Qu'en pensent les Français? Pas grand chose, ils sont en vacances...
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Indépendance énergétique : agir fort à court terme
JF Raux
Oui, les économies d’énergies c’est très bien, mais cela ne suffit pas : quelques exemples pour une indépendance énergétique plus rapide avec les moyens existants.
Apprécions à sa juste valeur cet appel de nos deux économistes [la tribune de MM.Gollier et Glachant] : c’est efficace, c’est « patriotique » : cela soude et implique les peuples d’Europe dans une même réponse à Poutine, et c’est peut être là l’essentiel puisque, selon moi, on n’évitera pas une confrontation militaire avec la Russie pour sauver nos démocraties.
Mais restons sur le plan énergie.
Économiser, c’est nécessaire, mais c’est bien sûr largement insuffisant pour se défaire des fossiles russes.
Il est urgent, non seulement de réduire la consommation de fossile, mais la supprimer est encore plus efficace.
Et des actions rapides sont possibles pour ce faire. Prenons deux exemples, l’un dans la consommation, l’autre dans la production.
L’exemple du chauffage au gaz. Il est facile de l’éradiquer dans plus de 80% des cas. De nombreuses solutions techniques existent, sont matures et on dispose d’un réseau de professionnels pour les implémenter [réaliser une implémentation : mise en place sur un ordinateur d'un système d'exploitation ou d'un
logiciel adapté aux besoins et à la configuration informatique de
l'utilisateur ; Larousse ; adapter son confort thermique et réaliser des économies d'énergie] chez le client. La plus performante est évidemment la Pompe à Chaleur, mais il est existe aussi des solutions bois, à pellets, et sans doute d’autres
Le problème est évidemment le financement : plus le différentiel entre le prix de l’électricité et celui du gaz, est fort, plus le temps de retour, le retour sur investissement, c’est à dire en combien d’année les économies réalisées remboursent l’investissement, est court.
Cela suppose que le prix de l’électricité ne s’aligne pas sur le prix de gaz, à des niveaux stratosphériques, comme cela se fait en Europe actuellement à cause d’un marché mal conçu. Ceci est particulièrement visible en France qui a un parc de production d’électricité atypique en Europe, décarbonée à 95% et des coûts de production fiables grâce à son nucléaire et à son hydraulique, et marginalement, grâce aux solaire et à l’éolien. Avec un prix de l’électricité basé sur les coûts de production, le transfert chauffage gaz vers chauffage électrique pourrait se faire avec des temps de retour faibles. Surtout si on les réduit encore en ré-allouant massivement le dispositif d’aide de l’état à ce type d’action. Certes, il faudrait aussi tordre le coup aux règles de marché actuelles ; constatons que le marché n’est qu’un outil, pas un dogme. Donc, pilotons-le par les objectifs politiques, pas par les moyens technocratiques.
Ce que je viens de dire pour le chauffage gaz est aussi valable pour le chauffage fioul, bien sûr, avec la même problématique.
Il est évident, en outre, que ce type d’opération « coup de poing » créerait des milliers d’emplois chez les professionnels concernés, donc beaucoup de PME ou ETI en Province.
Rappelons, ce type d’opération on l’a déjà réussie en France, lors du lancement du parc nucléaire, dans les années 80 puisque le but était de « chasser » le pétrole, le fioul : et cela a fort bien marché.
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Allons plus loin, coté production. En France, on a un parc nucléaire performant, qui connaît deux « insuffisances » si on veut accélérer l’atteinte de l’indépendance énergétique. Il manque 15GW en gros de production nucléaire par rapport à la performance du parc dans l’avant dernière décennie. De plus, le parc « module » de plus en plus, car à la modulation horosaisonnière classique, s’ajoute la modulation en back-up des ENR intermittente. Moduler c’est faire varier la production nucléaire, donc se priver volontairement d’une partie du potentiel de production des réacteurs, donc sous-utiliser un ou plusieurs réacteurs.
On pourrait donc demander à EDF de retrouver rapidement le niveau de performance historique. Cette question est cruciale et n’est pas clairement mise sur la table.
On pourrait aussi changer le mode d’exploitation du parc nucléaire et le faire produire au max de manière régulière ou quasi régulière toute l’année, comme cela se fait aux USA, donc ne plus moduler. Si, alors, il y a trop de production pour la France, elle pourrait être exportée massivement pour réduire chez nos voisins la consommation de gaz et/ou de charbon russes, ces fossiles géopolitiquement, et climatiquement, nuisibles ! Cela éviterait à l’Allemagne de remettre des centrales à charbon en route pour moins consommer de gaz popov [russe, soviétique].
Là encore, il faudra changer quelques règles d’organisation du marché européen. Mais c’est pour une cause noble, très noble. On ne peut demander aux citoyens d’Europe de faire des efforts, si on ne demande pas aux technocrates du marché d’adapter les bonnes règles pour le même objectif : réduire la dépendance à Popov. Le politique doit avoir la primeur.
Je suis parti de l’exemple de la France, pour deux raisons. La France a déjà cette experience, dans les années 70-90 de placer l’indépendance énergétique du pays en tête de ses politiques, avec réussite. La France peut, si elle le veut, très rapidement sortir du chauffage gaz ou fioul dans l’habitat et le tertiaire. Dans d’autres secteurs aussi, bien sûr, mais je ne veux pas être trop long.
Tous les scenarios énergétiques actuels sont donc à revoir en plaçant l’indépendance énergétique en premier objectif politique, sans abandonner le climat, bien sûr. Cela change tout, puisque l’on ne peut plus compter en Europe sur des imports de gaz pour assurer le passage vers le « net zéro ». Il y a d’autres causes plus techniques aussi.
En saluant La Tribune de Gollier et Glachant, j’ai donc aussi envie de leur demander de prolonger leurs efforts pour tracer les voies les plus efficaces pour sortir rapidement, en moins de cinq ans, des fossiles : gaz et pétrole. C’est bon pour l’indépendance énergétique. Et c’est faisable puisque les solutions sont là, jouables à court terme.
Je sais aussi que de nombreux experts et professionnels auront à coeur de reprendre, de chiffrer, d’expliciter ces actions très concrètes pour une cause doublement noble : sauver nos démocraties et contribuer à lutter contre le changement climatique.
D’autres voies pourraient être creusées, bien sûr. Mais commençons par ce qui rapidement enclenchable.
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