Union européenne, climat : la tourbière en voie de réhabilitation ; une sacrée bonne nouvelle!

  Enfin une vraie bonne solution pour lutter contre le changement climatique ; cela nous change des solutions industrielles, dites " durables " et " vertes ", aux résultats peu significatifs en terme de réduction d'émissions de CO2, mais avec des impacts néfastes avérés sur la Biodiversité, sur la santé animale et humaine, aux coûts astronomiques d'argent public, etc.
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Les pays de l’UE vont devoir restaurer plus de 70% des tourbières asséchées

Marine Wolf
2022 03 16
 
  Puits de carbone, réserve de biodiversité, éponges naturelles permettant d'éviter les inondations... les bienfaits des tourbières sont multiples.
 

Extraction industrielle de tourbe en Estonie – Ivo Kruusamägi

  Le 23 mars doit être présentée une proposition de règlement de la Commission européenne visant à enrayer la perte de biodiversité en Europe. Celle-ci indique que d’ici 2050, les États membres devront restaurer au moins 70 % des tourbières drainées à des fins agricoles.
  Les tourbières sont des zones humides couvertes d’un sol spongieux né de la dégradation de débris végétaux. Dès le Moyen-Âge, celles-ci fournissent aux populations rurales de multiples ressources : litière végétale, fourrage, combustible, gibier, fruits… Leur exploitation reste durant plusieurs siècles modérée, pratiquée de manière traditionnelle en permettant au milieu de se régénérer.
  Mais après la Seconde Guerre Mondiale, ces pratiques ne correspondent plus aux nouveaux critères de rentabilité économique. L’objectif devient alors de transformer ces milieux considérés comme improductifs.
  D’intensifs drainages agricoles, des dépôts divers, l’exploitation industrielle de la tourbe ou encore des remblaiements destinés à permettre la construction d’infrastructures finissent par rayer des cartes de nombreuses tourbières. Ces pratiques se poursuivent jusqu’à ce qu’au début du XXIe siècle, les tourbières se posent à nouveau comme des espaces à préserver.
  Ces zones sont d’abord d’importantes réserves de carbone. Une tourbière active peut contenir jusqu’à 1 400 tonnes de carbone par hectare, soit dix fois plus qu’une forêt.
  À l’échelle mondiale, on estime que les tourbières pourraient contenir jusqu’à un tiers du carbone terrestre. Lorsqu’elles sont drainées, le carbone qu’elles renferment se trouve libéré dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone. Il s’agit donc de territoires stratégiques essentiels dans la lutte contre le changement climatique.
  Par ailleurs, les tourbières constituent un habitat unique pour de nombreuses espèces animales et végétales nécessitant un environnement acide et pauvre en oxygène. Les conserver accroît ainsi la biodiversité régionale. Enfin, étant des réserves d’eau permanentes, les tourbières limitent les inondations.
 

Extraction industrielle de tourbière en Lettonie – Crédit : Pôle Tourbières

  Dans ce contexte, la restauration des tourbières présente non seulement des bénéfices pour la biodiversité, mais également des avantages économiques.
  L’on considère en effet qu’un hectare de tourbière est équivalent à 150 000 euros en termes de séquestration de carbone. Selon la proposition de règlement, la restauration des tourbières – ainsi que celle d’autres habitats tels que les marais, les forêts et les bruyères – devrait rapporter 1 860 milliards d’euros. Les coûts estimés pour cette restauration s’élèvent eux à 154 milliards d’euros.
  Face à ces mesures, des craintes quant à la réduction de la production agricole apparaissent. À ce sujet, la proposition affirme que les tourbières restaurées pourront être utilisées de manière alternative.
  La paludiculture, c’est-à-dire la pratique de l’agriculture sur les tourbières humides pourrait par exemple inclure la culture de myrtilles, d’airelles, de sphaignes, de certaines essences de bois ou de divers types de roseaux. Des animaux comme le buffle d’eau pourront aussi y pâturer. Cette paludiculture devrait d’ailleurs faciliter la connectivité des zones humides et des populations d’espèces associées, et se révéler bénéfique pour plusieurs espèces menacées sur le territoire européen.

Lever de soleil sur la tourbière naturelle de Viru, Estonie – Crédit : Abrget47j

  Un exemple emblématique de restauration d’une tourbière est celui de Marchiennes, dans le Nord de la France. S’étendant sur une quarantaine d’hectares le long de la Scarpe, le site est depuis le 2 février dernier classé Réserve Naturelle Nationale. Avec cette reconnaissance par l’État de la richesse de cet espace, la faune et la flore se trouvent protégées et un programme de restauration étalé sur six ans est mis en place.
  Car la tourbière abrite plus de 400 espèces végétales, dont dix sont protégées, comme les herbiers à nénuphars, les roselières à marisque ou la grande douve. Plus de 340 espèces animales y ont aussi été répertoriées, dont la grenouille des champs, le butor étoilé, blongios nain ou encore la dolomède, une araignée que l’on croyait disparue de la région.
  Alors que le site était jusqu’à présent généralement fermé au public, son classement de RNN [ réserve naturelle nationale] va permettre de l’ouvrir progressivement. Un parcours pourrait par exemple être aménagé à travers les étangs et les roselières afin d’en découvrir les richesses.
  En France, alors qu’elle recouvrait plus de 200 000 hectares dans les années 1945, la superficie des tourbières a réduit de moitié en cinquante ans. À l’échelle européenne, cette tendance se retrouve dans de nombreux pays, parfois dans des proportions encore accrues. La mise en place d’un processus efficace de restauration apparaît donc indispensable pour endiguer le réchauffement climatique et l’anéantissement de la biodiversité.

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