Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, épisode XXXV et FIN

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  Les observations que j'ai faites hier690, section des Gardes-Françaises, chez le boucher qui est dans la maison du n°58, à côté du tonnelier, il s'y commet les vexations les plus révoltantes et même très répréhensibles, de la manière sont il distribue sa viande, quoique en présence des commissaires de ladite section. Il est bon de savoir qu'hier les voisins du boucher furent se mettre en rang à sa porte à six heures du matin pour avoir de la viande chacun son tour. Eh bien, d'un bœuf et un quartier de plus, la dix-septième personne de la file n'en n'eut pas ; la viande fut distribuée aux traiteurs par 20 et 30 livres, et les citoyens qui étaient là deux heures avant que les traiteurs vinssent furent les victimes de la cupidité du boucher ; car les traiteurs furent servis de préférence aux citoyens. La raison est que les traiteurs payent la viande 30 sous la livre. Aussi, lorsqu'un traiteur arrivait devant la porte du boucher, le boucher lui disait d'entrer, et [il] était aussitôt servi ; et ces traiteurs sont, la plupart, du ci-devant Palais-Royal, section de la Montagne, dont Labbé, restaurateur, en est un [de ceux] qui emportèrent la viande ; et à neuf heures il n'y en avait plus pour personne, quoique les citoyens eussent fait plusieurs fois des réclamations aux commissaires et au boucher, de ce qu'il livrait la viande par charges aux traiteurs. Et, pour tranquilliser les citoyens on leur disait qu'il y en aurait pour tout le monde ; mais, quand on annonça aux citoyens qu'il n'y en avait plus, l'indignation s’empara des esprits. L'on reprochait aux commissaires de n'avoir pas fait leur devoir, et au boucher d'être un fripon. Une citoyenne entra dans la boutique du boucher voir s'il n'y avait pas de la viande cachée ; elle trouva un rognon qu'elle prit, et dit au boucher de lui peser. Le boucher le lui arracha des mains brutalement, en lui disant, ainsi que la bouchère, qu'elle ne l'aurait pas : " Vous nous avez attrapés une fois, vous ne nous attraperez pas deux fois ; vous voulez du maximum : nous avons les maximum derrière le dos. " Et les commissaires ne dirent rien de ces impertinences. Notez que cette citoyenne avait payé 23 sous la livre de viande deux jours auparavant.

Rapport de Prevost, W 112

  Beaucoup de citoyens de la section de l' Unité se plaignent qu'on a arrêté sur leur section plus de 300 personnes qui étaient à attendre de la viande à la porte des bouchers, ce qui leur donne beaucoup de mécontentement.
  Toujours beaucoup d'influence (sic) à la Halle. On s'arrachait tout ce qui s'y trouvait. Une très grande quantité de citoyens se sont en allés sans pouvoir avoir ce qu'ils désiraient. Il n'y avait presque pas de poisson ; pour le peu qu'il y en ait, il était d'un prix exorbitant ; les très petites carpes se vendaient trois livres.
  Les guinguettes, comme celles dites Les Porcherons ["... Le dimanche et les jours de fête, au lieu d’aller au cabaret voisin1, les Parisiens du XVIIIe siècle sortent de la ville pour profiter des guinguettes. Puisque ces établissements sont situés au-delà des barrières d’octroi, le vin, exempt de taxe, s’y vend moins cher que dans la capitale. Plusieurs chroniqueurs, déplorant du même souffle l’ivrognerie du peuple parisien, mettent l’accent sur le vin à bas prix pour justifier la popularité des guinguettes. Pourtant, la possibilité de danser constitue une force d’attraction que l’on ne doit pas négliger. [...] Par manque d’espace ou en raison du vacarme causé par les danseurs, peu de cabarets parisiens peuvent offrir les mêmes possibilités que les guinguettes3. À ces contraintes, s’ajoute un autre élément important : il s’agit du privilège de l’Académie royale de musique sur les bals publics. En effet, cette institution détenait depuis 1715 le monopole de donner des bals publics dans la capitale. Le prix d’entrée de ces bals, six livres, rendait impossible pour la majorité des Parisiens de participer à ces réunions mondaines. [...] il s’agit principalement de guinguettes situées dans les faubourgs au nord de Paris et notamment à la Courtille ou aux Porcherons, où l’on pouvait danser toute l’année.,... ; source], sont remplies de viande ; chez les marchands de vin il y a des veaux comme il n'est pas possible d'en avoir d'aussi beaux : l'on n'en voit pas chez les bouchers.

Enseigne de marchand de vin " À La Bonne Bouteille ", Paris - © Musée Carnavalet.

   Cependant il y en est arrivé chez Faicœur, marchand boucher, rue du faubourg Saint-Honoré, 15 ou 16. Je suis très sûr qu'il n'y en aura pas un seul dans son étal, et qu'ils seront distribués dans les maisons qu'il fournit ; et les citoyens qui viendront à l'étal n'en trouveront plus, ce qui donne un mécontentement général.
  On dit qu'à Franciade, ci-devant Saint-Denis, [de 1793 à 1800] la Halle y est parfaitement bien garnie en poisson, légumes, porc, volailles, etc., etc. Beaucoup de citoyens de Paris y vont en grand nombre y chercher tout ce qu'ils ont besoin ; aussi, pour avoir quelque chose, il ne faut pas parler du maximum : c'est un parti que bien des citoyens prennent pour pourvoir vivre ; ils y sont contraints par l'avarice des marchands.
  Un citoyen dont les intentions étaient d'acheter des biens nationaux dit qu'il est rabattu de courir dans Paris, qu'on le renvoie de Pierre à Paul, et qu'il gardera son argent ; qu'il serait urgent de réunir l'administration dans un seul local pour la commodité des citoyens.

Rapport de Rolin, W 112
  Des agents de Pitt et de Cobourg cherchent à égarer l'opinion publique sur le Jacobins. Ils se disent l'être eux-mêmes, mais prétendent qu'il font bande à part d'avec ceux qu'ils appellent anti-Jacobins, parce que, disent-ils, ces derniers sont cordeliers. Il n'y a point de sottises qu'ils ne débitent ; et, sur ce qu'un citoyen assurait qu'il était faux qu'ils fussent Jacobins, deux d'entre eux firent voir leur carte. Les spectateurs restèrent tous ébahis. Un citoyen s'avisa de dire qu'on devait les arrêter ; mais on lui fit réponse que les Jacobins pourraient faire repentir celui qui oserait arrêter un seul de leur Société

Sète. Club des Jacobins. Carte d'entrée n° 589, au nom de Vaillard ; signatures manuscrites de 2 membres du bureau. En seconde légende intérieure : Société régénérée des Jacobins de Sète — amis de la Constitution de 1793. Source

  Rue de la Harpe, deux citoyennes juraient après la municipalité, disant qu'elle voulait mettre la famine dans Paris. Elles ajoutèrent que la municipalité et notamment ses bureaux étaient remplis par les ci-devant prêtres, et quoique plusieurs d'entre eux s'étaient déprêtrisés, et mariés, ils n'en valaient pas mieux.
  Les citoyennes des communes environnant Paris, malgré toutes les précautions que prend le citoyen Hanriot, ne laissent point que d'emporter pain, savon, cassonade, fromage, haricots, et autres denrées de première nécessité. Je demandais à une de ces citoyennes comment elles pouvaient passer sans être vues ; elle me dit qu'il n'y avait que les remplaçants aux barrières qui les arrêtaient, mais que les bourgeois fermaient les yeux.
  On répand partout que nous allons faire une descente en Angleterre691, que toutes les barques de pêcheurs sont en réquisition, qu' au moins deux cent mille hommes doivent être transportés à bord des vaisseaux marchands. Quoique des hommes instruits savent qu'il faudrait au moins 3.000 vaisseaux pour ce transport, on ne laisse point d'en parler. Je ne sais s'il n'y aurait point de la malveillance dans quelques uns des propagateurs de ces nouvelles, car ils ajoutent qu'au même moment nous devons attaquer sur tous les points de la République, afin de rendre ce coup décisif.
  On assurait ce matin que des membres du comité révolutionnaire de la section de Guillaume-Tell étaient les auteurs de l'arrestation du citoyen Brichet692 ["... Mais le rapport d'un agent du Comité de sûreté générale, Latour-Lamontagne, juxtapose l'intervention de Robespierre au Club des jacobins le 19 pluviôse an II, 7 février 1794, pour l'exclusion de Brichet et Santex qui réclamaient la comparution devant le Tribunal révolutionnaire des conventionnels de la Plaine, à un débat colonial assez original.,... " ; source], et qu'ils craignaient beaucoup que la motion du citoyen Danton693 ne passe au Comité de salut public. Des citoyens firent réponse que si la Convention nationale eût décrété cette motion, il y aurait eu plus de moitié des membres des comités révolutionnaires de Paris qui auraient donné leur démission pour ne point être connus.
  Plusieurs citoyens ont dit que, si le Comité de salut public oubliait de représenter cette motion à la Convention nationale, ils iraient en masse demander le décret de cette motion.
  Les charcutiers ont leurs portes garnies comme les bouchers. Chacun veut avoir du lard faute de beurre, mais aujourd'hui il n'y en avait point.

Anonymes694, W 112
  Des femmes se sont attroupées au faubourg Saint-Marceau, vers les Gobelins, et ont, dit-on, intercepté toutes les marchandises qui venaient à Paris par cette route, et notamment les denrées de première nécessité. La garde y et allée. J'ignore quelles en auront été les suites.
  Esprit public. — On se battait ce matin pour avoir du lait qui va, dit-on, manquer incessamment.
  Les portes des marchands de comestibles, surtout des épiciers et des charcutiers, étaient assiégées par beaucoup de citoyens, qui tantôt se disputaient et tantôt riaient. Il est pourtant à craindre, disaient ceux qui étaient présents, que cela devienne sérieux. De tels rassemblements sont toujours dangereux, ajoutait-on, surtout quand les objets de nécessité manquent ou sont sur le point de manquer ; il ne faut souvent qu'une étincelle tirée par la malveillance, qui ne manque pas de se mêler partout, pour allumer un incendie terrible.
  Dénonciation. S'en assurer. — Des citoyens assuraient que partout où il se trouve des détachements de l' Armée révolutionnaire avec des troupes en ligne ou des volontaires, il s'élevait des rixes meurtrières, parce que ceux-là cherchaient toujours à se prévaloir et de leur titre de soldats de l'Armée révolutionnaire et de leur paye qui se monte à 3 livres par jour, leurs chevaux nourris ; ceux-ci, n'admettant aucune distinction entre les soldats qui combattent pour la même cause, saisissent toutes les occasions de punir leur insipide orgueil.
  Section. — On ne s'est pour ainsi dire occupé, dans l'assemblée générale de la section des Tuileries, que des subsistances et des arrêtés de la Commune y relatifs.
  Esprit public. — Beaucoup de gens se plaignent de ce qu'il faut passer des demi-journées au moins pour avoir un quarteron de beurre ou autres denrées. Que ferons-nous du poisson et des légumes, quelque peu (sic) rares qu'ils soient, si nous ne pouvons avoir ni beurre ni huile pour les assaisonner disent-ils?

   " Archiviste-paléographe de la promotion de 1898, Pierre Caron, 1875-1952, fut conservateur de la Section moderne aux Archives nationales dès 1912. Pendant près de quarante ans, il mena de front, avec le travail régulier des classements, des inventaires et des recherches pour le public, des publications bibliographiques, Répertoire bibliographique de l’histoire de France des origines à nos jours pour la période 1920-1931, direction de la Bibliographie internationale des sciences historiques, des éditions de séries documentaires, surtout de la période révolutionnaire, enfin des travaux d’historiens : Massacres de septembre 1792. En 1937, Pierre Caron succéda à Henri Courteault comme directeur des Archives de France. Il créa la Société des Amis des Archives de France, réorganisa la Commission supérieure des archives et fut à l’origine d’une instruction sur le tri et le classement des archives des services de guerre 1914-1918. Membre de la Commission pour la recherche et la publication des documents relatifs à la vie économique de la Révolution, Pierre Caron fut chargé en 1939 de l’organisation de la commémoration du cent-cinquantenaire de la Révolution française. En mai 1941, il fut mis à la retraite et reprit ses travaux d’histoire révolutionnaire et de bibliographie. Il fonda, en 1944, le Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale. Il en dirigea ou en suivit jusqu’à sa mort les débats et les publications. Avec Julien Cain, il est également à l’origine d’un projet de centres de documentation historiques. "
  Source

  FIN

   Pierre Caron, Paris pendant la Terreur, rapports des agents secrets du Ministère de l' Intérieur, tome IV - 21 pluviôse an II - 10 Ventôse an II, 9 février 1794 - 28 février 1794, La Société de l' Histoire de France, Librairie Marcel Didier, Paris, 1949, pp. 394-399.

690. Il n'y a pas de rapport de Le Harivel du 9 ventôse [27 février].
691. Cf. t. III, p. 57, note 2 : valable aussi pour la date du 10 ventôse [28 février]
692. Cf. t. III, p. 57, note 2.
693. Cf. ci-dessus, p. 351, note 1.
694. Ces rapports sont joints à ceux du 10 ventôse. Nous n'avons pu en identifier les auteurs.

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