« Mercredi, à 10 h 15, un technicien de la fédération de Haute-Saône pour la pêche et la protection du milieu aquatique, en présence de la gendarmerie et de quelques habitants qui s’étaient rassemblés, a effectué des analyses. Selon son rapport, le produit qui se trouve dans l’eau serait du digestat, résidu issu de la MÉTHANISATION de déchets organiques. 6 kilomètres du cours d’eau auraient été impactés et plusieurs centaines de poissons seraient décédés. »
Le maire de la commune, Pascal Doussot, a constaté le décès de dizaines de poissons. Photo Louise Clerget.
« « On voit que la pollution provient d’une zone en amont, où il y a un méthaniseur avec du purin. Moi je pense qu’il y a eu une rupture de canalisation ou quelque chose comme ça. Ça a dû partir dans le réseau de la ferme, puis dans la rivière ». Contacté, l’exploitant conteste. Selon lui, la pollution de l’eau n’est pas liée aux activités de sa ferme. »
La Rigotte est une rivière longue de 10,7 km qui traverse les communes de Farincourt, en Haute-Marne, ainsi que celles de Bourguignon-lès-Morey, Charmes-Saint-Valbert, Cintrey, Molay, La Roche-Morey et La Rochelle, situées en Haute-Saône. Elle présente la particularité de comporter des pertes et des résurgences dans son lit. Pour en savoir plus, consultez le lien suivant : https://chemindeleau.com/Perte-et-resurgence-de-la-Rigotte.html.
Perte de la Rigotte. Disparition dans andouzoir. Crédits: Michèle Bidaut.
Résurgence à Fouvent (70). Crédits: Michèle Bidaut.
Après vérification, voici notre analyse :
Deux usines de méthanisation sont actuellement en activité en amont de la rivière :
Deux usines de méthanisation sont actuellement en activité en amont de la rivière :
- La Quarte : située à environ 6 km de la rivière. Toutefois, la Rigotte ne traverse pas cette commune, et deux épisodes de pollution (1) ont été signalés avant même la mise en service de l’usine, en 2024.
- La Rochelle : la rivière traverse bien cette commune, et l’usine y est en fonctionnement depuis plusieurs années 2011. Autre indice pour le moins troublant, on distingue bien un ru, voir carte ci-dessous, qui passe juste à droite de l'usine et qui, se jette dans la Rigotte. Cependant, la distance mentionnée dans l’article — six kilomètres — ne concorde pas avec les deux kilomètres qui séparent en réalité l’usine de Molay.
Source.
(1). Le dernier en date, en 2023, était un accident de la route : Molay : un tracteur se renverse et déverse « au moins 15 000 litres » de purin dans la rivière Rigotte Par « purin », lisez digestat !
Dans l'instant, en attendant les résultats de l'enquête officielle, notre cœur penche plutôt vers l' usine implantée à La Rochelle, pour les raisons évoquées ci-dessus et, aussi, parce que nous avons déjà précédemment présenté l'usine de La Quarte.
Les lieux de l'évènement. Source.
GAEC VIVIEROCHE, vue du ciel. Source.
Présentation du GAEC Vivieroche
Source, sauf indiqué.
- « Le GAEC Vivieroche est une exploitation agricole créée en 1998 et composée de 7 associés. Il exploite depuis cinq ans une unité de méthanisation au lieu-dit Les Champs Viards, sur le territoire de la commune de La Rochelle, en Haute-Saône.
- Historique de l’unité de méthanisation :
- Le 02/02/10, le préfet de la Haute-Saône a accusé réception de la déclaration ICPE pour l’exploitation de l’unité de méthanisation.
- Le 16/06/2010, le permis de construire a été accordé.
- Le 27/07/2011, l’unité de méthanisation a été mise en route à une puissance de 150 kW électriques.
- En 2016, les associés projettent un agrandissement de l’unité de méthanisation.
La demande de permis de construire est déposée en parallèle du présent dossier de demande d’enregistrement. Un dossier de demande d’agrément sanitaire est en cours d’instruction par les autorités compétentes - « Le projet du GAEC de Vivieroche a été retenu dans le cadre du PPE (Plan de performance énergétique des entreprises agricoles), en juin 2009 pour le montant de financement maximal (375.000 €) sur la base d’un dossier de candidature constitué par Solagro. L'investissement total est de 1,35 M€ (renouvellement du matériel d'épandage compris). » Source.
- En 2016, les associés projettent un agrandissement de l’unité de méthanisation. La demande de permis de construire est déposée en parallèle du présent dossier de demande d’enregistrement. Il s’agit d’installer sur site un second moteur, une torchère fixe, un cooker® (réchauffeur de substrat permettant d’améliorer la digestion des matières), de créer un post- digesteur et enfin de couvrir la fosse de stockage existante d’une membrane de récupération du biogaz.
- Les intrants sont de deux types : les effluents fumiers, lisiers) produits par les activités des élevages, et d’autres matières fermentescibles, permettant d’optimiser et de régulariser la production de gaz au cours de l’année
- Le stockage de digestat
Le stockage est précédé d’un séparateur de phases spécialement conçu pour le traitement du digestat. Celui-ci est alimenté par pompage depuis le post-digesteur, et présente un réservoir tampon. Les phases solide et liquide du digestat sont séparées, la vis pressant la matière contre un tamis à ouvertures fines, avec un système d’ouverture de sortie à régulation pneumatique. Ainsi, on retrouve une phase liquide diminuée en volume, et une phase solide à 25% MS (suivant réglages). Le séparateur de phases, existant, se situe dans un bâtiment, dans lequel s’accumule en tas la phase solide, alors que la phase liquide passe actuellement dans une fosse de stockage non couverte. Après l’agrandissement, cette fosse sera couverte d’une membrane Biolene, pour permettre la récupération de biogaz.
La séparation de phase en amont de la fosse de stockage permet d’augmenter la capacité de stockage de digestat. En effet, environ 20 à 30% du volume environ seront sous forme solide, et stockés sur une aire prévue à cet effet. La quantité anticipée de matières liquides après séparation de phases est de 11 117 tonnes annuelles, alors que 3 706 tonnes se trouveront sous la forme solide.
Les ouvrages de stockage du digestat liquide et solide permettent de gérer au mieux les différentes valorisations possibles de la matière digérée. Cela permet de diminuer au maximum les risques environnementaux liés à l’épandage dans de mauvaises conditions.
Leur capacité est établie en fonction de la législation en vigueur (capacité de stockage de 4 mois au minimum), mais aussi des contraintes agronomiques et de production propres aux exploitations.
Capacités de stockage existantes au niveau du GAEC :
- 7. Protection de la qualité de l’eau : Impacts diffus
Les impacts diffus sont principalement causés par une fertilisation inadaptée. La qualité du digestat, la capacité de stockage de digestat avant son épandage, mais aussi la superficie disponible pour l’épandage et le respect du plan d’épandage sont les garants d’une utilisation maîtrisée des effluents d’élevage.
Le digestat, par ses caractéristiques de composition (azote minéralisé, peu de matières organiques) et sa texture, limite les risques de pollution des sols et de l’eau. La mise en place d’une unité de méthanisation réduit ainsi les risques de pollution par les matières organiques.
Les impacts diffus sont donc diminués pour les utilisateurs de la matière.
Pour prendre connaissance du document dans son entier, cliquer sur le lien : https://www.haute-saone.gouv.fr/contenu/telechargement/13679/110232/file/Dossier+Enregistrement+Vivieroche20160701.pdf
php