Suisse : la stratégie énergétique fédérale est dans l’impasse

   Reviens Guillaume Tell, tes descendants sont devenus fous!

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 Jean-Marc Blanc revient sur la problématique de l’approvisionnement de la Suisse en électricité

Jean-Marc Blanc

   Jean-Marc Blanc, secrétaire général de l'association Paysage-Libre Vaud

   Moins de deux ans après la votation de mai 2017 sur la Stratégie énergétique 2050, SE 2050, acceptée par 58,2% de oui, la Commission du Conseil national chargée de l’énergie (CEATE-N) a récemment rédigé une motion exprimant ses vives inquiétudes quant à l’évolution de la SE 2050.   Elle pointe notamment la problématique de l’électricité. Peu reprise par les médias, l’affaire n’en est pas moins très surprenante.
  La motion fait au Conseil fédéral une demande qui laisse pantois : garantir l’approvisionnement en électricité à long terme et clarifier les responsabilités. On peut donc en déduire que cela n’avait pas été fait au départ.
  Nos inquiétudes grandissent encore à la lecture des affirmations suivantes :

  • « Les valeurs indicatives (…) concernant l’énergie éolienne et l’énergie géothermique (…) ne seront pas atteintes.»
  • « Il y a une lacune s’agissant de la réalisation des objectifs de la Stratégie énergétique 2050 et de la garantie d’une part de production indigène adéquate en vue d’assurer la sécurité de l’approvisionnement. »
  • « Plus aucun consensus n’existe en ce qui concerne la responsabilité globale à l’égard de la sécurité d’approvisionnement en électricité. »
  • « La consommation d’électricité pourrait ne pas évoluer comme prévu. »

  Traduction : 

  • en dehors du solaire, les objectifs ne seront pas atteints par l’éolien et le géothermique, 
  • la sécurité de l’approvisionnement ne sera pas assurée, 
  • la consommation d’électricité va augmenter plus vite que prévu,
  • c’est la pagaille en ce qui concerne les responsabilités de l’approvisionnement.

  En gros, plus personne ne maîtrise la situation.
  Sous le coup des émotions et des pressions idéologiques, la Confédération a bâclé sa stratégie énergétique et n’a jamais précisé comment elle comptait la mettre en œuvre et à quels coûts. À force de vouloir combattre à la fois le nucléaire et le fossile, vouloir le beurre et l’argent du beurre, elle s’est mise dans une pétaudière dont elle n’est pas près de sortir.
  Cela pourrait réjouir ceux qui ont combattu la SE 2050 pour s’opposer notamment à la destruction des paysages et de la biodiversité par l’industrie éolienne. Mais gageons que l’impasse actuelle n’a que peu de chances de rendre nos autorités plus clairvoyantes. La tentation, comme en France, de modifier les règles du jeu chatouille déjà l’esprit de certains politiques.
  Le pire serait que, prétextant l’urgence climatique, les autorités soient tentées de recourir à des mesures d’urgence afin de démontrer leur engagement pour la cause. Les conséquences pourraient être dramatiques pour la démocratie et la paix sociale, mais les questions énergétiques ne seraient pas résolues pour autant.



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