L' ILLUSOIRE RÉVOLUTION ÉNERGÉTIQUE " VERTE " ALLEMANDE AU BORD DU GOUFFRE

  Cette descente continuelle dans l'entonnoir de l'Enfer au nom de la révolution énergétique " verte ", jusqu'à... la Rédemption ?, a pour créateur la coalition rouge-verte, I998-2005 : le Parti Social Démocrate, SPD, et, son collaborateur, le parti Bündnis 90/Die Grünen.
 
Parti Social Démocrate, SPD
  " Le parti social-démocrate incarnait les aspirations politiques de presque tous les travailleurs organisés. Ses seuls concurrents étaient une poignée d'anarchistes isolés et inefficaces, d'une part, de faibles syndicats jaunes et des catholiques amorphes, de l'autre. Le parti est habituellement caractérisé par les historiens comme révolutionnaire en théorie et favorable dans la pratique à un changement graduel. Il tirait ses origines de deux mouvements assez différents issus de la jeune classe ouvrière des années I860 et I870 : un courant ouvertement révolutionnaire se réclamant des idées de Karl Marx*, et un courant, inspiré par Lasalle**, qui se proposait d'obtenir des réformes en faisant des compromis avec l' État prussien. Mais l'expérience de l'organisation au sein de cet État avait amené les deux courants à fusionner. Les lassalliens, malgré leurs rêves réformistes, devaient faire face à une réalité dans laquelle le mouvement ouvrier était persécuté et où ses dirigeants n'avaient aucun impact sur les prises de décisions nationales. Quant aux marxistes, leurs aspirations révolutionnaires étaient tempérées par le fait que l'État était trop puissant pour être renversé, ce qui les incitait à éviter une politique de confrontation directe.
  Le mouvement dans son ensemble en était réduit à se comporter comme une minorité marginale au sein de la société allemande, utilisant laborieusement toutes les opportunités de construire sa force par les moyens légaux que lui laissait l'État. "
HARMAN Chris, La révolution allemande, I9I8-I923, La fabrique éditions, 20I5, p. 32.
 
  Si sa participation à la proclamation de la République de Weimar, I9I8-I933, est un fait marquant, son implication dans l'écrasement dans le sang de la révolution spartakiste, avec les assassinats de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, janvier I9I9, entache son bilan initial. Paradoxalement, il sera le seul parti à l'arrivée au pouvoir de Hitler, à ne pas voter la loi des pleins pouvoirs au Parti national-socialiste des travailleurs allemands, NSDAP, Reichstag le 23 mars I933. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et, surtout depuis les années 60, il s'est affirmé comme un pilier de la démocratie allemande, en gouvernement de nombreuses fois au sein de coalitions : Willy Brandt, I9I3-I992, Helmut Schmidt, I9I8-20I5, Gerhard Schröder, I944-, etc.   
  Ainsi, le SPD s'avère être un acteur majeur de l'histoire allemande du XXe et XXIe siècle, capable du meilleur comme... du pire ! 
 
* MARX Karl, I8I8-I883, théoricien du socialisme et révolutionnaire allemand. Larousse.
** LASSALLE Ferdinand, I825-I864, socialiste allemand. Il rencontra Marx et Proudhon, s'initia à la philosophie, plaida pour l'unité allemande qu'il considérait comme possible grâce à Bismarck. Il multiplia les publications en faveur des réformes sociales puis fonda un parti en I863, l'Association générale des travailleurs allemands. Il préconisa la théorie de l'association des travailleurs, et énonça la loi d'airain des salaires. Larousse.
 
 
 
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La sortie du nucléaire aurait coûté des centaines de milliards d’Euros à l’Allemagne sans amener une amélioration de son bilan de gaz à effet de serre


  Si l’Allemagne avait maintenu au réseau son parc nucléaire de 2002 au lieu d’arrêter progressivement les centrales, elle aurait économisé 600 milliards d’Euros et au moins autant de CO2 qu’avec la sortie du nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables variables, a révélé une étude de l’Université norvégienne des sciences et de la technologie à Trondheim.
  Si l’Allemagne avait en plus investi dans de nouvelles centrales nucléaires elle aurait presque pu atteindre son objectif en matière d’émissions de gaz à effet de serre en réalisant une réduction de 73% des émissions en plus des résultats actuellement obtenus tout en réduisant les dépenses totales de moitié par rapport à la politique énergétique actuelle.
  Les résultats, publiés en juin 2024 dans la revue « International Journal of Sustainable Energy », soulignent le caractère controversé de la politique énergétique allemande /1/.
 
 Figure 1 : Centrale de Biblis au sud de Francfort, dans la Hesse; 2 réacteurs à eau pressurisée : tranche A — 1200 MWe — mise en service 1974 et tranche B — 1300 MWe — mise en service 1976. Source RWE Power.

  En 2000, les centrales nucléaires avaient une part d’environ 30% à la production brute d’électricité de l’Allemagne, cf. figure 2. La coalition gouvernementale, composée des sociaux-démocrates, SPD, du chancelier Gerhard Schröder et du parti des Verts, Bündnis 90/Die Grünen, a saisi en 2000 le dossier de la sortie du nucléaire, actée en 2002 /2/. La convention passée entre le gouvernement et les exploitants fixait à 32 ans la durée de fonctionnement d’une centrale nucléaire, mais sans échéance définie.
  La frénésie médiatique provoquée par l’accident de Fukushima a fait que le gouvernement de la chancelière Angela Merkel décide en 2011 la sortie accélérée du nucléaire d’ici fin 2022. Le gouvernement allemand a finalement arrêté ses 3 dernières centrales nucléaires mi-avril 2023 /3/.
  Parallèlement à la sortie du nucléaire le gouvernement s’est efforcé de sortir des énergies fossiles afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et il a investi ces dernières décennies des centaines de milliards d’Euros notamment dans le développement des énergies renouvelables variables (éolien et photovoltaïque) et les réseaux électriques.
  Les informations sur les coûts de la transition énergétique allemande divergent. Jusqu’à présent, elle devrait avoir coûté bien plus de 500 milliards d’Euros pour le seul secteur électrique /4/.
  Le besoin de nouveaux investissements dans la transition énergétique pourrait quadrupler à l’horizon de 2030 selon une étude de l’Institut d’Économie de l’Énergie de l’Université de Cologne : EWI /5/.
 
Et si le gouvernement allemand n’avait pas abandonné les centrales nucléaires existantes et éventuellement investi dans de nouvelles capacités nucléaires ?
  Ce scenario a été étudié par Jan Emblemsvåg de l’Université norvégienne des Sciences et de la Technologie à Trondheim. Les résultats, publiés dans la revue « International Journal of Sustainable Energy » /1/, soulignent le caractère controversé de la politique énergétique allemande.
  Le résultat de l’étude est remarquable : si l’Allemagne avait maintenu au réseau son parc nucléaire de 2002 — voir tableau 1— au lieu d’arrêter progressivement les centrales, elle aurait économisé 600 milliards d’Euros et au moins autant de CO2 qu’avec la sortie du nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables variables.
 
 Tableau 1 : centrales nucléaires au réseau en 2002

  Si l’Allemagne avait en plus investi dans de nouvelles capacités nucléaires, elle aurait déjà presque atteint son objectif de neutralité carbone et le pays aurait tout de même économisé de l’ordre de 300 milliards d’Euros.
  Pour arriver à ce résultat, l’auteur s’appuie sur des données officielles fournies par les autorités allemandes. Les coûts de la transition énergétique entre 2002 et 2022 sont estimés à 696 milliards d’Euros, dont environ 386 milliards d’Euros pour les dépenses d’investissement, CAPEX, et opérationnelles, OPEX, ainsi qu’environ 310 milliards d’Euros de subventions pour les énergies renouvelables. Malgré ces investissements importants les émissions de gaz à effet de serre ont seulement baissé d’environ 25% entre 2002 et 2022, voir aussi /6/.
  Pour évaluer les coûts de l’exploitation hypothétique de 20 ans des centrales nucléaires existantes, l’auteur se base sur les coûts d’exploitation de 2002 et les extrapole aux valeurs actuelles. Les dépenses annuelles pour le nucléaire se seraient cumulées depuis à environ 91,3 milliards d’Euros. Même en tenant compte de 10 milliards d’Euros d’incertitude il est évident que le maintien de la capacité nucléaire de 2002 au réseau aurait entraîné des coûts bien moindres par rapport à la politique énergétique actuelle, selon l’auteur. Le pays aurait économisé environ 600 milliards d’Euros.
  Parallèlement, le nucléaire aurait permis d’économiser un volume des émissions de gaz à effet de serre au moins similaire à celui de la politique de sortie du nucléaire et de développement massif des énergies renouvelables.
  Selon l’auteur entre 2002 et 2022 les énergies renouvelables auraient produit en moyenne environ 182 TWh par an. La production nucléaire en 2002, qui était indépendante des aléas météorologiques, a été estimée à environ 186 TWh en supposant un facteur de charge de 90%.
  — N.B. : selon la statistique nationale de l’Agence Fédérale de l’Environnement /7/ les énergies renouvelable ont produit entre 2002 et 2022 un volume de 3076 TWh soit environ 162 TWh/ an en moyenne. La production brute du parc nucléaire était 165 TWh en 2002, cf. figure 2. Extrapolé à 2022 cela correspond à un volume d’environ 3135 TWh. Ces chiffres ne modifient pas l’argumentation de Jan Emblemsvåg.
 

Coûts d’investissement dans une nouvelle capacité nucléaire
  Dans son étude, l’auteur a calculé la capacité nucléaire que l’Allemagne aurait pu développer avec les 600 milliards d’Euros qu’il aurait économisés en évitant la sortie du nucléaire et le développement massif des énergies renouvelables.
  L’auteur s’est inspiré des centrales nucléaires construites à l’époque par d’autres pays industrialisés, comme la Corée du Sud et les Émirats Arabes Unis. Le développement des centrales nucléaires chinoises a également servi de référence. La décision de développer le nucléaire aurait toutefois dû être prise bien avant 2002 en Allemagne, car la durée moyenne de construction d’une centrale nucléaire est évaluée à au moins 7,5 ans.
  L’augmentation de la capacité nucléaire, y compris le maintien en service du parc nucléaire déjà existant pendant 20 ans supplémentaires aurait nécessité un montant de 364 milliards d’Euros, soit 332 milliards d’Euros de moins que les coûts du tournant énergétique jusqu’à 2022.
  L’Allemagne aurait déjà un approvisionnement en électricité neutre en carbone si elle avait investi dans de nouvelles centrales nucléaires, selon Emblemsvåg. Et ce, à un coût inférieur à celui de la politique énergétique actuelle.

Les coûts de stockage final des déchets radioactifs n’ont pas été pris en compte dans les calculs
  Les coûts liés à l’aménagement d’un stockage final des déchets radioactifs ne sont pas compris dans les calculs. Mais les investissements sont bien inférieurs à la valeur de l’énergie restante dans les déchets radioactifs, selon l’auteur : « On estime que les déchets nucléaires américains peuvent alimenter le pays en électricité pendant 100 ans, mais la technologie n’est pas encore disponible commercialement », écrit Emblemsvåg.

Incertitude importante sur les coûts de la transition énergétique
  L’auteur fait remarquer que le montant des coûts réels de la transition énergétique serait beaucoup plus incertain que celui du stockage final des déchets nucléaires : on ne sait par exemple pas exactement quelles sommes seront dépensées pour :
  • le développement des réseaux de transport et de distribution
  • le stockage de l’énergie,
  • la subvention de moyens pilotables nécessaires pour pallier l’intermittence,
  • la subvention destinée à garantir les revenus des énergies renouvelables en cas de surproduction et de prix de l’électricité négatifs
  • le démantèlement des éoliennes et solaires et l’élimination de leurs déchets.
Mise en garde sur les coûts de la transition énergétique par la Cour de Comptes allemande et l’Agence Internationale de l’Énergie
  Des constats accablants concernant la politique énergétique allemande avaient déjà été fais dans le passé par les pouvoirs publics et par les scientifiques.
  L’Agence Internationale de l’Énergie, AIE, a mis en garde en 2013 contre les prix élevés de l’énergie en Allemagne.
  La Cour des Comptes Fédérale a lancé un avertissement presque chaque année au cours des dix dernières années. En 2016, elle a déclaré que le tournant énergétique n’était « pas suffisamment coordonné et insuffisamment piloté » et que les dépenses et les charges pour les citoyens et l’économie étaient disproportionnées par rapport aux maigres bénéfices /8/.
   En 2021, la Cour des Comptes Fédérale constatait que le tournant énergétique « mettait en danger le site économique allemand » /4/.
  En 2023, elle a constaté que l’Allemagne devait investir une somme supplémentaire de plusieurs centaines de milliards dans le tournant énergétique rien que jusqu’en 2030. Mais la politique menée jusqu’à présent n’est « pas adaptée » à une mise en œuvre judicieuse de la transformation /9/.

Conclusion
  L’étude a tenté d’évaluer les coûts et les résultats obtenus en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours des 20 dernières années. Les résultats ont été ensuite comparés à une politique alternative consistant à maintenir en activité le parc nucléaire existant en 2002 et à construire de nouvelles centrales nucléaires au lieu d’investir massivement notamment dans des énergies renouvelables variables : éolien, photovoltaïque.
  De nombreux aspects ne sont pas couverts par cette analyse. Toutefois, indépendamment des incertitudes liées aux données et aux hypothèses, il n’y a aucun doute que le tournant énergétique apporte ainsi un succès bien moindre en matière de protection du climat pour des coûts bien plus élevés par rapport au « scénario nucléaire ».

Références
/1/ Jan Emblemsvåg (2024) What if Germany had invested in nuclear power ? A comparison between the German energy policy the last 20 years and an alternative policy of investing in nuclear power, International Journal of Sustainable Energy, 43:1, 2355642, DOI:10.1080/14786451.2024.2355642, en ligne : https://doi.org/10.1080/14786451.2024.2355642
/2/ Allemagne Energies (2024) Historique de la sortie du nucléaire, en ligne : https://allemagne-energies.com/sortie-du-nucleaire/
/3/ Allemagne Energies (2023) Clap de fin pour l’électronucléaire en Allemagne, en ligne : https://allemagne-energies.com/2023/04/16/clap-de-fin-pour-lelectronucleaire-en-allemagne/
/4/ Allemagne Energies (2021) La Cour des Comptes allemande critique à nouveau la transition énergétique du gouvernement fédéral, en ligne : https://allemagne-energies.com/2021/04/06/la-cour-des-comptes-allemande-critique-a-nouveau-la-transition-energetique-du-gouvernement-federal/
/5/ Allemagne Energies (2024) Le tournant énergétique allemand, en ligne : https://allemagne-energies.com/tournant-energetique/
/6/ UBA (2024) Treibhausgas-Emissionen in Deutschland, en ligne : https://www.umweltbundesamt.de/daten/klima/treibhausgas-emissionen-in-deutschland#emissionsentwicklung
/7/ UBA (2024) Erneuerbare Energien in Zahlen. Umweltbundesamt. En ligne : https://www.umweltbundesamt.de/themen/klima-energie/erneuerbare-energien/erneuerbare-energien-in-zahlen.
/8/ Allemagne Energies (2018) Selon la Cour des comptes allemande la transition énergétique est au bord de l’échec, en ligne : https://allemagne-energies.com/2018/09/28/selon-la-cour-des-comptes-allemande-la-transition-energetique-est-au-bord-de-lechec/
/9/ Allemagne Energies (2024) Le rapport accablant de la Cour Fédérale des Comptes sur la transition énergétique, en ligne : https://allemagne-energies.com/2024/03/11/le-rapport-accablant-de-la-cour-federale-des-comptes-sur-la-transition-energetique/


  Sur le Web.

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