LANQUES-SUR-ROGNON : LE TEMPS DE L'ENQUÊTE PUBLIQUE EST VENU POUR LE PROJET DE L' USINE ÉOLIENNE

 
  Comme vous pouvez le lire ci-devant, l'enquête publique fait partie de l'étape 3 d'un projet typique d'usine éolienne, qui en comporte au minimum 7. L'Arrêté préfectoral prescrivant sa réalisation vient de paraître le 11 septembre. Elle se déroulera du lundi 14 octobre au mardi 19 novembre 2024.
 
  Pour en savoir plus : Les enquêtes publiques

Les étapes typiques d'un projet d'usine éolienne
  Chaque étape de ce projet nécessite une coordination étroite entre les différentes parties prenantes, y compris les écornifleurs du vent, les environnementalistes, les autorités et agences locales, et les communautés concernées. Dans la réalité, il en est tout autre, SURTOUT, concernant le respect de l'avis de la population, via les observations du public !... 
  La concertation autour du projet s'étend également aux Collectivités territoriales concernées, notamment les communes situées, généralement, dans un rayon de 6 kilomètres; ces dernières sont invitées, sans obligation, à se prononcer sur le dossier : voir liste ci-dessous.
 
Nombre de ces communes ont déjà des éoliennes en activité sur leur territoire ou ont un projet en cours. Source.
 

1. Identification et sélection du site

  • Recherche de zones potentielles : Analyse des données météorologiques, vent, des contraintes géographiques — relief, accès, des réglementations en vigueur, — distances par rapport aux habitations, aux zones naturelles, etc. —, et de la disponibilité des raccordements au réseau électrique.
  • Études préliminaires : Réalisation de mesures de vent sur site pour confirmer le potentiel éolien, évaluation des impacts environnementaux potentiels et des contraintes techniques.
  • Concertation locale : Premiers contacts avec les élus locaux, les riverains et les acteurs économiques de la zone pour présenter le projet et recueillir leurs avis.

2. Études détaillées et conception

  • Études d'impact : Réalisation d'une étude d'impact environnementale approfondie pour évaluer les effets du projet sur la faune, la flore, les paysages, les nuisances sonores, etc.
  • Conception de l'usine : Choix des éoliennes, définition de leur implantation, dimensionnement des infrastructures : voies d'accès, poste de transformation, etc., .
  • Études techniques : Réalisation des études géotechniques, des études de raccordement au réseau électrique, etc.

3. Obtention des autorisations administratives

  • Dépôt des demandes : Constitution d'un dossier complet comprenant l'étude d'impact, les plans, les notices descriptives, etc. et dépôt des demandes d'autorisation auprès des autorités compétentes : préfecture, commission départementale de la nature, des paysages et des sites, etc., .
  • Enquête publique : Organisation d'une enquête publique pour permettre à la population de s'exprimer sur le projet.
  • Décisions administratives : Analyse des dossiers par les services de l'État et décision d'autorisation ou de refus.

4. Financement du projet

  • Recherche de financements : Mise en place d'un plan de financement, recherche de partenaires financiers : banques, investisseurs, etc.,.
  • Négociation des contrats : Négociation des contrats de construction, d'exploitation et de maintenance.

5. Construction de l'usine

  • Travaux préparatoires : Réalisation des travaux de terrassement, de voirie, etc.
  • Montage des éoliennes : Livraison et montage.
  • Raccordement au réseau : Réalisation des travaux de raccordement de l'usine au réseau électrique.

6. Mise en service et exploitation

  • Réception des travaux : Vérification de la conformité des travaux réalisés par rapport aux autorisations et aux normes en vigueur.
  • Mise en service : Mise en service de l'usine et production d'électricité.
  • Exploitation et maintenance : Surveillance et maintenance régulière de l'usine pour assurer sa disponibilité et son rendement.

7. Décommissionnent

  • Plan de Décommissionnement : Stratégie pour la fin de vie de l'usine éolienne, y compris le démantèlement des éoliennes et la restauration du site.
*  Processus de cessation d'utilisation et de retrait d'un équipement ou d'une installation.

9. Suivi et Évaluation

  • Évaluation des Performances : Analyse des performances de l'usine éolienne par rapport aux objectifs initiaux.
  • Rapports et Communication : Communication des résultats aux parties prenantes et aux autorités.
 
 LANQUES-SUR-ROGNON  : état des lieux éolien
 


 
Source
 
QUE CELLE OU CELUI QUI S'OPPOSE AU PROJET PARTICIPE OU SE TAISE À JAMAIS !
  EN AVANT TOUTES !

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MAIS POURQUOI SACRIFIE-T-ON LA NATURE POUR L'ÉNERGIE SOLAIRE CHINOISE ?

  " L'un des inconvénients majeurs de l'énergie photovoltaïque est qu'il s'agit d'une des productions d'énergie qui consomme le plus d'espace, du fait de son faible facteur de charge ", pointe le document. Or, les objectifs de développement de cette énergie sont importants. [...] Malgré les obligations d'équipement des toitures et des parkings, la limitation de l'emprise des centrales photovoltaïques en milieu forestier à 25 hectares et l'encouragement de l' agrivoltaïsme, la loi d'accélération de la production des énergies renouvelables du 10 mars 2023, et ses textes d'application, « n'exclut aucun milieu naturel d'un équipement éventuel, même au sein des aires protégées ", déplore le CNPN. "
  " Mais alors que l'ambition répétée par tous les acteurs institutionnels est d'équiper d'abord les zones artificialisées, l'installation de ces centrales sur des espaces naturels et semi-naturels s'amplifie, au point que de nombreux scientifiques alertent les instances publiques sur le risque d'incohérence entre le développement des énergies renouvelables sur des milieux naturels et semi-naturels, d'une part, et les enjeux de préservation des puits de carbone et de la biodiversité, d'autre part ", pointe l'avis. Les membres du CNPN relèvent également que nombre d'écosystèmes sont détruits car considérés à « faible enjeu " malgré les espèces qu'ils abritent. "
  " L'instance consultative pointe également plusieurs difficultés dans la procédure d'autorisation des projets, qui ont des conséquences défavorables pour la biodiversité : instruction insuffisante de projets en forte croissance par des services de l'État en sous-effectif, évaluation environnementale également insuffisante (25 % d'avis favorables tacites par les missions régionales de l'autorité environnementale), études de qualité « très variables » des bureaux d'études. [...] Malgré cela, la quasi-totalité des projets sont autorisés, y compris malgré les avis défavorables des instances de conseil scientifique et technique. Les garde-fous de la législation et de la réglementation sont contournés et ceux inscrits aux appels d'offre de la Commission de régulation de l'énergie (CRE) sont insuffisants », déplore l'instance consultative."

  Il semble évident qu'un esprit logique privilégierait l'installation de panneaux solaires, majoritairement produits en Chine, sur des surfaces déjà artificialisées comme les parkings, les sites pollués et les toitures. Cependant, cette approche ne tient pas compte de la réalité économique du secteur des énergies renouvelables. En effet, la recherche du profit maximal pousse les acteurs de cette industrie à privilégier l'installation d'usines photovoltaïques au sol, sur des terrains agricoles ou naturels, où les coûts fonciers sont moins élevés ET le taux de rentabilité est supérieur à une usine sur les toits. Cette pratique, encouragée par les collectivités locales, les propriétaires et les exploitants agricoles, en quête de revenus supplémentaires, met en péril les écosystèmes et va à l'encontre des objectifs de transition énergétique.
  Le climat peut attendre !
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La garrigue ardéchoise dévorée par le photovoltaïque


Ces brebis pâturent sous la centrale solaire des Avelas, à Bannes, en Ardèche. - © David Richard / Reporterre
 
  Dans le sud de l’Ardèche, les projets de panneaux photovoltaïques sur des zones naturelles se multiplient. Un collectif d’habitants et paysans alerte sur le risque de voir disparaître la garrigue et sa biodiversité. 

Lablachère, plateau des Gras, Ardèche, reportage

  Des tas de gravats et des dépôts sauvages de déchets s’accumulent le long du chemin menant à la zone d’activités du Varlet, à Lablachère, commune du sud de l’Ardèche. Le site, composé d’une scierie, d’une unité de production de béton et d’une carrosserie, a été construit en plein cœur de la garrigue.
  Sa surface pourrait prochainement tripler avec le projet d’installation de panneaux photovoltaïques, PV, au sol de 15 hectares. Porté par la société Soleil de Varlet sur un terrain privé dans une zone Natura 2000, le dossier est en cours d’instruction par les services de l’État.
 
Le plateau calcaire des Gras s’étend sur 50 km entre Aubenas et le nord du Gard et accueille des garrigues plus ou moins arborées. © David Richard / Reporterre

  Autour de la zone industrielle, le sol est parsemé de gros cailloux et d’une végétation fleurant bon l’odeur du thym. Pendant qu’il foule une pelouse sèche et serpente entre les genévriers, Simon, écologue, ne cache pas son inquiétude pour ce milieu en apparence hostile, mais qui regorge d’espèces protégées : « Depuis les années 2000, les surfaces imperméabilisées se multiplient dans les garrigues : lotissements, décharges, carrières, zones artisanales et commerciales et maintenant les panneaux photovoltaïques sur de très grandes surfaces… Le risque est qu’à terme elles finissent par disparaître. »
  Avec un ensoleillement important, une topographie relativement plate et une disposition à l’abri du regard, le plateau des Gras — constitué de garrigues sur 50 kilomètres entre Aubenas et le nord du Gard —, est devenu la cible des promoteurs de panneaux solaires.
 
Cette centrale photovoltaïque de 16 hectares construite à côté de l’aérodrome de Lanas, sur le plateau des Gras, s’étend sur plus d’un kilomètre en pleine garrigue. © David Richard / Reporterre

  C’est en apprenant l’existence de treize projets en phase d’étude, allant de un à trente hectares au sol — tous situés sur des terres de garrigues — que des habitants, naturalistes, bergers et agriculteurs ont créé le collectif Garrigues vivantes avec l’objectif de lutter contre leur artificialisation.
  La preuve, selon Simon, que ces habitats typiques de la région méditerranéenne souffrent d’un manque de considération politique. « Parce qu’elles sont dépourvues de grands arbres, les propriétaires et les élus ont tendance à les considérer comme de simples réserves foncières », déplore-t-il. « Pourtant, les garrigues sont des sanctuaires de la biodiversité qui abritent des milliers d’espèces animales et végétales. »
 
" Les travaux d’installation consistent essentiellement à aplanir le sol. Pour cela, il est concassé et broyé, ce qui change totalement ses propriétés physico-chimiques et menace de faire disparaître les espèces qui vivent en relation avec lui ", dit Simon, biologiste de formation. © David Richard / Reporterre

  " Ces dernières années, les propriétaires de parcelles sont démarchés par des promoteurs ", témoigne Pascal Vedel. L’apiculteur à Joyeuse, commune voisine de Lablachère, est sceptique face aux arguments sur la lutte contre le changement climatique déployés dans leurs prospectus.
  " L’objectif de ces entreprises de l’énergie est purement lucratif. Elles démarchent les privés, lancent des études et arrivent auprès des élus avec un projet clef en main. Ces derniers se laissent convaincre parce qu’on leur fait miroiter de fortes retombées économiques. Mais quid de la sobriété ? se demande-t-il. Et à qui profite la production de cette énergie ? Quand on fait nos recherches, on se rend compte que ce sont les industriels de l’énergie qui sont à la manoeuvre… "
 
Pascal Vedel, apiculteur membre du collectif Garrigues vivantes, s’inquiète de voir fleurir les projets de photovoltaïques partout sur le plateau des Gras. © David Richard / Reporterre

  Derrière l’entreprise Soleil du Varlet, on trouve deux entrepreneurs locaux et la société Verso Energy, capable d’investir 1 milliard de dollars dans l’hydrogène. Cette dernière appartient à Xavier Caïtucoli, cofondateur de l’entreprise Direct Énergie, rachetée par TotalEnergies en 2018.
   À Vogüé, commune du plateau, c’est la société Générale du Solaire, présentée comme " premier producteur d’électricité renouvelable " en France, qui vient de signer un bail de location avec la commune pour un projet sur 18 hectares. " Cela représente environ 100 000 euros par an de retombées économiques et c’est l’entreprise qui s’occupe de tout, explique le maire Antoine Alberti. Pour une commune de 1 300 habitants, c’est loin d’être négligeable. "

Pour les petites communes, l’installation d’entreprises photovoltaïques peut avoir des retombées économiques non-négligeables, défendent certains édiles. © David Richard / Reporterre

  Quant au maire de Lablachère, qui a répondu par courriel à Reporterre, il défend le projet du Varlet comme une réponse à une demande de l’État d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables. La loi du 10 mars 2023 enjoint toutes les communes à établir des " zones d’accélération " favorables à l’accueil de tels projets.
  En Ardèche méridionale, il est prévu que la production photovoltaïque soit multipliée par six à l’échéance de 2030. " Si chacune des 335 communes d’Ardèche montait un parc PV au sol de 10 ha — une surface modeste à la vue des projets que l’on découvre — cela représenterait 3 350 ha, soit autant que 15 ans d’artificialisation "courante" à marche forcée ", alerte le collectif Garrigues Vivantes.

Le collectif Garrigues vivantes redoute une artificialisation imposée de cet environnement préservé. © David Richard / Reporterre
 
  Bien que la loi encourage en priorité le recouvrement des surfaces déjà artificialisées — toitures, aires de stationnement, sites pollués, dans les faits, les fournisseurs d’équipement d’énergie solaire se ruent sur les zones naturelles.
  À Lanas, plus au nord, l’aérodrome détenu par le syndicat départemental d’équipement de l’Ardèche a construit sur des terres de garrigues une centrale photovoltaïque d’un kilomètre de long et d’une capacité de 12 MWc — Mégawatt-crête — avec une production de 18,5 GWh par an, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 12 000 personnes. Et ce, malgré la disponibilité à sa lisière d’un ancien parc de loisir de 12 hectares en friche depuis 2014… Cette centrale, construite par UrbaSolar, a tour à tour été vendue au groupe franco-italien Dhamma Energy en 2021 et depuis rachetée par le groupe italien Eni.

Julia Burrillon, éleveuse de chèvres sur le plateau des Gras, perçoit le déploiement des panneaux solaires comme une menace pour le pastoralisme. © David Richard / Reporterre
 
  " Le choix de la localisation des projets [photovoltaïques] résulte presque exclusivement d’une opportunité foncière, majoritairement des espaces naturels, agricoles, voire forestiers ", alertaient dans leur rapport d’activité 2023 les Missions régionales d’autorités environnementales, MRAE, chargées d’émettre des avis sur les études réalisées pour chaque projet photovoltaïque dont la puissance est égale ou supérieure à 1 MWc. 
 
Destruction du sol
  Bien que la végétation puisse pousser en dessous, la construction des centrales photovoltaïques provoque automatiquement la destruction du sol, explique Simon, biologiste de formation : " Les travaux d’installation consistent essentiellement à aplanir le sol. Pour cela, il est concassé et broyé, ce qui change totalement ses propriétés physico-chimiques et menace de faire disparaître les espèces qui vivent en relation avec lui. " Or c’est bien ce dernier qui détermine ensuite la végétation qui s’y épanouit.

 

Défendu comme meilleur pour la vie des sols, le pastoralisme a, pour les propriétaires des terrains, le défaut d’être bien moins rentable que l’installation de panneaux photovoltaïques. © David Richard / Reporterre

  Dès lors qu’elles sont réversibles et disposent d’un couvert végétal, les centrales photovoltaïques ne sont pas considérées comme des terres artificialisées. C’est pourquoi les énergéticiens utilisent l’argument de l’ agrivoltaïsme, soit le cumul de l’activité de production d’énergie et agricole, pour démarcher les propriétaires.
  Cette activité contestée par une partie du monde paysan représente une menace directe pour l’élevage extensif encore pratiqué dans la région, affirme Julia Burrillon, éleveuse de chèvres sur le plateau : " Nous faisons pâturer nos chèvres sur de très grandes surfaces avec le souci de maintenir l’équilibre du sol. Mais nous, les éleveurs, on ne rapporte rien aux propriétaires par rapport aux entreprises du photovoltaïque. Quand nous payons 50 euros l’hectare par an pour le pâturage, elles proposent 6 000 euros. Le photovoltaïque, c’est le plan social des éleveurs ", assène-t-elle. Elle considère que les conditions d’élevage sous les panneaux sont mauvaises pour les troupeaux en raison d’une végétation moins riche et d’un niveau de température au sol trop élevé.
  Pour alerter du risque de voir le paysage définitivement détruit, le collectif Garrigues vivantes compte bien continuer à organiser des réunions publiques. " La garrigue est issue du croisement des activités humaines et de processus naturels ", rappelle Simon, en spécialiste du milieu. " On retrouve des traces de l’élevage qui datant du néolithique. Les garrigues sont un monument naturel dont on a hérité. Nous sommes sur le point de le détruire définitivement pour des panneaux dont la durée de vie n’excède pas trente ans. "

  Sur le Web.  
 
 Cet article est l'œuvre de la source indiquée. Les opinions qui y sont exprimées ne sont pas nécessairement celles de Les vues imprenables et  PHP.


L'ÉTERNITÉ DE NOTRE DAME DE PARIS FACE À L'ÉPHÉMÉRITÉ D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET DE NOUS TOUS

... Rappelons pour mémoire que l'homme politique est généralement incompétent pour les problèmes qu'il a à résoudre. Surtout s'il est devenu — ce qui est obligatoire — un spécialiste de la politique. [...] toutefois on sait bien ce que veut dire " faire de la politique ", il s'agit toujours d'une action méthodique en vue de l'accession au pouvoir; [...] Les méthodes peuvent être légèrement différentes : l'essence est la même. Il faut éliminer les rivaux, assurer une clientèle, tenir des voies d'accès et des postes stratégiques, etc.; la politique se joue à l'intérieur d'un parti, pour arriver aux premières places. [...] Nous sommes évidemment très, très loin, du sens noble et idéaliste de la politique : " bien commun, recherche des institutions justes, bonne gestion de la cité, etc. ". [...] non parce que le politicien de métier — et il ne saurait y en avoir d'autre — est malhonnête, intriguant ou ambitieux, mais — faisant attraction de tout cela qui est possible — parce qu'il ne pourra procéder aux réformes justes et souhaitables, veiller au bien commun, que s'il a d'abord le pouvoir et s'il le conserve ! La est donc le premier objet. [...] Être un habile manœuvrier pour arriver au sommet ne qualifie absolument pas pour discerner le bien commun, prendre les décisions les plus justes, avoir une clairvoyance politique générale, trancher des problèmes économiques. [...]
  Ainsi du fait que l'homme politique, dans n'importe quel régime est tenu de jouer ce jeu, il est par la même incompétent pour penser le politique. Il ne sera jamais qu'un amateur, hâtivement formé, hâtivement renseigné, n'ayant jamais le temps de réfléchir le politique.

ELLUL Jacques, L'Illusion Politique, Éditions de la Table Ronde, Paris, 2004, p. 206 à 208.

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Notre-Dame de Paris : les vitraux du caprice

 Alfred Gérente — 1821-1868, sous la direction d’Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc — 1814-1869, vitrail de la chapelle Saint-Éloi, 1864. © DR


  Le 8 décembre 2023, visitant le chantier de Notre-Dame, le président de la République lançait la création de six grands vitraux contemporains dans les chapelles du bas-côté sud de la cathédrale, en place de vitraux datant de la restauration de Viollet-le-Duc. Immédiatement, comme après l’annonce du concours pour une flèche contemporaine, en 2019, par le même M. Macron, la polémique éclatait, mobilisant experts, défenseurs du patrimoine et plus de 140 000 pétitionnaires ! Plutôt qu’un nouvel épisode de la querelle des Anciens et des Modernes, ne faut-il pas voir dans cette étrange affaire l’histoire d’un caprice politique dans le goût – qui commence à passer de mode – de notre monarchie républicaine ?

Un point de doctrine
  La question soulevée en premier lieu par ce projet de vitraux contemporains est d’ordre doctrinal. Dans un édifice classé Monument historique, on ne supprime pas des parties en bon état et qui ont une valeur historique pour les remplacer au gré des modes et du moment. Tout l’édifice juridique du service des Monuments historiques repose là-dessus : sinon, pourquoi ne pas enlever aussi les trois roses médiévales, si demain on les trouvait trop ceci ou pas assez cela ? Ici donc, l’introduction de vitraux contemporains dans un édifice ancien n’est pas en cause, le service des Monuments historiques y ayant fait droit tout au long de la seconde moitié du XXe siècle, quand il fallait remplacer des vitraux abîmés ou détruits par le vandalisme ou à l’occasion de guerres, comme à la cathédrale de Nevers1. Dans le cas de Notre-Dame, depuis l’incendie du 15 avril 2019, la doctrine qui a guidé les travaux de restauration est bien l’« état Viollet le-Duc » — restitutions de la charpente et de la flèche, restauration des peintures murales des chapelles… — . Et voilà qu’on veut enlever six verrières monumentales, conçues sur ses dessins et dues au maître verrier Alfred Gérente, 1811-1868, datées de 1864 ? La contradiction est intenable, mais il y a plus grave encore : ces verrières ont échappé à l’incendie, et ont été depuis nettoyées avec l’argent des donateurs ! Seule porte de sortie pour les promoteurs de l’opération : dénigrer les vitraux à remplacer. Ici se met en place une rhétorique aussi connue qu’usée : ces vitraux sont sans qualité, voire provisoires, et ils auraient pu – dû – être plus beaux si… Ne s’agit-il pas d’ailleurs de simples verrières en « grisaille » ? Cette appellation est en fait peu efficiente, tant les couleurs et les motifs décoratifs y dominent. La vérité est plus simple : ces vitraux sont beaux dans leur simplicité ouvragée, et leur nettoyage récent a montré à la fois leur qualité et leur harmonie. Second argument pour contrer les « conservateurs » : selon le président de la République lui-même, ces vitraux seront démontés et rangés… au musée de Notre-Dame ! Pas d’inquiétude donc, tout est prévu : que le président de la République ne néglige pas les questions de régie des œuvres, voilà qui est bien digne de son génie2.

Une procédure viciée ?
  L’importance d’une telle opération — un vitrail n’est pas un meuble, mais une partie de l’architecture, impliquait certainement une présentation du dossier devant la Commission nationale du Patrimoine et de l’Architecture, CNPA, dans sa troisième section « travaux »3. Seul problème : on connaissait par avance sa position, celle de faire respecter la doctrine des MH. On la connaissait d’autant mieux que le projet de ces nouveaux vitraux remonte en fait à… 2020, quand l’Archevêque de Paris, alors Mgr Aupetit, avait déjà souhaité remplacer les verrières des chapelles du bas-côté sud de la nef. Le ministère de la Culture avait indiqué sa ferme opposition à ce projet par la voix de la ministre, alors Mme Bachelot; ses services lui avaient en effet expliqué les difficultés d’un tel projet, portant atteinte à l’intégrité de l’état historique parfaitement documenté de la cathédrale, tout en étant contraire à la démarche adoptée depuis l’incendie, qui faisait de l’état Viollet-le-Duc l’état de référence, suivant en cela la charte de Venise, texte international signé par la France. Pour contourner la difficulté, le président de la République, lors de sa fameuse visite de décembre dernier, devait affirmer que le principe de cette opération avait été présenté « aux commissions compétentes » [sic] en juillet 2023. Que cache ce mensonge, gênant dans la bouche d’un responsable politique de haut niveau ? Il s’agit en fait d’une allusion à la séance de la Commission nationale du Patrimoine et de l’architecture tenue en juillet 2023 et consacrée au futur mobilier liturgique de la cathédrale, refait a novo après l’incendie. À cette occasion, le nouvel archevêque de Paris, Mgr Ulrich, dans un discours liminaire assez vague, avait formé le vœu « de voir un jour prochain quelques vitraux nouveaux dans l’une ou l’autre chapelle… ». Déclaration qui n’est, on en conviendra, ni un projet, ni sa « présentation », mais qui devait pourtant connaître une spectaculaire concrétisation quelques mois plus tard, puisque dans un courrier en date du 4 décembre suivant, le même Mgr Ulrich demandait formellement la réalisation de ces vitraux contemporains « figuratifs », dans six chapelles du bas-côté sud; courrier adressé directement à la présidence de la République, et non au ministère de la Culture, pourtant en charge du dossier. Cette stratégie s’est révélée efficace, puisque le 8 décembre suivant donc, M. Macron déclarait publiquement faire droit à cette nouvelle demande de l’Archevêché, prenant à contre-pied l’avis du ministère de la Culture. Suivant le fonctionnement vertical de la Ve République, celui-ci allait donc défendre le projet qu’il avait repoussé en 2020… Restait à ne surtout pas convoquer la Commission nationale, en la mettant devant le fait accompli. Le 8 mars 2024, la nouvelle ministre de la Culture, Mme Rachida Dati, installait ainsi un comité artistique ad hoc, présidé par Bernard Blistène et chargé de choisir le projet de vitraux. Fin juin, il sélectionnait parmi la centaine de candidatures reçues cinq groupements d’artistes… quand la machine s’est grippée.

Une commission unanime
  Inquiets de la tournure des événements, plusieurs membres de la Commission nationale ont alors, suivant le règlement, demandé et obtenu fin mai l’inscription du dossier des vitraux à l’ordre du jour, avant qu’il ne soit trop tard. La séance en question a eu lieu le 11 juillet dernier. Après avoir entendu trois rapports critiques4 dont deux étaient défavorables à l’opération, la CNPA a rejeté le projet de vitraux à cet emplacement-là par un vote à l’unanimité; il ne s’est trouvé personne pour défendre ce projet insensé. Dès le lendemain, un des cinq artistes retenus, Pascal Convert, annonçait son retrait, par respect pour ce vote. Qu’à cela ne tienne ! En pleine tempête politique post-dissolution, et alors que le gouvernement allait tomber, la ministre annonçait tranquillement que la procédure suivrait son cours jusqu’à la désignation du lauréat en septembre ! Et que la Commission nationale se prononcerait, in fine, sur le choix de l’artiste. Autrement dit, pas sur le principe même, comme elle l’a fait avec éclat le 11 juillet, mais seulement sur le résultat du caprice. Comment mieux dire qu’on méprise les experts et sa propre administration ? Clin d’œil du destin ? Durant la séance de la Commission du 11 juillet, une nouvelle est tombée sur les téléphones portables des uns et des autres, provoquant la consternation : l’incendie, heureusement rapidement maîtrisé, de la flèche de la cathédrale de Rouen. Cruel rappel que le patrimoine demeure fragile, et que les crédits des Monuments historiques ne sont pas extensibles, au contraire. Une fois encore, Notre-Dame nous invite à méditer plus largement sur l’état de notre pays. On sait que la politique est un art complexe, et aussi que le pouvoir possède une tendance naturelle à déborder de son cadre. Avec tout le respect qu’on doit à la fonction, il est clair que la présidence de la République n’est pas le bon niveau hiérarchique dans cette affaire de vitraux des chapelles du bas-côté sud de la cathédrale… Il y a pour cela une administration de la Culture, des hauts fonctionnaires, des commissions d’experts… Il y a même tout un peuple qui se passionne pour le patrimoine et que ne convainquent pas, ou plus, ces caprices d’un autre âge. Chacun à sa place, et les vitraux de Notre-Dame seront bien gardés.

Alexandre Gady, Professeur d’histoire de l’art moderne à Sorbonne – Université

1. En une occurrence, qui fit scandale, des vitraux modernes ont remplacé des vitraux d’un autre artiste, à Conques — Soulages supplantant Chigot, dont les œuvres dataient de 1941.
2. Sous Malraux, les vitraux des baies hautes de la nef de Viollet-le-Duc ont été déposés sans ménagement, mal stockés durant plusieurs décennies, et ont fini par être détruits en 2003, à la réserve d’une verrière-témoin…
3. Commission dont l’auteur de ces lignes est membre dans le collège des associations et fondations.
4. Le premier de la DRAC d’Ile-de-France, le deuxième de l’Inspection générale des MH, le dernier par l’auteur de ces lignes.

  Sur le Web.
 
   Cet article est l'œuvre de la source indiquée. Les opinions qui y sont exprimées ne sont pas nécessairement celles de Les vues imprenables et  PHP.
 
 

AU PAYS DE L'ENERGIEWENDE, LA VOITURE ÉLECTRIQUE NE FAIT PLUS RÊVER

   Quelle surprise ! Dans le pays de la transition énergétique par excellence, l'Energiewende, il semblerait que la voiture électrique ne fasse plus guère rêver ! Il faut dire que dès qu'il est question de pognon, les Allemands, tout comme les Français et les Européens, savent compter et voient où sont leurs intérêts. Donc le niveau de détermination à sauver le climat de nos amis d'Outre-Rhin, serait sensible au montant des subventions publiques !? On dit ça, on dit rien !

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L'Allemagne veut subventionner les voitures électriques d'entreprise après une chute de 69 % des ventes

 
  Les avantages fiscaux sont destinés aux voitures de société les plus chères, dans l'espoir de stimuler la demande de VE. 
 
 
  • L'Allemagne va introduire une « déduction pour amortissement » pour les voitures de société électriques.
  • Les conducteurs de coûteuses voitures de société non polluantes bénéficient également de déductions fiscales.
  • L'objectif est de stimuler les ventes de véhicules électriques, après une chute massive au cours des derniers mois.
  Moins d'un an après que l'Allemagne a brusquement supprimé les subventions en faveur des véhicules électriques, le gouvernement fédéral souhaite introduire des avantages fiscaux pour les voitures de société électriques. Cette décision intervient après que les dirigeants de VW ont menacé de fermer des usines allemandes en raison d'une demande insuffisante. Les nouvelles mesures incitatives comprennent une « déduction pour amortissement » pour les voitures de société à émission zéro, en vigueur du 1er juillet 2024 jusqu'en décembre 2028. Les entreprises pourront ainsi bénéficier d'une déduction fiscale égale à 40 % de la valeur du véhicule électrique au cours de l'année d'achat, le taux étant progressivement ramené à 6 %.

  En outre, le plafond des avantages fiscaux pour les VE a été relevé de 70 000 euros, 77 137 dollars, à 95 000 euros — 104 683 dollars. Bien que cette dernière mesure vise clairement le segment le plus haut de gamme du marché des VE, les autorités allemandes espèrent qu'elle stimulera les ventes de VE dans leur ensemble et aidera les constructeurs automobiles locaux à faire face aux conditions difficiles du marché.
 Les conducteurs de voitures de société bénéficieront également des nouvelles règles, qui peuvent réduire considérablement leurs paiements mensuels. Plus précisément, leur revenu imposable augmente de 0,25 % du prix catalogue brut du VE par mois. À titre de comparaison, le taux est de 0,5 % pour les hybrides et les VEHR — véhicules électriques hybrides rechargeables — et de 1 % pour les véhicules à moteur à combustion interne.
  Comme le rapporte Auto Bild, cela se traduit par des paiements mensuels de 237,5 €, 262 $, au lieu de 950 €, 1 046 $, pour un VE de 95 000 €, 104 683$, comme le Kia EV9, le BMW i5, le Mercedes EQE SUV ou le Porsche Macan Electric
 
BMW i5
 
 Le coût total de ces subventions est estimé à 540 millions d'euros — 594 966 600 dollars. Le gouvernement allemand estime que le fait d'avoir plus de voitures électriques sur les routes allemandes augmentera l'acceptation de l'e-mobilité et stimulera la demande de VE.

En savoir plus : Les ventes de voitures allemandes chutent en août alors que la chute des VE s'aggrave

  Le marché des VE en Allemagne ne s'est pas redressé après la disparition de l'avantage environnemental en décembre 2023. Selon les dernières données, les ventes de VE en Allemagne ont chuté de 69 % en août 2024 par rapport au même mois de l'année précédente, après une baisse de 37 % en juillet.
  Lors d'une récente réunion avec les travailleurs, de hauts responsables de Volkswagen ont révélé qu'ils envisageaient de fermer des usines allemandes.  L'entreprise accuse les conditions du marché d'avoir perdu des ventes d'environ un demi-million de voitures, soit l'équivalent de deux usines. Les nouvelles mesures d'incitation pourraient permettre d'éviter des fermetures d'usines qui nuiraient à l'économie du pays.

H/T to Marko !
 
Mercedes-Benz EQE SUV
 
 
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