Ecosse, éolien : mais ils sont où, mais ils sont où, les emplois?

Kevin McKenna
23/06/2019


Les promesses d'un boom des emplois dans le secteur de l'énergie verte en Écosse s'avèrent si prometteuses...

Le gouvernement est accusé de ne pas protéger les travailleurs en vendant des projets à EDF et à d'autres entreprises étrangères.



Robin Rigg, Dumfries, le premier parc éolien offshore d’Écosse. Photographie : Ken Jack - Corbis/Getty Images


Dans le secteur des énergies renouvelables, le gouvernement écossais a mis au point une forme d'alchimie politique au cours de la dernière décennie. En cela, Nicola Sturgeon et ses ministres ont réussi à transformer le simple optimisme en forte monnaie politique.

Le titre de son programme pour l'élection de Holyrood en 2011 demandait aux électeurs de "réélire un gouvernement écossais travaillant pour l’Écosse" et affirmait que le développement d'une économie verte, faible émettrice en carbone, créerait "environ 130.000 emplois". Au rythme actuel de la création d'emplois, il est fort à parier que ce gros astéroïde portant le nom de Terre en sera encore à chercher ses limites, que les 130 000 emplois ne seront toujours pas créés.

Le potentiel légendaire de ce secteur pour l'économie a longtemps hypnotisé les classes politiques. L'offre de Offshore Wind Scotland aux investisseurs potentiels se lit comme un bon pour imprimer de l'argent : "Avec plus de 25% des vents marins européens qui passent au-dessus des mers écossaises, il n'est pas étonnant que certains des plus importants industriels de l'éolien offshore soient déjà présents ici".", conclut-il. "Si votre société est intéressée par l'opportunité de gagner plusieurs milliards de livres avec l'éolien offshore au Royaume-Uni, alors les agences d'entreprises écossaises sont en mesure de vous aider."

La vingtaine de travailleurs des chantiers de construction BiFab en sommeil à Methil et Burntisland, sur la côte de Fife, ont un autre point de vue. L'avenir de ces chantiers est crucial pour les communautés ouvrières qui en vivent. Cet avenir est aujourd'hui soumis aux vents du géant français de l'énergie EDF, qui a signé un contrat d'un milliard de livres sterling pour la fourniture de fondations à double parois, qui soutiennent et ancrent les éoliennes au fond de la mer.

Le gouvernement écossais, pour soutenir le projet, a acheté une participation importante dans BiFab pour aider JV Driver, son nouveau propriétaire canadien, à naviguer à travers les courants perfides qui dictent les contrats et les pratiques mondiales dans ce secteur. Le contrat EDF pourrait créer plus de 1 000 emplois à long terme, qualifiés et bien rémunérés. Il a le potentiel de ranimer et de soutenir des communautés qui ne se sont pas encore remises du thatchérisme. Ces espoirs ne tiennent plus qu'à un fil grâce à un mélange de ce que l'on pourrait généreusement qualifier d'opportunisme économique par EDF et d'incompétence par le gouvernement écossais.



Le chantier de construction de BiFab à Methil, aujourd'hui en sommeil. Photographie : Ken Jack - Corbis/Corbis via Getty Images 

L'entreprise française a l'intention d'attribuer ce contrat à une entreprise indonésienne, disant qu'elle n'a pas les moyens de s'offrir une main-d'œuvre écossaise qualifiée. Des questions épineuses se posent quant à la garantie d'emploi liée au projet et à la crédibilité des obligations contractuelles fixées par le gouvernement écossais. Le syndicat GMB a demandé conseils à des experts indépendants sur les possibilités d'intenter une action en justice au cas où ces emplois se déplaceraient à l'autre bout du monde. Ceux ci ont conclu que le dossier devrait d'abord faire l'objet d'un examen plus approfondi. Mais on pariera pas là-dessus..

L'Écosse a investi près de 5 milliards de livres sterling dans les énergies renouvelables offshore qui, si elles sont bien gérées et négociées, pourraient représenter plusieurs milliers d'emplois durables et qualifiés. Selon le GMB, seulement 100 emplois temporaires en découlent actuellement. Dans ce secteur mondial, nous prenons souvent des vessies pour des lanternes, avec des entreprises étrangères fortement soutenues par des gouvernements qui souscrivent des pertes. Ainsi, nos contrats doivent être étanches et rigoureux.

Le gouvernement écossais a dépensé beaucoup d'argent pour obtenir toutes les autorisations nécessaires pour ce parc éolien offshore et a déclaré que des emplois seraient créés dans les chantiers Fife. C'était avant qu'EDF n'achète le projet aux propriétaires précédents pour 500 millions de livres sterling, avant de jeter aux oubliettes tous les engagements antérieurs en faveur des emplois locaux. La manière dont le gouvernement écossais n'a pas réussi légalement à garantir ces emplois, même en cas de rachat du contrat, peut encore faire l'objet d'un examen judiciaire. L'Écosse est confrontée à la perspective bizarre et humiliante
de ne pas pouvoir s'opposer à une entreprise (française), à la pointe de sa révolution de l'énergie verte, qui déplace sa construction à l'autre bout du monde, avant de la remorquer sur des navires diesel pour la ramener à 10 milles des côtes de Fife et tout cela, chaque jour, sous les yeux des communautés locales, humiliées et frustrées.

Les contribuables britanniques sont en droit de se demander pourquoi ils paient des fortunes pour subventionner l'énergie verte et créer des emplois partout ailleurs dans le monde, sauf ici. D'ici 2022, tous les consommateurs d'électricité britanniques paieront 500 livres sterling de plus par an pour les énergies renouvelables. EDF et les autres entreprises mondiales qui ont su tirer parti du potentiel climatique de l’Écosse en tireront un profit considérable. Gary Smith, secrétaire de GMB Scotland, a déclaré : "L'électricité produite par ces projets sera très chère. En tant que communautés, nous sommes en droit d'insister pour que les emplois créés le soient ici, en Écosse."

Une autre autorisation de parc éolien offshore a été accordée par le gouvernement écossais pour les travaux en mer à Kincardine. Dans le document correspondant, il n'est fait mention d'aucun emploi... avant la page 58. Ce qui suit est à la fois instructif et déprimant : "On s'attend à ce que toute l'unité WTG (tour, lame et nacelles) soit fabriquée à l'extérieur de l'Écosse et transportée à la base de construction pour y être assemblée... la construction de l'aménagement devrait créer un petit nombre d'emplois à court terme dans la région... les emplois et les retombées économiques sont considérés comme un effet passager, d'importance secondaire pour l'économie d'Aberdeen City et Shire." Dans ce dossier, cela n'avait pas de de toutes les façons que peu d'importance puisque le travail a été confié à une entreprise publique... espagnole, Navantia.

Le gouvernement écossais doit faire preuve de réalisme et réagir au plus vite.Il pourrait commencer par demander l'avis d'un conseiller juridique solide pour établir si EDF a induit en erreur les ministres et la Marine écossaise sur leurs engagements concernant
le projet pour l'Écosse  les avantages économiques et en matière d'emploi qui en découlent.


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