Avant même d'envisager la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie, PPE3, période 2023-2035, il est essentiel de rappeler que la PPE2, période 2019-2028, reste en vigueur. Dans ce contexte, il est pour le moins surprenant que le gouvernement actuel — qui, rappelons-le, ne dispose pas d’une majorité issue des urnes — cherche à faire adopter la PPE3 par décret, en écartant un vote de la représentation nationale. Quelle est donc l'urgence invoquée ? Ne serait-il pas plus démocratique et légitime d'attendre les prochaines échéances électorales, notamment les municipales de 2026 et les présidentielles et législatives de 2027, afin que le futur président ou présidente et sa majorité parlementaire puissent définir la nouvelle trajectoire énergétique de la France ?
Alors oui, qu'est-ce qui justifie une telle urgence, en 2025 ?
Le projet de PP3 proposé accorde une place prépondérante aux énergies renouvelables, dans la continuité des orientations énergétiques poursuivies par les présidents et gouvernements successifs. Cette ligne s’accompagne d’un discours souvent empreint de mauvaise foi, voire de contrevérités, relayées dans les textes par des services administratifs flagorneurs. Les agences gouvernementales en facilitent ensuite la mise en œuvre, appuyées, politiquement, par des partis dont l’influence, bien que marginale dans les urnes, a profondément gangréné le temps de cerveau disponible des Français. (1)
(1). « ... Une culture meurt quand disparaissent ceux qui l'incarnent, non comme institution officielle, mais dans l'originalité unique de leur propre sensibilité, de leur propre intelligence. Le reste n'est que colportage. Selon la sarcastique et perfide formule d' Étiemble * :
« La plupart des gens, au lieu de commencer une phrase en disant « je pense que », devraient dire : « je répète que ». Cour à la Sorbonne sur le Mythe de Rimbaud en Russie, 1964.... »REVEL François, Mémoires, Le voleur dans la maison vide, Plon, 1997, p. 271.
*. Étiemble René, 1909-2002, écrivain, essayiste, traducteur et professeur de littérature comparée français. Passionné par les langues et les cultures étrangères, il a notamment milité pour un dialogue entre les civilisations, en particulier entre l’Orient et l’Occident. Il est connu pour sa traduction de La Pérégrination vers l’Ouest — un grand classique chinois, ainsi que pour ses essais engagés, comme Parlez-vous franglais ?, où il critiquait l'invasion des anglicismes dans la langue française. Professeur à la Sorbonne, membre actif de plusieurs revues intellectuelles, Étiemble a marqué la pensée critique du XXe siècle par son érudition, son engagement humaniste et sa défense passionnée de la langue française.
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PPE 3 ou comment détruire, en seulement dix ans, toute attractivité rurale par une industrialisation massive
Projet de PPE 3 — doc. 2. Extraits du tableau de synthèse stratégique p. 7-11.
Sites & Monuments avait déjà participé, en janvier 2025, par un cahier d’acteur n° 354, à la concertation sur la Stratégie française pour l’énergie et le climat, première version de la « Programmation pluriannuelle de l’énergie 3 » — PPE 3.

Bilan de la concertation préalable PPE 3, décembre 2024, p. 22.
La version définitive de cette Programmation pluriannuelle de l’énergie3 est aujourd’hui soumise à la consultation du public.
Ce document nous semble passablement technocratique dans sa forme et nous sommes malheureusement presque certains, en émettant un avis, de ne pas être entendus. Que d’heures perdues depuis des années à ce type d’exercice, montrant pourtant une opposition majoritaire au saccage des paysages et de la biodiversité ! C’est à se demander si l’important n’est pas pour notre administration d’avoir « concerté » afin de pouvoir imposer. Ainsi, le document intitulé « Ce qui a changé dans la PPE à la suite de la concertation préalable menée en 2024 », tout en se félicitant des « réunions publiques organisées dans chaque Région de France ainsi [que d’]une consultation en ligne du grand public, qui a permis de recueillir plus de 31 000 contributions », ne prévoit aucunement de limiter l’énergie éolienne, malgré les très nombreuses protestations citoyennes à ce propos, qui n’ont servi par conséquent à rien. Ces politiques publiques à œillères font évidemment le malheur des uns — ici des ruraux, et le bonheur des autres : des idéologues — un parti écologiste regrette ainsi que « cette PPE reste aussi timorée sur le développement des énergies renouvelables, notamment l’éolien terrestre », Bilan concertation préalable, p. 23, et de la filière des EnR.
Plan de développement décennal des énergies de la PPE3
Le projet de décret régit notre énergie à court terme puisque les objectifs de développement sont fixés pour 2035.
Dans ce laps de temps, la PPE prévoit une quasi stagnation du nucléaire qui passerait de 56 réacteurs à 57 réacteurs en service, soit une production qui serait portée de 320,4 TWh à 360 TWh. Cette augmentation d’un peu moins de 40 TWh correspondrait à un coefficient multiplicateur de 1,1.

Centrale nucléaire de Penly et des deux futurs réacteurs implantés sur le même site.
L’augmentation de la part du nucléaire, électricité pilotable et décarbonée produite à partir de seulement 18 sites générant plus de 75 % de notre électricité, est pourtant indolore pour les paysages et la biodiversité. Et il n’y a aucun besoin de nouveaux réseaux de transport d’électricité puisque les nouveaux réacteurs sont prévus au sein de centrales existantes.
En revanche :
– la production de l’éolien terrestre serait portée de 48,7 TWh à un maximum de 103 TWh, soit une multiplication par 2,1.

Éolien sur le massif de l’ Escandorgue, Hérault. Photo M.-A. Chavanis.
Cela suppose, outre le repowering faisant fréquemment passer la hauteur des éoliennes de 130 m à plus de 240 m, [ en bout de pales ] d’implanter de 3 000 à 5 000 nouveaux mats sur les 9 000 existant actuellement. Notons que la nouvelle génération de machines, approchant les 250 m en bout de pales, a un impact sans commune mesure sur les paysages : voir ici.

L’usine d’éoliennes de la Baie de Saint-Brieuc — 62 machines — depuis la pointe de St Cast avec le château de la Roche Goyon. Photo Bertrand Panchout.
– la production de l’éolien en mer
passerait, pour sa part, de 1,9 TWh — correspondant aux parcs [ usines ! ] de
Saint-Nazaire et de Saint-Brieuc mis en service en 2022 et 2023 — à 71
TWh, soit un coefficient multiplicateur de 37.
La puissance installée de l’éolien en mer passerait ainsi de 0,84 GW
en 2023 — pour deux parcs [ usines ! ], à 3,8 GW en 2030, à 18 GW en 2035,
l’évaluation environnementale reprenant également à son compte le
chiffre de 40 à 59 GW de puissance installée pour 2050 : p. 179. On ose à peine imaginer le nombre de parcs [ usines ] en mer que cela représente.

Installations « agrivoltaïques ».
– la production des panneaux photovoltaïques passerait de 22,7 TWh à un maximum de 110 TWh, soit une multiplication par 4,8 de la surface des panneaux existants;

Méthaniseurs dénaturant un cadre de vie rural.
– la production des méthaniseurs, biogaz, passerait de 19,5 TWh à un maximum de 85 TWh, soit une multiplication par 4,4, ce qui suppose un développement massif de ces installations, pas nécessairement intégrées aux paysages;

La station de transfert d’énergie par pompage, STEP, de Revin dans les Ardennes. Photo EDF.

Hydrogène « décarboné » produit à Hobro, Danemark, à partir de la technologie d’électrolyse. Photo Air Liquide.
Les capacités de stockage d’énergie seraient par ailleurs développées, comme en témoigne le passage de 0 GW de capacité d’électrolyse — fabrication d’hydrogène — en 2023 à 8 GW en 2035 et de 3 GW de stations de transfert d’énergie par pompage, STEP, supplémentaires durant la même période. Ce qui se matérialisera dans nos paysages par la multiplication des usines d’électrolyse et des peu consensuelles « méga bassines ».
On comprend aisément que les objectifs de la PPE 3 aboutiraient à un mitage industriel des zones rurales.
Les capacités de stockage d’énergie seraient par ailleurs développées, comme en témoigne le passage de 0 GW de capacité d’électrolyse — fabrication d’hydrogène — en 2023 à 8 GW en 2035 et de 3 GW de stations de transfert d’énergie par pompage, STEP, supplémentaires durant la même période. Ce qui se matérialisera dans nos paysages par la multiplication des usines d’électrolyse et des peu consensuelles « méga bassines ».
On comprend aisément que les objectifs de la PPE 3 aboutiraient à un mitage industriel des zones rurales.
Évaluation environnementale de l’impact de la PPE 3 sur le patrimoine
L’un des documents du dossier de la consultation du public s’intitule « Évaluation environnementale stratégique ». Il réserve des surprises.
Les orientations de la PPE y sont classées selon leur caractère « positif majeur, positif limité, neutre, négatif limité ou négatif majeur » et il existe une rubrique « patrimoine », permettant d’évaluer les incidences de chacune des actions de la PPE en la matière. Cette rubrique est, par la suite, désignée dans l’évaluation environnementale sous l’intitulé « Biodiversité et habitats naturels, Patrimoine architectural, culturel et archéologique ».
Baisse de l’énergie finale et patrimoine selon la PPE

Isolation thermique par l’extérieur, ITE, d’une façade à pans de bois par un bardage en PVC.
Selon l’évaluation environnementale, la « baisse de l’énergie finale » aurait un effet « positif majeur » sur le patrimoine, alors même que celle-ci repose notamment sur des incitations multiples à la rénovation thermique — MaPrimeRénov’, primes CEE, éco-prêt à taux zéro, TVA à 5,5%, aides locales... —, dont les effets dévastateurs sur le bâti ancien sont parfaitement connus : disparition des menuiseries en bois, notamment des portes anciennes, au profit du PVC; isolation thermique des façades par l’extérieur au détriment des éléments des modénature — usage du polystyrène; placoplatrisation des intérieurs au préjudice des décors, etc,.
Passant à côté de ce constat élémentaire, l’évaluation environnementale explique, amalgamant deux sujets très différents, que
« La réduction de la consommation d’énergie et d’émissions de polluants atmosphériques limitera les retombées polluantes dans les milieux terrestres et aquatiques, et donc engendrera une baisse des pressions sur la biodiversité et sur le patrimoine », p. 143.
Plus loin, il est dit que « La PPE n’aura pas d’impact » sur la « Rénovation thermique des bâtiments remarquables non protégés », p. 195, ou un impact positif en limitant le « noircissement des bâtiments dû à la pollution générée par les logements de par leur émission de particules fines » — phénomène pourtant réversible, propre à certaines agglomérations et plutôt causé par les transports, p. 124-125. Or, la rénovation thermique est la première menace sur notre patrimoine, comme l’ont établi les associations du G7 Patrimoine. Comment une menace majeure peut-elle être présentée par l’évaluation environnementale comme une action « très positive » pour le patrimoine ?
Solaire thermique et patrimoine selon la PPE
Solaire thermique et patrimoine selon la PPE

Installation solaire thermique de production d’eau chaude en toiture.
Le « solaire thermique », disgracieux serpentins à eau chaude placés sur les toitures, auraient également un « effet positif » sur le patrimoine. L’évaluation environnementale explique ainsi que
« Le solaire thermique n’a pas d’impact sur les paysages [...] car il est installé uniquement sur toiture », p. 151.
Or, ces installations portent manifestement atteinte aux toitures traditionnelles, tout comme aux paysages dans lesquels s’insèrent les habitations concernées.
STEP et patrimoine selon la PPE
Le développement des stations de transfert d’énergie par pompage, STEP, aurait un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine !
Ici, l’évaluation environnementale de la PPE se refuse à considérer le patrimoine paysager en expliquant simplement que :
STEP et patrimoine selon la PPE
Le développement des stations de transfert d’énergie par pompage, STEP, aurait un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine !
Ici, l’évaluation environnementale de la PPE se refuse à considérer le patrimoine paysager en expliquant simplement que :
« les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP) permettant de stocker de l’électricité entre deux bassins d’altitude différentes, présentent des enjeux environnementaux similaires. Toutefois, les STEP peuvent avoir des impacts plus faibles sur les milieux aquatiques si un ou plusieurs bassins sont totalement artificiels et ne barrent pas un cours d’eau », p. 167.Éolien terrestre et patrimoine selon la PPE
Le développement de l’« éolien terrestre » aurait également un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine !
Dans ce domaine, l’évaluation environnementale tire un constat exact des conséquences attendues de l’objectif de doublement de la production de l’électricité éolienne, mais sa conclusion est pour le moins surprenante ou naïve :
« les éoliennes modifient le paysage dans lequel elles s’insèrent, par leur hauteur, leur envergure, leur positionnement et leur nombre. Il est donc nécessaire de penser l’implantation d’un parc de manière contextualisée dans ce paysage local en tenant compte des perceptions par les populations, et des autres parcs existants ou en projets. Afin de favoriser l’intégration des installations éoliennes sur le territoire, il est recommandé d’associer les populations dans le processus de sélection des sites d’implantation. À long terme, le développement de l’énergie éolienne présente des risques de saturation du territoire. Une fois que les sites les plus propices au développement de l’énergie éolienne auront été exploités, les développeurs de nouveaux projets pourraient se tourner vers des sites moins consensuels. Il est important que la filière se construise sans oublier cet aspect », p. 173.Le « plan de repowering » de la PPE n’est pas une solution puisqu’il consiste à remplacer les éoliennes existantes — souvent de 130 m [ en bout de pales ] par des éoliennes beaucoup plus hautes : frôlant aujourd’hui les 250 m :
« La PPE prévoit notamment d’organiser un plan de « repowering » pour préparer un renouvellement efficace des parcs renouvelables existants sur la période 2025-2035 en étudiant la possibilité d’augmenter la taille des mâts pour rehausser la production tout en limitant le nombre de mâts. Ceci permettra de réduire l’impact des nouvelles capacités sur l’usage des sols et sur la biodiversité » ce qui est contestable et ne concerne pas les paysages : p. 172.
On calcule, outre l’accroissement des nuisances des parcs [ usines ] existants, que les objectifs de la PPE 3 ne pourront être atteints qu’en implantant de 3 000 à 5 000 nouveaux mats sur des sites vierges. Or, ces éoliennes de la nouvelle génération ont un impact sur les paysages démultiplié.
Comment, après un tel constat, considérer que le doublement de l’énergie l’éolienne terrestre aura un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur les paysages et le patrimoine ? Comment s’en remettre, dans ces conditions, à la responsabilité d’une filière dont on connait la brutalité ?
Éolien en mer et patrimoine selon la PPE
Le développement de l’éolien en mer aurait également un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine ! C’est à n’y rien comprendre puisque l’évaluation de la PPE explique que :
Comment, après un tel constat, considérer que le doublement de l’énergie l’éolienne terrestre aura un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur les paysages et le patrimoine ? Comment s’en remettre, dans ces conditions, à la responsabilité d’une filière dont on connait la brutalité ?
Éolien en mer et patrimoine selon la PPE
Le développement de l’éolien en mer aurait également un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine ! C’est à n’y rien comprendre puisque l’évaluation de la PPE explique que :
« Le développement de dispositifs de production d’énergies en mer, et en particulier les éoliennes en mer peut avoir un impact sur les paysages littoraux. En effet, du fait de leur grande taille et forte visibilité, les éoliennes affectent le paysage dans lequel elles s’insèrent et il est nécessaire de prendre en considération cette incidence pour chaque projet. Des analyses spécifiques sont notamment menées pour prendre en considération les sites présentant un enjeu patrimonial spécifique », p. 182.
Or, la carte des « Zones propices au développement de l’éolien en mer à l’horizon 10 ans et à l’horizon 2050 », p. 180, se caractérise par la très grande proximité des implantations vis-à-vis du littoral : une quinzaine de kilomètres au mieux.
Photovoltaïque et patrimoine selon la PPE
Le développement du « photovoltaïque » aurait également un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine. Ici, l’évaluation environnementale considère que :
Photovoltaïque et patrimoine selon la PPE
Le développement du « photovoltaïque » aurait également un « impact neutre », c’est-à-dire « pas d’impact significatif » sur le patrimoine. Ici, l’évaluation environnementale considère que :
« Les centrales au sol modifient le paysage dans lequel elles s’insèrent. Toutefois, des critères paysagers sont d’ores et déjà pris en compte lors de l’instruction des projets pour le développement de ces infrastructures, via une analyse de l’impact paysager du projet. A proximité des lieux de patrimoine sensibles, un avis conforme de l’architecte des bâtiments de France est nécessaire, et un projet ne s’insérant pas correctement dans le paysage ne pourra pas voir le jour dans cette configuration. [...] », p. 176.
L’avis des ABF [ Architecte des Bâtiments de France ] dans les Sites patrimoniaux remarquables, essentiellement urbains, et les 500 m des monuments historiques n’est évidemment pas une garantie suffisante et les projet de dénaturation des terres agricoles par des centrales photovoltaïques se multiplient malheureusement.
Le photovoltaïque en toiture, problème majeur dans les villes et villages patrimoniaux, n’est pas évoqué, alors que les « petites et moyennes toitures » correspondent à 41% du total de la production attendue — ce qui a changé depuis 2024, p. 2, tandis que l’évaluation environnementale souligne, par ailleurs, que le « photovoltaïque en résidentiel » jouit d’une « bonne acceptabilité » et que le « gisement restant à développer » est « non limitant à moyen terme », p. 14. On connait, en outre, les attaques contre l’avis conforme de l’ ABF en la matière.
Biomasse et patrimoine selon la PPE
Les effets de l’exploitation de la biomasse sur les paysages ne sont pas évalués : p. 9. Pourtant, la mise de certaines forêts en coupe rase pour le broyage ou l’exploitation à outrance des haies dans le même but — empêchant notamment aux jeunes arbres de s’épanouir — est préoccupante de notre point de vue.
Développement du réseau électrique et patrimoine selon la PPE
En revanche, le développement du « réseau électrique » aurait un impact « négatif limité » sur le patrimoine en « augmentant l’impact anthropique » ce qui nécessiterait une « vigilance particulière », p. 9 et 10. L’évaluation environnementale constate en effet que :
Le photovoltaïque en toiture, problème majeur dans les villes et villages patrimoniaux, n’est pas évoqué, alors que les « petites et moyennes toitures » correspondent à 41% du total de la production attendue — ce qui a changé depuis 2024, p. 2, tandis que l’évaluation environnementale souligne, par ailleurs, que le « photovoltaïque en résidentiel » jouit d’une « bonne acceptabilité » et que le « gisement restant à développer » est « non limitant à moyen terme », p. 14. On connait, en outre, les attaques contre l’avis conforme de l’ ABF en la matière.
Biomasse et patrimoine selon la PPE
Les effets de l’exploitation de la biomasse sur les paysages ne sont pas évalués : p. 9. Pourtant, la mise de certaines forêts en coupe rase pour le broyage ou l’exploitation à outrance des haies dans le même but — empêchant notamment aux jeunes arbres de s’épanouir — est préoccupante de notre point de vue.
Développement du réseau électrique et patrimoine selon la PPE
En revanche, le développement du « réseau électrique » aurait un impact « négatif limité » sur le patrimoine en « augmentant l’impact anthropique » ce qui nécessiterait une « vigilance particulière », p. 9 et 10. L’évaluation environnementale constate en effet que :
« La PPE prévoit un développement important du réseau de transport et de distribution d’électricité afin de raccorder les nouveaux moyens de production (énergies renouvelables, nouveaux réacteurs nucléaires », p. 195.
Il n’est pourtant prévu que la construction d’un seul réacteur nucléaire d’ici 2035 et sur un site nucléaire déjà raccordé... Le problème est en réalité du côté des EnR dont le caractère « décentralisé » appelle à une multiplication, d’ailleurs très couteuse, des réseaux de transport d’électricité.
L’évaluation environnementale laisse ensuite le problème sans solution :
L’évaluation environnementale laisse ensuite le problème sans solution :
« Le réseau électrique et a fortiori le réseau de transport a un impact visuel sur les paysages. La construction de lignes souterraines permet de lever tout impact visuel au prix d’un impact plus important sur les sols (risque de pollution des nappes, impact sur l’écoulement des eaux, assèchement des sols du fait de l’échauffement des câbles). Par ailleurs, les câbles souterrains haute tension présentent une puissance réactive plus élevée qu’elle ne l’est pour les lignes aériennes. Le recours à des lignes souterraines n’est donc pas toujours techniquement envisageable, sans compter le fait que leur coût est également plus élevé pour la collectivité. » p. 196.
Conclusion générale de la PPE3 sur son impact patrimonial : « Il est difficile de définir une tendance claire »
En matière de « Patrimoine architectural, culturel et archéologique, paysages et biens matériels », la conclusion générale de l’évaluation environnementale — 2.4.4., intitulée « Tendances et perspectives d’évolution », est la suivante :
« Il est difficile de définir une tendance claire . Outre le vieillissement naturel du patrimoine qui continuera d’impacter son état, les précautions liées à la production énergétique sur des sites patrimoniaux devraient limiter leur incidence, et la mise en œuvre de la PPE 3 devra réduire les émissions de particules fines, ce qui ralentira in fine le noircissement des façades » p. 143Le projet de décret relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie entérine ces inexactitudes et approximations en renvoyant au site internet hébergeant ces éléments.
La tendance est pourtant très claire : nos campagnes sont appelées, en seulement dix ans, à devenir des zones semi-industrielles, avec les conséquences que cela implique sur les paysages, la biodiversité, l’attractivité et la vie rurale. Dans nos domaines d’action, la PPE 3 repose ainsi sur des attendus lourdement inexacts ou insuffisants, ce qui en rendrait l’application dangereuse.
Julien Lacaze, président de Sites & Monuments
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