FAYL-BILLOT : UN NOUVEAU PROJET D' USINE DE MÉTHANISATION


 
 
ET UN DE PLUS !
 
  Un nouveau projet d’usine de méthanisation a été déclaré en préfecture. Il serait implanté sur la commune de Fayl-Billot, plus précisément à proximité du carrefour de la Folie, au lieu-dit « La Rose des Vents », le long de la RN19 en direction de Vesoul.
   À noter qu’un article récemment paru dans le jhmQuotidien cite les chiffres officiels du Ministère de l'Agriculture pour la Haute-Marne en 2024. Il y est affirmé, noir sur blanc :
«Du côté de l’énergie, la Haute-Marne dénombre 26 méthaniseurs pour une puissance totale de 1 375 Nm³/h. Il n’existe plus aucun projet et la Haute-Marne n’ira pas au-delà.»
  Une déclaration qui se veut ferme et définitive... sauf que dans les faits, des projets continuent bel et bien d’émerger sur le territoire ! Cette annonce d'une « fin » des méthaniseurs contraste donc fortement avec la réalité, et laisse un goût amer : faut-il en rire ou en pleurer, tant cela en devient absurde — voire dangereux — pour l’environnement et pour les habitants ?
  Ce projet vient nourrir une forte concentration d’usines de méthanisation, à cheval sur les deux départements frontaliers que sont la Haute-Marne et la Haute-Saône, rivalisant en nombre avec les ... usines éoliennes. Voir liste ci-dessous.
  Le porteur du projet et ses 4 associés, serait originaire de Fontenelle, en Côte-d'Or, à environ 45 km de Fayl-Billot mais, il exercerait également sur le secteur retenu. Il propose une unité dite « à injection » (1), avec les aides financières INDISPENSABLES de l'État et de l’Union européenne (2).
  La capacité annoncée serait, comme souvent, inférieure à 30 tonnes par jour, 30 t/j (3), ce qui permet au projet de bénéficier d’un régime réglementaire plus souple. En effet, dans ces conditions, l’installation relève d’un régime de simple déclaration préfectorale, au titre de la législation sur les installations classées pour la protection de l’environnement — ICPE. En revanche, si la capacité dépasse 30 t/j, l’installation est soumise à autorisation environnementale, conformément aux articles L.181-1 et suivants du Code de l’environnement. Cette procédure implique notamment la réalisation d’une étude d’impact, une évaluation des incidences Natura 2000 le cas échéant, ainsi qu’une enquête publique.
  Il est de notoriété publique que nombre d' installations déclarent une capacité inférieure à 30 t/j, afin d’échapper aux contraintes du régime d’autorisation ou d’enregistrement applicable aux ICPE. Cependant, lors de contrôles effectués à la demande de la préfecture, il est régulièrement constaté que la capacité réelle, t/j, de production dépasse le seuil réglementaire.
  En pareil cas, la préfecture peut engager différentes actions :
  • adresser une mise en demeure de se conformer à la réglementation applicable au régime réellement pratiqué;
  • suspendre ou arrêter temporairement l’activité jusqu’à régularisation;
  • engager des poursuites administratives ou pénales, notamment en cas de récidive ou de dissimulation avérée;
  • exiger le dépôt d’un dossier de régularisation, sous peine de sanctions supplémentaires.
  En général, la préfecture se contente de régulariser l'infraction et d'enregistrer la nouvelle capacité t/j !... 

 (1). 
 
 
 Diversité des formes d’unité de méthanisation en France et caractéristiques
«  Les unités de méthanisation industrielle désignent les unités portées majoritairement — en termes de capital social de la société — par des industriels quel que soit le secteur d’activité : IAA, coopérative agricole, papeterie, assainissement. Elles regroupent donc la catégorie de l’ ADEME dite « industrielle », « STEP », ainsi qu’une partie des UM centralisées et des « déchets ménagers ».
   Les unités territoriales sont des unités majoritairement portées par des collectivités territoriales ou des structures publiques à l’échelle locale. Dans la catégorisation de l’ ADEME il s’agit donc d’une partie des unités centralisées.
   Nous avons distingué deux catégories d’ UMA, le critère principal étant toutefois toujours le même, à savoir que les agriculteurs doivent être majoritaires au capital social. Il s’agit, d’une part, des UMA dont le capital est détenu par une minorité de divers acteurs extérieurs au milieu agricole, et d’autre part, des UMA uniquement portées par des agriculteurs en individuel ou constituées autour d’un collectif d’agriculteurs.
   Enfin, nous avons introduit une catégorie spécifique pour les unités de type micro méthanisation, en maintenant toujours le critère des caractéristiques des acteurs majoritaires au capital social : micro méthanisation agricole et micro méthanisation de particuliers. La micro méthanisation doit être distinguée des UMA car : (i) son impact sur le territoire est extrêmement faible, (ii) elle ne nécessite pas de financements importants ce qui conduit à un actionnariat varié parfois agricole, parfois de particuliers. Ces deux éléments influencent la stratégie et les motivations des acteurs qui portent la micro méthanisation, notamment parce que l’activité est en plus grande autarcie vis-à-vis des autres acteurs de la filière et nécessite moins de symbiose avec l’exploitation agricole dans le cas d’unités agricoles. ... »
Source.
 
  À noter que, des dispositifs favorables au développement de l'injection sont soutenues par différents acteurs, tels que GRDF — conformément au décret n° 0149 du 29 juin 2018 relatif au droit à l'injection, ainsi que par des organisations comme l'Association technique Énergie Environnement, ATEE, et l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France : AAMF. Ces acteurs œuvrent pour la professionnalisation et la durabilité de la filière. Cela explique l’essor des projets à injection depuis cette date.
  Pour en savoir plus, c'est ICI.
 

(2) Tableau récapitulatif
Type de méthanisationPorteursIntrantsCoût moyen (€ HT)Aides principales
Agricole individuelle1 exploitant agricoleEffluents, résidus de cultures500 000 – 1,5 M€Fonds Chaleur ADEME, FEADER, CEE, aides régionales
Agricole collectiveGroupement d’agriculteursIntrants agricoles mutualisés1,5 – 3 M€Fonds Chaleur ADEME, FEADER, aides Régions/Agences de l'eau, CEE
TerritorialeAgriculteurs + collectivités/indusBiodéchets, boues, déchets agroalimentaires3 – 7 M€, voire plusADEME, Régions, Fonds Chaleur, CEE, garantie bancaire, obligation d’achat
IndustrielleIndustriels (IAA, déchets)Sous-produits industriels3 – 10 M€CEE, obligation d’achat biométhane, aides locales
ISDND (biogaz de décharge)Centres d’enfouissementGaz issu de déchets enfouisProjet spécifiqueAides ADEME, contrat d’achat, CEE

Exemple concret de projet / agricole collectif
  • Structure : GAEC de 5 agriculteurs
  • Capacité : 200 Nm³/h, environ 500 kWé
  • Intrants : fumier, lisier, résidus de culture, déchets de silos
  • Coût total : ~2,8 M€
  • Financement :

    • Fonds Chaleur ADEME : 750 000 €
    • FEADER : 500 000 €
    • CEE : 100 000 €
    • Prêt bancaire : 1,45 M€, avec garantie de la banque publique d'investissement, BPI.
       
  • Revenus :
     
    • Vente biométhane — tarif achat : 130 €/MWh
    • Vente digestat / économies d'engrais
    • Prime CEE annuelle
 À noter que l'on parle pour ce type de projet en... millions d'€ d'investissement, de la part de travailleurs de la terre présentés régulièrement comme des « damnés de la terre » dans les médias et sur les réseaux sociaux !...

  Lire sur le même sujetMéthaniseur à Guéret : le projet serait abandonné
 « ...  La diminution du soutien financier de l’ Ademe (Agence de développement et de maîtrise de l’énergie) à la méthanisation aurait conduit le géant gazier à juger que son modèle économique n’est plus viable. ... »
(3).
  • t/j : indique la capacité d’un méthaniseur. Cette dernière est généralement exprimée en tonnes par jour (t/j) et reflète le volume de matières premières — effluents agricoles, déchets alimentaires, résidus industriels, etc., que le méthaniseur peut digérer dans son processus biologique pour produire du biogaz.
  •  elle indique le flux journalier que l’installation peut absorber et digérer sans compromettre son fonctionnement ou son efficacité.
  •  elle dépend des dimensions du méthaniseur, des conditions de fonctionnement — température, temps de rétention, type de substrat, et des technologies utilisées.
  • plus la capacité est élevée, plus la production de biogaz, et donc d’énergie, peut être importante, à condition que les intrants soient adaptés.
  •  une grande capacité implique des flux logistiques —transport des intrants et des digestats — et des enjeux de gestion des nuisances : odeurs, bruit, etc.,. synonyme.. d'importants impacts environnementaux ! 

MÉTHANISATION EN FRANCE

 

 
 

 


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 

MÉTHANISATION EN HAUTE-MARNE

Un département saturé !
 
 
 
 
 
Liste des usines, au 10 mai 2023
 
  1. Ferme SARL Eurekalias, cogénération, 2010, Breuvannes-en-Bassigny, située en plein cœur de la zone Natura 2000 du Bassigny
  2. Ferme Cmv Biogaz, cogénération, 2015, Chalancey
  3. Ferme Methanobois Sas, cogénération, 2015, Marbeville
  4. Gaec Morlot, cogénération, 2015  Soulaucourt-sur-Mouzon
  5. Gaec de l'Écluse, cogénération, 2015, Hacourt 
  6. Ferme Énergie Martelle, cogénération, 2016, Enfonvelle
  7. Ferme EARL de la Passion, cogénération, 2017, Liffol-le-Petit  
  8. Ferme SARL Novalait, cogénération, 2018, Graffigny-Chemin
  9. Gaec du Dardu, cogénération, 2018, Audeloncourt, située en plein la zone Natura 2000 du Bassigny 
  10. Gaec Fourier, injection, 2023, Colombey-les-deux-Églises
  11. Gaec de la Losne, cogénération, 2020, Verseilles-le-Bas
  12. SAS Methassin, cogénération, 2018, Belmont
  13. Méthamance, cogénération, 2019, Rougeux
  14. Methafet, cogénération, 2019, Andelot-Blancheville, située à 400 m de la zone Natura 2000 du Bassigny 
  15. SAS Bio Metha Énergie, cogénération, 2019, Saint-Maurice
  16. SARL Metha du Vallage, injection, 2020, Fronville
  17. SAS Blb Agri-Biogaz, injection, 2020, Bourbonne-les-Bains, située à 700 m de la zone Natura 2000 du Bassigny
  18. SAS Mouzon Énergies, injection, 2020, Sommerecourt
  19. SAS Energize, cogénération, 2020, Brainville-sur-Meuse 
  20. SAS Methasource, cogénération, 2020, Ninville
  21. SCEA de Meudry, cogénération, 2020, Bouzancourt, située de part et d’autre de la ZNIEFF(1)
    Vallées Blaise-Blaiseron et à 100 m de la rivière
  22. SAS Agri Énergie Langres, injection, 2021, Langres
  23. SAS Mdp Biogaz, injection, 2021, Dommartin-le-Franc 
  24. SAS Methacom, injection, 2021, Saint-Ciergues
  25. SARL Bmg Energy, cogénération, 2021, Brachay, en surplomb de la ZNIEFF Vallées Blaise-Blaiseron
  26. SAS Méthanisation des Érables, cogénération, 2021, dans la Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique, ZNIEFF, Amance, Champigny-sous-Amance
Source.
 
  En rouge, figurent les usines en activité à proximité du projet : Belmont = ~ 9 km / Rougeux = ~ 4.5 km et Champigny-sous-Amance = ~9 km. Il convient d’y ajouter les usines situées à la frontière en Haute-Saône, sur les communes de :   La Quarte, La Rochelle,  Gourgeon,  Bougey et Augicourt, dans un rayon maximum de 15 km ! Voir ci-dessous. Soit un total de 8 usines déjà en activité !

MÉTHANISATION EN HAUTE-SAÔNE



 
 
 Situation des usines de méthanisation en activité. Source.
 
Liste des usines en activité, au 10 mai 2023
  1. Méthanisation IAA Eurosérum, chaudière, 1992, Port-sur-Saône
  2. Gaec Courtoy, cogénération, 2010, Éhuns 
  3. Gaec Vivieroche, cogénération, 2011, La Rochelle
  4. Ferme Essarts Méthanisation, cogénération, 2012, Oiselay 
  5. Gaec Bio de They, cogénération, 2012, Sorans-lès-Breurey
  6. Ferme SARL Méthadelaine, cogénération, 2014, Delain 
  7.  Ferme SARL Biogaz Énergie, cogénération, 2015, Mailleroncourt-St-Pancras
  8. Ferme SAS Methanchottes, cogénération, 2015, Sornay 
  9. Gaec de la Foultière, cogénération, 2016, Roche-surLinotte et Sorans-les-Cordiers 
  10. GAEC du Parge, cogénération, 2016, Aisey-et-Richecourt 
  11. Ferme Raisoné250, cogénération, 2017, Amance 
  12. Ferme Aebischeré156, cogénération, 2018, Aboncourt-Gesincourt
  13. Ferme EURL Joly Matthieu, cogénération, 2018, Denèvre 
  14. Gaec Muhlematter, cogénération, 2018, Saulx 
  15. Ferme SAS du 1er Chêne, cogénération, 2018, Sainte-Marie-en-Chaux
  16. ÉTA du Champ Ramey, cogénération, 2019, Gourgeon
  17. Gaec Girard Clerc, cogénération, 2019, Bay 
  18. Tardy Énergies, cogénération, 2019, Valay  
  19. Travaux Agricoles Gaumet, cogénération, 2019, Bougey  
  20. Agro Énergie du Pertuis, injection, 2020, Raze
  21.  Gaec Rapin, cogénération, 2020, La Creuse, près de Mailley-et-Chazelot
  22. Gaec Reconnu des Naux, cogénération, 2020, Mailley-et-Chazelot
  23.  SAS Augigaz, injection, 2020, Augicourt
  24. Gaec du Pré Ferre, cogénération, 2021, Cubry-lès-Faverney  
  25. SAS Méthanisation Val de Saône, injection, 2022, Pusey 
  26. Tour Metha, injection, 2023, La Quarte
En rouge, les usines actives à moins de 15 km du projet de Fayl-Billot..  
 
 
 QU' ONT-ILS FAIT DE LA HAUTE-MARNE ? ILS L'ONT PATIEMMENT MASSACRÉ !   
 
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