AUSTRALIE, TRANSITION ÉNERGÉTIQUE : LES CAMPAGNES PASSÉES AU " KARCHER " DES ENR, ICI... COMME AILLEURS !

   " La politique, c'est pas compliqué, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour cela il faut juste avoir une mauvaise mémoire ! "
  Michel Colucci, dit Coluche, I944-I986

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L'environnement ne peut pas se permettre d'être sacrifié pour la sauvegarde de la planète


  De plus en plus de gens se rendent compte que détruire l'environnement pour sauver l'environnement n'a pas vraiment de sens. Les habitants des zones rurales et régionales d'Australie le savent depuis un certain temps, mais les citadins sont de plus en plus nombreux à se rendre compte que le processus de décarbonisation impose des coûts élevés qui ne sont pas répartis de manière égale.

 " Dégage Ausnet ! " Revendication de fermiers s'opposant à la construction de nouvelles lignes de transport d'électricité nécessaires pour raccorder les installations éoliennes et solaires au réseau, portée par la société australienne AusNet Services, anciennement SP AusNet, entreprise de services de fourniture d'énergie, qui possède et exploite des réseaux d'électricité et de gaz d'une valeur de plus de 11 milliards de dollars.


   En l'absence d'un dévouement zélé à l'objectif du zéro net d'ici 2050, et en reconnaissant que les principaux émetteurs mondiaux ne sont pas à bord, — on pense ici particulièrement à la Chine, mais il y en a d'autres, — il est difficile de se rallier à la vision d'Alan Finkel, ancien scientifique en chef. " Pensez à des forêts d'usines éoliennes recouvrant les collines et les falaises de la mer au ciel. Pensez à d'interminables réseaux de panneaux solaires disparaissant comme un mirage dans le désert. Ce que nous avons aujourd'hui doit être multiplié par 20 ".
  Si nous pouvons lui pardonner sa prose fleurie, — c'est un scientifique, après tout, — la dure réalité est que beaucoup d'entre nous n'ont pas envie de voir leurs paysages pillés et ruinés par l'intrusion de monstrueuses turbines mesurant jusqu'à 250 mètres de haut, près de trois fois la hauteur de la Statue de la Liberté, et de champs de panneaux solaires inesthétiques générant une chaleur ambiante non désirée pour le quartier environnant.
  Les habitants des villes de Kooyong, [banlieue de Melbourne, située au sud-est du centre-ville] Warringah [située au nord du centre-ville de Sydney, la commune est en bord de mer] ou Wentworth  [village du sud du Far West australien en Nouvelle-Galles du Sud, situé à 570 km de Melbourne et à I034 km de Sydney] seraient-ils heureux de voir leurs parcs, leurs terrains vagues et leurs cours d'eau attenantes, — peut-être même leurs grandes arrière-cours ?, — soient cédés à des promoteurs d'énergies renouvelables, principalement étrangers, pour qu'ils y construisent des installations intrusives et parfois bruyantes dans le cadre de la décarbonisation ?
  Nous connaissons tous la réponse à cette question. Mais les députés de ces circonscriptions, et d'autres, sont plus qu'heureux d'imposer les coûts externes à leurs cousins de la campagne et de créer des divisions regrettables au sein de communautés rurales autrefois harmonieuses.
  Il est utile de rappeler quelques faits, car les faits sont souvent absents du débat émotionnel sur la sauvegarde de la planète. La première chose à noter est la grande quantité de terres nécessaires pour accueillir les énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles à haute densité énergétique et à l'énergie nucléaire. Pour chaque mégawattheure produit, l'énergie éolienne nécessite sept fois plus de terrain que les centrales au charbon et dix fois plus que les centrales au gaz, par exemple.
  Le deuxième facteur est le faible rendement de capacité de l'énergie éolienne et de l'énergie solaire. La production moyenne des installations éoliennes ne représente qu'un peu plus d'un tiers des capacités nominales ; elle est d'un quart pour l'énergie solaire. Il s'agit d'un point important car les promoteurs de nouveaux projets d'énergie renouvelable citent souvent les capacités nominales et affirment ensuite de manière fallacieuse qu'ils alimenteront un nombre donné de milliers de foyers, tout en ignorant les sources de production d'électricité d'appoint et de secours nécessaires et coûteuses.
  Un autre point important concerne les cycles de vie des installations d'énergie renouvelable et leur comparaison avec les centrales au charbon/gaz et le nucléaire. La durée de vie des turbines terrestres varie de I5 à 25 ans ; elle est plus courte pour les turbines offshore. Les panneaux solaires ne durent généralement pas plus de 20 ans et leur efficacité diminue chaque année. Il n'y a pratiquement aucune possibilité de recycler les turbines ou les panneaux solaires, ce qui soulève la question délicate de leur élimination finale. Les centrales au charbon, au gaz et nucléaires peuvent durer cinq décennies ou plus.

[Commentaire du blog Stop These Things à Judith : les éoliennes ne durent pas 25 ans, leur durée de vie économique est inférieure à I5 ans, et leurs principaux composants, — générateurs, roulements et pales, — sont souvent remplacés plusieurs fois au cours de cette période. Aux États-Unis, un opérateur remplace toutes ses éoliennes après moins de I2 ans : une " performance " coûteuse et pathétique : Thousands of Wind Turbines Being Replaced After 12 Years. La durée de vie des turbines offshore est encore pire : l'augmentation des coûts de construction et de maintenance fait exploser le fantasme de l'éolien offshore bon marché]

  L'une des caractéristiques du paysage des énergies renouvelables que M. Finkel a oubliées dans sa description fleurie est le nombre de kilomètres de nouvelles lignes de transport d'électricité nécessaires pour raccorder les installations éoliennes et solaires au réseau. Il s'agit d'énormes pylônes en acier pouvant atteindre I00 mètres de haut et nécessitant des servitudes de 50 mètres de chaque côté.
  Le fait est que personne ne considère ces nouvelles lignes de transmission inesthétiques qui traversent les terres agricoles, les parcs nationaux et les communautés régionales comme une amélioration de l'environnement. Elles peuvent également constituer un risque d'incendie supplémentaire. Pour les personnes concernées, il est tout à fait rationnel de s'opposer à leur construction, de chercher d'autres chemins ou de plaider en faveur d'une transmission souterraine.
  Nous savons que les habitants de Kooyong, Warringah et Wentworth le feraient. Tenter de soudoyer les personnes concernées par des rentes annuelles substantielles, — elles s'élèvent actuellement à plus de 200 000 dollars par kilomètre, — risque de diviser les communautés, car ceux qui n'ont pas droit à une indemnisation peuvent encore subir des conséquences négatives.

[Commentaire du blog Stop These Things à Judith : le chiffre de 200 000 dollars d'annuité par kilomètre de ligne de transmission est largement exagéré. Dans l'État de Victoria, le montant proposé est d'environ 8 000 dollars par kilomètre et par an pendant 25 ans ; en Nouvelle-Galles du Sud, il est de I0 000 dollars par kilomètre et par an pendant 20 ans ; ces montants sont soumis à l'impôt sur le revenu. Les chiffres réels sont nettement moins généreux que les 200 000 dollars par km et par an vantés par Ausnet et Chris Bowen].

  Les dommages environnementaux potentiels causés par les projets d'énergie renouvelable ont été mis en évidence par un certain nombre d'affaires récentes. Un projet d'usine éolienne au nord de Point Fairy, dans l'ouest de l'État de Victoria, a été approuvé sous réserve de restrictions strictes, notamment la réduction du nombre de turbines de 59 à I8. Cette mesure s'explique par la sensibilité du terrain à la nidification des brolgas et des chauves-souris à ailes arrondies. La construction sera également interdite de juillet à novembre. Selon toute vraisemblance, ce projet ne sera pas réalisé.
  Un projet éolien sur l'île de Robbins, au large de la côte nord-ouest de la Tasmanie, a été autorisé à fonctionner seulement sept mois par an en raison de la menace qui pèse sur les perroquets à ventre orange qui vivent sur l'île. Là encore, il est peu probable que ce projet aboutisse.
  Le projet de l'usine éolienne de Chalumbin, dans l'extrême nord du Queensland, fait l'objet d'une vive controverse. De vastes étendues de terre, — jusqu'à I 200 hectares, — seront défrichées à proximité d'une forêt tropicale classée au patrimoine mondial de l'humanité, à l'ouest de Cairns. Une usine éolienne antérieure, de petite taille, a entraîné la rouille de plusieurs turbines désaffectées, restées sur le terrain. Il est difficile de concilier ce développement avec un véritable souci de l'environnement, d'autant plus qu'il existe de sérieux doutes quant à la capacité de la région à résister au vent.
  Au cas où vous penseriez que les éoliennes offshore sont la solution à ce dilemme, la réalité est tout autre. Des éoliennes situées à une distance de I0 à I5 kilomètres de la côte peuvent encore être vues de la terre. Là encore, la réaction rationnelle des riverains, y compris des marins retraités, est de s'opposer à ces développements. En outre, il est de plus en plus évident que ces éoliennes, qui nécessitent d'énormes quantités de béton pour les fixer, peuvent perturber la vie marine, y compris les baleines en migration.
  L'opposition aux usines éoliennes en mer pourrait s'avérer sans objet, car l'économie de ces projets se détériore massivement. La grande entreprise suédoise spécialisée dans les énergies renouvelables, Vattenfall, a récemment interrompu deux grands projets, dont l'un au Royaume-Uni, en invoquant la hausse de l'inflation et des coûts d'investissement. Les pertes énormes subies par la division éolienne de Siemens Energy méritent également d'être soulignées. Les projets offshore ne pourront être réalisés en Australie que si les opérateurs reçoivent des subventions encore plus importantes que celles qui sont actuellement proposées, ce qui se traduira par une hausse des prix à la consommation.
  Le ministre de l'énergie, Chris Bowen, et un certain nombre de gouvernements d'État se trouvent maintenant dans une situation critique. Il est clair que le rêve d'une augmentation des énergies renouvelables, d'une réduction des émissions et d'une baisse des prix de l'électricité est inaccessible, si tant est qu'il l'ait jamais été. L'abandon de la liaison Marinus entre la Tasmanie [État situé à I99 km de la côte sud-est de l'Australie continentale, dont il est séparé par le détroit de Bass; elle doit son nom à Abel Tasman, qui la découvrit le premier en I642; plus d'un tiers de son territoire est classé en réserves naturelles, parcs nationaux et sites du patrimoine mondial de l' UNESCO] et le Victoria a définitivement mis un terme à la vision de l'île aux pommes ["Apple Island " ou " Apple Isle ", surnom souvent donné à l'île] en tant que batterie de la nation ; en effet, elle est désormais elle-même à court d'énergie.
  Le plan B ne peut pas arriver assez vite, y compris l'option nucléaire - pensez à l'environnement.


The Australian


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