DOCUMENTS CONCERNANT LES RELATIONS GERMANO-POLONAISES ET LE DÉBUT DES HOSTILITÉS ENTRE LA GRANDE-BRETAGNE ET L'ALLEMAGNE LE 3 SEPTEMBRE 1939, ÉPISODE X

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  Il est remarquable que cette prétention à l'espace vital soit présentée à un moment où l'Allemagne est devenue un pays d'immigration, faisant venir un grand nombre de travailleurs de Tchéco-Slovaquie, de Hollande et d'Italie, afin de satisfaire aux besoins de son industrie et de son agriculture. Dans ces conditions, comment l'Allemagne peut-elle prétendre être surpeuplée? La Belgique et la Hollande et, à un degré moindre, nos propres îles, ont déjà prouvé que ce qu'on appelle la surpopulation peut être évitée par un travail productif. Les vastes espaces et les ressources naturelles de l' Empire britannique et des États-Unis d'Amérique n'ont pu les sauver de la détresse croissante pendant la grande crise de I929 à I932. [ "... Dès le printemps 1929, des nuages s’amoncellent sur l’économie américaine après plusieurs années de croissance vigoureuse. Les résultats des entreprises se dégradent, la production automobile baisse ainsi que les revenus agricoles et la construction de logement fléchit. À Wall Street, la spéculation continue pourtant de plus belle. On emprunte pour acheter des actions. La frénésie est générale et les banques prêtent à tout-va. Entre le début 1928 et octobre 1929, le montant total des prêts double. Les cours des principales valeurs flambent. Le jeudi 24 octobre, Jeudi noir ou Black Thursday, c’est le krach. Tout le monde veut vendre ses titres, personne n’achète. À midi, l’indice Dow Jones, l’équivalent du CAC40, a perdu 22,6 %. La baisse se poursuit pendant trois ans : les cours boursiers ont chuté de 87%, les banques font faillite. Cette déroute financière met rapidement à genoux l’économie réelle. La conflagration touche de plein fouet l’Europe, les banques américaines réclamant le remboursement immédiat des prêts consentis pour la reconstruction d’après guerre. Seule la France semble, dans un premier temps, épargnée. Mais cela ne durera pas et l’économie française sera une des dernières à redémarrer, juste avant la Seconde Guerre mondiale. Deux chiffres suffisent pour mesurer l’importance de cette dépression planétaire : la production industrielle américaine a baissé de moitié de 1929 à 1932 et le taux de chômage est passé de 3,1% à 24%.... " ; sur le Web] Économiquement, le monde est beaucoup trop interdépendant pour qu'un seul pays puisse tirer un profit quelconque aux dépends de ses voisins, et l'Allemagne ne peut pas plus que n’importe quelle autre nation espérer résoudre ses problèmes économiques dans l'isolement.
  Il est sans doute impossible de prévoir à l'heure actuelle, le jour où le commerce sera parfaitement libre. Mais il est possible de prendre des dispositions — les occasions en étant données — qui élargiraient grandement la zone de liberté. La coopération — et pour notre part nous sommes prêts à coopérer — offre un champ très étendu, permettant de donner à toutes les nations la possibilité d'une vie économique plus large avec tout ce que cela signifie, tout ce qu'implique le terme de Lebensraum.

La foule se presse devant la Bourse de New York, après le Krach. 29 octobre 1929. Crédit photo : US. GOV

  Si le monde était organisé sur de telles bases, ni l'Allemagne, ni l'Italie n'auraient à craindre pour leur sécurité, et aucune nation ne manquerait de profiter des grands avantages matériels que les applications générales de la science ont mis à la portée de tous. Mais ce n'est pas sur la force qu'une telle Société de Nations peut être fondée, ce n'est pas dans un monde qui vit dans la crainte de la violence et qui doit employer sa substance même à ses préparatifs pour y résister. Il est inutile de parler de paix là où il n'y a pas de paix, ou de prétendre qu'on veut aboutir à un accord, si cet accord ne peut être garanti par la réduction des préparatifs de guerre et par la reconnaissance certaine du droit de chaque nation à jouir librement de son indépendance. En ce moment, la doctrine de la force barre la route à un accord et remplit le monde d'envie, de haine, de malice et de dureté. Mais si la doctrine de la force était abandonnée, éliminant ainsi la peur de la guerre qui paralyse le monde, tous les problèmes en suspens pourraient être plus facilement résolus. Si tout l'effort qui est aujourd'hui dirigé vers l'accumulation insensée des armements, avec ses effets inévitables d'insécurité et de méfiance, était appliqué au developpement pacifique de ressources générales, les peuples du monde éprouveraient bientôt le désir de travailler en commun pour le bien de tous. Ils se rendraient compte que leurs intérêts véritables ne sont pas opposés et que le progrès et le bien-être dépendent de la conjonction des buts et des efforts. Les nations seraient alors en mesure de discuter avec des chances réelles de succès à la fois les griefs politiques et les difficultés économiques, que ce soit sur le plan international ou dans le domaine colonial.
  Cela me mène à dire quelques mots des principes de notre administration coloniale. Il y a eu un temps où, dans l'Empire britannique comme ailleurs, les colonies n'étaient considérées que comme une source de richesses, et un lieu d'établissement pour les Européens. Il suffit de lire la littérature coloniale de cette époque pour voir combien peu comptaient alors les droits et le bonheur des indigènes. Mais, au cours du dernier demi-siècle, une opinion très différente s'est fait jour qui a reçu une noble expression dans l'article 22 du Covenant [ " Aux colonies et territoires qui, à la suite de la dernière guerre, ont cessé d'être sous la souveraineté des États qui les gouvernaient auparavant et qui sont habités par des peuples qui ne sont pas encore capables de se suffire à eux-mêmes dans les conditions difficiles du monde moderne, il convient d'appliquer le principe selon lequel le bien-être et le développement de ces peuples constituent une mission sacrée de la civilisation et que les garanties de l'exécution de cette mission doivent être inscrites dans le présent Pacte.
  La meilleure méthode pour donner un effet pratique à ce principe est de confier la tutelle de ces peuples aux nations avancées qui, en raison de leurs ressources, de leur expérience ou de leur situation géographique, peuvent le mieux assumer cette responsabilité et qui sont disposées à l'accepter, et de faire en sorte que cette tutelle soit exercée par elles en tant que Mandataires au nom de la Société.
  Le caractère du mandat doit différer selon le stade de développement du peuple, la situation géographique du territoire, ses conditions économiques et autres circonstances similaires.
  Certaines communautés ayant appartenu à l'Empire turc ont atteint un stade de développement tel que leur existence en tant que nations indépendantes peut être provisoirement reconnue, sous réserve des conseils et de l'assistance administrative d'un mandataire, jusqu'à ce qu'elles soient en mesure de se suffire à elles-mêmes. Les souhaits de ces communautés doivent être une considération principale dans le choix du mandataire.
  D'autres peuples, notamment ceux de l'Afrique centrale, sont à un stade tel que le mandataire doit être chargé de l'administration du territoire dans des conditions qui garantiront la liberté de conscience et de religion, sous la seule réserve du maintien de l'ordre public et des bonnes mœurs, de l'interdiction d'abus tels que la traite des esclaves, le trafic des armes et le trafic des alcools, et de la prévention de l'établissement de fortifications ou de bases militaires et navales et de l'entraînement militaire des indigènes à des fins autres que la police et la défense du territoire, et qui assureront également l'égalité des chances pour le commerce des autres membres de la Société.
  Il y a des territoires, tels que le Sud-Ouest africain et certaines des îles du Pacifique Sud, qui, en raison de la faiblesse de leur population, de leur petite taille, de leur éloignement des centres de civilisation, de leur contiguïté géographique avec le territoire du Mandataire, ou d'autres circonstances, peuvent être mieux administrés sous les lois du Mandataire en tant que parties intégrantes de son territoire, sous réserve des garanties mentionnées ci-dessus dans l'intérêt de la population indigène.
  Dans tous les cas de mandat, le mandataire rendra au Conseil un rapport annuel sur le territoire dont il a la charge.
  Le degré d'autorité, de contrôle ou d'administration à exercer par le mandataire sera, s'il n'a pas été préalablement convenu par les Membres de la Ligue, explicitement défini dans chaque cas par le Conseil.
  Une Commission permanente sera constituée pour recevoir et examiner les rapports annuels des Mandataires et pour conseiller le Conseil sur toutes les questions relatives à l'exécution des mandats.
; source], en vertu duquel la protection et le développement des peuples encore incapables d'avoir une existence indépendante dans les conditions difficiles de la vie moderne, sont une mission sacrée de la civilisation.
  Cette mission n'a cessé d'être remplie depuis la guerre, en ce qui concerne les Territoire sous Mandats auxquels l'application de l'article 22 du Covenant a procuré d'immenses bienfaits. Le Commonwealth britannique se rend bien compte de la lourde responsabilité qui lui incombe. Il sait que, pour respecter ses principes, il doit assurer la continuité et le développement de leur existence aux populations indigènes. Le système des mandats, à dire vrai, procède exactement de la même inspiration que celle qui anime l'administration coloniale de Grande-Bretagne. Nous avons appliqué les mêmes principes à l'Inde ["... L’indépendance devient inéluctable après la guerre, mais aussi la partition entre hindous et musulmans dans deux États distincts, perspective contre laquelle Gandhi s’insurge désespérément. Pourtant, en 1947 [15 août] l’Union indienne et le Pakistan accèdent séparément à l’indépendance, ce que le Mahatma vit comme un échec personnel. Mal compris par nombre de ses compatriotes, il est assassiné en 1948 par un fanatique hindou... " ; source] et à la Birmanie,["... Le 4 janvier 1948, l'Union birmane accède à l'indépendance. Aung San ayant été assassiné, juillet 1947, U Nu prend la tête du gouvernement. En dépit de l'accord de Panglang, février 1947, entre les Birmans et les autres ethnies, les Karens, 1948, puis les Kachins, 1949, prennent les armes pour obtenir l'autonomie. À la même époque, le parti communiste birman se lance dans la lutte armée. Dès lors, le gouvernement central s'épuise dans une guerre civile sans fin contre les mouvements nationalistes et révolutionnaires. La situation économique du pays est difficile et U Nu se lance dans un programme de réformes au nom du socialisme bouddhique... " ; source] où ils ne cessent de produire leurs effets sur une échelle qu'on eût pas osé espérer, il y a vingt ou trente ans.

Ali Jinnah, leader de la Ligue Musulmane et J.Nehru chef du Congrès signent l’indépendance et la partition de l’Inde. ©IndiaHistorypic.

Cérémonie de l'indépendance de la Birmanie le 16 janvier 1948. Bettmann/CORBIS

  Au cours de ces dernière années, nous avons vu l' Eire [" Irlande... XIXe siècle : l'île n'en n'est pas moins unie officiellement au royaume de Grande-Bretagne à partir de 1801. Au milieu du siècle, l'Irlande doit faire face à une famine dévastatrice, due à la pression démographique et à une maladie de la pomme de terre ravageuse, qui conduit à la mort ou à l’exode, vers l’Angleterre et les États-Unis notamment, des millions d’habitants. XXe siècle : réclamant davantage de pouvoir et une réforme agraire, les leaders irlandais cherchent à arracher l’autonomie au gouvernement britannique par le soulèvement de Pâques 1916, qui, sévèrement réprimé, mène à une guérilla indépendantiste puis à la partition : l’État libre d’Irlande est reconnu par Londres en 1921. Membre du Commonwealth, il est amputé de l’Ulster, ce qui vaut aux nationalistes de se déchirer dans une guerre civile fratricide : 1922-1923. Affecté par la grande crise des années 1930, le pays est dès lors gouverné par le nationaliste Éamon de Valera, très hostile au Royaume-Uni. L'Irlande entretient néanmoins une neutralité bienveillante envers les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle devient officiellement une république en 1948... " ; source] se transformer en un membre distinct et indépendant du Commonwealth britannique, possédant au même titre que les autres partenaires de l'Empire le plein statut de Dominion.[nom donné aux États indépendants membres du Commonwealth. À l'origine, le mot s'appliquait à tout territoire reconnaissant la souveraineté britannique. Lorsque ces territoires accédèrent à l'autonomie, Canada, 1867 ; Australie, Nouvelle-Zélande, 1900 ; etc., ils prirent le nom de « dominions autonomes ». Ils conservèrent le nom de dominions lorsqu'ils furent reconnus comme États indépendants et souverains : 1931. La plupart appartiennent aujourd'hui au Commonwealth. ; Larousse] Pendant de longues années, nous avons essayé, comme on disait de " tenir " l'Irlande, dans la conviction erronée, invoquée aujourd'hui pour justifier l'asservissement de la Tchéco-Slovaquie, qu'elle était indispensable à notre sécurité nationale. Mais nous nous sommes rendu compte que notre sécurité, loin d'être diminuée, est incalculablement fortifiée du fait de l'existence d'une Irlande libre et amicale.
   Ainsi, dans notre cas et dans celui de tous les pays dont nous étions responsables, nous n'avons cessé de suivre la même direction. Tout le tableau exprime fidèlement d'une façon significative la pensée britannique sous sa forme politique et se manifestant, à travers l'histoire comme aujourd'hui, par le développement des institutions. Nous reconnaissons, comme les États-Unis l'ont reconnu, que le gouvernement autonome doit être le but dernier d'une politique coloniale. Ce but peut être proche ou distant, suivant la capacité qu'ont les peuples en cause de conduire leur propre destin.  Dans l'une de vos propres études, " Le problème colonial ", qui appartient au genre de travaux auxquels Chatam House doit sa réputation, vous avez examiné la question de savoir si les colonies sont d'un bon rapport. Vous avez attiré l'attention sur les bienfaits des importations à bon marché qu'obtiennent les consommateurs d'un pays à colonies, en conséquence du coût relativement bas de la production de certaines denrées en territoire colonial. Mais, dans un système international en vertu duquel les barrières actuelles du commerce devraient être en grande partie abolies, ces avantages, auxquels participent déjà largement de nombreuses nations sans colonies, seraient partagés encore plus largement. De toutes parts, il pourrait y avoir accès plus libre et plus facile aux marchés et aux matières premières du monde, des voies commerciales plus larges par lesquelles s'écouleraient les denrées que les nations ont besoin d'acheter et de vendre. Ce sont là quelques-unes des possibilités qui se trouvent à la portée de tout le monde.
  Comment cela affecte-t-il nos grands problèmes? Un des faits les plus significatifs de l'histoire du monde est la vaste application, par le Commonwealth britannique, du principe de fidéicommis,[latin juridique fidei commissum, remis à la bonne foi ; libéralité faite par contrat ou testament en faveur du grevé, à charge pour lui de la conserver et de la restituer à sa mort à un tiers, qui lui est substitué : très répandus dans l'ancien droit pour assurer la conservation des biens dans les familles, les fidéicommis sont interdits presque complètement, à peine de nullité, par le Code civil ; Larousse] au cours des trente dernières années et il y a certainement là quelque chose dont on peut se servir pour le bien de l'humanité. Ne pouvons-nous envisager un temps dans lequel on pourra s'accorder sur des systèmes et des buts communs en matière de développement colonial, grâce auxquels on pourra obtenir non pas seulement l'application du principe universellement reconnu, que le but de l'administration coloniale doit être d'aider les indigènes à élever toujours leur niveau d'existence, mais aussi celle de cet autre principe, que les territoires coloniaux peuvent apporter une contribution grandissante aux ressources du monde? Sur cet accord de base, nous espérons que d'autres seront disposés à contribuer avec nous à l'établissement d'un monde meilleur. S'il en est ainsi, je ne doute pas que, dans le fonctionnement de notre administration coloniale, nous ne soyons disposés à aller plus loin dans la voie économique, comme nous l'avons déjà fait en matière politique, pour appliquer plus largement les principes aujourd'hui en vigueur dans les territoires sous mandat, et qui comprennent celui de la porte ouverte, à charge de réciprocité.
  Quelles que soient les difficultés du problème colonial, ou de n'importe quel autre, je ne désespérais pas de trouver des moyens de règlement, une fois que tout le monde aurait la volonté d'y arriver. Mais tant que tous les pays ne désireront pas vraiment un règlement, les discussions feraient plus de mal que de bien. D'ailleurs, il est impossible de négocier avec un gouvernement dont les interprètes responsables traitent un pays ami de voleur et de maître-chanteur, et se livrent journellement à des calomnies monstrueuses sur la politique britannique dans toutes les parties du monde. Mais si cet esprit, qui est manifestement incompatible avec tout désir de règlement pacifique, est remplacé par quelque chose de différent, le Gouvernement de Sa Majesté serait prêt à joindre ses meilleures idées à celles d'autrui, pour mettre fin à l'état actuel d'insécurité politique et économique. Si nous pouvions en arriver là, quel progrès immense le monde aurait fait. Nous aurions exorcisé l'inquiétude qui gêne et arrête le développement des affaires, et nous aurions rétabli une atmosphère de confiance entre les nations, et la sécurité pour l'avenir parmi la jeunesse de notre pays et de tout autre pays européen. Ensuite notre tâche serait de reconstruire l'ordre international sur une base plus large et plus ferme. C'est là une question trop vaste pour que je l'aborde ce soir, mais je tiens à la recommander à vos méditations.
  Il nous faut demander dans quelle mesure l'échec de la S.D.N. a été dû aux imperfections du Covenant lui-même, ou dans quelle mesure ce fut l'absence de quelques-uns des plus grands pays dans toutes les phases de son histoire, qui a paralysé son autorité et sa force morale. Est-il au-dessus des forces du génie public de l'humanité de concilier l'individualisme national avec la collaboration internationale? La volonté humaine peut-elle s'élever assez haut pour résoudre cette énigme? Un examen des dispositions du Covenant relèvera peut-être que certaines de ces obligations étaient trop lâchent et d'autres trop rigides. On dit, par exemple, qu'un système de garanties régionales spécifiques pour le maintien de la paix serait plus efficace que les obligations vagues, mais universelles des articles I0 [" Les Membres de la Ligue s'engagent à respecter et à préserver contre toute agression extérieure l'intégrité territoriale et l'indépendance politique existante de tous les Membres de la Ligue. En cas d'une telle agression ou en cas de menace ou de danger d'une telle agression, le Conseil donnera son avis sur les moyens de remplir cette obligation. " ; source] et I6 [" Si un Membre de la Ligue recourt à la guerre au mépris des engagements qu'il a pris en vertu des articles 12, 13 ou 15, il sera ipso facto considéré comme ayant commis un acte de guerre contre tous les autres Membres de la Ligue, qui s'engagent par les présentes à le soumettre immédiatement à la rupture de toutes relations commerciales ou financières, l'interdiction de tout rapport entre leurs ressortissants et les ressortissants de l'État qui rompt l'alliance, et la prévention de tout rapport financier, commercial ou personnel entre les ressortissants de l'État qui rompt l'alliance et les ressortissants de tout autre État, membre ou non de la Ligue.
   Il incombera au Conseil, dans ce cas, de recommander aux différents gouvernements intéressés la force militaire, navale ou aérienne effective que les Membres de la Ligue doivent contribuer, chacun pour soi, aux forces armées à utiliser pour protéger les pactes de la Ligue.
   Les Membres de la Ligue conviennent, en outre, qu'ils se soutiendront mutuellement dans les mesures financières et économiques prises en vertu du présent article, afin de réduire au minimum les pertes et les inconvénients résultant des mesures susmentionnées, qu'ils se soutiendront mutuellement dans la résistance à toute mesure spéciale visant l'un des leurs par l'État qui a violé le pacte, et qu'ils prendront les mesures nécessaires pour permettre le passage à travers leur territoire des forces de tout Membre de la Ligue qui coopère à la protection des pactes de la Ligue.
   Tout membre de la Ligue qui a violé l'un des pactes de la Ligue peut être déclaré ne plus être membre de la Ligue par un vote du Conseil approuvé par les représentants de tous les autres membres de la Ligue qui y sont représentés
. " ; source], et il n'est pas impossible que le groupement de Puissances, tel qu'il existe aujourd’hui, puisse être façonné de façon à devenir l'embryon d'un meilleur système européen, au lieu de diviser l'Europe.

La Société des Nations compte 42 États membres en janvier 1920 lors de son entrée en vigueur, et concerne ainsi 74% de la population mondiale. Crédit photo : United Nations Archives at Geneva

  C'est là un côté du problème. Mais il en suffit pas de concevoir des mesures propres à empêcher de modifier le statu quo par l'emploi de la force, s'il n'y a pas aussi un mécanisme pour amener des changements pacifiques. Car on ne peut maintenir dans des crampons de fer un monde vivant et changeant, et toute tentative de ce genre mènerait directement au désastre. En tout temps, il ne cesse de se produire des changements dans les rapports, les besoins et les points de vue des nations. Et si nous voulons trouver un système pratique d'organisation internationale, il n'y a pas de nécessité plus urgente que de trouver des moyens pacifiques de gouverner des changements de ce genre. Aujourd'hui que les nations européennes, oublieuses de leur communauté de civilisation, s'arment jusqu'aux dents, il importe plus que jamais de nous rappeler l'unité essentielle de la civilisation européenne. Les esprits européens se rencontrent à travers les frontières politiques. Avec le même fonds de connaissance, avec le même héritage de culture, ils étudient les mêmes problèmes. L'œuvre des grands maîtres de la science, de la littérature ou de l'art est la propriété commune de tous les peuples ; et dans tous les pays, les penseurs échangent leurs connaissances sur un pied d'égalité et d'amitié. On peut vraiment dire qu'une Europe divisée est une maison divisée contre elle-même. Il faut donc que notre politique extérieure n'oublie jamais le présent immédiat et l'avenir plus lointain, les initiatives que nous prenons maintenant et les buts auxquels nous voulons qu'elles nous mènent.
  J'ai mis votre patience à l'épreuve, mais si vous voulez bien m'accorder encore quelques instants, je vais m'efforcer de rassembler les fils de ma pensée et rendre certains points peut-être plus explicites. La politique britannique repose sur deux conceptions essentielles et indissolubles ; l'une est la ferme volonté de s'opposer à l'emploi de la force ; l'autre est la conscience que nous avons du désir qu'à le monde d'activer le travail constructif pour bâtir la paix. Si nous pouvions seulement être certains que les intentions d'autrui sont identiques aux nôtres , et que nous désirons toutes des solutions pacifiques, alors, je le dis ici nettement, nous pourrions discuter les problèmes qui inquiètent actuellement le monde. Dans une telle et nouvelle atmosphère, nous pourrions examiner le problème colonial, la question des matières premières, des barrières commerciales, le problème du Lebensraum, de la limitation des armements et tout autre problème affectant la vie de tous les citoyens de l'Europe.
  Mais telle n'est pas la situation devant laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. La menace de la force militaire met le monde à rançon et notre tâche immédiate, ici je termine par où j'ai commencé, est de résister à l'agression. Ce soir, je tiens à souligner cela de toutes mes forces, en sorte que personne ne puisse s'y méprendre. Si nous voulons réussir à supprimer les malentendus et à établir un accord auquel le monde puisse se fier, il faut que ce soit sur une base plus solide que des engagements verbaux. On a dit qu'il fallait des actes et non des paroles. C'est aussi notre avis. Il faut que, des deux côtés, il y ait des concessions sous une forme pratique, car il ne peut y avoir de solides marchés si l'on donne quelque chose de concret en échange de simples assurances. À notre époque, aucun de nous ne peut voir très loin dans l'avenir, dans le monde où nous vivons. Mais nous pouvons et devons toujours être sûrs de la direction générale dans laquelle nous désirons avancer. Soyons donc assurés que la question de savoir si, oui ou non, nous préserverons, pour nous-mêmes et pour autrui, les choses qui nous sont chères, dépend en dernier ressort de nous-mêmes, de la vigueur de notre foi, et de notre résolution en chacun de nous de la maintenir.

Aggravation de la situation locale à Dantzig


N° 26

Note du Président du Sénat de Dantzig au Commissaire général polonais, en date du 3 juin I939, concernant la question des inspecteurs des douanes polonais

  Monsieur le Ministre,
  Il y a plusieurs mois, j'ai eu l'honneur d'attirer votre attention sur le fait que le nombre toujours croissant d'inspecteurs des douanes polonais n'était pas compatible avec l'exécution de leur mission prévue. Depuis les dernières augmentations, il y a maintenant, sur le territoire de Dantzig, bien plus de 100 inspecteurs des douanes polonais ; leur conduite tant dans l'exercice de leurs fonctions, que dans la vie privée, a donné lieu à des réclamations croissantes. La population de Dantzig, tou comme la population allemande, dans les communications frontalières locales, est sans cesse choquée par la façon dont les fonctionnaires des douanes polonais s'acquittent de leur mission et par leur conduite dans la vie privé.
  Je ne crains pas que des incidents puissent, à ce propos, se produire de la part de la population. Bien moins encore la sécurité des fonctionnaires polonais se trouve-t-elle menacée de quelque manière. J'ai donc pris des mesures pour faire en sorte qu'ils puissent, comme par le passé, s'acquitter de leur mission dans une sécurité absolue sans rencontrer d'obstacles. Je crois cependant qu'il faut trouver les voies et les moyens pour éliminer ces frictions et cette tension constantes.
  Pour toutes ces raisons, je considère donc nécessaire de restreindre l'activité des inspecteurs des douanes polonais à une surveillance générale en conformité avec l'accord. En particulier, je dois insister pour que leurs activités officielles soient confinées à leurs bureaux et ne s’exercent pas en dehors de ceux-ci. Je ne puis pas permettre plus longtemps que les fonctionnaires des douanes dantzicois reçoivent des instructions des fonctionnaires des douanes polonais, ne fût-ce que sous la forme de suggestions. Je ferai cependant en sorte que ces questions adressées aux fonctionnaires reçoivent une réponse officielle.
  J'ai donné des directives au Président de l'Administration des douanes de la Ville Libre pour qu'il instruise ses fonctionnaires en conséquence.
  J'ai l'honneur de vous demander, Monsieur le ministre, d'informer votre gouvernement en conséquence et d'exercer votre influence pour qu'il soit tenu compte des désirs du Gouvernement de Dantzig.
  Je saisis cette occasion pour revenir sur notre conversation du 8 février dernier. À cette époque, je vous ai indiqué, Monsieur le ministre, que j'ordonnerai que l'on s'abstienne pour le présent d'un assermentement des fonctionnaires des douanes et que, si l'occasion s'en présentait, je me mettrais en communication avec vous, avant de les assermenter.
  J'ai l'honneur de vous informer, me référant au contenu de ma lettre du 3 février dernier, pages 2-3, que j'ai maintenant décidé de laisser à la discrétion du département des finances du Sénat le soin d'assermenter les fonctionnaires des douanes, s'il considère cette mesure désirable.

GREISER.

N° 27

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax

Télégramme

Varsovie, le II juin I939

  Ci-dessous, sommet complet de la note, telle qu'elle a été publiée ici, et adressée le I0 juin, par le Commissaire général polonais au Président du Sénat de Dantzig, en réponse à la note de ce dernier en date du 3 juin :
  2. Les plaintes du Président du Sénat, en ce qui concerne la conduite des inspecteurs des douanes polonais, à l'occasion et hors service, ne sont soutenues par aucune espèce de preuves et doivent être considérées comme mal fondées. D'un autre côté, la conduite de certains éléments à Dantzig, y compris les fonctionnaires des douanes, a été grandement provocatrice, ainsi que le Commissaire général l'a fréquemment indiqué, tant verbalement que par écrit. Les inspecteurs polonais ont réagi avec dignité et modération et ont refusé de se laisser provoquer. Le Gouvernement polonais s'attend toujours à ce que le Sénat prenne des mesures pour assurer la sécurité personnelle des inspecteurs des douanes polonais, ainsi que la libre exécution de leur mission, se référant au point 3 de l'Accord polono-dantzicois de I922 ["... Le 12 janvier 1922, le Conseil autorisa le Haut-Commissaire à donner son approbation à la Constitution dès que certaines conditions spécifiées auraient été remplies par la Ville libre. En conséquence, par lettre du II mai 1922, le Haut-Commissaire déclara agréer la Constitution, telle qu'elle avait été successivement amendée sur l'invitation du Conseil de la société des Nations. Le Conseil approuva, le 13 mai 1922, un rapport du Haut-Commissaire relatant ce fait ; et il prit acte en même temps de la décision du Haut-Commissaire qui portait acceptation de la Constitution de la Ville libre de Dantzig, conformément à l'article 103 du Traité de Versailles. [...] L'article 38 de la Convention du 9 novembre 1920 entre la Pologne et Dantzig dispose que « des arrangements ultérieurs seront conclus entre la Pologne et la Ville libre sur toutes les questions qui ne sont pas traitées dans le présent Traité 1. En exécution de cette disposition, un accord fut conclu à Varsovie, le 24 octobre 1921, entre la Pologne et la Ville libre. La première section, art. I à 44, de cet accord, qui fut plus tard suivi d'une série d'autres accords complémentaires, traite, des ressortissants polonais et dantzikois » et règle des matières telles que les conditions de naturalisation à Dantzig, le trafic frontalier, l'admission à l'exercice du commerce et de l'industrie, l'acquisition et l'aliénation de biens meubles et immobiliers. D'autre part,! les « Dispositions finales » contiennent notan~mentun article 229 qui traite des « Réserves découlant de l'article 33 de la Convention », de Paris, aux termes duquel : « Étant donné que la République de Pologne déduit des dispositions de l'article 104, chiffre 5, du Traité de paix de Versailles et de l'article 33, alinéa premier, de la Convention polono-dantzikoise du 9 novembre 1920, des droits plus étendus que les droits stipulés dans le présent Accord, et que la Ville libre de Dantzig ne les reconnaît pas, la République de Pologne se réserve expressément ces droits plus étendus, surtout en ce qui concerne l'étendue des droits minoritaires des ressortissants polonais dans la Ville libre de Dantzig et l'interdiction de séjour. La situation qui résultait de cet article. a conduit, par la suite, à de nombreuses difficultés dans la pratique... " ; source], qui détermine que les fonctionnaires polonais à Dantzig seraient l'objet d'un traitement identique à celui des fonctionnaires dantzicois correspondants.

Accord du 22 octobre I92I, dit " Accord définitif ", concernant les fonctionnaires : article 3. Source

  3. En ce qui concerne le nombre prétendu excessif de fonctionnaires des douanes polonais, le Gouvernement polonais, au contraire, considère actuellement ce nombre comme plutôt insuffisant. La preuve en est dans la situation de la manutention des marchandises dans le port de Dantzig et du trafic de voyageurs entre Dantzig et la Pologne ; elle est due en partie à l'obstruction que les fonctionnaires rencontrent dans l'exercice de leur mission.
  4. Le Gouvernement polonais, en outre, ne peut consentir à une restriction quelconque de l'activité des inspecteurs polonais, telle que le prévoit la note du Sénat de Dantzig. Les stipulations des traités actuellement en vigueur ne permettraient pas aux inspecteurs d'exercer simplement une surveillance générale à l'intérieur des bureaux des douanes, cette restriction étant contraire aux sections I et 4 de l'article 204 du Traité de Varsovie du 24 octobre I92I. Sous ce rapport, la note polonaise cite aussi l'article I0 de l'Accord de douane polono-dantzicois du 6 août I934, qui stipule que les fonctionnaires de Dantzig se conforment aux instructions des inspecteurs des douanes polonais en tout ce qui concerne les cas manifestes de contrebande.
  5. Le Gouvernement polonais devra considérer le Sénat comme pleinement responsable de tous conflits qui pourraient se produire à ce dernier propos, et doit considérer comme illégale et contraire aux stipulations des traités, toute tentative de la part des autorités des douanes dantzicoises de restreindre les droits de contrôle polonais. Les instructions données aux fonctionnaires des douanes dantzicoises, ainsi qu'elles sont définies dans la note du Sénat, doivent être considérées comme une violation du principe de collaboration entre l'Administration des douanes de Dantzig et les inspecteurs polonais. Ces derniers ont reçu des instructions pour continuer d'exercer leurs fonctions dans les mêmes limites qu'au cours des dernières vingt années, qui sont conformes à la situation créée par le traité, et l'espoir est exprimé qu'ils ne rencontreront pas d'obstruction de la part des autorités de Dantzig.
  6. En ce qui concerne la question de l' assermentement des fonctionnaires des douanes, la note polonaise se réfère à la communication écrite du Sénat à ce sujet, et à la conversation que le Commissaire général a eue à ce propos avec le Président. Si le Sénat ne tenait pas compte des demandes pleinement justifiées du Gouvernement polonais, et s'il procédait à l' assermentement des fonctionnaires en dépit des assurances du Président du Sénat, que cette formalité ne sera pas accomplie, sinon après consultation avec le Commissaire général, le Gouvernement polonais devra étudier la question de renforcer le contrôle douanier, étant donné que les fonctionnaires des douanes dantzicoises donneront à l'avenir des garanties moins formelles de leur respect pour les règlements de douane polonais et de leur exécution adéquate.
  7. L'essentiel de toute la question est que derrière le territoire de la Ville Libre fait partie du territoire douanier polonais, à la fois juridiquement et en vertu des obligations découlant du traité. Les autorités doivent par conséquent être assurées que l'exécution de la politique douanière polonaise et des règlements s'y rapportant, se fasse dans toute sa rigueur aux frontières extérieures de leur territoire douanier. Il s'ensuit que toute mesure prise par les autorités dantzicoises qui menaceraient de faire de l'obstruction, ne fût-ce que partiellement, au système douanier polonais, ne pourra que provoquer une réaction de la part du Gouvernement polonais, sous la forme de mesures destinées à protéger complètement les intérêts légitimes de la Pologne.
  8. Le Gouvernement polonais désire, comme jusqu'à présent, régler toutes les questions concernant la Ville Libre de Dantzig, après accord avec le Sénat de Dantzig. Dans la situation récemment créée cependant, il considère de son devoir d'avertir le Sénat que tout manquement ou toute obstruction au fonctionnement du système douanier polonais et de son administration réagira nécessairement de façon déplorable sur les intérêts économiques de Dantzig et sur sa population, conséquence que le Gouvernement polonais désire éviter.

N° 28

Sir H. Kennard au Vicomte Halifax

Télégramme

Varsovie, le 27 juin I939

  J'ai demandé ce matin au Vice-ministre des Affaires étrangères quelques informations il avait sur la constitution du Freikorps, Corps Libre, à Dantzig.[" Les Corps francs sont des unités combattantes formées en dehors ou au sein d'une armée  régulière. Il peut également s’agir d’unités paramilitaires organisées par un État, ou d’unités formées spontanément par des civils. Parfois improvisés et sous-équipés, les Corps francs sont généralement dotés d’un encadrement autonome. C’est l’Allemagne qui organisa, dès le XVIIIe siècle les premiers corps francs. C’est aussi en Allemagne, où ils sont appelés Freikorps, que les plus connus ont été mis en place, pour réprimer les courants les plus à gauche de la révolution allemande de 1918-1919.[...] Après la Première Guerre mondiale, d’anciens officiers à la retraite entamèrent la formation de milices appelées Freikorps. Ils furent employés afin de défendre la frontière allemande à l’Est, contre une possible invasion russe, comme par exemple la Division de fer. Plus tard, ils furent utilisés afin de contrer et réprimer les tentatives de révolution en Allemagne. Les Freikorps ont notamment assassiné Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en janvier 1919.[créé par Karl Liebknecht, Rosa Luxemburg, Franz Mehring, Clara Zetkin, autour d'un journal qui paraît à partir de septembre 1916, les spartakistes était un courant politique révolutionnaire né en Allemagne au cours de la Première Guerre mondiale, qui rêvèrent d'instaurer en Allemagne une dictature du prolétariat suivant le modèle de l'URSS] [...] Les Freikorps furent dissous en 1921, et certains d’entre eux rejoignirent les Sturmabteilung, « sections d’assaut », la milice d’Adolf Hitler, la plupart rejoignant plutôt une autre milice de droite, les Stahlhelm... " ; source ; "... SS-Heimwehr Danzig : créé à Berlin en octobre 1938 au sein de la Waffen-SS, encore appelée SS-Verfügungstruppe à l'époque, ce Freikorps semi-clandestin, présenté comme une unité de sécurité auxiliaire de la police, s'installa au début de 1939 dans le port polonais. Équipée d'automitrailleuses ADGZ de la défunte armée autrichienne, cette unité prit une part active dans les combats de septembre 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale ; SS-Wachsturmbann « Eimann » : unité de réserve mise sur pied à Dantzig en juin 1939... " ; source] à Dantzig. Il m'a répondu que d'après les informations polonaises, un corps de 4.000 hommes étaient en formation, dont 2.000 seraient logés dans des casernes à Dantzig même, et 2.000 dans des bâtiments nouveaux, en cours de construction à Praust.[Pruszcz Gdański, en polonais, ville industrielle voisine de Gdańsk]

Crédit photo : Source

Pruszcz Gdański. Crédit carte :  Viamichelin

  2. Quant à la situation générale de Dantzig, elle était peut-être un peu meilleure. Il y a eu environ 50 cas de fonctionnaires dantzicois refusant d'exécuter les instructions des inspecteurs des douanes polonais au cours de la dernière quinzaine, mais en ces quelques derniers jours la chose ne s'est pas reproduite. Cela peut être dû au fait que les armes pour la Freikorps, en provenance de la Prusse Orientale, ont été subrepticement introduites dans la Ville Libre au cours de la seconde quinzaine et que, les armes étant maintenant sans doute rendues à Dantzig, il y a moins d'occasion de se mettre en contravention avec les règlements des douanes polonaises.
  3. Mr. Arciszewski ne pensait pas que l'Allemagne irait jusqu'à risquer une guerre générale à propos de Dantzig, mais il croyait qu'elle renforcerait graduellement sa position là-bas, qu'elle affaiblirait toute autorité que la Pologne y pourrait conserver, et qu'elle espérait que la Pologne se verrait finalement réduite à un tel état d'épuisement économique, qu'il lui faudrait bien accepter pour Dantzig quelque solution dans un sens favorable à l'Allemagne. Outre cela, l'Allemagne, entre temps, propagerait sans doute assidûment l'idée que la Grande-Bretagne et la France ne rempliraient pas leurs obligations en ce qui concerne Dantzig, et s'efforcerait ainsi de saper plus profondément encore le moral polonais.

N° 29

Mr. G. Shepherd au Vicomte Halifax

Télégramme

Dantzig, le 28 juin I939

  Contrastant avec le calme régnant à Varsovie, les évènements se sont précipités ici au cours de la dernière semaine.
  2. Au cours de la dernière quinzaine, les hommes de la S.A., ont, chaque nuit, exécuté des travaux de défense tout autour de la Ville Libre ; dans la nuit du 26 au 27 juin ils ont été mis en état d'alerte pour un cas d'urgence possible, et cela peut-être par la suite de la célébration à Gdynia [ville côtière et un port important de la baie de Dantzig] de la Fête polonaise de la Mer, ou encore parce que la frontière polonaise, sur la route de Dantzig à Gdynia, avait été fermée depuis minuit dans la nuit du 26 au 27 juin, jusqu'à 4 heures du soir, le 27 juin, probablement enfin afin de permettre l'achèvement des travaux de défenses anti-tanks.  
 
Le gouvernement polonais décida en 1920 de construire un grand port de mer, là où était le village de Gdynia : ici en 1921, avant le début des travaux. Sur le Web

  3. Les travaux préparatoires pour la construction d'un pont de bateaux sont poussés activement sur les deux rives de la Vistule.[principal fleuve polonais ; avec ses 1047 km de long, il est dans le top ten, 9e, des fleuves les plus longs d'Europe]
"...La frontière entre la Pologne et la Prusse orientale est parallèle à la Vistule. La Vistule inférieure forme une vallée large, 7-13 km, basse, 13-8 m, avec sables et plantations de bois, prairies sèches, Weiden, et prés inondables : Wiesen. [...] Les digues ont, depuis le XIVe siècle, un rôle essentiel de protection. La principale est bâtie parallèlement à la Vistule : rive droite. Pour les entretenir, se sont formées les « Associations des digues », dont la plus importante est celle de Marienwerder. D'autre part la Vistule, quoique médiocrement navigable, est le débouché fluvial de toute la Pologne. La frontière a tenu compte de ces conditions locales : elle passe en gros au pied O. de la digue principale, laissant le fleuve à la Pologne, la digue à la Prusse, pour couvrir les « Pays-Bas de Marienwerder ». À Kurzebrack, port de Marienwerder, où la digue est placée au bord même du fleuve, a été établi un port allemand pour l'accès de la Prusse- orientale à la Vistule : pratiquement inutilisé... " ; source

  4. Le 23 juin, les membres de l'Automobile club d'Allemagne, résidant à Dantzig, ont reçu une demande urgente d'avoir à remplir et à retourner un questionnaire concernant leurs voitures.
  5. Tous les propriétaires dantzicois de camions et de camionnettes automobiles, ont reçu récemment l'ordre de laisser, aux fins d'inspection, pendant une nuit, leurs véhicules à la caserne de la police militaire ; subséquemment, chaque véhicule a été numéroté, puis rendu à son propriétaire.
  6. Aujourd'hui, plusieurs milliers de chevaux de trait et de selle ont été de même réunis aux casernes, soi-disant pour inspection, mais étant donné que certains d'entre eux venaient de localités éloignées de la Ville Libre, il paraît possible qu'on les retienne, d'autant plus que des selles ont été également livrées ici par camions entiers.
  7. La formation des Freikorps, Corps libres, est poussée activement.
  8. En supplément à un programme de fin de semaine, objet lui-même d'une grosse publicité, près de 1.000 S.S. de Prusse Orientale et un nombre d'officiers S.S. de haut rang, venant d'Allemagne, sont arrivés ici le 25 juin, à peu près sans être annoncés, ostensiblement en vue d'épreuves sportives à disputer contre les S.S. locaux.
  9. Le docteur Boettcher [Herbert Böttcher, 1907-1950 ; juriste administratif ; commissaire de police et chef de la SS et de la police ; "... Au printemps 1939, Böttcher devint membre du NSDAP, n° de membre 7.093.097, et de la SS : n° de SS 323.036. [...] il obtient le titre de docteur en droit à l'université de Leipzig en 1931. Après avoir passé le deuxième examen d'État en 1933 à Berlin, il retourna dans le Memeland et s'installa comme avocat et notaire à Memel. Il s'engagea dans la communauté populaire socialiste de la région de Memel. Condamné par un tribunal lituanien pour " activité hostile à l'État ", il fut emprisonné en 1934/35 et de 1935 à 1937. Après avoir purgé sa première peine de prison, il est élu député de la liste d'unité de la région de Memeland au Seimelis lors de la Ve législature. En janvier 1939, Böttcher devint directeur régional à la direction de Memeland, et en mars 1939, commissaire de police par intérim à Memel. [...] Du 1er août 1939 au 15 mars 1941, il a dirigé la 105e SS-Standarte " Nordost " à Memel. À partir d'octobre 1940, il fut chef de la police de Kassel, puis début 1942, chef de la SS et de la police de Kauen. Dans la même position, il arriva à Radom fin avril 1942. Là, il fut responsable de la déportation de plus de 300.000 Juifs vers le camp d'extermination de Treblinka. Après la mort de Franz Kutschera, Böttcher reprit son poste à Varsovie pendant une semaine. À partir de novembre 1944, Böttcher fut affecté comme major général de la police à Königsberg : Prusse. Après la capitulation de la Wehrmacht, Böttcher fut arrêté par la police militaire britannique et interné dans les camps de Gadeland et Neuengamme. En 1947, il fut extradé vers la Pologne par les Britanniques. Il fut condamné à mort à Radom le 18 juin 1949 et exécuté un an plus tard... " : sur le Web] était absent de Dantzig et se trouvait probablement à Berlin les 26-27 juin.
 
 
Herbert Böttcher, 1907-1950 ; exécuté par pendaison.

  I0. Dans un discours prononcé le 25 juin, Herr Forster a dit : " Devant nous s'étend une ère nouvelle, et pour l'Allemagne une grande époque. Au cours des récentes semaines, notre Dantzig est devenu le centre des évènements politiques. Nous comprenons tous que nous en sommes arrivés à l'état final de notre lutte pour la Liberté. La Ville Libre de Dantzig arrive au terme de son existence. Aujourd'hui, chacun sait que la fin de l' État libre surviendra bientôt, et nous savons également quelle sera sa fin. "
  II. Un nombre considérable de S.S. en visite sont demeurés ici, alors que d'autres sont partis dans la nuit de dimanche dernier. Ceux qui demeurent, ont, paraît-il, accompli leur service militaire en Allemagne et sont membres des " Adolf Hitler's Verfügungstruppen " : Troupes à la disposition d' Hitler. On les distingue facilement à leur allure et à leur uniforme qui diffère légèrement de celui des S.S. locaux. 300 d'entre eux sont logés dans les casernes de la police militaire, qui sont maintenant très pleines, et d'autres se trouvent dans d'anciennes casernes locales, capables de loger de I.000 à I.500 hommes, et qui ont été jusqu'à présent occupées par l'organisation des œuvres sociales de Dantzig, transférée elle-même, dans un hôtel réquisitionné à cet effet. À en croire le sous-rédateur en chef du Dantziger Vorposten, la plus grande auberge de jeunesse du monde, qui approche de son achèvement, doit être utilisée comme caserne.
  I2. Un certain nombre d'ouvriers habitant à Praust ont, paraît-il, été réquisitionnés pour emmagasinage de munitions, et mon collègue argentin m'informe qu'il a vu un certain nombre de policiers militaire équipés de masques à gaz.
  I3. Tous les fonctionnaires civils de Dantzig et tous les étudiants ont reçu l'ordre de demeurer sur le territoire de la Ville Libre pendant leurs vacances, et les derniers doivent consacrer leurs jours fériés aux travaux de la moisson. Toutes les catégories de la police militaire ont été consignées dans leurs quartiers, hier et aujourd'hui, et, ce soir, les membres des différentes organisations National-Socialistes sont apparemment à nouveau en état d'alerte, étant donné que l'on en rencontre remarquablement en ville.

N° 30

Le Vicomte Halifax à Sir H. Kennard, Varsovie

Télégramme

Foreign Office, le 30 juin I939

  Sollicitez immédiatement une entrevue avec le Ministre des Affaires étrangères, et demandez-lui comment le Gouvernement polonais se propose de faire face à une situation qui paraît imminente. Il semblerait que Hitler établit ses plans d'une manière très astucieuse, de façon à mettre, à Dantzig, le Gouvernement polonais devant un fait accompli, contre lequel il lui serait difficile de réagir sans paraître assumer le rôle de l'agresseur. Je pense que le moment est venu où une consultation entre les gouvernements polonais, britannique et français s'avère nécessaire, afin que les plans des trois gouvernements puissent être coordonnés en temps opportun, le Gouvernement de Sa Majesté considère comme essentiel que ces plans soient établis de façon à s'assurer que Hitler ne sera pas en état de manœuvrer le Gouvernement polonais pour le contraindre à prendre figure d'agresseur.

N° 31

Mr. G. Sheperd au Vicomte Halifax

Télégramme

Dantzig, 30 juin I939

  Les chevaux ont continué à arriver dans la journée d'hier et environ 600 d'entre eux sont logés dans les casernes auxquelles de grandes quantités de foin ont également été livrées.
  2. Au cours des quelques dernières nuits, les deux grands chantiers navals, qui normalement travaillent toute la nuit, ont été fermés et strictement gardés, tous les ouvriers ont été évacués.
  3. À partir de ce soir, Dantzig et les faubourgs auraient dû être obscurcis jusqu'à nouvel avis et tous les habitants avaient reçu l'ordre de se réfugier, en cas d'alerte aérienne, dans leurs caves ou dans les abris publics. Cet ordre a été rapporté au cours de l'après-midi.
  4. D'anciennes casernes locales sont maintenant occupées par un grand nombre de jeunes gens, dont l'entrainement militaire est évident, qui portent des uniformes similaires à ceux des S.S. de Dantzig, mais avec un emblème de tête de mort sur le côté droit du col et l'inscription " Heimwehr Danzig " [Défense à domicile Dantzig] sur les manches. La cour est occupée par environ 15 camions militaires, quelques-uns avec remorques, portant des numéros de la Prusse Orientale et couverts de bâches. S'y trouvent aussi environ 40 cuisines roulantes.
  5. Deux mille hommes travaillent 24 heures par jour, en trois équipes, à la construction de casernes à Matzkshuter, destinées à loger I0.000 hommes. On rapporte que le travail est en bon état d'avancement.
  6. L'on dit que toutes les couturières sont occupées à fabriquer des fournitures de literie et des vêtements, destinés aux casernes et à leurs occupants.
  7. On vient d'annoncer que la section Tiegenmorse-Einlage de la route de Dantzig à Elbing [Elbląg en polonais ; ville située au sud-ouest de Dantzig, à 62 km par la route ; à l'époque nazie, elle abrita 3 camps de concentration, connus sous les noms d' Elbing, Elbing, Org. Todt, et Elbing, Schinau,satellites du camp de Stutthof] est fermée, pour cause de réparations importantes, jusqu'à la date du Ier août, et il semble peu probable que le pont de bateaux soit prêt avant cette date.
  8. Mon impression personnelle est que les préparatifs militaires considérables, que l'on pousse d'une manière aussi fiévreuse, font partie d'opérations sur grande échelle, mais qu'elles ne sont pas destinées, sauf évènements inattendus venant précipiter les choses, à entrer en action avant le mois d' Août, et que les mesures défensives improvisées auxquelles il est fait allusion dans les paragraphes I, 2 et 3 de ce télégramme, peuvent être dues à la crainte que ces préparatifs n'entraînent les Polonais à substituer une soudaine offensive aux mesures défensives qu'ils ont adoptées jusqu'à présent.  
 
 
La cavalerie polonaise, en septembre 1939. Crédit photo : STF/AFP



Ministère de la Guerre, 1938 : " Instruction sur le port, le troc et l'emballage de l'équipement de cavalerie " ; Uhlan polonais avec fusil anti-char wz. 35. I ; Varsovie.

N° 32

Mr. Norton au Vicomte Halifax

Télégramme


Varsovie, Ier juillet I939

  Votre télégramme 30 juin.
   J'ai lu à M. Beck l'essentiel de votre télégramme. M. Beck m'a dit qu'il me donnerait tout d'abord une information. Le Gouvernement allemand a averti le Gouvernement polonais, en bonne et due forme, que le Königsberg [un des trois croiseurs légers de classe Königsberg de la Kriegsmarine, marine allemande ; le nombre de marins à son bord était compris entre 514 et 850 hommes] arriverait le 25 août à Dantzig, pour une visite de trois jours. Le Gouvernement polonais en a immédiatement, et en toute courtoisie, informé le Sénat de Dantzig, en ajoutant qu'il n'y voyait pas d'objection.
  2. Passant à la substance du message de Votre Seigneurie, M. Beck m'a demandé de vous assurez qu'il partageait intégralement votre opinion quant à la nécessité de prévoir une situation dans laquelle la Pologne pourrait être entraînée dans le dilemme, soit d'accepter un fait accompli, soit de paraître en posture d'agresseur.
  3. Il est donc pleinement en faveur d'un échange de vues. Cependant il devait quitter Varsovie ce soir pour 48 heures et préférerait étudier la question avec moi d'une façon plus approfondie mardi prochain, quand il aurait mûrement réfléchi, et cela d'autant plus qu'il n'était rentré qu'hier d'un congé d'une semaine.
  4. Il me dit qu'en lisant entre les lignes de votre message il avait l'impression que vous songiez à une démarche simultanée à Berlin. À première vue, il ne pensait pas que le moment en fût arrivé. Cela pourrait nous mettre tous dans une position où nous aurions à procéder avec plus de vigueur qu'il ne paraît sage pour l'un et l'autre de nos deux pays.
  5. Je lui ai demandé s'il pensait qu'il valait mieux que la démarche de la Grande-Bretagne fût faite auprès du Sénat de Dantzig. Il inclinait à penser ainsi, mais préférait ne pas s'engager sur ce point en ce moment.
  6. Il m'a demandé de vous assurez qu'en dépit de l'idée que certaines gens se font de la tendance polonaise à précipiter les choses, le Gouvernement polonais était résolu à ne point céder à un terrorisme psychologique, qui l'entraînerait à quelque action imprudente. Pas plus tard que la nuit dernière, une rumeur avait été mise en circulation, la 49e de son espèce, seront laquelle les Allemands entreraient immédiatement à Dantzig. Il avait vu le Chef d'État-Major polonais, et tous deux avaient décidé que pas un seul soldat polonais ne serait déplacé. Il s'était couché, et avait dormi paisiblement.


Le Königsberg au port de Gdynia, le Ier janvier I935. Crédit photo : U.S. Naval Historical Center Photograph

  7. Je lui ai demandé si, en fait, les récentes activités nazi à Dantzig ne créaient pas une situation militaire moins favorable à la Pologne. M. Beck m' a répondu que, dans un sens, cela était exact, mais que l'on ne gagnait pas une guerre avec quelques milliers de " touristes ". Les Allemands le savaient parfaitement et espéraient en première ligne provoquer et intimider la Pologne. Ils n'y arriveraient point, et doivent maintenant comprendre nettement que toute agression réelle se heurterait au bloc solide de la Grande-Bretagne, de la France et de la Pologne.
  8. Il n'avait pas changé d'un iota son attitude depuis qu'il s'était entretenu à Londres avec vous et le Premier ministre. Il désirait toujours encore des relations pacifiques et normales avec l'Allemagne.

N° 33

Mr. Sheperd au Vicomte Halifax

Télégramme

Dantzig, le Ier juillet I939


   À suivre...


   Livre bleu anglais n° I, Documents concernant les relations germano-polonaises et le début des hostilités entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne le 3 septembre I939, présenté au Parlement par Ordre de Sa Majesté par le Secrétaire d' État aux Affaires étrangères ; traduction Autorisée et Officielle du document publié par His Majesty's Stationery Office, Paris, I939, pp. 60-70. 


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