« La Forêt privée de Lanouée est le second massif forestier le plus grand de Bretagne après la Forêt de Paimpont. Auparavant propriété de 3 groupements forestiers principaux — GF du Pas aux biches, GF des Forges, et GF de Lanouée, l’essentiel aujourd’hui de cette forêt : 3800 hectares, soit 90 % de la superficie de la ZNIEFF, est depuis mai 2007 propriété d’un groupe multinational, de fait premier propriétaire privé de Bretagne, qui l’exploitera par l’intermédiaire d’une filiale spécialisée dans les ressources forestières : énergie renouvelable et construction.
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Cette forêt très ancienne est établie sur des formations sédimentaires schisteuses du Briovérien, Précambrien : grès et poudingues de Gourin, et phyllades de Saint-Lô principalement. Le sol, argilo siliceux, est nettement acide — pH : 4,5 à 4,8 —, et a de fortes capacités de rétention en eau. Jusque la fin du XVIIe siècle la forêt était une futaie de chêne, hêtre et châtaignier, puis fut exploitée en taillis et taillis sous futaie pour alimenter les forges de Lanouée, qui fonctionnèrent de 1756 à 1886. Un premier enrésinement à base de pins, sylvestre, maritime et laricio, interviendra à la fin du XIXe siècle. À partir de 1970 le pin maritime devient prépondérant pour « mettre en valeur les mauvais taillis et reconstituer les parties détruites lors des incendies ». Des plantations expérimentales localisées de diverses essences exotiques ont été réalisées — dans l’ancien GF de Lanouée. L’ouragan d’octobre 1987 avait occasionné environ 10 % de pertes : chablis. Les incendies sont un souci permanent — création de bordures pare-feu en feuillus et nombreux points d’eau —, ainsi que les dégâts occasionnés par le gros gibier — mise en protection de certaines parcelles : clôtures. La forêt traversée par plusieurs routes départementales est assez fréquentée : source 59.
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Les chemins forestiers hydromorphes accueillent une communauté des dépressions de landes acides s’asséchant en été, à cicendie filiforme et radiole faux-lin, où la cicendie naine, Exaculum pusillum, espèce déterminante et menacée vient d’être trouvée. Les landes humides et mésophiles à ajonc nain et bruyères subsistent dans quelques « vides » de la forêt, mais surtout sous la pinède suffisamment claire; le maintien de cet habitat devenu assez rare à ce niveau du Centre-Bretagne est un enjeu important, une faune caractéristique voire inféodée s’y trouve également.
Faune remarquable : plus de 60 espèces d’oiseaux sont recensées dans la Forêt de Lanouée, parmi lesquels près d’un dizaine d’oiseaux déterminants, car nicheurs certains ou probables, liés à la futaie ou taillis sous futaie, ainsi qu’aux landes ouvertes ou faiblement boisées : clairières permanentes et espaces forestiers récemment exploités. Signalons particulièrement l’Autour des palombes, le Busard St-Martin, l’Engoulevent d’Europe, plusieurs pics dont le Pic noir et le Pic cendré, nicheurs assez rares, et différents passereaux tels que le Pouillot siffleur ou la Fauvette pitchou.
L’inventaire des mammifères est à compléter, en particulier pour les chauves-souris. Le Campagnol amphibie, dont les effectifs sont en déclin en France, est présent dans les zones humides de ce site.
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Dans la perspective d’un éventuel projet de changement dans le mode de gestion de cette forêt, il reste recommandé de ne plus intervenir sur les fonds humides, c'est-à-dire ne pas réaliser de nouveaux drainages ni boiser artificiellement les fonds, de manière à épargner les espaces tourbeux et les plantes d’intérêt patrimonial qui peuvent s’y trouver, et de respecter les actuels secteurs les plus diversifiés, notamment ceux porteurs des rossolis — Drosera spp — protégés. Il importe aussi que les petites clairières existantes en lande à bruyères permanente soient conservées, en particulier pour l’avifaune patrimoniale des landes. Il serait aussi bon que les grosses unités feuillues de la chênaie-hêtraie en place, en futaie ou taillis sous futaie, soient conservées, sans être artificialisées avec des essences exogènes. Le maintien de stades forestiers matures, et localement d’arbres sénescents ou morts — chandelles et troncs au sol —, est également important pour la biodiversité forestière. L’entretien doit rester mécanique et ne pas utiliser de pesticides. »
Inventaire national du patrimoine naturel, INPN https://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/530006826/tab/commentaires
Et quelle fut la seule réponse à ces recommandations environnementales ? L’implantation d’une usine de 17 éoliennes… transformant ce lieu historique et sacré en un véritable cimetière pour les chauves-souris ! À noter au passage, que les chiffres de mortalité révélés ci-dessous datent de 2023 ! Qui sait combien d’autres victimes depuis ?
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Parc éolien de la Forêt de Lanouée — 56 : l’hécatombe de chauves-souris avérée !
Le parc éolien de la forêt de Lanouée, seconde plus grande forêt bretonne, est un projet porté par la société Boralex depuis 2012. Composé de 17 éoliennes mises en service en février 2023, elles ont été officiellement inaugurées en avril dernier.
Aujourd'hui, ce parc gagne le triste record du second parc éolien le plus mortifère de Bretagne. En effet, son implantation dans une forêt remarquable et patrimoniale de notre région est un danger massif pour la biodiversité, en particulier pour les chauves-souris. Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogique Breton, GMB, alertent l’État depuis plusieurs années en vain, nos prédictions s’avèrent, encore une fois, justes.
Aujourd'hui, ce parc gagne le triste record du second parc éolien le plus mortifère de Bretagne. En effet, son implantation dans une forêt remarquable et patrimoniale de notre région est un danger massif pour la biodiversité, en particulier pour les chauves-souris. Bretagne Vivante et le Groupe Mammalogique Breton, GMB, alertent l’État depuis plusieurs années en vain, nos prédictions s’avèrent, encore une fois, justes.
L'implantation du parc éolien en forêt de Lanouée contestée depuis longtemps
Opposées à ce projet, les associations Groupe Mammalogique Breton, GMB, et Bretagne Vivante n’ont cessé d’alerter l’exploitant et les services de l’État sur l’incompatibilité de l’implantation de ce parc avec la préservation de la biodiversité : voir encadré. Malgré les contentieux engagés par Bretagne Vivante, le GMB et d’autres associations, les autorisations administratives ont finalement toutes été validées par le Conseil d’État, au terme d’un long combat juridique. Afin de suivre le projet et veiller aux intérêts environnementaux, Bretagne Vivante a accepté de participer au comité de suivi du site.
Selon Gwénola Kervingant, présidente de Bretagne Vivante :
Opposées à ce projet, les associations Groupe Mammalogique Breton, GMB, et Bretagne Vivante n’ont cessé d’alerter l’exploitant et les services de l’État sur l’incompatibilité de l’implantation de ce parc avec la préservation de la biodiversité : voir encadré. Malgré les contentieux engagés par Bretagne Vivante, le GMB et d’autres associations, les autorisations administratives ont finalement toutes été validées par le Conseil d’État, au terme d’un long combat juridique. Afin de suivre le projet et veiller aux intérêts environnementaux, Bretagne Vivante a accepté de participer au comité de suivi du site.
Selon Gwénola Kervingant, présidente de Bretagne Vivante :
« nous regrettons que l’exploitant ait persisté jusqu’au bout à engager la construction d’un parc éolien sur un site écologiquement sensible. La biodiversité ne devrait pas être sacrifiée à l’aune des objectifs de limitation du changement climatique, l’un ne pouvant pas aller sans l’autre. Nous avons tout de même accepté de suivre le projet pour veiller à la bonne prise en compte de la biodiversité ».
Un impact sur les chauves-souris massif et avéré
Nos associations viennent ainsi de recevoir les premiers rapports de suivis des impacts du parc sur la biodiversité : ils sont majeurs pour les populations de chauves-souris, notamment sur les pipistrelles, des espèces protégées. En effet, le suivi de mortalité a mis en évidence 48 cadavres de chauves-souris entre le 12 juin 2023 et le 25 septembre 2023 ce qui constitue une mortalité brute inacceptable. De plus, ces résultats sont très certainement minorés par la présence de charognards et d’une végétation forestière dense. Il est donc clairement établi que ce parc à l'implantation déraisonnable a tué plusieurs centaines de chauves-souris.
Ces chiffres sont intolérables pour les associations de protection de la nature qui œuvrent pour la préservation des chauves-souris dans un contexte d'effondrement de la biodiversité. Cette mortalité excessive est une perte sèche pour les populations locales déjà fragiles et peu denses.
Le parc éolien de la forêt de Lanouée figure ainsi, dès ses premiers mois de fonctionnement, au deuxième rang des parcs les plus mortifères en Bretagne — cumul des mortalités brutes— alors même qu’il fait l’objet d’arrêts nocturnes partiels des pales, mesure censée préserver ces mammifères volants.
Nos associations viennent ainsi de recevoir les premiers rapports de suivis des impacts du parc sur la biodiversité : ils sont majeurs pour les populations de chauves-souris, notamment sur les pipistrelles, des espèces protégées. En effet, le suivi de mortalité a mis en évidence 48 cadavres de chauves-souris entre le 12 juin 2023 et le 25 septembre 2023 ce qui constitue une mortalité brute inacceptable. De plus, ces résultats sont très certainement minorés par la présence de charognards et d’une végétation forestière dense. Il est donc clairement établi que ce parc à l'implantation déraisonnable a tué plusieurs centaines de chauves-souris.
Ces chiffres sont intolérables pour les associations de protection de la nature qui œuvrent pour la préservation des chauves-souris dans un contexte d'effondrement de la biodiversité. Cette mortalité excessive est une perte sèche pour les populations locales déjà fragiles et peu denses.
Le parc éolien de la forêt de Lanouée figure ainsi, dès ses premiers mois de fonctionnement, au deuxième rang des parcs les plus mortifères en Bretagne — cumul des mortalités brutes— alors même qu’il fait l’objet d’arrêts nocturnes partiels des pales, mesure censée préserver ces mammifères volants.
Des résultats prévisibles : nos demandes doivent maintenant être entendues !
L’implantation d’un tel parc dans un réservoir de biodiversité régional n’aurait jamais dû voir le jour.
Les associations de protection de la nature s’y sont opposées dès le départ, en vain : voir encadré.
Ces mortalités prouvent à nouveau ce que nous soutenons depuis le début : l’implantation d’éoliennes en forêt est incompatible avec la préservation de la biodiversité et la conservation des espèces protégées, et ce, même avec des mesures de réduction (bridages et augmentation de la garde au sol à 60 mètres).
L’implantation d’un tel parc dans un réservoir de biodiversité régional n’aurait jamais dû voir le jour.
Les associations de protection de la nature s’y sont opposées dès le départ, en vain : voir encadré.
Ces mortalités prouvent à nouveau ce que nous soutenons depuis le début : l’implantation d’éoliennes en forêt est incompatible avec la préservation de la biodiversité et la conservation des espèces protégées, et ce, même avec des mesures de réduction (bridages et augmentation de la garde au sol à 60 mètres).
Nous rappelons que :
- C’est de la responsabilité de l'État de faire appliquer la réglementation stricte sur les espèces protégées. De ce point vu là, il y a une défaillance notamment lors de la phase d’instruction et de contrôle en phase d’exploitation des parcs éoliens.
- Dans ce contexte, la délégation des suivis écologiques et la définition des mesures de réduction à un bureau d’études payé par l’exploitant, ne permettent pas de garantir la bonne prise en compte des enjeux de protection de la biodiversité. La conséquence est que les impacts sur ces espèces, ici sur les chauves-souris, sont très nettement sous, voire, mal évalués
- Ainsi, les mesures prises pour réduire les effets des éoliennes sur les chauves-souris sont inadaptées, voire inefficaces.
Pour Benoit Bithorel, président du Groupe Mammalogique Breton :
« les impacts majeurs d’une implantation d’éoliennes en forêt étaient bien connus. Les mortalités dramatiques observées en forêt de Lanouée prouvent que ces projets en forêt sont incompatibles avec la préservation des populations de chauves-souris. Il faut que ce triste exemple, qui aurait pu être évité, crée un précédent et que nous préservions nos massifs forestiers bretons du développement éolien ».Pour que cesse immédiatement cette mortalité massive d'espèces protégées, nos associations demandent :
- l’arrêt nocturne immédiat de toutes les éoliennes du parc de la forêt de Lanouée, sans conditions météorologiques.
- que l’État s’engage à l’arrêt du développement des parcs éoliens en forêt.
Sur le Web.
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