LANGRES : L' USINE DE MÉTHANISATION SANCTIONNÉE PAR LA PRÉFECTURE POUR POLLUTION DE L' EAU

   Cette sanction émanant des autorités n’a rien de surprenant en soi. Dès l’enquête publique, les Vues imprenables avaient alerté sur ce danger potentiel, inhérent à tous les méthaniseurs, en France comme ailleurs. Ce risque est d’autant plus préoccupant en Haute-Marne en raison de la spécificité du sol karstique, dont les caractéristiques sont détaillées ci-dessous.
  Si cette mise en demeure, issue du rapport de l’inspection des installations classées du 3 septembre 2024, est une mesure bienvenue, on ne peut que regretter la rareté de ce type de contrôles.  Pourtant, ces inspections sont indispensables pour contraindre les exploitants à respecter strictement les normes environnementales. Dans le cas présent, on peut se demander depuis combien de temps cette usine laisse s’écouler du jus susceptible de polluer le ruisseau de la Bécheule, d’autres cours d’eau et les sols aux alentours ?
 

Extraits

b) Le risque de pollution des sols et de l’eau
   La pollution des sols et de l’eau n’est pas la forme de pollution dont on parle le plus, et pourtant, qu’elle soit par accident ou par épandage du digestat, elle est la cause d’énormes dégâts pour l’environnement. Le Collectif national vigilance méthanisation affiche les mêmes craintes :
« Créé à l’été 2018, le Collectif national vigilance méthanisation est constitué d’une trentaine d’associations locales.
Fondé en décembre, le Collectif scientifique national sur la méthanisation rassemble, lui, une vingtaine de chercheurs de toutes disciplines.
Les deux collectifs s’inquiètent d’un développement mal maîtrisé de la méthanisation et de risques de pollutions à tous les stades du processus : contrôle de la qualité des déchets, possibles rejets de gaz à effet de serre, conditions de stockage et d’épandage du digestat, la matière résiduelle de la méthanisation. »
  En ayant pour objectif " le cap de 1.000 méthaniseurs en France en 2020 " l’État alimente la « machine aux catastrophes annoncées ». De plus, il augmente de facto la facture à régler pour la dépollution :
« Le danger provient d’un déversement accidentel de matières premières, de matière en cours de digestion, de digestat, de produits dangereux ou des eaux d’extinction d’incendie. Les sources peuvent être multiples : erreur de manipulation lors de la livraison, fissures ou éclatement des ouvrages (réservoirs ou canalisations), accident de circulation. »

Cela concerne également, le stockage de produits dangereux sur le site :

  •  charbon actif et de l’oxyde de fer pour le traitement du biogaz, 
  • des huiles pour les besoins de son parc de matériels,  
  • des produits d’entretien pour le lavage des camions, installations et locaux sanitaires,
    du fioul.

Source : Étude des dangers

« Le retour des digestats au sol n’apportera donc que des éléments minéraux et une partie des bactéries qui sont présentes dans le digesteur.
Plus question d’une « ration » équilibrée entre les différents composés des matières organiques qui servent au maintien et au développement de l’activité biologique des sols.
Juste un raisonnement mathématique « entrée-sortie » simpliste, dangereux et dépassé pour tous ceux qui ne considèrent plus le sol comme un support inerte et sans vie.
Les enlèvements de matière organiques, habituellement laissées au sol, auront des lourdes conséquences sur l’appauvrissement et la diversité des êtres vivant du sol qui peuvent représenter plus de 10 tonnes par hectares. Ce déséquilibre aura des conséquences sur la stabilité structurale du sol. L’excès de bactéries se fera au détriment de la flore du sol et impactera de manière très forte la faune acnéique qui contribue à l’architecture du sol et à la valorisation de son terroir.
Nous affirmons que si les digestats ne seront pas négatifs sur la production agricole à court terme, ils le seront à long terme et auront des conséquences négatives sur le sol.
Dans tous les cas leur apport n’équilibre pas le système, en aucun cas. »

Source : La méthanisation une fausse bonne idée ?

  « Lorsque le digestat bourré de pathogène est épandu, il est consommé par le sol puis s’infiltre vers les cours d’eau et les nappes phréatiques », explique Marie-Pascale Deleume. « Dans les zones karstiques comme sur les pentes des causses, l’infiltration est très rapide et va directement dans les nappes phréatiques, où nous pompons notre eau potable », dit Michel Bakalowicz, hydrologue et chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à la retraite, membre du Conseil scientifique national pour une méthanisation raisonné (CNSM).

Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux

  « Une eau polluée pourra être traitée en station de potabilisation avant d’arriver dans nos robinets, mais tout dépend de la technologie de la station près de chez soi. « Un traitement au chlore, comme c’est le cas dans le Lot, ne suffit pas à débarrasser l’eau de ces pathogènes », assure Liliane Reveillac, radiologue et membre du CSNM. L’enjeu de la qualité des eaux de surface et souterraines est crucial en France. Car plus la qualité de l’eau est dégradée, plus il est onéreux de la rendre potable »

Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux

Le risque de pollution pour les eaux et le sol existe bel et bien.

*** 

  Les « risques potentiels » énoncés au chapitre I s’appliquent évidemment à ce projet. À ceux-ci, il faut y ajouter un élément déterminant et caractéristique à la Haute-Marne : la nature du sol. Celle-ci est majoritairement de type " karstique ". Cela veut dire que la vitesse d’infiltration y est amplifiée et la pollution accélérée.

Qu’est-ce que le Karst ? 
 



 
La géologie en Haute-Marne
« En Haute‐Marne, les horizons du Barrémien supérieur (sables et grès), de l'Hauterivien (calcaires) et du Valanginien (grès et sables) constituent des niveaux aquifères peu importants, se manifestant surtout par des sources, dont certaines sont captées pour l'alimentation de communes rurales. Les calcaires du Barrois, qui affleurent au Sud-est de la région [Haute-Marne] et reposent sur les couches marneuses du Kimméridgien supérieur, constituent un réservoir aquifère puissant et karstique. Les forages exécutés sur les plateaux n'ont, pour la plupart, pas donné de résultats satisfaisants. Par contre, des sources à débit souvent important et de nombreux gouffres liés aux réseaux karstiques sont connus et plusieurs ont déjà fait l’objet d’études localisées. »
Source : Synthèse régionale Champagne‐Ardenne 

« Ce sont des sols calcaires à structure de gruyère. En cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide. Il y a donc un risque de pollution. »
Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux
 
 
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Arrêté N° 52-2024-11-00172, du I4 novembre 2024.
 
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