Haute-Marne, Langres : la filière Biogaz, l'autre "destructeur écologique"




Cette EnR[ la méthanisation industrielle] ne fait pas la une des médias, ne génère pas de débats, ni de véritable opposition de la part des populations locales ; excepté dans le département du Lot, fortement impacté par de nombreux projets. Quant aux associations militantes pour la sauvegarde et la protection des territoires ruraux, le temps et l'énergie de leurs bénévoles, sont entièrement consacrés au blocage de la déferlante éolienne.


Et pourtant, une unité de méthanisation industrielle, de type cogénération ou à injection, fait courir autant de risques, sanitaire, écologique, économique et climatique que l'éolien, mais avec d'autres spécificités.

Devant l'ambition affichée par la région Grand Est, " afin d’accompagner une dynamique importante et de faire de la méthanisation un véritable atout de développement durable du territoire Grand Est", Les vues imprenables, association militante pour la protection et la préservation de la Haute-Marne, pour le bien-être de ses habitants, pour la sauvegarde de ses atouts culturels et patrimoniaux et pour son attractivité touristique, tire le signal d'alarme.

Unités de méthanisation, panneaux photovoltaïques, éoliennes, biomasse, etc., partout en France, les territoires ruraux sont colonialisés, industrialisés, bétonnés, pollués, défigurés à vie, et la santé et le bien- être des populations humaines et animales, volant ou non, sont sacrifiés sans vergogne, au nom de l'écologie politique qui pour "sauver" la nature... la détruit!

Pour protéger ce qui peut encore l'être et sauvegarder un avenir au "Pays de l' eau" et à sa population.
« Les besoins d'un être humain sont sacrés. Leur satisfaction ne peut être subordonnée ni à la Raison d’État, ni à aucune considération soit d'argent, soit de nationalité, soit de race, soit de couleur, ni à la valeur morale ou autre attribuée à la personne considérée, ni à aucune condition quelle qu'elle soit."
Simone Weil (1909-1943), l'enracinement 1949

En avant toutes!

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Généralités
Quand une unité de méthanisation est dimensionnée à l'exploitation agricole pour ses besoins propres, la micro- méthanisation, on peut alors parler d’écologie. Elle n’occasionne pas une production agricole dédiée spécialement à son alimentation, maïs, élevage industriel, ou autres cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE).

Mais, les projets qui déferlent majoritairement sur nos territoires sont d’une toute autre nature : ce sont des unités de méthanisation biogaz ou à injection. : « Les agriculteurs sont en général associés entre eux au sein d’une société, qui à son tour est l’un des actionnaires de la société de projet, aux côtés de l’entreprise qui a piloté le développement du projet » avec une puissance électrique 350KW. Il se situe largement au-dessus du modèle moyen : «Le modèle moyen du méthaniseur qui se développe à la ferme représente une puissance électrique de 220 kW » 


Aussi, n’est-il pas étonnant de retrouver des sociétés qui officient déjà dans le business des Energies nouvelles renouvelables (EnR), éolien et photovoltaïque.

Et qui dit site industriel dit dommages écologique, climatique et sanitaire. C’est visiblement l’analyse qu’en ont fait les pouvoirs publics qui viennent de charger une mission ministérielle d’investiguer sur la pratique de la méthanisation dans le Lot. Une première nationale sur le sujet.



I) L’évaluation des risques
"Le Ministère de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire autorise la méthanisation des :
effluents d’élevage ;
•résidus agricoles et certaines cultures énergétiques ;
•certains déchets de l’industrie agroalimentaire (fruits et légumes, déchets d’abattoirs, déchets laitiers, etc.) ;
•déchets de la restauration et bio déchets ménagers ;
•bio déchets des supermarchés et de la distribution ;
•boues d'épuration des stations de traitement des eaux usées.
"
Source : Le biogaz en France et en Allemagne

L’appellation « produits dangereux » s’appliquent aux produits suivants : le biogaz, les déchets à méthaniser, le substrat liquide en cours de méthanisation, le digestat et les produits dangereux présents sur le site, huiles, fioul, charbon actif, oxyde de fer, stockage de fourrage.


a) Le risque biologique
À la sortie du digesteur, on trouve d’un côté le biogaz et la chaleur et de l’autre, le digestat. Celui-ci est composé de bactéries, virus, parasites, champignons microscopiques… : « le résidu du processus de méthanisation (digestion anaérobie) de matières organiques naturelles ou de Produits résiduaires organiques (PRO) ». Pour l’homme, la dangerosité biologique vient de là :




Source : Etude des dangers

Dans le détail :
« Le digesteur est un bain de bactéries, dit Marie-Pascale Deleume, membre du groupe méthanisation d’Eaux et rivières de Bretagne. Baignant à 40 °C, elles s’y développent et peuvent même devenir résistantes. » Cela inclut les bactéries, spores, parasites mais aussi les résidus médicamenteux administrés aux élevages. C’est d’ailleurs ce qu’a démontré en 2016 une étude de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) et de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea). Une méthanisation à 40 °C maximum ne réduit pas assez le nombre des pathogènes. Le compostage est beaucoup plus efficace, tout comme la méthanisation dépassant les 50 °C. Une phase d’« hygiénisation » — une période d’une heure de chauffe à plus de 70 °C — permettrait un meilleur « nettoyage »du digestat, mais elle n’est pas obligatoire pour toutes les exploitations. Et les systèmes les plus utilisés s’arrêtent aux 40 °C.
Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux


Le digestat contient également des « métaux lourds » :
« Ils ont fait analyser le digestat par des laboratoires indépendants. Les résultats ont confirmé leurs craintes : des métaux lourds en pagaille, dont certains potentiellement cancérogènes, comme le cadmium ou l’antimoine, ainsi que plusieurs siloxanes, un composé du silicium, dont le D4, perturbateur endocrinien et reprotoxique. […]Ils observent une forte chute, après épandage de digestat, de la population de collemboles – des insectes qui constituent un bon indicateur de l’état biologique d’un sol. Ces résultats vont « à l’encontre de l’affirmation que ces digestats sont hygiénisés », relèvent les chercheurs. Une note de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), que Le Monde s’est procurée, arrive à la même conclusion. »
Source : Dans le Lot, les craintes d’« une catastrophe écologique » liée à l’épandage de digestat

L’ ADEME ne dit pas autre chose :
« Les verrous spécifiques au traitement, à la transformation et à la valorisation agronomique du digestat sont :« le manque de connaissances sur les conséquences du retour au sol des digestats sur la vie des sols, de l’humus... ; sur le bilan à long terme ; sur l’impact de la méthanisation sur la dégradation de la matière organique »
Source : Méthanisation


Le risque biologique existe bel et bien.


b) Le risque de pollution des sols et de l’eau

 La pollution des sols et de l’eau n’est pas la forme de pollution dont on parle le plus, et pourtant, qu’elle soit par accident ou par épandage du digestat, elle est la cause d’énormes dégâts pour l’environnement. Le Collectif national vigilance méthanisation affiche les mêmes craintes :
« Créé à l’été 2018, le Collectif national vigilance méthanisation est constitué d’une trentaine d’associations locales. 

Fondé en décembre, le Collectif scientifique national sur la méthanisation rassemble, lui, une vingtaine de chercheurs de toutes disciplines. 
Les deux collectifs s’inquiètent d’un développement mal maîtrisé de la méthanisation et de risques de pollutions à tous les stades du processus : contrôle de la qualité des déchets, possibles rejets de gaz à effet de serre, conditions de stockage et d’épandage du digestat, la matière résiduelle de la méthanisation. »

En ayant pour objectif " le cap de 1.000 méthaniseurs en France en 2020 " l’Etat alimente la « machine aux catastrophes annoncées». De plus, il augmente de facto la facture à régler pour la dépollution :
« Le danger provient d’un déversement accidentel de matières premières, de matière en cours de digestion, de digestat, de produits dangereux ou des eaux d’extinction d’incendie. Les sources peuvent être multiples : erreur de manipulation lors de la livraison, fissures ou éclatement des ouvrages (réservoirs ou canalisations), accident de circulation. »

Cela concerne également, le stockage de produits dangereux sur le site :

  •  charbon actif et de l’oxyde de fer pour le traitement du biogaz, 
  • des huiles pour les besoins de son parc de matériels,  
  • des produits d’entretien pour le lavage des camions, installations et locaux sanitaires,
    du fioul.

Source : Etude des dangers

« Le retour des digestats au sol n’apportera donc que des éléments minéraux et une partie des bactéries qui sont présentes dans le digesteur.
Plus question d’une « ration » équilibrée entre les différents composés des matières organiques qui servent au maintien et au développement de l’activité biologique des sols.
Juste un raisonnement mathématique « entrée-sortie » simpliste, dangereux et dépassé pour tous ceux qui ne considèrent plus le sol comme un support inerte et sans vie.
Les enlèvements de matière organiques, habituellement laissées au sol, auront des lourdes conséquences sur l’appauvrissement et la diversité des êtres vivant du sol qui peuvent représenter plus de 10 tonnes par hectares. Ce déséquilibre aura des conséquences sur la stabilité structurale du sol. L’excès de bactéries se fera au détriment de la flore du sol et impactera de manière très forte la faune acnéique qui contribue à l’architecture du sol et à la valorisation de son terroir.
Nous affirmons que si les digestats ne seront pas négatifs sur la production agricole à court terme, ils le seront à long terme et auront des conséquences négatives sur le sol.
Dans tous les cas leur apport n’équilibre pas le système, en aucun cas. »


Source : La méthanisation une fausse bonne idée ?

« Lorsque le digestat bourré de pathogène est épandu, il est consommé par le sol puis s’infiltre vers les cours d’eau et les nappes phréatiques », explique Marie-Pascale Deleume. « Dans les zones karstiques comme sur les pentes des causses, l’infiltration est très rapide et va directement dans les nappes phréatiques, où nous pompons notre eau potable », dit Michel Bakalowicz, hydrologue et chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à la retraite, membre du Conseil scientifique national pour une méthanisation raisonné (CNSM).

Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux

« Une eau polluée pourra être traitée en station de potabilisation avant d’arriver dans nos robinets, mais tout dépend de la technologie de la station près de chez soi. « Un traitement au chlore, comme c’est le cas dans le Lot, ne suffit pas à débarrasser l’eau de ces pathogènes », assure Liliane Reveillac, radiologue et membre du CSNM. L’enjeu de la qualité des eaux de surface et souterraines est crucial en France. Car plus la qualité de l’eau est dégradée, plus il est onéreux de la rendre potable »

Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux

Le risque de pollution pour les eaux et le sol existe bel et bien.




c) Le risque sanitaire
« Les produits de fermentation tels que l’ammoniac, l’hydrogène sulfuré ou le dioxyde de carbone, tous contenus dans le biogaz, exposent les opérateurs à des risques d’intoxication ou d’asphyxie. »

Sous les vents dominants, une puanteur sans nom se dégage. Les riverains la décrivent comme une odeur « d’œuf pourri » :
« Depuis novembre 2017, les voisins d’une usine de méthanisation vivent dans la puanteur lorsqu’ils se trouvent sous le vent. […] Depuis plus d’un an, les habitants de Gramat vivent un enfer quotidien. »

Source : les habitants d’un village vivent dans la puanteur à cause d’une usine de méthanisation

« Ma maison s’est retrouvée à 400 mètres d’une fosse de 1.000 m² où a longtemps été stocké le digestat liquide, à l’air libre, d’un gros méthaniseur de la région, illustre Anne Danjou [présidente de « Bien vivre en Anjou »]. Cela sentait un mélange d’œuf pourri et d’urinoir chargé à ras bord. » Un désagrément décrit aussi par des riverains de méthaniseurs à Onet-l ’Eglise en Aveyron, à Hagetmau dans les Landes, à Feux dans le Cher… »

Source : Méthanisation: Un collectif alerte sur les dérives d’une filière française en plein essor

« Son voisin avait eu la délicatesse de le prévenir : « Ne soyez pas surpris si des ouvriers débarquent en scaphandre pour épandre dans mon champ. » Alors, au départ, il ne s’est pas préoccupé de la forte odeur. »




Le méthaniseur de Gramat (Lot), installation classée à risque pour l’environnement, est autorisé à traiter jusqu’à 57 000 tonnes de déchets par an. DOCUMENT LE MONDE

Source : Dans le Lot, les craintes d’« une catastrophe écologique » liée à l’épandage de digestat


Mais ce que ne savent peut-être pas ces riverains et …les salariés du site, c’est que cette odeur est porteuse d’un grave danger pour leur santé : le sulfure d’hydrogène (H2S), gaz très toxique, voire mortel dans certains cas. Sa diffusion dans l’air fait suite à des accidents survenus au cours d’interventions dans des lieux fermés : réservoir, cuve ou canalisation.

« L'ennemi des réseaux, c'est le souffre (H 2S). Il est très corrosif pour les installations »
« Le sulfure d’hydrogène (H2S) présente un risque de toxicité aiguë dans les milieux confinés ou semi-confinés. Il a tendance à s’accumuler en partie basse où il peut atteindre des concentrations assez importantes pouvant générer des effets graves. Il provoque fréquemment des intoxications graves pouvant avoir une issue fatale et soudaine à des concentrations dans l’air de l’ordre de 500 ppm. Son odeur fétide est caractéristique de l’œuf pourri. La sensation olfactive, variable d’un individu à l’autre, n’augmente pas avec la concentration du gaz dans l’air. L’odeur décelable à de très faibles concentrations (0,008 ppm) s’atténue ou disparaît à forte concentration (anesthésie de l’odorat au-dessus de 100 ppm) »

Source : Règles de sécurité des installations de méthanisation agricole

L’ammoniac est aussi présent. À son contact, il provoque immédiatement des irritations des muqueuses oculaires et respiratoires et même parfois des vomissements.

Le risque sanitaire existe bel et bien.

d) Le risque climatique
Au-delà d’être des gaz d’une grande toxicité, voire mortel, le sulfure d’hydrogène (H2S) et l’ammoniac, sont aussi de puissants émetteurs de gaz à effet de serre (GES) :
«Daniel Chateigner (professeur de physique à l’université de Caen). Le principe de la méthanisation est de transformer des déchets organiques en biogaz, composé essentiellement de méthane. Mais le processus génère d’autres gaz, comme le sulfure d’hydrogène (H2S) . Il est non seulement toxique mais aussi très corrosif. A force, il peut percer les tubulures d’un méthaniseur et provoquer des fuites de méthane, un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le C02. » […] « Le physicien (Daniel Chateigner) explique que la méthanisation est réputée vertueuse pour sa faible émission de gaz à effet de serre, « mais c’est faux ». « Déjà, lorsque les bâches qui couvrent les digesteurs se détériorent, vous avez une fuite de méthane. » L’Irstea nuance et explique que les risques de fuite se situent plutôt au niveau des soupapes de sécurité et des canalisations. L’enjeu est de taille car le méthane a un potentiel de réchauffement 28 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2). "

Source : Méthanisation: Un collectif alerte sur les dérives d’une filière française en plein essor

Tout comme l’ammoniac :
« Le digestat est très volatil, l’ammoniac se disperse très facilement dans l’air. A son contact, il s’oxyde et va développer du protoxyde d’azote, un gaz à effet de serre 300 fois plus puissant que le CO2. »

Devant ce danger climatique réel, le milieu scientifique émet des réserves quant à savoir si la méthanisation agricole a un bilan climatique positif :

« Filière Territoriale et Agricole : l’intérêt de ces deux filières pour la réduction des émissions de GES dépend des substrats considérés en entrée du système :

[…] La prise en compte des effets indirects (notamment la déforestation) dans le cas d’une utilisation exclusive de cultures dédiées comme substrat remet en cause de la pertinence de la filière sur la base de son bilan GES. […] Cette étude se limite à une évaluation des impacts potentiels sur le changement climatique du développement de la filière d’injection biométhane. Les résultats obtenus ne permettent en aucun cas de conclure sur l’intérêt environnemental de la filière. « […] Cette étude se limite à une évaluation des impacts potentiels sur le changement climatique du développement de la filière d’injection de biométhane. Les résultats obtenus ne permettent en aucun de conclure sur l’intérêt environnemental de la filière
. »

Source : Résumé de l’étude sur l’évaluation des impacts GES de l’injection du biométhane dans les réseaux de gaz naturel

Le risque climatique existe bel et bien. 

 

c) Le risque d’incendie et/ou d’explosion
Les riverains d’une unité de méthanisation n’ont pas choisi de vivre au quotidien sous la menace de risque d’incendie ou d’explosion. Et pourtant, c’est le cas !

Le principal « pyromane » a pour nom méthane. Il se compose de biogaz qui est susceptible de s’enflammer et de provoquer une explosion. Pour qu’un incendie survienne, il faut que trois éléments soient réunis au même endroit et en même temps : le combustible (biogaz ou méthane), le comburant (oxygène de l’air) et une source d’inflammation (étincelle, source chaude, flamme nue...).





L’inflammation peut se produire très rapidement et ainsi passer en régime d’explosion si ces trois conditions supplémentaires sont réunies : un confinement, la mise en suspension du combustible et une concentration en combustible suffisante (voir hexagone de l’explosion figure suivante). En l’absence de confinement, on assiste plutôt à un phénomène de flambée brutale ou boule de feu (flash fire).



Source : Etude des dangers


Se forme alors, une Explosion d’une atmosphère explosive (ATEX) :

« Explosion d’une atmosphère explosive (ATEX)
Une explosion (ou inflammation d’une ATEX) se produit lorsque les conditions suivantes sont réunies simultanément :

  • présence d’un gaz combustible : méthane (CH4), 
  • présence d’un comburant : oxygène de l’air, 
  • présence d’une source d’inflammation, concentration du gaz combustible comprise dans son domaine d’explosivité (LIE - LSE), 
  • présence d’un confinement. »

[…] En fonctionnement normal (absence d’air), il n’y a donc pas assez d’air pour qu’une ATEX se forme dans le ciel gazeux du digesteur. Par contre, en cas d’intervention à l’intérieur de celui-ci, pour un curage par exemple, l’introduction d’air est susceptible de conduire à la formation d’une ATEX. Incendie
Du fait de la mise en œuvre d’un gaz et de matériaux combustibles, le risque d’incendie dans une installation de méthanisation est également à prendre en compte.


Ces accidents sont en forte hausse en 2018 :

« Plusieurs accidents récents (le nombre d’événements recensés dans la base ARIA est en hausse de 82% en 2017 par rapport à la moyenne des 5 années précédentes) rappellent que la méthanisation est un véritable procédé industriel qui nécessite d’être appréhendé comme tel. »

Source : Méthanisation: comment développer la filière sans développer les risques?

Le risque d’incendie ou/et d’explosion existe bel et bien.


À cette liste de risques potentiels, il convient d’ajouter les périls inhérents à tout site industriel : la foudre, l’électricité, les chaudières, les roulants, camions, tracteurs et autres, etc.



II) Les conséquences pour le monde de l’agriculture
La multiplication des unités de méthanisation industrielles, comme celle des zones industrielles d’éoliennes, entrainent de profonds bouleversements dans le monde agricole.

  1. La confiscation de terres agricoles ; 
  2. D’exploitant agricole jusqu’ à énergiculteur ; 
  3. Exploitant agricole/énergiculteur : deux métiers différents ; 
  4. L’élevage industriel intensifié ; 
  5. La disparition de fermes.

1) La confiscation de terres agricoles
En Allemagne, des régions entières sont dédiées au roi maïs et les investisseurs s’accaparent les terres agricoles. Elles sont réservées à la culture de cette plante énergétique et le montant de leur loyer a explosé. Ce sont des milliers d’hectares qui se sont retrouvés ainsi confisqués. C’est le résultat de la méthanisation à outrance. Il est fort à parier qu’en France, les mêmes causes produiront les mêmes effets :
« Pierre Aurousseau est un agronome à la retraite, membre du Collectif scientifique national pour une méthanisation raisonnée (CSNM) « Selon lui, si on continue dans cette voie, les méthaniseurs vont se multiplier et de nombreuses terres seront consacrées à la production de cultures destinées au digesteur. « Avec le CSNM, nous avons fait le calcul à partir des projections de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Si les objectifs gouvernementaux sont atteints, l’équivalent de trois départements sera consacré à 100 % aux cultures intermédiaires (avoine, orge, etc.) pour alimenter les méthaniseurs. Et lorsque nous n’aurons plus assez de place pour les élevages, nous importerons des effluents à l’étranger. C’est ce qu’a fait l’Allemagne en achetant des effluents en Pologne. On marche sur la tête ! »

Source : La méthanisation risque d’accélérer la concentration des fermes

« En décembre dernier, la Confédération paysanne, syndicat agricole qui milite pour une agriculture paysanne, manifestait dans la Sarthe devant ce qu’elle considère comme un premier signe d’un accaparement des terres pour la méthanisation. « Un silo de maïs à ciel ouvert, entassé là dans l’attente de l’arrivée prochaine d’un méthaniseur dans la région, détaille Laurent Leray, porte-parole du syndicat. Cela représentait l’équivalent de deux années de récolte de maïs sur environ 80 hectares. C’est autant de maïs qui ne seront pas vendus aux éleveurs pour nourrir leurs animaux. Une insulte au monde paysan après les sécheresses de cet été. »

Source : Méthanisation: Un collectif alerte sur les dérives d’une filière française en plein essor


2) Exploitant agricole/énergiculteur : deux métiers différents
Une unité de méthanisation est un site INDUSTRIEL dont la gestion est encadrée par les réglementations ATEX et ICPE . Sa direction doit être confiée à un professionnel possédant les compétences :
« La gestion ne s'improvise pas et nécessite ressources et compétences spécifiques en interne. Le Responsable d'un site classé ICPE doit être en mesure d'analyser la réglementation environnementale, de piloter et d’assurer la conformité du site et de se tenir informé des nouvelles exigences. Ses missions sont également d’assurer le suivi et le traitement des demandes externes en matière environnementale (bilan de fonctionnement, surveillances des rejets, etc.) ainsi que le suivi des obligations environnementales du site. Il est chargé de monter les dossiers et de participer aux inspections mais aussi de préparer tous les éléments qui doivent être transmis aux autorités administratives. »

Source : Formation - Être Responsable d'un site classé ICPE


Notre exploitant agricole devenu énergiculteur est-il ce professionnel ? Posez la question, c’est y répondre.
A-t-il l’obligation de se former ? Sauf erreur, aucun texte réglementaire ne l’oblige. Il semblerait que cette décision soit laissée à la discrétion du porteur du projet?

Et pourtant, une formation est INDISPENSABLE.
« Ces audits ont mis en lumière la nécessité pour les porteurs de projet d’être suffisamment formés et/ou de se faire accompagner pour bien s’approprier leur projet dans ses dimensions techniques, économiques mais aussi juridiques et contractuelles. »

Source : AUDITS DE FONCTIONNEMENT TECHNICO-ÉCONOMIQUE D’UNITÉS DE MÉTHANISATION EN FONCTIONNEMENT

De là à en conclure que nombre de ces usines à gaz sont gérées et surveillées par des apprentis-sorciers, il n’y a qu’un pas… que l’association Les vues imprenables franchit, sans attendre les premiers accidents tragiques.


3) D’exploitant agricole jusqu’ à "énergiculteur"
Nombre d’exploitants agricoles peuvent se laisser convaincre par les revenus biogaz, annoncés par les sociétés partenaires, jusqu’à devenir… "énergiculteur" :
« Certains lâchent l’élevage au profit de la méthanisation. Une production plus rémunératrice avec un prix plancher garanti sur vingt ans, il y a de quoi être tenté. Surtout que la méthanisation ouvre de nouveaux débouchés : une partie du méthane extrait est convertie en électricité pour être réinjectée dans le réseau. Une autre, sous forme de chaleur, chauffe l’exploitation et la maison » […] « Cette inversion des logiques avait déjà été dénoncée dans le cas emblématique de la ferme-usine des Mille Vaches . Grâce aux subventions et au prix garanti pour le rachat du gaz, la méthanisation était devenue l’activité principale, à partir des effluents des bovins, et la production de lait, une activité secondaire. »

Source : La méthanisation risque d’accélérer la concentration des fermes

Attention toutefois, à ce que l’ "Eldorado " biogaz, ne se transforme pas en… cauchemar.
« La technique exige une assiduité quotidienne et des astreintes la nuit et le week-end pour nourrir le digesteur. »[…] « C'est très coûteux en maintenance. C'est une mauvaise surprise » […] Parmi les déboires rencontrés, la coûteuse adaptation des machines, importées d'Allemagne, où elles ne sont pas alimentées comme en France […] Les agriculteurs français rajoutent des déchets organiques : tontes de pelouse, déchets de cantines scolaires ou de l'industrie agroalimentaire. Facile au début, la récupération de ces matières premières l'est moins aujourd'hui. « Avant, les industriels payaient pour qu'on les débarrasse de ces déchets. Aujourd'hui, ils savent qu'on en fait du courant, alors ils nous les vendent » […] D'après une étude de la Confédération paysanne sur 30 exploitations, « seules 5-6 dégagent des résultats, toutes les autres ont des dettes énormes »[…] L'énergie produite par la méthanisation n'est composée qu'à 30 % d'électricité, revendable, et à 70 % de chaleur, difficilement transportable. »

Source : Derrière l'espoir, les déboires des agriculteurs

« Dans la moitié des cas, on a encore des unités en sous productivité pour des raisons de pannes ou des problèmes d’alimentation » […] Pour la quasi-totalité des unités, la ration comprend des matières non-agricoles. « Cela pèse dans la performance économique, poursuit-il. Certains exploitants valorisent des matières pour lesquels ils touchent une redevance de traitements de déchets. D’autres les achètent ». [… ] La rentabilité reste faible. Sans subvention d’investissement 38 % des unités seront dans le négatif. D’ailleurs, les plus petites unités ne dégagent rien sur la vente d’électricité « Les petites unités ont un coût de production plus élevées, les grandes ont plus de coûts d’approvisionnement car elles ne sont pas autosuffisantes en intrants ».

Source : Une rentabilité à consolider

Sans subventions, point de salut ! Elles proviennent de l’UE (fonds FEDER), de l’Etat et des régions. C’est le même système de soutien public dans toutes les filières des EnR, éolien, photovoltaïque, biomasse, etc.

4) L’élevage industriel pour … nourrir exclusivement le méthaniseur
Des associations se sont aperçues que dans certains cas, de plus en plus nombreux, une demande d’autorisation d’exploitation d’unité de méthanisation incluait en parallèle une demande de création d’un élevage industriel. La tentation est alors grande de penser que l’exploitation de poulets, de porcs, etc., véhiculant ses propres nuisances, ne serve… qu’à nourrir le digesteur :
« Ce qui a mis la puce à l’oreille d’Eaux et rivières de Bretagne est que, une fois le projet monté, une demande d’autorisation pour la création d’un élevage de 144.000 poulets a été déposée et acceptée. L’alimentation du digesteur fait entièrement partie du modèle économique de l’exploitation. […] « Notre interprétation est que cet élevage a été créé pour alimenter le digesteur en premier lieu », explique Marie-Pascale Deleume, membre du groupe méthanisation de l’association. Un sentiment renforcé par l’absence de plan d’épandage pour l’exploitation et le méthaniseur. En effet, toute exploitation doit avoir un plan d’épandage : des terres pour épandre ses effluents à des périodes et selon des quantités définies par la réglementation. Mais rien dans le cas présent. Étonnée, l’association a interpellé les autorités, qui ont expliqué que le digestat produit par le méthaniseur serait épandu sur les terres d’agriculteurs voisins. « On voit donc, reprend Marie-Pascale Deleume, que ce méthaniseur n’est pas destiné à améliorer les systèmes des exploitations, mais à produire du gaz. Puis on s’arrange pour le digestat. »

Source : La méthanisation risque d’accélérer la concentration des fermes

« 4 méthaniseurs d’une capacité moyenne de 20 000 tonnes chacun, l’extension d’une porcherie pour 2 619 porcs et un poulailler de 9 000 poules… Les méthaniseurs et autres projets d’industrialisation agricole se multiplient sous couvert de transition énergétique et inquiètent les habitants du Ségala. »

Source : Méthaniseurs, poulailler, porcherie… Des projets agricoles industriels qui inquiètent la population du Lot


« Un millier de bovins, huit millions de litre de lait, et une puissance électrique de 1 500 kW. Les proportions pharaoniques du projet des Mille vaches, dans la Somme, donnent le tournis. « M. Ramery, le propriétaire de l’exploitation, peut casser les prix du lait parce qu’il touchera un gros chèque d’EDF, déplore Jacques Pasquier. La méthanisation conforte l’élevage industriel. » Va-t-on voir se multiplier d’immenses cheptels, élevés hors sol pour produire de l’électricité, et, accessoirement, du lait ? Car la loi de transition énergétique ne fixe pas de seuil de capacité pour les méthaniseurs. »

Source : La méthanisation, une bonne solution menacée par le gigantisme

5) La disparition de fermes
La forte augmentation du nombre d’unité de méthanisation agricole collective mettra des exploitants agricoles sur la paille comme… l’éolien :
« Et Pierre Aurousseau va même plus loin : « Avec une méthanisation rentable, il sera possible de tirer les prix de vente des porcs et du lait vers le bas. Ce qui va accélérer la disparition des fermes les plus fragiles et accroître la concentration des autres. » Si une exploitation tire son chiffre d’affaire de la méthanisation, à quoi bon se battre pour des prix élevés sur la partie élevage de l’activité ? À l’inverse, pourquoi pas tirer ces prix vers le bas et prendre de nouvelles parts de marché ? Sauf qu’à ce jeu, ceux qui vivent de l’élevage ne pourront pas s’aligner sur des prix tirés à la baisse, des prix déjà en-dessous du prix de revient. Ils seront poussés, par la force des choses, à mettre la clef sous la porte. De quoi libérer des terres, intéressantes à racheter pour agrandir des exploitations existantes. »

Source : La méthanisation risque d’accélérer la concentration des fermes


III) L’Allemagne, le PAYS de la méthanisation
Les agriculteurs allemands ont embrassé la méthanisation, comme l’éolien, au début des années 2000, à la faveur d’une législation incitative sur 20 ans, qui a transformé beaucoup d’exploitants en producteurs d’énergie. En France, le « démarrage » du biogaz s’est fait en 2009.

Après ces vingt premières années d’exploitation, quel bilan à tirer en termes d’environnement, de climat et de la santé?
Selon l'Association allemande du biogaz, il existe actuellement environ 9 000 installations de biogaz en exploitation en Allemagne. […]
L'Agence fédérale de l'environnement met en garde contre les dangers des installations de biogaz pour l'homme, les animaux et les plantes. » […]
-les tsunamis dits de lisier présentent des dangers considérables, en particulier pour l'environnement. Les résidus de fermentation ou le lisier des usines de biogaz s'échappent, parfois plusieurs millions de litres. Ceux-ci pourraient "inonder des bâtiments, causer la mort de poissons dans les eaux et causer des dommages considérables aux aires protégées. […]
-Selon l'Office fédéral de la statistique, les installations de biogaz sont responsables de la majorité des substances polluant l'eau rejetées lors d'accidents. En 2017, il y a eu un total de 741 incidents au cours desquels 10,2 millions de litres de ces substances ont été rejetés. »[…]
-Selon une évaluation du bureau, il y a un accident moyen toutes les deux semaines dans une usine de biogaz, avec parfois des conséquences graves. Depuis 2005, 17 personnes ont été tuées et 74 blessées. Dans 46 % de tous les accidents enregistrés, les incendies étaient le type d'accident le plus courant. Dans 9% des cas, il y a eu au moins une explosion. » […]
-Selon les experts, les chiffres réels des accidents risquent d'être nettement plus élevés, car les petits accidents sont moins intéressants pour les médias et ne sont donc pas enregistrés. Jusqu'à présent, l'obligation de signaler les accidents dans les installations de biogaz a été limitée.[…]
-Ces dernières années, les inspections effectuées par des experts ont montré qu'"entre 70 et 85 % environ des installations de biogaz testées présentent des lacunes de sécurité considérables" […]

Le méthane, un gaz à effet de serre produit par les plantes, peut s'échapper de façon incontrôlée à divers endroits. La perte totale estimée s'élèverait à 300 000 tonnes de méthane par an, ce qui correspondrait à environ 0,8 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre de l'Allemagne en 2015. »

Source : Allemagne : toutes les deux semaines, il y a un accident dans une usine de biogaz

À ce bilan aux résultats décevants pour la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre (GES), principal objectif de l’essor de la méthanisation, nous pourrions y ajouter les aberrations écologique et économique, supportées par la collectivité : les monocultures du maïs-biogaz provoquent l’ uniformisation des paysages et la disparition d’oiseaux ; le prix de l’hectare s’envole ; le prix de l’électricité est l’un des plus chers d’Europe, juste derrière le Danemark ; etc.

Aujourd’hui, le boum du biogaz semble passé en Allemagne :
« Depuis les réformes de la loi allemande sur les énergies renouvelables (EEG) de 2014 et 2017, le nombre de nouvelles installations n’a guère évolué. »

Source : Regards croisés sur le biogaz en Allemagne et en France

 

IV) La méthanisation en région Grand Est

La région Grand Est, première en France, compte 92 unités de méthanisation en cogénération en fonction, septembre 2018, dont 8 en Haute-Marne. Son ambition est résumée dans la Charte pour le développement de la méthanisation en Grand Est : « de faire de la méthanisation un véritable atout de développement durable du territoire Grand Est. »

Les craintes se concentrent sur le développement d’un modèle proche de celui de l’Allemagne qui est loin d’être une réussite, comme vu précédemment… 

L’augmentation du nombre d’unités de méthanisation multiplie d’autant la probabilité d’accidents et de pollution. C’est une évidence. 
Le risque est aussi très grand de transformer une agriculture consacrée à l’alimentation vers la production d’énergie.

V) L
'exploitation d’une unité de méthanisation collective agricole sur le territoire de la commune de LANGRES.

De type injonction, il est présenté par une société par action simplifiée (SAS), composé de 7 exploitants agricoles et un promoteur, pour un capital de... 10 000 €.


 
Les résistants à l'éolien en Haute-Marne et plus particulièrement ceux du "sud", auront bien sûr reconnu la société porteuse du projet. Pour les autres, il faut savoir que cette société, associée à Velocita et au constructeur chinois d'éoliennes, Envision énergie, tentent de bourrer le territoire de dizaines d' éoliennes, avec la complicité d'une majorité d'élus de la Communauté de communes des Savoir-faire.

Le système de financement est copie conforme à ce qui se pratique dans l'éolien
-investissement assuré pour 80% par les subventions (U.E (FEDER), Etat et région) et par l'emprunt ;
- prix garanti pour le rachat du gaz, 119.28€/MWhPCS, sur une durée de 15 ans tout en étant indexé.
 

La seule différence avec l'éolien, est que dans le cas d'une unité de méthanisation, le terrain est acheté, SAS Agri NRJ Langres étant le propriétaire de la parcelle, et non loué.

Nature et volume des activités

 "Le projet consiste en la création d’une installation de méthanisation agricole qui servira à valoriser les effluents de six exploitations agricoles, 5 exploitations bovines et une exploitation porcine.[...] Les intrants prévus pour l’exploitation de l’installation de méthanisation sont les suivants:


Les « risques potentiels » énoncés au chapitre I s’appliquent évidemment à ce projet. À ceux-ci, il faut y ajouter un élément déterminant et caractéristique à la Haute-Marne : la nature du sol. Celle-ci est majoritairement de type " karstique". Cela veut dire que la vitesse d’infiltration y est amplifiée et la pollution accélérée.

Qu’est-ce que le Karst ?





Source : Géologues Prospecteurs


La géologie en Haute-Marne  

« En Haute‐Marne, les horizons du Barrémien supérieur (sables et grès), de l'Hauterivien (calcaires) et du Valanginien (grès et sables) constituent des niveaux aquifères peu importants, se manifestant surtout par des sources, dont certaines sont captées pour l'alimentation de communes rurales. Les calcaires du Barrois, qui affleurent au Sud-est de la région [Haute-Marne] et reposent sur les couches marneuses du Kimméridgien supérieur, constituent un réservoir aquifère puissant et karstique. Les forages exécutés sur les plateaux n'ont, pour la plupart, pas donné de résultats satisfaisants. Par contre, des sources à débit souvent important et de nombreux gouffres liés aux réseaux karstiques sont connus et plusieurs ont déjà fait l’objet d’études localisées. »

Source : Synthèse régionale Champagne‐Ardenne

« Ce sont des sols calcaires à structure de gruyère. En cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide. Il y a donc un risque de pollution. »

Source : Méthanisation : un digestat bien indigeste pour les sols et les eaux

D'autres remarques 

Dans le Dossier de demande d’enregistrement pour une unité de méthanisation agricole collective à Langres (52), présenté par la société Opales énergies nature, au chapitre : JUSTIFICATION DU RESPECT DES PRESCRIPTIONS GÉNÉRALES APPLICABLES A L’INSTALLATION, 2.RUBRIQUE 2781-1B, il est écrit :

« Éloignement des habitations »
« Les habitations les plus proches du site sont situées respectivement à 620m au Nord-est de la limite de parcelle du projet et à 350m au Nord-Ouest de la limite de parcelle, comme le montre la vue aérienne ci-dessous. L’habitation située à 350m est celle de Monsieur Ferrut Philippe, agriculteur et membre du projet de méthanisation. Le site respecte donc bien la distance de 50m minimum entre les digesteurs et les habitations »



 
Source : Dossier de demande d’enregistrement pour une unité de méthanisation agricole collective à Langres (52)

La présentation fait totalement abstraction des entreprises riveraines et des 3 000 salariés environ qui y travaillent, jour et nuit. Le nombre élevé s’expliquant par la présence sur la zone industrielle des deux plus gros employeurs du bassin langrois, avec près de 30% des emplois, Plastic Omnium et Freudenberg.
  • Défi 52, 170m ; 
  • Béligné et Fils, 230m ; 
  • Locamat, 230m ; 
  • AM2D, 230m ; 
  • PH Sport, 345m ; 
  • Plastic Omnium, 450m ; 
  • Freudenberg, 545m.

Les distances sont calculées à vol d’oiseau.

Cette « mitoyenneté » représente un risque réel.

Les points d’eau
« La carte précédente fait également apparaitre le ruisseau de la Bécheule qui s’écoule à plus de 35m des limites du projet. Le site Infoterre du BRGM recense des points d’eau supplémentaires que sont :

-Un forage à 625m ;
-Deux sources à 570m et 950m ;
-Un puits à 1,6 km.
Ces points d’eau, recensés dans la Banque du Sous-sol BSS, sont donc tous situés à plusieurs centaines de mètres du site (carte ci-dessous), conformément à la réglementation.
» 

Source :
Dossier de demande d’enregistrement pour une unité de méthanisation agricole collective à Langres (52)

Il n'ait fait aucunement mention du ruisseau « de Vaucourt » qui coule parallèlement à celui de « la Bécheule » et qui est distant de 450m du site (à vol d’oiseau). Les deux ruisseaux se rejoignant pour n’en faire qu’un seul à 588m (à vol d’oiseau) de l’unité de méthanisation.
Rappel : « de nombreux gouffres liés aux réseaux karstiques sont connus » et que ce « sont des sols calcaires à structure de gruyère. En cas de forte pluie, l’infiltration vers les nappes phréatiques est très rapide. Il y a donc un risque de pollution. ».

Le risque de pollution de l’eau est à son plus haut niveau.

Conclusion

-Vu l’évaluation des risques inhérents à la filière agricole collective ;
-Vu le risque augmenté de la pollution de l’eau par la nature des sols haut-marnais ;
-Vu le lieu d’implantation qui engendre une mitoyenneté avec la population ;

Et

-Considérant, qu’à l’instar de toute installation industrielle manipulant des produits dangereux, les facteurs organisationnels et humains joueront un rôle prédominant dans la sécurité de ces installations Et
-Considérant, que ce projet ne répond pas à ce degré d’exigence concernant la sécurité des hommes, de l’environnement et des biens.

Pour toutes ces raisons, l’association Les vues imprenables émet un AVIS DÉFAVORABLE.

Pour justifier son avis, l’association Les vues imprenables fait références à :

- La Loi sur l’Air et l’Utilisation Rationnelle de l’Energie (Loi Laure), et « Le droit de respirer un air qui ne nuise pas à sa santé est reconnu à chacun. » ;

-Les articles 1382 et 1383 du Code civil; de l’article 544 du Code civil qui reconnaît à tout propriétaire le droit de jouir normalement de jouir de sa chose ; de l’article 16 de la Constitution qui consacre la garantie du droit de propriété.

-L’article 223-1 du Code pénal, Mise en danger de la personne : « le fait d'exposer directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente par la violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement » ;

-L’article L110-1 du Code de l’environnement portant sur le principe de précaution,
Les espaces, ressources et milieux naturels terrestres et marins, les sites, les paysages diurnes et nocturnes, la qualité de l'air, les êtres vivants et la biodiversité font partie du patrimoine commun de la nation. Ce patrimoine génère des services écosystémiques et des valeurs d'usage. Les processus biologiques, les sols et la géodiversité concourent à la constitution de ce patrimoine. »

Le principe de précaution, selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable. »

L’association Les vues imprenables décline toute responsabilité quant à l’exactitude et l’exhaustivité des informations contenues dans ce document.






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