LES CANDIDATS ET LE NUCLÉAIRE LORS DES ÉLECTIONS EUROPÉENNES

 En marge du thème abordé, il est à noter que les deux partis qui, d'autre part, dénoncent le libre-échange et lui préfèrent le protectionnisme, sont ceux qui prônent le recours à I00% aux énergies renouvelables, solaire et éolien. Or, toutes les usines d'éoliennes et de panneaux solaires implantées en France, sont constituées, pour l'essentiel, de machines provenant de... Chine ! Une situation qui prête à sourire !
 
" La victoire changea de camp et le combat changea d’âme "
  Le nucléaire civil français revient de loin. Aujourd’hui, le renouveau nucléaire a créé une dynamique industrielle. Comme l’a rappelé le ministre de l’Économie devant le Comité Exécutif d’EDF, la réussite est obligatoire. Les politiques énergétique et climatique française en dépendent. L’existence de l’industrie nucléaire française aussi.
  EDF doit mener à terme la reconstitution complète de ses capacités de pilotage des projets nucléaires, donc de son ingénierie. Les lacunes de la chaine d’approvisionnement industrielle doivent disparaître. Alors, EDF sera capable de tenir les délais et les coûts qui auront été annoncés. Cela est capital pour la réussite du nouveau programme et les exportations.
  Des principes de base ont été réaffirmés. Les réacteurs seront construits en série. Les études précéderont les constructions correspondantes.
  Les convictions antinucléaires existant dans l’UE n’ont aucune légitimité pour inspirer lois et règlements. La seule légitimité se trouve dans le Traité Euratom et la jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union Européenne. La concurrence en électricité ayant des bases scientifiques douteuses, et étant particulièrement inappropriée pour les investissements à long terme, les aides d’État au nucléaire, absolument nécessaires, doivent autorisées dans un cadre adapté, en prévoyant de la souplesse dans l’usage des règles de concurrence.
  Ceci en accord avec la demande de grandes entreprises européennes, EDF, Total Energie, Siemens… etc., signataires de la déclaration d’Anvers.
  C’est en forgeant que l’on devient forgeron. Au fur et à mesure de l’avancement des projets en France et à l’étranger, l’organisation de leur pilotage par EDF pourra évoluer. En particulier, l’organisation de l’ingénierie sous une autorité unique, comme l’avait conçue Pierre Massé, pourrait s’avérer mieux adaptée
"
TACCOEN Lionel, Géopolitique de l’Électricité, Lettre n° I29, I7 mai 2024.

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Élections européennes : quelle place pour l’énergie nucléaire dans les programmes ?

 
  Après de nombreuses crises, un des enjeux européens est de renouer avec la souveraineté énergétique. L’ambition de toutes les listes pour l’élection européenne du 9 juin est de décarboner l’énergie, mais si certains n’imaginent pas l’atteinte de cet objectif sans nucléaire, d’autres veulent absolument exclure l’atome des politiques de l’Union. Tour d’horizon.
  Lundi 27 mai a marqué le lancement officiel de la campagne européenne. Les Français seront appelés aux urnes, le dimanche 9 juin prochain, pour élire le nouveau Parlement européen. À l’approche de cette échéance, la Sfen se plonge dans les déclarations et les programmes des candidats et fait le tour d’horizon des huit listes créditées des meilleurs scores par les instituts de sondage : classées par ordre alphabétique des têtes de liste. 

La France insoumise – Manon Aubry
   Une sortie complète du nucléaire
   Historiquement antinucléaire, la liste menée par Manon Aubry vise à planifier la sortie de l’atome et des énergies carbonées, avec pour objectif un mix énergétique I00 % renouvelable à l’horizon 2050. Elle défend une sortie du marché européen de l’électricité pour créer un pôle public de l’énergie. Ce service public national de l’électricité serait indépendant du marché, tout en maintenant les interconnexions au niveau européen. La liste propose également une révision de la taxonomie européenne, visant à exclure le nucléaire des énergies considérées comme durables.

Programme de l’Union Populaire
  Rassemblement national – Jordan Bardella
   Des investissements dans les technologies d’avenir
   La liste du Rassemblement national, RN, entend réduire la facture d’électricité des Français de 30 à 40 % en rétablissant un prix national de l’électricité. Le parti critique les " règles absurdes " du marché européen de l’énergie, qu’il accuse de décorréler les prix payés par les consommateurs des coûts réels de production, d’entretien et d’acheminement. Le RN souhaite ainsi stabiliser les prix de l’électricité tout en maintenant les échanges avec les voisins européens.
  Jordan Bardella appelle à des investissements massifs dans les technologies d’avenir, notamment le nucléaire de nouvelle génération, l’hydrogène et la géothermie. Le parti s’oppose à la libéralisation des concessions des barrages hydroélectriques et à l’implantation d’éoliennes et prône une simplification administrative pour accélérer ces transitions.
  Le RN souhaite également que la France " exporte son savoir-faire industriel français en matière d’énergie décarbonée ", passant selon eux par " une relance des outils déjà existants incarnés par le traité historique Euratom ".
Programme du RN
 
Les Républicains – François-Xavier Bellamy
   Un grand programme de construction
   L’agrégé de philosophie, dans la continuité de son mandat précédent, maintient son engagement en faveur de l’énergie nucléaire. Il met en avant l’importance de lutter contre l’inflation des prix de l’énergie tout en visant la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour atteindre cet objectif, son programme plaide pour l’instauration d’un " principe de liberté technologique ". C’est-à-dire que chaque État membre de l’Union européenne " doit être libre de déterminer son mix énergétique ", à condition que sa production reste décarbonée, préférant cette approche à des objectifs par technologie.
  La liste Les Républicains, LR, soutient également une politique de " concurrence saine et loyale ", mais souligne la nécessité de soutenir les entreprises dans certains secteurs stratégiques, comme le nucléaire. L’objectif est de faire " émerger des champions européens ". Pour concrétiser cette vision, il défend un " grand programme de construction de centrales nucléaires " au sein de l’Union européenne, ainsi que la promotion de la filière hydrogène.
Programme des Républicains
 
Le Parti communiste français – Léon Deffontaines
   Une filière publique du nucléaire
   Le Parti communiste français, PCF présente un programme énergétique mettant en avant une lutte prioritaire contre les émissions de CO2. Le parti appelle à une approche plus flexible dans la réduction des émissions, insistant sur le fait que les États membres doivent conserver la liberté de choisir leurs sources d’énergie bas carbone.
  Le PCF critique la Commission européenne pour son opposition constante à la mise en œuvre fidèle du traité Euratom. Le parti suggère de renforcer le programme Iter et " de le mettre sous giron public ".
  L’un des piliers du programme est la défense d’une filière publique, allant de la production à la distribution et à la commercialisation de l’énergie. Le nucléaire, selon le PCF, devrait être intégré aux circuits de financement européen des énergies vertes pour faciliter la décarbonation de l’énergie. Enfin, ils militent pour étendre les politiques de taxonomie verte au nucléaire et souhaitent promouvoir la production d’hydrogène vert et décarboné. Selon eux, la France joue un rôle clé dans la production d’hydrogène décarboné au niveau européen.
Programme du PCF
 
Place publique, socialiste, – Raphaël Glucksmann
   Une énergie de transition
   La liste " Réveiller l’Europe " entend mener une " révolution écologique européenne " ambitieuse. Elle vise à ce que les énergies renouvelables représentent au moins 45 % du bouquet énergétique de l’UE en 2030 et 75 % en 2040. En parallèle, le Parti socialiste et Place publique préconisent une sortie progressive des énergies fossiles : le charbon en 2030, le gaz fossile en 2035, et le pétrole en 2045. Ils envisagent également de conserver une part de nucléaire comme " énergie de transition ", précisant que l’objectif de la liste n’est pas la sortie du nucléaire.
  Cependant, le principal candidat de " Réveiller l’Europe ", Raphaël Glucksmann, modère cette position. Tout en déclarant qu’il ne souhaite pas que l’ensemble des investissements soit dirigé vers le nucléaire, il précise " à titre personnel " qu’il n’est pas hostile aux nouveaux réacteurs EPR, mais ajoute que cela ne constitue pas une position engageante pour le reste de la liste.
Programme de Réveiller l’Europe
 
Renaissance – Valérie Hayer
   Vers un triplement de la production
   La liste Renaissance compte plusieurs acteurs influents au Parlement européen sur les questions énergétiques. Christophe Grudler, un député actif en soutien à l’énergie nucléaire, et Pascal Canfin, président sortant de la commission environnement, se distinguent. L’action du gouvernement français ces dernières années montre un changement de cap au sein de Renaissance. Ce groupe mise sur une combinaison de nucléaire et d’énergies renouvelables.
  Dans son programme, Valérie Hayer appelle à déployer l’énergie nucléaire dans les pays européens volontaires, soutenant des investissements massifs pour financer un grand projet industriel de réacteurs et de compétences. L’ambition est de " tripler la production d’ici 2050 ", soulignant que cette initiative est cruciale pour notre avenir climatique et industriel.
  La présidente de Renew Europe veut faire de l’Europe le premier continent à l’électricité décarbonée. Pour ce faire, la liste considère qu’il est impératif de sortir des énergies fossiles avant 2050, en misant sur le nucléaire et les énergies renouvelables. Le groupe vise également à éliminer toute dépendance énergétique à la Russie d’ici 2025. Dans cette optique, la candidate prévoit de mettre en place les premiers petits réacteurs nucléaires européens " dans les cinq prochaines années ".
Programme de Renaissance
 
Reconquête – Marion Maréchal
   Une alliance européenne
   Marion Maréchal propose de bâtir un plan européen de relance de la filière électronucléaire, à travers l’alliance européenne du nucléaire. Ce plan nécessiterait un investissement de 500 milliards d’euros, mobilisant à la fois " les fonds européens et nationaux ainsi que l’épargne des Français et des Européens ". Cela permettrait, selon eux, de diversifier les sources de financement pour ne pas faire reposer la charge uniquement sur les consommateurs d’électricité.
  Cette liste souhaite également des investissements stratégiques dans des secteurs clés comme l’automobile, le nucléaire et les technologies vertes. Marion Maréchal propose d’assouplir la législation sur les aides d’État. Pour ce faire, elle souhaite relever le plafond des aides publiques jusqu’à 300 millions d’euros, afin de prévenir la délocalisation de grandes entreprises.
Programme de Reconquête
 
Les écologistes – Marie Toussaint
   Exclure le nucléaire des initiatives vertes
   Les écologistes visent un mix énergétique I00 % renouvelable d’ici 2040. Leur objectif est de sortir du charbon d’ici 2030 et du gaz en 2035. Ils proposent d’interdire immédiatement tout nouveau projet fossile en Europe et de mettre en place un plan de démantèlement des oléoducs, gazoducs et infrastructures fossiles offshore.
  Les fondements antinucléaires de la liste restent fermes. Les écologistes appellent à réformer la taxonomie verte pour exclure le nucléaire des investissements " qualifiés de verts ". Ils estiment que le nucléaire ne doit pas être considéré comme une solution durable et souhaitent orienter les financements vers les énergies renouvelables.
  La gestion des déchets nucléaires est également au cœur du programme écologiste. Ils considèrent que la question des déchets doit être un enjeu démocratique et s’opposent au projet Cigéo destiné à l’enfouissement des déchets radioactifs. Malgré les nombreux débats, lois et consensus scientifiques sur le sujet, les écologistes qualifient Cigéo " d’incertitude technologique et d’arbitraire politique ".
Programme des écologistes ■ 

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