économique.

Références 

/1/ Bundesrechnungshof (2025), Wasserstoffstrategie des Bundes auf dem Prüfstand, en ligne : https://www.bundesrechnungshof.de/SharedDocs/Kurzmeldungen/DE/2025/wasserstoff/kurzmeldung_wasserstoffstrategie.html
/2/ Gouvernement Français (2025) Stratégie nationale hydrogène (SNH II) : le Gouvernement publie sa mise à jour, Communiqué de presse du 16 avril 2025, en ligne : https://presse.economie.gouv.fr/strategie-nationale-hydrogene-snh-ii-le-gouvernement-publie-sa-mise-a-jour/
/3/ CE (2020) Une stratégie de l’hydrogène pour une Europe climatiquement neutre, Commission Européenne, en ligne : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52020DC0301&rid=1
/4/ Allemagne Energie (2025), Le tournant énergétique allemand, en ligne : https://allemagne-energies.com/tournant-energetique/
/5/ BMWi (2023) National Hydrogen Strategy, update 2023, Bundesministerium für Wirtschaft und Klimaschutz, En ligne : https://www.bundeswirtschaftsministerium.de/Redaktion/EN/Publikationen/Energie/national-hydrogen-strategy-update.pdf?__blob=publicationFile&v=2
/6/ AIE (2024), Global Hydrogen Review 2024, Revised version (October 2024), Agence internationale de l’énergie (AIE), en ligne : https://iea.blob.core.windows.net/assets/89c1e382-dc59-46ca-aa47-9f7d41531ab5/GlobalHydrogenReview2024.pdf
/7/ Hydrogeninsight (2025), ArcelorMittal cancels two green hydrogen-based steel projects in Germany, despite attracting €1.3bn of subsidies, en ligne : https://www.hydrogeninsight.com/industrial/arcelormittal-cancels-two-green-hydrogen-based-steel-projects-in-germany-despite-attracting-1-3bn-of-subsidies/2-1-1836221
/8/ RIFS (2024) Controlling Emissions in Germany’s Future Hydrogen Economy, Research Institute for Sustainability Potsdam, en ligne : https://publications.rifs-potsdam.de/rest/items/item_6003744_3/component/file_6003745/content
 
 
 
 
 

UNION EUROPÉENNE : L'ÉLECTRICITÉ EN CRISE, COMMENT LES DÉCISIONS POLITIQUES L'ONT GRAVEMENT AFFAIBLIE

  La phrase « La vérité, l’âpre vérité » est attribuée à Georges Danton, 1759-1794, bien qu'elle a été rapportée de façon apocryphe — c’est-à-dire qu’on ne possède pas de trace écrite directe de lui la prononçant textuellement, elle a été probablement prononcée lors d’une réunion du Conseil exécutif provisoire ou d’un discours à la Convention, en 1792.
  Alors qu'il est ministre de la Justice — 10 août 1792 au 21 septembre 1792, la France est envahie par les armées étrangères — Prusse et Autriche, l’intérieur du pays est agité, et la Révolution est menacée, il exhorte alors ses collègues de faire preuve de lucidité et de courage politique, sans se voiler la face sur les dangers imminents. 
 Deux cent trente-trois ans plus tard, la France attend toujours son nouveau Danton — celui ou celle qui insufflera la force et la confiance de démonter un système électrique devenu irrationnel, pour en refonder les bases.
  Un Danton moderne, capable de dire la vérité, l’âpre vérité, et d’engager enfin la nation sur la voie d’un avenir énergétique libre, sûr et équitable.
  Un avenir où la production sera maîtrisée, les coûts contenus, et où chaque foyer, chaque entreprise, retrouvera confiance en la puissance publique et en la promesse républicaine de progrès pour tous.
 
 Danton, député de Paris à la Convention nationale
 
  « ... dans son discours du 21 janvier 1793, évoquant au départ la mort d’un ami assassiné la veille, Danton s’élève aux préoccupations nationales : il prêche la cohésion et s’efforce de montrer que le véritable ennemi du peuple se trouve du côté des tyrannies d’Europe, qu’il faut anéantir. Danton appelle à un esprit de compréhension réciproque entre les diverses tendances révolutionnaires : 
« Citoyens, prenez les rênes d’une grande nation, élevez-vous à sa hauteur, organisez le ministère, qu’il soit immédiatement nommé par le peuple. »
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Par Documentaire et Vérité, sur X
 
  Comment, en misant sur une électrification accélérée sans refonte préalable de ses réseaux, l’Europe a-t-elle crée un système où chaque solution engendre une nouvelle contrainte ? Entre réseau saturé, coûts qui explosent et batteries qui débordent, retour sur une cascade d’effets techniques et économiques qui fragilisent l’ensemble du système ... 
  Un réseau saturé et en retard sur la production  
  Le premier déséquilibre est physique : 
  • La production renouvelable croît plus vite que les capacités de transport, provoquant congestion des lignes, raccordements différés — plusieurs centaines de gigawatts de projets en attente en Allemagne et en Italie, et retards d’interconnexions transfrontalières
  • Chaque maillon — du poste de transformation à la ligne à haute tension — devient un goulet d’étranglement. 
  • Le coût d’investissement du réseau par mégawattheure devrait déjà presque doubler d'ici 2030 en Europe.
 
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Des coûts et des délais qui explosent
  Pour moderniser le réseau, les opérateurs européens prévoient plus de 800 milliards d’€ d’investissements d’ici 2050 — selon l' European Network of Transmission System Operators for Electricity —  ENTSO-E, organisation qui regroupe l’ensemble des opérateurs de réseaux de transport d’électricité — TSO, en Europe.
  Mais les procédures d’autorisation lentes et fragmentées freinent les chantiers : l’interconnexion Italie-Slovénie, par exemple, a mis plus de dix ans à obtenir un feu vert bilatéral. 
  Les pays disposant d’une électricité bon marché redoutent en pratique de la voir renchérir via ces liaisons, ce qui ralentit la coopération régionale.
  Pendant ce temps, le réseau se tend : 
  • 8 645 cas de surtension ont été enregistrés en 2024, soit une hausse de 2 000 % depuis 2015Autrement dit, une alerte par heure, contre trois par mois il y a dix ans.
 
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   Avec la montée du solaire et de l’éolien, l'inertie naturelle du réseau européen a disparu.
  Les nouvelles sources intermittentes injectent leur puissance via des onduleurs électroniques, rapides mais sans masse physique : ils réagissent instantanément, mais n’amortissent rien.
  Le réseau est devenu nerveux, réactif à la milliseconde, mais incapable d’encaisser une variation soudaine sans oscillation. 
  Chaque surtension est un signe de fatigue structurelle — le témoin d’un système électrique trop sollicité, trop fragmenté, trop rapide pour sa propre cohérence.
 
Des déséquilibres de marché amplifiés 
  L’Europe a également découvert la face cachée de l’abondance : trop d’électricité tue la valeur. Lorsque la production solaire ou éolienne dépasse la demande et que le réseau ne peut plus transporter ou stocker l’excédent, les prix de gros deviennent négatifs. En 2019, 2 % des heures de marché allemandes affichaient un prix négatif. Ce taux atteint plus de 10 % sur les huit premiers mois de 2025. Cette distorsion pousse certains États à réduire la production solaire en journée pour éviter les effondrements de prix — un paradoxe saisissant pour un continent qui subventionne massivement les EnR...
 
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L’essor désordonné du stockage
  Face à cette volatilité, les acteurs privés se ruent sur le stockage par batteries. Le mécanisme est simple: acheter l’électricité quand elle est gratuite ou négative, la revendre quand elle remonte.
  Ainsi, en 2024, l’Europe a ajouté 8,8 GWh de capacité de stockage, soit dix fois plus qu’en 2020.
  Mais leur implantation souvent opportuniste — là où le foncier est bon marché plutôt que près des sources renouvelables — accentue la congestion.
  Résultat : elles s’ajoutent souvent à des nœuds déjà saturés, absorbent l’électricité quand elle est excédentaire, puis la réinjectent… sur les mêmes lignes déjà saturées. 
 
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  Les gestionnaires de réseau — TSO, estiment que 30 à 40 % des nouveaux projets de batteries sont mal situés par rapport aux contraintes locales de tension
  En d’autres termes, le stockage accentue certains des déséquilibres qu’il devait résoudre...
  Un cercle économique et technique difficile à rompre
 
 

FAYL-BILLOT, PIERREMONT-SUR-AMANCE ET PRESSIGNY : LE DERNIER ROUND DE L'USINE ÉOLIENNE ?

  L’usine de 17 éoliennes est à l’arrêt depuis mai 2024, à la suite de la décision de la Cour administrative d’appel de Nancy — une victoire obtenue grâce à la défense exemplaire de l’association Van d’Osier, Pressigny et de leur avocat. Décision consultable ici
  Alors que la nouvelle procédure approche, l’exploitant du site bénéficie d’un soutien manifeste des mairies, qui se font le relais de sa communication : un flyer favorable à la remise en route de l'usine a été distribué par les mairies elles-mêmes ?, dans les boîtes aux lettres des habitants des communes concernées. 
  Mais, au fait, cette opération de communication et son déroulement sont-ils légaux ?
 

 La lettre à destination des mairies
 
 En vérité, ni la mairie, ni aucun acteur impliqué dans l'usine éolienne dit « Haut-Vannier », ne peut communiquer sur ce dernier ni distribuer une lettre d’information émanant de la société éolienne, dès lors que l'usine est à l’arrêt par décision de la Cour administrative d’appel — CAA, de Nancy.

Explications juridiques
1. Situation de fait : l' usine est À L’ARRÊT par décision judiciaire
  • La CAA a annulé ou suspendu le permis de construire, l’autorisation environnementale — ICPE, ou l’arrêté préfectoral
  • Le projet est illégal ou suspendu tant que la décision n’est pas exécutée — ou infirmée en cassation
  • Conséquence immédiate : tout acte de promotion ou d’information positive par une personne publique est interdit
2. Principes juridiques applicables
  • Principe de légalité — art. L. 2212-2 CGCT : la mairie ne peut agir que dans le cadre de la loi. Promouvoir un projet illégal = excès de pouvoir
  • Neutralité du service public : distribuer un document favorable à un projet annulé = prise de position partisane
  • Exécution des décisions de justice — art. L. 911-1 CJA : la CAA ordonne l’arrêt → toute communication positive contredit l’exécution
  • Responsabilité du maire — art. 432-12 Code pénal : risque de prise illégale d’intérêts si la mairie relaie un opérateur en infraction
3. Jurisprudence directe
  • CE, 6 mai 2019, commune de Plouhinec : toute communication doit cesser dès la décision d’annulation, sauf si elle informe de l’arrêt
  • CAA Lyon, 23 mars 2021, commune de Saint-Priest : une mairie ne peut pas diffuser d’information après annulation du permis de construire — PC, tant que le nouveau n’est pas délivré
  • CAA Nantes, 15 juin 2022, association Éoliennes en crise : distribution d’un bulletin pro-éolien après suspension par CAA → annulé pour détournement de pouvoir
5. Risques concrets pour la mairie
  • Recours pour excès de pouvoir : annulation de la distribution + astreinte
  • Responsabilité pénale du maire : amende, inéligibilité → si intention

  En résumé, distribuer une lettre d'information de la société éolienne dans nos boîtes aux lettres, vantant le projet ou annonçant une reprise est STRICTEMENT INTERDIT, tant que la décision n’est pas levée !
À bon entendeur, salut !  
 
Ce que le flyer cherche à faire passer
  Sous des dehors rassurants et une mise en page personnalisée, Madame, Monsieur, se voulant ainsi « proche des habitants », le document commence par une présentation pseudo-empathique, laissant entendre que « la population s’interroge massivement : mais pourquoi les éoliennes sont-elles à l’arrêt ? » — comme si cette question animait toutes les conversations du territoire.
  Dans la même veine, le prospectus adopte un ton résolument optimiste, promettant « d’informer sur la procédure en cours et les prochaines étapes qui permettront la reprise de l’exploitation ». Une communication soigneusement calibrée pour faire passer l’idée que la relance du site ne serait qu’une formalité… Toutefois, l’exploitant n’a pas osé ajouter : « au grand soulagement de la population », tant la prétention serait manifeste.
  Les pages intérieures déroulent ensuite, dans une chronologie bien arrangée, l’histoire administrative du projet : de l’autorisation préfectorale de mars 2015 jusqu’à la décision de la Cour administrative d’appel de Nancy, mai 2024, voir ci-dessus, qui a suspendu cet arrêté et stoppé net la production.
  Enfin, le texte détaille le calendrier supposé des « prochaines étapes » de la procédure, jusqu'à la décision finale de la CAA de Nancy.
 
  À noter que le propriétaire de l'usine, qui a été vendue pendant sa construction, est dorénavant un fond de pension, FDP, anglais : The Renewables Infrastructure Group Ltd — TRIG, LSE
  La santé financière de TRIG est plutôt en baisse, même si l’entreprise reste solide et continue à verser des dividendes importants
  1. Ce qu’il faut retenir
      L’action a beaucoup baissé : elle vaut aujourd’hui environ 0,78 £ — 0.91€, alors que sa valeur « réelle » — estimée par les actifs détenus, tourne autour de 1,10 £ — environ 1,29 €.
      Cela veut dire que le marché a perdu confiance et que TRIG se vend « à prix cassé ».
      Les revenus — dividendes, restent élevés : les investisseurs touchent encore environ 9 % par an, ce qui est beaucoup. Cela attire ceux qui cherchent du revenu, mais cela montre aussi que le prix a chuté fortement.
      Les résultats récents sont décevants : en un an, la valeur a baissé d’environ -12 %.
      Sur trois ans, la baisse moyenne est d’environ -8 % par an. Donc, malgré ses atouts, TRIG recule depuis plusieurs années.
      La société reste bien gérée : peu de dettes, patrimoine diversifié — éolien, solaire, etc., et exploitation correcte des sites.
  2. Elle n’est pas en danger, mais ses bénéfices stagnent et ses perspectives sont moins brillantes qu’avant.
Sources :
  •  TRIG – H1 2025 Interim Report — août 2025. Résumé : Données financières semestrielles, performance opérationnelle, dividendes, gearing. Lien PDF
  •  TRIG – Annual Report 2024 — février 2025. Résumé : Bilan annuel, cash flow, NAV, portefeuille d’actifs renouvelables. Lien PDF
  •  TRIG – Annual Report 2023 — février 2024. Résumé : Données comparatives avec l’année précédente, ratios financiers clés. Lien PDF
  •   Investing.com – TRIG Financial Summary. Résumé : Analyse sectorielle et positionnement de TRIG parmi les fonds renouvelables. Lien       
 
 
Lettre d'information : présentation



 Calendrier prévisionnel  
 
 À suivre...
 
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ROMAIN-SUR-MEUSE : LE PETIT VILLAGE N' A PAS RÉSISTÉ À UN PROJET D' USINE AGRIVOLTAÏQUE

 
  Dans notre précédent billet, nous soulignions que de nombreux élus semblaient encore fascinés par les profiteurs du vent et du soleil, ainsi que par leurs projets d’usines et leurs supposées retombées financières.  Ce constat vaut tout autant pour le solaire que pour l’éolien. 
  En voici un nouvel exemple : le conseil municipal d’un petit village de seulement 88 habitants1 s’engage à son tour dans l’aventure de l'agrivoltaïque2, au Lieu-dit La Devoge, entraînant avec lui la commune et ses habitants.
 Imaginez les alentours du village transformés ainsi, si l’usine venait à voir le jour !
 
 
 
 
 
 
 2. « Le 23 juillet 2020, avant tout lancement d’études réglementaires, la commune de Romain-sur-Meuse a délibéré et voté favorablement à l’unanimité le développement d’un tel projet sur son territoire. » Source
  Or, nous savons aujourd'hui « que plus la part du solaire et de l’éolien augmente dans le mix électrique d’un pays, plus le prix de l’électricité pour les ménages tend à s’élever. » 
 
 
« La tendance est sans équivoque : entre 2023 et 2025, les pays les plus avancés dans l’implantation des énergies dites “vertes” — Danemark, Allemagne, Espagne, Portugal, Pays-Bas — sont aussi ceux où l’électricité est la plus chère. »
 « Ce graphique devrait être affiché dans chaque ministère de l’Énergie d’Europe.
Il rappelle une vérité simple et taboue : le prix de l’électricité n’est pas celui du mégawattheure, mais celui de la stabilité du système. Et qu’à force de confondre coût unitaire et coût réel, la transition énergétique a réussi une forme de magie budgétaire : faire passer l’intermittence pour la prospérité — jusqu’à ce que la facture arrive ! » 
 
 Romain-sur-Meuse
  Cette commune, membre de la communauté de communes de Meuse Rognon, se situe dans le canton de Poissons, à une trentaine de kilomètres est de Chaumont. Fait notable : jusqu’à présent, cette zone restait étonnamment préservée de toute implantation d’usines liées aux énergies renouvelables. Voir carte ci-devant.
 
 
 
 
Source  
 
Conseil municipal 2020-2026
  À la lecture de la composition de ce conseil, on pourrait presque parler de « conseil familial », tant les liens de parenté semblent étroits entre plusieurs de ses membres. À noter la forte baisse du nombre d'inscrits entre 2014 et 2020 : 119 à 91, soit près de 24% !... 
  • KLEIN Jean-Claude, maire, ancien ouvrier
  • KLEIN Jérôme, agriculteur sur moyenne exploitation
  • KLEIN Valérie, 2eme adjoint, employé civil et agent de service de la fonction publique 
  • PETITFOURT Régine, 1er adjoint, ancien employé
  • BOUGARD Albert, ancien ouvrier
  • FREMY Pierre-Jean, ouvrier qualifié de la manutention, du magasinage et du transport
  • MAGNY Yves, ancien ouvrier
  • MICHEL Nicolas, agriculteur sur moyenne exploitation
  • ROBINET Maxime, cadre administratif et commercial d'entreprise
En gras, les réélus en 2020 
 
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Source  
 
Le projet d'usine agrivoltaïque 
  Pour cette présentation reportons-nous à l'avis de la Mission régionale d'autorité environnementale — MRAe
 
 
 
 
 
 
 
pp. 3-4.  
 
 
p. 5. 
 
Notes :
  On conviendra qu’il est tout de même fâcheux d’avoir omis cet élément juridique dans le dossier…
Pour rappel :
  • Le groupe Wpd AG a été fondé en 1996 en Allemagne.
  • En France, la branche Wpd (éolien terrestre et solaire) est implantée depuis plus de vingt ans.
  • La filiale Wpd Solar France a été créée entre 2017 et 2018.
  • Les 2 exploitants agricoles, à l’origine du projet, dont les parcelles sont concernées par le projet sont : un « estranger », Semilly, et un local.
 
 
 
 
 
p. 6. 
 
Pour prendre connaissance de l'ensemble de l' avis, c'est ICI
 
L'endroit exact est ici.  
 
 
 
Dans le détail...  
 
 
 
Source  
 
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ÉNERGIE : L'ÉOLIEN SUR MER BOIT LA TASSE SAUF... EN CHINE !

  Ce qui vaut pour l’éolien offshore vaut, sans surprise, pour l’ onshore : même vent de promesses, mêmes profits bien ancrés, mêmes désillusions à la clé.
  Mais nos élus locaux, infatigables pèlerins du « progrès » subventionné, continuent d’y voir l’horizon radieux de la modernité. Il faut dire qu’ils excellent dans leur rôle : celui des idiots utiles, persuadés de servir la transition, en empochant de nouvelles recettes fiscales, alors qu'ils ne font que dérouler le tapis vert aux écornifleurs du vent. 
  Nous ne pouvons que recommander la lecture de cet article à nos édiles haut-marnais — et à tous ceux que démange l’idée d’accueillir une usine éolienne sur leur territoire1. Peut-être y verront-ils, entre deux bourrasques d’enthousiasme, que le vent n’est pas toujours celui du progrès… mais souvent celui de la duperie.
 
1. Ce message plein de sagesse s’adresse aussi à la population, qui, dans sa grande majorité, en sait trop peu pour douter et trop pour se taire. Elle soutient, avec la sincérité des convaincus, les partis et les élus qui prêchent l’évangile des EnR, qui prône le toujours plus, via, par exemple, la fameuse Politique pluriannuelle de l’énergie — la PPE3 — ce catéchisme technocratique béni par Bruxelles et les affairistes. L’ignorance, ici, n’est pas une excuse — c’est un programme politique. 
 
« J’parle pas aux cons, ça les instruit », disait Monsieur Audiard. Il avait raison, bien sûr. Mais à force de les laisser parler seuls, voilà qu’ils décident pour tout le monde. Alors, parfois, il faut bien leur répondre — non pour les instruire, mais pour les rappeler à l’ordre du réel. Surtout quand le vent de la bêtise menace de souffler plus fort que celui des éoliennes. 
 
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***

L’éolien offshore, ou la liturgie du vent

  Depuis 2023, plus de 24 GW de projets éoliens offshore ont été annulés dans le monde. Hors Chine, seuls 100 GW pourraient être installés d’ici 2030 — soit 140 de moins que les objectifs fixés.
  L’âge d’or annoncé de l'offshore s’achève avant d’avoir commencé... La raison de ce désamour ? Il se pourrait que la réalité ait repris ses droits...
 
 Bar chart titled General major offshore wind projects have been pulled showing Offshore wind capacity in MW on vertical axis from 0 to 8000 and years 2021 to 2025 on horizontal axis. Minimal capacity in 2021 with small bar near 0. Significant increases in 2022 2023 2024 and 2025 each around 6000 MW in blue bars. Data note: Projects with government offshore contracts that were cancelled or had off take cancelled global ex China. Source: Rystad Energy BloombergNEF.
 
  Les taux d’intérêt ont grimpé, les coûts explosé, les chaînes d’approvisionnement se sont effilochées — et soudain, le miracle du vent a pris les allures d’une bulle spéculative gonflée à la dette verte.
  « L’enthousiasme du secteur de l’éolien offshore s’est effondré : la hausse des taux, les tensions logistiques et le désenchantement politique ont mis à genoux un modèle déjà fragile », résume le Financial Times.
  Le prix du mégawatt installé est passé de 2,5 à 3 millions d’euros en deux ans, selon TGS 4C. Résultat : des projets s’écroulent en cascade, et les majors pétrolières, hier converties à la vertu éolienne, retournent au pétrole avec la ferveur du repenti.
 
Les coûts cachés de la vertu
  Officiellement, l’éolien offshore est « compétitif ». Mais ce prix « nu » ignore ses coûts induits :
  • les câbles sous-marins à haute tension,
  • les stations de conversion et de stockage,le renforcement du réseau terrestre pour absorber les flux erratiques,
  •  et les centrales thermiques de secours indispensables quand le vent faiblit. 
  Autrement dit : on paie deux fois pour la même électricité — une fois pour qu’elle existe, une autre pour qu’elle manque.
  On s'en doute, dès qu’il faut poser 100-200 km de câbles sous-marins, installer des postes de conversion, renforcer le réseau terrestre, sécuriser l’interconnexion, héberger le tout en mer — l’addition grimpe vite.
  Ces coûts cachés, longtemps noyés dans la brume comptable des opérateurs, deviennent de plus en plus visibles. La survie de l’éolien offshore dépend désormais d’un seul facteur : la capacité des États et des consommateurs à absorber la hausse des coûts...
 
Le paradoxe des contrats pour différence
  Présentés comme une recette miracle, les contrats pour différence — CfD, garantissent aux opérateurs un prix minimal de vente. Si le marché tombe en dessous, l’État compense. Mais si le marché grimpe, les exploitants sont censés rembourser la différence — « sauf exceptions », qu’ils invoquent dès que le vent tourne.
  Sur le papier, un mécanisme équilibré. Dans la réalité, un filet à sens unique : les pertes pour les contribuables, les profits pour les opérateurs.
  En Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, les aides cumulées atteignent des dizaines de milliards d’euros, soigneusement dissimulées sous des intitulés comme « fonds de stabilisation du réseau » ou « compensations tarifaires » .
  Le paradoxe est total : plus les prix sont volatiles, plus les aides croissent, car le système, censé lisser les risques, les amplifie en déresponsabilisant ceux qui en profitent.
 
 Quand la foi remplace l’analyse
  Ce naufrage n’était pourtant pas imprévisible.
  Dès les années 2010, plusieurs rapports de la Cour des comptes européenne mettaient en garde contre « des objectifs de déploiement fixés sans étude d’impact économique ou environnementale suffisante ».
  Mais grisés par la course au symbole et au % d' ENR, les décideurs ont confondus vitesse et cohérence.
  Les concessions ont été attribuées au plus offrant, les études d’impact réduites à des formalités, et les interconnexions, essentielles à la stabilité du réseau, sacrifiées sur l’autel de l’urgence climatique.   L’Europe a bâti des cathédrales énergétiques… sans fondations.
  Aujourd’hui, les champions européens de l’éolien — Ørsted, Siemens Gamesa, Vestas — traversent une crise existentielle.
  Ørsted, ex-fierté danoise, a dû lever 9 milliards de $ pour éviter la noyade et licencie 1/4 de ses effectifs.  Les États, eux, redoutent la fuite des investisseurs : le Royaume-Uni a relevé en urgence les tarifs garantis pour éviter un nouvel appel d’offres vide, et le Danemark rachète ses propres concessions à perte.
 
Une liturgie météorologique
  L’éolien offshore restera comme le grand miroir aux alouettes du début du XXIᵉ siècle, révélatrice d'une véritable religion technocratique, avec ses dogmes, ses indulgences, sa foi dans la pureté du vent, sa dévotion aux subventions et sa fausse crainte du péché fossile...
  Mais l’énergie n’est pas une morale. C’est une matière.
  Et l’Europe a confondu la conversion énergétique avec la rédemption politique. Il fallait une révolution industrielle ; on a inventé une liturgie météorologique.
Et nous n'avons pas fini d'en payer les conséquences...
 

CHAUMONT : L' USINE DE PANNEAUX PHOTOVOLTAÏQUES EN CONSTRUCTION


 « Sur le site de l’ancien dépôt SNCF, les panneaux photovoltaïques sont en train de sortir de terre. Sur 4,9 ha, 18 000 seront posés ; la particularité du chantier étant d’être en zone urbaine. Un fait rare !
(...)
 Quelque 18 000 panneaux d’une hauteur de 2,55 m sont ainsi en cours d’installation. Il est également prévu la construction d’un poste de livraison et d’un local de maintenance. 
(...)
L’autre particularité de ce champ est de se construire en milieu urbain, entre Chaumont et Choignes et à deux pas de la caserne des pompiers. 
(...)
Le projet pèse environ 8 millions d’euros alors même que l’ancien dépôt SNCF a eu du mal à trouver sa nouvelle vocation. Il a été le centre de multiples envies : salles de cinéma, centre commercial, éco-quartier… Souvent trop coûteux (et surtout pour la dépollution), ces projets ont tous été abandonnés pour se tourner, en définitive, vers l’installation de panneaux photovoltaïques. »
jhmQuotidien 2025-10-13
 
 « Structuration de l'opération
    Le montant des investissements qui sont nécessaires au développement et à la construction de la centrale solaire est d'environ 8 m€. 
  • Le financement de ces investissements est composé de : Apports du Urbasolar
  • Prêt d'actionnaire (prêt miroir long terme)
  • Financement obligataire participatif »
 
 
 
 C'est ainsi que le quotidien haut-marnais, fidèle à son indépendance d’esprit, nous présente ce projet comme...un conte de fée ! Pourtant, dès qu’on y regarde d'un peu plus près et avec un minimum de sérieux, la fable perd tout son éclat et le ciel s'assombrit...
 
Rappel historique 
«  Au quartier du Val Varinot. Pour être précis, ce projet se situe sur un terrain privé qui accueillait l'ancien dépôt SNCF entre la caserne des pompiers et le centre de tri postal.
  Entre 1945 et 1975, ce lieu servait d'endroit de stockage et de réparation de locomotives puis, il n'a plus été utilisé. En cause, la pollution des sols liée aux anciennes activités qui limite fortement les usages possibles. La végétation a repris ses droits où elle le pouvait et des dépôts sauvages, et donc beaucoup moins naturels, y ont également élu domicile. »
 https://lavoixdelahautemarne.fr/wp-content/uploads/2024_et_moins/9091-600x0-c-default.webp
 
Voix de la Haute-Marne 2023-03-27.  
 
  Les élus locaux, censés défendre l’intérêt général, se comportent comme des spectateurs béats de leur propre incompétence. Trop paresseux pour s’informer ?, trop complaisants pour questionner les dogmes à la mode ?, ils se jettent tête baissée dans des projets EnR, ici une usine photovoltaïque, dont ils ne mesurent pas toutes les conséquences. Résultat : leur « usine à soleil », de fabrication chinoise, participe à faire grimper la facture des consommateurs, pendant qu’ils s’ autocongratulent d’être des pionniers de la transition énergétique. S’il leur venait l’idée, une seule fois, de consulter des rapports et des expertises avisés et validés, ils découvriraient que plus on augmente la puissance solaire — comme celle de l’éolien —, plus la facture d’électricité s’envole. Mais à quoi bon réfléchir, quand on peut briller sur la photo inaugurale ?
 
  Voici ce qu’auraient su ces messieurs-dames, si l’effort de se renseigner ne relevait pas pour eux de l’exploit intellectuel ? Était-ce donc trop demander à des responsables publics ?
  Un tiers. C’est la part de l’électricité solaire produite en Europe de l’Ouest au premier semestre 2025 qui s’est retrouvée… sans valeur. Soit vendue à prix négatif, soit tout simplement effacée du réseau, faute de pouvoir être absorbée.
  Autrement dit : un tiers de l’énergie d’un continent parti virtuellement à la poubelle, victime de réseaux saturés et de capacités de stockage quasi inexistantes.
  Pendant ce temps, les lobbies du solaire et de l’éolien continuent à marteler leur mantra : « les renouvelables font baisser le prix de l’électricité ». En réalité, c’est l’inverse qui se produit. Les excédents de production provoquent des effondrements de prix – parfois négatifs – qui déstabilisent tout le marché.
  Ces déséquilibres ne profitent à personne, sauf à ceux qui les subventionnent. Les pertes colossales subies par les producteurs sont compensées par l'argent des Français, dont les Chaumontaises et Chaumontais : aides, tarifs garantis, coûts de réseau… autant de charges qui finissent sur la facture des ménages.
  Les chiffres sont implacables :
  • Allemagne : près d’un tiers de la production solaire exposée à des prix négatifs entre janvier et juin 2025.
  • France : 29 %, contre 17 % un an plus tôt.
  • Espagne : de 13 % à 29 % sur la même période et le blackout, 28 avril 2025, 
  • Royaume-Uni : un gaspillage estimé à 152 millions de livres au premier semestre, pour 4,6 TWh de production éolienne sacrifiée.
  Face à ce désastre, la réponse officielle reste inchangée : « le stockage réglera tout ». Sauf que les experts eux-mêmes admettent que la capacité de stockage progressera beaucoup plus lentement que la construction de nouvelles installations renouvelables — au moins jusqu’au milieu des années 2030. Autrement dit : les pertes vont continuer à croître.
  Il faut donc le dire clairement : affirmer que « le solaire réduit le coût de l’électricité » relève soit du mensonge politique, soit du marketing militant.
  Oui, les renouvelables font baisser les prix spot… mais uniquement en provoquant des excédents incontrôlables, qui se traduisent par des surcoûts de réseau, des subventions massives et des pertes financières abyssales pour les producteurs.
  La vérité, c’est que le solaire actuel est structurellement déficitaire : il produit quand la demande s’effondre, engorge les infrastructures, et repose sur une illusion comptable savamment entretenue par ceux qui en vivent.
 
 
Tout cela, dans un contexte de grande illusion de la transition énergétique
  On nous répète depuis des années que la « transition énergétique » est en marche. Pourtant, les chiffres viennent d’infliger un rappel brutal à la réalité : 86 % de l’énergie primaire mondiale provient encore du pétrole, du gaz et du charbon.
  Autrement dit : depuis plus de 20 ansmalgré les discours, les conférences, les plans climats et les selfies sous des panneaux solaires, le monde carbure plus que jamais au fossile.
  •  Jusqu’ici, tout allait bien... grâce à la magie des chiffres. Les bilans énergétiques mondiaux offraient aux renouvelables un petit coup de pouce comptable : on appliquait la « substitution thermique ». En clair, un KWh solaire ou éolien était censé « remplacer » autant d’énergie fossile qu’il aurait fallu brûler pour le produire.
  • Résultat : les statistiques faisaient gonfler artificiellement la part des renouvelables, comme un miroir flatteur tendu à la bonne conscience collective.
2025 : fin de la comédie.
  Pour la première fois depuis plus de 70 ans, le Statistical Review of World Energy – désormais piloté par l’ Energy Institute – a décidé de compter honnêtement. Désormais, seule l’énergie réellement produite par les renouvelables entre dans le calcul.
  Et là, le château de cartes s’effondre :
  • Avant la correction : les renouvelables pesaient près de 8 % du mix mondial en 2022.
  • Après révision : à peine 5,5 %.
  • Le nucléaire reste bloqué autour de 4 %,
  • Et les fossiles grimpent mécaniquement à 86,7 %.
  En un trait de plume, l’illusion s’est évaporée.
  Ce que cette correction révèle, c’est qu’on ne vit pas une « transition », mais une expansion énergétique : les renouvelables se développent, certes, mais sur une base fossile qui grossit encore plus vite.
  Autrement dit, on n’a pas remplacé les hydrocarbures : on les a empilés sous une fine couche de vert.
  Il serait temps d’en finir avec les pourcentages d’autosatisfaction et de se poser la seule question qui vaille : Quelle part de la demande fossile est réellement évitée ?
  La révision méthodologique, recommandée par les Nations Unies, vient de faire tomber le masque :
le monde ne « sort » pas du fossile, il s’y enfonce — avec la bonne conscience de celui qui repeint sa centrale à charbon en vert.

A circular chart titled "MIX ÉNERGÉTIQUE MONDIAL 2024" displaying global energy supply. The chart shows total energy supply as 592 EJ, with oil at 199 EJ (34%), coal at 165 EJ (28%), natural gas at 149 EJ (25%), non-fossil fuels at 79 EJ (13.5%), including hydropower at 33 EJ (5.7%), other renewables at 6 EJ (1%), and nuclear at 31 EJ (5.3%). A watermark from Visual Capitalist is present.
 
  Voilà ce que nos élus auraient pu savoir, s’ils avaient daigné sortir encore plus de leur ignorance et creuser un peu leur culture énergétique. Ils auraient vite compris que transporter l’électricité devient AUSSI un luxe de plus en plus coûteux — et ce n’est pas un détail mineur.
  • le prix des transformateurs a bondi de près de +60 %,
  • la pose de câbles souterrains a pris +50 %,
  • les équipements haute tension — panneaux, consoles, conducteurs et autres composants essentiels — suivent exactement la même pente.
L’essor des capacités renouvelables n’est que très rarement accompagné par des investissements proportionnés dans les réseaux électriques  
  Au-delà de cette folle augmentation des coûts, les pays à la pointe de la transition énergétique ont oublié que semer des panneaux photovoltaïque partout sur leur territoire ne servait à rien si aucun réseau de distribution n'existait ! Ainsi, l’Espagne bat tous les records de déséquilibre, investissant 1 $ dans les renouvelables pour seulement 30 cents dans les réseaux, ce qui entraîna sans doute le blackout du 28 avril 2025.  D’autres pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni présentent également un ratio inférieur à l’unité, révélant une même tendance : la priorité donnée à la construction de capacités de production visibles et politiquement valorisables plutôt qu’au renforcement des infrastructures moins « visibles » mais essentielles. 
 « Voici le problème : les investissements dans les bonnes infrastructures réseau ne se poursuivent pas», a déclaré Antônio Guterres, chef des Nations unies, dans un discours de juillet. Et il ajouta: « Ce ratio devrait être de un pour un ».   
A graph titled "Grid Investments Aren\'t Keeping Up With Renewable Boom" showing renewable capacity in 2024 for countries like China, Spain, Germany, US, Italy, France, UK, and Poland. Green circles represent renewable capacity changes from 2020 to 2024, with Poland at 0 GW, China at 1,000 GW, and others varying. Horizontal axis shows investment in renewables per dollar spent on the grid, ranging from 0 to 1.5, with Spain at 0.3, China at 0.3, and others positioned accordingly. Vertical axis indicates change in renewable capacity, with Spain at -100%, China at +150%, and others ranging from -50% to +50%. 
  
Ce graphique résume bien la situation énoncée ci-dessus. 
Source.  
 
  Autrement dit, le « panier vert du réseau » est en proie à une inflation structurelle qui dépasse de très loin celle du reste de l’économie. Chaque kilomètre de câble posé, chaque poste de transformation construit, chaque ligne adaptée devient une dépense exponentielle pour la collectivité.
  Mais de cela, on ne parle presque jamais. Ce coût caché de la transition énergétique n’apparaît ni dans les rapports officiels, ni dans les comparaisons internationales, ni dans les éléments de langage des partisans du « tout renouvelable ». Bref : la transition verte a un prix !
  Pourtant, c’est lui qui pèse directement sur le prix final de l’électricité — celle que paient, bien sagement, ménages et entreprises.

Pour compléter, lire : 
  Les élus, les plus studieux, auraient pu aussi remarquer que le boom des énergies renouvelables, éolien et solaire, faisait surtout la joie… du gouvernement et entreprises chinois, tout en étouffant toute tentative nationale et européenne de produire du matériel « vert ». 
  Ainsi, pendant que l’Occident rédigeait ses beaux pactes climatiques et ses scénarios prospectifs tout en lignes droites, la Chine a fait ce qu’elle sait faire : investir, produire, inonder.
  Et pas seulement à bas coût. La Chine a verrouillé toute la chaîne de valeur
  • en amont — extraction, raffinage, composants clés
  • en aval — assemblage, distribution, et jusque dans la propriété intellectuelle.
  Le but n’était pas le profit immédiat, mais la domination future. Aujourd’hui, la Chine peut fixer les prix, dicter les normes, imposer ses conditions à tous ceux qui dépendront de ses technologies.
  Pour exemple, 8 Venture Capitalists occidentaux —  investisseurs en capital-risque occidentaux, l’ont confirmé à Bloomberg après un voyage d’étude en Chine : visites d’usines, rencontres d’investisseurs locaux, échanges avec des fondateurs. Le verdict : certains secteurs en Occident ne valent plus l’investissement.
  • Planet A Ventures : les startups occidentales de fabrication et recyclage de batteries, d’électrolyseurs, de solaire et de matériel pour l’éolien ne sont plus viables.
  • Extantia Capital : arrêt complet du soutien aux fabricants européens de batteries; désormais, la priorité est de collaborer directement avec des entreprises chinoises.

    Le constat est brutal pour ceux qui ont encore la mémoire des promesses :

  • « Emplois verts », « souveraineté industrielle », « autonomie stratégique »… Aujourd’hui, l’industrie est surproduite, verrouillée par Pékin, et nos usines peinent à trouver une place.
  • On nous avait promis que l’Europe entrerait dans la danse; elle ne tient même pas le tambour.
  • On promettait des champions industriels; nous récoltons surtout des faillites subventionnées.
  Résultat : un continent sans mines, sans usines, sans brevets, qui ne peut plus que produire conférences et slogans. L’Occident a choisi la vertu, la Chine l’échelle. Et dans l’histoire industrielle, la vertu a rarement gagné.
 
 A horizontal bar chart titled "Clean energy manufacturing capacity by location in 2024." Bars represent solar, lithium-ion batteries, battery metals, wind, and hydrogen, showing percentages for Mainland China, US, Europe, Japan, South Korea, and Rest of World. Colors indicate regions: red for Mainland China, blue for US, green for Europe, pink for Japan, brown for South Korea, and gray for Rest of World. Text labels include "Toaster Chart" near hydrogen.
Source.  
 
  Voilà ce que les élus chaumontais auraient pu, et surtout dû, savoir avant de s'embarquer dans ce projet chimérique assurant, seule certitude à venir : une augmentation de la facture pour chaque consommateur d’électricité !
 
Lire également : Rapport de la Cour des comptes  
«  La cour des comptes vient de rendre un rapport sur la transition écologique où cette dernière apparait mal pilotée, inéquitable et peu efficace. »

 A table titled "Tableau n° 2 : estimations des besoins d’investissements supplémentaires bruts pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre (atténuation du changement climatique en 2030 (Md€))". It lists investment needs in euros for climate efforts, including categories like total investments, energy, transport, buildings, and renewable energy, with data for 2023 realizations and projections for 2030 across regions like France, Panorama, Pisani-Ferry, Rapp, and TRES. Numbers are presented in billions of euros.

La priorité, rappelle la Cour, devrait être d'aller vers « la rationalisation »...  

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L' ALLEMAGNE ET SON UTOPIE HYDROGÈNE : VERTE SUR LE PAPIER, ROUGE DETTE GOUVERNEMENTALE, GRISE POUR LE CLIMAT

  Mais pourquoi donc le gouvernement d’outre-Rhin s’entête-t-il à promouvoir un hydrogène dit « vert », qui vire au gris dès qu’on y regard...