Jura, Poligny : la secrétaire d'Etat à la Transition énergétique en visite

Poligny
27/06/2019


Commentaire : madame Wargon nous a récité le petit bréviaire de l' "écolo de centre-ville urbain."  

Pour qualifier son attitude lors de cette réunion publique, il vient à l'esprit les écrits de Monsieur Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, décrivant le caractère du gouverneur de la prison de Vincennes, Charles Joseph de Rougemont, lors de son séjour de 1777 à 1780 :
"Cet homme [femme] a toute la bouffissure de la plus orgueilleuse ignorance : c'est un ballon rempli de vent. Pénétré du sentiment de sa propre importance, il [elle] voudrait l'insuffler à tous les autres, et se faire regarder comme un homme [femme] essentiel et nécessaire à l' Etat."
Source : Sade vivant, Jean-Jacques Pauvert, p 456, Editions La Tripode, 1986-1990

L'Histoire et les Hommes la jugeront.
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Présent à cette réunion et ayant pris la parole, M. de Brossia, président du Collectif Bourgogne Franche-Comté de défense de l’environnement (ACBFC), nous fait part de son témoignage.


Hier, je suis allé à Poligny (Jura) à une réunion organisée pour le passage de madame Wargon, secrétaire d'état à la transition énergétique. La réunion a commencé sous les meilleurs auspices, il s'agissait d'un "débat" sans censure. J'avais préparé un petit papier que je vous joins.

Autant vous dire que dès le début de mon intervention, on a essayé de me retirer le micro. J'ai tenu plus ou moins bon jusqu'au bout. La salle, 150 à 200 personnes, nous était hostile à 95% et présentait toutes les nuances de l'écologie verte aux idées simples : apôtres de la décroissance, disciples de Greta, originaux ayant développé des systèmes autonomes en énergie depuis 30 ans et partisans de remettre en marche les barrages sur les rivières.

Je suis sorti laminé mais avec du recul, je tente d'analyser les comportements; notamment de madame Wargon. On sent bien qu'elle est très gênée dès que l'on parle des gens qui habitent près des parcs éoliens :

  • A l'instar de madame Royal, elle a osé dire que si l'on porte à 1 000 m la distance de précaution entre maison et éoliennes, on ne peut plus mettre d'éoliennes en France. C'est très important de faire sortir ce genre de défense vis à vis des riverains. 
  • Manifestement pas informée sur la question, elle a dit qu'elle allait se renseigner sur ces histoires de seuil de nuisances sonores de 30 et 35 dB. Elle a déclaré que ce serait mieux effectivement que le code de santé publique soit respecté. 
  • Concernant, le mail reçu la matin même de Sylvain Fauvé réveillé à 3h du matin par les éoliennes, elle a été vraiment d'un cynisme total en ironisant sur le fait que tous les français avaient mal dormi en raison de la canicule.  
  • D'ailleurs, madame Wargon ne se fait aucun souci pour la santé des riverains suite au rapport de l' ANSES (2017)
A propos du diesel (voir mon papier), madame Wargon se justifie en parlant des particules fines émises ne voulant probablement pas savoir que les constructeurs avaient bien réglé ce problème.

Madame Wargon reconnait que les experts se déchirent pour savoir si on pourra ou non stocker l'énergie. Mais, évidemment, elle se montre confiante. En 2035, quand nous aurons 50% de nucléaire, elle ne s'interroge pas de savoir comment on assurera les pics de consommation en hiver et en été.

Devant une salle très hostile au nucléaire, elle ose dire qu'il n'est pas du tout certain que l'on puisse passer en dessous de 50% de nucléaire après 2035.

Enfin, c'est bien un développement massif des ENR (et bien sûr des éoliennes) qu'elle souhaite. Elle reconnait que certains secteurs du Jura se montrent réticents. Selon elle, il va donc falloir faire un maximum d'efforts pour convaincre ! La pression sur les maires va être terrible (elle l'est déjà).

Même si cela n'a pas été dit explicitement, nous sommes malheureusement présentés comme des gens âgés hostiles au progrès alors qu'il y avait beaucoup de jeunes adeptes de Greta.

Évidemment, nous avons eu droit à un exposé sur le financement participatif des éoliennes de Chamolle présenté comme un exemple.

Faut-il aller ou non à ce type de réunion ? Je pense que oui dans la mesure où ce public n'aime pas voir attaquer leurs utopies.



Le texte

Bonjour Madame la Secrétaire d’ Etat,

Michel de Broissia, Maire de Champagne sur Vingeanne, Président du collectif régional ACBFC qui regroupe plus de cent dix associations de Bourgogne Franche-Comté (BFC)

Le Haut Conseil pour le Climat déclare hier que, vis-à-vis du réchauffement climatique, l’effort principal consiste à s’attaquer au transport et à l’habitat alors que, votre prédécesseur Sébastien LECORNU déclarait l’urgence de décarboner la production électrique française.

Curieuse déclaration alors que la France est le pays développé le plus vertueux en termes d’émission de gaz à effet de serre pour la production d’énergie électrique

La transition énergétique à la française repose sur un malentendu : « Réchauffement climatique → ENR »

Tous les moyens sont braqués sur un développement coûteux qui n’entrainera, il suffit de voir l’exemple de l’Allemagne :

• Aucune baisse des émissions de CO2

• Et aucune baisse possible du potentiel énergétique pilotable

Je souhaite vous faire connaître notre point de vue et nos demandes :

Nous rejetons les éoliennes géantes que nous impose le manque de vent dans la région la moins ventée de France

Nous rejetons les études paysagères réalisées par la DREAL effectuées avec des hauteurs d’éoliennes de 150 m (remise pour commentaires en novembre 2018) alors qu’au même moment le préfet de Haute-Saône (27/11/2018) écrivait aux maires de son département : « en raison des progrès techniques actuels et des facteurs climatiques, la hauteur normale d’une éolienne est de 240 m »

Nous rejetons la distance de précaution de 500 m coulée dans le marbre au moment où les éoliennes faisaient 80 m de hauteur dans la vallée du Rhône.

Nous demandons avec l’Académie de médecine, que la distance de précaution soit proportionnelle à la hauteur et, plus précisément, de 10 fois la hauteur des éoliennes comme en Bavière. La Bourgogne-Franche-Comté ne vaut-elle pas en termes de paysage et de patrimoine celle de la Bavière?

Nous rejetons le décret du 26 août 2011 qui a introduit une exception pour les riverains d’éoliennes en portant le seuil de nuisance à 35 dB alors que le Code de la Santé Publique impose de son coté 30 dB. 


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Nous demandons un retour au code de la santé publique comme pour les autres français et le respect des normes en vigueur. C’est d’ailleurs une demande qui a été reprise par l’académie de médecine dans sa séance du 9 mai 2017

Nous rejetons la souffrance des riverains, notamment pour les parcs récents plus hauts et plus puissants.

Nous rejetons l’utilisation d’un projet de norme (NFS 31-114) de mesure du bruit qui est fondé sur l’établissement de moyennes de moyennes lissant les bruits contrairement à ce qu’entendent les riverains.

Nous demandons que soit mise en place sans attendre l’étude épidémiologique réclamée par l’Académie de médecine en 2007 et à nouveau le 9 mai 2017.

Nous demandons que les riverains d’éoliennes soient indemnisés pour la perte de jouissance qu’ils subissent. Voici un ail reçu ce matin d’un riverain d’éolienne

Date: jeu. 27 juin 2019 à 03:19 Bonjour Monsieur Jacquet-Francillon, Il est 3h du matin et nous sommes réveillés par le bruit des éoliennes. Impossible de dormir les velux fermés car il fait très chaud.L'air est très sec et il y a peu de vent. Ce matin je dois me rendre à mon travail à 5h, dans 2h car je vais dans le Jura. J'ai 1h30 de route aller-retour. Nous sommes épuisés Cordialement,
Sylvain Fauvé

Nous rejetons l’implantation d’éoliennes en forêt et en zone humide derniers sièges de la biodiversité. Les grandes cultures n’abritent quasiment plus de vie sauvage contrairement aux forêts et aux zones humides. Une étude allemande récente évalue à 1200 milliards le nombre d’insectes potentiellement tués par les rotors des 30 000 éoliennes en fonction.

Nous demandons l’interdiction des éoliennes en forêt et dans les zones humides.

Nous rejetons les études trop souvent réalisées par des entreprises dont le gagne pain essentiel consiste à accompagner les promoteurs. Nous avons vu trop d’études qui consistent à maximiser le bruit naturel de manière à réduire l’impact du bruit des éoliennes : micro installé dans une cour de ferme au moment des moissons, micro installé près d’un torrent, d’une pompe à piscine, d’une toile qui prend le vent, d’une route départementale... (vu et dénoncé à la DREAL le 4 janvier 2017).

Nous rejetons les travaux réalisés sans aucun contrôle alors que toute construction pour une simple mairie doit démontrer la conformité de ses développements.


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Nous rejetons les coupes de bois non prévues multipliant parfois par 3 la déforestation (voir le parc de Rougemont Baume)

Nous rejetons les travaux réalisés sans aucune étude géotechnique préalable (exemple du parc de Rougemont Baume) : gouffre sous un pied d’éolienne, déplacement du socle non prévu dans l’étude d’impact.

Nous demandons le recours à des tiers de confiance comme cela se pratique d’ailleurs à d’autres secteurs (notamment pour le nucléaire) : bureau VERITAS, APAVE,... Il s’agit tout de même de projets ICPE qui ne peuvent être traités à la légère.

Nous rejetons les projets réalisés par des équipes spécialisées internationales avec un matériel importé en quasi-totalité.

Nous rejetons les dérives régionales, avec notamment l’usine de mâts de Longvic, qui n’ont eu pour effet que de jeter sur le carreau des dizaines de collaborateurs à grand renfort d’argent public. Le dernier grand parc installé est totalement chinois. A-t-on vraiment calculé le bilan carbone de l’opération ? Non les emplois promis ne sont pas au rendez-vous.

Nous demandons que la région préserve et dynamise les filières mentionnées dans le diagnostic du SRADDET.

Nous rejetons les projets éoliens développés en catimini et, trop souvent, par des élus qui vont bénéficier de la manne qui coûte si chère aux Français.

Nous demandons l’établissement de consultations locales, l’affichage des données de vent mesurées par les promoteurs, les résultats de production mensuelle. Le secret industriel est une notion choquante pour une industrie autant subventionnée

Nous rejetons l’hémorragie des capitaux vers les iles Caïmans et tous les fonds de pension des grands pays du monde.

Nous rejetons les mises aux enchères de promesses de bail. Notre pays n’est ni à vendre ni à donner. Aujourd’hui, c’est pire puisque nous payons des affairistes du monde entier pour s’installer chez nous.

Nous rejetons le financement participatif proposé par psychologues et sociologues il y a une dizaine d’années en vue de manipuler le public et lui faire « aimer » les éoliennes.

Nous demandons que cesse les subventions aux ENR (89 €/MWh selon la CRE en 2019) et que cesse une obligation d’achat absurde qui conduit à des prix négatifs. Dans notre région la moins ventée de France, les éoliennes de
Bourgogne-Franche-Comté tourneront avec une puissance significative, quand toutes les éoliennes d’Europe seront en action. 


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Madame la Secrétaire d’ Etat, nous sommes des ruraux mais non dénués de bon sens. La production électronucléaire française a largement montré sa capacité à produire l’électricité dont notre pays a besoin sans émission de CO2. Des millions d’heures de fonctionnement sans aucun problème sérieux. En est-il de même pour ces éoliennes de 240 m de hauteur ? Tout tend à prouver le contraire. Quand les études épidémiologiques démontreront l’irréparable, vous serez en première ligne pour avoir défendu sans le recul nécessaire une industrie ruineuse. Le stockage de l’énergie en grande quantité demeure une utopie et son coût n’est pas compté pas plus que le renforcement des lignes à haute tension inévitable avec les ENR.

Il faut noter aussi que l’Agence Internationale de l’Energie demande de développer l’électronucléaire de toute urgence pour limiter le réchauffement climatique.

Faut-il poursuivre avec des décisions idéologiques qui conduisent au contraire des effets escomptés ? Avez-vous entendu comme moi, ce matin, cette nouvelle : « les émissions de CO2 augmentent en raison du transfert du diesel vers l’essence ». La plupart des ruraux auraient pu vous le dire.

Madame la Secrétaire d’ Etat, permettez de vous offrir un CD réalisé par un jeune chanteur. Il résume parfaitement mes propos.

Michel de Broissia

Président d’ ACBFC (collectif Bourgogne Franche-Comté de défense de l’environnement) collectif.regional.bfc@gmail.com 

acbfc.blogspot.com 

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