À la lecture de ce billet, il ne fait plus aucun doute, qu' implanter une centrale nucléaire est bien plus complexe que d'installer une usine éolienne dans les champs ! Paradoxalement, c'est pourtant ce qui rapporte le plus en termes de capital sympathie et financier. Cela montre à quel point les Français peuvent être effectivement des « veaux » et, nos gouvernants, des sots !...
Merci à toutes les équipes de Flamanville pour leur travail remarquable.
« Et dites-vous bien que dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est faciliter la réussite des médiocres. »
AUDIARD Michel, Le cave se rebiffe, film de GRANGIER Gilles, I96I.
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Le nouvel EPR de Flamanville est enfin opérationnel ! Ce que vous ignorez peut-être, c'est que le site de la centrale était déjà célèbre parmi les géologues. Ce sont précisément ces caractéristiques géologiques particulières qui ont influencé le choix de ce lieu...
Déjà, réfléchissons aux caractéristiques géographiques souhaitables pour l'implantation d'une centrale nucléaire. Il est essentiel que la centrale soit située au bord de l'eau pour son refroidissement — donc ici, au bord de la mer...
Ensuite, le substratum sur lequel la centrale est construite doit être solide et stable. Ce n'est pas toujours simple en zone côtière, où les roches peuvent subir de l'érosion, surtout dans un contexte de montée des eaux. La pente du littoral doit être assez raide pour permettre de récupérer de l'eau froide même en basse mer. Enfin, il est préférable que la centrale soit un peu cachée pour ne pas dénaturer le paysage côtier.
Ces conditions sont réunies sur le site de Flamanville, où le paysage est marqué par la présence du «
Cap de Flamanville », une sorte d'excroissance globulaire qui avance sur la mer, bordée par des anses au nord et au sud.
Ce monticule est le célèbre granite de Flamanville. Ce granit est entouré de roches métamorphiques appelées cornéennes, également renommées sur le site de Flamanville.
Le granite et la cornéenne sont des roches particulièrement résistantes à l’érosion, bien plus que les roches sédimentaires environnantes. Cette différence explique à la fois le relief marqué et l’avancée du cap de Flamanville vers la mer.
Ces roches, extrêmement résistantes et parfaitement stables, constituent un substrat idéal pour l’installation de la centrale. Les bâtiments nucléaires sont ainsi érigés sur le granite, tandis que les autres infrastructures du site, comme la station de pompage ou la salle des machines, reposent sur les cornéennes.
La centrale est implantée sur le site de «
Diélette », à la bordure nord du cap, dans une excavation creusée dans le granite. Cette position offre l’avantage de dissimuler la centrale, située en contrebas d’une imposante falaise granitique de 70 mètres de hauteur.
Pour évacuer les eaux chaudes, une galerie de 900 mètres a dû être creusée afin que le rejet s’effectue loin de la côte, à 600 mètres au large du site. Le terrassement de la centrale a également impliqué l’extraction de 6 millions de m3 de granite sur une hauteur de 60 mètres. Les matériaux excavés ont servi à créer une plateforme de 40 hectares, gagnée sur la mer.
Pour la petite histoire, le site se trouve sur l’ancienne mine de fer de Diélette, ce qui a probablement contribué à faciliter quelque peu les travaux.
Cette mine, en activité jusqu’en I964, exploitait les gisements de magnétites localisés dans les couches sédimentaires entourant le granite. Elle se distinguait par une particularité remarquable : ses galeries s’étendaient jusque sous la mer.
Ce site, exceptionnel sur le plan géologique et idéal pour l’implantation de la centrale, résulte d’une histoire géologique entamée il y a plus de 500 millions d’années et qui s’étend sur plusieurs centaines de millions d’années. Entre le début du Cambrien, -539 Ma, et la fin du Dévonien, -359 Ma, des strates sédimentaires composées de grès et de pélites se déposent. Par la suite, entre 400 et 250 millions d’années, une immense chaîne de montagnes, la chaîne varisque ou chaîne hercynienne, se forme à l’échelle de tout le continent européen.
C’est au cours de cette orogenèse que les terrains sédimentaires se plissent. Vers la fin de ce processus, entre 320 et 300 millions d’années, la base de la croûte terrestre entre partiellement en fusion par endroits, générant des « bulles » de magma qui remontent avant de se figer à quelques kilomètres sous la surface.
En refroidissant lentement, le magma forme des « plutons » granitiques, ou « batholites », comme celui que l’on trouve à Flamanville. Avant son refroidissement complet, le magma « cuit » les matériaux qu’il touche, provoquant des transformations dans les roches environnantes. Ce phénomène est connu sous le nom de métamorphisme de contact, ou « auréole métamorphique ».
C’est ce métamorphisme de contact qui est à l’origine de la formation des cornéennes, faisant de Flamanville un site de renommée mondiale, du moins dans la communauté des géologues.
Naturellement, l’érosion a ensuite poursuivi son œuvre, mettant à nu à la fois le granite et l’auréole métamorphique, ce qui a façonné le paysage que nous connaissons aujourd’hui et permis l’affleurement d’une impressionnante variété de roches.
Cependant, le principal défi géologique du site réside dans cette grande diversité de roches métamorphiques, un facteur crucial à prendre en compte lors du creusement de la galerie de rejet. En effet, parmi ces roches se trouvent des cornéennes d’une résistance exceptionnelle à la compression, des quartzites particulièrement abrasives, ainsi que des magnétites, caractérisées par leur forte densité. Ces caractéristiques ont constitué un véritable défi technique pour les tunneliers, bien qu’il ait été relativement modeste comparé aux obstacles rencontrés lors de la construction de la centrale elle-même.
Sources
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