MÉTÉO : SALE TEMPS ANNONCÉ SUR L'ENERGIEWENDE OUTRE-RHIN

 " C'est dormir toute sa vie que de croire à ses rêves
  Et, Dieu sait, oh combien ! qu'en matière de transition énergétique, les Allemands, mais aussi les Français et l'ensemble des populations de l'Union européenne... mènent des politiques " vertes " utopiques, tout en déboursant un pognon de dingue !... 
  Et pendant ce temps-là, en Asie !...
  Bonne nuit et bonne chance !
 
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Le baromètre de McKinsey de septembre 2024 — Sur les 15 critères étudiés de la transition énergétique allemande 7 empruntent la bonne trajectoire

  Depuis 2021, McKinsey publie un baromètre semestriel pour analyser la progression de la transition énergétique allemande. Le cabinet s’appuie sur trois critères : la sécurité d’approvisionnement, l’économie et la protection de l’environnement et du climat. Le cabinet évalue 15 critères au regard des objectifs fixés par l’Allemagne à l’horizon de 2030.
  Le baromètre actuel — septembre 2024 — de McKinsey /1/ montre que 7 des 15 critères étudiés empruntent la bonne trajectoire, pour 2 critères la réalisation semble incertaine et pour 6 critères la réalisation des objectifs à l’horizon de 2030 est considérée comme « irréaliste ».
  En outre, McKinsey consacre ce baromètre au potentiel du captage et du stockage du CO2 en Allemagne. Le gouvernement allemand avait approuvé au printemps 2024 les points clés d’une stratégie autorisant le captage et du stockage du CO2 /2/. Il s’agit d’un virage stratégique surmontant ainsi une opposition de longue date au sein des milieux politiques contre cette technologie.

Le baromètre de la transition énergétique allemande de McKinsey

Sept indicateurs sont au vert empruntant la bonne trajectoire
 
I. Indicateur : part des énergies renouvelables dans la consommation brute d’électricité
  La part des énergies renouvelables dans la consommation brute d’électricité est passée à 58% au premier semestre 2024 en hausse par rapport au deuxième semestre 2023 : 50%. Postulat : l’électricité produite à partir des énergies renouvelables est entièrement consommée en Allemagne /1/, /3/
 
II. Indicateur : consommation d’énergie primaire
  La consommation d’énergie primaire s’est élevée à 10.735 PJ — 2.982 TWh — en 2023, soit une baisse de 8,1% par rapport à 2022. /1/, /4/.
  Cette baisse résulte du faible développement économique, d’un hiver plus doux et d’une efficacité énergétique croissante. Les prix élevés de l’énergie ont également exercé une forte influence sur ce résultat. 

III. Indicateur : part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale

  La part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale a atteint 22% en 2023 soit une augmentation de 1,2% par rapport au 2022. La principale raison : utilisation accrue des énergies renouvelables dans le secteur de l’électricité /1/, /4/

IV. Indicateur : niveau du prix de l’électricité pour les industries non privilégiées
  Le niveau du prix de l’électricité pour les industries non privilégiées, c’est-à-dire celles qui ne sont pas électro-intensives, a sensiblement augmenté par rapport à l’évolution des prix européens. Dans le baromètre actuel, il est supérieur de 12,6 % à la moyenne européenne, alors que la différence n’était que de 3,3 % au 2e semestre 2023.
  Cela s’explique par le fait que le prix moyen a baissé de 6% dans les autres pays européens, alors qu’il a augmenté de 2% en Allemagne. Néanmoins, l’indicateur reste toujours au vert. Cela s’explique par la méthode de calcul : si les prix augmentent plus fortement dans les autres pays européens qu’en Allemagne, l’indicateur s’améliore — ce qui était le cas au premier semestre 2024. 

V. Indicateurs : coupures de courant non prévues, capacités d’importation disponibles et nombre d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables
  Aucune nouvelle donnée n’a été publiée pour ces indicateurs, mais ils empruntent actuellement tous la bonne trajectoire. 

Deux indicateurs dont la réalisation semble incertaine à l’horizon de 2030

I. Indicateur : émissions de gaz à effet de serre
  Selon les premières estimations de l’Agence Fédérale de l’Environnement, les émissions de gaz à effet de serre ont diminué en 2023 d’environ 10% à 674 Mt CO2éq soit une réduction de l’ordre de 76 Mt CO2éq /4/. Étant donné que seuls environ 15% des réductions réalisées sont imputables à des effets durables, la réalisation de l’objectif de 2030 — réduction des émissions de gaz à effet de serre de 65% par rapport à 1990 — reste incertaine /1/
 
II. Indicateur : marge de capacité garantie de réserve de moyens pilotables
  La marge de capacité garantie de réserve de moyens pilotables a baissé de 5,6% à 0,9%. La raison est la fermeture de 4,7 GW de centrales à charbon, qui avaient été temporairement réactivées il y a deux ans.
  Selon McKinsey, l’indicateur est atteint lorsque la marge est supérieure à 0%. Dans ce cas on peut s’attendre à 99,94% du temps à une couverture complète de la demande d’électricité. Des importations d’électricité ne sont pas prises en compte.
  Dans le cas de l’abandon des centrales à charbon d’ici 2030, jusqu’à 30% de la capacité garantie de moyens pilotables seront retirés du réseau. Des investissements considérables dans des nouveaux moyens pilotables en back-up seront donc nécessaires pour pallier la variabilité de la production de l’éolien et du photovoltaïque, cf. aussi chapitre « Stratégie gouvernementale en matière de moyens pilotables en backup » /5/

Six indicateurs sont au rouge
 
I. Indicateur : le prix de l’électricité des ménages allemands
  L’indicateur « prix de l’électricité des ménages » s’est considérablement détérioré. Fin 2023, il était supérieur de 27,2% à la moyenne européenne et en juin 2024 de 41,9 % ce qui place l’indicateur dans la catégorie « irréaliste ». La raison est une baisse de 7% en moyenne des prix de l’électricité pour les ménages dans les autres pays européens, alors que le prix augmenté de 3% en Allemagne.
 
II. Indicateur : coûts d’énergie des ménages allemands
  L’indicateur mesure la part des coûts de l’énergie — électricité, gaz, mazout, carburants et autres combustibles — dans le panier de consommation en se basant sur l’indice des prix à la consommation. L’objectif est considéré comme atteint si une part de 7,8% n’est pas dépassée.
  La part des coûts de l’énergie des ménages dans le panier de consommation s’est élevée à 9,5% dans la période entre juillet 2023 et juin 2024

III. Indicateur : chaleur et froid produits à partir d’énergies renouvelables
  Le développement des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale du secteur de chaleur et de froid a été peu dynamique ces dernières années. Leur part à la consommation finale atteint 18,8% en 2023, soit une augmentation de 1,4% par rapport à 2022.
  Pour atteindre l’objectif d’une part de 50% d’énergies renouvelables à la production de chaleur en 2030, leur part devait augmenter d’au moins 4% par an.
  La réalisation de cet objectif reste donc irréaliste. 

IV. Indicateur : électromobilité dans le secteur des transports
  En avril 2024, l’Allemagne comptait au total près de 2,4 millions de véhicules électriques, mais 5,7 millions auraient été nécessaires pour rester sur la bonne trajectoire.
  Il faudrait 1 million de nouvelles immatriculations de véhicules électriques par semestre pour atteindre l’objectif de 15 millions de voitures en 2030, or les nouvelles immatriculations n’ont même pas atteint les 200 000 au premier semestre 2024, le niveau le plus bas depuis trois ans. 

V. Indicateur : coûts d’équilibrage du réseau de transport
  McKinsey a fixé un objectif de 1 € par MWh /1/. Bien que les coûts d’équilibrage aient baissé de 16,60 €/ MWh à 13,20 €/MWh en raison de la baisse des prix de gros, on est toujours loin de l’objectif de 1 €/MWh. 

VI. Indicateur : développement du réseau de transport
  L’objectif de développement du réseau — nouvelles lignes, renforcement des lignes existantes — est évalué par McKinsey actuellement à 11.720 km à l´horizon de 2030. Malgré l’accélération des procédures d’autorisation seuls 2.822 km ont été réalisés en 2023 alors que la valeur cible était avec 6.474 km plus du double.
  Le développement des réseaux de transport reste donc loin derrière ses objectifs. 
 
VII. Captage et stockage du CO2 – potentiel de cette technologie en Allemagne
  Le captage et le stockage du carbone, CSC, pourraient constituer une solution complémentaire de décarbonation dans le cadre de la transition énergétique. En effet, malgré l’utilisation croissante des énergies renouvelables, tous les secteurs ne peuvent pas être décarbonés par l’électricité renouvelable, et toutes les industries ne se prêtent pas à l’utilisation d’hydrogène « vert ».
  Le gouvernement allemand avait approuvé au printemps 2024 les points clés d’une stratégie de gestion du carbone /2/. Le stockage du CO2 sera autorisé sous la mer, dans la partie allemande de la mer du Nord et la mer Baltique. Bien que le stockage souterrain de CO2 reste interdit sur terre, les régions — Länder — ont toutefois la possibilité d’opter pour un stockage de CO₂ à terre. Cela pourrait devenir une option pour les régions du sud de l’Allemagne comme la Bavière et le Bade-Wurtemberg, car les trajets de transport du CO₂ jusqu’aux côtes sont longs et coûteux.
  Le gouvernement prévoit de créer un cadre juridique pour la mise en place d’une infrastructure de canalisation et du stockage définitif de CO2 au large des côtes allemandes.
  Il s’agit d’un virage stratégique surmontant ainsi une opposition de longue date au sein des milieux politiques contre le CSC, car selon le ministre de l’Économie et de la Protection du Climat, il serait impossible d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici 2045 sans cette technologie.
  Selon McKinsey, 360 Mt CO2 pourraient être captées par an, ce qui correspond à plus de la moitié des émissions de CO2 en Allemagne. Environ 150 Mt CO2 sont imputables aux grands émetteurs, comme l’industrie chimique de base, les fours sidérurgiques et l’industrie du ciment/de la chaux, pour lesquels la CSC pourrait être intéressante à l’avenir.
  Actuellement, les coûts de la CSC sont encore trop élevés pour que la technologie soit rentable pour de nombreux acteurs du marché. Cela pourrait changer avec l’augmentation des prix des certificats de CO2. Le CSC pourrait alors devenir, à côté de l’hydrogène, un des différents leviers pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2045, selon le cabinet McKinsey.
  En revanche, si jamais l’hydrogène « vert » devenait disponible à grande échelle à un coût avantageux, de nombreuses entreprises miseraient plutôt sur cette technologie, selon le cabinet McKinsey. 

Références
/1/ McKinsey, 2024 : Energiewende-Index, septembre 2024, en ligne : https://www.mckinsey.de/news/presse/2024-09-05-energiewende-index—ccs

/2/ BMWi, 2024 : Kabinett macht Weg frei für CCS in Deutschland Habeck : " Entscheidung für CCS ist Richtungsentscheidung für die Industrie in Deutschland “. Communiqué de presse du 29.05.2024. Bundesministerium für Wirtschaft und Klimaschutz. En ligne : https://www.bmwk.de/Redaktion/DE/Pressemitteilungen/2024/05/20240529-entscheidung-ccs-industrie-deutschland.html.

/3/ Allemagne Energies, 2024 : Allemagne : La consommation énergétique baisse de nouveau au premier semestre 2024, en ligne : https://allemagne-energies.com/2024/07/18/allemagne-la-consommation-energetique-baisse-de-nouveau-au-premier-semestre-2024/

/4/ Allemagne Energies,  2024 : Allemagne : les chiffres clés de l’énergie en 2023, en ligne :
https://allemagne-energies.com/2024/01/11/allemagne-les-chiffres-cles-de-lenergie-en-2023/

/5/ Allemagne Energies, 2024 : Le tournant énergétique allemand, en ligne : https://allemagne-energies.com/tournant-energetique/
 
  Sur le Web
 
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